CONTER - Ville de Vannes
Transcription
CONTER - Ville de Vannes
laissez-vous conter vannes Laissez-vous CONTER Ménimur Vannes e et son patrimoin du XXe siècle Pour vous rendre la ville plus passionnante M U énimur, carte d’identité n quartier qui a une histoire on associe symboliquement le quartier de ménimur avec la zup créée dans les années 1960. malgré les mutations urbaines bien réelles, il n’en demeure pas moins que ménimur conserve encore l’empreinte de son passé, légué par un manoir ancien. C’est où Ménimur ? Une zup, un quartier… la zup (zone à urbaniser en priorité) est délimitée au sud par l’axe routier rn 165 nantes-quimper, à l’est par l’ancienne route de pontivy (actuelle avenue du 4 août 1944), à l’ouest par la nouvelle route de pontivy. on peut étendre le quartier vers notre-dame de ménimur au sud et saint-guen à l’est. C’est quoi Ménimur ? Ménimur en breton signifie la « hauteur de la butte ». L es Trois Moulins – Saint-Guen Nord à l’ouest de l’avenue du 4 août 1944 Secteur principalement pavillonnaire. I mmeubles HLM de chaque côté de la rue des Korrigans (au nord, résidence Saint-Guen soit 30 logements/au sud, cité des Korrigans soit 72 logements). Au sud de la voie express : Plusieurs secteurs à Ménimur : Au nord de la voie express : Ménimur Nord à l’est de l’avenue du 4 août 1944 Cité HLM composée de : cité des Fleurs 1 (allée des Tulipes, des Pâquerettes, des Iris, des Lilas, Pivoines, des Camélias, des Glaïeuls) soit 797 logements, cité des Fleurs 2 (allée des Bégonias, des Géraniums) soit 484 logements, résidence de la Vigie (rue Matisse) soit 49 logements. Zone artisanale de Kerniol. P arc de Kérizac, square Emile Bernard, zone de loisirs de Kermesquel. 2 Le quartier prend naissance au sud avec la voie de chemin de fer et suit au nord-ouest la route de Pontivy. Dans cet espace prennent place alors trois fermes reliées entre elles par des chemins anciens : Saint-Guen, Kerquer, Kerlosquet et les « dépendances » (les terres) de celles situées au nord : Le Foso, Kerniol, Kerizac et Coet-Lagatte. partie centrale et est du grand logis actuel établi sur un parcellaire étendu que l’ouverture de la ligne de chemin de fer, en 1860, va sectionner, au sud. De ce bâtiment ne reste aujourd’hui que l’enveloppe. En 1922, le domaine est vendu à la communauté des Ursulines qui y transfère son établissement d’enseignement, dénommé aujourd’hui le lycée Notre-Dame de Ménimur. L’école est agrandie sur les plans dressés par Joseph Caubert de Cléry avec la création d’un pensionnat et d’une chapelle reliée au manoir. Depuis 1956, date de l’aile en retour de la dernière travée ouest du pensionnat, la communauté a successivement doté le lycée de nouveaux bâtiments scolaires sur les terres de la propriété et de la ferme de Kerlosquet, occasionnant sa disparition. Le Manoir de Ménimur Le manoir de Ménimur est sans conteste l’édifice le plus ancien du quartier qui nous soit parvenu. Il apparaît dans des textes du XVIe siècle, alors propriété des Cillart, importante famille bourgeoise de Vannes, et passe ensuite entre les mains des familles Le Gouvello, du Fresne, de Lescouët. Le manoir occupait sans doute la M énimur Sud situé à l’ouest de l’avenue Wilson P as d’immeubles HLM, exclusivement des maisons individuelles, Notre-Dame de-Ménimur. S aint-Guen Sud situé à l’est de l’avenue Wilson Cité de Strasbourg soit 17 logements sociaux. Square de la Bourdonnaye. Il était une fois Ménimur Il n’y a pas toujours eu des immeubles à Ménimur. Au contraire, avant les années 1960, c’était la campagne ! à partir du XVIe siècle, un grand manoir existe à Ménimur, plusieurs fermes dépendent de lui. Il existe encore aujourd’hui, c’est le lycée Notre-Dame-de-Ménimur. 3 U U ne ZUP à Ménimur ! n quartier témoin d’une urbanisation progressive Après la seconde guerre mondiale Les baraques avaient toujours un petit bout de terrain et le loyer était dérisoire, mais il n’y avait pas de salle de bains, ni de toilettes et le chauffage était un simple poêle à mazout ou à charbon » Constant le Roy, responsable du service municipal des logements de 1965 à 1975. entre 1831 et 1911, le nombre d’habitants de vannes passe de 10 395 à 23 748. cette croissance démographique n’est pas régulière et tient pour une large part au résultat d’un apport migratoire considérable. Jusqu’en 1930, la croissance vannetaise s’accompagne, au nord de la gare, d’un premier développement urbain le long des voies existantes (rue de Metz, route de Pontivy), avant celui plus important, engagé dans l’entre-deux-guerres, avec l’ouverture d’une série de lotissements (les lotissements Gy, Lahoulle et Lanco, Petit-l’Huillier, Picot du nom de leurs lotisseurs) sous l’effet de la législation menée en faveur du logement et de la proximité d’entreprises importantes situées au nord-est de la gare, comme l’usine la Boulonnaise, la scierie Lefèvre-Ducroquet ou encore la société Guyot Bois. Cette urbanisation relève, pour ces années 1920-1930, de l’habitat pavillonnaire aux programmes modestes où la recherche d’individualisation se manifeste dans la polychromie des matériaux et dans les détails décoratifs des habitations. 4 Après la seconde Guerre mondiale, la municipalité s’illustre par une politique volontariste en matière de logement social. L’afflux des réfugiés et des sinistrés en provenance des régions bombardées de Lorient et Saint-Nazaire ainsi que la résorption d’un habitat insalubre incitent la ville à prendre des mesures d’urgence. Dans le quartier Saint-Guen, on relève un certain nombre d’opérations. En 1953, les cités Saint-Guen puis des Korrigans, sur une initiative municipale, complètent l’opération de la caserne de la Bourdonnaye, rachetée par la ville en 1949 et transférée à l’Office public communal d’habitations à loyer modéré (OPCHLM), par l’édification de 9 immeubles destinés au relogement des plus démunis. En 1957, relevant de l’initiative privée, le lotissement Baticoop voit le jour avec 93 logements économiques et familiaux, entre la route de Pontivy et le chemin de Kersalé, au nord de la cité des Korrigans. A côté de ces réalisations, la construction de baraquements en bois après la guerre, puis en préfabriqué, à Saint-Guen et Poignant, permet le logement d’un grand nombre de familles. On manque de place ! Peu à peu, des petites maisons sont construites dans le quartier. Après la seconde guerre mondiale, il faut reloger les habitants qui ont perdu leur maison : ils habitent provisoirement dans des baraques, des maisons en bois très simples. « l’angoissante question du logement », c’est avec cette formule-choc que le journal ouest-france titre sa « une » le 16 novembre 1951. le logement est au cœur de toutes les préoccupations à vannes et dans la france entière. Trop de familles souffrent des conditions de vie que leur impose l’étroitesse ou l’insalubrité de leur demeure », Le Maire de Vannes, 1951 En 10 ans, 195 ZUP sont aménagées dans toute la France. Pourquoi une ZUP a vannes ? Vannes voit à la fin des années 1950 sa population augmenter de manière conséquente pour plusieurs raisons : l’exode rural, l’implantation de l’usine Michelin dans la zone du Prat en 1962, la création de la Cité Administrative et de l’hôpital psychiatrique de Saint-Avé. Malgré les mesures prises par la Ville entre 1949 et 1957 et la création du quartier planifié de Kercado, les besoins de la population vannetaise ne sont pas comblés. 11 août 1966 : création de la ZUP de Ménimur Un contexte national Après la Seconde Guerre Mondiale, la France doit faire face à un nombre de logements insuffisants au vu des nombreuses destructions et des besoins générés par l’exode rural, le babyboom et l’accueil de population immigrée. En 1958, pour pallier ces problèmes, le gouvernement décide de créer des ZUP, Zones à Urbaniser en Priorité. Ce nouveau dispositif permet aux communes de mieux planifier le développement urbain en regroupant les logements à construire de façon à limiter les dépenses d’équipements publics mais également de proposer une alternative moderne à un habitat devenu de plus en plus insalubre. Zut de ZUP ! Après la seconde guerre mondiale (1939-1945), la ville de Vannes manque de logements : beaucoup de maisons ont été détruites, il y a de plus en plus de naissances, les gens viennent vers la ville plutôt que de rester à la campagne, des personnes immigrées (venant d’autres pays) arrivent pour aider au travail, des usines comme Michelin s’installent. Pourquoi le choix du quartier de Ménimur ? L’impossibilité de poursuivre l’extension de Kercado en raison de l’augmentation des prix du foncier contraint la Ville à trouver un autre endroit. En 1963, la Mairie négocie l’achat de 56 hectares de terrain au nord de la voie ferrée et à l’ouest de la route de Pontivy. Par cet achat, elle ne tient pas compte de l’inconvénient majeur de la localisation de cette ZUP : les obstacles constitués par la voie ferrée et la voie express dont le tracé est décidé en même temps que la ZUP après d’ailleurs de nombreux atermoiements sur son emplacement précis. C’est quoi une ZUP ? Une Zone à urbaniser en Priorité… La mairie de Vannes décide de créer une ZUP à Ménimur : un grand territoire sur lequel on construit rapidement plein de logements pour accueillir le plus grand nombre d’habitants. 5 C oncevoir Ménimur : les réflexions les leçons de la création de kercado ont été tirées lorsque la marie se penche sur ménimur. la conception de la zup a donné lieu à de nombreuses réflexions. Donner une âme à la cité, La ZUP de Ménimur sera, non seulement une « cité », mais une vraie petite ville, ayant sa personnalité, rassemblée autour de sa grande place et de ses différents centres de vie. Un architecte en chef pour le quartier C’est à Henri Auffret, architecte en chef que revient la mission d’établir le plan de masse, c’est-à-dire le plan d’ensemble indiquant l’implantation des différents volumes de ce nouveau quartier. La place centrale est pensée comme l’élément structurant de la ZUP, là où les habitants se retrouvent, échangent, là où l’ensemble des services se concentrent. En somme, un véritable centre-ville. Les études preparatoires La municipalité et son secrétaire général, M. Collobert, très impliqué dans ce dossier, confient à une équipe interdisciplinaire les études préparatoires de l’aménagement des terrains. Il s’agit de l’ATU (Atelier d’études d’Aménagement et d’Urbanisme) mené par Pierre Dalloz qui décide notamment de restaurer la ferme de Kérizac. Plus je vieillis dans mon métier et plus je suis convaincu que les meilleures solutions sont les plus simples ; que l’on a peu de chance de se tromper en allant dans le sens…disons poétique. L’espace, le relief, les arbres, l’eau, qui donnent l’impression d’aisance et de luxe, voilà les plus sûrs matériaux de l’urbaniste (…) L’objet de la présente étude est de proposer une harmonieuse intégration de la zone à urbaniser de Ménimur dans le fonctionnement de l’actuelle et de la future agglomération vannetaise. Pierre Dalloz, Ménimur, Etude d’aménagement, 15 décembre 1963. 6 Voici la liste des équipements prévu par le projet Ménimur en 1966 : 2 091 logements répartis en 1 848 logements collectifs et 243 logements individuels, 2 centres commerciaux, une station service, une cité paroissiale, un foyer logements pour personnes âgées, un foyer logements pour jeunes travailleurs un équipement scolaire du premier degré comprenant 47 classes, un équipement scolaire du second degré (CES de 900 places), un équipement sportif comprenant un gymnase, des terrains de compétition, des terrains d’entraînement et 4 plateaux d’éducation physique, un équipement socio-éducatif (maison des jeunes), un équipement médico-social comprenant une crèche, un centre social halte-garderie, un foyer-restaurant, un centre de protection maternelle et infantile, un hôpital départemental de jour, un équipement administratif comprenant un bureau succursale des PTT, un central téléphonique périphérique. Ces équipements n’ont pas tous trouvé un aboutissement au fil des années. Néanmoins la ZUP de Ménimur se révèle être largement dotée de services à disposition des habitants. Des plans sur la comète ! Attention ! On n’a pas construit Ménimur n’importe comment ! Un architecte en particulier, Henri Auffret, a réalisé des plans pour indiquer où l’on devait construire les logements, les écoles… Ce sont les écoles Jean Moulin et Joliot-Curie qui ont été construites en premier, entre 1966 et 1973. 7 C onstruire vite et moderne l’objectif d’une zup, qu’elle soit celle de ménimur ou d’ailleurs, est de construire vite, moderne et à moindre coût. un urbanisme très géométrique avec tours et barres est donc développé, on parle d’« urbanisme de chemin de grue ». Je ne quitterai certainement pas mon appartement pour ailleurs. Ce qui me plaît ? Le confort. Une habitante du quartier en 1973. Du préfabrique… On utilise des procédés de préfabrication et des techniques de construction industrielle. Pris dans une fièvre constructive, les architectes français ont été dominés par la nécessité de répondre à des critères quantitatifs imposés par les entreprises de constructeurs, au détriment d’une certaine exigence architecturale, même s’ils ont été porteurs d’innovations technologiques. … mais tout-confort Ménimur a quelque peu échappé au syndrome des grandes tours qui définit bon nombre de ZUP françaises. La majorité des immeubles ne dépassent pas quatre étages. Surtout, il ne faut pas oublier que dans les années 1960, habiter un nouveau quartier du type de Ménimur était une véritable chance, grâce à des équipements de confort sans précédent (salle de bains, chauffage central collectif, vide-ordures…). Ménimur ne s’est pas construit en un jour ! 1967-1970 : 1e tranche de travaux : 742 logements collectifs Construction de la partie nord de la ZUP de Ménimur (cité des fleurs 1) sous la houlette de l’Office public communal d’HLM, bailleur social prédominant des logements sociaux. Réalisation du Centre social, du foyer des jeunes travailleurs et d’un groupe scolaire. 1972-1976 : 2e tranche de travaux : construction de la partie sud entre 1972 et 1976 (cité des fleurs 2). collectifs privés et de la résidence du Steir gérée par la société coopérative HLM « l’habitat familial Lorient-Brest ». Fin 1973, la ZUP comporte 1 212 logements dont 1 082 collectifs et 130 maisons individuelles. depuis 1980 : Petits collectifs, ensemble pavillonnaire, zone artisanale et tertiaire, lycée Charles de Gaulle, piscine… Se dessine donc l’image d’un quartier composite, entre équipements publics, logements sociaux, immeubles collectifs privés et lotissements pavillonnaires, qui font la richesse de l’endroit. Conception des Hauts de Kérizac, logements Jeux de construction Toutes les ZUP qui sont nées en même temps que celle de Ménimur se ressemblent. Pour dépenser moins d’argent, on utilise des éléments déjà tout prêts (préfabriqués), on réalise une architecture très géométrique et tous les immeubles sont pareils. 8 Ménimur est quand même un peu différente : il n’y a pas de très hautes tours et surtout, pour les nouveaux habitants, les logements sont tout9 confort ! U n architecte pour un quartier : Yves Guillou (1915-2004) parmi les architectes qui ouvrent à ménimur de nouvelles voies et illustrent les mutations du paysage urbain et de l’habitat, yves guillou revendique un bilan impressionnant : au total 1 082 logements sociaux (tous types confondus), avec parkings et garages couverts. Je me souviens pour les 4 tours de Ménimur, j’ai eu un mal fou, pourtant elles sont en place et elles ne sont pas si mal que ça pour des tours. Mais pour accepter le principe de la tour à l’époque ça été toute une autre histoire… Yves Guillou Yves Guillou Né dans les Côtes d’Armor en 1915, diplômé en 1941, Yves Guillou est, jusqu’en 1947, ingénieur du génie rural avant de s’installer à Vannes comme architecte. Après-guerre, il profite comme les autres architectes de l’époque des nombreuses commandes de logements sociaux et d’équipements publics, mais parallèlement se distingue par ses maisons individuelles qui illustrent les voies d’un renouveau en s‘inspirant de l’architecture vernaculaire. L’association des matériaux locaux (ardoise, bois, granite) et la combinaison subtile de volumes géométriques simples marquent entre autres l’architecture d’Yves Guillou. à Ménimur, si les bâtiments de la première tranche tiennent plus de l’architecture normative 10 U ne eglise pour le quartier : l’église Saint-Guen et répétitive, les tours de Kérizac, le centre social, le foyer-restaurant pour lesquels Yves Guillou est aussi sollicité évoquent davantage l’écriture de l’architecte par l’utilisation du verre, le bardage d’ardoises, les balcons ouverts pointus, la toiture-terrasse. Une harmonie de formes géométriques destinée à susciter un sentiment de plénitude et d’intemporalité : réponse spatiale aux préoccupations spirituelles de notre temps », Jacques-Henri Maisonneuve en France. L’église est une des premières construites en Bretagne au lendemain de Vatican II, dont elle applique immédiatement les directives en matière de liturgie. Elle bénéficie depuis peu du label patrimoine XXe siècle qui signale les éléments remarquables de cette période en matière d’architecture. Le centre social Conçu pour être « l’âme de la cité », les activités du centre social, prévu dès le commencement de la Z.U.P, s’adressent à la fois aux enfants avec la crèche, la haltegarderie et la protection maternelle et infantile, aux adultes avec l’enseignement ménager et les activités culturelles diverses et aux personnes âgées avec le restaurant et le foyer qui se retrouveront placés dans un autre bâtiment un peu à l’écart de l’activité urbaine. L’architecte propose une façade nord parallèle à la rue séparée d’elle par des pelouses plantées et une façade sud avec des ailes en avancée qui déterminent des jardins enclos pour la garderie et la crèche, et pour la salle de réunions polyvalente. Le traitement de l’ensemble des façades accuse les activités différentes sans rompre l’unité. La couverture en terrasse permet d’éviter l’aspect désagréable des autres couvertures plates métalliques. Le large bandeau d’ardoises revêtant toutes les parties supérieures au-dessus des baies, l’emploi développé des maçonneries de granit sur les parties pleines, l’ardoise de qualité et de coloration agréable donnent au centre un caractère local et familier. J’architecte, nous architectons… Beaucoup d’architectes importants ont réalisés des bâtiments pour la ZUP. Yves Guillou a conçu les Tours de Kerizac mais a également construit plein d’autres bâtiments un peu partout en Bretagne. Quand tu te balades à Vannes, essaie de reconnaître ses réalisations. Pour t’aider : il utilise beaucoup l’ardoise. La cité paroissiale Le projet de l’architecte Auffret prévoyait la construction d’une cité paroissiale au cœur de la ZUP, afin de rappeler la tradition du centre-ville qui, en Bretagne, gravite autour de l’église. Mais c’est à Saint-Guen que l’évêché décide de fonder une nouvelle paroisse destinée à satisfaire les aspirations des habitants du quartier alors en pleine expansion et de construire une nouvelle église en remplacement d’une chapelle vétuste et insuffisante. L’église saint-Guen : une architecture géométrique Construite sous la houlette de l’abbé Le Pipe après l’édification d’une école et d’un presbytère, elle eut pour auteurs deux jeunes architectes, concrétisant ainsi leur diplôme de fin d’études. Géométrie et lumière sont les maîtres-mots de cette architecture : figures élémentaires (avec le triangle pour module), symbolique de la pyramide, intérieur clair et accueillant sous une charpente en lamellé-collé, vitraux de Claude Guillemot dessinant une bande colorée entre maçonnerie et toiture, recherche d’une liaison organique entre l’assemblée et le célébrant. Parmi les quatre églises consacrées à Vannes entre 1959 et 1968, Saint-Guen occupe une place très importante par ses formes, par ses dimensions, par l’homogénéité entre architecture et mobilier. Apprécié des fidèles pour ses qualités esthétiques et fonctionnelles, l’édifice est très vite publié dans Pèlerin, puis par Jean Capellades dans son Guide des églises nouvelles De la lumière et de la géométrie Deux jeunes architectes, Jacques-Henri Maisonneuve et Erich Kasper, ont réalisé une église pour le quartier. On retrouve partout dans l’église la forme du triangle et une grande importance a été accordée à la lumière. 11 L La fin de la zup de menimur a fin des ZUP c’est dans les années 1970 que les médias forgent le terme de « sarcellite » pour décrire ces grands ensembles construits dans les années 1960. les critiques se multiplient sur ces quartiers marqués par le gigantisme des réalisations, l’omniprésence de l’habitat social et une architecture très standardisée dans laquelle les habitants ne se reconnaissent plus. En 1976, le conseil municipal de Vannes sollicite l’achèvement de la ZUP et la restriction de son périmètre aux opérations effectivement réalisées. Le même constat a été fait dans toute la France et en 1967, les ZUP sont remplacées par des Zones d’Aménagement Concerté (ZAC). Et du béton, toujours du béton. Pour oublier le béton, on a donné des noms de fleurs aux quartiers, les Glaïeuls, les Pivoines, ça fait plus joli ! Mais à part chez le fleuristes, on en voit pas où sont les fleurs, les pelouses, usées, rasées, jaunies… ». Des jeunes de l’espace loisirs en 2002. Un quartier construit trop vite Le recours à la technologie industrielle et l’urgence de la création de ce « quartierchampignon » ont eu plusieurs désavantages : les habitants de Ménimur se plaignent, à partir des années 1970, de la monotonie, des finitions médiocres, des malfaçons, des parkings qui remplacent au final les îlots de verdure et des retards dans la construction des équipements publics. Le quartier dont la situation géographique est, dès sa conception, critiquée, se voit d’autant plus isolé du centre-ville par la construction d’une voie express en 1974. Beaucoup d’habitants de la ZUP ne sentent pas Vannetais ; lorsqu’ils vont dans le centre historique, ils disent « aller à Vannes ». Un manque d’animations Les habitants de Ménimur mettent l’accent sur le manque d’animations et de travailleurs sociaux spécialisés : le centre social développe les activités et les contacts entre les habitants en accueillant un public varié de jeunes, de mères de familles… mais souffre d’un nombre restreint d’animateurs qui peinent à répondre aux demandes. 12 Des points positifs Dans le milieu des années 1970, des efforts de réhabilitation sont réalisés. Afin d’améliorer la liaison avec le centre-ville, des bus font régulièrement la navette depuis 1978 et des pistes cyclables ont été aménagées. On décèle moins de phénomènes de délinquance juvénile, de drogue ou de racisme que dans d’autres ZUP françaises, même si les problèmes sociaux et de chômage restent plus importants dans le quartier qu’au centre historique. Les ZUP sont critiquées mais il ne faut pas en faire une légende noire : elles sont nées dans un contexte particulier, celui de la modernisation de l’habitat durant les Trente Glorieuses et de reconstruction de l’après-guerre. Ménimur, c’est bof ? On a beaucoup critiqué les ZUP en général et Ménimur n’a pas échappé à la règle. Dans les années 1970, qu’a-t'on reproché au quartier ? Le manque d’animations : un quartier trop tranquille où il n’y a pas grand-chose à faire, malgré les efforts du centre social. Une architecture monotone et des problèmes dans les logements (pas d’isolation, des infiltrations d’eau ) 13 U ne vie de quartier bien remplie le quartier de ménimur est certes critiqué mais il n’en reste pas moins qu’en 1973, 65 % des familles déclarent s’y plaire et en 2008, 76 %. On peut faire plein de choses dans le quartier, il faut simplement prendre le temps de se rendre à certains endroits. Le centre social est un endroit idéal où l’on prend le temps d’aller vers les autres et de s’occuper ». Une habitante. De nouveaux services Ménimur en fête ! 1985 : création d’un poste de police fin 1985 : réaménagement de la bibliothèque dans des locaux d’une ancienne coopérative. Auparavant, elle occupait une pièce du centre social depuis 1978. création au fil des années du centre socio-culturel Henri Matisse, de la piscine Vanocéa ou encore de l’antenne artistique des ateliers artistiques ouverte en 1995 dans les locaux d’une école maternelle. Première fête de la Saint-Jean en 1978 Premier carnaval en 1979 « 25 ans de Ménimur » en 1992 1e parution du journal de quartier, Résonances, en 1994 1e forum des associations en 1995 à la ferme de Kerniol. Création en 1996 de 41 parcelles pour les jardins familiaux. Des fêtes de quartier tous les ans… La population du quartier De bonnes relations, voire une certaine solidarité, existent entre les habitants dont les origines sont multiples. Contrairement aux idées reçues, la population étrangère n’est pas plus importante à Ménimur qu’à Kercado. En 1994, 4 % de la population de Ménimur contre 2 % au centre-ville est d’origine étrangère. Dans sa grande majorité, cette population est d’origine turque ou maghrébine. 14 La mixité existe également au niveau social : les classes moyennes côtoient les ouvriers, les propriétaires les locataires de logements sociaux…Mais ces populations restent finalement isolées géographiquement les unes des autres : les classes moyennes dans les Tours de Kérizac sont loin de certains îlots HLM. Ménimur, un quartier qui ne laisse pas indifferent Les habitants s’y sentent bien mais souhaitent voir améliorer leurs conditions de vie. Ils habitent Vannes mais ne se sentent pas vannetais. C’est un quartier trop calme pour les jeunes mais trop bruyants pour les plus âgés. Entre « ville dans la ville » ou « cité-dortoir », Ménimur est un quartier qui a le mérite de ne pas laisser indifférent ! La ville est en mouvement, elle se construit et se reconstruit sur elle-même : le quartier de Ménimur, de plus en plus achevé et animé, est donc en perpétuelle transformation. Ménimur c’est beau ! Qu’a-t-on fait pour résoudre les problèmes ? Des travaux ont été faits sur les immeubles. De nouveaux équipements ont été construits ou réaménagés : la bibliothèque, le centre Henri Matisse, la piscine… Ménimur c’est la fête ! La vie de quartier est bien remplie : carnaval, fête de la Saint-Jean, fête du quartier, des jardins familiaux. Des habitants de toute origine vivent dans le quartier. Et pour toi, Ménimur, c’est comment ? 15 16 hippocampe.com - 300080