Héraclès 49 - Brigade de transmissions et d`appui au
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Héraclès 49 - Brigade de transmissions et d`appui au
Dé c e m b r e 2012 LETTRE TRIMESTRIELLE D’INFORMATION ET D’ÉCHANGE DE LA COMMUNAUTÉ DOCTRINALE TERRESTRE 49 ÉDITORIAL La BTAC : une expertise indispensable à la maîtrise de l’information L es enseignements de la campagne de France de 1940 pointent notamment l’insuffisance des capacités du commandement français pour transmettre les ordres et comptes rendus à temps. Ce déficit est à l’origine de la création de l’arme de Transmissions en 1942. Soixante-dix ans plus tard, ce numéro d’Héraclès consacré à la brigade de transmissions et d’appui au commandement (BTAC) démontre que du fait de la complexité des engagements modernes, des progrès des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et de l’exigence accrue d’interopérabilité avec l’OTAN et nos grands alliés, les transmetteurs sont au cœur de deux fonctions-clés définies par la doctrine interarmées d’emploi des forces (DIA-01) : « commander » et « maitriser l’information ». Capable de mettre en place un réseau de théâtre et de soutenir les états-majors de niveaux opératif et tactique, la BTAC contribue à satisfaire l’ambition de notre pays d’être une « nation cadre », apte à commander une opération multinationale d’envergure. Pour gagner en efficacité dans son rôle d’appui au commandement, la brigade a adapté ses structures et consolidé la doctrine d’emploi de ses unités. De surcroit, elle entretient une forte exigence de formation individuelle de son personnel dont la compétence repose sur une adaptation permanente aux évolutions des matériels et des logiciels. A l’instar de l’ensemble de l’environnement opérationnel, la complexité de la fonction SIC s’est en effet considérablement accrue. Sur les théâtres, les détachements de transmissions doivent relever de nombreux défis pour répondre aux exigences de la NEB, des élongations et de l’interopérabilité interarmées ou interalliés qui densifie l’architecture des réseaux. Dans ces colonnes, les témoignages sur les opérations « Pamir » et « Harmattan » en rendent bien compte. Enfin, si le RETEX de nos opérations montre que nos systèmes permettent de partager l’information opérationnelle plus loin et plus vite, il montre aussi qu’il faut protéger cette information. Parallèlement à l’indispensable rigueur dans l’application des procédures de sécurité des systèmes d’information et de communication (SSIC) qui constitue la « défense de ligne » de nos systèmes, la cyberdéfense se profile, avec son ambition de voir désormais bien au-delà : dans la profondeur de l’espace cybernétique Le général de Division Olivier TRAMOND, commandant le Centre de doctrine d’emploi des forces Dans ce 49ème numéro d’Héraclès, la plume est donnée à la Brigade de transmissions et d’appui au commandement 2 S OMMAIRE 1 Editorial Général de division Olivier TRAMOND, commandant le Centre de doctrine d’emploi des forces Actualités 3 La Brigade de transmissions et d’appui au commandement au cœur des engagements Général Jean-Marc WASIELEWSKI, commandant la brigade de transmissions et d’appui au commandement 4 European Union Training Mission Somalia Capitaine Michel WENZEL, 53ème régiment de transmissions Team leader of the Train the Trainer Team in Uganda 4 Le satellite : un système d’armes incontournable Lieutenant-colonel Sylvain DIDOT, 28ème régiment de transmissions Témoignages Témoignages 5 La projection du PC aéromobile dans le cadre de l’opération Harmattan Capitaine Clara VAHRAMIAN, 53ème régiment de transmissions 6 L’intéropérabilité au cœur des déploiements Colonel Jérôme BORDELLÈS et Chef d’escadron Jean Rémi DEMARTEAU, 48ème régiment de transmissions 7 La contribution à la sécurité des forces, l'exemple du PTN Commandant Gregory FIERLING, 40ème régiment de transmissions 8 Les spécificités de la MCP d’un régiment de transmissions Chef de bataillon Didier ROUME, 41ème régiment de transmissions 9 Le rôle des SIC à PAMIR Colonel Philippe IACONO, COMSICIAT Asie centrale Réflexions 10 Les défis de la formation du personnel des systèmes d’information et de communication Chef de bataillon Philippe KELLER, État-major de la BTAC 11 Le cadre d’emploi du sous-groupement de transmissions Lieutenant-colonel Emmanuel CLEMENT, 53ème régiment de transmissions 12 La BTAC, intégrateur des réseaux de l’espace de bataille Lieutenant-colonel (TA) Vincent BAJON - Lieutenant-colonel Henri COQUELLE, État-major de la BTAC 13 Le rôle de la BTAC dans l’appui à l’entraînement des forces terrestres Lieutenant-colonel (TA) Vincent BAJON, État-major de la BTAC Tribune 14 La sécurité des SIC : un combat permanent Lieutenant-colonel Didier PAWLIK, État-major de la BTAC 15 La tyrannie de la planification Lieutenant-colonel (TA) Vincent BAJON, État-major de la BTAC 16 Entraînement de la réserve opérationnelle dans le cadre d’une catastrophe naturelle Colonel (R) Patrick CHENU, État-major de la BTAC Directeur de la publication : Colonel (R) Georges Michel - Rédacteur en chef : Capitaine Gwenaëlle Denonin Diffusion, relations avec les abonnés : Major Claudine Vacquier - Graphisme de la maquette : Nanci Fauquet Mise en page : Christine Villey - Impression : Imprimerie BIALEC 95 Boulevard d’Austrasie - BP 10423 - 54001 Nancy cedex Héraclès en ligne : WWW.CDEF.TERRE.DEFENSE.GOUV.FR - Adresse du CDEF : 1 PLACE JOFFRE CASE 53 75700 PARIS SP 07 NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 A CTUALITÉS 3 La brigade de transmissions et d’appui au commandement au cœur des engagements lors que l’arme des transmissions fête les 70 ans de sa création, ce numéro d’Héraclès vient à point nommé souligner quelques caractéristiques et spécificités de la brigade de transmissions et d’appui au commandement (BTAC) qui, depuis maintenant 18 ans et sous des formes diverses, appuie l’ensemble des déploiements et exercices de l’armée de Terre avec efficacité, fidélité et discrétion… Indispensables transmissions à propos desquelles le général BRADLEY avait déclaré : « Si le Congrès peut nommer un général, seules les communications font de lui un chef ». Mais dans un monde désormais numérisé, l’application militaire des principes et des techniques des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pose de nombreux défis qu’il faut régulièrement relever. A l’évolution des normes et des standards, à la densification d’architectures techniques complexifiées par des besoins exponentiels en informations, mais aussi en interopérabilité et en sécurité, ce dont le théâtre afghan est le meilleur exemple, correspond l’accroissement des savoir-faire d’un personnel qui doit être toujours plus qualifié, plus polyvalent et plus exigeant avec lui-même. Si l’expertise plonge ses racines au sein de l’école des transmissions, c’est bien au cœur des régiments qu’elle se développe et se transmet grâce à la mise en place de plateformes de référence. A Spécialiste de son domaine, le transmetteur propose les solutions qui concourent directement à la réalisation de l’effet majeur, comme l’a montré l’opération Harmattan. Intégrateur des chaînes fonctionnelles et de la numérisation de l’espace de bataille, il ne se contente pas de mettre en place de distants « tuyaux ». Bien au contraire, intégré aux unités appuyées, il leur fournit les services dont elles ont besoin, y compris en mouvement : c’est bien une des vocations des systèmes satellitaires et des moyens de desserte associés. Afin de répondre de manière encore plus efficiente aux impératifs tactiques et techniques des engagements, la brigade génère, à partir de ses 5 régiments, des NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 groupements de transmissions modulaires qui comprennent non seulement des sous-groupements mêlant systèmes d’information et de communication (SIC) et moyens spécialisés de quartier général, mais aussi au moins une unité de vie et de logistique et au moins une compagnie de protection, détachées d’une ou de plusieurs formations interarmes. Chef de site d’un PC de force de niveau 1 ou de niveau 2, le chef de groupement est en mesure, avec les moyens dont il dispose et sur l’ensemble du spectre de l’appui au commandement, de faire effort là où le chef interarmes le juge nécessaire. Soldat rompu à l’engagement opérationnel, le transmetteur s’investit avec foi et compétence dans un large éventail de missions dites toutes armes qui lui échoient régulièrement. Ainsi en fût-il récemment pour le détachement d’assistance opérationnelle (DAO) en Ouganda où le personnel fit preuve d’une grande inventivité pour mener à bien sa mission d’instruction. C’est également le cas pour la composante réserve qui s’entraîne au commandement d’unités interarmes dans le cadre d’un engagement en cas de catastrophe naturelle. Ubiquité, dynamisme, souplesse intellectuelle, adaptation réactive des équipements, des formations et des structures, telles sont les qualités de la BTAC. In fine, quelle que soit la complexité des systèmes, des architectures et des organisations élaborés pour répondre aux exercices planifiés ou aux engagements d’urgence, c’est bien l’homme qui, au cœur des dispositifs, fait la différence. Les quelques pages qui suivent se proposent de jeter un éclairage sur l’environnement, souvent méconnu, de ces hommes et de ces femmes, déployés « partout et toujours » Général Jean-Marc WASIELEWSKI Commandant la brigade de transmissions et d’appui au commandement 4 A CTUALITÉS European Union Training Le satellite : un système Mission Somalia * d’armes incontournable D epuis ses prémices en avril 2010, la France participe activement à la mission European Union Training Mission (EUTM) Somalia en Ouganda où elle honore, entre autres, des postes d’instructeurs. C’est dans ce cadre multinational qu’un groupe de quatorze transmetteurs de la BTAC a été déployé durant 6 mois, d’octobre 2011 à avril 2012, dans le camp de Bihanga pour remplir les 4 missions suivantes : - instruire des stagiaires somaliens ayant déjà suivi leur formation initiale aux missions de la section et de la compagnie ; - incorporer et accompagner 600 recrues somaliennes ; - former 240 élèves sous-officiers sur des sujets aussi variés que le combat de l’infanterie, les droits de l’Homme, le comportement militaire ou l’histoire de la Somalie ; - former des formateurs (« train the trainers ») afin que l’armée somalienne puisse être un jour en mesure d’assumer elle-même ses charges en formation. Un recueil de cours en langue locale ainsi que des outils pédagogiques spécifiques ont été élaborés afin de répondre aux besoins des futurs formateurs. Adaptés à l’auditoire et comportant une importante iconographie, P armi les nombreuses applications militaires de l’espace (observation, géolocalisation…), les télécommunications par satellite se sont imposées comme un besoin capacitaire indispensable. Tout d’abord, les stations sol SYRACUSE1 offrent au chef militaire l’autonomie nécessaire au déploiement d’une force dans le cadre de la fonction stratégique d’« intervention ». Mises en œuvre par la BTAC, elles assurent les liaisons de commandement opératif vers la France, ainsi que le raccordement des PC de niveaux 1 à 4. De par leurs performances, elles permettent de s’affranchir des contraintes géographiques, de la dispersion des sites et/ou des postes de commandement et du contrôle des espaces. Elles trouvent ainsi toute leur place dans un engagement de type lacunaire. Les communications satellitaires jouent un rôle majeur dans la maîtrise de l’information en favorisant l’échange des données, notamment celles d’origine image. Dans ce cadre, les besoins en bande passante ont considérablement augmenté. Aussi, en fonction des exigences en disponibilité et en confidentialité, l’emploi de supports externalisés est aujourd’hui recherché. Par exemple, la DIRISI2 met en service sur les théâtres d’opérations des liens à haut débit (2 Mb/s) vers la métropole, opérés par Orange business services. ces manuels avaient vocation à être transmis de proche en proche et ainsi d’aider à l’instruction nonobstant l’illettrisme. Par ailleurs, un film a été tourné pour immortaliser la promotion. Par la qualité de leur engagement, les transmetteurs, aux côtés de leurs camarades d’autres pays, ont contribué à faire reculer l’analphabétisme et à promouvoir la naissance d’une nation autonome Capitaine Michel WENZEL 53ème régiment de transmissions Team leader of the Train the Trainer Team in Uganda Enfin, l’avènement des systèmes autorisant la liaison « en déplacement » (on the move) a permis le développement des communications par satellite aux échelons tactiques les plus bas. A ce titre, en Afghanistan, les stations VENUS3 contribuent à la permanence des liaisons des SGTIA4 en particulier Lieutenant-colonel Sylvain DIDOT 28ème régiment de transmissions 1 Système de radiocommunications utilisant le satellite. 2 Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information. 3 Véhicule de commandement nomade communicant par satellite. 4 Sous-groupements tactiques interarmes. * Mission entraînement de l’Union européenne « Somalia » en Ouganda. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 T ÉMOIGNAGES 5 La projection du PC aéromobile dans le cadre de l’opération Harmattan L a section de PC aéromobile du 53ème régiment de transmissions a été projetée pendant 4 mois lors de l’opération Harmattan sur les bâtiments de projection et de commandement (BPC) Tonnerre puis Mistral dans le cadre d’un engagement peu commun pour des transmetteurs de la brigade. Le 12 mai 2011, l’ordre a été donné au 53ème RT, stationné à Lunéville, de préparer son poste de commandement (PC) aéromobile avec ses personnel, matériel et véhicules pour un embarquement le 15 mai à Toulon. En moins de 72 heures, ce détachement a été mis sur pied à partir d’une ressource limitée en nombre puisqu’alors, il n’existait qu’une section de PC aéromobile dans l’armée de Terre. Le 15 mai il embarquait à Toulon. La mission principale du PC aéromobile est de fournir à une brigade interarmes les systèmes d’information et de communication nécessaires à un PC, déployable par hélicoptères de manœuvre (HM) et opérationnel en 90 minutes, sur n’importe quel terrain, le plus souvent inaccessible par voie routière. En exercice ou en opérations, la section est habituée à travailler en terrain libre au profit, d’abord, de l’armée de Terre. Il est clair que la configuration adoptée sur les navires et en milieu interarmées, était bien différente de ce cadre habituel. En effet, la section a eu principalement pour mission d’armer le PC de mise en œuvre (PCMO) de la force aéromobile essentiellement à base de moyens SICF1. Dans cet environnement nouveau, les problématiques d’interconnexion des réseaux informatiques et d’interopérabilité des moyens ont vite été au cœur des préoccupations avec pour corollaire le respect de la sécurité des systèmes d’information. Plus habitués à la jungle guyanaise, les techniciens radiographistes se sont employés, quant à eux, à déployer des relais radios sur les frégates du groupe aéronaval (GAN), afin d’allonger la portée des liaisons des hélicoptères d’attaque jusqu’au sol libyen, dans des conditions de propagation, de mobilité et de support qui diffèrent singulièrement de celles rencontrées à terre. Un déploiement à terre du PC aéromobile a été étudié sur la base de fardeaux, moins consommateurs en moyens héliportés, mais cette éventualité ne s’est pas réalisée. En septembre 2011, après quatre mois de mer, la section a finalement été relevée avec le sentiment d’avoir vécu une mission singulière, riche d’enseignements techniques et opérationnels Capitaine Clara VAHRAMIAN 53ème régiment de transmissions 1 SICF : systèmes d’information et de communication pour le commandant des forces. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 6 T ÉMOIGNAGES L’intéropérabilité au cœur des déploiements L’ avènement des opérations en coalition pose un informations problème crucial qu’avait su initialement compréhensible par tous les systèmes employés et ainsi résoudre l’OTAN par l’imposition de normes partager une vision commune de la situation tactique. nationales dans un langage communes, les « standardization agreements » (STANAgs). Aujourd’hui, c’est le défi de l’interopérabilité qui doit être C’est encore l’utilisation de passerelles qui permet relevé dans les domaines du commandement, de l’échange automatique des données entre des réseaux l’engagement opérationnel, du soutien, de la doctrine et de de confidentialités différentes. Par exemple, le courrier la simulation. Dans celui du C3 (command, control, électronique circule aujourd’hui entre l’internet et communications), l’interopérabilité technique est la plus l’intraterre. Quelques échanges très contrôlés sont prégnante, depuis l’utilisation centenaire des ondes radio désormais possibles entre les mondes MISSION SECRET jusqu’à l’avènement de l’informatique de comman- et MISSION RESTREINT. Cette passerelle, invisible pour dement, les opérations infovalorisées en étant l’usager, mais essentielle pour la fluidité et la sécurité l’aboutissement. Dans ce contexte très évolutif, il des échanges, est maintenant déployée en opération. appartient, entre autres, à la BTAC de prendre en compte les nombreux challenges liés à l’interopérabilité des L'interopérabilité multinationale et le contrôle des systèmes en milieu national ou international. échanges d’informations entre des réseaux de classifications différentes constituent un défi majeur que Au sein de l’armée de Terre, l’utilisation des technologies doit maîtriser tout Etat voulant assumer le rôle de nation numériques issues de l’internet a accéléré le développe- cadre lors d’un engagement en coalition. La France s’y ment de la Numérisation de l’Espace de Bataille (NEB). Bien emploie, après avoir résolu les défis internes liés à une que l’interopérabilité de nos systèmes SICF1, SIR2 et ATLAS3, interopérabilité non native des différents systèmes remarquables réalisations techniques, ait été dès l’origine le d’informations opérationnels de commandement (SIOC) centre des préoccupations de l’armée de Terre, des efforts dont elle a doté ses armées. Elle promeut résolument des restent encore à faire pour atteindre l’objectif final. Le solutions techniques nationales car les enjeux opéra- référentiel d’interopérabilité des SIC de l’armée de Terre (RI tionnels et économiques sont énormes : les ressources SICAT) en est un des outils mais son implémentation financières et humaines qu’elle y consent sont à la hauteur dans ces systèmes est très délicate. de ses ambitions La même problématique se retrouve dans les contextes interarmées et multinational où les différents systèmes mis en œuvre ne sont pas, par essence, construits sur le Colonel Jérôme BORDELLÈS et Chef d’escadron Jean Rémi DEMARTEAU 48ème régiment de transmissions même modèle de données. Seul SICF permet la rédaction de messages au format OTAN Allied Data Processing Publication number 3 (ADAT-P3). Une solution pour la BTAC consiste à déployer dans un cadre multinational un système tiers – comme la passerelle MIP (Multinational Interoperability Programme) – pour traduire des 1 SICF : systèmes d’information et de communication pour le commandant des forces. 2 SIR : Système d’information régimentaire. 3 ATLAS : Automatisation des tirs et des liaisons de l’artillerie sol/sol. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 T ÉMOIGNAGES 7 La contribution à la sécurité des forces, l'exemple du PTN 1 L’ arme des transmissions n’a pas seulement Quel que soit le déploiement retenu, le chiffrement des vocation à relier les théâtres d'opération à la communications est assuré et des services comme le métropole. Il lui revient également de mettre en renvoi et le transfert d'appel, la conférence, l'alerte, ou le œuvre des réseaux de proximité comme le PTN. 3 SMS sont offerts. Constitués de matériels achetés sur étagère, dont le moyen d'extrémité se situe à mi-chemin entre le Ce système, qui a déjà fait ses preuves dans les Balkans téléphone mobile et le talkie walkie, ces réseaux offrent et en Afghanistan, a été déployé lors du sommet de des fonctionnalités qui s'étendent de la communication l'OTAN de Strasbourg en 2009, au profit des groupes radio chiffrée de poste à poste jusqu'à l'intégration à des PROTERRE et en remplacement des postes PR4G4. Il a réseaux téléphoniques d'infrastructure civils et militaires. également été mis en œuvre lors du sommet franco- Le PTN offre donc des services particulièrement inté- africain de Nice en 2010, en intégrant, au travers de ressants pour la sécurité des forces. l’infrastructure nationale partageable des transmissions (INPT), l'ensemble des postes des réseaux de Déployé dans sa configuration minimale en moins de 10 communications de la Marine, de l’armée de Terre et de minutes, le PTN permet à une force projetée d'établir des l’armée de l’Air depuis leurs zones de responsabilité communications entre une dizaine de terminaux. respectives. L'exploitation d'une bande de fréquence réservée offre l’avantage d’éviter tout brouillage par des équipements 2 Véritable outil multifonctions des télécommunications, de type GSM . Utilisé ainsi, le PTN dispose d'une portée mis en œuvre rapidement et sans grande difficulté, le de 5 km selon la configuration du terrain. De par son PTN offre donc un large éventail de services et reste une faible encombrement, le PTN devient dans ces conditions alternative sérieuse aux réseaux de téléphonie mobile un moyen de communication adapté aux besoins de existant sur les théâtres d'opération l’échelon tactique assurant l'entrée en premier. Complété par quelques équipements en caissons qui en allongent la portée, il devient un moyen de communication reliant entre eux des sites distants de plusieurs dizaines Commandant Grégory FIERLING, 40ème régiment de transmissions de kilomètres, l'ensemble étant déployé en moins de deux heures. Le PTN répond alors à des situations où le déploiement de moyens lourds ne s'impose pas et où une couverture lacunaire reste suffisante. Enfin, enrichi d'une passerelle de commutation permettant l'accès aux réseaux téléphoniques, le terminal permet alors de joindre n'importe quel abonné civil ou militaire. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 1 PTN: Projectable Telecommunication Network. 2 GSM: Global System for Mobile communications. 3 SMS: Short message service. 4 PR4G: Poste radio de 4ème génération. 8 T ÉMOIGNAGES Les spécificités de la mise en condition avant projection (MCP) d’un régiment de transmissions E ngagés sur tous les théâtres d’opérations et réseaux informatiques mettent en avant certaines participant à toutes les missions de courte durée, compétences au détriment d’autres. Ainsi, lors de la les transmetteurs sont constitués en unités dont la phase de MCP, certaines filières de spécialité étant pour taille varie de la simple équipe au groupement de des raisons d’emploi plus sollicitées que d’autres, il transmissions. appartient au commandant d’unité d’assurer la La constitution d’un détachement dépend étroitement cohérence de la préparation. de l’effet à obtenir, du terrain, de l’environnement électromagnétique, des élongations entre les unités à Afin de conserver la maîtrise de systèmes évolutifs, il est raccorder et de bien d’autres caractéristiques qui indispensable d’organiser des stages techniques constituent les spécificités de l’opération. d’adaptation en régiment, en école ou chez l’industriel. Ainsi, les transmetteurs doivent adapter leur MCP à ces Les MCP sont par conséquent parsemées de formations, impératifs tout en respectant les fondamentaux pour, in dont la maîtrise individuelle est impérative car elle fine permettre au chef interarmes de conduire les permet la réussite collective de l’engagement. opérations par la transmission des ordres et des comptes rendus, mais aussi par l’acheminement des flux de La dernière spécificité concerne le ratio entre engagés renseignement. volontaires et sous-officiers au sein des sections projetées. En opération extérieure (OPEX), le ratio est en Les critères minimaux de mise en condition avant moyenne de trois cadres pour un militaire du rang. A projection ont été définis et formalisés pour l’ensemble contrario, pour les missions de courte durée, le ratio est de la force terrestre. Ils sont réalisés lors d’une MCP largement inversé pour satisfaire à l’engagement en centralisée d’une durée de 6 mois. Cette préparation unité PROTERRE. Pour remplir sa mission, un régiment concerne la totalité du personnel constituant un doit donc impérativement constituer des modules détachement projeté. Elle est conduite par le régiment adaptés à chaque mission. pilote et contrôlée par l’état-major de la brigade avant la projection. Ces spécificités rendent chaque projection unique, et Lors de cette préparation individuelle puis collective, mobilisent un vrai savoirfaire pour gérer la montée en sont développés des savoir-faire précis en instruction sur puissance et la cohérence dans le temps des le tir de combat (ISTC), en secourisme, en lutte contre détachements successifs. D’évidence les commandants 1 EEI , en information sur le théâtre et en combat. Dans le d’unité et les chefs de section y tiennent un rôle cœur de métier du transmetteur, l’entraînement collectif cardinal s’applique également à la mise en œuvre des systèmes de télécommunication et s’appuie sur des exercices Chef de bataillon Didier ROUME 41ème régiment de transmissions programmés lors de la phase de MCP. L’organisation du commandement sur chaque théâtre étant différente, les compétences techniques demandées aux transmetteurs sont très diverses. Les besoins en communications par satellite et la multiplication des 1 EEI : Engins Explosifs Improvisés NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 9 T ÉMOIGNAGES Le rôle des systèmes d’information et de communication (SIC) à Pamir L’ action des transmetteurs, à la fois discrète et permanente, est fondamentale pour le succès des opérations. Avec un effectif taillé au plus juste, les 170 militaires des SIC du théâtre (4% de la force) délivrent des services de communication et d’information nombreux et variés à tous les échelons du commandement. En effet, ils mettent en œuvre et administrent les SIC au profit des unités françaises déployées sur 23 emprises ou FOB1 dans lesquelles ils sont parfaitement intégrés. Ils assurent l’interconnexion au réseau de la coalition. Ils garantissent la sécurité des informations. Ils font évoluer l’architecture au gré des changements d’organisation ou du déploiement de nouveaux équipements. Ils interviennent en tout temps et tout lieu pour installer un matériel, rétablir un service, acheminer des éléments de chiffrement. Ils aident et sensibilisent les usagers. Partageant les conditions d’insécurité de leurs camarades, ils sont aussi en mesure de venir les renforcer par le feu. L’environnement difficile du théâtre complique lui aussi le métier du transmetteur, et maintenir les services au bon niveau se fait au prix de sérieuses contorsions. Le terrain montagneux n’est pas favorable à la propagation des ondes ou aux liaisons directes en faisceaux hertziens. Les conditions météorologiques et la poussière soumettent les équipements à rude épreuve. L’insécurité interdit l’exploitation des points hauts et complexifie les nombreuses liaisons techniques et logistiques. Le déploiement SIC de Pamir est inédit par ses proportions : 22 liaisons par satellite, 20 liaisons par faisceaux hertziens ou boucle locale radio, près de 2000 ordinateurs (1 pour 2 combattants) sur lesquels sont exploités une trentaine de systèmes d’information, et plus de 1000 téléphones fixes. L’architecture SIC couvre tous les besoins, du niveau opératif au sous-groupement tactique interarmes. A la fois complexe et évolutive, elle est un savant mélange de NEB, d’interopérabilité, et d’externalisation. Le centre de mise en œuvre interarmées (CMOIA) des SIC assure la conduite des réseaux et la supervision des 2 3 services qui sont mis à disposition de l’ensemble des unités de la TFLF , des Advisor teams et des forces spéciales. Ces réseaux innervent également l’état-major du NCC4 et son bataillon logistique, le détachement EPIDOTE, les éléments français de l’aéroport de Kaia, l’école de police du Wardak, le centre de coordination de la KAPISA, l’HQ ISAF et l’ambassade. Ils sont enfin délivrés aux détachements AIR de Douchanbe, de Kandahar et de Bagram. L’opération Pamir démontre, si cela était nécessaire, les savoir-faire et le sens du service des transmetteurs. Elle est d’évidence une source inestimable d’enrichissement professionnel Colonel Philippe IACONO COMSICIAT Asie centrale 1 Forward Operating Base 2 TFLF: Task Force Lafayette 3 Anciennement OMLT (operational mentoring and liaison team). 4 NCC : National Contingent Commander (commandant du contingent national) NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 10 R ÉFLEXIONS Les défis de la formation du personnel des systèmes d’information et de communication (SIC) G ordon Moore avait affirmé dès 1965 que la SIC-AC2 du CFT3. Pour leur permettre de diffuser au puissance des ordinateurs allait croître de plus grand nombre leurs compétences, mais manière exponentielle. Si la marche en avant des également pour leur permettre d’échanger avec les nouvelles technologies de l’information a bien entendu sous-officiers des compagnies de commandement et entraîné la métamorphose des SIC militaires, elle a une de transmissions chargés du déploiement de la NEB4, incidence directe sur la mise en service de nouveaux des plateformes de référence « métiers » (systèmes systèmes d’armes. Mais derrière les transformations du d’information, exploitation des systèmes satelli- monde numérique se cachent les enjeux de la formation taires…) ont été déployées au sein des régiments de la du personnel. BTAC. En parallèle, l’ETRS a mis en œuvre des outils électroniques de partage de la connaissance En effet, la « communauté » des SIC doit toujours être regroupant l’ensemble de la documentation et des prête à répondre : médias de la force terrestre et de la STAT 5 se • aux évolutions des matériels et des logiciels, rapportant aux SIC ; nécessitant une adaptation permanente du niveau technique du personnel. Celui-ci doit parfois mettre • au maintien des compétences acquises lors des en œuvre des matériels récemment livrés alors que formations de cursus ou d’adaptation. Il est donc les actions de formation n’ont pas encore été créées ; nécessaire d’entraîner les équipages, les sections et les sous-groupements aux procédures collectives. La • à la mise en place de formations pour les micro-parcs. définition de périodes d’instruction collective au sein Certains matériels majeurs, notamment dans le du cycle à cinq temps contribue à cette préparation domaine des satellites, sont livrés à moins de 10 opérationnelle décentralisée au sein des régiments. unités pour l’armée de Terre. La formation de masse qui prévalait hier n’est plus la règle. Ce changement majeur entraîne des contraintes fortes sur la gestion Il est évident que seule l’adaptation réactive des des ressources humaines et la traçabilité, voire la formations et des compétences permet de répondre conservation, des compétences ; efficacement à l’irrépressible mutation des normes et des standards. Pour ce faire, si l’école des transmissions • à l’ambivalence entre les contraintes budgétaires est indispensable, c’est bien aux unités qu’il appartient conduisant à la réduction des formations et le de jouer un rôle de premier plan dans le cadre d’espaces transfert de modules TTA des écoles de formation d’instruction individuelle et collective sanctuarisés 1 initiale vers les écoles d’armes. Les formations du domaine SIC sont très longues car elles peuvent durer jusqu’à 5 mois. Pour en réduire le coût, l’école des transmissions (ETRS) a mis en place des formations à Chef de bataillon Philippe KELLER État-major de la BTAC distance via internet ; • à l’impérieuse nécessité d’élargir l’expertise. Certains sous-officiers de la force terrestre sont aujourd’hui devenus des hyper-spécialistes, recensés au sein d’un annuaire des experts géré par la division 1 TTA : Textes toutes Armes. 2 SIC-AC : Systèmes d’information et de communication - Appui au commandement. 3 CFT : Commandement des forces terrestres. 4 NEB : Numérisation de l’espace de bataille. 5 STAT : Section technique de l’armée de Terre. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 R ÉFLEXIONS 11 Le cadre d’emploi du sous-groupement de transmissions L a réorganisation de la BTAC, opérée en 2009, Le SGTRS est constitué à partir d’une unité élémentaire s’accompagne aujourd’hui d’une adaptation de la qui peut être renforcée. Les sous-groupements, d’un doctrine d’emploi de ses unités déployées – en nombre variable de 2 à 6, sont à dominante desserte de exercices et en opérations – sous la forme de zones de PC3 (niveau 1, 2 ou PCIAT4) ou à dominante groupements (GTRS) et de sous-groupements de raccordement (PC BIA5, PC de GTIA6, PC et états-majors transmissions (SGTRS). La parution du manuel d’emploi de taille réduite). du sous-groupement de transmissions traduit la volonté de placer l’action des transmetteurs au cœur du combat La prise en compte de l’environnement opérationnel interarmes, de la rendre plus efficiente mais aussi dans la chaîne de commandement du GTRS se traduit beaucoup plus lisible aux yeux des autres acteurs du par la création d’un état-major tactique (EMT) constitué champ de bataille. d’un centre opérations (CO) et d’un centre de mise en œuvre (CMO SIC-AC). Cette structure répond aux besoins Les régiments de transmissions mettent dorénavant sur d’échanges vers le haut avec les instances de la grande pied des structures modulaires, adaptées aux besoins des unité (aux niveaux 1, 2) et vers le bas avec les SGTRS. PC de la force et des chaînes fonctionnelles. Ainsi que le montre le schéma, le GTRS est constitué à partir de Le chef de corps, désormais chef de groupement, moyens spécifiques SIC1 en dotation dans un régiment de commande des chefs de sous-groupement, hier transmissions, ainsi que de moyens de soutien vie commandants d’unité cantonnés au TC 17. Ensemble, ils logistique (UVL/unité(s) de vie logistique), d’énergie et de sont les garants de la cohérence de la manœuvre de protection (compagnie(s)/section(s) PROTERRE) donnés leurs subordonnés avec la manoeuvre interarmes dans en renforcement par le CFT par génération de force. un cadre numérisé 2 Lieutenant-colonel Emmanuel CLEMENT 53ème régiment de transmissions 1 SIC : Systèmes d’information et de communication. 2 CFT : Commandement des forces terrestres. 3 PC : Poste de commandement. 4 PCIAT : Poste de commandement. 5 BIA : Brigade interarmées. 6 GTIA : Groupement tactique interarmes. 7 TC1 : Temps de commandement de niveau 1. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 12 R ÉFLEXIONS La BTAC, intégrateur des réseaux de l’espace de bataille I ndispensable à la conduite des opérations, la BTAC permet le traitement des informations de manière quasi 1 délivre les services SIC par l’interconnexion de instantanée, ce qui était impossible il y a encore dix nombreux systèmes d’information supportés par ans. C’est désormais une réalité en ce qui concerne plusieurs systèmes de communication. Elle intègre l’échange de données « feux » dans un cadre interarmes, ainsi tous les réseaux du champ de bataille dans une interarmées et interalliés. Des bases de données architecture globale et permet aux combattants communes sont également mises à jour de manière d’échanger des informations sécurisées depuis automatique. Les états-majors peuvent ainsi travailler n’importe quelle position. Le chef militaire peut plus aisément sur différents modes d’action et sont en désormais communiquer avec n’importe qui, d’où il mesure de proposer au chef une prise de décision plus veut, à tout moment, et avec des moyens de rapide. communication performants. En fournissant une architecture extrêmement adaptable, Participant à tous les engagements de la force terrestre, la BTAC se place au cœur des enjeux opérationnels. La la BTAC fournit à la brigade interarmes les liaisons par configuration des éléments actifs, les caractéristiques satellite qui lui permettent d’être en relation avec tous techniques des équipements et des logiciels, mais aussi ses GTIA2, quel que soit le terrain ou la situation leur emploi, peuvent être modifiés si le chef le demande tactique. Au travers de ces mêmes liaisons par satellite et si la technologie le permet. Dès lors, le rôle de la mais aussi avec la HF et la boucle locale radio (BLR), brigade ne se limite pas au fonctionnement des postes elle offre à une division de type OTAN tous les moyens de travail d’un état-major opérationnel mais il s’agit bien de communication nécessaires à son commandement. de donner au commandeur le contrôle global de son La BTAC est aussi capable d’intégrer plusieurs divisions espace de manœuvre dans un LCC tout en le raccordant à la métropole et à 3 l’OTAN. Les liaisons de bout en bout interconnectant les réseaux satellitaires, les réseaux RITA4, BLR5, CARTHAGE6 ou PR4G7 Lieutenant-colonel (TA) Vincent BAJON Lieutenant-colonel Henri COQUELLE État-major de la BTAC apportent des avantages considérables au commandement. Faisant interopérer les systèmes d’information opérationnels qu’ils soient de commandement (SICF et SIR8), du renseignement, de la logistique, de l’OTAN ou de l’artillerie, ces liaisons délivrent à toutes les fonctions opérationnelles des informations de terrain précises qui peuvent être transformées en renseignements décisifs. Le plus souvent sans même y prêter attention et sans avoir à se soucier de la configuration des moyens mis à sa disposition, le commandement utilise un ensemble de réseaux de transport terrestres, aériens et satellitaires qui 1 SIC : Systèmes d’information et de communication. 2 GTIA : Groupement tactique interarmes. 3 LCC : Land component command. 4 RITA : Réseau intégré des transmissions automatiques. 5 BLR : Boucle locale radio. 6 CARTHAGE : Communications automatisées radioélectriques tactiques HF en ambiance de guerre électronique. 7 PR4G: Poste radio de 4ème génération. 8 SIR : Système d’information régimentaire. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 R ÉFLEXIONS 13 Le rôle de la BTAC dans l’appui à l’entraînement des forces terrestres C omposée de 5 régiments, la BTAC a pour mission La BTAC, en appui des EMF et des BIA de fournir aux états-majors de niveaux 0 à 4 l’appui au commandement indispensable à leur 1 engagement. Cette mission recouvre les fonctions SIC et 2 L’exercice Davout s’est déroulé en terrain libre en région Champagne-Ardenne en février 2012. Autrefois nommé SSQG . Sur le plan des SIC, les capacités de la BTAC lui FTSIC et centré sur les transmissions, cet exercice a permettent de mettre en œuvre un réseau de théâtre, de évolué pour permettre aux PC des brigades et des états- déployer les systèmes de commandement au sein des majors de force de s’entraîner. zones des postes de commandement (PC) vers les unités subordonnées, et de satisfaire les besoins en liaisons des Fondé sur un principe « gagnant-gagnant » cet exercice a PC de niveaux 1 et 2. Dans le domaine SSQG, la brigade a permis : pour mission de soutenir ces états-majors déployés. - de proposer des améliorations dans le fonctionnement Il ressort que ces engagements sont une source - de tester des équipements nouveaux, d’enrichissement mutuel. Ils permettent à la brigade - de mettre en œuvre des logiciels utilisés en Afghanistan, d’être force de proposition en matière d’évolution des - d’améliorer la sécurité des systèmes d’information, tactiques et des techniques relatives à son déploiement. - de rappeler l’importance des liens numérisés entre les des CO, TC2 et le GSD7, - de révéler tout l’intérêt d’une capacité de 2 La BTAC dans le montage d’un PC de LCC commandement et de transmissions importante dans un PC avancé de type aéromobile. Organisé en Allemagne et en Belgique en novembre 2011, l’exercice CITADEL GUIBERT avait vocation à entraîner l’état-major du CRR-FR3 et à contrôler l’état-major de Engagée chaque année dans 70 exercices de taille et de force N° 3 (EMF3). Le montage des PC a constitué un portée différentes, la BTAC fait systématiquement appel véritable défi tant les contraintes imposées par un à l’ensemble de ses ressources disponibles pour remplir déploiement hors métropole étaient comparables à sa mission et permettre aux états-majors de travailler celles d’une projection réelle. avec les matériels et les logiciels de dernière génération. L’acheminement des 197 AMPC4 a été effectué cinq semaines avant l’exercice. Neuf jours ont été nécessaires à leur montage. Environ 230 militaires de la BTAC, de l’EMF3 et du 6ème Régiment du Génie pour l’énergie, ont Lieutenant-colonel (TA) Vincent BAJON État-major de la BTAC assuré le soutien des 1 800 participants. La brigade avait également pour mission de mettre en œuvre 5 réseaux aux classifications différentes, chiffrés de bout en bout, comportant de nombreuses applications « métiers ». Au total, 1400 postes de travail, 13 réseaux SICF5 dont 1 réseau multi-sites à plus de 500 machines ont été installés. Enfin, tous les services de la force et le Spécial France ont utilisé le système de communications satellitaires SYRACUSE6 III. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 1 SIC : Systèmes d’information et de communication. 2 SSQG : Soutien spécialisé de Quartier Général. 3 CRR-FR : Corps de réaction rapide - France. 4 AMPC : Abri mobile de poste de commandement. 5 SICF : Systèmes d’information et de communication pour le commandant des forces. 6 SYRACUSE : Système de radiocommunications utilisant le satellite. 7 GSD : Groupement de soutien divisionnaire. 14 T RIBUNE La sécurité des systèmes d’information et de communication ( SIC) : un combat permanent n OSSI1 n’est jamais serein sur l’efficacité des mesures U Face à la menace, tout comme le fantassin sait se poster, qu’il a fait prendre. Et le plus pédagogue s’exaspère observer et utiliser son arme, il nous est indispensable de parfois devant l’inconséquence de certains de ses rester vigilants et d’être capables de mobiliser rapidement interlocuteurs. des ressources aux endroits névralgiques. Dans le flux d’information, un pic d’activités peut être interprété comme La sécurité des systèmes d’information opérationnel de une agression potentielle. commandement (SIOC) est un combat permanent. Ce lieu commun est une réalité mais ce n’est pas un combat La SSI est une composante permanente, transverse et d’arrière-garde. indissociable de la sécurité globale, une réalité du champ Il ne peut en être autrement dans ce domaine de la mise en de bataille que personne n’a le droit d’ignorer. œuvre de nos systèmes d’information, à la fois évolutifs et Ces défis sont permanents, à tous les niveaux, et sont fragiles, dont la sécurisation est une préoccupation consubstantiels d’un cyberespace devenu enjeu stratégique majeure. vital. Il s’agit d’un éternel recommencement. Si les procédures Ils s’imposent à tous les échelons de la hiérarchie militaire, restent, les hommes, eux, passent avec leurs faiblesses et de l’usager qui doit respecter une stricte « hygiène leurs manquements. Alors il faut remettre l’ouvrage sur le cybernétique », au chef qui a le devoir de ne pas gaspiller les métier, pour expliquer toujours, convaincre sans cesse, se ressources très comptées que sont les administrateurs de justifier trop souvent. Comme si un sous-marinier se SSI. demandait pourquoi il doit fermer la trappe du kiosque La résistance a fait place à la résilience. La défense ferme a avant de plonger… La menace est omniprésente et les fait place à la défense en profondeur, plus adaptée à la coups portent toujours sur la partie la moins épaisse de la versatilité de menaces multiformes. cuirasse. Pour garantir notre cyberespace contre les agressions, il Dans une ambiance d’effervescence technologique, les faut assurer une cyberdéfense, qui ne se substitue pas pour architectures se complexifient, les versions d’équipements autant à la SSI « canal historique » mais la complète, la se succèdent, voire se bousculent, les nouvelles techno- dynamise par des capacités de lutte informatique défensive, logies de l’information et de la communication (NTIC) par des moyens d’hypervision et d’intervention en vue de s’invitent dans la sphère des SIOC et induisent des besoins maintenir un état de cybersécurité global nominal. 2 générationnels, la « virtualisation » s’impose dans ce que le L’action de l’OSSI, conseiller SSIC et adjoint de lutte monde commercial appelle « cloud computing3 » ; difficile informatique du chef interarmes, est au cœur de ces enjeux dans ces conditions de faire conserver sa pertinence à la et lui seul est en mesure de lui garantir la maîtrise de sécurité. l’information Il faut donc se cantonner à une sécurité des systèmes d’information (SSI) tout-terrain, comme celle de nos équipements tactiques, et, à l’instar du combat, préserver les Lieutenant-colonel Didier PAWLIK État-major de la BTAC fondamentaux. Nous nous devons de décrire, d’enseigner et de faire répéter des actes réflexes tels que « sécuriser un terminal d’administration avant de le connecter » ; qui s’intègrent à des actes élémentaires comme « fiabiliser un LAN4 avant de le raccorder au réseau du théâtre ». 1 Officier de sécurité des systèmes d’information et de communication. 2 La « virtualisation » permet de faire fonctionner simultanément sur une machine physique plusieurs systèmes d’exploitation donc de simuler plusieurs machines « virtuelles ». 3 Systèmes d’information et unités de calcul répartis dans des centres de données distants, dans le nuage du cyberespace. 4 Local area network: réseau local. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 T RIBUNE 15 La tyrannie de la planification L a durée d’un exercice majeur est en moyenne de pour l’élaboration de demandes de services spécifiques. deux semaines mais il nécessite en réalité un an de Enfin, les tableaux d’effectifs (« manning ») sont préparation, deux mois de déploiement et construits en fonction des spécialités techniques l’investissement de près de 700 militaires de la BTAC aux requises. compétences multiples. Il peut y être déployé jusqu’à 70% des matériels majeurs spécifiques SIC 1 et La dernière conférence de planification, qui se déroule 2 SSQG2disponibles au sein de la force terrestre. mois avant le début du déploiement, ne doit être que la finalisation des travaux précédents. Elle a pour objectif La phase de préparation comprend quantité d’actions de valider les données techniques de communication des interdépendantes, insérées dans un canevas rigoureux différents SIOC5 et d’ajuster les besoins opérationnels et et répondant à une stricte planification qui s’accommode budgétaires. Les factures en matériels sont affinées afin très mal de toute modification de dernière minute. d’organiser les missions de renforcement. Dix mois avant le début de l’exercice, lors de la Le mois précédant l’exercice, il est impératif que les conférence initiale de planification, les unités joueuses ordres techniques soient rédigés et les systèmes et expriment leurs besoins en services et en liaisons. Le centres de télégestion configurés sur des plates-formes type de déploiement, le nombre de postes de techniques ad-hoc. commandement et de centres opérations doivent alors être définis. Une première version de l’ordre de bataille De plus en plus complexes à monter, les exercices des unités est réalisée. Ces étapes incontournables majeurs permettent incontestablement à la BTAC marquent le départ de toutes les études. Elles sont d’accroître ses savoir faire dans le domaine interarmes et indispensables à la conception, par la BTAC, d’une interarmées. Mais, dans le contexte actuel de l’enchaî- ébauche des architectures SIC répondant aux besoins nement des exercices et du tuilage de leur préparation, opérationnels ainsi qu’aux études de soutien. De la un défaut ou une accumulation de retards par l’un ou justesse de ces travaux dépend également une étude plusieurs des états-majors joueurs affaiblira la qualité de budgétaire précise ainsi que la planification des vecteurs la prestation fournie et, in fine, la capacité de la brigade de transport par le domaine logistique. à remplir son contrat opérationnel Six mois plus tard la conférence principale de planification clarifie le besoin de la force en réseaux et en consoles de travail. Ces données sont essentielles à la Lieutenant-colonel (TA) Vincent BAJON État-major de la BTAC 3 réalisation des plans internes des PC déployés et à la préparation des interconnexions des différents systèmes, opérations toujours longues et minutieuses. Le strict respect de cet échéancier est indispensable car d’autres actions, nécessitant des délais incompressibles se déroulent en fond de tableau. Initiées par la BTAC, elles sont menées par des organismes extérieurs : la DIRISI4 pour la validation de l’architecture finale ; l’OTAN NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012 1 2 3 4 SIC : Systèmes d’information et de communication. SSQG : Soutien spécialisé du quartier général. PC : Poste de commandement. DIRISI : Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information. 5 SIOC : Système d’information opérationnel de commandement. 16 T RIBUNE Entraînement de la réserve opérationnelle dans le cadre d’une catastrophe naturelle D epuis le 1er juillet 2011, dans le cadre du dispositif de l’alerte Guépard Réserve, la BTAC a pour contrat opérationnel de mettre sur pied une unité d’intervention de la réserve (UIR) à deux sections et un groupe PROTERRE. Cette unité, en alerte à 48 heures, peut intervenir durant 8 jours dans le cadre d’une mission de sécurité générale ou d’assistance aux populations (catastrophe naturelle, aide humanitaire, service public). Depuis l’année 2008 la réserve opérationnelle de la brigade effectue tous les 6 mois un exercice de type CPX1 de 4 jours pour répondre à ce type d’engagement. L’exercice « Arverne 2012 - 01 » a vu cette année la mise en place d’un état-major tactique de circonstance (EMTC) dont la mission est de commander un GTIA2 composé de 3 UIR Guépard, représentées chacune par leur commandant d’unité et un chef de section. Une animation haute et basse réaliste, sous forme de MELMIL3, a permis aux joueurs de s’imprégner d’une situation réelle et de se familiariser aux relations avec la chaîne OTIAD4 et les unités toutes armes adaptées à la mission. A l’avenir et pour optimiser ce déploiement, cet exercice servira de support au contrôle opérationnel « Antares » des régiments, en terrain libre, avec l’engagement de l’UIR du régiment concerné. L’institution du dispositif Guépard Réserve conforte la pertinence et l’importance de cet exercice qui s’inscrit parfaitement dans cet environnement opérationnel et dans l’esprit des missions retenues. Il offre aux officiers et sous-officiers réservistes un espace d’entraînement unique, complet et réaliste Colonel (R) Patrick CHENU État-major de la BTAC 1 CPX : Command Post Exercice. 2 GTIA : Groupement tactique interarmes. 3 MEL/MIL : Main Events List/Main Incidents List (liste des évènements et incidents). 4 OTIAD : Organisation territoriale interarmées de défense. NUMÉRO 49 • DÉCEMBRE 2012