OM 100 Reportage Audubon
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OM 100 Reportage Audubon
REPORTAGE LES OISEAUX D'AUDUBON pic à bec ivoire Le Le pic à bec ivoire était le second en taille et sans doute le plus majestueux de la famille pourtant nombreuse des pics américains. Son vol était d'une grâce extrême, nous dit Audubon, son nid d'une complexité étonnante, sa souplesse confondante, sa puissance de frappe inouïe. Sa planche et son récit sont des pièces incontournables de la connaissance de cet oiseau, disparu en 1944. © Bibliothèque municipale de Besançon CATESBYE 72 . L'OISEAU magazine n° 100 Linné, Vieillot, Wilson... et Audubon ont sacré unanimement le bec ivoire "plus grand" des pics. D'où sa qualification de "principalis". En réalité, Campephilus principalis est un peu plus petit que le pic impérial du Mexique (Imperial Woodpecker, Campephilus imperialis) et le grand pic meunier du Sudest asiatique (Great Slaty Woodpecker, Muelleripicus pulverulentus). Un oiseau majestueux, quoi qu'il en soit, dont la (quasi-)disparition est une perte irréparable pour l'Amérique et pour la planète. Hôte assez commun de la forêt vierge Un mâle et deux femelles à l'oeuvre sur un arbre mort. Noter la représentation des vieilles écorces, une spécialité d'Audubon. nord-américaine, particulièrement de l'île de Cuba et des vallées de l'Ohio et du Mississippi, il s'est retiré à l'arrivée des Européens dans quelques secteurs très circonscrits de son territoire traditionnel où ses conditions de vie étaient vaguement préservées : vieilles forêts parsemées d'arbres morts, grands espaces tranquilles, abondance de grosses larves. Dans la forêt profonde A partir des années 1880, les compagnies forestières américaines et européennes, ayant épuisé les ressources du nord, s'attaquèrent aux forêts du sud et le pic à bec ivoire, cantonné dans des espaces de plus en plus exigus, beau- coup trop exigus pour ses besoins, de l'ordre de 100 km2 par couple, disparut avec son milieu. Ses admirateurs les plus opiniâtres l'aperçurent encore fugitivement dans les forêts profondes où il achevait de s'éteindre (trente observations recensées aux Etats-Unis après 1900, 6 à Cuba). En 2005, une apparition très contestée suscita une mobilisation inhabituelle de la communauté scientifique et du lobby, de plus en plus actif, des amis des oiseaux d'Amérique, qui généra à son tour un programme ambitieux d'extension, de défragmentation, de réhabilitation d'espaces naturels. Un hommage, sans doute posthume hélas, à la beauté tant célébrée du plus grand des pics nord-américains. L'OISEAU magazine n° 100. 73