COMPTE-RENDU « Le Lib - Association nationale des éditeurs de
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COMPTE-RENDU « Le Lib - Association nationale des éditeurs de
COMPTE-RENDU Matinale numérique organisée par « Dem@in le livre » Jeudi 24 novembre 2011 (École des Gobelins, Paris) Par Sylvain Neault, consultant éditorial [email protected] Première présentation : « Le Lib’ » Animée par Sébastien Laplaideur des éditions Belin Belin est une entreprise indépendante, fondée en 1777, spécialisée dans la production de manuels scolaires. Sébastien Leplaideur, responsable éditorial et directeur du développement numérique aux éditions Belin, est venu présenter les manuels interactifs de la maison disponibles en version numérique. Le catalogue Belin compte à ce jour une cinquantaine de manuels numériques accessibles sur la plateforme dédiée : la Libthèque (www.libtheque.fr). Cette plateforme a été mise en place depuis un an et demi. Le Lib’ (Livre interactif Belin) est une application en propre, conçue par une équipe éditoriale interne et externe. Chaque Lib’ (pour le distinguer du manuel homothétique papier) a été conçu à partir du manuel en l’enrichissant de granules multimédias : sons, diaporamas, animations flash, vidéos. A partir du fichier in-Design du manuel, une équipe technique a développé un « plug-in » qui permet de fabriquer le Lib’ assez simplement, en reprenant la mise en page initiale du livre et tous ces contenus (texte et iconographie). Vient ensuite l’enrichissement par l’ajout des granules multimédias. Un schéma résume sommairement ces étapes de fabrication et de diffusion : http://www.lib-publishing.fr/?page=environnement_de_production La démonstration des outils disponibles dans le Lib’ était très éloquente. D’usage simple et offrant de multiples possibilités créatives, l’ergonomie du Lib’, dans son ensemble, a été fort bien exploitée pour faciliter la lecture et les usages par le professeur. Sans entrer dans les détails techniques, disons que le Lib’ reprend in extenso le manuel et permet, en parallèle, à l’utilisateur de créer des pages adaptées à ses besoins. Tous les contenus multimédias du Lib’ (disponibles dans la médiathèque) sont exploitables et peuvent venir enrichir le cours du professeur. Ainsi, celui-ci peut créer de nouvelles pages, qui s’intègrent au contenu initial, en utilisant les fichiers disponibles dans le Lib’ ou ses propres fichiers, de tous types (textes, photos, sons, vidéos, etc.). Cette fonctionnalité permet de personnaliser le contenu de la matière enseignée et lui ajoutant une dimension spécifique. Une démonstration vidéo de cette proposition est visible sur le site : http://www.libtheque.fr/lib-tutoriel-mediatheque.html D’usage simple, à plusieurs niveaux d’exploitation, sans avoir des connaissances particulières en informatique, la proposition de Belin convainc. La formule commerciale proposée est la suivante : sous forme d’abonnement de 4 ans minimum, l’institution scolaire a deux forfaits possibles selon qu’elle adopte ou non le manuel papier dans ses classes. L’abonnement permet l’accès à l’application via internet en tout temps, sur PC ou Mac, sur clé USB et, bientôt, sur les tablettes de type iPad (avec une ergonomie adaptée). Les mises à jour sont gratuites pendant toute la durée de l’abonnement. Au-delà de la démonstration technique du Lib’, soulignons que l’objectif de cette présentation avait aussi le but d’annoncer aux autres éditeurs la possibilité d’acquérir la technologie de Belin pour leurs propres besoins. De fait, en créant le Lib’, Belin souhaite créer une filiale d’éditeurs afin de communautariser le développement et la circulation facile des manuels scolaires. Cette filiale vend donc son logiciel (licence annuelle et mises à jour) à tous les éditeurs qui souhaitent développer eux-mêmes leurs ouvrages. Labellisé par le CNL (Centre National du Livre), ce modèle économique « B to B » a pour objectif de rassembler, via une même technologie éprouvée, un ensemble de connaissances et un savoir-faire mutualisé. La plateforme Libthèque pourrait ainsi recevoir l’ensemble des manuels numériques des autres éditeurs et proposer aux professeurs un ensemble de propositions élargies. De nombreux éditeurs présents dans la salle ont été intéressés par cette proposition et de nombreuses questions ont été soulevées. Les réponses de M. Leplaideur étaient à la hauteur de sa présentation : claires et précises, sans fioritures technocratiques, intelligentes et convaincantes. Je recommande fortement sa présentation aux membres de l’ANEL, spécialisés dans le livre scolaire ou dans les ouvrages scientifiques ou encyclopédiques. Le logiciel du Lib’ est totalement adaptable à tous types de livres pouvant s’enrichir par le multimédia. Liens et contact : www.editions-belin.fr www.libtheque.fr www.lib-publishing.com [email protected] Deuxième présentation: L’Homme Volcan de Mathias Malzieu Coédition Actialuna et Flammarion Animée par Samuel Petit (Actialuna) et Florent Souillot (Flammarion) Actialuna est une société de design éditorial fondée en janvier 2010 par Samuel Petit et Denis Lefebvre. Elle est venue régulièrement aux matinales de « Dem@in le livre » pour parler de ses projets. La problématique de ce jour était la question du « geste » de la lecture et de la posture du lecteur devant un livre numérique. Le propos de M. Petit était illustré par un livre à paraître, en coédition avec Flammarion, intitulé L’Homme Volcan écrit par Mathias Malzieu, illustré par Frédéric Perrin et mis en musique par le groupe français Dionysos. Ce « beau livre » est une vraie coédition Actialuna-Flammarion. Chaque partenaire a investi dans ce projet (la répartition n’a pas été dévoilée) qui implique une dizaine de personnes, des auteurs aux concepteurs, depuis presqu’un an. Le livre sera disponible vers la mi-décembre sous forme d’une application sur l’Apps Store d’Apple, au coût de 4 euros environ, dans quatre langues (français, anglais, espagnol et japonais). La question de la rentabilité d’un tel projet a suscitée beaucoup de curiosité (et d’inquiétude !) de la part des éditeurs présents dans la salle… Précisons, enfin, que ce projet a été pensé et voulu à 100% numérique et que Flammarion n’a pas l’intention d’en faire une édition papier. Le dévoilement de L’Homme Volcan, en plus d’évoquer des questions d’ordre esthétique et technique, avait pour but de montrer certaines difficultés souvent rencontrées dans lecture du livre numérique. Il a été précisé d’emblée, par les deux intervenants, qu’il s’agit bien ici de « livre » avec une importance accordée au texte : un roman pour adultes, plutôt qu’un jeu ou une animation. En effet, la démonstration sur iPad était éloquente : le texte, situé sur la moitié supérieure de la « page », avec des illustrations fixes et animées, est la base du projet. Un seul geste permet d’avancer dans la lecture : celui de tourner la page de droite vers la gauche. Les illustrations animées et la musique interviennent en harmonie avec le texte, selon le rythme de la page tournée. Pas de boutons à cliquer ou de double-clic à faire. La fluidité a été privilégiée afin que le lecteur ne soit pas déconcentré de sa lecture. Nous l’avons constaté : ce « beau livre » n’est pas un simple PDF agrémenté d’images. Tous les éléments créatifs ont été réfléchis et ordonnancés pour que chaque artiste (l’auteur, l’illustrateur et le musicien) ait sa place légitime, sans se superposer artificiellement. Selon MM. Petit et Souillot, il était primordial dans ce projet de rester proche de la nature essentielle du livre. Selon eux, certains livres numériques illustrés manquent de simplicité et sont souvent plus près du CD-Rom ou du jeu vidéo. La lecture, dans ces cas, devient souvent secondaire, voire facultative. Est-ce, du coup, toujours d’un livre dont il est question ? Cette notion, bien qu’évoquée, n’était pas le propos du jour. Elle mérite à elle-seule un débat sémantique. La question de l’ergonomie est donc une problématique primordiale dans l’élaboration d’un livre numérique illustré. Mise en page paysage/portrait, typo, illustrations, mais surtout gestes pour lire l’œuvre sont autant de points de réflexion essentiels. Sans vouloir critiquer ce qui existe comme production disponible (surtout des livres pour enfants), les intervenants ont bien précisé que les technologies vont assurément modifier la création éditoriale, en apportant des innovations inédites, mais qu’il faut éviter la surabondance de gadgets au détriment de la création artistique propre à l’édition (ici le texte et l’image). Les frontières entre livre, jeu et film d’animation sont tenues et, ontils insisté, sans vouloir donner une valeur plus importante à l’un plus qu’à l’autre, il faut trouver un positionnement assumé et cohérent avec l’objectif visé. Flammarion, dans ce sens, avec Actialuna, a affirmé sa position d’éditeur de livres et ce projet s’inscrit sans équivoque dans l’esprit de la maison. L’intervention de M. Petit apportait peut-être plus d’éléments de questionnement par rapport à la conception et à la définition même du livre numérique plus que des réponses concrètes. Le thème de la rencontre et le temps compté ne permettaient pas, de toute façon, d’approfondir ces questions. Le propos de M. Petit, parsemé de parenthèses parfois non fermées, manquait à certains moments de concision. Plusieurs participants ont quitté la salle avant la fin : soit le projet de L’Homme Volcan ne les a pas intéressés, soit l’enthousiasme débordant mais parfois « baroque » de M. Petit ne les a pas convaincus. M. Petit a évoqué rapidement la création d’un Institut de recherche qu’il a fondé, sur le modèle américain « if :Book, Institute for the Future of the Book », qui se dénomme « if :Livre, Institut pour le futur de la lecture et de l’écriture » : www.iflire.net. Les sujets évoqués dans son allocution feront justement partie des réflexions de l’Institut. A suivre donc. Liens et contact : www.actialuna.com http://www.actualitte.com/dossiers/monde-edition/interviews/l-edition-est-un-artisanat-qui-se-reve-industriele-numerique-l-inverse-1078.htm http://www.ebouquin.fr/2011/03/09/iflire-le-futur-du-livre-a-la-francaise/ [email protected]