guide du visiteur 07a - Musée d`art moderne et contemporain de

Transcription

guide du visiteur 07a - Musée d`art moderne et contemporain de
Glossaire
Cities on the move – 2 727 km Bottari Truck
(Bottari with artist)
Kimsooja
1997 – 2001, acquisition en 2010.
Le don/la donation
Particuliers, artistes, galeries, associations peuvent
proposer de donner des œuvres au musée.
Le terme donation est en général utilisé pour
des dons d’ensembles. Don et donation
constituent l’un des modes d’acquisition les plus
fréquents au Musée d’Art Moderne. En 2010
ont ainsi été donnés une toile de Lee Ufan et un
dessin de Françoise Pétrovitch par les artistes euxmêmes, un ensemble d’estampes d’Erik Dietman
par Claudine Papillon, ainsi que divers objets
design.
Les dons sont mentionnés en rouge sur les cartels.
Le dépôt
Les musées peuvent accueillir, pour une durée
de deux ans minimum (contrairement aux prêts
qui interviennent pour des durées courtes dans
le cadre d’expositions temporaires) des œuvres
appartenant à d’autres institutions, à des artistes
ou des collectionneurs.
Le Fonds National d’Art Contemporain (FNAC),
collection d’art contemporain appartenant à l’État
regroupant 90 000 œuvres acquises depuis deux
siècles, a pour vocation de diffuser ses collections,
par des prêts ou des dépôts dans les musées,
les administrations ou pour d’autres événements.
Le Musée d’Art Moderne conserve plusieurs
œuvres ainsi déposées, comme l’installation
The Unnamed Word #2 de Pedro Cabrita Reis.
Les dépôts sont mentionnés en vert sur les cartels.
Le legs
Le legs, une cession d’oeuvre inscrite dans le testament
du donateur, prend effet au décès de celui-ci. Au musée
de Saint-Étienne, le plus important d’entre eux est le legs
de la veuve de Victor Brauner, qui a fait entrer dans les
collections près de 4 000 dessins, peintures et objets d’arts
premiers. Plus récemment, le legs de Marcella Brenner,
veuve de Morris Louis, devrait permettre l’acquisition
d’une œuvre du grand peintre américain.
1. Perspectives contemporaines
–
A. Pop Art, Nouveau Réalisme
B. Art américain, Minimalisme
C. L’art allemand
D. L’art conceptuel
E. Arte Povera
F. Les contemporains
–
2. Transparences
3. Local Line 3
4. Hermann Nitsch
Le transfert de propriété par l’État
Ce terme désigne la forme qu’a prise la cession par l’État
de la propriété pleine de nombreuses œuvres déposées
par lui dans les musées français. 27 œuvres et objets design
ont été transférés au Musée d’Art Moderne en juin 2008,
comme Hygiène de la vision (portrait double) de Martial
Raysse, déposée à Saint-Étienne depuis 1989 par le FNAC.
La dation
Par le système de la dation, l’État permet aux contribuables
de payer les droits de succession par la cession d’œuvres
ou d’objets d’art présentant un intérêt patrimonial majeur.
Ces œuvres sont alors inscrites à l’inventaire d’un musée
national, et peuvent être demandées en dépôt par les
musées de région. Ainsi la sculpture d’Alexandre Calder,
Trois ailes, exposée en bordure du parking du musée,
est une dation de 1983 entrée dans les collections du Musée
national d’art moderne/Centre Pompidou, déposée
au Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole
depuis 1985.
Musée d’ Art Moderne de Saint-Étienne Métropole
Le processus d’acquisition
Toutes les œuvres acquises à titre gratuit ou onéreux
qui entrent dans les collections publiques deviennent
inaliénables, elles ne pourront plus jamais être vendues,
données ou échangées. Tout projet d’acquisition doit
au préalable être examiné et validé par une commission
scientifique régionale composée de représentants de l’État,
d’institutions nationales et de professionnels reconnus
dans chaque spécialité.
signale les œuvres récemment entrées
dans la collection.
La Terrasse – BP 80241
42006 Saint-Étienne Cedex 1
Tél. +33 (0)4 77 79 52 52
[email protected]
www.mam-st-etienne.fr
Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h,
sauf le mardi et le 1er novembre.
IC&K
L’achat
Le terme désigne les acquisitions à titre onéreux
rendues possibles grâce au budget alloué
par Saint-Étienne Métropole. D’autres subventions
et aides viennent en complément comme celles
de l’État et de la Région (à travers le Fonds
Régional d’Acquisition des Musées – FRAM),
du Conseil Général de la Loire pour les premières
acquisitions de design et de mécènes (le Club
des Partenaires depuis 2007, et précédemment
le groupe Casino).
GUIDE
DU
VISITEUR
07A
PERSPECTIVES
CONTEMPORAINES
18 septembre – 28 novembre 2010
Trois ans après la célébration de ses 20 ans,
le Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne
Métropole mobilise une nouvelle fois la quasitotalité de ses espaces pour une grande exposition
de ses collections. L’accent est mis sur les nouvelles
acquisitions et la poursuite d’une politique
volontariste d’enrichissement des collections,
par des achats bien sûr, mais également grâce
à la générosité de donateurs, mécènes et déposants.
Après les exceptionnels donations et dépôts
des années 1990 (Vicky Rémy ; François et Ninon
Robelin ; Ileana Sonnabend), l’engagement
d’institutions, d’entreprises et de particuliers
aux côtés du musée permettent de continuer
à développer des fonds exceptionnels (donation de
la Caisse des Dépôts en 2006, transfert de propriété
de 27 œuvres par l’État en 2008…). Ces nouvelles
acquisitions viennent s’intégrer aux axes forts de
la collection ou y faire écho, et ouvrir de nouvelles
perspectives pour le musée, dont l’engagement
pour l’art contemporain ne se dément pas.
On les retrouvera donc au fil de la présentation,
qui reprend les grands ensembles constitutifs
de l’identité du musée : Pop Art et Nouveau Réalisme,
art américain et Minimalisme, art allemand, art
conceptuel, Arte Povera, approches contemporaines.
A. Pop Art, Nouveau Réalisme
Le début des années 1950 voit la naissance de
tendances artistiques subversives et profondément
décisives pour l’ évolution de l’ art du 20e siècle.
Aux États-Unis, le Pop Art apparaît au sein d’ une
société de consommation en plein boom :
par le réemploi et le détournement plus ou moins
dénonciateur des signaux les plus emblématiques
d’ une culture liée au fait économique, Roy
Lichtenstein ou Andy Warhol magnifient les
éléments les plus triviaux et les plus artificiels
de la société. Tom Wesselmann joue avec l’ histoire
de l’ art, en réinterprétant la nature morte.
Illuminated Still Life (1964) est réalisée avec
des éléments issus de la production de masse :
la pomme, seul référent naturel, est représentée
en plexiglas rouge, tandis que le duo pomme / radio
se détache sur un fond carrelé semblable
à la devanture d’ une épicerie improbable.
Plus politique, le Nouveau Réalisme réunit
en France Arman, Yves Klein, Martial Raysse,
Raymond Hains, qui s’ approprient le réel
et l’ intègrent à leurs œuvres. L’ objet quotidien est
détaché de la réalité et exposé, comme chez les
« affichistes » (François Dufrêne, Jacques Villeglé).
Martial Raysse est fasciné par la beauté brute du
plastique. Son concept d’ « hygiène de la vision »
est mis en scène dans un portrait de femme
sérigraphié sur un torchon, accroché à un pan
de mur figurant la silhouette du même visage.
Il explique : « J’ ai voulu un monde neuf, aseptisé,
pur et au niveau des techniques utilisées, de plainpied avec le monde moderne ».
En contrepoint de cet univers, l’ œuvre d’Orlan
ou de Gilbert and George apporte une vision
contemporaine des stéréotypes culturels et sociaux.
L’ œuvre monumentale Fifteen Hang-Outs fait
partie d’ un cycle d’ œuvres consacré exclusivement
à l’ ambiance du quartier de l’ East London.
Au centre de vingt plaques sur lesquelles sont
apposés les noms des rues et des places
de l’ East London se détache, sur fond de morpions
radiographiés, l’ image des deux artistes parodiant
des attitudes théâtrales.
B. Art américain, Minimalisme
Zdenek Sykora Linien no 204, 2002, acquisition en 2004
avec l’aide de l’État et de la région.
En rupture avec la peinture gestuelle et expressionniste
des années 1940 et 1950, les artistes minimalistes Kenneth
Noland, Morris Louis ou Frank Stella cherchent à réduire
la peinture à ses composantes minimales : matérialité de la
surface, répétitivité et systématisme des motifs sont utilisés
pour atteindre l’ autonomie de la toile. Stella joue également
avec la matérialité même du châssis (Shaped Canvas), lui
imposant des formes géométriques variées. Ellsworth Kelly
et Morris Louis explorent les limites de l’ objet-peinture :
aplats colorés ou fragments suggérés de formes (le cercle de
Blue Diagonal with Curve de Kelly) pourraient déborder audelà du châssis qui les contient et contaminer ainsi l’ espace
du spectateur. Cette action sur l’ espace réel est plus tangible
encore dans la présence physique des sculptures-objets
posés au sol de Donald Judd. Pour lui comme pour Robert
Morris, l’ objet minimal agit comme révélateur d’ espace en
imposant sa présence physique au visiteur. La réalisation
des sculptures minimalistes est confiée à des ateliers
spécialisés (industries du métal, néonistes, verriers, etc.),
ce qui permet aux artistes « concepteurs » de s’ affranchir
un peu plus d’ une conception romantique et tourmentée
de l’ art. Certains cherchent cependant assez vite à se
démarquer d’ une tendance minimale « dure » : Frank Stella
revient avec Fladrine à l’ utilisation de toiles sur châssis
aux formes standard quoique monumentales, tandis que
ses motifs deviennent résolument baroques. Dans la salle,
diverses acquisitions plus récentes se posent en écho aux
œuvres historiques américaines : l’ abstraction du Tchèque
Zdenek Sykora ou du Hongrois Tamas Hencze se confronte
à celle de Stella ou de Noland, le purisme d’ un Lee Ufan
voisine la recherche dépouillée d’ un Morris Louis.
C. L’ art allemand
L’ après défaite suscite en Allemagne une amnésie
volontaire et collective du passé germanique.
Né à la fin de la guerre, Jörg Immendorff s’ engage
dans une lecture critique de la situation Est / Ouest.
Il réinvestit certaines pratiques picturales de
l’ expressionnisme, dénoncées par les Nazis dès 1933.
Café Deutschland. Schwarzer Stern appartient à une
série d’ allégories politiques inspirées par la réalité
allemande de l’ époque. Les gris et noirs créent une
atmosphère lourde ; l’ étoile noire et les symboles
politiques empruntés au vocabulaire de la mythologie
germanique sont déstabilisés et renforcent l’ impression
d’ un monde plongé dans le chaos. Georg Baselitz,
lui aussi influencé par l’ expressionnisme et l’ informel,
élabore une peinture figurative, où la figure est
cependant désamorcée (il décide à partir de 1969
de peindre tous ses personnages à l’ envers) au profit
de la peinture même, de la vigueur du geste et de la
matérialité. Michael Buthe, figure singulière, partage
sa vie entre Cologne et Marrakech. Après 1971,
mettant son art en conformité avec sa vie, il crée
des œuvres où se mêlent des matériaux composites
comme la cire ou des branches de feuilles mortes
aux pigments colorés qui offrent une vision mystique
fortement influencée par les codes orientaux.
En 1963, Gerhard Richter et Sigmar Polke fondent,
avec Konrad Fischer, « Le Réalisme capitaliste »,
critique de l’ individualisme artistique mais aussi
démystification des images du monde publicitaire
et artistique. Polke ne cessera ensuite de réinterroger
les systèmes de figuration, en s’ appropriant supports
et techniques variées. Sur les motifs colorés de la toile
à matelas d’ Unser Kundendienst ! est apposé le tampon
« service consommateur », qui renvoie aux conventions
des messages publicitaires et à la « fabrication »
artistique – aux processus de création
et de consommation succède la mise au rebut.
Gerhard Richter met en question la représentation
et souligne la réalité du processus artistique. Schädel
emprunte au rendu photographique et à la tradition
picturale du trompe-l’ œil, mais le crâne prétend
esquiver la référence symbolique à la vanité car il n’ est
qu’ un reflet.
D. L’ art conceptuel
E. Arte Povera
F. Les contemporains
Michelangelo Pistoletto
Œuvres de Jan Fabre, Bertrand Lavier,
Pascal Pinaud, et Clay Ketter.
Divisione Moltiplicazione dello specchio,
1973 –­ 1991, acquisition en 2009.
John Baldessari
Killer Whale Man Water Glass on Table,
1991, acquisition en 1992.
Privilégiant l’ idée sur l’ objet d’ art lui-même, les artistes
conceptuels utilisent le langage et ses dérivés, qui seuls
déterminent la manifestation de l’ art. Malgré diverses
collaborations, notamment autour de la revue fondée
en 1968 par Art & Language, aucun groupe conceptuel
ne prend vraiment forme.
C’ est Joseph Kosuth qui met en place les fondements
de l’ art conceptuel dès la fin des années 1960 : il s’ agit
de dégager l’ art de toute considération esthétique, de
limiter l’ intervention de l’ artiste à un questionnement
de l’ art et à la recherche de sa définition.
Les mots deviennent alors le matériau privilégié des
conceptuels. Avec Five Words in Yellow Neon, l’ artiste
fait coïncider l’ énoncé linguistique avec la forme
matérielle de la proposition artistique, créant ainsi
un système clos où les éléments s’ auto-définissent.
Art & Language utilise également le langage comme
matériau privilégié de définition de l’ art. Les œuvres
sont une mise en évidence des codes sociaux qui
régissent nos mécanismes de perception. Secret
Painting critique avec humour la prétention à
l’ autonomie de l’ art, et détourne également les codes
de l’ art conceptuel pour mieux en montrer les limites :
l’ œuvre d’ art conceptuelle demeure mystérieuse et la
vision romantique de l’ artiste, tant honnie, reste sousjacente. Un courant plus narratif se met en place, avec
John Baldessari pour figure centrale.
Dans Killer Whale Man Water glass on table,
il constitue à partir d’ images collectées et assemblées,
un potentiel de situations dramatiques dont le regard
est le déclencheur.
Le terme « Arte Povera » est utilisé pour la première fois
en 1967 par le critique d’ art Germano Celant au cours
d’ une exposition à Gênes. « Pauvre » est un terme trompeur
pour définir les matériaux utilisés par les artistes.
Si plusieurs d’ entre eux composent leurs œuvres avec
le bois, le tissu, les objets de rebut ou des éléments naturels,
d’ autres leur préfèrent des techniques plus sophistiquées
telles le néon, la pierre ou d’ autres matériaux plus nobles
(cuivre et or). L’ Arte Povera ne se soumet pas à une
économie de moyens mais s’ offre entièrement à la liberté
d’ utilisation de matériaux, au geste créateur au détriment
du résultat, de l’ objet fini.
Politique et social, l’ Arte Povera est revendiqué non
comme un mouvement mais comme une attitude.
Celle-ci s’ apparente à une défiance à l’ égard de l’ industrie
culturelle et de la société de consommation qui est alors
en train de triompher.
Confortant une collection d’ Arte Povera déjà
significative – pièces emblématiques de Giovanni Anselmo,
Mario Merz, Pier Paolo Calzolari, pour certaines issues
de l’ important dépôt d’ Ileana Sonnabend, et œuvres
d’ Alighiero e Boetti issues de la donation François
et Ninon Robelin – les acquisitions récentes par le Musée
d’ Art Moderne de Le radici del verde bosco de Giuseppe
Penone et de Divisione Moltiplicazione dello specchio
de Michelangelo Pistoletto, manifestent l’ engagement
du musée envers les artistes majeurs de l’ Arte Povera.
Vue de salle, décembre 2007.
D’ autres œuvres issues de la donation de la Caisse
des dépôts, très représentative de l’ art français des
années 1990 (Bernard Frize, IFP, Richard Baquié),
ainsi que les nouvelles acquisitions d’ œuvres de
Jean-Marc Bustamante ou Pascal Pinaud, viennent
compléter ce dispositif.
Sanguis / Mantis Landscape (2004) de l’ artiste
flamand Jan Fabre nous dévoile un champ
de bataille jonché de dépouilles d’ armures
étincelantes et démembrées de fourmis géantes.
Descendant d’ un grand-père entomologiste,
Jan Fabre aime à nous faire vaciller entre rêve et
cauchemar dans lesquels pullulent les insectes
et où grouille la vie. Morcelée, l’ armée d’ insectes
piège le sol de plastrons aussi massifs que rutilants.
En regard de cet univers expressionniste sont
exposées des dessins plus historiques de Erik
Dietman, Günter Brus, Christian Ludwig Attersee
et Arnulf Rainer dont le musée a acquis en 2010
six nouvelles œuvres emblématiques.
Perspectives contemporaines
–