OSSIER PED AG O G IQ U E

Transcription

OSSIER PED AG O G IQ U E
© Stéphane Vermeiren (Musée départemental de l’Oise) / ©ADAGP, Paris 2014
DOSSIER PEDAGOGIQUE
MARIO
AVATI
LE NOIR EN LUMIERE
ARIO
A
VATI
est né à Monaco en 1921 et est mort à Paris
en 2009.
Il fait ses études à l’Ecole des Arts décoratifs de Nice et à l’Ecole Nationale
Supérieure des Beaux-Arts de Paris, où il y enseignera ensuite la gravure
jusqu’à la fin de sa vie.
Il est à la fois peintre, sculpteur, illustrateur mais surtout et
essentiellement graveur, l’estampe l’emportant très vite sur les autres
disciplines. Après avoir réalisé quelques eaux-fortes et aquatintes, il
découvre, à partir de 1949 la manière noire « lorsqu’en 1949, un ami
m’apporta un objet bizarre [NDL : un berceau] en m’affirmant que c’était
là un outil de graveur, je ne mesurais pas alors dans quelle aventure
j’allais m’engager […] ». Il réalise sa première manière noire en 1950, en
noir et blanc et s’y consacre entièrement à partir de 1955, il y introduit la
couleur à partir de 1969. L’artiste s’est astreint à
effectuer une gravure par mois pendant 60 ans, sauf
au mois d’août où il partait pêcher en Irlande.
Plusieurs de ses gravures ont été reprises pour
l’édition de timbres. Ainsi en 1980, à l’occasion de la
Journée du timbre 1980, la Poste reproduit la Lettre à Mélie. Il est
membre de la Société des peintres-graveurs français
Le Prix de la gravure Mario Avati-Académie des Beaux-Arts a été
créé en 2013 sous l’égide de l’Académie des Beaux-Arts en hommage à
l’artiste.
Prix
1957 : Prix de la critique en 1957 ;
1969 : Médaille d’Or à la première exposition internationale d’art
graphique de Florence ;
1981 : Grand prix des Arts de la Ville de Paris ;
1997 : Prix de la gravure, Portland Art Museum ;
1997 : Prix Nahed Ojjeh de l’Académie des beaux-arts.
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard /
©ADAGP, Paris 2014
M
1
L
’oeuvre
Mario Avati travaille essentiellement autour du thème de la nature morte :
objets du quotidien, fruits, animaux, papillons et autres insectes, dans une
composition rigoureuse mais dont le titre ou le sujet ne manquent pas
d’humour.
Chaque objet semble à la fois détaillé et simplifié, voire épuré, l’artiste ne
gardant que l’essentiel de sa forme. Les objets sont généralement
installés sur une table ou une sorte d’étagère en suspension. La couleur
intervient aussi dans ces œuvres, remplaçant le blanc des premières
estampes. Elle est toujours associée au noir. Le contraste est toujours
maintenu entre fond et objet, coloré ou non.
Les compositions sont simples, avec très peu de profondeur, elles-mêmes
épurées faites de lignes verticales et horizontales rompues parfois de
cercles ou de demi-cercles, à l’image des éléments géométrisés.
Ces natures mortes évoquent les œuvres des artistes espagnols, français
ou hollandais du XVIIe siècle dans lesquels les légumes, fruits et objets
posés sur des tables, se détachent d’un fond sombre ou neutre.
Le travail d’Avati se rapproche de plusieurs de ses contemporains :
l’artiste japonais, Kiyoshi Hasegawa (1891-1980) qui utilise aussi la
technique de la manière noire, et du peintre Giorgio Morandi (1890-1964),
que l’artiste admirait beaucoup.
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard / ©ADAGP, Paris 2014
Les objets ou éléments qui composent ses œuvres apparaissent comme
émergeant d’un fond noir profond. Ils se détachent de façon plus ou moins
contrastés en blanc ou gris comme éclairés par une source lumineuse qui
se trouverait hors champ.
2
au Musée départemental
de l’Oise
Dès les années 50, le musée devient, l’un des 18 musées français
abonné à la Jeune Gravure Contemporaine. A ce titre il reçoit, chaque
année depuis 1957 trois estampes dues aux talents divers des membres
de l’association. Cette collection s’étoffe en 1978 à l’instigation du graveur
buriniste Roger Vieillard, ardent défenseur de l’estampe contemporaine
qui offre une sélection de 40 épreuves. Suite à l’exposition de ses
oeuvres, le cabinet d’arts graphiques du musée voit le jour, répondant
ainsi au voeu de Roger Vieillard. Cette série renforce le fonds d’estampes
déjà constitué dans lequel Mario Avati figure déjà. En 1983, à l’occasion
de l’exposition de Trente ans de gravure d’Avati, à Beauvais, le musée
acquiert une suite didactique d’une nature morte (manière noire en
couleurs). L’artiste offre lui-même au musée un ouvrage de bibliophilie,
imprimé sur les presses de Rigal à Paris et édité à New-York : L’Arche de
Noé, avec 10 planches de sujets animaliers en manière noire.
C’est en 2011 qu’Helen Avati, veuve de l’artiste, se propose de donner un
ensemble de 173 pièces choisies dans le fonds d’atelier. Ces oeuvres
illustrent son parcours, ses premières aquatintes ou eaux-fortes animées
de multiples personnages. Avati change radicalement de thématique dans
les années 50 tournant imposé par l’usage exclusif de la manière noire.
Très vite, le seul motif représenté est une nature morte d’objets placés
avec soin, première étape d’un processus de création exigeant. La
discipline nécessite une progression lente du travail qui ne peut être
corrigé, du noir au blanc en passant par les gris. Elle se complexifie par
l’impression en couleurs, un évènement dans la pratique de la manière
noire, déjà si rare au XXème siècle. L’artiste crée alors un univers
personnel, immobile, comme hors du temps et de l’espace, centré sur la
poésie de l’objet quotidien.
Josette Galiègue
Conservatrice en chef
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard / ©ADAGP, Paris 2014
L
a collection Mario Avati
3
La manière noire (ou mezzotinte)
Procédé de gravure en creux, en taille douce.
Le premier travail consiste à grainer la plaque de cuivre
uniformément de petits trous (ou barbes), à l’aide d’un outil : le
berceau.
Le berceau est passé systématiquement et plusieurs fois, dans tous
les sens sur la plaque. On parle d’un tour lorsqu’on a effectué un
premier passage sur la surface de la plaque : 20 tours sont
recommandés, quelque soit la taille de la plaque !
Ce travail est très long et fastidieux. Si la plaque était encrée à ce
moment là, on obtiendrait un noir profond et velouté. La difficulté
réside aussi dans la régularité du geste afin d’entamer uniformément
le métal. C’est en grattant ou en écrasant les aspérités (ou barbes)
totalement ou partiellement que l’on obtient des blancs ou des gris.
Née en
Allemagne en
1642, elle se
diffuse d’abord
aux Pays-Bas
puis en GrandeBretagne.
Elle connaît un
succès au XVIIe
jusqu’au milieu
du XIXe siècle
surtout comme
technique de
reproduction de
tableaux.
La manière noire permet une grande variété de teintes et son charme réside
dans le fait que les formes semblent sortir de l’ombre, avec des valeurs de clairobscur et dégradé très modulées.
Grande diffusion dans
toute l’Europe à partir
de la seconde moitié
du XVe siècle.
Beaucoup d’artistes
l’ont pratiquées :
Albrecht Dürer, Le
Parmesan,
Rembrandt, Van Dyck,
Jacques Callot, Goya,
Manet Degas, Lucian
Freud.
L’eau-forte
désignait, à l’origine
l’acide nitrique utilisé
pour le bain corrosif.
L’eau forte
Procédé de gravure en creux en taille-douce.
La plaque de cuivre est recouverte d’une fine
couche de vernis résistant aux acides et composé
de cire, bitume et mastic. Le graveur trace les
lignes de son dessin avec une pointe de métal qui
entaille le vernis et met à nu le cuivre. La plaque
est alors immergée dans un bain (1/4 acide et ¾
eau). Le liquide pénètre les creux et corrode le
métal. Le vernis est ensuite enlevé puis la planque est
recouverte d’encre puis pressée.
Le dessin obtenu est plus libre, car plus aisé, il se rapproche
du dessin à la plume, l’artiste gravant le vernis et non la
plaque.
L’aquatinte est un des procédés de l’eau-forte. Elle diffère en
revanche par les outils ou vernis à graver utilisés.
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard / ©ADAGP, Paris 2014
L
a technique
4
L
a nature morte
désigne un sujet associant des objets inanimés (fruits,
vases, fleurs, etc.) et des animaux en l’absence de l’homme. Le
sujet existe bien avant sa dénomination actuelle. Déjà au XVIe
siècle, Vasari qualifie une oeuvre de Giovanni da Udine de cose naturali
(choses naturelles). Au siècle suivant, la peinture hollandaise est réputée
pour ses « tables servies » illustrant le luxe et les plaisirs sensuels, mais
aussi la vanité de l’homme. C’est le mot flamand de stilleven, adopté par
les Allemands (Stilleben) et les Anglais (still life) au sens de « vie
silencieuse ou vie immobile », qui a donné l’expression nature morte en
français, désignant le sujet mais également l’œuvre elle-même. Le
philosophe Diderot utilise, l’expression plus neutre de « natures
inanimées » pour qualifier les œuvres de Chardin.
Présente depuis l’Antiquité, la nature morte est un genre
relativement mis à l’écart durant le Moyen Age. Au XVIIe siècle, elle fait
un retour dans les pays du Nord de l’Europe, sous une forme allégorique
appelée vanité. Par la suite, la signification symbolique tend
progressivement à s’effacer devant le souci du réalisme, cher au XVIIIe
siècle. Avec l’art moderne, sous l’influence de Manet, au XIXe siècle, puis
de Cézanne, le genre, fait évoluer la forme en devenant, au XXe siècle, un
laboratoire des recherches plastiques.
la
fonction
de
Sous l’Antiquité, le peintre représente l’illusion du réel,
mimesis (imitation de la nature). Le peintre Zeuxis, au Ve siècle avant J.C.,est célèbre pour avoir représenté des raisins si réalistes que des
oiseaux seraient venus les picorer. Les peintres grecs antiques rivalisent
d’ingéniosité et affirment le pouvoir de l’art sur la nature, qui se substitue
à elle. Autre tradition antique, les xenia, que les riches praticiens faisaient
peindre dans les appartements occupés par leurs hôtes afin de montrer
fruits, légumes et gibier en provenance de leurs terres. (Piraïkos, au IVe
siècle avant J.-C. ou La chambre mal balayée copie en mosaïque par
Héraclite IIe siècle, d’après Sosos de Pergame, IIIe siècle av. J.C. Rome,
Musée Latran).
Mais cette illusion des sens, source du plaisir, est contraire à la réflexion
chrétienne. La nature créée par Dieu, ne peut être imitée à des fins
hédonistes. Désormais, la dialectique se situe au niveau de la
représentation de l’objet matériel qui doit rappeler le divin et non se
substituer à lui. Au Moyen Age, les objets sont rarement représentés. Ils
sont liés au culte, aux symboles chrétiens et à la Cène (patène, pyxide,
flacons peints par Taddeo Gaddi vers 1328-1330 à Santa Croce, église
franciscaine de Florence). Ce n’est que vers le milieu du XVIe siècle que la
hiérarchie des scènes christiques (au premier plan) et objets (à l’arrièreplan) se trouve bouleversée.
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
D
e l’Antiquité au Moyen Age :
substitution des objets peints
5
X
VIIe –XXe siècles : la mise en place et l’essor du
genre
Parmi les stilleven (« vies tranquilles »), les peintures de « vanité »
évoquent le caractère éphémère et fragile de l’homme ainsi que la futilité
des biens terrestres (gloire, richesse, plaisirs, pouvoir). La mort et le
temps se trouvent naturellement au cœur des peintures de vanité,
évoqués par un crâne, une bougie, un sablier ou une mouche, comme
chez Pieter Claesz, Nature morte à la
vanité, 1630.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, alors
que l’Europe domine le monde avec ses
colonies, l’homme s’interroge sur sa
place dans ce monde en extension.
C’est à cette époque que naissent les
cabinets de curiosité célébrant les
merveilles
du
monde
terrestre
(mirabilia), qu’elles soient naturalia ou
artificialia. Les peintres multiplient les
scènes d’intérieur comportant avec des
objets exotiques (des chinoiseries) et
Fieravino Francesco (actif de 1650 à 1680), IL MALTESE (att. à)
des scènes d’extérieur. L’objet devient
Nature morte au tapis et à l’aiguière
aussi le signe du quotidien, chez Jean
Huile sur toile, inv. 77.272
Siméon Chardin (1699-1779), par
exemple, avec de simples timbales, pot, pipe, boîte, verre, carafe… .Les
objets qu’il représente sont les siens, seuls la composition, les différentes
matières (émail, verre, bois..) ou le jeu de la lumière sur ces matières
priment sur la symbolique des choses. Les recherches picturales de
Chardin ouvriront la voie des recherches des peintres modernes comme
Edouard Manet ou Paul Cézanne.
Au XIXe siècle, la remise en cause de l’académisme et de ses
pratiques picturales bouleversent aussi le genre de la nature morte. Il n’y
a plus de sujet « noble ». Les objets les plus simples sont représentés
comme la Botte d’asperges d’Edouard Manet, ou les Souliers noirs (1886)
de Vincent Van Gogh. Le motif de la nature morte devient l’équivalent
d’un paysage ou d’un portrait. Elle est comme les autres sujets : un
espace de recherches picturales (composition, espace) et chromatiques
(couleur, lumière).
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
© RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier – Musée départemental de l’Oise
La nature morte fait son retour à la Renaissance, d’abord dans
les fresques illusionnistes (fausses niches) ou comme éléments de décor
de scènes religieuses ou profanes : Vase de lys de Hans Memling (14851490) ou Nature morte avec perdrix, gantelet de fer et carreau d’arbalète
de Jacopo de Barbari (1504). Les historiens de l’art considèrent que la
première nature morte autonome est une Corbeille de fruits du Caravage
(1596), dont la symbolique est encore religieuse : la maturation des fruits
évoque celle du peuple d’Israël et de la chrétienté. Néanmoins, cette
peinture permet de réfléchir sur la puissance du visible (ce qui est
nouveau !), grâce à l’effet de trompe-l’œil.
6
Inspiré par Cézanne (Pommes et oranges, 1899) qui, favorise
la transposition picturale de l’objet plutôt que l’objet lui-même, Picasso,
dans Carafe et chandelier (1909) éloigne encore davantage les objets
présentés de leur matérialité première. Interrogeant
le rapport entre peinture et objet, Picasso réalise dans
la Nature morte à la chaise cannée (1912) une mise
en abyme en trois dimensions, le tableau devenant
lui-même dessus de table. Davantage que trompel’œil, cette imitation de la réalité se révèle être un
trompe-l’esprit, un défi lancé à la logique du
spectateur leurré par la technique de l’artiste. Il n’y a
pas de différence entre la réalité et celle du tableau.
La toile devient un espace d’expressions plastiques où
couleurs, formes, touches, matériaux se côtoient et
expriment la matérialité de la peinture. Marcel
Duchamp va plus loin et détourne de son usage et de
sa fonction habituels des objets du quotidien :
Jean HELION (1904-1987), Nature
morte aux bouteilles, 1928
Fontaine (1915, urinoir renversé, signé Mutt), ou Roue
Huile sur toile, inv. 88.51
de bicyclette (1913-14, roue de bicyclette fixée sur un
tabouret), appelés ready made (« tout fait »). Il
renverse le concept d’œuvre d’art : l’objet usiné est œuvre parce que
l’artiste l’a décidé ! A la différence de la nature morte, les objets ne sont
plus admirés pour leur représentation, mais pour leur simple présentation.
Héritier de cet art conceptuel dont Duchamp et Picasso sont des
précurseurs, le Pop Art, représenté par Andy Warhol, stigmatise, à son
tour, ce que le philosophe Jean Baudrillard nommait la « société de
consommation ».
Dans toutes ces évolutions, la nature morte en tant que genre a explosé.
Le tableau traditionnel, s’éclipse au profit d’installations (c’est-à-dire
d’occupations d’un espace donné, par la mise en situation de différentes
techniques de représentation). Un dialogue métonymique entre les objets
et leur espace s’instaure alors. Le spectateur est invité à réfléchir, selon
Baudrillard, « le médium lui-même n'est plus saisissable en tant que tel et
la confusion du médium et du message est la première grande formule de
cette ère nouvelle ».
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
© ADAGP / RMN-Grand Palais / René-Gabriel Ojéda – Musée départemental de l’Oise
X
Xe-XXIe siècles : une peinture réifiée, symbole de
l’aliénation des hommes
7
La table du graveur, 1975
Cette œuvre pourrait être un
autoportrait. On y trouve des
éléments qui évoque l’artiste
(carton à dessin) et les autres
objets
qui
l’entourent
au
quotidien.
Les
formes
géométriques qu’il utilise dans ses compositions (sphère, cylindre,
trapèze, rectangle, carré) sont parfois rompues par une petite
« fantaisie » (nœuds du carton). L’élément perturbant la géométrique des
formes se retrouve dans d’autres natures mortes (escargot montant le
long d’un cadre, motifs s’échappant de l’objet, couleurs, titre…).
L’estampe est composée de quatre éléments posés sur une table (table
que l’on retrouve dans l’exposition et qui est le « support » de beaucoup
de natures mortes d’Avati). La manière noire nécessite beaucoup de
patience et de concentration. Avati reste des heures dans son atelier, à
l’abri du monde, parmi ses objets silencieux. Sa technique participe à cet
isolement assumé. Il crée son monde afin de pouvoir y vivre librement.
C’est aussi le silence et l’atmosphère sereins de l’atelier qui s’expriment à
travers la représentation des objets de l’artiste.
Quatorze juillet, 1979
Manière noire en couleur papier vélin de
Rives. 28,5 x 40,7 cm
Don manuel d’Helen Avati en 2011.
Inv. 2013.1.73
Avati installe des éléments dans une
composition frontale qui lui est chère.
Fleurs et mandoline sont sur une
planche semblant suspendue dans
l’air. L’artiste utilise régulièrement
table et étagère pour positionner ses compositions. La composition est un
équilibre (ou en équilibre sur une planche !) entre formes rondes ou en
arc de cercle (fleur d’anémone, bouquet, vase, caisse de la mandoline),
lignes droites et formes rectangulaires (cordes, manche, vrilles, étagère).
Avati reprend la tradition du XVIIIe siècle et compose des natures mortes
afin évoquer les cinq sens : vue, goût (fruits ou légumes), ouïe
(instrument de musique : mandoline), odorat (fleurs) et toucher
(matières : tissu, émail, faïence…). Le fond noir et la lumière (artificielle)
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard / ©ADAGP, Paris 2014
Manière noire en couleur papier vélin BFK
Rives. 27,8 x 34,4 cm
Don manuel d’Helen Avati en 2011.
Inv. 2013.1.54
8
mettent en valeur les formes en les isolant et en les sculptant. La lumière
intense sur la caisse de la mandoline fait ressortir les trois couleurs
bleu/blanc/rouge, couleurs fictives, symboles de la Nation. Peut-être estce pour le graveur sa manière de célébrer la fête nationale dont la date
est rappelée dans le titre ?
L’as de pique, 1980
La composition horizontale présente
les objets de façon frontale. Les
formes sont épurées : cylindre, cube,
ovale, ou losange du revers de la
carte.
Les
losanges
semblent
s’échapper et viennent perturber cet
ordonnancement. L’as de pique de
biais
vient
aussi
rompre
cette
composition. L’arrière plan se compose
d’un fond noir, sur lequel se détachent œuf, pot et moulin à café. La
monochromie gris bleuté, au second plan, met en valeur les deux cartes.
La composition (du fond vers le 1er plan) et la gradation de la couleur (du
plus foncé au plus clair) soulignent ainsi les deux éléments perturbateurs.
A noter aussi que les deux cartes ne pourraient en faire qu’une : vue de
face et de dos. On retrouve ici le style de l’artiste simple et dépouillé. Il
s’agit pour Avati d’éliminer l’inutile car « l’inutile n’émeut pas ». La
simplification a plus de force et de résonnances. En effet, malgré des
éléments qui au premier abord, pourraient éloigner le spectateur (fond
noir, monochromie grise ou couleurs légères, thématique), Avati réussi à
créer à l’inverse, un monde (le sien) qui fait place à la sérénité silencieuse
et à l’émotion. Monde dans lequel il est simple de s’y inviter.
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard / ©ADAGP, Paris 2014
Manière noire en couleur papier vélin de Rives.
28,7 x 35,4 cm
Don manuel d’Helen Avati en 2011.
Inv. 2013.1.79
9
pédagogiques
En classe
Définir la nature morte (pour collège et
lycée : aborder la notion symbolique de
la nature morte).
Chercher
des
exemples
en
peinture/photographie/dessin/estampe…
Découvrir les différentes thématiques
liées au genre nature morte ou établir
un classement à partir de l’observation
des différents représentations fleurs ,
objets, tables servies, intérieur de
cuisine, trompe-l’œil, vanité, gibier
mort…
Décrire différents exemples (Claesz
Heda, Juan Sanchez Cotan, Rembrandt,
De Heem, Caravage, Chardin, Cézanne,
Manet, Picasso, Matisse, Botero...) :
composition,
éléments
présents,
abondance des éléments ou pas,
touche, couleurs, lumière, matières
représentées, …..
Contextualiser
l’oeuvre
(contexte,
historique,
économique,
sociale,
scientifique).
Aborder les techniques différentes
notamment la gravure.
Définir
rapidement
les
différentes
techniques de gravures : procédés
techniques et principe général
Présentation du graveur Mario Avati
(biographie) et sa technique.
Au musée
Observer et décrir des œuvres
(fond noir, objets en gris, et
couleurs).
Description de la composition et
éléments présents. (voir aussi les objets
présentés appartenant à l’artiste)
Particularité du fond noir :
Quels effets sur les objets ?
Traitement des objets, personnages,
paysage : comparer.
Traitement des objets : simplification
des formes.
Quelles formes géométriques retrouve –
on fréquemment ?
Que traduisent ces formes ? la rigueur
du traitement, de la technique de la
manière noire, de la composition ? ou
tous les éléments ensemble ?
Ressentir malgré la rigueur des formes
traitement et couleurs, quels sont les
sentiments, les sensations éprouvés
devant
les
œuvres :
froideur,
abstraction,
inexpressivité,
silence,
apaisement, quiétude….
Rôle de la couleur dans certaines
oeuvres?
Lire et détailler les titres, établir
des
liens
entre
titre
et
représentation (jeux de mots,
humour…).
Après le musée
Collège : Arts plastiques 6e : L’objet et
l’œuvre : l’objet et les réalisations
plastiques ;
l’objet
et
son
environnement ; l’objet dans la culture
artistique.
Arts plastiques 4e : Image, œuvre et
réalité : les images et leurs relations au
réel.
Histoire des arts 3e : Arts, espace,
temps : l’œuvre d’art et l’évocation du
temps et de l’espace. Arts, ruptures,
continuités :
l’œuvre
d’art
et
la
tradition.
Lycée :
Arts
plastiques :
Culture
artistique et histoire des arts.
En 1ère: Arts, réalités, imaginaires : l’art
et le réel ; l’art et le vrai
Ecole / Collège / Lycée
Réalisation d’une œuvre :
-Avec des objets du quotidien de l’élève
sur fond noir
sur fond coloré
sur fond blanc.
Varier les contraintes de composition,
couleurs, lumières, vues frontale, en
contre-plongée..., techniques (peinture,
photographie, sculpture….)
-A partir d’un élément d’une nature
morte de Mario Avati.
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
P
istes
10
-A partir d’éléments découpés dans des
magazines, journaux….
Rechercher dans les publicités les
procédés de la nature morte ( ex :
confiture Bonne Maman, yaourts la
Laitière…).
A partir des natures mortes et titres des
œuvres d’Avati (ex. Le bar américain) :
Trouver des expressions avec de
fruits/légumes et objets et les illustrer
Avoir un cœur d’artichaut / Avoir une
peau de pêche / Occupe-toi de tes
oignons / Tomber dans les pommes /
Etre haut comme trois pommes /
Appuyer sur le champignon / Etre rouge
comme une tomate / Boire la tasse /
Faire le poirier / Etre sur le fil du
rasoir…etc.
Etudes de poèmes et illustrer par une
nature morte (suivant les niveaux) :
Les cornichons de Nino Ferrer (Boris
Vian)
Fruits de Louis Delorme
Inventaire de Jacques Prévert
Déjeuner du matin de Jacques Prévert
Je veux une vie en forme d’arête de
Boris Vian….
Les figures géométriques /volumes :
Géométrie plane et géométrie dans
l’espace en mathématiques. Illusions
d’optique.
Vitesse
et
énergie
en
SPC,
mathématiques (Mario Avati : Du côté de
chez Muybridge, 1996)
Après une réalisation à
morte sur Canson noir,
dessins
d’élèves
et
animation GIF à la
Muybridge.
d’une nature
numériser les
réaliser
une
manière de
Eadweard
Muybridge (18301904), est un
photographe
britannique renommé
pour ses
décompositions
photographiques du
mouvement.
Autour de la notion des cinq sens :
La vue :
Collège : SVT la perception visuelle
Lycée :SVT, SPC, Ens. Scientifique : la
vision, neurologie (Mario Avati, Du côté
de chez Muybridge, 1996)
L’odorat :
Synthèse chimique huile essentielle,
arômes (M. Avati : Le violoniste, 1952,
la trajectoire de l’aïoli, 1985)
Le goût :
SVT Alimentation et santé, EDD,
agriculture (M. Avati, La passion des
fruits, 1991)
Le toucher :
SVT Neurologie, PC mécanique (nature
mortes avec éléments en bois, métal,
faïence….)
L’ouïe :
Collège : Education musicale,
Lycée SPC : son et musique (naturemortes avec instruments de musique)
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
Collège/Lycée
11
B
Comte, Hubert, La Vie silencieuse : essai sur la nature morte
de l’Antiquité à nos jours, Waterloo, 1998.
Hardouin-Fugier, Elisabeth, Les Peintres de natures mortes en
France au XIXe siècle, Paris, 1998.
Jollet, Etienne, La Nature morte ou la Place des choses :
l’objet et son lieu dans l’art occidental, Paris, 2007.
Schneider, Norbert, Les Natures mortes : réalité et
symbolique des choses, Cologne, 1994.
Sterling, Charles, La Nature morte de l’Antiquité au XXe
siècle, Paris, 1985 (rééd.).
Avati : l’œuvre gravée, catalogue raisonné de l’œuvre d’Avati
présenté par Roger Passeron tome 1 à 7, Bibliothèque des
Arts, 1977 à 2000.
(Disponible au centre de ressources documentaires du musée)
Plumart Roland, Bohbot Michel (préf.), Avati dessins et
croquis, catalogue d’exposition, Centre Culture de l’Arsenal,
Maubeuge, Roland Plumard et association Malbodium
Museum, 2012 .
(Disponible au centre de ressources documentaires du musée).
Service médiation – Musée départemental de l’Oise -2013-2014
Crédits photos : ©RMN-Grand Palais (Musée départemental de l’Oise) / Benoît Touchard / ©ADAGP, Paris 2014
ibliographie
12
EXPOSITION DU 17 AVRIL AU 28 SEPTEMBRE 2014
ENTREE GRATUITE
TOUS LES JOURS SAUF LE MARDI
DE 10 H A 12H ET DE 14H A 18 H
TEL : 03.44.10.40.50
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Ateliers arts et saveurs et interventions musicales lors
de la Nuit européenne des musées (17 mai 2014) et
lors des Journées Européennes du Patrimoine (20 et
21 septembre 2014)
Dossier réalisé par :
Rémi Comolet et Pierre Prado : 03.44.10.40.85 (permanence le
lundi) [email protected] / [email protected]
Audrey Magnan (médiatrice) : 03.44.10.40.58
[email protected]
Réservations :
Marie Laure-Trouvé : 03.44.10.40.63
[email protected]
Centre de ressources documentaires
Ouvert du lundi au vendredi sur rendez-vous.
Isabelle Goubaux : 03.44.10.40.66
[email protected]