Bodenbeeinträchtigung durch Tractor Pulling
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Bodenbeeinträchtigung durch Tractor Pulling
Office de l’agriculture et de la nature du canton de Berne Directeur: Willi Gerber • www.vol.be.ch Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Directeur: Paul Steffen • www.art.admin.ch Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra Atteintes au sol dues au «tracteur pulling» L. RAMSEIER, A. CHERVET et W. G. STURNY, Office de l’agriculture et de la nature du canton de Berne, Rütti, 3052 Zollikofen P. WEISSKOPF et M. SOMMER, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich @ E-mail: [email protected] Tél. (+41) 31 91 05 332. Résumé De 2002 à 2006, un concours de «tracteur pulling»1 a eu lieu chaque année à Niederbipp (BE), sur un sol brun lessivé profond, exploité en grandes cultures. Craignant d’importantes sollicitations mécaniques, surtout dans la zone de la piste de traction, le Service cantonal de la protection des sols a défini les conditions à respecter pour autoriser ce genre de manifestation, afin de protéger le sol contre des dommages durables causés à la structure (compactage). Ces conditions ont été remises en question, voire ignorées par les organisateurs à plusieurs reprises. A la suite de graves négligences constatées en 2004, des examens physiques du sol ont été conduits pour quantifier les dégâts par des mesures objectives. Ces analyses ont démontré que les conditions imposées ont permis d’éviter des dégâts de structure au niveau du sous-sol dans la zone de la piste de traction. En conséquence, les zones avoisinantes devraient aussi être protégées car elles subissent les effets de toute la logistique accompagnant un tel événement. En raison des risques d’atteinte aux sols, ces manifestations ne devraient être autorisées que de manière restrictive. Dans le cas des concours de traction, les dommages constatés au sol remettent aussi en question la justification des paiements directs liés aux prestations écologiques requises (PER) sur les surfaces concernées. «Tracteur pulling» et bonnes pratiques agricoles La transmission optimale des forces de traction sur le sol lors des travaux usuels d’exploitation des terres agricoles et des forêts est une préoccupation importante en matière de protection des sols. C’est un aspect des «bonnes pratiques agricoles» que le Service de la protection des sols du canton de Berne a inclus dans sa stratégie de communication à l’intention du public concerné. En 2000, une autorisation avait été accordée pour le premier concours de «tracteur pulling» de Suisse, à ZimmerRevue suisse Agric. 41 (5): 271-276, 2009 wald (BE), moyennant quatre conditions à respecter: poids maximum des tracteurs de 8 t (11 t depuis 2003), pression de gonflage ne dépassant pas 0,8 kg/cm2, zone de la piste exploitée en prairie (réalisé à Niederbipp depuis 2003), piste couverte avant la manifestation en cas de pluie. Les contrôles tensiométriques dans les sols ont été réalisés selon les principes valables dans les travaux de génie civil. Sur le site de Fichtenhof, à Niederbipp, la somme des précipitations annuelles atteint en moyenne 850 à 900 mm. Le sol est brun lessivé profond, avec une teneur en argile de 20% et 2,6% de matière organique dans la couche supérieure. La granulométrie est celle d’un limon sableux. Le problème des tracteurs de la catégorie «libre» Sur le site de Fichtenhof décrit précédemment, le premier concours de «tracteur pulling» a été organisé en 2002. L’importance de la manifestation a augmenté d’année en année, culminant en 2004 avec l’organisation simultanée du championnat de la Tractor-TracOrganisation allemande (DTTO), qui se déroulait hors de ses frontières pour la première fois. A cette occasion, la catégorie «libre» a été introduite, avec des «tracteurs» atteignant une puissance de 10 000 chevaux (fig.1). Ces véhicules ne dépassaient certes pas le poids maximal fixé, mais ils n’avaient rien de commun avec les «bonnes pratiques agricoles» et le nouveau spectacle passait avant les principes de protection du sol. L’introduction de cette nouvelle catégorie a posé de nouveaux problèmes pour la protection des sols: les tracteurs de la catégorie «libre» étaient généralement amenés sur des semi-remorques; comme l’assistance technique pour ces tracteurs devait être proche de la piste, les trains routiers qui les avaient transportés, avec atelier 1Le «tractor pulling» (litt.: épreuve de traction pour tracteurs) est une compétition requérant de l’adresse, le but consistant à réaliser, pour un tracteur de poids donné, l’effort de traction le plus élevé possible. Au cours de l’épreuve, la résistance de la remorque spéciale attelée au tracteur est augmentée par un freinage progressif. En tirant parti d’une répartition des masses bien adaptée, de bons pneumatiques, d’une pression de gonflage optimale et d’une technique de conduite astucieuse, le concurrent cherche à maîtriser le plus longtemps possible l’effort de traction croissant. 271 Fig. 2. Site de la cantine après la manifestation (photo: L. Ramseier, Service de la protection des sols du canton de Berne, 8.5.2002). Fig. 1. «Tracteur» de la catégorie «libre» (photo: L. Ramseier, Service de la protection des sols du canton de Berne, 15.5.2004). embarqué, devaient nécessairement stationner sur une surface agricole; l’attraction créée par ces «tracteurs» a fait augmenter significativement le nombre de spectateurs et par conséquent le nombre de places de stationnement mises à disposition sur les terrains agricoles. Par ailleurs, il s’est avéré que les tracteurs de la catégorie «libre» arrivaient en fin de parcours à une vitesse bien plus élevée que celle des autres catégories et avec un taux de patinage des roues motrices plus important. De plus, l’effet des crampons de pneumatiques spéciaux pouvait faire craindre des dégâts de la structure du sol (destruction des agrégats et obstruction des macropores). Enfin, un sol ressuyé, tel que souhaité pour la catégorie «standard», ne correspondait pas aux conditions idéales exigées par la catégorie «libre», soit un sol plus argileux et humide. Analyses physiques du sol La couverture préalable de la piste de «tracteur pulling» – une des conditions prescrites – n’a été réalisée que partiellement en 2004. Le 14 mai, le sous-sol était pourtant déjà humide au vu des 60 hectopascals mesurés. Pour obtenir un sol plus adhérent, comme l’exige la DTTO, les organisateurs ont arrosé la piste sans autorisation. Comme la stabilité d’un sol diminue quand sa teneur en eau augmente, le Service de la protection des sols était convaincu que la structure du sol avait été endommagée par la manifestation. En 2006, à la suite de la manifestation de «tracteur pulling», des investigations sur les paramètres physiques du sol dans la zone de la piste de compétition ont été déclenchées par le Service cantonal bernois de la protection des sols en collaboration avec Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. Des échantillons de sol ont également été prélevés le 23 mai 2006 dans la zone de stationnement des tracteurs, dans le périmètre de la cantine et, pour avoir une référence, dans une terre exploitée normalement. La zone de la cantine (fig. 2) a fait l’objet d’une attention particulière, car il s’agissait d’étudier l’impact des 12 Piste 12-15 cm Macroporosité [% vol.] 10 Piste 37-40 cm Stationnement tracteurs 12-15 cm 8 Valeur indicative Stationnement tracteurs 37-40 cm 6 Cantine 12-15 cm Seuil d'investigation 4 Cantine 37-40 cm Compactage croissant Référence 12-15 cm 2 Référence 37-40 cm 0 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 Porosité totale [% vol.] Fig. 3. Porosité totale et macroporosité (avec la médiane et les quartiles) mesurées dans quatre zones du périmètre de la manifestation de «tracteur pulling» de Niederbipp, correspondant à des sols soumis à différentes contraintes mécaniques. 272 30 Perméabilité à l'air [ µm2 ] Seuil d'investigation Valeur indicative Piste 12-15 cm 25 Piste 37-40 cm 20 Stationnement tracteurs 12-15 cm Stationnement tracteurs 37-40 cm 15 Cantine 12-15 cm 10 Cantine 37-40 cm Référence 12-15 cm 5 Compactage croissant Référence 37-40 cm 0 0 2 4 6 8 10 12 Macroporosité [% vol.] Fig. 4. Macroporosité et perméabilité à l’air (avec médiane et quartiles) mesurées dans quatre zones du périmètre de la manifestation de «tracteur pulling» de Niederbipp, correspondant à des sols soumis à différentes contraintes mécaniques. Ressuyage à 60 hectopascals. véhicules de livraison ayant circulé sur un sol humide quatre ans auparavant (2002). Des échantillons de sol non perturbé ont été prélevés au moyen de cylindres de 235 cm3 à 12-15 cm de profondeur (couche supérieure du sol) et à 37-40 cm (sous-sol), ceci dans quatre zones et en trois répétitions. Les échantillons contenus dans les cylindres ont été soumis aux mesures physiques suivantes: – structure du sol: densité apparente (masse de la substance solide par rapport au volume de l’échantillon), porosité totale, macroporosité, perméabilité à l’air (selon van der Veer, 2005); – stabilité de la structure: perte de porosité (diminution du volume des pores après un tassement du sol durant trente minutes avec une pression de 100 kilopascals, selon van der Veer, 2005). En dehors de la zone de la piste de traction, les mesures de la porosité totale atteignaient des valeurs normales de 45 à 49% dans la couche supérieure du sol, et des valeurs relativement correctes de 42 à 44% dans le sous-sol (fig. 3). Dans la couche supérieure du sol, la macroporosité était proche de la valeur indicative de 7% proposée par la Société suisse de pédologie (Häusler et Buchter, 2004), voire inférieure. Une macroporosité inférieure à cette valeur Revue suisse Agric. 41 (5): 271-276, 2009 de 7% indique que la structure du sol a été altérée (fig. 3); toutefois, les valeurs étaient également faibles dans la surface agricole de référence, exploitée normalement, ce qui montre que toutes les surfaces examinées étaient légèrement affectées. Au niveau du sous-sol, les mesures de macroporosité atteignaient 9%, ce qui est relativement élevé et dénote un bon état structural, quasiment intact, contrairement à la couche supérieure du sol. Les échantillons prélevés dans le périmètre de la cantine ont révélé une porosité totale d’à peine 6%, indiquant une structure endommagée jusqu’au niveau du sous-sol (la valeur indicative de la porosité totale est également de 7%). Réduction de la perméabilité du sol à l’air Outre la macroporosité, la perméabilité à l’air est aussi un indicateur de l’état structural de la couche supérieure du sol. La perméabilité à l’air était inférieure à 3 µm2, soit «très faible», dans les trois zones critiques. Mais ces valeurs étaient également basses dans la surface de référence – quoique significativement supérieures (fig. 4). Dans le sous-sol, la perméabilité à l’air était «bonne» (14 µm2) dans la surface de référence, mais «médiocre» dans les surfaces malmenées (fig. 4). Toutefois, la forte variabilité des résultats dans les quatre zones examinées ne permet pas de les distinguer valablement les unes des autres. La manifestation de «tracteur pulling» de Niederbipp, placée sur un sol déjà affecté dans sa structure, a entraîné des dommages supplémentaires sur la continuité du système poreux du sol. Les surfaces fortement sollicitées par la compétition et les activités annexes présentaient des valeurs de perméabilité à l’air (et probablement aussi de perméabilité à l’eau) proches de zéro, indiquant des échanges gazeux entravés dans le profil. Globalement, la manifestation de Niederbipp a fortement endommagé la structure du sol dans la couche supérieure, tandis que le sous-sol – excepté dans la zone de la cantine – a été très peu touché. Tests de pression Les tests de pression à 100 kilopascals sur les échantillons de sol prélevés dans la couche supérieure de la zone de la cantine et de la zone agricole de référence ont indiqué des valeurs correspondant aussi bien à des tassements plus faibles ou plus forts que dans les zones de la piste de traction et de stationnement des tracteurs; pourtant, ces 273 Densité apparente [g/cm3 ] 1,3 1,4 1,4 1,5 1,5 1,6 1,6 0,00 Piste 12-15 cm Piste 37-40 cm Mise sous pression [mm] 0,01 Compactage croissant 0,02 Stationnement tracteurs 12-15 cm Stationnement tracteurs 37-40 cm Cantine 12-15 cm 0,03 Cantine 37-40 cm Référence 12-15 cm 0,04 Référence 37-40 cm 0,05 Fig. 5. Effet de la mise sous pression sur la densité apparente du sol (avec médiane et quartiles). Echantillons provenant de quatre zones du périmètre de la manifestation de «tracteur pulling» de Niederbipp correspondant à des sols soumis à différentes contraintes mécaniques. Pression de 100 kilopascals, sol ressuyé à 60 hectopascals. dernières avaient subi les compactages les plus importants (fig. 5). De faibles tassements ont été constatés au niveau du sous-sol dans les quatre zones contrôlées, analogues à ceux mesurés dans la couche supérieure du sol des zones de la piste et de stationnement des tracteurs. En d’autres termes, les échantillons provenant du sous-sol se caractérisaient généralement par une structure naturelle plus stable que celle des échantillons provenant de la couche supérieure du sol. Couche supérieure du sol endommagée dans la zone de la piste de traction Les résultats des analyses physiques du sol ne doivent pas être considérés en prenant les paramètres individuellement, mais également dans leurs interactions entre eux. Pour les quatre zones étudiées, cette double appréciation mène aux conclusions suivantes (fig. 6): ● La couche supérieure du sol dans la zone de la cantine semble avoir été relativement peu endommagée. Ce constat se fonde sur la faible diminution de la macroporosité, avec cependant une forte baisse de la perméabilité à l’air. 274 ● En revanche, la zone de la piste de traction a subi des dommages importants au niveau de la couche supérieure du sol. Les nombreux passages d’engins et le patinage des roues motrices ainsi que les travaux d’entretien et de nivellement de la piste en conditions de sols trop humides ont sensiblement endommagé la structure. Cela se traduit notamment par une faible perméabilité à l’air ainsi qu’une macroporosité réduite. ● La zone de stationnement des tracteurs a été peu affectée, tant au niveau de la couche supérieure du sol qu’au niveau du sous-sol. Ce constat se fonde sur la comparaison de la macroporosité avec celle de la zone de référence sous prairie permanente. Cependant, les valeurs de la perméabilité à l’air sont visiblement plus faibles. ● Dans la zone de la piste de traction, l’hypothèse d’un fort endommagement de la structure dû au tassement n’a pas été confirmée par les mesures effectuées (fig. 6), malgré l’humidité du sol et l’arrosage supplémentaire non autorisé (tension de 60 hectopascals le jour des épreuves). L’arrosage n’a probablement humidifié que la couche supérieure du sol sans atteindre le sous-sol, en raison de la perméabilité fortement perturbée de ce sol. ● Dans les quatre zones contrôlées, seuls de relativement faibles tassements ont été mesurés au niveau du sous-sol malgré les charges subies. Leur stabilité naturelle est certainement élevée dans cette couche. ● Les paramètres structuraux du soussol dans la zone de la piste de traction ne se différenciaient guère de ceux de la zone de référence. Toutefois, la diminution de la perméabilité à l’air fait supposer une légère altération de la continuité des réseaux poreux. Il est malgré tout surprenant que, dans l’ensemble, le sous-sol dans la zone de la piste n’ait pratiquement pas été affecté. L’ensemencement de la piste, à partir de 2003, a vraisemblablement eu un effet favorable sur la structure du sol. Sous-sol endommagé dans la zone de la cantine Les constatations plutôt réjouissantes décrites plus haut ne s’appliquent pas au sous-sol dans la zone de la cantine. Etat structural à 12-15 cm Valeurs relatives pour chaque paramètre Densité apparente [g/cm3] 115 95 75 55 35 15 Perméabilité à l'air [ µm2] Porosité totale [% vol.] -5 Macroporosité [% vol.] Piste Stationnement tracteurs Cantine Référence Etat structural à 37-40 cm Valeurs relatives pour chaque paramètre Densité apparente [g/cm3] 115 95 75 55 35 15 Perméabilité à l'air [ µm2] Porosité totale [% vol.] -5 Macroporosité [% vol.] Piste Stationnement tracteurs Cantine Référence Fig. 6. Etat structural dans la couche supérieure du sol (en haut) et dans le sous-sol (en bas) exprimé en valeur relative du paramètre considéré; la plus petite valeur absolue correspond à 0% (origine du diagramme), la plus grande valeur absolue correspond à 100%. Pour la densité apparente, les valeurs sont inversées. Ainsi, plus les valeurs sont proches de la périphérie du diagramme, plus elles sont favorables en termes d’aptitudes culturales du sol. Les mesures de porosité faites après la manifestation se sont révélées inférieures aux valeurs indicatives proposées par Häusler et Buchter (2004). De même, les mesures de perméabilité à l’air dans ce sous-sol sont les plus basses. Les Revue suisse Agric. 41 (5): 271-276, 2009 transports de matériel et de subsistance ont endommagé la structure du sol. Il est évident que des poids lourds, équipés de pneumatiques conçus pour la route, ne devraient pas circuler sur un sol non consolidé. Recommandations supplémentaires Les pressions verticales endommagent moins la couche supérieure du sol que le patinage très élevé des roues motrices, lors de la traction de la remorque au freinage progressif, et les travaux d’entretien répétés de la piste (hersage et nivellement). Un ressemis d’herbe immédiatement après la manifestation et une exploitation soignée de cette prairie jusqu’à la manifestation suivante permettent d’accélérer la régénération de la structure du sol dans la couche supérieure. Pour transformer le mieux possible la puissance du moteur en effort de traction au sol, les engins utilisés dans le «tracteur pulling» sont équipés de pneumatiques surdimensionnés. Cela explique les faibles tassements au niveau du sous-sol, malgré le poids des engins et des valeurs tensiométriques dans le sol relativement faibles pendant le concours (60 hectopascals le 14 mai 2004). Si ce même sous-sol, en conditions très humides, subissait les contraintes de véhicules équipés de pneumatiques inadaptés, la structure en souffrirait certainement. Toutefois, une régénération de la structure du sous-sol n’est pas possible à courte échéance, contrairement au niveau de la couche supérieure du sol. Dans la zone de stationnement des tracteurs, la couche supérieure et le sous-sol n’ont pratiquement pas été affectés. Globalement, les trois principes édictés par le Service de la protection des sols pour maintenir la qualité des terres agricoles sont suffisants: 1. la piste de traction et, si possible, la zone de stationnement des tracteurs doivent être sorties de la rotation des cultures et exploitées en prairie de manière continue; 2. la piste doit être couverte de manière adéquate avant la manifestation; 3. pour la zone de la cantine et les autres espaces utilisés dans le cadre de la manifestation, les éventuelles mesures supplémentaires de protection doivent être définies sur la base des indications de la carte des sols. Des dommages considérables, tels que ceux constatés sur la piste de traction, peuvent aussi survenir sur des zones du périmètre qui n’ont pas fait l’objet de recommandations. Par conséquent, six recommandations supplémentaires, en 275 relation avec la protection du sol dans le cadre de manifestations de plein air, sont à discuter: 4. le sol des sites destinés aux cantines et autres installations temporaires doit être évalué précisément sur le plan pédologique; 5. la circulation de poids lourds et autres véhicules non agricoles sur des surfaces cultivées est à éviter; 6. la période de validité des prescriptions en relation avec le montage et le démontage des infrastructures doit être étendue; 7. dans la mesure du possible, toutes les activités en relation avec les épreuves de traction, soit les préparatifs au départ (contrôles de qualité) et le parcage des tracteurs, doivent être situées sur des routes ou sur des places en dur; 8. pour les véhicules privés, un concept de circulation doit être exigé, tenant compte, selon la proximité d’une agglomération, des possibilités de stationnement sur des surfaces en dur; 9. le droit aux paiements directs découlant des PER pour les surfaces utilisées dans le cadre de telles manifestations est à vérifier. Les concours de «tracteur pulling» attirent un public nombreux et nécessitent une logistique lourde et des infrastructures importantes. Une autorisation officielle est requise et les prescriptions en termes de protection du sol ainsi que les mesures prévues dans l’aide-mémoire «Protection des sols et des eaux Manifestations en plein air» doivent être appliquées. Ce n’est qu’en appliquant ces principes que la fertilité du sol peut être maintenue dans l’ensemble du périmètre concerné. Bibliographie Häusler S. & Buchter B., 2004. Definition und Erfassung von Bodenschadverdichtungen. Teil 2: Vorschläge für Richt- und Prüfwerte zur Definition von Bodenschadverdichtungen. BGS Dokument 13, Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale Zollikofen, 17-35. «Protection des sols et des eaux - Manifestations en plein air», 2004. Aide-mémoire publié par les cantons AG, AI, BE, BL, FR, GE, GR, JU, LU, NE, SG, SO, SZ, TG, UR, VD, VS, ZG, ZH, la Principauté de Liechtenstein ainsi que la section Sol et biologie générale de l’OFEFP. van der Veer S., 2005. Bodenverdichtung bei Zuckerrübenernte - die zwei Hauptverfahren im Vergleich. Diplomarbeit SHL, Fachrichtung Pflanzenproduktion, Zollikofen, 103. 276 Zusammenfassung Bodenbeeinträchtigungen durch Tractor Pulling Auf einer ackerbaulich genutzten, tiefgründigen Parabraunerde wurde in Niederbipp, Kanton Bern, in den Jahren 2002 bis 2006 jährlich eine Tractor-Pulling-Veranstaltung durchgeführt. Da zu befürchten war, dass der Boden insbesondere im Pistenbereich starken mechanischen Belastungen ausgesetzt sein wird, arbeitete die kantonale Bodenschutzfachstelle Auflagen für das Bewilligungsverfahren aus, um einen minimalen Schutz des Bodens vor anhaltenden Gefügeschäden (Verdichtungen) sicherzustellen. Die Organisatoren der Veranstaltung stellten diese Auflagen immer wieder in Frage oder ignorierten sie gar. Besonders gravierende Missachtungen im Jahr 2004 zogen bodenphysikalische Untersuchungen nach sich, um das Ausmass der Bodenbeeinträchtigungen zu beurteilen. Die Untersuchungen lassen den Schluss zu, dass die Auflagen im Pistenbereich gerechtfertigt sind, da sie dort helfen, gravierende Gefügebeeinträchtigungen im Unterboden zu vermeiden. Es stellte sich aber auch heraus, dass für die ausserhalb des Pistenbereichs liegenden, durch die Veranstaltungslogistik beanspruchten Flächen Auflagen zum Schutz des Bodens ausgearbeitet werden sollten. Angesichts ihres Schädigungspotentials sollten Freizeitveranstaltungen auf landwirtschaftlich genutzten Flächen grundsätzlich nur sehr restriktiv bewilligt werden. Flächenbezogene Direktzahlungen des ökologischen Leistungsnachweises (ÖLN) für Landwirtschaftsflächen, die für solche Veranstaltungen genutzt werden, sind fragwürdig. Summary Soil damage by tractor pulling Between 2002 and 2006, tractor pulling events were carried out once a year on a deep luvisol on arable cropland in Niederbipp (BE). Since severe mechanical stress was supposed particularly within the track area, the authorization of the event was subject to conditions stipulated by the cantonal soil protection service with the aim of guaranteeing a minimum protection of the soil from lasting damage to its structure (compaction). The organizers of the tractor pulling event repeatedly questioned or even ignored these conditions. As a consequence to particularly serious non-compliance in 2004, soil physical analyses were carried out on the event grounds to record and evaluate the extent of soil damage on the basis of reproducible measurements. The analyses showed that compliance with the stipulated conditions could prevent severe damage to the soil structure in the subsoil of the track area, justifying the imposed conditions. The study further suggests that conditions aiming at the protection of the areas surrounding the track area and compromised by the logistics of the event, should also be stipulated. Considering the damage potential associated with recreational events on arable soils, such events should in general be authorized only under severe restrictions. The soil damage observed in the particular case of tractor pulling furthermore raises the question whether area-related proof of ecological performance payments are justified for agricultural areas where such events are held. Key words: tractor pulling, soil structure, soil compaction, soil compression, air permeability, soil protection sanctions, soil fertility. Riassunto Sollecitazioni del suolo dovute al «tractor pulling» A Niederbipp (BE) si è tenuto, dal 2002 al 2006, su un terreno bruno lisciviato e profondo utilizzato per colture di campi colture, un concorso annuale di «tractor pulling». Il servizio cantonale per la protezione del suolo, supponendo che queste gare creassero importanti sollecitazioni meccaniche soprattutto nella zona della pista di trazione, ha definito le condizioni da rispettare per ottenere l’autorizzazione per questo tipo di manifestazioni con lo scopo di proteggere il suolo da danni durevoli alla sua struttura (compattazione). Tali condizioni sono state, a più riprese, rimesse in discussione o, addirittura, ignorate dagli organizzatori. In seguito alle gravi negligenze constatate nel 2004, sono state condotte analisi fisiche del suolo in modo da poter quantificare i danni. Queste analisi hanno dimostrato che le condizioni imposte sono giustificate per evitare seri danni strutturali a livello del sottosuolo nella zona della pista di trazione. Di conseguenza anche le zone adiacenti dovrebbero essere protette poiché subiscono gli effetti di tutta logistica correlata ad un evento del genere. Considerati i potenziali danni che questo tipo di manifestazioni comporta esse dovrebbero essere autorizzate soltanto in maniera molto restrittiva. Nel caso dei concorsi di «tractor pulling», i danni al suolo constatati rimettono in discussione anche la decisione dei pagamenti diretti legati alle prestazioni ecologiche richieste (PER) per le superfici in questione.