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No 78. 4e TRIMESTRE 2016 Dossier 29 DOSSIER IMMOBILIER ET ÉNERGIE : CONVERGENCE DE DEUX SECTEURS EN TRANSITION D urant les deux dernières révolutions industrielles scandées par la domestication de nouvelles sources d’énergie fossiles, charbon puis pétrole, le rôle de l’immobilier a été cantonné à celui d’infrastructure de support. La troisième révolution actuellement en cours repose au moins autant sur le développement de l’énergie renouvelable que sur une organisation décentralisée de la production et de la distribution d’énergie permise par les avancées de la digitalisation. Et dans cette économie du numérique, qui repose sur une mise en réseau intelligente de multiples objets, les bâtiments jouent un rôle central. L’enjeu est de taille à double titre. D’abord parce que les bâtiments consomment 40 % de l’énergie produite et que l’exigence environnementale implique une meilleure efficacité énergétique ; ensuite parce que les bâtiments eux-mêmes deviennent producteurs d’énergie et donc potentiellement autoconsommateurs. La solution à l’efficacité énergétique des bâtiments est donc à rechercher dans le rôle actif du cycle de production d’énergie qui leur est dévolu et non uniquement dans un rôle passif de contrôle et de réduction de la consommation. Les évolutions réglementaires récentes qui impactent le secteur de l’énergie et du bâtiment (voir encadré) accompagnent cette évolution. Elles modifient profondément la valorisation de l’immobilier en amplifiant le Sommaire Devenir socialement responsable par Gérard Degli Esposti, La Française REM............................................................................. 31 Limiter les pertes de valeurs liées à l’obsolescence technique des bâtiments par Frank Hovorka, CDC.................................................................................................................37 L’immobilier d’entreprise, acteur majeur de la transition énergétique par Christian Gérard, EDF...............................................................................................................45 Bâtiments durables : plus loin dans la flexibilité et la mutualisation des usages par Olivier Sellès, Bouygues Immobilier...................................................................................53 Le management de l’énergie autoproduite et autoconsommée par Thierry Djahel, Schneider Electric........................................................................................ 57 Exploiter la data au service de l’efficacité énergétique par Vincent Bryant et Emmanuel Blanchet, Deepki.............................................................. 61 30 IEIF RÉFLEXIONS IMMOBILIÈRES Dossier Rappel du contexte réglementaire L a directive européenne 2010/31/EU sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD, Energy Performance Buildings Directive) a défini les objectifs de performance énergétique du bâtiment à compter de 2020. À cette échéance, tous les nouveaux bâtiments devront avoir un bilan énergétique quasi nul : des Nearly Zero Energy Buildings (NZEB). En France, la prochaine réglementation, prévue dans la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte de 2015 (TECV), et applicable en 2018, est préparée par le groupe de réflexion « RBR 2020 » (Réglementation pour un bâtiment responsable 2020) dans le cadre du Plan bâtiment risque d’obsolescence ; elles bousculent également les modèles d’affaires traditionnels des secteurs concernés. Les changements à l’œuvre poussent cependant l’ensemble des acteurs à l’expérimentation et à l’innovation et ouvrent la voie à de nouvelles approches sociétales et financières. En attendant de premiers bilans, l’ensemble des professionnels du secteur de l’énergie et de l’immobilier anticipent une transformation profonde de leurs modèles économiques : que faire de l’énergie produite en surplus par les bâtiments ? Comment les fournisseurs d’énergie vont-ils s’insérer dans ce nouveau circuit ? Comment gérer au mieux la flexibilité d’un bâtiment en termes d’usages ? Comment vont se développer les réseaux locaux d’énergie qui permettront à plusieurs bâtiments de s’échanger et partager leur production électrique ? Comment intégrer ces données nouvelles dans les stratégies d’investissement immobilières et la valorisation financière des actifs ? durable. Elle devrait mettre en œuvre le concept de bâtiment à énergie positive (BEPOS) prévu dans la directive européenne. Cette loi a notamment également fixé un objectif de 40 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique français de production électrique à horizon 2030. Depuis septembre 2016, dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone et de l’application de la TECV, un nouveau label « énergie-carbone » est mis en place pour les bâtiments qui seront à la fois à « énergie positive » et « bas carbone », ce qui va permettre d’expérimenter ces nouvelles approches sur différents types de bâtiments de façon formelle. Sollicité par des adhérents, impliqués voire moteurs de ces transformations, l’IEIF a constitué un groupe de travail mobilisant des professionnels issus de secteurs très divers (propriétaires-utilisateurs, investisseurs et gestionnaires d’actifs, fournisseurs d’énergie et d’équipements techniques de pointe, promoteurs/aménageurs) pour échanger sur cette nouvelle donne, partager des retours d’expérience et proposer des solutions. Sur le terrain, les réflexions sont en effet déjà bien engagées, les stratégies commerciales se déploient et des expérimentations sont en cours, ce que ce dossier vous propose de découvrir. Nous vous souhaitons bonne lecture de ces différentes contributions, et remercions tous les participants pour la qualité de leurs interventions.y Pierre Schoeffler, Senior Advisor, IEIF Soazig Dumont, Analyste senior, IEIF animateurs du groupe de travail