Prise en charge d`un patient/résident porteur de SAMR
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Prise en charge d`un patient/résident porteur de SAMR
PRISE ENPRISE CHARGE D’UN PATIENT/RESIDENT PORTEUR DE SAMR EN EHPAD EN CHARGE D'UN RESIDENT PORTEUR DE SAMR EN EHPAD Version 1 – juin 2010 Version 1 – juin 2010 Le portage nasal de staphylocoque doré résistant à la méticilline (SAMR) (souche multirésistante aux antibiotiques) est fréquent chez les personnes âgées (environ 20%) et il est souvent accompagné d’un portage cutané notamment en cas de présence de plaies cutanées (1). Les patients porteurs, même non infectés, représentent un réservoir de transmission croisée à l’origine d’épidémies occultes de colonisation. Le risque infectieux à SAMR chez ces patients colonisés est alors très important lors de la réalisation de soins invasifs que ce soit à l’hôpital ou dans l’EHPAD. Une politique spécifique et adaptée de prise en charge doit être déployée au sein des EHPAD pour éviter la transmission croisée de ce pathogène. 1. Politique de dépistage en EHPAD : • • • • Il n'est pas recommandé de dépister le SAMR de façon systématique à l'admission, en cours de séjour et avant un transfert vers un établissement de court séjour. La mise en place d’une politique de dépistage ciblé des patients/résidents doit être discutée dans chaque EHPAD. Si la décision de mise en place d’une stratégie de dépistage est prise, cette stratégie doit reposer sur : o Le dépistage des cas importés : lors de l'admission de patients/résidents ayant un antécédent d'hospitalisation en cours séjour de plus 72 heures dans les 12 mois précédant leur admission lors du retour d'une hospitalisation de plus de 72 heures dans un établissement de santé pour des patients/résidents déjà présents dans la structure (sont exclues les interventions en ambulatoire, les consultations externes et les hospitalisations de jour) o Le dépistage des cas acquis : lors de situations à risque de transmission croisée au sein de l'EHPAD (cas d'un patient/résident partageant la chambre d'un porteur connu de SAMR). 2. Comment dépister les porteurs de SAMR : Le dépistage doit faire l’objet d’une prescription médicale Méthode : écouvillonnage des 2 narines antérieures (avec un même écouvillon) + sites avec perte d’intégrité de la peau tels que les plaies et stomies (avec un autre écouvillon) Remarque : les patients/résidents (ou leur famille en cas de problème de compréhension) doivent être informés. Tout résultat positif doit être transmis sans délai au référent en hygiène s'il existe, au médecin traitant et au médecin ou infirmier coordinateur. 3. Gestion des patients/résidents porteurs de SAMR : 3-1- Décontamination de SAMR : • Indications de la chimiodécolonisation nasale : o quand le dépistage nasal est positif, sans lésions cutanées existantes et en en l'absence d’infection authentifiée par le médecin traitant et/ou le médecin coordinateur • Il ne faut pas recourir aux antibiotiques par voie systémique pour l'éradication du portage de SAMR. • Lorsqu'il est décidé de procéder à l'éradication du portage de SAMR, il est recommandé : o de réaliser une chimiodécolonisation nasale par mupirocine o d’associer à cette chimiodécolonisation nasale, l’utilisation d’un savon antiseptique pour la toilette corporelle du patient/résident. Comment : • matin et soir pendant 5 jours : une application de mupirocine au niveau des 2 narines, • une fois par jour pendant 5 jours : toilette corporelle (douche, bain ou toilette du corps entier) avec un savon antiseptique Réaliser un contrôle microbiologique 48 heures après la fin du traitement : si le contrôle est positif, une deuxième cure est réalisée puis un deuxième contrôle de son efficacité est à nouveau prescrit (mêmes modalités). Le protocole de chimiodécolonisation ne doit pas être répété plus de 2 fois chez un même porteur. 3-2- Mesures d'hygiène associées : Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d’une politique de maîtrise de la transmission croisée de cette bactérie multi-résistante. ♦ Respect des précautions “standard” (PS) : • Les PS assurent une protection systématique de tous les patients/résidents et des personnels visà-vis des risques infectieux dès qu'il existe un risque de contact ou de projection avec du sang, des liquides biologiques, des sécrétions ou excrétions et pour tout contact avec une peau lésée ou une muqueuse. Les PS sont à appliquer pour tout patient/résident, par tout soignant. • Hygiène des mains des soignants : la désinfection des mains à l’aide d’un produit hydroalcoolique (SHA) est la mesure phare de prévention de la transmission croisée. Elle doit être réalisée : Immédiatement avant tout soin propre ou tout acte invasif Entre un soin contaminant et un soin propre ou un acte invasif chez un même patient Après le dernier contact direct ou soin auprès d’un patient ♦ Mise en place de précautions complémentaires : Les bactéries multirésistantes aux antibiotiques sont sensibles aux antiseptiques, aux désinfectants et à la chaleur (machine à laver à une température supérieure à 40°C, lave-vaisselle, nettoyage par la vapeur, repassage…). La prévention de la transmission croisée de SAMR nécessite la mise en place de précautions complémentaires aux précautions « standard » : A respecter par les soignants : • Signalisation : mettre en place une signalisation selon la procédure de l’établissement. • Port d'un masque de soin : o lors de la réfection d'un pansement de plaie colonisée/infectée (risque d'aérosolisation de SAMR lors de l'ablation du pansement) • Port de gants : o ne pas mettre systématiquement des gants de soins non stériles en entrant dans la chambre et/ou avant de pratiquer un soin sur peau saine en dehors des indications de ce port de gants dans le cadre du respect des précautions « standard » • Port de surblouse : o ne pas revêtir systématiquement une protection spécifique de sa tenue en entrant dans la chambre d'un patient/résident porteur de SAMR • Elimination des déchets de soins de nursing (protection anatomique, carré de protection, gants de toilettes à usage unique...) dans la filière des déchets assimilés aux ordures ménagères sauf prescription contraire par le praticien • Circuit et traitement du linge : o manipuler le linge de ce patient/résident avec précaution (port de gants si souillures visibles, port de surblouse, mettre dans un sac fermé et l'évacuer quotidiennement de la chambre directement dans le local de stockage dédié). o traitement du linge : si température de lavage égale ou supérieure à 40°C : traitement habituel si température de lavage inférieure à 40°C : ajouter un produit désinfectant avant le lavage ou au rinçage. • Gestion de la vaisselle, des ustensiles : pas de traitement spécifique pour un lavage en lavevaisselle • Entretien de l'environnement proche du patient/résident selon la procédure en vigueur dans la structure et réalisé en fin de programme Pour les patients/résidents et leur famille/visiteurs/bénévoles : • Il n'est pas nécessaire de confiner les patients/résidents dans leur chambre, moyennant une désinfection des mains avec un produit hydro-alcoolique avant de sortir ou de participer à une activité collective. • Hygiène des mains o Des patients/résidents : désinfection des mains avec un produit hydro-alcoolique avant de sortir et/ou de participer à une activité collective o Information et éducation des patients/résidents, de leur famille, des visiteurs, des bénévoles extérieurs aux mesures d'hygiène des mains • Déplacement du patient/résident autorisé en respectant quelques règles complémentaires à l’hygiène des mains : vêtements non souillés, matériel individualisé (canne, fauteuil…), pansement fermé et propre. Références bibliographiques : 1. Muriel DROZ, Hugo SAX, Didier PITTET, Genève - Contrôle et prévention de l’infection dans les établissements de long séjour. Swiss-noso décembre 1999, 6(4), 25-28 2. Fiches techniques pour le dépistage et la décolonisation des porteurs de staphylococcus aureus résistant à la méticilline SAMR. CCLIN Ouest, 2007. 3. Prévention de la transmission croisée : précautions complémentaires contact. consensus formalisé d'experts. SFHH, 2009. 4. Circulaire DGS/DH n° 98-249 du 20/04/1998 relative à la prévention de la transmission d'agents infectieux véhiculés par le sang ou les liquides biologiques lors des soins dans les établissements de santé. 5. Kit BMR pour les établissements accueillant des personnes âgées. CCLIN Sud-Est, Antenne Auvergne. Janvier 2009. 6. Programme PRIAM. Prévention des infections en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Consensus formalisé d’experts. Juin 2009.