Discours de Jean-Christophe Cambadélis Conférence de presse

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Discours de Jean-Christophe Cambadélis Conférence de presse
Discours de Jean-Christophe Cambadélis
Conférence de presse sur les élections départementales
Jeudi 5 mars 2015
(seul le prononcé fait foi)
On n’a pas le droit ! Oui, on n’a pas le droit !
C’est une honte de se désintéresser de 35 milliards d’euros d’investissement
dans la politique sociale par an.
C’est une honte de mépriser 12 milliards d’euros d’équipements de proximité,
collèges, routes, gymnases.
C’est une honte de dédaigner 12,3 % de financement du secteur associatif c’està-dire 1 828 000 emplois.
On ne peut pas ignorer que les départements - parce que ce sont des
départements dont il s’agit - représentent 6% de la dépense publique et 2% de la
dette publique totale.
Les Français sont intéressés par la lutte contre les déserts médicaux :
-­‐ Avec les socialistes, ce seront des maisons de santé pluridisciplinaires.
Les Français veulent que l’on réponde au défi du bien vieillir :
-­‐ Avec les socialistes ce seront des prix accessibles et modulés en fonction
des ressources et un dispositif de santé pour les soins à domicile et
l’autonomie.
Les Français veulent l’accès aux transports et à la mobilité :
-­‐ Avec les socialistes c’est le tarif unique de transport
1 Les Français veulent une agriculture raisonnée et une bonne alimentation :
-­‐ Avec les socialistes c’est un réseau pour une alimentation locale
innovante et solidaire, un label favorisant les « circuits courts »
Les Français veulent renforcer les services publics et la cohésion territoriale :
-­‐ Avec les socialistes c’est le maintien des services publics en milieu rural
ou l’assurance d’une couverture intégrale en très haut débit
Les Français veulent promouvoir le développement durable :
-­‐ Avec les socialistes c’est généraliser la réhabilitation énergétique des
logements, l’accompagnement des activités fluviales ou les plans
d’excellence du recyclage des déchets.
Les Français veulent favoriser l’accès à l’emploi, l’innovation et le
développement économique :
-­‐ Avec les socialistes c’est un pacte emploi pour les jeunes, un soutien
spécifique aux entreprises innovantes.
Enfin les Français veulent la réussite des élèves :
-­‐ Avec les socialistes c’est le rapprochement des élèves et du monde
professionnel, c’est équiper chaque collégien de tablette numérique,
rapprocher les collèges du monde de l’entreprise.
Le vote socialiste, c’est le vote utile par rapport aux réelles préoccupations des
Français.
Ce sont les socialistes qui agissent et protègent dans les départements.
La marque socialiste c’est cela : « La protection et l’action », c’est l’intérêt
général.
2 -­‐ Enfance, personnes handicapées et âgées, prestations sociales mais aussi
routes, collèges... Bref, l’élection départementale est l’élection de base de
la démocratie française.
-­‐ C’est l’élection du quotidien des Français, la plus proche de leur vie de
tous les jours. Plus proche encore que les municipales.
Si les municipales c’est le vivre ensemble, les élections départementales
c’est l’agir ensemble.
C’est cela le premier enjeu et le Parti socialiste refuse de l’évacuer au nom du
débat politique national.
Il s’agit d’une élection départementale où pour la première fois dans ce type
d’élection, il y aura la stricte parité.
Quand bien même serait-il possible de noter que c’est avec le Parti socialiste et
singulièrement Manuel Valls, que la parité a fait un bon en avant car
l’implantation des femmes dans les départements ouvre la voie à la parité aux
législatives.
Ce sont donc des élections départementales à forts enjeux politiques.
D’abord parce qu’une gestion de gauche ou de droite, ce n’est pas la même
chose. Ni en terme de priorités, ni en terme de lutte contre les inégalités.
Il y a bien un enjeu politique local mais aussi national. Et le Parti socialiste ne
souhaite pas se dérober à ce débat.
Ces élections ne se passent pas dans n’importe quel moment. La politique menée
par Jean-Marc Ayrault et amplifié par Manuel Valls produit ses premiers
résultats.
Oui, il y a comme un frémissement dans le pays.
Oui, il y a comme une éclaircie qui se précise et qu’il faut accompagner.
Le chômage d’abord. Ce n’est pas l’inversion de la courbe mais c’est une baisse.
3 La compétitivité ensuite. Elle se redresse, comme le logement.
La croissance enfin. Elle est déjà à 1% et la consommation repart.
Dans une situation où la BCE a pris à bras le corps le risque de déflation, où le
prix du pétrole est extrêmement bas comme l’euro, où le loyer de l’argent l’est
tout autant, où enfin, pour insuffisant qu’il soit, le plan Juncker va dans le sens
du soutien à la croissance.
Faut-il ajouter que la France a joué son rôle pour desserrer l’étau sur la Grèce
faisant par la-même avancer le débat en Europe sur les critères de convergence
dans la zone euro. Il n’est pas plus impoli aujourd’hui de parler des
investissements hors déficit.
Tout ceci ne modifie pas encore la situation mais modifie le climat.
Evidemment le redressement n’est pas sans poser des problèmes au regard du
patronat qui traîne les pieds et refuse de s’engager. Evidemment des
interrogations, voire des critiques sont toujours présentes.
Mais le redressement est en marche. C’est la différence avec les élections
municipales, où il n’était même pas perceptible, là où la colère, elle, l’était.
Le débat actuel dans les élections départementales vise à cacher les vrais enjeux
politiques : « Quelle politique de proximité pour les Français ? » et « Le
redressement qui démarre », chacun s’acharne à détourner nos concitoyens de
ces débats.
Mais il y a un troisième enjeu, c’est la « République ».
Les Français le 11 janvier en manifestant massivement, dignement face au
terrorisme ont donné une feuille de route : Défendre la République contre ceux
qui ont la haine de notre modèle.
Il y a donc une autre différence de taille avec le climat des municipales. Le
Président de la République a incarné la France dans l’épreuve. Et le
Gouvernement a géré celle-ci de mains de maître.
4 Les Français sans relâcher leur exigence sur les résultats voient d’un autre oeil
l’exécutif. Et cette vision renouvelée, confirmée par l’élection dans le Doubs,
donne de la fierté aux militants socialistes.
Personne ne se trompe, l’élection sera difficile parce que nous sommes sortants
et au pouvoir dans la bataille du redressement.
Mais les socialistes assumeront mieux les trois dernières années du quinquennat,
le programme pour les départementales et le statut de parti crédible pour
défendre et incarner la République.
Tout se jouera sur la participation. D’où la campagne contre le désintérêt de nos
concitoyens pour une élection qui les touche de près.
D’où la campagne contre la tentative ou la tentation d’obscurcir les vrais enjeux.
La campagne que nous menons vise à présenter les vrais enjeux. Elle vise à ce
que les Français ne soient pas dépossédés de leurs élections par toute une série
de leurres.
Nous voulons mettre les Français au centre. Nous voulons que leurs
préoccupations soient prises en compte.
Le Parti socialiste est le seul parti à mettre les Français au centre, même si
l’élection et la situation ne se réduit pas à cela.
La situation mondiale est instable et pas seulement sur le plan économique. La
guerre est là sur le continent européen. Mais elle a pris un cours nouveau avec le
fanatisme terroriste frappant l’Europe pour provoquer une crise de civilisation,
voire une guerre de civilisation.
Il s’agit de s’en prendre à la démocratie.
Il s’agit d’attaquer la République, mais aussi les juifs avec le secret espoir
d’installer la rupture communautaire en provoquant une vague islamophobe.
5 Les socialistes ont fait de la défense de la République, de la liberté, de l’égalité,
de la fraternité, du progrès humain qui passe par la défense de notre
environnement, le centre de leur combat.
Pour les socialistes, il y a un lien entre le redressement économique de la France
et la défense de la République. L’un ne va pas sans l’autre, et le tout se décline
au niveau national, comme au niveau départemental.
Face à cette position cohérente, il y a, comme dirait Martine Aubry, le flou et le
loup.
Le flou c’est l’UMP.
Le loup c’est le Front national.
L’UMP n’a ni programme départemental, ni stratégie et cette élection est
seulement pour Nicolas Sarkozy, un moyen de prendre un peu d’avance dans la
campagne interne de l’UMP pour l’élection présidentielle.
Nicolas Sarkozy vient de lancer la campagne départementale dans une interview
dans Le Figaro.
Pas un mot, pas une proposition pour les départements. L’amnésie pour sa
gestion passée, l’anémie pour l’avenir de la France, mais pour le présent rien.
L’UMP dans les départements appliqueront-ils les 100 milliards d’euros de
réductions budgétaires ?
Voter pour l’UMP c’est réduire les départements à la portion congrue. Il ne
s’agit pas de faire participer chacun à l’effort, il s’agit d’une véritable saignée.
Comment faire face avec ce programme de l’UMP qui se propose de réduire
entre 600 000 à 1 million de fonctionnaires ? Ecoles, hôpitaux, police, toute la
fonction publique va y passer !
Il faut dès maintenant faire reculer cette offensive qui minerait notre cohésion
sociale, et affaiblirait la République sans moderniser l’économie.
6 Mais la stratégie est aussi en cause. Nicolas Sarkozy vient de lancer le « FNPS ».
Passons sur le fait que l’ex-Président met sur le même plan un parti républicain
et un parti d’extrême-droite.
Passons sur le fait qu’il s’agit avant tout de se démarquer d’Alain Juppé qui lui,
refuse de mettre sur le même pied le Front national et le Parti socialiste.
Mais c’est un aveu, une panique ! La direction de l’UMP constate que son
électorat file au Front national au premier tour.
Après avoir ouvert la porte au Front national par ses buissonneries, l’apprenti
sorcier ne sait plus comment écopper si je puis dire !
Et c’est précisément l’absence de consignes claires qui met le Front national au
coeur de la campagne.
Car si le Parti socialiste et l’UMP pratiquaient le désistement républicain, nul
part le Front national ne pourrait l’emporter.
Il suffit d’observer les élections législatives partielles : Le Parti socialiste a
pratiqué le désistement républicain et nul part le Front national n’est passé.
Mais pour cela il faut appeler un chat, un chat et refuser d’aller braconner sur les
terres du FN.
Et aujourd’hui, Nicolas Sarkozy d’une part dit : Toute alliance avec le FN
vaudra l’exclusion ce qui sous-entend que toute alliance avec le PS ne
le produira pas. Et Nicolas Sarkozy d’autre part, maintien le « ni-ni », ni PS, ni
FN, alors la fin du « ni-ni » ou sa continuité.
Ce flou désarme la droite républicaine qui court après le Front national.
Comment comprendre autrement les attaques de Monsieur Darmanin contre
Madame Taubira ? Appelons là aussi un chat, un chat. Dire que Madame
Taubira est « un tract ambulant pour le FN » ce n’est pas critiquer sa politique,
7 c’est critiquer son être. Elle est noire, donc un tract ambulant pour le Front
national qui est raciste.
L’UMP est déjà à la traîne dans les candidatures. Elle doit son « score » en
terme de candidats, à l’UDI qui est, élection après élection, le flanc-garde de
Nicolas Sarkozy.
Depuis le retour de François Bayrou dans l’alliance avec l’UMP, le centre n’est
pas le centre, c’est la droite. Nous le disons à tous les électeurs et à ceux qui
refusent la dérive droitière de l’UMP.
Cette politique condamnant les conseils départementaux et leur action par une
restriction budgétaire à venir sans précédent, ce refus d’assumer la défense de la
République face au Front national doivent être sanctionnés. Et le vote sanction
de la droitisation de l’UMP c’est le vote PS.
Un autre constat, le Front national n’est pas le centre de la vie politique, c’est le
danger.
Pas un jour sans que la presse ne révèle les pensées profonde des candidats
frontistes à jamais gravées sur leur compte Twitter ou Facebook.
Pour pouvoir présenter autant de candidats que les partis républicains aux
élections départementales, Marine Le Pen a du faire les fonds de poubelles de
l’extrême-droite, de l’antisémitisme, de la xénophobie et l’islamophobie.
Car Marine Le Pen joue tout sur le premier tour : Le nombre de candidats pour
être en tête en nombre de voix. Elle joue aussi le nombre de duels entre le Front
national et les partis républicains.
Ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas l’enjeu de l’élection.
Au final, vous le savez, le résultat sera non pas le niveau du Front national au
premier tour, mais le nombre de conseillers départementaux et de conseils
départementaux remportés.
Et cela se jouera entre le Parti socialiste et l’UMP.
8 Une partie des Français font corps avec le Front national, mais une majorité font
barrage. Il y a à cela une raison.
Il y a une question à laquelle le Front national doit répondre : Pourquoi est-ce
systématiquement au Front national que l’on retrouve des candidats racistes ?
Est-ce parce que qui se ressemble s’assemble ?
Le Front national est un danger pour la République parce que Marine Le Pen est
obsédée par les immigrés alors que nous, socialistes, nous sommes obsédés par
les Français.
Elle vient encore de récidiver en voulant séparer les « Français de souche » des
« Français de papiers ».
Mais là aussi le FN n’est pas dans l’élection départementale, mais dans
l’agitation anti-nationale, c’est-à-dire anti-républicaine alors que nous sommes
dans la réponse concrète aux Français.
Les départements, faut-il le rappeler au FN, ne s’occupent ni de l’euro, ni des
frontières, ni de la sortie de l’Europe, ni de l’immigration. Mais c’est pourtant le
seul programme du Front national.
Marine Le Pen, comme Nicolas Sarkozy, ne pensent qu’à l’élection
présidentielle.
Alors, faute de programme, nous sommes bien obligés de nous intéresser à la
pratique et là les masques tombent.
Le Front national a déclaré la guerre aux pauvres, aux précaires, aux oubliés.
Le Front national c’est par exemple :
-­‐ La fin programmée des centres sociaux : A Fréjus, diminution drastique
des subventions, - 65% pour La Gabelle, -57% pour l’Agachon, -46%
pour Villeneuve.
9 -­‐ Au Luc : Fermeture de l’épicerie sociale et solidaire qui s’adressait à des
travailleurs pauvres.
-­‐ A Béziers : Suppression de l’accueil à l’école le matin pour les enfants de
chômeurs.
-­‐ Au Pontet : Fin de la cantine gratuite pour les enfants de chômeurs, soit
600 euros en plus par an et par famille.
Voilà la vraie nature de Marine Le Pen : La xénophobie au compte d’une
politique antisociale, anti-pauvre. C’est une autre façon de porter atteinte à la
République, là où le gouvernement, avec son plan pauvreté, protège les plus
faibles.
Le Front national a une apparence : La dédiabolisation.
Il a une réalité : La haine de l’autre.
Les candidats du Front national ne sont pas Monsieur et Madame tout le monde,
ce sont des Monsieur et Madame contre tout le monde.
C’est cette pratique que le Front national, au-delà de l’agitation sur le grand
remplacement de la culture française par l’Islam, c’est cette réalité concrète que
le Front national s’apprête, s’il était élu, à mettre en oeuvre dans les
départements.
Il faut sanctionner cette politique maintenant, tout de suite !
Il faut faire barrage à cette mise en cause de la République. Et pour cela il y a un
vote : Le vote pour la gauche.
L’enjeu est de réduire les ennemis de la République au premier tour pour battre
la droite au second et imposer ainsi la gauche comme solution aux problèmes
réels des Français.
-­‐ Oui, dans cette élection, il faut mettre la gauche au deuxième tour sur un
programme de protection et d’action pour les Français dans les
départements.
10 -­‐ Oui, mettre la gauche au deuxième tour, c’est mettre les Français au
centre.
-­‐ Oui, dans cette élection, il faut se rassembler pour défendre la
République. Nous regrettons, alors que le total gauche nous mettrait
collectivement devant le FN, que malgré nos appels, la gauche soit divisée
alors que nous n’avons pas de divergence départementales.
-­‐ Oui, dans cette élection, il faut mettre la gauche au deuxième tour pour
que la solidarité soit représentée et que nos électeurs, les Français les plus
faibles soient défendus.
-­‐ Oui, il faut mettre la gauche au deuxième tour. C’est le combat des
socialistes, c’est le sens de leur candidature car nous voulons battre
l’UMP dont le programme électoral plongerait les conseils
départementaux dans l’impuissance sociale, car nous voulons battre le FN
dont l’absence de programme laisserait la place à une attaque sans
précédent contre la cohésion et les valeurs de la République.
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