Article d`opinion de Steve Carlisle dans le Globe and Mail Nous

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Article d`opinion de Steve Carlisle dans le Globe and Mail Nous
Le 26 avril 2016
Article d'opinion de Steve Carlisle dans le Globe and Mail
Nous avons troqué autrefois les chariots contre des voitures : nous
devons maintenant embrasser la prochaine perturbation.
Steve Carlisle, président et directeur général de General Motors
Canada, préside le comité sur les technologies de pointe du Conseil
du partenariat pour le secteur canadien de l'automobile.
L'industrie automobile se trouve à un tournant, alors qu'elle s'apprête à subir une
transformation aussi marquante et aussi profonde que celle vécue il y a plus d'un
siècle, au moment où la voiture a supplanté le boghei. Qu'est-ce que cela signifie
pour le Canada?
La transition des chevaux à la voiture s'est échelonnée sur une période de 50 ans.
Cette transformation a représenté de grands défis en matière de sécurité,
d'environnement et d'économie, comme c'est le cas aujourd'hui.
Il y a un siècle, le principal moyen de transport en ville était les chariots tirés par
des chevaux et les grands « omnibus », comme on les appelait à l'époque.
Les premières automobiles ont fait leur apparition en petit nombre au tournant du
siècle et coûtaient environ 850 $. Un bon boghei coûtait pour sa part environ 50 $,
notamment ceux que fabriquait la McLaughlin Carriage Co., qui est devenue par la
suite General Motors du Canada.
Les embouteillages et les accidents devinrent des problèmes récurrents sur les
routes de l'Amérique du Nord alors qu'il s'y amassait plus de 20 millions de
chevaux. À New York, en 1900, environ 200 personnes ont trouvé la mort dans des
accidents impliquant des véhicules tirés par des chevaux, un nombre similaire aux
242 décès causés par les véhicules que comptait la ville en 2015.
Cependant, à l'époque, les dirigeants de la ville se préoccupaient surtout d'un autre
problème. Un cheval moyen consomme annuellement environ cinq acres de foin et
de céréales, ce qui était une bonne chose pour l'économie rurale.
Cependant, le même cheval produit une grande quantité de fumier et attire de
nombreuses mouches, ce qui pose problème dans un contexte urbain. Un
prévisionniste avait estimé qu'au rythme où les choses allaient, le niveau des
excréments de chevaux atteindrait la hauteur d'un immeuble de trois étages de
Manhattan dès 1930.
La nécessité étant la mère de l'invention, la technologie de l'automobile s'est
rapidement développée, et les voitures ont remplacé les chevaux sur les routes de
la ville dans les années 1920, déclenchant un boom économique à l'échelle
nationale, mais entraînant également de nouveaux défis en matière d'infrastructure
routière. Nous faisons aujourd'hui face à des défis et à des possibilités similaires et
tout aussi importants, les excréments en moins.
Le 26 avril 2016
Aucune transformation de cette ampleur ne peut survenir sans innovation, travail
acharné, changement important ni perturbation de la norme, et les changements
auxquels nous sommes confrontés ne feront pas exception. Chez General Motors,
nous pensons que l'avenir de l'automobile sera très éloigné de la réalité
d'aujourd'hui. Les véhicules seront électriques, connectés, autonomes et partagés.
Notre présidente et directrice générale, Mary Barra, s'est engagée à réformer notre
modèle d'affaires et à transposer notre relation avec les clients au-delà de la
voiture.
Cette métamorphose est déjà à nos portes, et elle engendre des répercussions
importantes sur les consommateurs, l'environnement, la sécurité routière, les
infrastructures et l'économie globale. Et elle s'opère à toute vitesse : expansion des
essais routiers de nouvelles voitures autonomes qui réduiront de façon
spectaculaire le nombre d'accidents routiers, lancement de nouveaux véhicules
électriques de grande autonomie et nouvelles approches en matière de
déplacements au coeur de nos villes surpeuplées à l'aide des téléphones intelligents
et de nouvelles solutions.
En tant que directeur de Woodstock, en Ontario, il est de mon devoir d'embrasser
cette mutation et de la promouvoir ici même au Canada. GM s'est récemment vu
confier un nouveau mandat palpitant. Notre centre de conception technique à
Oshawa doit développer les technologies du véhicule connecté et autonome. Nous
recrutons des ingénieurs en logiciel et en régulation et nous nous consacrons à
trouver la manière dont nous pourrons construire au Canada un nouvel
« écosystème » de technologies autonomes qui engloberait les universités, les
fournisseurs de technologies et d'autres partenaires locaux afin de soutenir notre
travail à l'égard de ces grands projets.
Une fois de plus, nous sommes à un moment charnière où l'industrie automobile du
monde entier subit une transformation technologique. Quel rôle le Canada
pourra-t-il y jouer? Nous pouvons compter sur nos usines de montage de véhicules,
que nous travaillons d'arrache-pied à préserver, mais nous nous orientons
également vers les innovations et les nouvelles technologies et conceptions
techniques. Quel chemin prendre pour vivre cette transformation le mieux possible,
en Ontario et partout au Canada?
L'année qui vient de s'écouler m'a convaincu que notre pays est en bonne position,
grâce à son riche passé dans les secteurs des télécommunications et de
l'informatique mobile, auquel s'ajoutent d'excellentes connaissances techniques,
des universités exceptionnelles et de jeunes entreprises novatrices. Nous devons
toutefois prendre les mesures adéquates pour veiller à la croissance et à la
commercialisation de la propriété intellectuelle au Canada et pour venir en aide aux
nouvelles entreprises d'ingénierie et de technologies. Nous devons entrevoir de
nouvelles approches qui cultivent l'innovation, comme le projet-pilote de l'Ontario
qui permet l'essai des véhicules autonomes. De plus, nous devons entretenir notre
terrain fertile de talents et bonifier notre propre écosystème en matière de
technologies et de conception automobile, afin de pouvoir puiser dans les nouvelles
Le 26 avril 2016
chaînes d'approvisionnements en matière d'automobile à l'échelle mondiale. Nous
pourrons ainsi créer de nouveaux emplois passionnants et contribuer à faire revenir
au pays une partie des 350 000 Canadiens qui travaillent à Silicon Valley.
Le récent budget fédéral du Canada faisait remarquer : « Alors que le secteur de
l'automobile mondiale évolue vers la production de véhicules plus propres et plus
branchés, le Canada a l'occasion de mettre ses forces à contribution dans des
domaines comme les matériaux légers et les technologies de l'information et des
communications pour la conception et la construction des voitures de l'avenir. »
Nous devons saisir cette occasion et transformer le secteur automobile du Canada
en le conduisant vers de nouvelles approches qui ne sont plus celles des cent
dernières années.
Le moment est venu pour nous de prendre les rênes. Les retombées pour le Canada
pourraient être énormes.
Steve
Steve Carlisle, président et directeur général de GM Canada