Dégradation des lasures et peintures sur menuiseries

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Dégradation des lasures et peintures sur menuiseries
Fiches Pathologie
ENVELOPPES ET REVÊTEMENTS EXTÉRIEURS
« Dégradation des lasures et peintures sur menuiseries extérieures en bois »
Le constat
Les désordres affectant les peintures et lasures peuvent se manifester sous plusieurs formes : Cloquage, écaillage, tachage et sensibilité à l'eau (ramollissement et déformation du film).
L'observation de la sous-face du décollement (des peintures et lasures) et de la surface du support apportent les indices qui permettent d'identifier les causes.
Des désordres liés à des rebouchages d'enduits ont également été observés.
Le diagnostic des désordres
Cloquage
Pour qu'il y ait formation d'une cloque, il faut qu'un liquide se vaporise sous le film de peinture.
Si le cloquage est immédiat, dans les heures ou les jours qui suivent, pour des travaux effectués alors qu'il fait chaud et sec, il peut s'agir d'une application trop généreuse, suivie d'une exposition au soleil et au vent voir
conditions minimales d'intervention. Le film sèche en surface, bloque l'évaporation du solvant à cœur.
Sous l'effet de la chaleur, les vapeurs de solvant exercent une pression qui déforme le film encore souple.
Si le cloquage est un peu différé, il peut s'agir, soit d'une application sur un support manifestement trop humide, soit d'une application sur un bois exposé sans protection assez longtemps pour avoir commencé à grisailler et
que l'on n'a pas assez poncé avant peinture. On voit alors, à l'arrière de la cloque, quelques microns de lignine dégradée incapable de résister aux tensions engendrées à l'interface bois-peinture, et/ou aux variations
dimensionnelles du bois.
Le même phénomène existe pour les lasures satinées dès lors qu'elles sont filmogènes.
Dans le cas d'habitations non équipées de VMC, il faut également s'assurer que les boiseries intérieures ne sont pas moins protégées que les boiseries extérieures, le risque étant qu'un transfert de vapeur d'eau ne provoque,
en hiver, des cloquages sur la face extérieure.
Ecaillage
Ce cas est généralement rencontré lors d'une rénovation avec conservation des anciennes peintures, il est alors fréquent que le décollement se produise à l'interface bois/ancienne peinture. Bien souvent, celle-ci n'a plus
suffisamment de souplesse pour résister sans dommage aux tensions engendrées par l'application de la nouvelle peinture (lavage donc gonflement, séchage donc retrait, apport de solvant donc gonflement, séchage dont
retrait et mise en tension permanente).
Des déboires sont enregistrés également dans le cas de bois exotiques neufs ou du chêne. La bonne adhérence de la peinture est conditionnée par un minimum de pénétration de la première couche, pas toujours assez
diluée afin de faire le chantier en deux couches et non en trois, comme le demande le D.T.U. 59.1.
Tâchage avec ramollissement et cloquage par temps de pluie
En présence de taches brunâtres au droit des gerces et des assemblages, il faut penser à un décapage d'anciennes peintures par bain alcalin (soude ou potasse). On
vérifie le pH dans les zones dégradées à l'aide de papier pH, après avoir déposé quelques gouttes d'eau propre.
Malgré les rinçages, des bois de qualité médiocre, avec des assemblages trop lâches auront absorbé tellement d'alcalis qu'il en réapparaîtra toujours. La plupart des peintures pour bois sont à base de liants glycérophtaliques
ou plus généralement alkydes sensibles à la saponification qui dégrade le liant, tache le revêtement et le rend sensible à l'eau.
Rebouchages
En extérieur, les rebouchages ne sont pas recommandés compte tenu des variations constantes dimensionnelles des pièces de bois.
Dans le cadre d'une rénovation, le Maître d'Ouvrage doit, soit accepter de voir les gerces, soit faire procéder au remplacement d'une pièce trop abîmée.
Les points sensibles
Nature des bois
Seul le bois massif ou les contre-plaqués sont visés dans le D.T.U. 59.1.
Pas de panneaux de particules, ni de contre-collé.
Attention au teck, à l'Iroko ou Doussié cités dans le D.T.U. 59.1 d'octobre 2000, ainsi qu'au Western Red Cedar, souvent générateurs de désordres. Voir extrait du DTU 59.1.
Humidité
Lors de la mise en oeuvre, elle doit être inférieure à 18 % pour des bois massifs exposés aux intempéries.
Même quand le bois est peint, elle est susceptible de diminuer et de réaugmenter en fonction des intempéries. La pourriture s'installe lorsque le bois reste constamment au-dessus de 22 % d'humidité.
Assemblages
La conception des assemblages menuiseries est pour beaucoup dans leur longévité. C'est au menuisier d'éviter les pièges à eau.
État de surface
Des bois restés plusieurs mois à l'extérieur sans protection doivent impérativement être poncés et pas seulement brossés, pour éliminer la lignine dégradée en surface, par le rayonnement U.V. solaire. Cette dégradation se
traduit par le grisaillement du bois.
Couleurs
Les teintes claires ont une meilleure longévité. Et si elles farinent autant que les teintes foncées, le phénomène est moins visible.
Choix des revêtements
Il faut impérativement s'assurer auprès du fabricant que les primaires et finitions sont bien adaptés aux travaux prévus : neuf ou rénovation.
Les conseils de prévention
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Le D.T.U. 59-1 impose une couche d'impression, une couche intermédiaire et une couche de finition. Pour peu que ces trois couches soient appliquées à la brosse en " tirant " la peinture avec une dilution
correcte pour les deux premières et un léger ponçage entre chaque, cette méthode est effectivement un gage de longévité et de qualité d'aspect (finition A décrite dans le DTU).
La pratique, rentabilité oblige, fait remplacer la brosse par le rouleau, partout où cela est possible, en appliquant grassement, ce qui épargne une couche mais favorise le cloquage. L'entretien soigné des
boiseries est forcément onéreux.
Lasures : il ne faut pas confondre les lasures avec des produits de préservation du bois.
Fiche mise à jour : février 2009
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Fiches Pathologie - Glossaire
ENVELOPPES ET REVÊTEMENTS EXTÉRIEURS
« Dégradation des lasures et peintures sur menuiseries extérieures en bois »
Lasure (parfois écrit lazure)
Désigne de façon générale tout produit d'imprégnation et de revêtement qui assure aux ouvrages en bois exposés aux intempéries à la fois leur protection (hydrofuge, insecticide et fongicide) et leur décoration (teinte
naturelle ou coloration).
Cloquage
Décollement d'une peinture ou d'un enduit sous forme de boursouflures disséminées.
Le cloquage est révélateur de la présence d'humidité dans la maçonnerie : lorsque l'eau, se transformant en vapeur, rencontre l'obstacle d'un revêtement étanche, elle
repousse celui-ci vers l'extérieur en brisant éventuellement ses points de moindre adhérence. Voir photo ci-dessous :
Cloquage de peinture
Ecaillage
Éclat superficiel de forme plus ou moins circulaire, dans l'émail et le biscuit d'un carreau de grès. Il affecte en général des carrelages posés à l'extérieur, où il est souvent dû à
l'action du gel, aggravée par une pose à joints nuls.
Par extension, désigne le décollement d'un feuil de peinture, de vernis ou d'émail en petites pellicules (écailles), suite à un séchage trop rapide, un défaut de cuisson ou un
craquelage de retrait. Voir photo ci-dessous :
Écaillage de peinture
Tachage
Apparition, à la surface d'un revêtement filmogène tel qu'une peinture, de taches dues à des réactions chimiques du revêtement avec son subjectile.
pH (abrégé de potentiel hydrogène)
Échelle de notation du caractère neutre (pH =7), acide (pH entre 7 et 0) ou basique (pH entre 7 et 14) d'une solution aqueuse.
A titre d'exemples, le vinaigre a un pH inférieur à 3, et l'eau de Javel pure a un pH voisin de 11 ; le ciment et la chaux, qui sont basiques, ont des pH supérieurs à 10.
Glycérophtalique (généralement contracté, dans le langage courant, en glycéro)
Qualifie une résine de synthèse obtenue à partir de l'anhydride phtalique et de polyalcools. Cette résine constitue la base du liant de nombreuses peintures alkydes, dites peintures "à l'huile".
Saponification d'une peinture
D'une manière générale, le terme saponification désigne, dans le domaine de la chimie, la décomposition des matières grasses par une base qui les transforme en savon.
Dans le cas d'une peinture, il s'agit donc de la réaction d'un milieu alcalin sur le liant d'une peinture renfermant des huiles et/ou d'autres composants à fonction ester(huiles, résines glycérophtaliques, etc.).
Conditions minimales d'intervention
Les ouvrages de peinture, vernis, enduits et préparations assimilées ne sont exécutés que sur des subjectiles propres et dépoussiérés, répondant aux prescriptions les concernant, à l'article 5 â.
Ils ne sont jamais exécutés en atmosphère susceptible de donner lieu à des condensations, ni sur des subjectiles gelés ou surchauffés, ni non plus, de façon générale, dans des conditions activant anormalement le séchage
(vent, soleil, etc.).
En outre :
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en travaux extérieurs, la température ambiante ainsi que celle du subjectile ne devront pas être inférieure à + 5 °C et l'hygrométrie ne devra pas être supérieure à 80 % HR. En zone exposée, les teintes sombres
sont à proscrire sur tous supports (coefficient d'absorption solaire > 0,7) ;
et en travaux intérieurs et pour toute finition brillante ou satinée de peinture ou de vernis, les conditions requises sont :
❍
température supérieure à + 8 °C ;
❍
hygrométrie inférieure à 65 % HR.
Certains produits nécessitent des conditions particulières d'application plus contraignantes, celles-ci font alors l'objet d'une mention particulière dans la fiche technique du produit établie par le fabricant.
En climat tropical humide, compte tenu des températures moyennes extérieures relativement élevées, on peut admettre les taux d'hygrométrie suivants :
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75 % HR pour les travaux intérieurs,
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90 % HR pour les travaux extérieurs.
Conformément à l'article 4 de la norme NF P 74-201-2 (DTU 59-1, CCS), les documents particuliers du marché doivent indiquer les états de finition recherchés.
Humide
Extrait du DTU 59.1 : travaux de peinture - subjectiles bois - 5.6.3.2 humidité.
L'humidité des bois massifs et des panneaux est définie dans les normes NF P 23-201 (Référence DTU 36.1) et NF P 21-204 (Référence DTU 31.2). (En intérieur elle tient compte d'une mise en oeuvre des ouvrages dans des
conditions appropriées : température des locaux > 8 °C, humidité relative de l'air < 65 %.)
Cette humidité ne doit pas dépasser :
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8 % pour les bois massifs exposés aux intempéries ;
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12 % ± 2 % pour les panneaux extérieurs support d'un revêtement adhérent [NF P 21-204 (Référence DTU 36.1)] ;
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12 % ± 3 % pour les bois massifs type lambris [NF P 23-201 â (Référence DTU 36.1)] ;
●
10 % à 12 % pour les bois ou panneaux utilisés en intérieur ;
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10 % pour les locaux chauffés, de façon continue, chauffage central à eau chaude ou air pulsé.
Cette humidité doit être déterminée conformément à la norme NF B 51-004. Sur site, un humidimètre électrique permet d'apprécier cette valeur pour accepter le support.
En règle générale, pour l'intérieur, les conditions d'ambiance du local à respecter pour la pose sont les suivantes :
●
température > 8 °C ;
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humidité relative de l'air < 65 %.
Rénovation avec conservation des anciennes peintures
6.5.6 travaux avant peinture sur revêtements anciens
Les prescriptions contenues dans cet article ne s'appliquent qu'aux anciens fonds de peinture ou tapissés. Lorsque le subjectile est mis à nu, il convient de se reporter aux prescriptions relatives à la nature du subjectile.
6.5.6.1 anciens fonds de revêtements à la colle ou assimilés
L'enlèvement s'effectue par lavage à l'eau, en utilisant l'éponge ou la brosse douce, les parties adhérentes s'enlevant au grattoir.
Le séchage à coeur du support doit être complet avant application d'un autre revêtement.
6.5.6.2 anciens fonds de revêtements lessivables
6.5.6.2.1 lessivage pour repeindre
Il comprend :
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le lessivage à l'eau froide et additionnée d'un détergent suivi d'un rinçage à l'eau claire sur fonds exempts de graisse ;
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le lessivage à l'eau chaude avec dégraissant alcalin sur fonds gras ;
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le lessivage à la lessive très diluée sur anciens fonds laqués ou vernis.
6.5.6.2.2 décapage pour repeindre
Les anciens fonds mal adhérents incompatibles avec les revêtements à appliquer seront éliminés par décapage.
Les différents types de décapages sont les suivants :
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mécanique à la meule ou au disque par exemple ;
chimique, aux solvants gélifiés ou aux décapants alcalins.
Les décapants chimiques employés doivent être compatibles avec le support. Ce type de décapage doit être suivi d'un rinçage abondant et d'un séchage complet ;
thermique : les vieux fonds de peinture faïencés ou cloqués sont ramollis à la flamme et éliminés par grattage au grattoir affilé.
Le brûlage ne doit pas attaquer le support ;
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par projection d'eau à haute pression;
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par projection d'abrasif fin.
Extrait du DTU 59.1
5.6.2.2.1 bois massifs
c) Bois à sécrétion antisiccative ou à particularité
Les bois à sécrétion antisiccative tels que Iroko, etc. nécessitent une impression spécialement adaptée à leur nature. Les bois à pH acide, par exemple : Western Red Cedar, peuvent présenter des défauts de finition et
provoquer des coulures dues à l'oxydation des fixations. Le choix des fixations sera fait selon la norme NF P 65-210 (Référence DTU 41.2).
5.6.2.2.2 panneaux à base de bois
A l'extérieur, ne sont utilisables que les contreplaqués extérieurs conformes à la norme NF B 54-161. L'emploi d'autres panneaux à l'extérieur nécessite au préalable une procédure d'évaluation concluant favorablement à
l'usage envisagé. Voir NF P 65-210 (Référence DTU 41.2) et NF P 23-201 (Référence DTU 36.1).
Certains panneaux de contreplaqué extérieur ont un pH alcalin qui peut, éventuellement, occasionner des réactions au contact des finitions adhérentes. Il convient alors de se référer aux fiches descriptives des fabricants
de contreplaqués à ce sujet.
Bibliographie
Textes de référence
●
DTU 31.2 Construction de maisons et bâtiments à ossature en bois.
●
DTU 36.1 Menuiserie en bois.
●
DTU 41.2 Revêtements extérieurs en bois.
●
DTU 59.1 Travaux de peinture des bâtiments.
●
Norme EN-335-1 Durabilité du bois et des matériaux dérivés du bois - Définition des classes d'emploi - Partie 1 : généralités (janvier 2007) (Boutique Afnor).
●
NF B51-004 Bois - Détermination de l'humidité (Boutique Afnor).
●
NF T30-806 Schéma de contrat d'entretien périodique.
●
NF T34-202 Peintures et vernis - Systèmes de peinture pour la protection de la surface du bois - Lasures - Spécifications (Boutique Afnor).
●
NF T72-086 Produits de protection du bois - Lasures - Essai de vieillissement climatique naturel (Boutique Afnor).
●
NF X40-102 Produits de préservation du bois (juin 1994) (Boutique Afnor).
Fiche mise à jour : mai 2009
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