« DojoChannel, ce n`est pas du pipeau, c`est une aventure humaine

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« DojoChannel, ce n`est pas du pipeau, c`est une aventure humaine
Dimanche 7 avril 2013
Calais
7
Le DojoChannel a été inauguré vendredi soir en grande pompe zone Marcel Doret
« DojoChannel, ce n’est pas du pipeau,
c’est une aventure humaine... »
L’enthousiasme était de rigueur
vendredi soir, zone Marcel Doret,
pour l’inauguration du
DojoChannel. L’accélérateur de
start-up numériques s’est installé
à Calais en un temps record.
Dans une ville sinistrée par le
chômage, ce projet créateur
d’emplois alimente beaucoup
d’espoirs.
« DojoChannel, ce n’est pas
juste un tableau intellectuel.
On est sur du concret, sur du
terrain. Ce n’est pas du pipeau
mais une aventure humaine
avec de vrais gens. On n’est
pas là pour vendre du rêve,
dire qu’on va faire la Une des
journaux avec le prochain Google français. Certains entrepreneurs viennent nous voir pour
ne pas foncer dans le mur… Il
y a des couples, des familles,
des maisons en jeu » Frédéric
Dembak, co-fondateur de DojoBoost Paris et animateur du
concept sur Calais a hâte que
l’aventure commence. « Un
lancement, c’est toujours enthousiasmant. Tous les partenaires sont présents et tirent
dans le même sens. » Bien sûr,
les projets ne vont pas naître
du jour au lendemain. « La
seule ressource qu’on ne peut
pas acheter, c’est le temps.
Les élus ont inauguré le DojoChannel en grande pompe vendredi soir.
Ceux qui l’oublient ont tendance à se perdre » lâche Frédéric Dembak.
Ne pas s’entêter pendant
deux-trois ans
John Lewis, fondateur de DojoBoost ne dit pas autre
chose : « la première idée ne
sera peut-être pas la
bonne mais je ne veux pas
que les gens s’entêtent sur
leurs projets et y restent deuxtrois ans pour rien. Si on a des
clients, on peut lever des fonds
mais si on n’en a pas, il faut
dire stop et repartir. 50 % des
gens que l’on suit ne continuent pas sur la même idée
mais 100 % d’entre eux rebondissent sur quelque chose de
différent. À Paris, trois groupes ont changé d’idée au bout
de six mois parce qu’on a vu
que ne pouvait pas aller plus
De belles idées émergent lors du DojoWeekend
Les petites cellules grises s’agitent
La salle de travail du DojoChannel bouillonne. Les échanges
se multiplient. Certains projets
sont abandonnés. D’autres impressionnent. Celui de Samantha fait partie de ceux qui ont
obtenu le plus de votes.
L’idée est innovante. Elle
consisterait à prendre une
photo d’une personne dans la
rue - dont l’identité sera masquée par un brouilleur - qui
porterait des vêtements qui
nous plaisent. Grâce à cette
photo, une application rechercherait où ces mêmes vêtements pourraient être achetés
et proposerait des alternatives. Un comparateur de prix
classerait les différentes propositions. « 80 % des gens disent
acheter leurs vêtements sur
un coup de cœur » glisse Samantha. Imane, Soukaina et
Guillaume ont rejoint le
groupe. Ils n’ont pas une minute à perdre. « Au début, ça
partait un peu dans tous les
sens, on a dû retravailler le
concept. Quand on te dit que
tu as perdu une demi-journée,
tu es un peu mal. Il va falloir
qu’on travaille ce soir (hier
soir) à l’hôtel. On doit bosser
sur tout l’aspect technique du
projet et trouver une publicité
pour le vendre au mieux. Une
styliste qui nous suit est
convaincue que ça peut fonctionner. » Ils vivent totalement
leur idée.
La boîte pour manger son
gâteau proprement
Isaac est impressionné par le
niveau des idées : « si j’avais
pu donner un point à chacun
des projets, je l’aurais fait. »
Lui est parti avec Anthony et
Marine sur le concept de la
C-BOX, la boîte pour manger
son gâteau proprement en faisant un geste pour l’environnement. Adieu le sopalin !
« L’idée m’est venue quand
j’ai mangé un millefeuille.
Mon père m’a dit de ne surtout
pas salir la voiture mais c’est
impossible, on en met partout
(rires). » À l’aide d’un bouton
poussoir, le gâteau atterrirait
directement dans la bouche.
Comme par magie.
Azzedine, Houda, Amine et Mahmoud travaillent sur une Security Box. Le concept existe
déjà aux États-Unis mais n’a
pas passé la frontière. « Lors
d’un accident, un boîtier qui
fonctionnerait avec une application pour smartphone permettrait d’envoyer directement aux secours la localisation du véhicule. Cela pourrait
grandement réduire le nombre de décès », note Houda
qui a connu un drame dans sa
famille.
Coup de Pouce, le projet de Salim et Julian permettra à des
particuliers d’aider de petits
commerces à voir le jour, via
un système de dons. En
échange, ils pourraient recevoir de petits cadeaux, des
bons de réduction, etc.
« Aujourd’hui, on ne valorise
plus certains métiers et savoirfaire. Certains n’osent plus se
lancer. Il faut trouver de nouveaux modes de financement. » Notamment accompagnés par SNCF Développement et la CCI-Côte d’Opale,
les jeunes étudiants - pour l’essentiel de l’Eilco Saint-Omersont apparus très motivés aux
yeux des responsables de DojoChannel. Voilà qui promet
beaucoup !
J.P.
loin et parmi eux, il y en un qui
est parvenu à vendre son produit au bout de cinq mois. »
John Lewis loue la position
stratégique de Calais : « il peut
y avoir des marchés à Paris,
Bruxelles et Londres. » Il évoque même la piste des EtatsUnis. « Je pense que d’ici un
an, il peut y avoir de très bonnes boîtes ici. »
Les élus ne boudent pas leur
plaisir. « Ce projet n’est pas le
fruit du hasard, il n’est pas
tombé du ciel. C’est une vraie
réussite qui va permettre de
relancer Calais », estime Natacha Bouchart. Pour Alain Gérard, l’accélérateur de start-up
s’inscrit parfaitement dans la
feuille de route du numérique
fixée le 28 février dernier par
Fleur Pellerin, ministre déléguée en charge de l’économie
numérique : faire du numérique une chance pour la jeunesse, renforcer la compétitivité de nos entreprises grâce
au numérique, promouvoir
nos valeurs dans la société et
l’économie numérique. « Le
démarrage est souvent la
phase la plus délicate d’une
entreprise. Le fait que nos jeunes puissent être appuyés par
les principaux acteurs du Calaisis est une vraie chance. »
Dominique Welcomme, directeur du développement social
chez Vivendi et par ailleurs élu
président du Dojo Channel
Club assure que « le numérique est un excellent moyen
de réinsérer les jeunes. On attend donc des entreprises du
Calaisis qu’elles se joignent à
nous pour multiplier les passerelles. »
J.P.
Vivendi devrait investir 100 000 euros
en deux ans dans le DojoChannel
Vivendi n’a pas attendu l’arrivée du DojoChannel pour soutenir l’emploi dans le Calaisis. Elle participe à une mission de revitalisation du territoire qui porte sur 300 emplois créés entre 2010 et 2013. « Actuellement on peut dire qu’on est au
deux-tiers de notre mission » qui porte sur les PME ou PMI, assure Dominique Welcomme, directeur du développement social chez Vivendi. Concernant le DojoChannel, Vivendi a été
contacté par SNCF Développement. « Au vu du projet qui
s’inscrit parfaitement dans notre mission, on ne pouvait pas
ne pas être partenaire. Le numérique et les nouvelles technologies intéressent également beaucoup Canal + et SRF, que
nous possédons. Vivendi devrait financer le lancement de l’accélérateur de start-up à hauteur de 100.000 euros sur 2013 et
2014, rien que son implantation. Le financement individuel
des projets viendra après. »
Un financement des projets via le fond
d’innovation de Cap Calaisis ?
Philippe Blet a fait une annonce en ce sens vendredi soir lors
de l’inauguration du DojoChannel zone Marcel Doret : « nous
pourrions soutenir individuellement chaque projet lancé dans
le cadre du DojoChannel via le fond d’innovation de la communauté d’agglomération comme nous l’avons fait pour plusieurs entreprises calaisiennes (Meccano, Tioxide, Schaeffler,
etc.). C’est une idée qui doit encore être soumise à un vote
même s’il y a eu un accord de principe. » Aucun montant n’a
donc été arrêté. « Cela dépendra naturellement du nombre de
projets. Plus il y en aura, moins la somme débloquée par projet sera importante mais l’idée c’est de faire un geste et d’accompagner le lancement des start-up, de les faire bouger. Car
une société qui ne bouge pas, qui n’innove pas est une société qui se meurt. »
Réagissez sur http://www.nordlittoral.fr
CA07.

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