Les bienfaits de l`allaite- ment pour la mère

Édition n° 1 · 2015
COMPACT
Recherche sur
le lait maternel :
informations et actualités
• • • Thème principal
Les bienfaits de l'allaitement pour la mère
L’allaitement est une source d'effets bénéfiques pour la santé de l'enfant et lui donne le
meilleur départ dans la vie. Il offre également une foule d'avantages pour la mère. Une communication plus forte sur ces atouts pourrait contribuer à encourager davantage l'allaitement.
L'allaitement est « pratique » pour la mère :
le lait maternel est irréprochable sur le plan
hygiénique, toujours disponible et à bonne
température et il ne coûte rien.[1] L'allaitement
est également associé à des bienfaits pour la
santé de la mère :[2]
lochies moins abondantes,
risque d'anémie réduit,
involution plus rapide de
l'utérus,
saignements menstruels
moins abondants dans les mois
suivants la naissance,
retard du début des règles,
retour plus rapide au poids
d'avant grossesse,
risque de cancer du sein
réduit,
risque de cancer des ovaires
réduit.
Risque de cancer
du sein réduit
Une étude cas-témoin,
incluant 1 665 couples
mère-enfant, a examiné
l'effet de l'allaitement sur
l'apparition du cancer
du sein.[3] Toutes les mères
de cette étude présentaient
un risque accru de cancer
du sein, diagnostiqué à l'aide
de mutations délétères de
certains gènes (BRCA1 ou
BRCA2).
Après avoir mutés, ces gènes ne sont plus
capables d'éliminer les cellules cancéreuses
comme ils le feraient normalement. L'étude
a révélé qu'allaiter pendant un an diminuait
de manière significative le risque de cancer du sein de 32 %, une durée de deux ans
permettait même de l'abaisser de 49 %. Ces
conclusions concernent uniquement
les porteuses du gène BRCA1
muté et non du gène
BRCA2. Un lien positif
entre allaitement et
certains types de
cancer du sein
existe également chez des
mères choisies
au hasard.[4]
Dr med.
Christopher Mayr,
Directeur du
Forum Nutricia
pour la recherche
sur le lait maternel
L'objectif du « Forum Compact »
est de promouvoir l'allaitement.
La meilleure manière de le faire est
d'informer des nombreux avantages
de l’allaitement et du lait maternel.
Ce sont souvent les bénéfices pour
le développement et la santé du
nourrisson, à court comme à long
terme, qui sont mis en avant. On
parle moins des nombreux bienfaits pour la santé maternelle. C'est
pourquoi cette édition est consacrée aux avantages considérables
de l'allaitement pour la mère.
La promotion de l'allaitement est
également au cœur de notre entretien. Nous nous sommes entretenus
avec Stefan Stohl, cofondateur du
forum Nutricia pour la recherche sur
le lait maternel et directeur de la
communication de Milupa, à propos
d'une enquête menée auprès des
mères d'Allemagne, d'Autriche et
de Suisse sur les obstacles fréquents
à l'allaitement. Cette étude initiée
par le forum Nutricia montre
l'importance cruciale d'une information précoce sur l'allaitement.
Dans les actualités sur la recherche,
vous découvrirez de nouvelles
facettes sur le « miracle » qu'est le
lait maternel et apprendrez ainsi
que la composition de ce dernier
s’adapte de manière incroyable
pour la lutte contre les infections.
Bonne lecture !
Dr med. Christopher Mayr
Une initiative de
• • • Thème principal
Le saviez-vous ?
Risque de cancer des
ovaires réduit
D'autres études montrent que l'allaitement protège également du cancer
des ovaires.[5] L'allaitement est associé généralement à une diminution
du risque de cancer des ovaires de
24 % par rapport aux mères qui
n'ont pas allaité. Cet effet est également dépendant de la durée de l'allaitement : à chaque prolongement
de cinq mois, le risque de cancer des
ovaires est réduit de 8 % supplémentaire.
La production de lait fait intervenir plusieurs milliers de gènes
de la lactation qui subissent
l'influence directe ou indirecte
de facteurs environnementaux
physiques et sociaux.
?
Sources : Anderson SM et al. Breast Cancer Research
2007;9:204; Lemay DG et al. BMC Systems Biology 2007;1:56
Lien affectif plus fort
avec l'enfant
Outre les bienfaits sur la santé de la
mère, l'allaitement l'aide à tisser des
liens affectifs stables avec son enfant.[1] Le
contact peau à peau fréquent et intensif
lors de l'allaitement est associé à la sécrétion d'opiacées naturelles par le corps
et d'hormones favorisant le maternage,
telles que l'ocytocine et la prolactine. Des
taux d'ocytocine plus élevés dans le cerveau de la mère stimulent l'interaction
avec le nourrisson, réduisent l'anxiété
et exercent une influence apaisante qui
calme le stress. La prolactine a aussi
une action apaisante, elle renforce
l'endurance et la patience et aide la
mère à trouver le sommeil.[6]
Promouvoir l'allaitement par
un meilleur conseil
Des études montrent que seules
38 % des mères sont bien informées
des bienfaits de l'allaitement ; 62 %
ne possèdent que des connaissances
sommaires.[2] Ces résultats devraient
inciter toutes les personnes et organisations impliquées dans le domaine
de la santé à communiquer davantage ces informations afin d'encourager l'allaitement.
Bibliographie : [1] Koletzko B et al. Monatsschr Kinderheilkd 2013;161:237–46 [2] Coutinho ACFP et al. Journal of Nursing (JNUOL) 2014;8:1213-20 [3] Kotsopoulos J
et al. Breast Cancer Res 2012;14:R42 [4] Anderson KN et
al. Breast Cancer Res Treat 2014;144:1-10 [5] Luan NN et al.
Am J Clin Nutr 2013;98:1020-31 [6] Hemmelmayr A. Pädiatrie & Pädologie 2012;47:22-4
• • • La recherche en bref – Nous avons lu pour vous
Les infections de la mère mais aussi de
l'enfant accroissent les défenses immunitaires
dans le lait maternel
Des chercheurs de l'Université d'Australie-Occidentale de
Crawley ont montré que le nombre de leucocytes du lait
maternel augmente lorsque la mère allaitante ou le bébé
allaité souffre d'une infection.
Les leucocytes font partie des
défenses immunitaires non spécifiques
et prennent donc une part active dans la
lutte contre les infections. Les nourrissons allaités reçoivent, notamment via
le colostrum, une quantité élevé de ces
anticorps, accompagnés de nombreux
facteurs immunologiques, mais dont
les taux retournent toutefois au bout de
quelques jours aux valeurs de base.
Lorsque les mères souffraient d'une
infection au cours de l'étude, la valeur
de leucocytes dans le lait maternel augmentait de manière significative. Plus
étonnant, une infection chez le nourris-
COMPACT
son entraînait également une élévation du nombre de
leucocytes dans le
lait maternel, ce qui
montre que l'allaitement est une interaction physiologique
complexe entre la mère et l'enfant. En
revanche, aucune modification significative n'a été constatée concernant d'autres
anticorps, tels que les immunoglobulines
sIgA, IgG et IgM et la lactoferrine.
Ces résultats ont certes été observés sur un collectif de taille restreinte,
mais ils pourraient aussi servir, selon les
auteurs, d'outil diagnostic pour détecter
les infections chez les mères allaitantes
et leur enfant.
Hassiotou, F; Hepworth, AR; Metzger, P; Lai, CT; Trengove,
N; Hartmann, PE; Filgueira, L. Maternal and infant infections stimulate a rapid leukocyte response in breastmilk.
Clinical & Translational Immunology 2013;e3:doi:10.1038/
cti.2013.1
Article original sous : http://www.nature.com/cti/journal/
v2/n4/pdf/cti20131a.pdf
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• • • La recherche en bref – Nous avons lu pour vous
Les mères allaitantes sont plus réceptives à la joie
Des tests psychologiques menés sur des mères allaitantes
indiquent d'une part que l'allaitement rend davantage réceptif
aux signaux émotionnels positifs, tels que la joie et, d'autre part,
qu'il réduit la réceptivité aux signaux agressifs de la colère.
Des psychologues de l'Institut Max
Planck de neurologie et des sciences
cognitives de Leipzig, ainsi que de l'University College de Londres et de l'Université de Virginie aux États-Unis, ont étudié la rapidité et la précision avec laquelle
les mères allaitantes
identifiaient diverses
émotions. À cette fin, 62
mères ont été interrogées
sur leur comportement
en matière d'allaitement,
puis confrontées à des
expressions faciales sur
écran qui, en l'espace
trois secondes, passaient
d'une expression neutre à la colère, la
joie, la peur, la tristesse ou le dégoût.
Dès qu'elles identifiaient un changement
d'émotion sur le visage, les participantes
devaient presser la touche correspondante.
Les chercheurs ont observé une relation
entre allaitement de longue durée et
identification plus rapide de la joie, ainsi
qu'entre fréquence quotidienne des tétées
élevée et identification plus lente de la
colère. Selon les auteurs, la responsable
de cette perception sélective « favorisant
le bonheur » serait vraisemblablement
l'ocytocine, hormone dont la sécrétion est
accrue lors de l'allaitement.
Krol, KM; Kamboj, SK; Curran, HV; Grossmann, T. Breastfeeding experience differentially impacts recognition of
happiness and anger in mothers. Sci Rep 2014; 4:7006. doi:
10.1038/srep07006.
Article original sous : http://www.nature.com/srep/2014/
141112/srep07006/pdf/srep07006.pdf
L'allaitement protège
des infections au-delà
du stade de nourrisson
Les « Centers for Disease Control and Prevention »
d'Atlanta (Géorgie, aux États-Unis) ont mené des
recherches qui ont permis de constater que l'effet
préventif de l'allaitement contre les infections
perdurerait au-delà de l’âge de la petite enfance.
Ces enquêtes portaient sur l'analyse
des données issues de l’étude IFPS II
(Infant Feeding Practices Study II) menée
entre 2005 et 2007, et de celles de l’étude
de suivi sur 1 281 enfants à l'âge de six
ans. Les mères ont été interrogées sur les
infections ayant touché leur enfant dans
les douze derniers mois.
Si aucune action protectrice du lait
maternel n'a été observée dans la forme
d'infection la plus fréquente, le refroidissement des voies aériennes supérieures,
les nourrissons ayant bénéficié d'un
allaitement long et exclusif sont mieux
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protégés contre les
deuxièmes et troisièmes infections
les plus courantes,
les inflammations de l'oreille et de la
gorge. Les enfants ayant été allaités pendant au moins neuf mois présentaient
plus rarement des épisodes inflammatoires de la région nez-gorge-oreilles par
rapport aux enfants ayant été allaités
durant moins de trois mois.
De même, la proportion du lait maternel dans l'alimentation totale durant les
six premiers mois de vie a joué un rôle
décisif : si elle était supérieure à 66,6 %,
les enfants à six ans présentaient moins
de sinusites que ceux pour qui le lait
maternel représentait moins de 33,3 %
de l'alimentation totale.
Li R, Dee D, Li CM, Hoffman HJ, Grummer-Strawn LM.
Breastfeeding and risk of infections at 6 years. Pediatrics.
2014;134:S13-20
Article original sous : http://pediatrics.aappublications.org/
content/134/Supplement_1/S13.full.pdf+html
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• • • Entretien avec Stefan Stohl
Sur les traces de la promotion
de l'allaitement: enquête
auprès de mères d'Allemagne,
d'Autriche et de Suisse
Stefan Stohl,
directeur de projet du
forum Nutricia pour
la recherche sur le lait
maternel et directeur
de la communication
d'entreprise de
Milupa Allemagne
Allaitement est synonyme de sérénité, de confiance et d’intimité entre la mère et l'enfant. Le lait maternel est aussi et
sans conteste la meilleure alimentation pour les nourrissons. C'est pourquoi l'OMS recommande six mois d'allaitement
maternel exclusif. Cependant, les mères décident bien souvent d'arrêter plus tôt. À quoi est-ce dû ? Nous avons interrogé
Stefan Stohl, directeur de projet du forum Nutricia pour la recherche sur le lait maternel.
Monsieur Stohl, vous avez mandaté une
étude sur les barrières fréquentes à
l'allaitement. Comment a-t-elle été menée ?
L'étude a été initiée par le forum Nutricia pour la recherche sur le lait maternel.
Fin 2013 début 2014, nous avons interrogé plus de 1 700 femmes enceintes et
allaitantes d'Allemagne, d'Autriche et
de Suisse. L'objectif de l'étude était d'attirer l'attention sur ce sujet, d'instaurer
un dialogue – aussi avec des experts – et
d'épauler au mieux les mères pendant
l'allaitement.
Qu'avez-vous découvert ?
L'étude a clairement mis en évidence que,
en fonction du pays, plus des deux tiers
des mères interrogées
souhaitaient davantage de soutien et
une meilleure préparation à l'allaitement. En outre, de
nombreuses femmes
ont mal vécu l'allaitement en public
et souhaiteraient
une plus grande
tolérance.
Au début, la plupart des femmes veulent
allaiter. Qu'avez-vous appris à ce sujet ?
Bien souvent, la décision d'allaiter est
prise avant la naissance. Cela tient à des
aspects émotionnels et surtout sanitaires
pour plus des deux tiers des mères: le
lait maternel renforce le système immunitaire, il est parfaitement adapté aux
besoins de l'enfant et pose les jalons
d'un bon développement. L'allaitement
provoque également, chez plus d'un tiers
des sondées, un véritable sentiment de
bonheur.
Comment se fait-il qu'au bout d'un certain
temps deux tiers des femmes renoncent
à l'allaitement ?
Plus de 80 % des mères interrogées ont
indiqué avoir rencontré des problèmes
physiques durant l'allaitement. De nombreuses femmes se sentaient épuisées et
se plaignaient de troubles digestifs ou de
jambes lourdes. Pour beaucoup, les fuites
de lait, la sensibilité des mamelons et la
congestion mammaire étaient avant tout
désagréables.
Sont-ce toujours des raisons physiques
qui poussent au sevrage ?
Non, c'est souvent le bien-être personnel fortement limité qui est invoqué : de
nombreuses femmes allaitantes souffrent
de fatigue, d’étourderies ou de sautes
d'humeur. La prétention de vouloir tout
faire bien finit par exercer une pression
omniprésente qui laisse peu de place
au temps pour soi et aux moments de
détente.
Existe-t-il des différences entre
les trois pays ?
Peu. Si en Autriche et en Suisse, ce sont
les raisons physiques qui sont évoquées
le plus souvent comme obstacles à l'allaitement, respectivement par 88 % et
90 % des sondées, elles n'étaient citées qu'à
80 % par les mères allemandes. L'allaitement en public, en particulier en Allemagne et en Suisse, a été mal vécu : à cet
égard 28 % et 31 % des sondées de ces
deux pays ont évité de le faire contre seulement 21 % en Autriche.
Quelles conclusions tirez-vous
de cette étude ?
L'étude montre l'importance d'une
information précoce sur l'allaitement
pour que les mères sachent comment
s'y préparer de manière optimale. À
ce titre, les entreprises actives dans ce
domaine peuvent et doivent apporter leur
contribution.
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Contact rédactionnel : [email protected]
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Vous trouverez plus d’informations sur la
recherche sur le lait maternel sous:
www.nutrica-forum-muttermilchforschung.org
Cette newsletter a été
imprimée sur du papier
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CH-82296
Responsable : Dr med. Christopher Mayr
Rédaction : Dr oec. troph. Rainer C. Siewert, Scientific Communication
Consultation scientifique : Le Dr Bernd Stahl, PhD, directeur de la recherche sur le lait maternel Nutricia, Utrecht, Pays-Bas
Éditeur : Milupa GmbH, Bahnstraße 14–30, D–61381 Friedrichsdorf
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