Santos-Dumont, dandy et génie de l`aéronautique

D.R.
histoire
Alberto Santos-Dumont, ses engins
étonnants, sa folle audace.
A
lberto Santos-Dumont naît à
Palmyra (aujourd’hui SantosDumont) en 1873. Il est le dernier fils
d’une fratrie de sept. Son père, Brésilien
d’origine française, est ingénieur et fait
rapidement fortune dans la plantation
de café. Très jeune, Alberto est fasciné
par les motrices à vapeur et la mécanique déployées dans la plantation
paternelle. Parallèlement, il découvre les
romans de Jules Verne et fabrique des
cerfs-volants. Après ses études à São
Paulo, il suit sa famille qui décide d’émigrer à Paris. Dès 1895, à bord de sa De
Dion, Santos-Dumont fait quelques
courses automobiles et découvre les
joies du sport, l’ivresse de la vitesse et le
goût du risque. Un an plus tard, il commande un ballon à deux ingénieurs spécialisés dans la fabrication d’aérostats.
Baptisé Brazil, le petit ballon connaît un
beau succès, et notre homme commande
une enveloppe d’aéronat à laquelle il
suspend une nacelle de bambou parée
d’un moteur à explosion de 3,5 chevaux.
Grâce à cette bombe volante, SantosDumont se promène au-dessus des rues
de Paris durant l’année 1899. Bien sûr et
très vite, ses excentricités et son audace
font parler de lui et la presse s’empare
du phénomène. Ce sont les deux premiers engins d’une longue série de
machines volantes équipées de moteur à
explosion. Ces aérostats sont testés à
Longchamp, à Bagatelle et à SaintCloud. Dès 1904, le Brésilien réalise des
prototypes d’aéroplanes qu’il essaie
malheureusement sans succès. Mais
deux ans plus tard il effectue le premier
vrai vol en Europe, au-dessus de l’herbe
et sur une distance de 60 mètres. Fort de
cet encouragement, Santos-Dumont
continue ses recherches et élabore
chaque année des prototypes différents.
Il imaginera, financera, supervisera et
testera lui-même 24 machines volantes
différentes.
Sa popularité auprès du public français
n’est déjà plus à faire, d’autant plus qu’il
offre gratuitement les plans à ceux qui
souhaitent construire ses machines.
Après la Première Guerre mondiale, il
reste en France encore une dizaine d’années, mais la perspective de voir évoluer
l’aviation à des seules fins militaires ne
le réjouit pas. Atteint de sclérose en
plaques, il rentre dans son pays natal et
se suicide le 23 juillet 1932.
juillet • août • septembre 2007
25
entre voisins
histoire
Santos-Dumont : ingénuosité et persévérance
Date
Nom
Données techniques
Exploits ou ratages
3
1898
Brazil
1898
Santos-Dumont n°1
1899
Santos-Dumont n°2
1899
Santos-Dumont n°3
1900
Santos-Dumont n°4
1901
Santos-Dumont n°5
1901
Santos-Dumont n°6
1902
Le Coursier n°7
1902
Santos-Dumont n°8
1903
La Baladeuse n°9
1904
L’Omnibus n°10
1905
1906
1906
Santos-Dumont n°11
Santos-Dumont n°12
Santos-Dumont n°13
1906
Santos-Dumont n°14
1906
L’Oiseau de proie n°14bis Biplan avec moteurs de 24 et 50 ch
1907
Santos-Dumont n°15
1907
Santos-Dumont n°16
1907
1907
Santos-Dumont n°17
Santos-Dumont n°18
1907
1909
Santos-Dumont n°19
Demoiselle n°20
1909
1909
Demoiselle n°21
Demoiselle n°22
entre voisins
26
Ballon sphérique de 118 m
gonflé à l’hydrogène
Dirigeable de 25 mètres de long
avec nacelle, hélice et moteur
Mêmes hélice, nacelle et moteur
que le n°1, mais le volume de gaz
est porté à 200 m3
Nouveau dessin d’enveloppe,
plus trapue et plus courte, ajout
d’un longeron de bambou faisant
office de raidisseur. Toile plus épaisse
Long cigare de 29 mètres de long
propulsé par un moteur équilibré de 7 ch
Nouveau moteur de 12 ch, plus léger,
nouvelle quille, les cordes sont
remplacées par des cordes à piano
Plus court et moins ventru que le 5,
mais plus volumineux
Dirigeable de 40 mètres de long
avec moteur de 50 ch
30 mètres de long mais
avec un moteur de 60 ch
Monoplace de 15 mètres, très léger,
économique avec un moteur de 3 ch
42 mètres de long. La nacelle est
suspendue par des cordes à piano
Planeur monoplan à flotteurs
Hélicoptère à deux hélices
Dirigeable presque circulaire de 20 mètres
de diamètre avec deux enveloppes
Fin et léger, le dirigeable ne pèse que 150 kg
Aéroplane biplan avec aile à l’avant
mais sans aileron et un moteur de 50 ch
Corps d’aéroplane sur lequel un ballon
se substitue à l’aile. Moteur de 50 ch
Projet de biplan de 10 mètres de long
Hydroaéroplane à 3 flotteurs avec moteur
et voilure
Prototype de la Demoiselle qui va suivre
Monoplan de 8 mètres de long très léger
Même monoplan que le n°20
Même monoplan que les précédents mais
avec un nouveau moteur refroidi par eau
juillet • août • septembre 2007
Nombreux survols de Paris
et de l’Île-de-France
Première sortie ratée.
L’enveloppe se déchire sur les arbres du
Parc d’acclimatation. Parfaite envolée
pour la deuxième sortie à 300 mètres de haut
Alourdi par la pluie, le ballon peine à s’élever
et se plie en deux dans les arbres
Envolée superbe. Le n°3 dépasse tous les
exploits déjà réalisés en matière de vol
Premier vol réussi entre Saint-Cloud et Paris
Après quelques sorties fructueuses, le
gouvernail casse. Puis la machine se crashe
sur un marronnier. Réparée, elle essuie
un nouvel échec et s’écrase contre le mur
d’un hôtel du Trocadéro
Après plusieurs chutes, Santos-Dumont
gagne le Prix Deutsch avec cette machine
Au déploiement de la toile, on découvre
qu’elle a été lacérée. Le n°7 est abandonné
Achetée par M. Boyce à New York, la machine
est détruite lors de son premier vol
Totale réussite pour cette machine
docile et manœuvrante
Le premier essai en vol libre tourne
à la catastrophe, la machine est délaissée
Le projet ne sera jamais exécuté
Le vent déchire les enveloppes
avant les premiers essais
Demi-nacelle portant à l’avant une hélice.
Plusieurs vols sans problèmes à Deauville
au-dessus de la mer
Malgré différentes avaries lors des premiers
essais, Santos-Dumont remporte avec cette
machine la Coupe Archdeacon et le Prix
de l’Aéro-Club de France
L’appareil se casse après deux essais
La machine est endommagée lors de son
premier vol
Jamais réalisé
Santos-Dumont coule avec la machine dans
la Seine et manque de se noyer
Le Brésilien se sert de cette machine comme
d’une automobile
Commercialisé à 7 500 francs
C’est sur cette machine que Santos-Dumont
effectue son dernier vol, chronométré
à 112,6 km/h