Des vignes d`Arnex-sur-Orbe aux plaines du Mozambique

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Des vignes d`Arnex-sur-Orbe aux plaines du Mozambique
13 SEPTEMBRE 2012
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LOUIS-FRANÇOIS MONNIER
Des vignes d’Arnex-sur-Orbe
aux plaines du Mozambique
Le vigneron vaudois
Louis-François
Monnier vient de
consacrer un livre à
ses douze ans passés
en Afrique comme
agronome. Rencontre.
Une maison toujours ouverte
La patience et la modestie sont deux des
nombreuses qualités que son épouse Josiane reconnaît à Louis-François Monnier.
Et les paysans mozambicains ne s’y sont pas
trompés, eux qui lui ont donné un surnom
© SÉBASTIEN FÉVAL
«
En Suisse, vous avez des montres. En
Afrique, nous avons le temps.» Cet
adage bien connu, Louis-François
Monnier a pu en mesurer toute la justesse
pendant douze ans. Douze années passées
en compagnie de son épouse Josiane et de
leurs trois enfants au Mozambique, un immense pays situé en Afrique de l’Est, au
bord de l’océan Indien. Il y a été engagé
comme agronome en 1963 dans le cadre
d’une mission de ce qui s’appelait alors le
Département missionnaire des Eglises réformées de Suisse romande (aujourd’hui
DM – Echange et Mission). «Chaque envoyé était encouragé à apprendre la langue
du pays, le tsonga. En agriculture, c’était indispensable si l’on voulait aider les paysans
et transmettre son savoir», se souvient cet
enfant d’Arnex-sur-Orbe (VD), né en 1935.
Ses souvenirs ont été réunis dans un beau livre qui vient de paraître aux Editions Mon
Village. «Par chance, j’avais gardé mes notes
et surtout mes agendas. Ils m’ont permis de
renouer le fil des souvenirs.»
Louis-François Monnier et une petite houe en bois dont lui a fait cadeau une paysanne mozambicaine lors de son séjour dans ce pays.
qui signifiait: «Celui qui tarde à se mettre en
colère.» – «Ils sont très observateurs et fins
analystes», souligne Louis-François Monnier, qui se décrit aussi comme spontané
mais parfois un peu distrait. D’ailleurs un
autre de ses surnoms aura été: «Toujours
SI VOUS ÉTIEZ…
montagne? Le Mont Suchet, horizon de mon enfance.
· Une
rivière? L’Inkomati, le fleuve africain qui triomphe de la sécheresse en irriguant
·lesUne
champs.
animal? La vache, avec ou sans cornes, pour sa curiosité et son regard paisible.
· Un
Un
Notre maison d’Arnex-sur-Orbe, un ancien moulin.
· Un lieu?
livre?
Presque rien sur presque tout, de Jean d’Ormesson, pour la façon dont
·l’auteur sait aller
au fond des choses.
Un
plat
du
terroir?
·fruits de mon verger. Le gâteau aux pommes. Surtout quand il est préparé avec des
prêt à servir ou partir en oubliant son chapeau!» Ce qu’il n’a jamais oublié par contre,
c’est le respect qu’il devait à ses amis paysans, ne cherchant pas à imposer ses idées
avant d’avoir écouté celles des autres. «Il
s’agissait surtout d’aider les agriculteurs à
mieux cultiver leurs terres pour leur permettre de vivre de leurs récoltes sans avoir
recours au travail migratoire dans les mines
d’or d’Afrique du Sud.»
Par rapport aux autres habitants du village
où ils ont vécu, les Monnier avaient la
chance de disposer d’une maison construite
en dur. «Et comme nous faisions part de notre gêne à ce sujet, un habitant nous a rassurés. Peu importe comment elle est construite, l’essentiel est qu’elle soit toujours
ouverte.» La maison des Monnier l’aura été.
«Nous avions aussi la seule voiture du vil-
lage, nous a-t-il dit. Mais les gens savaient
qu’ils pouvaient nous réveiller la nuit pour
mener quelqu’un à l’hôpital.» De retour au
pays en 1975, la famille Monnier reprend
l’exploitation des vignes familiales à Arnex-sur-Orbe. «J’ai été l’un des premiers à
planter les vignes en travers de la pente.
C’était peut-être un peu audacieux, mais
mon expérience africaine m’a libéré de tout
préjugé.» Aujourd’hui, Louis-François
Monnier a remis ses vignes en location.
Mais il s’y rend souvent. Et devant le beau
paysage de la plaine de l’Orbe, il lui arrive de
rêver encore à celle du Limpopo.
Pierre-Alain Cornaz £
+ D’INFOS «Deux billets simple course. Des
plaines mozambicaines aux Côtes-de-l’Orbe»,
Louis-François Monnier, Editions Mon
Village, 221 pages.