Les nanoparticules dans l`alimentation

Transcription

Les nanoparticules dans l`alimentation
Les nanoparticules dans l'alimentation :
dangereuses, inutiles et incontrôlées
Un moratoire s'impose !
Dossier de presse – 15 juin 2016
Contacts presse
Magali Ringoot, coordinatrice des campagnes – Tel. 01 40 31 34 48
Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement – Tél. 06 06 88 52 66
Agir pour l'Environnement - 2 rue du Nord - 75018 Paris - Tél. : 01 40 31 02 37 Site internet : www.agirpourlenvironnement.org – [email protected] facebook.com/association.agirpourlenvironnement - Twitter : @APEnvironnement
I Une première en France : des
analyses font état de la présence de
nanoparticules dans des produits
alimentaires non étiquetés [nano]
A. Notre démarche
La réglementation européenne impose l’étiquetage
des nanoparticules dans l’alimentation, depuis
décembre 2014. Nous avons donc cherché des
produits avec la mention [nano] dans la liste des
ingrédients, mais en vain. Nous aurions dû être
rassurés jusqu'à ce que nous découvrions les
résultats des tests commandités par les Amis de la
Terre Australie au aboratoire de l’Université d’Etat
d’Arizona aux Etats-Unis sur 14 produits alimentaires,
dont certains sont présents sur le marché français.1
- les M&M’s,
- les chewing gum Mentos Pure Fresh,
- les bonbons Skittles,
- les chewing gum à la menthe Eclipse,
- le Taco Mix Old El Paso,
- les menthes fraîches d’Allen,
- la vinaigrette Caesar de Praise,
- le sel au poulet Nice N’ Tasty,
- la crème au café et au maté Nestlé,
- le glaçage Duncan Hines,
- le Cappuccino Moccona,
- le Jus de viande rôtie Maggi,
- les Sour straps WoolWorth Homebrand
- la sauce blanche WoolWorth Homebrand.
Ce rapport nous a appris deux choses : d'une part,
des laboratoires sont désormais en mesure de
procéder à des analyses de ce type et d'autre part,
des produits alimentaires présents en France sont
susceptibles de contenir des nanoparticules.
Nous avons alors décidé de nous mettre à la
recherche d'un laboratoire européen, si possible
français, pour analyser des produits alimentaires.
Recommandé par l'association Avicenn, le laboratoire
LNE (Laboratoire National de Métrologie et d’Essais),
basé en France, a répondu favorablement à notre
demande. Il s’agit d’un laboratoire reconnu d’utilité
publique, rattaché au ministère de l’Industrie et
considéré comme une référence en matière de tests
industriels.
B. Les produits analysés
Le rapport complet d’essai “ Extraction de
nanoparticules de produits alimentaires et mesures de
leurs propriétés dimensionnelles” (dossier P156452 –
Document
DMSI/1)
est
disponible
sur
www.agirpourlenvironnement.org .
1
Rapport des Amis de la Terre Australie, 16 Septembre 2015
http://emergingtech.foe.org.au/wp-content/uploads/2015/09/FoE-food-testing-briefingSep-2015.pdf
En avril 2016, nous avons fait parvenir au laboratoire
LNE les quatre produits suivants :
1) Biscuits LU “ Napolitain signature chocolat”,
contenant du E171 (dioxyde de titane – TiO2) dans la
liste des ingrédients
2) Chewing-gums Malabar goût tutti frutti, contenant
du E171 (dioxyde de titane – TiO2) dans la liste des
ingrédients
3) Mélange d’épices pour Guacamole taste mexico,
de la marque Carrefour, contenant dans la liste des
ingrédients du dioxyde de silicium (E551- SiO2)
4) Conserve de blanquette de veau, de la marque
William Saurin, contenant du E171 (dioxyde de titane
– TiO2) dans la liste des ingrédients.
Le dioxyde de titane (TiO2) et le dioxyde silice (SiO2)
sont des particules, d’origine minérale et sont utilisées
comme :
 Anti-agglomérant : Les particules de SiO2
permettent de fixer l’humidité et empêcher
l’agglomération du sel, du sucre, des épices,
du cacao et d’autres aliments sous forme de
poudre.
 Pigments blancs : Les particules de TiO2 sont
mélangées aux aliments pour améliorer leur
blancheur ou leur brillance ou modifier les
nuances
de
couleurs
de
colorants
alimentaires.
Les marques derrière les produits analysés
Malabar2, marque française fondée en 1958, Malabar
appartient depuis 2012 au groupe américain Mondelez
International (issu d’une scission de Kraft Foods).
Mondelez International est le deuxième acteur
mondial du secteur agroalimentaire, et détient
plusieurs dizaines de familles de marques d’envergure
internationale, dont 9 génèrent plus d’un milliard de
dollars de chiffre d’affaires annuel, parmi lesquelles
Cadbury, qui commercialise Malabar.
Concernant sa politique d'entreprise en matière de
nanotechnologies, Mondelez international informe sur
son site internet qu’ils n’utilisent actuellement pas de
2
http://www.mr-malabar.fr
nanotechnologies3 :
nanotechnology »
« Currently
we’re
not
using
La présence de particule de SiO2 est confirmée, avec
une taille moyenne de 20,0nm.
Les biscuits LU4, ancienne entreprise française
existant depuis 1846 est également détenue par
Mondelez International. Ce groupe promeut le
« snacking intelligent », entreprend soit disant une
démarche de transparence sur ses étiquettes pour
fournir « toute l’information nécessaire sur les
emballages »5.
4) Blanquette de veau William Saurin.
La présence de particule de TiO2 est confirmée, avec
une taille moyenne de 131,6nm.
Carrefour6 est le plus grand distributeur européen et
le deuxième mondial. 12,5 millions de clients
parcourent chaque jour les rayons des 11 900
magasins du groupe. Un des engagements de
Carrefour concerne l’utilisation de « moins d’additifs
pour plus de naturel »7
William Saurin8 est une entreprise fondée en 1898,
spécialisée dans les plats cuisinés « typiquement
français ». La société appartient aujourd’hui au groupe
Financière Turenne Lafayette (FTL), holding qui
réalise chaque année plus de 1 milliard d’euros de
chiffre d’affaires. La société William Saurin entreprend
une démarche qualité dans ses produits, et s’engage
même à “supprimer les additifs inutiles de toutes
(leurs) recettes” 9.
C. Les résultats rapport d'analyse
Les résultats
Le rapport complet d’essai “ Extraction de
nanoparticules de produits alimentaires et
mesures de leurs propriétés dimensionnelles”
(dossier P156452 – Document DMSI/1) est
disponible
sur
www.agirpourlenvironnement.org .
Les résultats sont sans appel : les 4 échantillons
analysés contiennent des nanoparticules.
1) LU “ Napolitain signature chocolat”
La présence de particule de TiO2 est confirmée, avec
une taille moyenne de 148,9 nm.
2) Malabar
La présence de particule de TiO2 est confirmée, avec
une taille moyenne de 183,6 nm.
3) Mélange d’épices pour guacamole marque
Carrefour
3
4
5
6
7
8
9
http://www.mondelezinternational.com/well-being/safety-of-our-people-andproducts/ensuring-safe-food
https://www.lulechampdespossibles.fr
http://www.mondelezinternational.com/well-being/mindful-snacking/empower-throughinformation
http://www.carrefour.com/fr
http://www.lesproduitscarrefour.fr/nos-engagements/ingredient-selectionne/moinsdadditifs-pour-plus-de-naturel-0
http://www.william-saurin.fr
http://www.william-saurin.fr/la-societe/
D- Des analyses révélatrices d'une
situation plus générale : les
nanoparticules entrent
silencieusement dans nos assiettes
En plus de les retrouver dans les emballages
alimentaires et dans des pesticides, l’introduction des
nanoparticules dans l’alimentation se fait via les
additifs des produits alimentaires. Leur intérêt ?
Loin d’être essentiel ! ll s’agit essentiellement de
rendre plus “attractif” un produit (modifier la couleur, la
brillance, le goût, la fluidité, la texture...) ou allonger sa
durée de conservation. Les deux additifs les plus
courants, susceptibles de contenir des nanos sont
repérables sous les dénominations suivantes :
- le E171 (dioxyde de titane ou TiO2 - colorant)
présent dans les bonbons, chewing-gums, sauces,
plats cuisinés, biscuits, crèmes, sucre glace..
- le E551 (dioxyde de silice ou SiO2- antiagglomérant) présent dans les produits sous forme de
poudre (mélanges d’épices,
chocolat en poudre,
sucre…)
Aujourd'hui, le peu d'information sur la présence de
nanoparticules dans des produits alimentaires provient
des associations. Aux quatre produits testés par Agir
pour l’Environnement, s'ajoutent 3 produits dans
lesquels des nanoparticules ont été retrouvées en
2015 : les MM’s, les Mentos et les Skittles 10. Cette
analyse a été réalisée par l'association les Amis de la
Terre Australie qui vient également de révéler la
présence de nanoparticules dans du lait maternisé
aux Etats-Unis11.
II. Quelle information
consommateur ?
pour
le
A- Ces produits auraient dû etre
étiquetés [nano] !
Tous les produits analysés contiennent des
nanoparticules dont la taille moyenne est en dessous
de 200 nanomètres.
La mention [nano] aurait donc dû figurer sur leurs
étiquettes, conformément au Règlement INCO n°
1169/2011 du Parlement européen et du Conseil du 25
10
11
Rapport Amis de la Terre Australie, 18 Août 2015, http://emergingtech.foe.org.au/wpcontent/uploads/2015/09/FoE-Aus-Report-Final-web.pdf
Rapport Amis de la Terre Australie “ Nano Particles in Baby Formula, Tiny new
ingredients are a big concern”, Mai 2016 http://webivadownton.s3.amazonaws.com/877/60/5/8077/FOE_NanoBabyFormulaReport_11.pdf
octobre
2011
concernant
l’information
des
consommateurs sur les denrées alimentaires12 et au
Réglement européen Novel Food13.qui définit un
« nanomatériau manufacturé » de la façon suivante :
“tout matériau produit intentionnellement présentant
une ou plusieurs dimensions de l'ordre de 100 nm ou
moins, ou composé de parties fonctionnelles
distinctes, soit internes, soit à la surface, dont
beaucoup ont une ou plusieurs dimensions de l'ordre
de 100 nm ou moins, y compris des structures, des
agglomérats ou des agrégats qui peuvent avoir une
taille supérieure à 100 nm mais qui conservent des
propriétés typiques de la nanoéchelle.
Les propriétés typiques de la nanoéchelle
comprennent:
i) les propriétés liées à la grande surface
spécifique des matériaux considérés; et/ou
ii) des propriétés physico-chimiques spécifiques qui
sont différentes de celles de la forme non
nanotechnologique du même matériau.
qu’ils ne sont pas capables de contrôler cette
technologie invasive ! Ils font croire ainsi qu’ils ne sont
pas capables de contrôler cette technologie invasive !
L’absence d’étiquetage n’affecte pas seulement les
consommateurs : nombre d’entreprises incorporent
des nanos dans leur production sans même le
savoir avec des répercussions possibles sur leurs
clients mais aussi sur leurs propres travailleurs !
Dans ces conditions, comment assurer la traçabilité
de cette nanoparticules déjà présentes dans notre
quotidien ? Même les pouvoirs publics ne savent
pas où sont les nanos ! Comment retirer un produit
du marché si on ne sait pas où il se trouve ? Comment
étudier d’éventuelles corrélations entre exposition aux
nanos et l’apparition de pathologies ? Les chercheurs
indépendants qui pourraient être tentés d’étudier la
toxicité des nanos ont aussi, bien du mal à savoir où
et comment chercher. En somme, avec les nanos,
nous sommes face à une technologie qui est déjà
partout… et nulle part !
Pourquoi la présence de nanoparticules n'étaient
pas indiquée sur l'étiquette ?
Les marques ignorent-elles la présence de
nanoparticules dans les ingrédients qu'elles font entrer
dans la composition de leurs produits ? Ce n'est pas
impossible,vu l'opacité des fabricants de dioxyde de
titane et de silice,mise en lumière par Avicenn qui a
pointé leur refus de fournir à l'Agence européenne des
produits chimiques (ECHA) des informations sur les
nanomatériaux qu'elles fabriquent14.
B - Quel contrôle des pouvoirs
publics ?
Les fabricants surfent sur la définition très floue,
restrictive et alambiquée des nanos retenue par les
instances européennes, pour se soustraire à
l'obligation d'étiquetage.
Cette situation semble révèle une situation générale
très préoccupante. En effet nos enquêtes de terrain ne
nous ont pas permis d’identifier un seul produit
alimentaire étiqueté [nano] !
Pourquoi avoir retenu ce chiffre très restrictif de
100 nm alors que de nombreuses voix plaident pour
un seuil bien plus élevé? Pourquoi parler
d'intentionnalité ? Leur suffirait-il d'arguer que la
présence des nanos pourrait être « accidentelle » pour
se dédouaner de tout étiquetage ?
Quels sont les contrôles réellement effectués par
des autorités telles que la Direction Générale de la
Concurrence, de la Consommation et de la
Répression des Fraudes (DGCCRF) ? L'association
AVICENN15 a interrogé la la DGCCRF à ce sujet en
posant deux questions :
• la DGCCRF a-t-elle déployé un dispositif pour
contrôler le respect de l'obligation de
déclaration des nanos par les entreprises ?
• la DGCCRF vérifie-t-elle l'application des
obligations européenne d'étiquetage [nano]
par les entreprises ? .
Quoi de mieux pour permettre aux industriels de
justifier l'opacité et, dès le départ, d'internaliser la
contamination potentielle des nanos et de la
légaliser , On devine ainsi la ligne de communication
des industriels qui reconnaissent de plus en plus la
présence des nanos dans les assiettes mais en la
minimisant car elle serait “accidentelle”. Ils font croire
12
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?
uri=OJ:L:2011:304:0018:0063:FR:PDF
La réponse reçue en juin 2016 est alarmante. La
DGCCRF a répondu qu'elle n'avait pas mené
"d’enquête spécifique" à ce jour mais qu'elle "demeure
13
Article 3 du règlement (UE) 2015/2283 du Parlement européen et du Conseil du 25
novembre 2015 relatif aux nouveaux aliments, prenant acte en décembre 2015 :
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=OJ:L:2015:327:TOC
14http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanoReach#AppealECHA
15
http://veillenanos.fr
attentive aux évolutions dans le domaine des nanotechnologies" 16
CPeut-on
contrôler
la
dissémination des nanoparticules ?
Plus généralement se pose la question de la
possibilité de contrôler les nanotechnologies. En l'état
actuel des outils de contrôle et de la réglementation,
les nanotechnologies ne sont absolument pas
contrôlées comme elles devraient l'être. Sur le plan de
la régulation, non seulement les pouvoirs publics n'ont
pas adapté les réglementations existantes, mais elles
plus, ils ne mettent pas en œuvre les moyens pour
appliquer le peu de réglementation en la matière. Par
ailleurs, les pouvoirs publics ne sont pas à l'aise sur la
question de la détection et des outils d'évaluation et
de surveillance des nanoparticules. Les laboratoires
sont-ils équipés ? Le personnel est-il formé à la
spécificité de cette nouvelle technologie ?
Une fois encore, il semblerait que la commercialisation
d'une nouvelle technologie ait précédé la mise au
point d'outils d'évaluation et de surveillance. Il est
impératif que les pouvoirs publics fassent preuve de
volonté politique pour se mettre en capacité d'évaluer
et de surveiller cette technologie. Compte tenu des
risques posés par les nanos, l'inaction est
inadmissible !
III.
Enjeux
sanitaires
environnementaux
aussi des nanoparticules de dioxyde de titane issues
des crèmes solaires dans la Méditerranée, où elles
entraînent des effets préjudiciables sur le
phytoplancton qui constitue la nourriture de base des
animaux marins, avec des conséquences néfastes sur
l’ensemble de l’écosystème.18
B - Santé en danger !
Dommages à l’ADN, retards de croissance, réactions
d'hypersensibilité
et
d'allergie,
inflammations
chroniques, affaiblissement du système immunitaire,
stress oxydatif, effets génotoxiques et cancérogènes,
dérèglement du système immunitaire et du
fonctionnement intestinal… Les effets potentiellement
toxiques des nanoparticules sont de mieux en mieux
documentés scientifiquement. Ces substances
lilliputiennes plus réactives et plus mobiles posent de
nouvelles questions. Elles peuvent plus facilement
s’immiscer dans l’organisme humain (organes, sang,
cellules...). Elles peuvent pénétrer dans le corps par
les voies respiratoires, digestives, cutanées. Plus la
particule est petite, plus elle peut traverser les
barrières physiologiques.
et
A - Environnement contaminé
L’environnement est également contaminé par ces
particules instables et intraçables. La production,
l'utilisation, la mise au rebut ou l'incinération de
nombreux produits contenant des nanoparticules
(comme les pneus, emballages divers et variés ou
raquettes de tennis...) sont autant d’occasions
d’épandre
des
nanotechnologies
dans
l’environnement. Les stations d'épuration ne sont pas
conçues pour filtrer les nanoparticules qui pourraient
détruire les bactéries utiles pour dégrader les matières
organiques. En 2015, un rapport de l'Organisation de
Coopération et de Développement Economiques
(OCDE)17 attire l'attention sur la contamination des
boues issues des stations d'épuration utilisées pour
fertiliser les cultures agricoles.
Encore une fois, très peu d’études sont réalisées sur
la question. Mais les faits sont là : on retrouve déjà
des nanos dans les rivières et les océans. Les textiles
contenant des nanoparticules d’argent pour leurs
propriétés anti-bactériennes relarguent ces particules
dans l’eau de lavage, disséminant ainsi des
substances potentiellement nocives. On retrouve
16
17
Même les agences d’évaluation, rarement alarmistes,
lancent l'alerte :
–
–
18
19
http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=EthiquetageNano#MiseEnOeuvre
Nanomaterials in Waste streams, OCDE 2016 http://www.keepeek.com/Digital-AssetManagement/oecd/environment/nanomaterials-in-waste-streams_9789264249752en#page1
20
Un avis de l’ANSES d’avril 2014
recommande l'adoption de mesures de
restriction d’usage pour les nanoparticules les
plus répandues, voire l’interdiction totale de
l'utilisation pour les applications grand public.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et du travail
recommande de « mettre en place sans
attendre un encadrement réglementaire
européen renforcé » et à « peser l'utilité » de
leur mise sur le marché19.
L’Organisation Mondiale de la Santé
recommande, dans un rapport de 201320,
l’application du principe de précaution et attire
l’attention sur la vulnérabilité des enfants.
Pour en savoir plus : http://veillenanos.fr/wakka.php?
wiki=NanomateriauxEnvironnement#risques
Avis de l’ANSES, auto saisine n°2012-SA-0273
https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2012sa0273Ra.pdf
Rapport OMS, Décembre 2012, Nanotechnology and human health : scientific
evidence and risk governance ( en anglais) :
http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0018/233154/e96927.pdf?ua=1
Sur les deux nanoparticules les plus présentes dans
l’alimentation, voici les risques déjà mis en avant :
déclarer toute substance chimique mise sur le marché
européen (selon le principe “pas de données, pas
d’accès au marché”). Comment ont-ils réussi ce tour
de passe-passe ? En jouant sur tous les tableaux :
- Le nano-dioxyde de silicium (E551) : des études
réalisées sur des animaux suggèrent qu’il peut être
absorbé à partir du tractus gastro-intestinal, qu’il
devient disponible de façon systémique et
qu’il
s’accumule dans les tissus. Certaines études montrent
qu’il peut également traverser la barrière hématoencéphalique
et
éventuellement
la
barrière
placentaire. Il peut mener à un dysfonctionnement de
la division cellulaire et perturber le trafic cellulaire et
entraîner des effets indésirables sur le foie. 21
- Les promoteurs des nanos ont réussi à imposer
l’idée
d’une
équivalence
entre
nanos
et
macroparticules d’une même matière, leur permettant
ainsi d’échapper à une évaluation spécifique. Bien que
la substance ait une taille, une structure ou des
propriétés différentes de la substance “classique”,
REACH ne la considère pas comme une substance
nouvelle à évaluer et à surveiller.
- le nano-dioxyde de titane (E171) : classé
“cancérogène possible si inhalé” 22par le Centre
international de recherche sur le cancer (CIRC)
sous sa forme classique, son caractère inflammatoire
est souligné. Il a été détecté dans le sang, le foie, la
rate, les reins, les poumons, le cœur et le cerveau
d’animaux. Il a été prouvé qu’il provoquait du stress
oxydatif, des réactions inflammatoires, qu'il pouvait
endommager l’ADN et causer la mort des cellules.
Des études suggèrent qu’il peut traverser la barrière
hémato-encéphalique et la barrière placentaire. Une
étude utilisant des souris en gestation a montré le
transfert des nanoparticules de la mère à la
progéniture avec les conséquences suivantes :
dommages au cerveau, au système nerveux et une
réduction de la production de sperme au sein de la
progéniture mâle.23
« Avec le dioxyde de titane, on se retrouve dans la
même situation qu’avec l’amiante il y a 40 ans »24,
affirme le professeur Jürg Tschopp, prix Louis-Jeantet
de médecine 2008, qui a piloté une étude montrant
une activité pro-inflammatoire sur les poumons et le
péritoine avec des effets possibles cancérigènes (tests
in vivo et in vitro sur des souris et in vitro sur des
cellules humaines).
C – Tous cobayes : des substances
non réglementées et non évaluées
Les nanoparticules ne sont pas évaluées avant d’être
mises sur le marché. Effectivement il n’y a pas
d’obligation d’étudier la toxicité de ces substances
dont on vante pourtant les effets ultra puissants !
Les industriels ont réussi à contourner la
réglementation européenne sur les substances
chimiques (REACH25) qui les oblige, en théorie, à
21
22
23
Pour en savoir plus http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=RisquesNanoSilice
Carcinogenic Hazards from Inhaled Carbon Black, Titanium Dioxide, and Talc not
Containing Asbestos or Asbestiform Fibers: Recent Evaluations by an IARC
Monographs Working Group, Baan RA, Inhalation Toxicology, 2007, Vol. 19, No. s1 ,
Pages 213-228
Pour en savoir plus http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=RisquesNDioxTitane
24Entretien pour Swiss Info http://www.swissinfo.ch/directdemocracy/health-concernsraised-over-nanoparticles/29293290 &
C. Dostert, V. Pétrilli, R. van Bruggen, C. Steele, B. T. Mossman, and J. Tschopp, "Innate
immune activation through Nalp3 inflammasome sensing of asbestos and silica,"
Science, vol. 320, no. 5876, pp. 674–677, 2008.
25
Règlement (CE) n°1907/2006 : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?
uri=OJ:L:2006:396:0001:0849:FR:PDF
- Ironiquement, les
promoteurs
des
nanos
reconnaissent pourtant leur spécificité en vantant leurs
bénéfices « révolutionnaires » et en mettant en avant
la difficulté à détecter et à évaluer les nanos car il
s’agit de substances instables, complexes et ultra
mobiles.
D’un côté, l’industrie cherche et trouve, avec les
nanotechnologies
des
propriétés
particulières
éventuellement différentes de celles des mêmes
matériaux de tailles supérieures ; de l’autre elle nie
tout effet sanitaire induit par cette miniaturisation.
Jamais une technologie ne s’est développée à une
telle vitesse, avec des applications commerciales
dans des domaines aussi nombreux (habillement,
cosmétiques, alimentation...), sans prendre le
temps de l’évaluation. En 2006, sur l’ensemble des
publications scientifiques mondiales sur le sujet,
seules 7 % sont consacrées à la toxicologie. Le
programme européen de recherche et d’innovation «
Horizon 2020 » portant sur les nanotechnologies ne
consacrerait que 3 à 5% des fonds aux études
d’impact !
Il est indispensable de mener plus d’études d’impact
sur les nanos. Mais dès maintenant le principe de
précaution doit s’imposer : un nombre bien suffisant
d’études
indiquent
des
risques
sérieux,
imprévisibles et irréversibles.
IV - Où sont
nanoparticules ?
cachées
les
Vous ne les verrez jamais et pourtant les
nanoparticules sont déjà partout : dans les
cosmétiques, les crèmes solaires, l’alimentation, les
textiles, les jouets, les dentifrices, les articles de sport,
les pneus, les vitres, les smartphones, les peintures et
peut être même déjà dans notre corps.
En une dizaine d’années, des substances aussi
minuscules qu’extrêmement réactives, ont envahi
notre quotidien : les nanoparticules de dioxyde de
titane, de dioxyde de silice, nanotubes de carbone,
nanoargent... Difficile de quantifier leur présence car
l’opacité règne dans ce domaine. .
Ces nanoparticules sont intégrées dans les produits à
notre insu. L'inventaire le plus fourni aujourd'hui
provient d'une base de données danoise 26 qui recense
2 300 produits contenant des nanos.
La France a mis en place le registre R-Nano27 en
2013. Mais ce registre est loin de permettre la
transparence. Il est basé sur la déclaration des
entreprises et ne vise qu’à quantifier les substances
nanos produites ou importées en France. Ne
s’intéressant qu’aux substances et non aux articles
finis, il ne permet aucune traçabilité des produits. Il
exclut l’essentiel de nos biens de consommation,
majoritairement produits à l’étranger. Il exclut
également les nanoparticules liées à un support ou
non, destinées à être rejetées dans l'environnement …
Et ce registre n’est de plus pas accessible au grand
public. De nombreuses voix s’élèvent pour la création
d’un registre européen des nanos mais la Commission
européenne refuse de le mettre en place. 28
Ce site permettra également aux consommateurs de
questionner facilement les fabricants sur leurs
pratiques en matière de nanotechnologies.
B. les nanotechnologies,
technologie récente
une
Apparues pour la première fois dans le vocabulaire en
1974, les nanotechnologies sont des techniques
permettant de manipuler la matière à l’échelle
nanométrique, l’échelle des atomes et de l’ADN, soit
au milliardième de mètre. Pour saisir cet infiniment
petit, il suffit d’imaginer qu’une différence du même
ordre existe entre la taille d’une orange et une
nanoparticule et celle d’une orange et de … la Terre !
La taille des nanoparticules leur confère des
propriétés nouvelles ou amplifie les propriétés
existantes : résistance aux bactéries, transparence,
fluidité, coloration, résistance mécanique… Le
principe est simple : plus une particule est petite, plus
elle est réactive. Avec un rapport surface/volume plus
important, leur capacité d’interaction avec d’autres
supports est plus grande. A titre d’exemple, un
gramme de dioxyde de titane à l’état nano offre une
surface d’interaction de 60 m² contre quelques cm²
quand il est à l’état micro.29
A entendre les industriels, les nanotechnologies ne
seraient rien de moins qu’un nouvel eldorado. En
ouvrant les portes de l’infiniment petit, les scientifiques
auraient permis de modifier la matière grâce à l’apport
conjoint de la biologie, des nouvelles technologies de
l’information, des sciences cognitives et des
nanotechnologies. .
infonano.org : la première base de
données en France des produits
nano !
Face à ce déficit inadmissible d’informations, Agir pour
l’environnement a décidé de créer une base de
données des biens de consommation contenant des
nanoparticules, en commençant par le secteur
alimentaire. Cet inventaire sera mis en ligne fin juin, et
sera enrichi au fur et à mesure des contributions des
« détectives nano ». Seront répertoriés les produits
dans lesquels des nanoparticules ont déjà été
détectés et les produits “suspects”, contenant des
additifs susceptibles de contenir des nanoparticules
(E171, E172, E551 et E552). Des “détectives nano”
arpenteront les rayons des magasins pour décrypter
les étiquettes des produits.
26
27
28
L’éternel argument de la croissance économique est
brandi pour écarter la question centrale du bénéfice
réel de cette technologie et ne pas demander l'avis
des citoyens.
V - Les demandes d’Agir Pour
l’Environnement
Le constat
Database danoise : http://nanodb.dk
Registre R-Nano https://www.r-nano.fr/?locale=fr ou en lien direct :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_public_R-nano_2015.pdf
Pour en savoir plus : http://veillenanos.fr/wakka.php?
wiki=DeclarationObligatoireNanoFrance
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•
absence
d’évaluation
indépendante
et
transparente
des
nanos
avant
leur
commercialisation et absence de surveillance
des nanoparticules une fois mises sur le
marché.
•
de plus en plus d’études scientifiques faisant
état de la présence des nanoparticules dans
le corps humain et l’environnement ainsi que
d’effets toxiques préoccupants
•
des nanoparticules de plus en plus présentes
dans les biens de consommation jusque dans
l'alimentation à l'insu des consommateurs.
Pour en savoir plus : http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanoTechnologies
•
une réglementation européenne défaillante,
permettant notamment aux fabricants de
contourner facilement les règles sur
l'étiquetage
•
Nos demandes :
•
•
Moratoire sur la commercialisation de
produits de consommation contenant des
nanoparticules de synthèse. La charge de
la preuve doit être inversée : c’est aux
promoteurs des nanos de prouver
l'innocuité
des
nanos
avant
leur
commercialisation.
Retrait immédiat des biens de consommation
contenant des nanos, en priorité les produits
destinés aux publics vulnérables (nourrissons,
enfants, femmes enceintes ou en âge de
procréer…)
Plus spécifiquement,
Concernant l'information du consommateur et du
citoyen
• respect du peu de réglementation en la
matière,
à
savoir
la
réglementation
européenne en terme d’étiquetage
•
création d’un étiquetage français palliant les
insuffisances
de
la
réglementation
européenne, avec mention explicite de la
présence de nanoparticules et des risques
pour la santé et l’environnement
•
véritable information et consultation de la
population
Concernant
nanoparticules:
•
•
l’évaluation
Agir pour l'environnement
Agir pour l'environnement est une association
nationale de protection de l'environnement agréée au
titre de l'article L141-1 du code de l'environnement.
Le but de l'association est de faire pression sur les
responsables politiques et décideurs économiques en
menant des campagnes de mobilisation citoyenne
réunissant un réseau d'associations et de citoyens le
plus large possible.
L'association est soutenue par plus de 5 000
adhérents et 300 000 sympathisants.
Pour plus d'information :
www.agirpourlenvironnement.org
Pour en savoir plus
 www.veillenanos.fr
Le site d'information de référence sur la question,
animé par l’association AVICENN (Association de
Veille et d'Information Civique sur les Enjeux des
Nanosciences et des Nanotechnologies).
Le dossier sur les nanos et alimentation :
http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanoAlimentation

des
les nanoparticules doivent être évaluées de
manière indépendante et transparente avant
d’être commercialisées. La charge de la
preuve doit être inversée : c’est aux industriels
de prouver au préalable leur innocuité.
il convient d’augmenter significativement les
moyens allouées aux études sur la toxicité
des nanoparticules
Concernant la réglementation, il est urgent de
réviser les dispositifs réglementaires existants
pour prendre en compte la spécificité des
nanoparticules, en mettant notamment en
place des dispositifs européens transversaux
permettant de pallier les défaillances des
législations existantes (notamment REACH)




Nanomatériaux et risques pour la santé et
l’environnement, par Avicenn, Ed. Yves
Michel, 2016
Faut-il avoir peur des nanos ? de Francelyne
Marano, Ed. Buchet Chastel, 2016
Nanotoxiques, une enquête, de Roger
Lenglet, Ed. Actes Sud, 2014
Évaluation
des
risques
liés
aux
nanomatériaux, avis de l'ANSES, avril 2014
Aujourd’hui le nanomonde, enquête sur la
police des populations à l’ère technologique,
par Pièces et main d'oeuvre, Ed. L'Echappée,
2008