La douceur de vivre dans le pré

Transcription

La douceur de vivre dans le pré
SAMEDI 28 JUILLET 2012 LE JOURNAL DU JURA
JURA BERNOIS 7
LES CHEMINS DU TERROIR/6 Partir avec des mulets de la famille Krähenbühl
La douceur de vivre dans le pré
YVES-ANDRÉ DONZÉ
CARTE DE VISITE
Une quarantaine de bovins
Highland, une race archaïque,
20 jeunes chiots de chasse courants suisses, 13 cochons laineux,
despoulesetpuis14solidesmules
et mulets pour la randonnée: le
domaine de Tony et de Beate
Krähenbühl, avec ses trois maisons sises à la Chaux-d’Abel en remontant de la Basse Ferrière, ressemble plus à un paradis naturel
qu’à un zoo. Les visiteurs viennent se faire contaminer par une
certaine idée du bonheur. Quelques enfants en difficulté sont
aussi accueillis pour se mettre en
phase avec la nature.
L’invitation au voyage dans la
nature se trouve davantage dans
le nom du site nommé Tony
Crowhill
Trekking/Chasseral
Outdoor. Cela fait un brin western. Mais Tony, dans ses pantalons de vacher en cuir, a tout aussi bien la bretelle edelweiss. Il sait
vous entraîner sur les sentes herbeuses jusqu’au Chasseral et pardelà la montagne.. Son épouse,
qui vient du côté allemand du lac
de Constance, donne une touche
de grande douceur au milieu de
cette vigoureuse nature animale.
Le mâle pas recalé du
gynécée de génisses
Pas besoin de demander à l’un
et à l’autre pourquoi ils ne possèdent pas de chevaux FranchesMontagnes. Un large geste vers
les prés et les pâturages suffit à
démontrer que l’exotisme est de
mise autant du côté de la production de produits du terroir que
des activités de trekking. On
trouve ainsi le mulet pour sa très
grande endurance. Les Highland
pour leur viande. Les chiens pour
l’élevage et la venaison.
Signe particulier de tout ce
beau monde animal – sauf des
mulets bien entendu –, les
saillies se font naturellement, sur
place. Au septième ciel. Au paradis. Chez Toni et Beate, le mâle
n’est pas recalé du gynécée de génisses.
Dans le pré, un taurillon vous
toise, attentif, et souffle doucement à travers son anneau nasal.
Mignon avec sa petite tronche de
La famille Krähenbühl a une passion des bêtes archaïques. Au domaine, Beate (en haut à gauche) reste une heureuse complice de sa mule, Tony,
un amoureux de ses Highland. Et comme la nature fait si bien les choses au domaine, les chiens se reproduisent à qui mieux mieux. OLIVIER GRESSET
sale gosse. Ah? Lui serait plutôt
Limousin. «C’est bon pour le croisement avec le Highland. Excellent
pour le Natura Beef», remarque
simplement le fermier. «Pour la
viande et pour leur beauté, c’est
une grande joie pour nous», s’exclame Beate qui se met à parler
de mises bas naturelles, souvent
dans la pâture, quasi sans assistance. Plus loin, un taureau
Highland lève sa tête d’auroch
rasta en voyant s’approcher le patron. Les 18 vaches mères ne
sont pas agressives. Une dizaine
d’entre elles ont mis bas en une
période de 10 jours à la fin avril.
Retour à la ferme principale en
haut du domaine. Les chiens
vous accueillent en meute vociférante mais pacifique. Deux nichées de 10 chiots, une de six semaines, une de 15 jours, ne
perdent pas de vue les rangées de
tétons toujours disponibles pour
un petit en-cas. Ils font tous partie d’une même race suisse millénaire qui se décline en quatre
couleurs à l’héraldique anarchiste: les rouge et blanc sont les
Switzois, les noir et feu sont du
Jura, les tricolores noir, blanc et
feu sont les Bernois, les noir et
blanc sont de Lucerne. Personne
ne sait si les chiens sont bilingues
ou trilingues. Pas comme les bovins. A leur manière de ruminer,
c’est sûr qu’ils parlent anglais.
C’est qu’à cette ferme du bonheur, les origines diverses se côtoient dans tous les recoins. Les
cochons laineux, qu’on appelle
ici les sangliers, fouillent le terrain en contrebas. A notre arrivée, ils se remettent en horde
d’un seul mouvement en couinant. Ils croient qu’il est temps
de remettre une bande de blanc
dans le lard. Alors ils forment
une chorale aux registres criards.
Il y a moins cinglant. C’est sans
doute pour cela que Beate confie,
à demi amusée: «Mon mari fait
partie du Yodler Club de La Ferrière.» Caché derrière une cabane de l’enclos, un gros verrat
rose médite sur l’amour cochon
de ces laineux étrangers, dans
une indifférence de castrat. En
remontant, Pingu, un immense
«coq perle italienne», arbore sa
plume chamarrée et sa crête
flamboyante en faisant son Don
Giovanni.
Le géniteur est toujours
un âne, «évidemment»
Dans ce surplus de vie, même
les mulets sont archaïques. Il
est temps de présenter ces baroudeurs, ceux qui participent
aux grandes randonnées. Joya
est une fille issue d’un Prjevalski, équidé sauvage proche
du cheval. Elle sera montée par
Lorena, une jeune stagaire au
Crowhill Trekking. Ulysse est
un mulet tout ce qu’il y a de
comme il faut. Sa mère est un
cheval Appaloosa, une monture
perdue par les colons et récupérée par les Amérindiens Nez
Percés. Ce cheval est reconnaissable par sa robe tachetée. C’est
Leila qui va le monter. Elle travaille au bureau et au trekking. A
la remarque qu’un mulet a toujours un âne comme père, Bea-
Sous l’enseigne Toni Crowhill Trekking/Chasseral Outdoor, la famille
Krähenbühl accueille à La Chauxd’Abel, mais sur la commune de La
Ferrière, jusqu’à 90 groupes de visiteurs et de touristes par année. Les
deux appellations font référence au
temps où elle habitait à Lamboing, il
y a 13 ans.
Tony et Beate utilisent aujourd’hui
deux des trois maisons de leur domaine comme maisons de vacances ainsi qu’une yourte kirghize,
lorsqu’elle sera réparée suite à une
récente tempête. La première est
une ferme jurassienne datant de
1683. L’âtre central et les boiseries
sont d’origine. Elle peut abriter 8 lits
ainsi qu’un dortoir de 25 places. La
maison du bas possède 8 chambres et 26 lits répartis sur deux étages. Elle dispose d’une grande salle
à manger ainsi que d’une terrasse.
Le trekking peut être accompli à l’attelage puisque la famille dispose de
trois chariots et d’un traîneau pour
l’hiver. Durant la randonnée, des pique-niques sont organisés avec les
produits de la ferme. Les gens peuvent aussi être pensionnaires ou
réserver pour un repas de fête.
Renseignements: [email protected] ou
032 315 19 89
te ajoute un «évidemment»
bien senti. Ce qui ravit son mari
qui possède la patience et la détermination de l’âne. Ce n’est
pas pour rien que Tony mène
son train de paysan en profitant
de son ancien métier de fromager. Ce n’est que pour mieux
promouvoir l’agrotourisme sur
les 26 hectares de ses trois domaines La Chaux-d’Abel, aux
Cerneux (Les Breuleux) et aux
Convers. « Nous avons
●
des vaches Highland
pour leur viande et pour
leur beauté.»
BEATE KRÄHENBÜHL ÉLEVEUSE ET PROMOTRICE D’AGROTOURISME
LA HEUTTE
PETIT-VAL Les autorités communales apprécient le dynamisme des sociétés
Une bataille perdue
pour Ced Lüscher
Région mue par un esprit rassembleur
Concours
de peinture
Le chanteur de La Heutte
Cédric Lüscher a dû ranger son
parasol plus vite que prévu.
Celui que tout le monde
appelle Ced n’a pas été retenu
pour continuer la tournée des
plages, événement télévisé
organisé par NRJ12 et la
Française des Jeux.
Le 13 juillet, il a défendu sa
chanson «Marcher dans vos
rues» à Dieppe, dans le nord
de la France (voir jdj du 11.07).
C’est sa rivale Daphné Swan
qui a été plébiscitée. «Nous
avons encore un espoir car il
arrive que les candidats soient
repêchés à la fin», affirme le
manager du chanteur Axel
Aubry. Il assure qu’à
l’applaudimètre Ced Lüscher
aurait gagné. KR
Actif et dynamique, le Petit-Val
n’a pas manqué de se profiler récemment et de manifester un
réel esprit rassembleur. Qu’on
en juge: en juillet ont eu lieu le
biathlon, organisé par le Skiclub Petit-Val, ainsi que le passage du Tour de France, durant
lequel les spectateurs ont pu
profiter de la cantine de la Société de tir Petit-Val, magnifiquement aménagée. Sans oublier
qu’en juin a été inauguré le Chemin du Pasteur Frêne. Grâce aux
initiateurs Jean-Pierre Graber et
Madeleine Blanchard, l’unique
voie qui reliait jadis Châtelat et
Sornetan est à nouveau praticable par les piétons, les cavaliers
et les amateurs de VTT.
Les autorités des communes
La Fête du Doubs, qui aura lieu
le 25 août aux Brenets, intégrera
la Journée du Parc naturel régional du Doubs. A cette occasion,
les œuvres présentées dans le cadre du concours de peinture et
de dessin consacré au cours
d’eau seront exposées à l’Hôtel
des Rives du Doubs. Le délai
pour le dépôt des œuvres est
agendé au 15 août. Le concours
se fixe pour objectif de mettre en
valeur le patrimoine d’exception
que représente la vallée du
Doubs. Il est ouvert à toutes les
catégories d’âge et à toutes les catégories de la population. L’ensemble des techniques de peinture et de dessin sont autorisées.
Le règlement est consultable sur
www.parcdoubs.ch COMM
Avec les armoiries des cinq communes du Petit-Val, l’ouverture du tunnel
du Pichoux avait fière allure lors du passage du Tour de France le 8 juillet
dernier. Une décoration due à la Société de tir. ERWIN MICHEL
concernées remercient ces sociétés et leurs membres dévoués
de l’excellente collaboration
pour la mise sur pied de ces manifestations. Pour elles, les événements qui contribuent à donner une image positive de la
région sont de la plus haute importance.
Autre preuve de ce dynamisme, à Sornetan: la Fête nationale prend une nouvelle dimension (lire aussi en page 9).
Le discours sera prononcé par
Jean-Jacques Schumacher, président du comité du Centre de
Sornetan. La nouvelle équipe dirigeante entretient de très bons
contacts avec les autorités, qui se
réjouissent du nouvel essor de
cette institution. JH
FÊTE DU DOUBS

Documents pareils