Deux fêtes chrétiennes sont célébrées durant ce mois, l`Ascension

Transcription

Deux fêtes chrétiennes sont célébrées durant ce mois, l`Ascension
Deux fêtes chrétiennes sont célébrées durant ce mois, l’Ascension et Pentecôte, avant que ne commence le
temps de l’année ecclésiastique sans fête qui se termine en novembre avec le dimanche de l’éternité ou des
morts. La prochaine année ecclésiale débutera avec le premier dimanche de l’Avent. L’Ascension et Pentecôte
font partie des jours fériés moins connus, raison suffisante pour s’y attarder un instant.
Les origines
La représentation d’une ascension apparaît déjà dans l’Ancien Testament : Genèse 5, 25 évoque le départ
d’Hénoch pour le ciel, alors que dans 2 Rois 2, 11, Elie est transporté par un attelage de feu au sein de la
tempête vers le ciel. Pentecôte (ou encore fête des prémices ou fête des Semaines) est une fête cananéenne,
que les Israélites reprennent de la population autochtone lors de leur sédentarisation. Cette fête est l’occasion
d’offrir les prémices des récoltes ; autrement dit : c’est le temps de la première récolte qui prend également
une dimension cultuelle. Comme ce rite commence sept semaines après la fête de la Pâque, on lui donne plus
tard le nom grec de Pentecôte (= le cinquantième jour). Israël en changera cependant la signification, situant
au premier plan la commémoration de l’alliance au Sinaï entre Jahvé et le peuple et faisant ainsi de Pentecôte
la fête de l’Alliance.
Les fêtes chrétiennes
Ascension
La chrétienté primitive connaît diverses conceptions du chemin qui conduit Jésus de Nazareth le crucifié à
Jésus-Christ le ressuscité jusqu’à son élévation dans le ciel. La version la plus ancienne ne fait aucune
différence entre la résurrection du Christ et son élévation. Les deux événements sont considérés comme étant
simultanés. Ainsi, Pâques, l’Ascension et Pentecôte ne sont pas à l’origine des fêtes séparées, mais toute la période de Pentecôte – les 50 jours entre Pâques et Pentecôte – est célébrée comme une seule grande
manifestation du salut. Plus tard pourtant s’imposera la conception que Luc expose à la fin de son évangile et
des Actes des Apôtres : le Christ ressuscité apparaît à ses disciples durant le nombre symbolique de 40 jours et
leur ordonne de rester à Jérusalem, de sorte à pouvoir les oindre de la force d’en-haut (Lc 24, 49) et les
baptiser du Saint-Esprit (Ac 1, 2.5.8), afin qu’ils deviennent ses disciples jusqu’aux extrémités de la terre. A la
suite de quoi, sous leurs yeux, il est élevé sur un nuage dans le ciel (Ac 1, 9). Notre Ascension relève de cette
histoire.
Pentecôte
10 jours plus tard, au jour de la Pentecôte juive, les disciples et apôtres rassemblés à Jérusalem sont les
témoins de ces étranges événements : un grand bruit venant du ciel semblable à un violent coup de vent, les
langues comme de feu qui se divisent et se posent sur chacun d’eux et le don du Saint-Esprit qui les rend
capables de glossolalie, de paroles en d’autres langues. Etonnamment, la foule nombreuse des Juifs venus du
monde entier comprend les différentes langues parlées par les disciples remplis du Saint-Esprit et louant les
merveilles de Dieu (Ac 2, 1-13). Dans sa grande prédication de Pentecôte, Pierre rappelle que les anciennes
promesses divines, contenues dans le livre de Joël (Joël 3, 1-5) à propos du versement de l’Esprit sur toute
chair (Ac 2, 17ss), sont exaucées en Jésus le crucifié, le ressuscité et le glorifié à la droite de Dieu. Il a reçu le
Saint-Esprit de Dieu et l’a répandu sur les hommes (Ac 2, 22-24 et 29-32). A la fin, Pierre indique à son
auditoire le chemin à suivre pour recevoir le Saint-Esprit : repentance et baptême au nom de Jésus-Christ
pour le pardon des péchés. Après quoi, selon Luc, plus de 3000 personnes se feront baptiser en ce seul jour de
Pentecôte (Ac 2, 38-41).
Naissance de l’Eglise
Dans les Actes des Apôtres (Ac 2, 42-47), on rapporte comment les disciples convertis à la foi chrétienne et
intégrés à la communauté par le baptême vivaient dans une même communion d’esprit, vendaient leurs biens
et partageaient les bénéfices, participaient à la vie du Temple, rompaient le pain ensemble et comment
grandissait la communauté des croyants. Sur la base de ce récit narrant le communisme d’amour chrétien,
comme la théologie intitule ce passage biblique, Pentecôte est considérée comme la date de naissance, respectivement le début de l’Eglise.
Pentecôte aujourd’hui
Ces récits troublent le lecteur biblique d’aujourd’hui. Pentecôte n’est pas pour rien la plus méconnue des
grandes fêtes de l’Eglise. C’est pourquoi il ne s’est guère développé chez nous des coutumes y relatives,
contrairement à Noël et à Pâques.
Les Eglises nationales cultivent à l’égard du Saint-Esprit une certaine retenue. On prêche peu sur le SaintEsprit. L’enseignement religieux l’omet souvent. Dans le culte, il n’est souvent mentionné que dans les
salutations, dans la formule baptismale ou dans une prière. La théologie est partie prenante dans cette
attitude. Avec la doctrine difficilement compréhensible de la Trinité, selon laquelle la substance divine se
révèle dans les trois personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit, elle n’a pas contribué à une simplification. Il
en va tout différemment dans les Eglises libres pentecôtistes ou les groupes charismatiques qui attribuent au
Saint-Esprit une place centrale et en font la puissance fondamentale de la foi et de l’engagement du membre
individuel autant que de la communauté toute entière. Le scepticisme évident des Eglises nationales à l’égard
d’une conception trop enthousiaste de l’Esprit est justifié. Trop souvent au cours de l’histoire de l’Eglise, des
conceptions différentes de l’Esprit ont conduit à des disputes et des désaccords. C’est pourquoi les Eglises
nationales placent la prédication et l’enseignement avant le don du Saint-Esprit et non l’inverse. Le don du
Saint-Esprit et les charismes qui en découlent, par exemple la guérison et le miracle, sont la confirmation de
la bonne doctrine et de la foi juste et non le préalable.
La puissance de Dieu en nous les hommes, s’appelle le Saint-Esprit. Un Esprit qui ne se laisse ni amadouer
ni susciter comme par magie, mais pour le don duquel on peut et doit prier. Si Dieu le laisse souffler ci et là,
comme il veut, nous pouvons aussi en faire l’expérience aujourd’hui, par exemple
- lorsque l’Eglise nationale et les paroisses réussissent à répartir les ressources financières et humaines en
baisse de manière équitable et sensée,
- lorsque les Eglises accomplissent fidèlement leur service malgré les diverses tentations,
- lorsqu’à Pentecôte d’innombrables personnes célèbrent ensemble le culte malgré toutes les
contradictions !
Andreas Zeller, Dr en théologie,
président du Conseil synodal
(traduction: Eliane Gerber)