Mauvaise humeur La médecine au temps de Molière

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Mauvaise humeur La médecine au temps de Molière
Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège
Janvier 2010 /190
Mauvaise humeur
La médecine au temps de Molière
Molière au Théâtre, les Médecins à la ville : l'exposition en quatre actes, visible jusqu'au au 30 avril à la
Maison de la science, s'appuie sur le théâtre de ce génial auteur du XVIIe siècle pour décrire le corps
médical de l'époque. La légende prétend que Molière était hypocondriaque et que c'est pour exorciser
ses propres démons qu'il a mis tant de médecins en scène. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre, il a
toujours entretenu une relation particulière avec la profession. «Caricaturant, tournant en ridicule tant les
personnages qui la composent que ses dérives, il provoque une certaine désacralisation de la maladie
par le rire, technique encore utilisée de nos jours dans les hôpitaux par les clowns relationnels», relate la
directrice de la Maison de la science, Martine Jaminon.
L'exposition veut dans un premier temps confronter la vision de l'artiste avec la réalité de l'époque et, dans
un second temps, s'interroger sur son rôle de vulgarisateur. « Ce qui pose question, c'est que son œuvre
n'est guère le reflet des connaissances du temps », poursuit la directrice.
A l'époque de Molière prévaut la théorie des humeurs. « Le corps est constitué des quatre éléments
fondamentaux : l'air, le feu, l'eau et la terre. Tous possèdent quatre qualités (chaud ou froid, sec ou humide),
sont mutuellement antagoniques mais doivent coexister en équilibre pour qu'une personne soit en bonne
santé. Tout déséquilibre entraîne des sautes d'humeur et menace la santé du sujet », explique Martine
Jaminon. Cette théorie donne lieu à des pratiques médicales spécifiques telles que les saignées, les
clystères ou l'huridothérapie, c'est-à-dire l'utilisation de sangsues. « Il faut également rappeler qu'à l'époque
les travaux pratiques se résument à des études botaniques, les dissections ne pouvant être pratiquées que
sur des condamnés à mort. »
A travers un parcours résolument didactique fait de tableaux explicatifs, de costumes d'alors, d'instruments
médicaux, etc., l'exposition reviendra sur le statut particulier du médecin et de ses auxiliaires. « A l'époque,
le médecin ne soignait pas mais posait le diagnostic. Il était ensuite relayé par le chirurgien, simple
exécutant, la sage-femme ou encore l'apothicaire », précise la directrice. Des thèmes aussi passionnants
que les petites et grandes maladies des figures politiques du XVIIe siècle, le concept d'hôpital général, la
problématique d'hygiène et de salubrité du moment seront également abordés.
« Passionné par l'histoire de la médecine, le chirurgien cardiovasculaire Quentin Désiron possède une
impressionnante collection d'instruments médicaux et, à l'occasion de cette exposition, nous a prêté
quelques très belles pièces du siècle classique, divulgue Martine Jaminon. D'autres objets visibles sont
issus de la collection d'instruments de gynécologie-obstétrique de l'université de Liège confiée à la Maison
de la science par le Pr Jean-Marie Foidart. Et, cerise sur le gâteau, l'hôpital Notre-Dame à la Rose de
Lessines nous a prêté l'antidotaire original du chimiste cartésien Nicolas Lémery. » Au départ, cela ne
devait être qu'une petite exposition mais au fil du hasard, de rencontres fortuites et d'heureux concours de
circonstances, la collection s'est étoffée et nous offre aujourd'hui une riche description de ce que pouvait
être la médecine au temps de Molière.
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Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège
Martha Regueiro
Molière au Théâtre, les Médecins à la ville
Exposition, du 18 janvier au 30 avril.
Maison de la science, quai Van Beneden 22, 4000 Liège.
Contacts : renseignements et réservations,
tél. 04.366.50.04, courriel [email protected],
site www.maisondelascience.be
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