l`espace et le temps fictionnels: marguerite duras, le marin de gibraltar

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l`espace et le temps fictionnels: marguerite duras, le marin de gibraltar
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Revenire Cuprins
L’ESPACE ET LE TEMPS FICTIONNELS: MARGUERITE DURAS, LE
MARIN DE GIBRALTAR
Asist. Univ.Coralia HANDREA
Universitatea “1 Decembrie 1918” Alba Iulia
À la recherche du marin disparu ou la quête du bonheur d’autrefois – voilà le sujet
apparemment plat d’une histoire qui manque de platitude. Grâce à son talent, Marguerite Duras a
transformé un simple voyage autour du monde dans un véritable trajet initiatique. Sous l’apparence
d’une histoire d’amour qui risquerait, à la limite, de devenir banale, le lecteur averti trouvera des
coordonnées spatio-temporelles qui situent le récit ici et partout, ici et nulle part. Les notations du
temps et des lieux remplissent des fonctions symboliques dans l’organisation du roman et pourtant
il s’agit de renvois précisément référentiels, qui ne font que contribuer à la vraisemblance. En
échange, tout renvoi à des lieux et à des moments précis est fait pour ancrer dans la réalité une
histoire étrange qui traite de la magie même de la vie : tant que l’on est à la recherche d’un être ou
d’un bien, nous ressentons encore plus fortement le goût exquis de la vie.
Dès le XVI-ème siècle, la présence des femmes dans la littérature française devient une
réalité : Ronsard écrit Les Amours de Marie et Les Sonnets pour Hélène, en célébrant à travers des
vers inoubliables la beauté éphémère que la poésie a pour fonction de prolonger, sinon d’éterniser.
Au XIX-ème, Lamartine, Nerval, Baudelaire ou Victor Hugo écrivent des poèmes d’amour qui
trouvent leur source dans des figures féminines devenues célèbres. Les écrivains romantiques
surtout généralisent la fonction inspiratrice de l’image des muses, l’appel à la création prenant
presque toujours une forme féminine. Parallèlement à cette hypostase passive de la femme qui ne
constitue qu’un exemple illustrant les idées des poètes portant sur l’acte de la création littéraire en
soi, la présence féminine dans la littérature française prend une autre orientation au XVII-ème
siècle : autour du salon de Mlle de Scudéry, toute une vie culturelle foisonne, marquant un tournant
important dans la vie intellectuelle à l’époque, l’implication des femmes dans le mouvement
artistique étant d’ailleurs surprise, voire même ridiculisée par des auteurs, tel Molière. L’exemple
des oeuvres littéraires créées par Mme de La Fayette et Mme de Sévigné au XVII-ème siècle, par
George Sand, au XIX-ème, contredisent l’idée préconçue conformément à laquelle seuls les
hommes sont créateurs. Il est probable que l’évolution des moeurs explique l’éclosion des talents
féminins au XX-ème siècle : la « liste » devient riche si l’on y inclut les noms de Colette, d’Elsa
Triolet, de Simone de Beauvoir, de Marguerite Yourcenar ou de Marguerite Duras. 1
La vie et l’oeuvre de Marguerite Duras constituent peut-être la meilleure illustration de
« l’étoilement » du Nouveau Roman dans des directions rigoureusement personnelles et originales.
1
Nony, Danièle, André, Alain, Littérature française. Histoire et anthologie, Hatier, Paris, 1987, p. 450.
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Elle réflechit sur les formes du roman, plus que sur le message, elle refuse le roman traditionnel
français dans son ensemble, avec ses intrigues artificielles, sa psychologie surannée et ses
significations usées, elle recherche un nouveau langage narratif, tout en invitant le lecteur à
réinventer, comme l’auteur avant lui, ses rapports avec le monde.2 Son roman Le marin de
Gibraltar offre aux lecteurs un développement nouveau d’un thème ancien : le voyage. Il ne s’agit
pas seulement du voyage comme moyen de s’échapper à une réalité terne, mais aussi comme moyen
de découvrir les vraies valeurs de la vie, de découvrir l'amour et le sens de l’existence humaine
même. Le fil narratif existe et il porte sur l’histoire d’un homme qui veut changer sa vie en
s’engageant sur un bateau où il rencontre une femme qui court le monde à la recherche du marin de
Gibraltar qu’elle a aimé et qui est disparu. Les deux personnages entreprendront ensemble une
recherche qui se poursuit de Sète à Tanger, en longeant les côtes méditerranéennes.3 Ils finissent par
devenir un couple et pourtant ils respectent la convention conclue au départ sur mer : ils savent tous
les deux qu’il faut à tout prix essayer de retrouver le marin qu’elle a aimé et le fait de le retrouver
signifie, sans doute, la fin de leur histoire d’amour. Brièvement, voilà en quoi consiste précisément
le sujet de ce roman de Marguerite Duras. Mais l’histoire de la quête du marin disparu n’est pour
l’auteur qu’un prétexte pour pouvoir construire un univers narratif situé dans la réalité
contemporaine, qui s’avère être tellement symbolique qu’elle pourrait aussi être facilement placée à
n’importe quel moment de n’importe quelle époque. La fin de la lecture de ce roman fait surgir dans
l’esprit de tout lecteur des questions visant la pérennité du sentiment amoureux et son côté
universel.
Les lieux décrits par Marguerite Duras dans le roman dont nous essayerons par la suite de
faire l’analyse existent réellement. Les personnages agissent dans un cadre bien et explicitement
décrit. Le récit débute en plaçant les actions des personnages en Italie. Milan, Gênes, Pise ou
Florence, ce ne sont que quelques-uns des noms des villes italiennes où l’un des personnages
principaux du roman passe son existence. La précision des descriptions, l’évocation des éléments
qui renvoient à un savoir culturel repérable en dehors du roman semblent offrir aux lecteurs la
certitude qu’il s’agit d’une histoire vraie, qui s’est vraiment passée et qui leur est racontée après
coup. L’évocation du Midi de la France est encore plus précise : Duras évoque les maisons en pierre
blanche, les ruelles, les places centrales des petits villages provençaux, où les gens ont l’habitude de
s’installer sur les terrasses des cafés pour prendre leur pastis, l’apéritif de la région.4 Le simple fait
d’évoquer les noms de quelques villes françaises situées au sud du pays, Montpellier ou Sète,
contribue à offrir de la vraisemblance à la fiction supposée par le genre littéraire illustré. Pour
donner encore plus de détails sur les lieux où se passe l’action de son roman, Marguerite Duras fait
appel même à la description de la végétation5, en parlant des orties en fleur, des acacias et des
platanes qui font partie du paysage du littoral.
Les lieux décrits dans le roman sont divers et nombreux. L’action se passe tantôt dans le
Midi de la France, tantôt en Italie, tantôt en Afrique. Encore plus, les personnages discutent sur les
voyages qu’ils ont faits à un moment donné à Tempico ou à New York. Cette multitude des lieux
décrits est conforme, d’ailleurs, à l’idée de la poursuite du marin de Gibraltar, qui n’a pas du tout
par hasard ce métier qui l’oblige de voyager autour du monde. Marguerite Duras fait aussi appel
aux lieux décrits pour évoquer des souvenirs des personnages par rapport à un endroit précis. Les
menthes glacées de Florence sont étroitement liées à un certain état d’esprit et rien que le fait de
boire une telle boisson dans un endroit situé à l’autre bout du monde éveille la mémoire involontaire
des personnages, qui se rappellent aussitôt des épisodes de leur passé.6 Pourtant, les lieux les plus
nombreux sont toujours évoqués par rapport au personnage recherché avec tant de scrupule. Tout au
2
Lecherbonnier, Bernard, Textes français et histoire littéraire – XXe siècle, Fernand Nathan, Paris, 1984, p. 303.
Duras, Marguerite, Le marin de Gibraltar, Gallimard, Paris, 1997.
4
Ibidem. , p. 295.
5
Ibidem. , p. 293.
6
Ibidem. , p. 328.
3
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long de la narration, il y a des personnages secondaires qui font leur apparition dans le cadre de
celle-ci seulement pour offrir des renseignements sur la possible présence du marin de Gibraltar à
Constantinople (comme propriétaire d’un bordel), à Port-Saïd (comme coiffeur) ou à Dijon (comme
crémier).7
En opposition avec les lieux nombreux évoqués à travers le voyage entrepris par les
personnages, l’auteur situe l’action principale de son roman dans un seul endroit, assez réduit, le
yacht. C’est précisément dans les cabines et sur le pont que se déroule les étapes les plus
importantes de l’histoire d’amour qui est née entre un homme qui voulait changer sa vie et une
femme qui cherchait désespérement le marin de Gibraltar.
Plus ou moins exotiques, les lieux décrits sont présentés en continuité. Les personnages
voyagent d’une ville à l’autre, mais ils le font en poursuivant les chemins inscrits sur les cartes
géographiques, en revenant des fois sur leurs pas, compte tenu des messages qui leur signalaient la
présence du marin dans tel ou tel endroit.
Marguerite Duras place les actions de ses personnages aussi bien dans des lieux urbains, que
dans des lieux ruraux, mais à une seule exception, il s’agit toujours de lieux présents, ancrés dans la
réalité contemporaine, à ne juger que d’après les moyens de transport y évoqués. L’exception dont
nous parlions est d’ailleurs notable et occupe une place importante dans l’économie du roman,
puisque c’est exactement l’endroit où l’on a libre accès à la clé du roman. Il s’agit de l’évocation de
la rencontre de ceux qui étaient à la recherche du marin disparu avec la population presque sauvage
d’un village situé en Afrique. C’est l’occasion de parler de l’histoire de l’humanité, de l’époque
glaciaire et des animaux ayant animé le paysage il y a des siècles.8 La jeune femme Africaine qui
était susceptible d’offrir des détails sur l’existence du marin, finit par éviter de répondre, en laissant
l’impression de s’être trompée sur l’identité de l’homme recherchée par la femme blanche. Peutêtre, voulait-elle préserver son amour et donner ainsi aux autres la chance d’accomplir leur propre
histoire d’amour à peine commencée ?
Il existe dans Le marin de Gibraltar une certaine prédilection pour l’évocation des lieux
publics. Il s’agit, probablement d’un procédé stylistique utilisé dans le but d’essayer de compenser
les longs passages décrivant l’isolement des personnes voyageant en bateau. Les nombreux
restaurants et bistrots où ceux qui voyagent à la recherche du marin disparu descendent boire un
verre, la station-essence ou bien les marchés des ports ne représentent finalement que des lieux
publics où les langues se délient en offrant la possibilité d’apprendre des nouvelles sur le passage du
marin, mais aussi sur les vérités de la vie.9 Marguerite Duras excelle dans la façon dont elle réussit à
surprendre les particularités du milieu évoqué, en adaptant parfaitement le niveau de langue aux
personnages qui parlent. Les sujets des conversations, les gros mots utilisés et la répétition des idées
et des répliques reflètent parfaitement le niveau d’instruction et de l’éducation des personnages
présents dans les bistrots, tout comme leur état d’ivresse donné par l’alcool.
Parmi les lieux évoqués dans le roman de Marguerite Duras, la mer est celui qui revient le
plus souvent à l’attention du lecteur. À part l’exotisme supposé par la présence de la mer dans le
récit, nous signalons aussi l’ambiguïté, plutôt la plurivalence d’une telle démarche. Si l’on envisage
la déception de ne pas avoir trouvé la trace du marin de Gibraltar en le cherchant dans des ports,
dans des villes et des villages, le retour sur le bateau peut bien signifier l’espoir : le voyage
continue, il y a de fortes chances de retrouver la personne recherchée ailleurs, l’important est de
persévérer dans sa démarche. Si l’on envisage les dangers auxquels l’on risque de s’exposer en
entrant dans les bistrots situés dans la proximité des ports, où il y a toujours des marins ivres, qui
risquent de devenir insolents, voire même agressifs, le yacht doit être envisagé en tant qu’un lieu
sécurisant, qui offre à ses passagers la tranquilité et la paix. Pourtant, il y a des jours où la mer
7
Ibidem. , p. 301.
Ibidem. , p. 420.
9
Ibidem. , pp. 387 – 392.
8
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devient houleuse, où elle met en danger la vie de ceux qui osent l’affronter, et c’est alors que le
yacht devient un lieu angoissant.10
Les lieux décrits dans Le marin de Gibraltar signifient aussi les étapes de la vie. Ils sont
associés à un certain âge des personnages, qui se retrouvent à la quête du sens de leur existence et
qui se posent des questions sur le sens même de la vie. Le couple qui entreprend la recherche est
formé d’un homme et d’une femme, qui ont chacun leurs raisons pour faire un tel voyage. Lui, il
veut changer sa vie – ennuyeuse et plate, tandis qu’elle court le monde en se nourissant de l’illusion
que son bonheur est représenté par cet homme qu’elle cherche scrupuleusement. Se retrouvant tous
les deux, ils finissent par s’aimer. Pourtant, ils savent qu’une fois trouvé le marin de Gibraltar, ce
sera la fin de leur amour.
Le deuxième aspect visé par notre recherche par rapport au roman de Marguerite Duras est
celui de la temporalité et des rapports temporels établis par l’auteur afin de présenter à ses lecteurs
la fiction littéraire. Les indications temporelles sont très précises et correspondent à nos divisions, à
notre calendrier et à des événements historiques attestés (le voyage en bateau dure plusieurs mois,
les courts séjours dans des ports surprennent la succession des saisons, tandis que le personnage
principal masculin est un ancien fonctionnaire du Ministère des Colonies). Le marin de Gibraltar
est un roman qui privilégie le présent, qui est centré sur l’actualité, mais qui comprend aussi
quelques évocations du passé11, qui s’avèrent être nécessaires afin d’expliquer des décisions prises
par les personnages ou d’évoquer des situations traversées par ceux-ci.
Du point de vue du moment de la narration, ce roman durasien adopte la narration ultérieure,
qui consiste à raconter ce qui s’est passé auparavant, dans un passé plus ou moins éloigné et la
narration simultanée, qui donne l’illusion qu’elle s’écrit au moment même de l’action. Pour ce qui
est de la vitesse de la narration, qui concerne le rapport entre la durée fictive des événements et la
durée de la narration, Marguerite Duras utilise aussi bien la technique du sommaire, qui condense et
résume, que celle de la description, qui développe ce qui est saisi dans un court instant. Par la suite,
nous pouvons conclure que le récit est tantôt accéléré (quand il s’agit de la narration d’actions),
tantôt ralenti (quand il s’agit de décrire des lieux ou des personnages). Il existe aussi une situation
intérmédiaire, représentée par les dialogues, qui semblent instaurer une certaine équivalence entre le
rythme de la fiction et le rythme de la narration, tout en donnant au lecteur l’illusion que tout se
passe sous ses yeux.12
En ce qui concerne la fréquence de la narration - le nombre de reproductions des
événements fictionnels dans la narration - le mode singulatif semble dominer le récit de Marguerite
Duras. L’auteur établit une certaine égalité entre les événements passés et ceux racontés, à la
différence du mode itératif, qui consiste à raconter une seule fois des événements qui se sont passés
plusieurs fois. Ce dernier mode évoqué intervient lui-aussi dans la roman analysé mais d’une
manière moins rigoureuse.13
Pour ce qui est de l’ordre de la narration, celle-ci est généralement chronologico-logique.
C’est que l’auteur établit et respecte une homologie entre les événements de l’histoire et l’ordre
dans lequel ils sont narrés.
Les indications temporelles données par l’auteur sont bien précises et vont jusqu’à la
précision du mois et du moment de la journée évoqués à un moment donné dans le récit.14 Le fait de
situer l’action du roman au mois de septembre et à midi est d’ailleurs suggéré aussi bien par la
chaleur souvent évoquée que par la description des habits des enfants qui jouent encore pieds nus ou
par le fait de décrire les belle robes d’été portées par Anna.
10
Reuter, Yves, Introduction à l’analyse du roman, Dunod, Paris, 1996, p. 56.
Duras, Marguerite, Le marin de Gibraltar, Gallimard, Paris, 1997, p. 382 - 387.
12
Reuter, Yves, op. cit., p. 80.
13
Ibidem. , p. 82.
14
Duras, Marguerite, op. cit. , p. 290.
11
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Le marin de Gibraltar n’est pas un roman fait seulement de références spatio-temporelles
exactes. L’abolition de l’espace et du temps, la suppression de toute indication spatiale et
temporelle, est un procédé par lequel l’auteur suggère la subjectivité de ses personnages. Ceux-ci
adoptent des attitudes communes pourvu d’atteindre l’état d’insouciance tellement désiré pour ne
pas se laisser accablés par l’attente ou le désepoir de ne pas trouver l’être recherché avec tant de
soin. Le plus souvent, ils boivent de l’alcool et c’est ainsi qu’ils réussissent à franchir les limites de
la patience dans leur quête qui ne semble pas avoir une fin. Qu’ils boivent du chianti, du cognac ou
du champagne, les deux personnages ne font qu’abolir les limites de l’espace et celles du temps,
pour pouvoir survivre à la tension créée par l’attente de la découverte finale.15 Les deux
personnages boivent de plus en plus, au fur et à mesure que le récit et le voyage s’avancent, l’alcool
représentant même pour le personnage féminin une modalité de s’échapper à la réalité quotidienne,
cela pouvant signifier une attitude assez rebelle, spécifique d’ailleurs aux femmes vivant à l’époque
évoquée par Marguerite Duras, celles-ci ressentant toutes le besoin de non-conformisme manifeste à
l’époque d’après la Seconde Guerre Mondiale. Le sentiment amoureux lui-aussi est vécu comme un
état d’ivresse, un état presque inconscient puisqu’involontaire. L’ivresse donnée par l’alcool,
associée à celle causée par l’amour font vivre aux personnages des états d’âme particuliers qui les
font croire à la transgression des limites spatiales et temporelles et à l’immortalité des sentiments.
Ils retrouvent l’état primaire du sentiment amoureux, évoqué dans l’épisode de la tribu primitive
vivant dans un village de l’Afrique noire.16
Une autre modalité, souvent évoquée dans le roman, destinée à aider les personnages dans
leur démarche d’abolir les limites spatio-temporelles afin de rendre la réalité plus supportable, est la
magie du cinéma. Les personnages vont voir des films pour pouvoir survivre à la réalité cruelle et
terne qui ne leur offre pas les surprises attendues et qui ne les aide pas à accomplir leur rêves
d’amour et de bonheur.17
La fin du roman est prévisible, compte tenu du déroulement de l’action racontée : non
seulement ils ne retrouvent pas le marin tellement recherché, mais les deux pseudo-amoureux
repartent pour les Caraïbes où quelqu’un leur avait signalé la présence d’un personnage bizarre qui
pourrait bien être le marin recherché. La quête recommence, par la suite les sentiments les plus
intimes sont de nouveau ignorés, ce qui pourrait signifier qu’à travers l’espace et le temps,
l’évolution du sentiment amoureux suit la même évolution : il naît subitement et il est bien
entretenu par l’absence de toute certitude. Le marin de Gibraltar est sans aucun doute un des
romans d’amour les mieux réalisés de la littérature française, puisqu’il présente la complexité du
sentiment surpris dans son évolution et non pas dernièrement parce qu’il présente la vision féminine
sur le sentiment amoureux, donc une vision particulièrement sensible. L’espace et le temps
représentent les deux axes sur lesquels repose la construction du roman tout entier, qui évoque
l’universalité et l’intemporalité de l’amour.
15
Ibidem. , p. 389.
Ibidem. , p. 420.
17
Ibidem. , p. 339.
16

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