Trois experts pour sauver les fortifications de Vauban

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Trois experts pour sauver les fortifications de Vauban
Le Dauphiné Libéré
Mercredi 25 septembre 2013 page 3
VOTRE RÉGION
Une journée d’échanges sur
le développement dans le Nord 05
Un salon pour les
créateurs d’entreprise à Gap
n 60 % des emplois dans
l’arrondissement de Briançon
sont liés au tourisme.
Dans le cadre du plan d’action
2013 du service public de
l’emploi local (SPEL), la sous­
préfecture de Briançon
organise, en partenariat avec la
chambre de commerce et
d’industrie, le conseil régional
et le conseil général, une
n “Recréa”, premier salon de la reprise et de la création
d’entreprise dans les Hautes­Alpes, se déroule aujourd’hui
à Gap. Quelque 33 exposants (institutions, financeurs,
conseils et accompagnateurs, organismes de formation)
seront présents de 10 h à 18 heures au CMCL, bd Pierre­
et­Marie­Curie. Ils pourront répondre aux questions des
porteurs de projets et de personnes ayant récemment
repris une entreprise. Des conférences seront proposées
toutes les heures, à partir de 10 h 30 (la franchise,
protéger son patrimoine personnel, le prévisionnel, le
cadre juridique, les aides, le financement, le web).
TOURISME
journée d’échanges sur le
développement économique
par le tourisme dans le nord du
département, lundi
30 septembre au théâtre du
Briançonnais, à Briançon.
Cette journée associera les
principaux acteurs de l’offre
touristique (promoteurs
immobiliers dans le domaine de
l’hôtellerie et des résidences de
tourisme, investisseurs en
équipements de sport et de
loisirs, banques), gestionnaires
de remontées mécaniques,
socioprofessionnels, élus et les
services de l’État.
Les objectifs sont, à partir d’un
état des lieux, de dégager des
pistes de progrès visant à
diversifier et à innover en
matière d’offre touristique.
CCI
PATRIMOINE Ils doivent rendre un rapport pour définir une stratégie de restauration et attirer les investisseurs
Trois experts pour sauver
les fortifications de Vauban
BRIANÇON
urs de soutène­
ment délabrés,
escaliers partiel­
lement détruits,
toits effondrés.
Les travaux restant à réaliser,
dans les fortifications Vau­
ban sont énormes. Mais les
trois experts venus à Brian­
çon, hier, sont repartis satis­
faits, en voyant les avancées :
« Ce que j’ai vu pendant ces
deux jours, c’est impression­
nant », constate Campbell
Thomson, conseiller auprès
de l’Institut de la banque
européenne d’investisse­
ment.
M
“Les projets de
réutilisation doivent
venir avec les
investisseurs”
Accompagné de Charles
Pictet, membre du conseil
d’Europa nostra, et d’Isik Ay­
demir, président du conseil
scientifique d’Europa nostra,
ils doivent tous les trois ren­
dre un rapport à Bruxelles le
5 décembre, pour établir une
stratégie de restauration,
d’aménagement et de redé­
veloppement des forts.
En juin dernier, Briançon a
été sélectionné pour faire
partie des sept sites les plus
menacés en Europe (lire ci­
dessous), par Europa nostra,
en collaboration avec l’Insti­
tut de la banque européenne
d’investissement. L’objectif
final étant d’attirer des inves­
tisseurs sur le territoire brian­
çonnais.
Lundi et mardi, les trois ex­
perts ont donc passé deux
jours à visiter les fortifica­
tions. Stylo et carnet à la
main, ils ont constaté, analy­
sé, et dressé un premier bi­
lan.
« En Europe, sept monu­
ments risquent de disparaî­
tre. Ici, nous sommes très sa­
tisfaits de voir la réussite de
ces travaux de conservation
sur place, remarque Isik Ay­
demir, président du conseil
scientifique d’Europa nostra.
Aujourd’hui, cela concerne
les travaux pour la sauvegar­
de des bâtiments. Les projets
de réutilisation doivent venir
avec les investisseurs. Ce
sont eux qui doivent décider
de la rentabilité de ces bâti­
ments. La ville a besoin d’un
certain dynamisme pour son
tourisme, et la réutilisation
de ces bâtiments peut appor­
ter beaucoup de choses. »
“Le fort des Têtes
est un moyen
de créer un centre
culturel et hôtelier”
Le plan de sauvetage est
estimé à 100 millions d’euros.
La restauration complète à
200 millions d’euros.
« La problématique des
forts, ce n’est pas seulement
leur entretien, mais leur usa­
ge aussi, rappelle le maire »,
Gérard Fromm.
« Aujourd’hui, il y a une
page blanche, avec un beau
projet, indique Charles Pic­
tet, membre du conseil
d’Europa nostra. Ensuite, il
faudra trouver des investis­
seurs. Ces bâtiments ne se­
ront pas faciles à transformer
avec leurs murs, leurs petites
fenêtres. »
Si des investisseurs se
tournent vers Briançon, la
page s’écrira. Mais dans le
cas contraire ? « Pour revalo­
riser, nous avons besoin de
projets. Le problème est là.
Qui va les mener ? Les inves­
tisseurs. Si on fait de la pro­
motion, Europa nostra joue
un rôle : elle fait des publica­
tions, des expositions pour
attirer les investisseurs » rai­
sonne Isik Aydemir. Qui
poursuit : «Le fort des Têtes
m’intéresse beaucoup. C’est
un moyen de créer à la fois un
centre culturel et hôtelier. Ça
peut être le quatrième quar­
tier de la ville. Il suffit de lui
assurer un accès, pas seule­
ment pour les véhicules, mais
aussi les piétons, du centre­
ville jusqu’au fort. »
Audrey LUNGO
Élus, représentant du réseau Vauban et du ministère de la Défense se sont réunis, hier, dans la salle d’audience
de l’ancien tribunal de Briançon, avec les experts, pour faire un point sur leur visite.
C’est la somme, en
euros, investie dans
les fortifications, ces
deux dernières années,
soit 1,5 million par an, selon le contrat signé entre la
Région, le Département, l’État et la commune. À cela
s’ajoutent, entre autres, 475 000 euros pour le fort du
Randouillet et deux fois 400 000 euros pour la place
Eberlé et ses remparts, rénovés ces dernières années.
Les ministères de la Défense et la Culture ont
également investi 800 000 euros par an pour la
restauration du fort des Têtes, qui appartient à l’État.
3 millions
Europa nostra, une confédération
de 200 associations
uropa nostra représente la
principale organisation
européenne du patrimoine.
C’est elle, en collaboration
avec l’Institut de la banque
européenne d’investisse­
ment, lors d’une conférence
à Athènes, en juin dernier,
qui a sélectionné les sept si­
tes dits “menacés”.
E
Des sélections
chaque année
« Europa nostra, une organi­
sation non gouvernementa­
le, est une confédération de
200 associations travaillant
pour la promotion du patri­
moine en Europe », explique
Isik Aydemir, professeur ar­
chitecte et président du con­
seil scientifique d’Europa
nostra.
Parmi ses tâches, Europa
nostra organise, chaque an­
née, « des sélections dans
quatre catégories : la restau­
ration, les publications scien­
tifiques, les personnages qui
ont travaillé pour le patri­
moine et les associations for­
mant des jeunes pour restau­
rer le patrimoine ».
o
Le fort du Randouillet est l’un des plus délabrés. Les murs tombent en ruines. Photo Le DL/Yoann GAVOILLE
En Europe, sept sites sont “menacés”
amphithéâtre romain
de Durrës en Albanie, la
zone tampon dans le centre
historique de Nicosie à
Chypre, les fortifications de
Vauban du XVIIe siècle à
Briançon en France, le mo­
nastère de style Renaissan­
ce de San Benedetto Po en
Italie, le monastère du
XVe siècle à Setúbal au Por­
tugal, le paysage minier
historique de Rosia Monta­
na en Roumanie et l’église
arménienne de Saint­Geor­
ges à Mardin en Turquie
font partie des sept sites
européens les plus mena­
cés, depuis le mois de juin.
L’
Trois critères
pour faire la sélection
Parmi les fortifications, la Communication Y a également subi les ravages
du temps. Photo Le DL/Y. G
« Cette sélection était ba­
sée sur trois critères, rap­
pelle Charles Pictet, mem­
bre du conseil d’Europa
Nostra, représentant la
Suisse. Il fallait une unicité,
Les fortifications de Vauban sont considérées comme “menacées”. Le but
de ce classement : attirer des investisseurs et lancer un programme de
développement. Photo Le DL/Yoann GAVOILLE
que la population puisse
s’approprier le site (par
exemple, un manoir dans le
fin fond de la Hongrie, on a
dit non) et enfin, que la
restauration représente
une opération viable pour
l’avenir. »
o
Le fort Dauphin n’échappe pas à la règle. Photo Le DL/Y. G.