risques psychosociaux au travail – que faire ? comment agir

Transcription

risques psychosociaux au travail – que faire ? comment agir
RISQUES PSYCHOSOCIAUX AU TRAVAIL – QUE FAIRE ? COMMENT AGIR ?
Stress, burnout, dépression, mal-être au travail, ces différentes problématiques se sont fortement
développées dans le monde du travail contemporain. Les études se sont multipliées et ont montré
l’importance d’évaluer ces « nouveaux risques » pour la santé des travailleurs, et corollairement pour
la santé des entreprises. L’expression de « risques psychosociaux » est apparue afin de mettre un
nom sur les facteurs de risques qui conduisent les individus à exprimer des plaintes de mal-être au
travail. Les risques psychosociaux sont ainsi définis comme « des risques pour la santé mentale,
physique et sociale, dont les déterminants sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les
facteurs liés à l’organisation du travail et aux relations de travail et qui peuvent interagir avec le
fonctionnement mental des individus » (Gollac et Bodier, 2009). Certaines conditions de travail sont
des facteurs de risque de développer certaines maladies, telles que les maladies psychiques, les
maladies cardiovasculaires ou les troubles musculo-squelettiques (douleurs dans le dos, la nuque ou
les membres supérieurs).
Pourquoi entreprendre une démarche de prévention des risques en entreprise ?
Les risques psychosociaux peuvent concerner toutes les entreprises, quelles que soient leur taille et
leurs secteurs d’activité. Ils ont des effets au niveau de la santé des travailleurs, mais aussi sur la
santé de l’entreprise, notamment au travers du turnover, de l’absentéisme ou de la diminution de la
qualité des prestations, ce qui a évidemment un impact économique important pour l’entreprise.
Offrir des conditions de travail favorisant la santé des collaborateurs relève ainsi d’une nécessité
économique et sociale. Ceci participe également à assurer un développement durable au sein de
l’entreprise et à construire ou entretenir une image d’employeur exemplaire. Par ailleurs, la
protection de la santé des travailleurs relève d’une obligation légale en Suisse (LTr, OLT3 et directive
MSST).
Comment prévenir les risques psychosociaux ?
Des effets positifs tels que la diminution de l’absentéisme ou l’amélioration du bien-être au travail
des employés peuvent être obtenus lorsque l’entreprise adopte une démarche globale de promotion
de la santé en son sein et traque les facteurs de risques, notamment psychosociaux, au niveau de
l’organisation du travail. Ce n’est qu’en adoptant une stratégie de prévention à la source et en
développant une véritable culture de la santé au sein de l’entreprise par le biais d’interventions
centrées sur l’organisation du travail que des effets durables peuvent être obtenus.
Les étapes d’une démarche de diagnostic – intervention
Entreprendre une démarche de diagnostic-intervention sur les risques psychosociaux et
organisationnels dans une entreprise implique de passer par quelques étapes importantes. D’une
manière générale, la démarche peut être divisée en deux parties : le pré-diagnostic qui a pour but de
définir les problématiques critiques et les éléments à évaluer plus spécifiquement, et le diagnostic
approfondi qui a pour but de mettre à jour les processus et éléments à l’origine des problématiques
1
observées et qui conduit à l’élaboration du plan d’action. Pour ce faire, il est impératif d’utiliser des
outils diagnostics et des méthodes validées et adaptées au contexte de l’entreprise (telles que par
exemple l’observation du travail, les entretiens individuels et collectifs et les questionnaires) afin de
réaliser un diagnostic de l’état de santé des collaborateurs et des facteurs de risques présents dans
l’entreprise. Finalement, il s’agira de mettre en place un plan d’action et de prendre des mesures
d’amélioration des difficultés identifiées.
La figure 1 propose une vue globale de ces deux parties. Chacune se compose ensuite de plusieurs
étapes dont l’ampleur varie fortement en fonction des problématiques identifiées et des spécificités
de l’entreprise qui entreprend la démarche.
Figure 1 : les étapes d’une démarche de diagnostic-intervention (adapté à partir du modèle INRS)
Prérequis
Certains éléments sont indispensables pour la réalisation d’une telle démarche :
-
-
La direction doit accepter de s’engager dans une démarche complète et durable. Dans le but
d’éviter que la démarche ne génère de la frustration et de l’insatisfaction parmi le personnel
et que l’évaluation n’ait un effet contre-productif par rapport aux objectifs fixés, il est
important que la direction s’engage à prendre des mesures à la lumière des éléments mis en
évidence lors de l’évaluation et à communiquer sur ces résultats.
La direction doit être consciente et accepter que les éventuelles sources de stress puissent se
trouver au niveau de l’organisation du travail.
Le personnel doit être associé à la démarche (représentants du personnel dans le comité de
pilotage, information régulière, etc.)
Il faut qu’une culture de santé et de sécurité au travail existe déjà dans l’entreprise. Il est en
effet nécessaire que les risques les plus immédiats, tels que les risques électriques,
chimiques et physiques aient déjà été circonscrits.
Il faut encore relever qu’il n’existe pas de solutions prêtes à l’emploi ! Il est nécessaire de développer
des projets en fonction des pistes d’amélioration mises en évidence lors du diagnostic, en lien avec
2
les spécificités de l’entreprise et dans le cadre d’une démarche participative (comité de pilotage et
employés)1.
De quelle manière les Ligues de la Santé peuvent-elles vous aider et vous
accompagner ?
Les Ligues de la Santé proposent un accompagnement professionnel et sur-mesure pour les
entreprises qui se questionnent sur les signaux qui lui parviennent, où qu’elles en soient dans leur
processus de réflexion ou d’action par rapport à la gestion des risques psychosociaux. Outre la
réalisation du diagnostic, les professionnels des Ligues de la Santé proposent de l’aide et des conseils
pour mettre en place une démarche de prévention des risques et de promotion de la santé adaptée
aux spécificités de l’entreprise.
Intervenantes
-
Lysiane Rochat, Dr sc., psychologue spécialiste en santé au travail
Anouck Luini Macchi, responsable du programme santé en entreprise
Bérénice Mathez Amiguet, infirmière de santé au travail, chargée du projet VitaLab
Références utiles
Brun, J.-P., Biron, C., St-Hilaire, F. (2009). Guide pour une démarche stratégique de prévention des
problèmes de santé psychologique au travail. Montréal : IRSST.
Castonguay, Dostie et Moroy (2011). Initiatives de promotion de la santé au travail : un examen des
enjeux et du contexte au Québec et au Canada. Rapport de projet.
Chouanière, D., Langevin, V., Guibert, A., Montagnez, A. (2009). Stress au travail : les étapes d’une
démarche de prévention. Repères pour le préventeur en entreprise. Editions INRS ED 6011.
Conne-Perréard, E., Glardon, M.-J., Parrat, J. et Usel, M. (2001). Effets de conditions de travail
défavorables sur la santé des travailleurs et leurs conséquences économiques. Conférence romande
et tessinoise des offices cantonaux de protection des travailleurs. Genève : Office cantonal de
l’inspection et des relations au travail (OCIRT).
Gollac, M. et Bodier, M. (2009). Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au travail pour les
maîtriser : Rapport du Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail, faisant
suite à la demande du Ministre du travail, de l’emploi et de la santé. Paris.
Niezborala, M. (2010). L’approche chiffrée des risques psychosociaux : intérêts, limites et mise en
œuvre pratique. Site internet du Ministère français du travail : http://www.travaillermieux.gouv.fr/L-approche-chiffree-des-risques.html (consulté le 04.12.2012).
1
Pour les petites entreprises de moins de 50 collaborateurs, la démarche peut être allégée et des
outils spécifiques existent, tels que l’outil VitaLab de Promotion Santé Suisse ou l’outil collectif
« Faire le Point » de l’INRS.
3