Bodenbeeinträchtigung durch Tractor Pulling

Transcription

Bodenbeeinträchtigung durch Tractor Pulling
Office de l’agriculture et de la nature du canton de Berne
Directeur: Willi Gerber • www.vol.be.ch
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Directeur: Paul Steffen • www.art.admin.ch
Schweizerische Eidgenossenschaft
Confédération suisse
Confederazione Svizzera
Confederaziun svizra
Atteintes au sol dues au «tracteur pulling»
L. RAMSEIER, A. CHERVET et W. G. STURNY, Office de l’agriculture et de la nature du canton de Berne, Rütti, 3052 Zollikofen
P. WEISSKOPF et M. SOMMER, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
@
E-mail: [email protected]
Tél. (+41) 31 91 05 332.
Résumé
De 2002 à 2006, un concours de «tracteur pulling»1 a eu lieu chaque
année à Niederbipp (BE), sur un sol brun lessivé profond, exploité en
grandes cultures. Craignant d’importantes sollicitations mécaniques, surtout dans la zone de la piste de traction, le Service cantonal de la protection des sols a défini les conditions à respecter pour autoriser ce genre
de manifestation, afin de protéger le sol contre des dommages durables
causés à la structure (compactage). Ces conditions ont été remises en
question, voire ignorées par les organisateurs à plusieurs reprises. A la
suite de graves négligences constatées en 2004, des examens physiques du sol ont été conduits pour quantifier les dégâts par des mesures objectives. Ces analyses ont démontré que les conditions imposées ont permis d’éviter des dégâts de structure au niveau du sous-sol
dans la zone de la piste de traction. En conséquence, les zones avoisinantes devraient aussi être protégées car elles subissent les effets de
toute la logistique accompagnant un tel événement. En raison des
risques d’atteinte aux sols, ces manifestations ne devraient être autorisées que de manière restrictive. Dans le cas des concours de traction,
les dommages constatés au sol remettent aussi en question la justification des paiements directs liés aux prestations écologiques requises
(PER) sur les surfaces concernées.
«Tracteur pulling»
et bonnes pratiques
agricoles
La transmission optimale des forces de
traction sur le sol lors des travaux
usuels d’exploitation des terres agricoles et des forêts est une préoccupation importante en matière de protection
des sols. C’est un aspect des «bonnes
pratiques agricoles» que le Service de
la protection des sols du canton de
Berne a inclus dans sa stratégie de
communication à l’intention du public
concerné.
En 2000, une autorisation avait été
accordée pour le premier concours de
«tracteur pulling» de Suisse, à ZimmerRevue suisse Agric. 41 (5): 271-276, 2009
wald (BE), moyennant quatre conditions à respecter: poids maximum des
tracteurs de 8 t (11 t depuis 2003),
pression de gonflage ne dépassant pas
0,8 kg/cm2, zone de la piste exploitée
en prairie (réalisé à Niederbipp depuis
2003), piste couverte avant la manifestation en cas de pluie. Les contrôles
tensiométriques dans les sols ont été
réalisés selon les principes valables
dans les travaux de génie civil.
Sur le site de Fichtenhof, à Niederbipp,
la somme des précipitations annuelles
atteint en moyenne 850 à 900 mm. Le
sol est brun lessivé profond, avec une
teneur en argile de 20% et 2,6% de matière organique dans la couche supérieure. La granulométrie est celle d’un
limon sableux.
Le problème
des tracteurs
de la catégorie «libre»
Sur le site de Fichtenhof décrit précédemment, le premier concours de «tracteur pulling» a été organisé en 2002.
L’importance de la manifestation a augmenté d’année en année, culminant en
2004 avec l’organisation simultanée du
championnat de la Tractor-TracOrganisation allemande (DTTO), qui
se déroulait hors de ses frontières pour
la première fois. A cette occasion, la
catégorie «libre» a été introduite, avec
des «tracteurs» atteignant une puissance de 10 000 chevaux (fig.1).
Ces véhicules ne dépassaient certes pas
le poids maximal fixé, mais ils n’avaient
rien de commun avec les «bonnes pratiques agricoles» et le nouveau spectacle passait avant les principes de protection du sol. L’introduction de cette
nouvelle catégorie a posé de nouveaux
problèmes pour la protection des sols:
les tracteurs de la catégorie «libre»
étaient généralement amenés sur des
semi-remorques; comme l’assistance
technique pour ces tracteurs devait être
proche de la piste, les trains routiers
qui les avaient transportés, avec atelier
1Le «tractor pulling» (litt.: épreuve de traction pour tracteurs) est une compétition requérant de l’adresse, le but consistant à
réaliser, pour un tracteur de poids donné,
l’effort de traction le plus élevé possible.
Au cours de l’épreuve, la résistance de la
remorque spéciale attelée au tracteur est
augmentée par un freinage progressif. En
tirant parti d’une répartition des masses
bien adaptée, de bons pneumatiques, d’une
pression de gonflage optimale et d’une
technique de conduite astucieuse, le concurrent cherche à maîtriser le plus longtemps
possible l’effort de traction croissant.
271
Fig. 2. Site de la cantine après la manifestation (photo: L. Ramseier, Service de la
protection des sols du canton de Berne,
8.5.2002).
Fig. 1. «Tracteur» de la catégorie «libre» (photo: L. Ramseier, Service de la protection des
sols du canton de Berne, 15.5.2004).
embarqué, devaient nécessairement stationner sur une surface agricole; l’attraction créée par ces «tracteurs» a fait
augmenter significativement le nombre
de spectateurs et par conséquent le nombre de places de stationnement mises à
disposition sur les terrains agricoles.
Par ailleurs, il s’est avéré que les tracteurs de la catégorie «libre» arrivaient
en fin de parcours à une vitesse bien
plus élevée que celle des autres catégories et avec un taux de patinage des
roues motrices plus important. De plus,
l’effet des crampons de pneumatiques
spéciaux pouvait faire craindre des dégâts de la structure du sol (destruction
des agrégats et obstruction des macropores). Enfin, un sol ressuyé, tel que
souhaité pour la catégorie «standard»,
ne correspondait pas aux conditions
idéales exigées par la catégorie «libre»,
soit un sol plus argileux et humide.
Analyses physiques du sol
La couverture préalable de la piste de
«tracteur pulling» – une des conditions
prescrites – n’a été réalisée que partiellement en 2004. Le 14 mai, le sous-sol
était pourtant déjà humide au vu des
60 hectopascals mesurés. Pour obtenir
un sol plus adhérent, comme l’exige la
DTTO, les organisateurs ont arrosé la
piste sans autorisation. Comme la stabilité d’un sol diminue quand sa teneur
en eau augmente, le Service de la protection des sols était convaincu que la
structure du sol avait été endommagée
par la manifestation.
En 2006, à la suite de la manifestation
de «tracteur pulling», des investigations sur les paramètres physiques du
sol dans la zone de la piste de compétition ont été déclenchées par le Service
cantonal bernois de la protection des
sols en collaboration avec Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART. Des échantillons de sol ont également été prélevés
le 23 mai 2006 dans la zone de stationnement des tracteurs, dans le périmètre
de la cantine et, pour avoir une référence, dans une terre exploitée normalement. La zone de la cantine (fig. 2) a
fait l’objet d’une attention particulière,
car il s’agissait d’étudier l’impact des
12
Piste 12-15 cm
Macroporosité [% vol.]
10
Piste 37-40 cm
Stationnement
tracteurs 12-15 cm
8
Valeur indicative
Stationnement
tracteurs 37-40 cm
6
Cantine 12-15 cm
Seuil d'investigation
4
Cantine 37-40 cm
Compactage
croissant
Référence 12-15 cm
2
Référence 37-40 cm
0
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
Porosité totale [% vol.]
Fig. 3. Porosité totale et macroporosité (avec la médiane et les quartiles) mesurées dans quatre zones du périmètre de la manifestation de
«tracteur pulling» de Niederbipp, correspondant à des sols soumis à différentes contraintes mécaniques.
272
30
Perméabilité à l'air [ µm2 ]
Seuil d'investigation
Valeur indicative
Piste 12-15 cm
25
Piste 37-40 cm
20
Stationnement
tracteurs 12-15 cm
Stationnement
tracteurs 37-40 cm
15
Cantine 12-15 cm
10
Cantine 37-40 cm
Référence 12-15 cm
5
Compactage
croissant
Référence 37-40 cm
0
0
2
4
6
8
10
12
Macroporosité [% vol.]
Fig. 4. Macroporosité et perméabilité à l’air (avec médiane et quartiles) mesurées dans quatre zones du périmètre de la manifestation de
«tracteur pulling» de Niederbipp, correspondant à des sols soumis à différentes contraintes mécaniques. Ressuyage à 60 hectopascals.
véhicules de livraison ayant circulé sur
un sol humide quatre ans auparavant
(2002). Des échantillons de sol non
perturbé ont été prélevés au moyen de
cylindres de 235 cm3 à 12-15 cm de
profondeur (couche supérieure du sol)
et à 37-40 cm (sous-sol), ceci dans
quatre zones et en trois répétitions. Les
échantillons contenus dans les cylindres
ont été soumis aux mesures physiques
suivantes:
– structure du sol: densité apparente
(masse de la substance solide par
rapport au volume de l’échantillon),
porosité totale, macroporosité, perméabilité à l’air (selon van der Veer,
2005);
– stabilité de la structure: perte de porosité (diminution du volume des
pores après un tassement du sol durant trente minutes avec une pression de 100 kilopascals, selon van
der Veer, 2005).
En dehors de la zone de la piste de traction, les mesures de la porosité totale
atteignaient des valeurs normales de 45
à 49% dans la couche supérieure du sol,
et des valeurs relativement correctes de
42 à 44% dans le sous-sol (fig. 3).
Dans la couche supérieure du sol, la
macroporosité était proche de la valeur
indicative de 7% proposée par la Société suisse de pédologie (Häusler et
Buchter, 2004), voire inférieure. Une
macroporosité inférieure à cette valeur
Revue suisse Agric. 41 (5): 271-276, 2009
de 7% indique que la structure du sol a
été altérée (fig. 3); toutefois, les valeurs
étaient également faibles dans la surface agricole de référence, exploitée
normalement, ce qui montre que toutes
les surfaces examinées étaient légèrement affectées.
Au niveau du sous-sol, les mesures de
macroporosité atteignaient 9%, ce qui
est relativement élevé et dénote un bon
état structural, quasiment intact, contrairement à la couche supérieure du sol.
Les échantillons prélevés dans le périmètre de la cantine ont révélé une porosité totale d’à peine 6%, indiquant
une structure endommagée jusqu’au niveau du sous-sol (la valeur indicative de
la porosité totale est également de 7%).
Réduction
de la perméabilité du sol
à l’air
Outre la macroporosité, la perméabilité
à l’air est aussi un indicateur de l’état
structural de la couche supérieure du
sol. La perméabilité à l’air était inférieure à 3 µm2, soit «très faible», dans
les trois zones critiques. Mais ces valeurs étaient également basses dans la
surface de référence – quoique significativement supérieures (fig. 4).
Dans le sous-sol, la perméabilité à l’air
était «bonne» (14 µm2) dans la surface
de référence, mais «médiocre» dans les
surfaces malmenées (fig. 4). Toutefois,
la forte variabilité des résultats dans les
quatre zones examinées ne permet pas
de les distinguer valablement les unes
des autres.
La manifestation de «tracteur pulling» de
Niederbipp, placée sur un sol déjà affecté dans sa structure, a entraîné des
dommages supplémentaires sur la continuité du système poreux du sol. Les surfaces fortement sollicitées par la compétition et les activités annexes présentaient des valeurs de perméabilité à l’air
(et probablement aussi de perméabilité à
l’eau) proches de zéro, indiquant des
échanges gazeux entravés dans le profil.
Globalement, la manifestation de Niederbipp a fortement endommagé la
structure du sol dans la couche supérieure, tandis que le sous-sol – excepté
dans la zone de la cantine – a été très
peu touché.
Tests de pression
Les tests de pression à 100 kilopascals
sur les échantillons de sol prélevés
dans la couche supérieure de la zone de
la cantine et de la zone agricole de référence ont indiqué des valeurs correspondant aussi bien à des tassements
plus faibles ou plus forts que dans les
zones de la piste de traction et de stationnement des tracteurs; pourtant, ces
273
Densité apparente [g/cm3 ]
1,3
1,4
1,4
1,5
1,5
1,6
1,6
0,00
Piste 12-15 cm
Piste 37-40 cm
Mise sous pression [mm]
0,01
Compactage
croissant
0,02
Stationnement
tracteurs 12-15 cm
Stationnement
tracteurs 37-40 cm
Cantine 12-15 cm
0,03
Cantine 37-40 cm
Référence 12-15 cm
0,04
Référence 37-40 cm
0,05
Fig. 5. Effet de la mise sous pression sur la densité apparente du sol (avec médiane et quartiles). Echantillons provenant de quatre zones du
périmètre de la manifestation de «tracteur pulling» de Niederbipp correspondant à des sols soumis à différentes contraintes mécaniques. Pression de 100 kilopascals, sol ressuyé à 60 hectopascals.
dernières avaient subi les compactages
les plus importants (fig. 5). De faibles
tassements ont été constatés au niveau
du sous-sol dans les quatre zones contrôlées, analogues à ceux mesurés dans
la couche supérieure du sol des zones
de la piste et de stationnement des tracteurs. En d’autres termes, les échantillons provenant du sous-sol se caractérisaient généralement par une structure
naturelle plus stable que celle des
échantillons provenant de la couche supérieure du sol.
Couche supérieure du sol
endommagée dans la zone
de la piste de traction
Les résultats des analyses physiques du
sol ne doivent pas être considérés en prenant les paramètres individuellement,
mais également dans leurs interactions
entre eux. Pour les quatre zones étudiées, cette double appréciation mène
aux conclusions suivantes (fig. 6):
● La couche supérieure du sol dans la
zone de la cantine semble avoir été
relativement peu endommagée. Ce
constat se fonde sur la faible diminution de la macroporosité, avec cependant une forte baisse de la perméabilité à l’air.
274
● En revanche, la zone de la piste de
traction a subi des dommages importants au niveau de la couche supérieure du sol. Les nombreux passages
d’engins et le patinage des roues
motrices ainsi que les travaux d’entretien et de nivellement de la piste
en conditions de sols trop humides
ont sensiblement endommagé la
structure. Cela se traduit notamment
par une faible perméabilité à l’air
ainsi qu’une macroporosité réduite.
● La zone de stationnement des tracteurs a été peu affectée, tant au niveau de la couche supérieure du sol
qu’au niveau du sous-sol. Ce constat
se fonde sur la comparaison de la
macroporosité avec celle de la zone
de référence sous prairie permanente. Cependant, les valeurs de la
perméabilité à l’air sont visiblement
plus faibles.
● Dans la zone de la piste de traction,
l’hypothèse d’un fort endommagement de la structure dû au tassement
n’a pas été confirmée par les mesures effectuées (fig. 6), malgré l’humidité du sol et l’arrosage supplémentaire non autorisé (tension de
60 hectopascals le jour des épreuves). L’arrosage n’a probablement
humidifié que la couche supérieure
du sol sans atteindre le sous-sol, en
raison de la perméabilité fortement
perturbée de ce sol.
● Dans les quatre zones contrôlées,
seuls de relativement faibles tassements ont été mesurés au niveau du
sous-sol malgré les charges subies.
Leur stabilité naturelle est certainement élevée dans cette couche.
● Les paramètres structuraux du soussol dans la zone de la piste de traction ne se différenciaient guère de
ceux de la zone de référence. Toutefois, la diminution de la perméabilité à l’air fait supposer une légère
altération de la continuité des réseaux poreux. Il est malgré tout surprenant que, dans l’ensemble, le
sous-sol dans la zone de la piste
n’ait pratiquement pas été affecté.
L’ensemencement de la piste, à partir de 2003, a vraisemblablement eu
un effet favorable sur la structure du
sol.
Sous-sol endommagé
dans la zone de la cantine
Les constatations plutôt réjouissantes
décrites plus haut ne s’appliquent pas
au sous-sol dans la zone de la cantine.
Etat structural à 12-15 cm
Valeurs relatives pour chaque paramètre
Densité apparente
[g/cm3]
115
95
75
55
35
15
Perméabilité à l'air
[ µm2]
Porosité totale
[% vol.]
-5
Macroporosité
[% vol.]
Piste
Stationnement tracteurs
Cantine
Référence
Etat structural à 37-40 cm
Valeurs relatives pour chaque paramètre
Densité apparente
[g/cm3]
115
95
75
55
35
15
Perméabilité à l'air
[ µm2]
Porosité totale
[% vol.]
-5
Macroporosité
[% vol.]
Piste
Stationnement tracteurs
Cantine
Référence
Fig. 6. Etat structural dans la couche supérieure du sol (en haut) et dans le sous-sol (en bas)
exprimé en valeur relative du paramètre considéré; la plus petite valeur absolue correspond à
0% (origine du diagramme), la plus grande valeur absolue correspond à 100%. Pour la densité apparente, les valeurs sont inversées. Ainsi, plus les valeurs sont proches de la périphérie
du diagramme, plus elles sont favorables en termes d’aptitudes culturales du sol.
Les mesures de porosité faites après la
manifestation se sont révélées inférieures aux valeurs indicatives proposées par
Häusler et Buchter (2004). De même,
les mesures de perméabilité à l’air dans
ce sous-sol sont les plus basses. Les
Revue suisse Agric. 41 (5): 271-276, 2009
transports de matériel et de subsistance
ont endommagé la structure du sol. Il
est évident que des poids lourds, équipés de pneumatiques conçus pour la
route, ne devraient pas circuler sur un
sol non consolidé.
Recommandations
supplémentaires
Les pressions verticales endommagent
moins la couche supérieure du sol que
le patinage très élevé des roues motrices, lors de la traction de la remorque
au freinage progressif, et les travaux
d’entretien répétés de la piste (hersage
et nivellement). Un ressemis d’herbe
immédiatement après la manifestation
et une exploitation soignée de cette
prairie jusqu’à la manifestation suivante
permettent d’accélérer la régénération
de la structure du sol dans la couche
supérieure.
Pour transformer le mieux possible la
puissance du moteur en effort de traction au sol, les engins utilisés dans le
«tracteur pulling» sont équipés de
pneumatiques surdimensionnés. Cela
explique les faibles tassements au niveau du sous-sol, malgré le poids des
engins et des valeurs tensiométriques
dans le sol relativement faibles pendant
le concours (60 hectopascals le 14 mai
2004). Si ce même sous-sol, en conditions très humides, subissait les contraintes de véhicules équipés de pneumatiques inadaptés, la structure en
souffrirait certainement. Toutefois, une
régénération de la structure du sous-sol
n’est pas possible à courte échéance,
contrairement au niveau de la couche
supérieure du sol.
Dans la zone de stationnement des tracteurs, la couche supérieure et le sous-sol
n’ont pratiquement pas été affectés.
Globalement, les trois principes édictés
par le Service de la protection des sols
pour maintenir la qualité des terres agricoles sont suffisants:
1. la piste de traction et, si possible,
la zone de stationnement des tracteurs doivent être sorties de la rotation des cultures et exploitées en
prairie de manière continue;
2. la piste doit être couverte de manière adéquate avant la manifestation;
3. pour la zone de la cantine et les
autres espaces utilisés dans le
cadre de la manifestation, les
éventuelles mesures supplémentaires de protection doivent être
définies sur la base des indications de la carte des sols.
Des dommages considérables, tels que
ceux constatés sur la piste de traction,
peuvent aussi survenir sur des zones du
périmètre qui n’ont pas fait l’objet de
recommandations. Par conséquent, six
recommandations supplémentaires, en
275
relation avec la protection du sol dans
le cadre de manifestations de plein air,
sont à discuter:
4. le sol des sites destinés aux cantines et autres installations temporaires doit être évalué précisément
sur le plan pédologique;
5. la circulation de poids lourds et
autres véhicules non agricoles sur
des surfaces cultivées est à éviter;
6. la période de validité des prescriptions en relation avec le montage et le démontage des infrastructures doit être étendue;
7. dans la mesure du possible, toutes
les activités en relation avec les
épreuves de traction, soit les préparatifs au départ (contrôles de
qualité) et le parcage des tracteurs, doivent être situées sur des
routes ou sur des places en dur;
8. pour les véhicules privés, un
concept de circulation doit être
exigé, tenant compte, selon la
proximité d’une agglomération,
des possibilités de stationnement
sur des surfaces en dur;
9. le droit aux paiements directs découlant des PER pour les surfaces
utilisées dans le cadre de telles
manifestations est à vérifier.
Les concours de «tracteur pulling» attirent un public nombreux et nécessitent
une logistique lourde et des infrastructures importantes. Une autorisation officielle est requise et les prescriptions
en termes de protection du sol ainsi que
les mesures prévues dans l’aide-mémoire «Protection des sols et des eaux Manifestations en plein air» doivent
être appliquées. Ce n’est qu’en appliquant ces principes que la fertilité du
sol peut être maintenue dans l’ensemble
du périmètre concerné.
Bibliographie
Häusler S. & Buchter B., 2004. Definition und Erfassung von Bodenschadverdichtungen. Teil 2:
Vorschläge für Richt- und Prüfwerte zur Definition von Bodenschadverdichtungen. BGS
Dokument 13, Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale Zollikofen, 17-35.
«Protection des sols et des eaux - Manifestations
en plein air», 2004. Aide-mémoire publié par
les cantons AG, AI, BE, BL, FR, GE, GR, JU,
LU, NE, SG, SO, SZ, TG, UR, VD, VS, ZG,
ZH, la Principauté de Liechtenstein ainsi que
la section Sol et biologie générale de l’OFEFP.
van der Veer S., 2005. Bodenverdichtung bei
Zuckerrübenernte - die zwei Hauptverfahren
im Vergleich. Diplomarbeit SHL, Fachrichtung
Pflanzenproduktion, Zollikofen, 103.
276
Zusammenfassung
Bodenbeeinträchtigungen durch Tractor Pulling
Auf einer ackerbaulich genutzten, tiefgründigen Parabraunerde wurde in Niederbipp,
Kanton Bern, in den Jahren 2002 bis 2006 jährlich eine Tractor-Pulling-Veranstaltung
durchgeführt. Da zu befürchten war, dass der Boden insbesondere im Pistenbereich
starken mechanischen Belastungen ausgesetzt sein wird, arbeitete die kantonale Bodenschutzfachstelle Auflagen für das Bewilligungsverfahren aus, um einen minimalen
Schutz des Bodens vor anhaltenden Gefügeschäden (Verdichtungen) sicherzustellen.
Die Organisatoren der Veranstaltung stellten diese Auflagen immer wieder in Frage
oder ignorierten sie gar. Besonders gravierende Missachtungen im Jahr 2004 zogen
bodenphysikalische Untersuchungen nach sich, um das Ausmass der Bodenbeeinträchtigungen zu beurteilen. Die Untersuchungen lassen den Schluss zu, dass die Auflagen im Pistenbereich gerechtfertigt sind, da sie dort helfen, gravierende Gefügebeeinträchtigungen im Unterboden zu vermeiden. Es stellte sich aber auch heraus, dass
für die ausserhalb des Pistenbereichs liegenden, durch die Veranstaltungslogistik beanspruchten Flächen Auflagen zum Schutz des Bodens ausgearbeitet werden sollten. Angesichts ihres Schädigungspotentials sollten Freizeitveranstaltungen auf landwirtschaftlich
genutzten Flächen grundsätzlich nur sehr restriktiv bewilligt werden. Flächenbezogene
Direktzahlungen des ökologischen Leistungsnachweises (ÖLN) für Landwirtschaftsflächen, die für solche Veranstaltungen genutzt werden, sind fragwürdig.
Summary
Soil damage by tractor pulling
Between 2002 and 2006, tractor pulling events were carried out once a year on a deep
luvisol on arable cropland in Niederbipp (BE). Since severe mechanical stress was
supposed particularly within the track area, the authorization of the event was subject
to conditions stipulated by the cantonal soil protection service with the aim of guaranteeing a minimum protection of the soil from lasting damage to its structure (compaction). The organizers of the tractor pulling event repeatedly questioned or even ignored these conditions. As a consequence to particularly serious non-compliance in
2004, soil physical analyses were carried out on the event grounds to record and evaluate the extent of soil damage on the basis of reproducible measurements. The analyses showed that compliance with the stipulated conditions could prevent severe damage to the soil structure in the subsoil of the track area, justifying the imposed conditions. The study further suggests that conditions aiming at the protection of the areas
surrounding the track area and compromised by the logistics of the event, should also
be stipulated. Considering the damage potential associated with recreational events on
arable soils, such events should in general be authorized only under severe restrictions. The soil damage observed in the particular case of tractor pulling furthermore
raises the question whether area-related proof of ecological performance payments are
justified for agricultural areas where such events are held.
Key words: tractor pulling, soil structure, soil compaction, soil compression, air permeability, soil protection sanctions, soil fertility.
Riassunto
Sollecitazioni del suolo dovute al «tractor pulling»
A Niederbipp (BE) si è tenuto, dal 2002 al 2006, su un terreno bruno lisciviato e profondo utilizzato per colture di campi colture, un concorso annuale di «tractor pulling».
Il servizio cantonale per la protezione del suolo, supponendo che queste gare creassero importanti sollecitazioni meccaniche soprattutto nella zona della pista di trazione,
ha definito le condizioni da rispettare per ottenere l’autorizzazione per questo tipo di
manifestazioni con lo scopo di proteggere il suolo da danni durevoli alla sua struttura
(compattazione). Tali condizioni sono state, a più riprese, rimesse in discussione o, addirittura, ignorate dagli organizzatori. In seguito alle gravi negligenze constatate nel
2004, sono state condotte analisi fisiche del suolo in modo da poter quantificare i
danni. Queste analisi hanno dimostrato che le condizioni imposte sono giustificate per
evitare seri danni strutturali a livello del sottosuolo nella zona della pista di trazione.
Di conseguenza anche le zone adiacenti dovrebbero essere protette poiché subiscono
gli effetti di tutta logistica correlata ad un evento del genere. Considerati i potenziali
danni che questo tipo di manifestazioni comporta esse dovrebbero essere autorizzate
soltanto in maniera molto restrittiva. Nel caso dei concorsi di «tractor pulling», i danni
al suolo constatati rimettono in discussione anche la decisione dei pagamenti diretti legati alle prestazioni ecologiche richieste (PER) per le superfici in questione.

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