Le Premier secrétaire Cher-e-s camarades, Ces
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Le Premier secrétaire Cher-e-s camarades, Ces
Le Premier secrétaire Paris, le 10 février 2016 Répondre aux défis de notre temps et au tripartisme Cher-e-s camarades, Ces prochains mois sont importants, cruciaux sans doute pour la gauche mais surtout pour notre pays. Notre parti doit les aborder sereinement, en sachant ce qu’il veut et où il va. Que dit la feuille de route adoptée par 70 % du Conseil national ? Au fond, qu’il ne faut pas rester passif devant les immenses défis qui se posent à nous, qu’il ne faut pas se laisser déposséder de notre propre volonté. On le sent bien, certains semblent avoir tiré un trait sur l’élection présidentielle et jouent déjà « le jour d’après ». La défaite, ils s’en accommodent bien et lui trouvent même un certain côté commode : elle permettrait de redistribuer les cartes à gauche. Ils pensent sans doute qu’il suffit d’être pessimiste pour être prophète. Le Parti socialiste ne peut se résoudre à cette posture défaitiste. Tout nous oblige dans la période actuelle : le dérèglement écologique du monde, la menace persistante du terrorisme, le souverainisme xénophobe en Europe et la crise profonde de la République sans oublier le chômage de masse, la crise de notre système productif ou sur le plan politique, la montée de ce que nous appelons le bloc réactionnaire, qui, s’il l’emportait, verrait la communauté nationale et son contrat social voler en éclats. Ne sous-estimons pas les enjeux. En 2017, c’est la bataille de France qui se jouera. La droite extrême et l’extrême droite nous préparent des programmes ultraaustéritaires et réactionnaires à la sauce identitaire. Avec cette feuille de route volontariste, nous disons donc clairement : face au réel, face aux défis et face à nos ennemis, faire l’impasse est impossible. De ce point de vue, un des objectifs principaux de la feuille de route est bel et bien de préparer cette échéance cruciale et donc de travailler au rassemblement de la gauche. Faire semblant de ne pas le voir est irresponsable. Car, au moment même où les droites s’apprêteraient à diviser le pays, les gauches devraient se diviser, voire se diluer ? Quel décalage ! Quel anachronisme ! A la faute de temps nous ajouterions la faute d’accord ? En politique, ces deux fautes sont bien plus graves qu’en grammaire. Notre feuille de route dit aussi cela : l’urgence de l’unité. 10, rue de Solférino 75 333 Paris cedex 07 Tél. : 01 45 56 77 00 - Fax : 01 45 56 79 30 [email protected] parti-socialiste.fr @partisocialiste L’unité, par la mise en place d’une primaire, nous n’avons rien contre, bien au contraire. Nous sommes pour une primaire utile : utile à l’unité, utile pour passer le premier tour dans l’élection tripolaire qui vient, utile pour l’emporter face au bloc réactionnaire et donc utile aux Français. Cette primaire doit permettre de désigner le candidat unique de la gauche. Et nous n’avons pas de doute sur le fait qu’il serait l’un des nôtres, comme nous n’avons pas de doute sur le fait qu’il faut avoir incarné la nation dans l’épreuve pour avoir quelques chances de gagner cette fois-ci. Enfin, il ne s’agit pas de témoigner pour une gauche à venir mais de l’emporter, pour que la France ait un avenir. La primaire, nous y travaillons, elle est possible, elle est pensable. Mais, il faut arrêter de penser que c’est la panacée. La primaire ne va pas rassembler les gauches à elle toute seule, elle ne va pas réconcilier le Front de Gauche avec lui-même, ni les Écologistes entre eux, voire surmonter nos controverses que nous pensions dépassées après notre Congrès. Certains veulent en faire l’alpha et l’oméga des débats, le juge de paix des discussions qui secouent les gauches depuis 1905. La gauche se conjugue au pluriel, je suis bien placé pour le savoir. Malheureusement, je sais aussi que la diversité a parfois tendance à muter en adversité, jamais rassasiée. Il suffit d’écouter Cécile Duflot, Clémentine Autain ou Pierre Laurent nous expliquer qu’ils incarnent la « vraie gauche » répondant à ceux qu’ils caractérisent de fausse gauche. La gauche a toujours été multiple, diverse, mais lorsqu’une de ses fractions excommunie les autres, elle réduit la gauche à une de ses parties et fait perdre l’ensemble. La « clarification » tant espérée par beaucoup, de tous bords, c’est trop tard ou trop tôt. Nous sommes à 15 mois de l’élection présidentielle. La question qui nous est collectivement posée c’est de gagner ou d’éviter la fragmentation de notre camp qu’une élection présidentielle perdue rendrait insurmontable. La gauche vit dans le mirage des années 1970 où elle était idéologiquement, politiquement, électoralement dominante. Elle est aujourd’hui dominée dans tous les compartiments du jeu. Elle est à 30 %. C’est beaucoup dans le tripartisme. Mais divisée, elle est éliminée. Si elle ne se reconstitue pas, ne se renouvelle pas, ne se reformule pas, par exemple avec les cahiers de la présidentielle, elle va se cornériser. Une primaire de toute la gauche. Pourquoi ? Pour que le débat interne à la primaire, voire les thèses des perdants ou de leurs électeurs, ne soit pas capitalisé demain par ceux qui se seraient mis à l’extérieur du processus de rassemblement. Mais surtout pas une primaire de purification idéologique, une primaire sauvage d’une partie de la gauche contre le reste de la gauche. Ce serait le plus court chemin vers la défaite. 10, rue de Solférino 75 333 Paris cedex 07 Tél. : 01 45 56 77 00 - Fax : 01 45 56 79 30 [email protected] parti-socialiste.fr @partisocialiste Pourquoi dire qu’une primaire sans préalable où chacun s’engage seulement à soutenir le gagnant serait une hostilité à ce processus ? A l’inverse, demander que cette primaire soit resserrée à la « vraie gauche », c’est-à-dire sans la gauche de gouvernement et sans le président de la République, s’il était candidat, serait une marque de soutien à l’initiative ? A moins d’avouer que c’est, de fait, le but de l’opération. Voilà pourquoi j’ai proposé d’écrire au peuple de gauche pour indiquer le sens de notre combat pour l’unité. En attendant, avec cette feuille de route nous le disons clairement : La gauche façon puzzle n’est pas un horizon souhaitable, il faut donc relever le défi du dépassement. Le dépassement est nécessaire, mais, on le voit bien, il ne va pas de soi. Il va falloir que les appareils sortent de leur zone de confort car le peuple de gauche est prêt à innover. Et il le faudra d’abord parce que nous avons changé d’époque, y compris stratégiquement. Il ne s’agit plus seulement d’unir au second tour mais d’y être. « L’alliance populaire », c’est le moyen de fédérer le « peuple de gauche », des partis, des responsables associatifs et syndicaux, des intellectuels dès le premier tour sans se subordonner à une hypothétique union de la gauche toujours désirée par le Parti socialiste mais délaissée par nos partenaires. Nous l’avons vu aux élections régionales. J’écrirai donc aussi aux partis pour tenter de les convaincre en vue de l’élection présidentielle mais surtout des élections législatives. En attendant construisons notre propre force. Ainsi, nous disons qu’il faut changer de méthode pour pouvoir continuer à peser y compris pour préparer 2017. Et certains - plus attachés au procès qu’au projet - disent que nous ne voulons pas de programme. Mais, enfin, l’idée des Cahiers de la Présidentielle c’est d’innover dans la démarche de manière efficace et participative. On le voit, il est temps d’échapper aux réflexes dépassés. Aux responsabilités, le Parti socialiste ne rebrousse pas chemin, il regarde les défis en face, il ne lâche pas le réel et ne renie rien de ses valeurs. Bien sûr que bilan sur l’action menée depuis 2012 est possible. Mieux, il est souhaitable, si l’on veut continuer à transformer et à infléchir. C’est d’ailleurs ce que nous demandons avec cette feuille de route en insistant sur la nécessité de l’inflexion sur la question du précariat. C’est le troisième pilier de la feuille de route. Enfin... je devrai écrire d’abord ! Il faut remettre le débat sur ses pieds. La feuille de route adoptée par le Conseil national se propose d’opposer des faits aux méfaits. Les faits c’est ce que nous avons accompli au pouvoir : le retour de la croissance bien qu’insuffisante, la baisse de 50 % des déficits, la refondation de l’école, le mariage pour tous, la sécurité sociale universelle, l’accord Paris Climat, le Tiers payant, le Compte personnel d’activité (CPA), la baisse massive des impôts, la retraite à 60 ans pour un demi-million de personnes qui avaient commencé à travailler jeunes... 10, rue de Solférino 75 333 Paris cedex 07 Tél. : 01 45 56 77 00 - Fax : 01 45 56 79 30 [email protected] parti-socialiste.fr @partisocialiste Les méfaits, c’est ce que prépare le droite, quelle qu’en soit le visage vainqueur de leur primaire. Les méfaits, c’est l’entreprise de liquidation de notre modèle social : la remise en cause des protections des salariés, la remise en cause des aides sociales, la réduction de l’accès aux soins pour les plus fragiles, la suppression des 35 heures ou encore l’abolition de l’ISF. Et n’oublions jamais que derrière le visage avenant d’une extrême droite banalisée, il y a le risque du souverainisme xénophobe, de la haine de l’autre, de la guerre civile dans les mots appelant l’affrontement dans les faits. Dans un pays troublé avec une droite radicalisée mais très divisée et une gauche fragmentée, l’impensable peut toujours se produire. La Pologne, la Hongrie ont au pouvoir des formes à peine atténuées de l’idéologie frontiste. Notre pays ne veut pas cela, ne le précipitons pas ! Il y a des trésors d’énergie, d’inventivité, de solidarité pour peu que la gauche catalyse l’espoir. Ce que nous avons déjà obtenu est un point d’appui même si, ne le cachons pas, doutes et interrogations sont là. Lisez attentivement la feuille de route, elle trace un chemin clair du Parti socialiste. Discutez-en entre vous, en section, contribuez aux Cahiers de la Présidentielle, participez à la constitution de l’Alliance populaire, emparez-vous de la question du précariat. Agir en socialiste pour rassembler la gauche. Voilà notre feuille de route en 2016. Amitiés socialistes, Jean-Christophe Cambadélis Premier secrétaire du Parti socialiste 10, rue de Solférino 75 333 Paris cedex 07 Tél. : 01 45 56 77 00 - Fax : 01 45 56 79 30 [email protected] parti-socialiste.fr @partisocialiste