Coésite et formation des montagnes
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Coésite et formation des montagnes
mattauer.xp_pbo.10.10 17/10/01 15:03 Page 26 cla Maquettistes:cla(Celine Lapert):289:pp.26_29_mattauer_pbo.10.10: Coésite et formation des montagnes MAURICE MATTAUER herlock Holmes l’a démontré, il n’existe pas de crime parfait, car les indices scientifiques qui subsistent après le fait principal permettent d’en retracer le déroulement. Ainsi les indices constitués par la présence de coésite, découverte récemment dans un grand nombre de montagnes du Globe, nous renseignent, avec la datation des roches, sur les mouvements des plaques, leur enfouissement, leur remontée et l’histoire des montagnes. Au début de la tectonique des plaques, les géologues pensaient que la croûte continentale, relativement légère, ne pouvait s’enfoncer en force dans le manteau sous-jacent, lourd et massif. La découverte de coésite a montré que cette hypothèse était fausse et renouvelé notre vision de l’évolution de la surface du Globe. La coésite est une forme particulière de la silice, de formule SiO2 ; à cette composition chimique correspondent six minéraux différents. Le quartz, minéral très banal dans les roches, les quartz α et β; la tridymite, la cristobalite, la coésite et la stishovite. Chacune de ces espèces minérales est stable dans un domaine spécifique de température et de pression S 26 et leur formation a été étudiée dans des autoclaves qui permettent de réaliser des pressions allant jusqu’à 250 kilobars (un bar est environ égal à une atmosphère) à 2 500 °C. Ainsi il est avéré que la coésite n’apparaît que lorsque la silice est soumise à une très forte pression, entre 27 et 30 kilobars. Comme cette pression n’est réalisée, dans les entrailles de la Terre, qu’à des profondeurs supérieures à une centaine de kilomètres, les géologues avaient la certitude de ne pas rencontrer ce minéral dans les roches, sinon au voisinage des impacts de météorites, où le choc crée la pression nécessaire. Jusqu’au jour où deux minéralogistes, spécialisés dans l’étude des minéraux qui se forment dans des roches soumises à de très fortes pressions, découvrent par hasard de la coésite en examinant des échantillons au microscope. En 1983, Christian Chopin, de l’École normale supérieure de Paris, repéra de la coésite dans les roches métamorphiques du massif alpin de Dora-Maira, situé à 70 kilomètres au Sud de Turin. Puis, en 1984, David Smith, du Muséum d’histoire naturelle, fit la même découverte en Norvège, mais dans la vieille chaîne calédonienne, qui a cessé de fonctionner depuis © POUR LA SCIENCE - N° 289 NOVEMBRE 2001 © Taurines/Medialp Ce minéral rare, né à 100 kilomètres de profondeur, montre que les continents peuvent s’enfoncer dans le manteau. Dans les Alpes, le Cervin est un bel exemple des charriages qui ont accompagné la remontée des roches à coésite. mattauer.xp_pbo.10.10 17/10/01 15:03 Page 27 cla Maquettistes:cla(Celine Lapert):289:pp.26_29_mattauer_pbo.10.10: 400 millions d’années et qui a été érodée. Cette extraordinaire découverte n’eut pas immédiatement le succès qu’elle méritait. Les auteurs évoquèrent évidemment le mécanisme de la subduction continentale (enfoncement des plaques continentales dans le manteau), mais sans imaginer les mécanismes qui avaient permis à des roches de s’enfoncer jusqu’à 100 kilomètres de profondeur et, surtout, de remonter ensuite très rapidement jusqu’à la surface (pour que la coésite n’ait pas le temps de se retransformer entièrement en quartz). L’omniprésente coésite Nombre de géologues se demandèrent si les valeurs très précises des très hautes pressions fournies par les minéralogistes étaient fiables. Mais tout changea très vite après quelques années, lorsqu’on découvrit de la coésite dans une vingtaine de régions réparties sur toute la planète et correspondant à des chaînes de montagnes de tous âges. Le phénomène était ainsi général et il fallait en tirer des conclusions géodynamiques. À ce jour, la plus vieille coésite se trouve au Mali et correspond à la chaîne «panafricaine», âgée de 600 millions d’années. On trouva ensuite le minéral dans une chaîne de 500 millions d’années au Kazakstan, puis dans la chaîne calédonienne – vieille de 400 millions d’années environ – en Scandinavie et en Chine, et dans la chaîne hercynienne – vers 300 millions d’années – de l’Europe de l’Ouest et de l’Oural. La région la plus riche en coésite, et la plus célèbre, est chinoise ; elle est située à environ 1 000 kilomètres au Sud de Pékin, dans le Dabie-Shan, et à Sulu, mais une incertitude subsiste sur l’âge de cette coésite qui, selon les auteurs, varie entre 220 et 700 millions d’années. On devrait préciser cet âge grâce aux études qui vont être entreprises à l’occasion du grand sondage profond, prévu jusqu’à 5 000 mètres, qui va débuter dans quelques semaines. À ce propos, notons que la première coésite d’Asie fut signalée au Dabie-Shan, par Xu Zhiquin, dans la thèse qu’elle a soutenue en 1987 à l’Université de Montpellier ; depuis plusieurs centaines de publications portent sur ce sujet. Outre ces chaînes anciennes qui ont été rabotées par l’érosion et qui sont tout à fait inactives, on a repéré de la coésite dans deux jeunes chaînes «alpines» qui se manifestent par d’importants reliefs et qui sont toutes deux actives : les Alpes et l’Himalaya. C’est seulement dans ces deux chaînes peu érodées que l’on espère comprendre les mécanismes de la subduction continentale… car, en étudiant la géologie de surface, il n’y a que là qu’on peut reconstituer l’histoire récente de ces deux régions et avoir, à l’aide de la sismicité, des informations sur les déformations profondes. Grâce à la coésite, on a compris en quelques années que la subduction continentale était un phénomène très général concernant toutes les grandes chaînes de montagnes ; il faut maintenant comprendre comment la coésite est apparue en examinant les exemples les plus simples. 1. DANS LE MODÈLE DE COLLISION proposé en 1959 par D. McKenzie (1), le déplacement des plaques continentales et océaniques fait qu’une plaque océanique s’enfonce sous l’autre, mais les continents légers de la plaque continentale sont insubmersibles et ils ne descendent pas dans le manteau. Selon ce modèle, la coésite n’aurait pu se former. Dans les modèles modernes, les continents sont poussés «en force» jusqu’à des profondeurs atteignant une centaine de kilomètres, comme représenté ici pour la chaîne de l’Himalaya : il se forme alors un prisme d’accrétion (2). Dans le modèle analogique de A. Chemenda (3), une zone prismatique de la croûte, remontée comme un bouchon, est encadrée par une faille de chevauchement et une faille d’extension. Dans cette zone de remontée rapide à l’échelle géologique, on trouve la coésite cristallisée en profondeur. © POUR LA SCIENCE - N° 289 NOVEMBRE 2001 27 mattauer.xp_pbo.10.10 17/10/01 15:03 Page 28 cla Maquettistes:cla(Celine Lapert):289:pp.26_29_mattauer_pbo.10.10: Parmi les lois de la tectonique des plaques formulées il y a 30 ans, l’une d’elles postulait que les continents étaient «insubmersibles». Cette loi avait été établie pour répondre aux questions qu’on venait de se poser sur le phénomène de la «collision». On parle de collision lorsque deux plaques continentales, séparées par un océan, se rapprochent et entrent en contact. Ce rétrécissement de l’océan se fait par une subduction océanique selon un mécanisme classique. Comme beaucoup de collisions s’étaient produites au cours des temps géologiques, il était important d’en prévoir les conséquences. Le problème fut d’abord traité d’une Coupe actuelle façon assez théorique par Dan McKenzie, géophysicien de l’Université de Cambridge, en 1969. Il pensait qu’en raison de la faible densité (2,7) de la croûte continentale par rapport à celle du manteau (3,3), il était impossible que la croûte continentale s’enfonce dans le manteau et en déduisit que le système devait se bloquer et que le rapprochement des continents devait s’arrêter. Cette argumentation fut jugée convaincante par la communauté scientifique. Le géologue John Dewey, alors à l’Université de Manchester, adopta ce point de vue et, en 1979, il écrivait : «La collision de deux masses continentales bloque le fonctionnement de la zone de subduction… Contrairement à la croûte océanique, la croûte continentale ne peut pas disparaître dans les zones de subduction.» C’est ainsi que cette loi de la tectonique des plaques, adoptée par la communauté internationale, a cautionné des modèles de collision ne faisant appel à aucun enfoncement des plaques continentales, tel le modèle du poinçon plat qui fut longtemps appliqué à la collision Inde-Asie. On avait oublié que, 50 ans plus tôt, le géologue suisse Émile Argand, qui a probablement été le géologue le plus célèbre du XXe siècle, avait proposé, pour cette même collision, une interprétation tout à fait différente. Il avait prolongé le continent indien sous l’Himalaya et sous le Tibet, en enfonçant la plaque continentale dans le manteau. Depuis 1944, Arthur Holmes a popularisé pendant 20 ans, dans son célèbre ouvrage Principles of physical geology, ce gigantesque phénomène qui ne cessa jamais d’être évoqué au début de la tectonique des plaques par une petite minorité. Je m’y suis rallié en 1981, après avoir eu la chance de voir sur le terrain (dans l’Himalaya et le Sud du Tibet) les effets de la collision Inde-Asie, pour laquelle on proposa le terme de subduction continentale. Simulation du prisme d’accrétion Reconstitution avant érosion État il y a 30 à 40 millions d’années 2. SUR LE SITE DU CERVIN (en haut) affleurent des granites (1) appartenant au continent européen, des roches à coésite (2) de l’océan alpin avec, de bas en haut, des péridotites, des basaltes, des gabbros et des sédiments marins. Le sommet (3) est constitué de roches du continent Sud-alpin. Sur la coupe (au centre) reconstituée avant l’érosion, on a représenté les deux grandes nappes de charriages (2) et (3) et le microcontinent de Sezia (4) initialement situé au sein de l’océan alpin. État ancien des lieux (en bas) en coupe, il y a 30 à 40 millions d’années. On a représenté en vert jaune les roches – continentales et océaniques – ayant subi des cristallisations à très haute pression et remontées depuis de grandes profondeurs : c’est dans ces roches que l’on trouve de la coésite. 28 Au cours des dix dernières années, ce concept intéressa de plus en plus de disciplines, et une modélisation analogique a été réalisée par Alexandre Chemenda, à l’Université de Montpellier, puis de Nice. Ce géologue a expérimentalement reproduit en laboratoire, après une «mise à l’échelle» très soigneuse des matériaux utilisés, le fonctionnement d’une collision et d’une subduction continentale, en s’inspirant de l’exemple himalayen. Il a eu le mérite d’introduire, dans l’expérience, l’érosion – trop généralement oubliée – qui a grignoté les reliefs en surrection. Avant cette modélisation, on avait seulement considéré que la chaîne était la manifestation superficielle d’un biseau triangulaire de croûte continentale (prisme d’accrétion), entraînée dans la zone de subduction continentale jusqu’à une profondeur inférieure à 100 kilomètres. L’expérimentation apporta deux résultats nouveaux : d’une part, on s’aperçut que la croûte légère pouvait être entraînée jusqu’à une profondeur équivalente d’environ 200 kilomètres et, d’autre part, on remarqua que si l’on dépassait une certaine quantité d’enfoncement, on assistait à la remontée brutale d’un coin de croûte continentale encadré par deux grandes failles. La première faille se terminait en surface par un grand chevauchement. L’autre, en arrière, correspondait à une faille d’extension. Le débat sur la prétendue insubmersibilité des continents avait beaucoup progressé, mais ce sont quelques minuscules grains de coésite qui fournirent l’argument le plus convaincant… © POUR LA SCIENCE - N° 289 NOVEMBRE 2001 mattauer.xp_pbo.10.10 17/10/01 15:03 Page 29 cla Maquettistes:cla(Celine Lapert):289:pp.26_29_mattauer_pbo.10.10: La coésite dans l’Himalaya L’équipe de P. O’Brien, à Postdam a découvert de la coésite dans l’Himalaya du Pakistan, non loin du célèbre Nanga-Parbat (8145 mètres). Il nous a paru intéressant de présenter la géologie de cette région et de rappeler l’évolution qu’elle a subie depuis que la collision Inde-Asie s’est produite, il y a plus de 50 millions d’années. Signalons d’abord que le «système» ne s’est pas «bloqué», puisque l’Inde n’a jamais cessé de s’avancer vers le Nord, depuis la collision. À une vitesse moyenne de cinq centimètres par an, elle a parcouru une distance de 2000 kilomètres. Il s’est ainsi formé une gigantesque subduction continentale, qui s’est manifestée en surface par l’édification de la chaîne himalayenne. Celle-ci s’est construite progressivement du Nord au Sud, par tranches successives, chaque fois limitée par de grandes failles de chevauchement. En allant du Sud au Nord et en reculant dans le temps, on peut observer aujourd’hui: a) une faille bordière, qui fonctionne sous nos yeux, à l’occasion de grands séismes; b) un très grand chevauchement, bien visible dans la zone centrale. Il a fonctionné il y a environ 20 millions d’années, en même temps que naissait, plus au Nord, une faille d’extension; c) des chevauchements plus septentrionaux et plus anciens remontent peut-être à 40 millions d’années. On constate donc que la structure de la chaîne est assez simple. Elle n’a jamais cessé de s’élargir en s’avançant sur le continent indien, la plaque continentale continuant à s’enfoncer sous elle. En raison de cette simplicité, on se retrouve dans les meilleures conditions pour retracer le mécanisme de la formation de la coésite à grande profondeur et de sa remontée jusqu’à la surface. La coupe de la chaîne, établie dans la région du Pakistan où a été trouvée la coésite, permet de constater que le modèle de A. Chemenda s’applique assez bien. Mais l’argument le plus fort est fourni par un profil tomographique qui passe à proximité de cette coupe. En effet, il montre de façon spectaculaire, qu’en profondeur, la plaque indienne a progressivement basculé jusqu’à la verticale et se prolonge jusqu’à 600 kilomètres de profondeur. Comme il s’agit là de la première image connue d’une subduction continentale, il est assez providentiel que la coésite ait précisément été découverte dans cette région… La coésite alpine au pied du Cervin La première coésite découverte en 1983 dans le massif de Dora Maira se trouvait dans des roches appartenant probablement à la vieille chaîne hercynienne, âgée de plus de 300 millions d’années. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’elles ont subi le métamorphisme alpin de très haute pression, au Tertiaire, il y a quelque 40 millions d’années. En 1991, le pétrologue allemand T. Reinecke a trouvé de la coésite dans des roches différentes, des sédiments de mer profonde, d’âge jurassique (160 millions d’années), qui se sont déposés dans l’océan «alpin» avant la formation de la chaîne. À l’époque, ces dépôts recouvraient des basaltes, des gabbros et des péridotites, en tout point comparables aux roches qui constituent aujourd’hui le fond des océans. Là où a été repérée la coésite, toutes ces roches apparaissent dans un désordre total qui prouve qu’elles ont subi une déformation très importante. Ce n’est guère étonnant lorsque l’on sait qu’elles ont d’abord été entraînées, en force, jusqu’à des profondeurs de 90 à 100 kilomètres, et qu’elles se sont ensuite © POUR LA SCIENCE - N° 289 NOVEMBRE 2001 3. FRACTURES RADIALES D’UN GRENAT provoquées par l’augmentation de volume de la silice qui s’est transformée en profondeur en un cristal de coésite. La taille du cristal est d’environ un millimètre. L’échantillon a été découvert dans le Dabie Shan (Chine). frayé un chemin, pas très tranquille, pour remonter jusqu’à la surface. Aujourd’hui, toutes ces roches «océaniques» reposent à plat sur des roches «continentales», souvent constituées de granite. Elles appartiennent de ce fait à une nappe de charriage qui s’est déplacée horizontalement, d’Est en Ouest, sur de grandes distances (plus de 100 kilomètres). En définitive, on se trouve en présence d’un exemple différent de celui modélisé par A. Chemenda. Celui-ci faisait remonter des roches continentales «légères». Ici, il faut faire remonter des roches océaniques relativement «lourdes», puisque les basaltes ont une densité de 2,8, les gabbros atteignent 2,9 et, au départ (avant leur transformation en serpentine), la densité des péridotites va jusqu’à 3,1 – 3,3. La situation étant plus compliquée que dans l’Himalaya, il semble nécessaire d’accoler une subduction continentale à une subduction océanique, afin de faire remonter des roches océaniques au dos de la remontée continentale. Est-ce possible? La coupe géologique faite au niveau du Cervin (4 477 mètres) situé à la frontière entre la Suisse et l’Italie, donne une idée des difficultés que l’on rencontre pour passer de l’observation des structures actuelles, à la géométrie d’une subduction océanique et continentale qui, dans un premier stade, s’est enfoncée à plus de 100 kilomètres de profondeur… Une des tâches que l’on oublie trop souvent est celle qui consiste à imaginer la géométrie des structures qui ont été enlevées par l’érosion et qu’il faut reconstituer dans le ciel. C’est à ce propos qu’Émile Argand, l’un des inventeurs des nappes de charriage des Alpes, disait, il y a 80 ans: «Retracer le jeu des mouvements qui réalisent le remplissage de l’espace est l’une des plus hautes spéculations de l’esprit humain.» Et aujourd’hui, il faut faire beaucoup plus, puisqu’il faut essayer de reconstruire l’architecture des chaînes jusqu’à plus de 100 kilomètres de profondeur, en ayant un sens aigu du raisonnement à quatre dimensions (dans l’espace et dans le temps). Signalons que l’équipe de Jean-Marc Lardeaux, de l’Université de Lyon, vient de découvrir dans les Monts du Lyonnais, une très vieille coésite (âgée de plus de 330 millions d’années) qui s’est formée dans la chaîne hercynienne. Ainsi est confirmée pour la première fois la notion de subduction continentale dans le Massif Central. Ici, les reconstitutions sont encore plus délicates a cause de l’érosion qui a totalement arasé la chaîne. Nous avons commencé par observer au microscope quelques millimètres de coésite, et nous voici en train d’utiliser la tomographie sismique pour connaître la géométrie des plaques qui s’enfoncent dans le manteau. Dans les chaînes de montagnes, la tectonique des plaques ne fait que commencer, et dans les Alpes, l’essentiel reste à faire. L’insubmersibilité des continents a trop longtemps été imagée par la devise de la ville de Paris Fluctuat nec mergitur. Il faudra désormais dire Fluctuat et mergitur. Maurice MATTAUER est professeur émérite à l’Université de Montpellier. A. CHEMENDA et al. (2000): Model of Himalaya-Tibet System, in Earth and Planetary Science Letters, vol. 174, pp. 397-409, 2000. 29