Epargne Patrimoine - FR0010487512

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Epargne Patrimoine - FR0010487512
LES INTERVIEWS GERANTS
de Philippe Maupas
Philippe Maupas est diplômé d’HEC (1987), titulaire du CFA et
diplôme de Chartered Alternative Investment Analyst (Caia). Il
actuellement président de CFA Society France, actionnaire
Quantalys et consultant, après avoir été directeur général
Morningstar, de La Cote Bleue et de KNEIP SAS.
du
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Epargne Patrimoine - FR0010487512
Chaguir Mandjee, gérant
Chaguir Mandjee, depuis quand gérez-­‐vous Epargne Patrimoine et quel est votre parcours professionnel ? Au terme de mon cycle d’études supérieures, je suis entré chez Haas Gestion en 1985 à la gestion privée. Puis, j’ai participé en 1993 au lancement et à la gestion du FCP Actions françaises Epargne Française, et enfin en 2009 à l’arrivée de notre nouvel actionnaire, j’ai repris la gestion du fonds Epargne Patrimoine. J’exerce aujourd’hui la fonction de Directeur Général et Directeur de la Gestion de Haas Gestion. Epargne Patrimoine peut être investi en OPCVM, mais également en titres en direct. Comment arbitrez-­‐vous entre les 2 approches ? La prudence et l’allocation d’actifs sont nos ADN. Une fois le profil Risque Rendement déterminé, nous nous attachons à mettre en place une allocation qui réponde à ce double objectif. La répartition entre titres « vifs » et OPCVM dépend essentiellement de la conjoncture macro-­‐économique, de nos anticipations, et des opportunités offertes par les marchés. En ce qui concerne les actions, nous suivons un univers de 50 valeurs européennes. Sur le marché obligataire, généralement nous achetons des titres pour les détenir jusqu’à maturité, il nous importe donc de savoir évaluer la capacité de l’émetteur à payer les coupons et à rembourser le principal. Enfin, la multigestion, nous permet d’accéder aux meilleures expertises mondiales, tout en minimisant le risque, et en augmentant la liquidité de nos portefeuilles. Dans un univers financier de plus en plus complexe et ultra-­‐spécialisé, est-­‐il possible d’être à la fois analyste fondamental actions et obligations et spécialiste en multigestion ? Je ne me considère pas comme un spécialiste de la multigestion, pour cela une équipe m’entoure, mais plutôt comme un allocataire d’actifs. La multigestion est au service de l’allocation d’actifs et non l’inverse. Nous avons à disposition un large éventail de styles de gestion à mettre au profit de la performance de nos fonds, il serait dommage de s’en priver… La sélection des titres en direct complète et apporte une plus-­‐value essentielle à l’allocation. C’est le cas par exemple des foncières que je suis personnellement depuis de nombreuses années ou encore la participation à des émissions obligataires plus spécifiques Pouvez-­‐vous décrire votre processus de construction de portefeuille ? Nous utilisons une approche top down pour définir l’allocation d’actifs stratégique : j’anime un comité environnement et marché mensuel auquel participent les économistes du centre d’études économiques COE-­‐Rexecode, qui analyse l’environnement macro-­‐économique et les risques et évalue le potentiel de performance des classes d’actifs à notre disposition (actions européennes, obligations en euro, obligations convertibles, devises). De notre analyse résultent nos allocations d’actifs. L’approche fondamentale prend le relais pour définir la pondération des lignes au sein de chaque classe d’actifs et sélectionner les sous-­‐jacents (titres détenus directement -­‐ dans lesquels nous incluons les ETF car ils peuvent être traités en cours de séance -­‐ ou OPCVM). Comment sélectionnez-­‐vous les OPCVM ? Dans un univers particulièrement vaste (près de 20 000 OPCVM), il nous faut faire une sélection, notre volonté est de travailler à la fois avec les acteurs majeurs de la gestion et d’y associer des « pépites » sources de valeurs ajoutée pour nos fonds. La sélection se fait au travers d’une analyse quantitative et de la rencontre régulière avec les équipes de gestion. Nous privilégions les fonds ayant une surperformance régulière, une volatilité inférieure à la moyenne de leur catégorie mais aussi, et avant tout, une capacité à minimiser les pertes dans des marchés chaotiques. Vous insistez sur le contrôle du risque, pouvez-­‐vous décrire le dispositif mis en place ? Epargne Patrimoine cherche à avoir une volatilité annualisée inférieure à 5 %. La maîtrise du risque est la composante de 3 leviers. Le contrôle du niveau d’exposition global du portefeuille par la gestion du cash, la diversification par classe d’actifs et enfin la recherche de la meilleure décorrélation possible entre les sous-­‐jacents au sein de chacune des classes. Nous n’utilisons pas de produits dérivés ou option pour couvrir le portefeuille. Le contrat est rempli sur 1, 3 et 5 ans avec des volatilités annualisées de 4,02 %, 4,59 % et 4,9 %. Quant à la perte maximum (maximum drawdown), elle est de 5.01 % sur 1 an et 8.65 % sur 3 et 5 ans. Toutes ces données sont arrêtées au 31 mars 2014. Les 5 premières lignes de votre portefeuille au 31 mars sont des OPCVM visant une performance absolue pour 3 d’entre eux, flexible prudent pour l’un et monétaire pour le dernier. Est-­‐ce le reflet de vos anticipations actuelles ou bien considérez-­‐vous que la partie OPCVM du portefeuille se doit d’amortir les chocs et d’éviter les paris directionnels trop marqués ? Nous avons modifié substantiellement et progressivement l’allocation d’Epargne Patrimoine depuis le mois d’octobre 2013, après la très forte détente sur les taux : nous sommes en effet plus prudents sur la poche obligataire, sur laquelle le potentiel nous semble maintenant plus limité. Il nous reste les actions pour générer de la performance, mais note optique de maîtrise des drawdowns nous a conduits à privilégier des gérants actions long/short. Actuellement au sein de la classe d’actifs actions, nous favorisons les valeurs ou fonds value ainsi que les fonds de stock picking en investissant en petites et moyennes valeurs (qui sont selon nous moins pénalisées par l’euro fort et les problématiques des émergents). Quelle est votre vision de la classe d’actifs obligataire pour le moyen terme, notamment sur l’évolution des taux, et comment positionneriez-­‐vous votre portefeuille en cas de hausse rapide des taux, sachant que votre fourchette de sensibilité est de 0 à 6 et que vous ne pouvez pas être négatif ? Notre sensibilité actuelle est de 2,95 avec une maturité inférieure à 5 ans. Nous avons réduit les obligations highyield et les positions résiduelles sont concentrées sur des maturités courtes. Ceci étant, nos craintes sur l’obligataire sont moindres aujourd’hui que fin 2013 : nous pensons que la BCE va continuer d’aplatir la courbe des taux et nous n’anticipons pas de remontée significative dans l’année. Nous avons par ailleurs une position sur un fonds spécialisé dans les obligations subordonnées financières, qui nous semblent recéler un potentiel ainsi qu’une position en obligations convertibles représentant environ 10 % de l’actif. Pouvez-­‐vous nous fournir la décomposition du TFE 2013 de la part C, qui s’est élevé à 3,1 % ? Les frais de gestion fixes sont de 1,6 %, 0,20 % pour la part variable, et enfin, 1.3 % concerne les commissions de mouvements. Depuis la reprise sous gestion d’Epargne Patrimoine part C en Avril 2009 et au 16/4/14, la performance annualisée est de 9.78 %. Ce niveau vous semble-­‐t-­‐il tenable dans les années à venir, avec des taux d’intérêt très bas ? L’objectif que nous nous assignons en interne sur le fonds Epargne patrimoine, est l’optimisation du couple risque rendement : concrètement nous visons une volatilité inférieure à 5 associée à une performance moyenne annualisée de l’ordre de 6 %. Le fonds fonctionne avec 4 moteurs de performance (Actions, Taux, Devises, Multigestion), nous augmentons, réduisons ou abandonnons nos positions selon nos anticipations. Pour mémoire à ce jour en YTD, Epargne Patrimoine progresse de près de 4 % et ce malgré des taux d’intérêts historiquement bas. C’est ce que nos partenaires attendent d’un fonds flexible, cette capacité à agir en créant de la performance tout en réduisant le risque. Alors que l’on parle de plus en plus d’alignement des intérêts entre gérants et investisseurs, pouvez-­‐vous m’indiquer comment est structurée votre rémunération variable, et notamment si la durée pour l’optimiser est alignée avec la durée d’investissement minimum que vous recommandez pour Epargne Patrimoine (plus de 3 ans) ? La part variable de ma rémunération s’apprécie sur une période annuelle. Elle reste faible car je suis un des actionnaires significatifs de Haas Gestion. Investissez-­‐vous dans Epargne Patrimoine ? Oui, j’y investis depuis l’origine. Ce fonds représente aujourd’hui une part importante de mes avoirs financiers. Epargne Patrimoine vient de passer la barre des 100 M€, d’où provient la collecte ? Nous avons effectivement une collecte nette de plus de trente millions d’euros depuis le 1er janvier 2014, cette collecte provient essentiellement de nos partenaires CGPI. L’afflux de capitaux dans Epargne Patrimoine modifie-­‐t-­‐il votre gestion ? Bien entendu. Il nous faut tout d’abord investir des flux de 7 à 10 millions par mois et surveiller de très près la liquidité. Peser 100 millions d’euros nous permet d’avoir un accès plus aisé aux directions générales et financières des sociétés cotées et d’être mieux considérés en cas d’émissions obligataires ou d’introductions en bourse (IPO). Pour conclure, faites-­‐vous réellement usage de la flexibilité entre les actions (0 à 100 % de l’actif) et les obligations (0 à 100 % également) ? Oui, nous sommes vraiment flexibles : la part actions oscille entre 12 % et 30 % mais compte tenu de notre objectif de volatilité à 5 %, la part action pourra difficilement être bien supérieure au niveau actuel. Pour la part obligataire entre 20 % et 80 %. Les fonds diversifiés ont été très présents à une époque (près de 50 %), ils ne représentent aujourd’hui qu’environ 5 % de l’actif, alors que les fonds de performance absolue, longtemps non représentés, pèsent près de 30 % de l'actif. Il est primordial de savoir être très flexibles sur l’ensemble des classes d’actifs. Nous n’utilisons ni effet de levier ni couvertures, la gestion du cash est le seul actif pour protéger nos portefeuilles : à ce jour, le cash représentent plus de 12 % de l’actif d’Epargne Patrimoine. 

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