Les ados interdits de pub pour l`alcool

Transcription

Les ados interdits de pub pour l`alcool
CO NSOMMATION
Les ados interdits de pub pour l'alcool
L.D.
Mis en ligne le 30/09/2004
--- -- -- ----
Le ministre de la Santé dépose un projet d'arrêté visant à rendre responsable la consommation
d'alcool. Une série de dispositions visent les mineurs d'âge. Les jeunes ne pourront plus être
représentés dans les publicités pour «alcopops».
Dans leur bouteille fluo, avec leur nom rigolo, leur look ambigu, leur
goût sucré, sous leur air inoffensif, les «alcopops», «designer
drinks», «pré-mix», «blasters» et autres «shooters» font des
ravages, dans tous les sens du terme, chez les jeunes dont le coeur
balance encore entre limonade et alcool. Le «blème» est que, si ces
boissons ont la couleur de la limonade, elles sont alcoolisées, de 4 à
10pc en général, voire davantage.
Alors que la vente de boissons alcoolisées est en principe interdite
Bauweraerts
aux mineurs en Belgique, pour les besoins de son enquête publiée
dans le numéro d'octobre/novembre, l'équipe de Test-Achats a
envoyé, dans les magasins, des gamines de 14 ans, qui n'ont eu aucune peine à se procurer les produits.
Pas de doute, pour l'association des consommateurs: «Il y a un réel besoin d'information des
commerçants sur les obligations légales, car ces produits ne sont pas d'innocentes limonades.»
Et d'envoyer une lettre au ministre de la Santé, insistant sur «la nécessité de protéger les enfants et les
adolescents, plus fragiles et plus influençables, contre les méfaits de l'alcool, par des améliorations en
matière de publicité et des règles contraignantes en la matière. (...) Les codes de conduite développés ces
dernières années par les fédérations professionnelles n'atteignent pas leur objectif».
Un projet d'arrêté
Aussi Test-Achats suggère-t-il d'interdire les distributions gratuites à proximité des discothèques, les
manifestations sponsorisées par ces marques, les concours. L'association propose un étiquetage qui met
clairement en évidence la présence non négligeable d'alcool et l'obligation de présenter ces produits aux
rayons des alcools, et non à proximité des limonades ou à la caisse.
Le ministre de la Santé, Rudy Demotte, a manifestement reçu le message 5 sur 5. Il vient de rédiger un
projet d'arrêté royal, dans lequel figurent, tout d'abord, des dispositions relatives aux jeunes de moins de
16 ans. En voici les grandes lignes:
- la publicité pour les boissons alcoolisées ne peut s'adresser spécialement aux mineurs d'âge, ni par son
contenu ni par son mode de communication;
- elle ne peut, en particulier, représenter des personnes qui sont ou qui semblent être des mineurs d'âge
consommant ces boissons;
- elle ne peut inciter les mineurs d'âge à acheter ou à consommer des boissons alcoolisées en abusant de
leur manque d'expérience ou de leur crédulité;
- elle ne peut établir de lien permettant de croire que la consommation de boissons alcoolisées est une
preuve de maturité.
Une information adéquate
De façon plus générale, le texte dispose que la publicité pour boissons alcoolisées ne peut encourager une
consommation irréfléchie et exagérée:
- elle ne peut donner une image négative de l'abstinence ou de la sobriété;
- la publicité pour boissons alcoolisées ne peut développer d'argument qui fait état d'un effet favorable de
la consommation de celles-ci pour prévenir ou combattre des problèmes physiques, psychologiques ou
sociaux;
- elle ne peut susciter l'impression que la consommation de ces boissons favorise la réussite sociale ou
sexuelle ou permet d'affronter le danger avec succès;
- la publicité pour boissons alcoolisées ne peut en aucun cas établir de lien entre la consommation de
celles-ci et la conduite d'un véhicule, sauf si elle a pour but de mettre le consommateur en garde contre la
conduite d'un véhicule après la consommation de boissons alcoolisées. «Dans une société où la
consommation sous toutes ses formes tient une place prépondérante, il s'agit d'éviter les discours
hygiénistes et menaçants tout en diffusant une information adéquate sur les dangers d'une consommation
excessive et irresponsable», a précisé le ministre de la Santé.
© La Libre Belgique 2004