(1-2012) (en PDF) - Institut des Régions Arides
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Sommaire Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI....................3 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia Fairouz Dghim, Mustapha Gorai, Mekki Boukhris et Mohamed Neffati....................................................................21 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie Mouldi GAMOUN et Azaiez OULED BELGACEM ...................35 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati...........61 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation en vue de l’aide à la décision pour la gestion durable des terres : cas du bassin versant Oued Hallouf (Sud-est Tunisien) Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter........79 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jedi......................................................................105 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien Amor Gaddour, Mabrouk Ouni, Sghaier Najari, Mouldi Abdennebi, Samira Arroum et Meriem Dahli....123 1 2 Revue des Régions Arides n° 27 (1/2012) pp:3-20 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité Mohsen CHAMMEM1, Mabrouk Mouldi SEDDIK1, Mohsen JARRAY1, Fatma HRIZI2, Latifa Ben TAHAR2, Mohamed HAMMADI1 et Touhami KHORCHANI1 : Laboratoire d’Elevage et de la Faune Sauvage, Institut des Régions Arides Médenine, km 22 Route Djorf, Médenine 4119. Tunisie 1 : Institut Supérieur de Sciences Biologiques Appliquées de Médenine, km 22 Route Djorf, Médenine 4119. Tunisie 2 ملخص تعتبر الحبارى من الطيور القادرة علي العيش بالمناطق الجافة والصحراوية .وهي من ضمن األنواع المهددة باإلنقراض لعدة عوامل مرتبطة بتدهور موائلها والصيد الجائر .تبعا لهذه الوضعية تم الشروع في برنامج بحث في تونس من أجل حماية هذا الطائر في مواطنه الطبيعية والسعي لتعزيز المجموعات البرية من خالل إعادة األعمار ويعتبر التحكم في التربية في الحصر خطوة هامة لتحقيق هذا الهدف .وفي هذا السياق ،تمت دراسة السلوك التناسلي لـ 7ذكور و 6إناث واختبار تأثير العوامل المناخية واإلضاءة على السلوك الجنسي للذكور في الحصر .كما تمت دراسة السائل المنوي الذي تم تجميعه وتقييمه حسب الذكر والعمر وفترة الجمع على خصائصها الكمية والنوعية. أظهرت النتائج المتحصل أنه باستثناء مدة الفترة المضيئة من اليوم ،فإن كل العوامل المناخية التي سجلت خالل الفترة من فيفري إلى جوان ال تأثر على رقصة التزاوج عند الذكور. كما أظهرت النتائج أيضا أن كمية ونوعية النطف المنتجة ال تتأثر بالعوامل المناخية المدروسة في حين أن كميتها تختلف من ذكر إلى أخر حيث أن الكمية المجمعة تتحسن بصفة معنوية بزيادة العمر لكن تركيز البذور وحركيتها مستقلة عن الذكور وعمرها و فترة الجمع .تحتاج هذه النتائج إلى تأكيد من خالل القيام بدراسات إضافية خالل مواسم متعددة وعلى عدد أكبر من الذكور. كلمات مفاتيح :الحبارى ،التربية في الحصر ،السلوك التناسلي ،تقييم النطف RESUME L’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) est un oiseau adapté aux milieux xériques. Cette espèce vulnérable est fortement menacée à cause de la dégradation et la fragmentation de ses habitats et la 3 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité chasse illicite. Un programme de recherche a été entrepris en Tunisie afin de sauvegarder et bien gérer cette espèce in situ et de renforcer ses populations sauvages par le lâcher d’individus issus de l’élevage. La maîtrise de la reproduction en captivité de cette espèce est incontournable pour atteindre cet objectif. Dans ce contexte, nous avons étudié le comportement reproductif de 7 mâles et de 6 femelles et testé l’effet des facteurs climatiques et de la photopériode sur la parade des mâles en captivité. Il s’agit de caractériser le sperme collecté et d’évaluer les variations individuelles et l’effet de l’âge et de la période de collecte sur ses caractéristiques quantitatives et qualitatives. Les résultats obtenus ont mis en évidence qu’hormis la durée de la période claire de la journée, aucun des facteurs climatiques étudiés n’a montré d’effet sur la manifestation de la parade. Nos résultats ont montré également que la quantité et la qualité du sperme n’ont pas été affectées par les facteurs climatiques. Une variabilité individuelle du volume de l’éjaculat a été constatée. La quantité de la semence produite évolue avec l’âge; cependant, la concentration et la motilité sont indépendantes du mâle, de son âge et du mois de collecte. Ces résultats nécessitent des confirmations par des études sur plusieurs compagnes et sur un effectif plus élevé de mâles. Mots-clés: Outarde houbara, élevage en captivité, comportement reproductif, qualité du sperme. ABSTRACT The Houbara Bustard (Chlamydotis undulata) is a bird adapted to xeric habitats. This vulnerable species is highly endangered due to the degradation and fragmentation of its habitats and illegal hunting. A research program was established in Tunisia in order to save and manage this species in the wild and improve its populations by release. The control of reproduction in captivity is an important step to achieve this goal. The work was undertaken in the captive breeding unit. We studied the reproductive behavior of 7 males and 6 females to test the effect of climatic factors, and the photoperiod measuring on the display behavior of males. We also characterized the semen and evaluated individual variations and the effect of age and period 4 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI of collection on quantitative and qualitative parameters. The results of monitoring conducted during the breeding season showed that, except for the photoperiod, none of the climatic factors has any effect on display of males. The results showed also that the quantity and quality of semen produced are not affected by climatic factors studied. However they showed individual variability regarding the volume of ejaculate. The amount of semen produced changes with age, but the concentration and motility are independent of the male, age and month of collection. Optimizing reproductive performance of this species in captivity requires additional work and higher nulber of males. Key-words: Houbara bustard, captive breeding, reproductive behavior, sperm quality. 5 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité 1- Introduction : déré l’un de ses derniers refuges en Tunisie, n’a pas dépassé 0,04 mâle /km2 (Chammem et al., 2008). Les causes du déclin de l’Outarde houbara dans son aire de distribution sont essentiellement attribuées à la dégradation intensive et irréversible, l’altération des habitats sous l’effet des différentes activités anthropiques, le surpâturage et le braconnage (BirdLife International, 2010; Chammem et al., 2003; Isenmann et al., 2005). L’Outarde houbara (Chlamydotis undulata), est un oiseau paléarctique de l’ordre des Gruiformes et de la famille des Otididae. Cette dernière comprend 11 genres et 25 espèces (D’Aloia, 2001; Knox, 2002). L’Outarde houbara est un oiseau aux mœurs terrestre parfaitement inféodé aux zones steppiques, arides et semi arides, généralement isolées et non habitées par l’homme (Osborne et al., 1984; Johnsgard, 1991; Schulz & Seddon, 1995; Launay et al., 1997). L’Outarde houbara est répertoriée comme vulnérable (BirdLife International, 2005; IUCN, 2005). L’espèce Nord Africaine quant à elle, ne représente que 10% (10.000 individus) de la population mondiale du genre Chlamydotis (BirdLife International, 2000). Les résultats de plusieurs investigations effectuées pendant ces dernières années en Tunisie ont souligné le déclin alarmant de ses populations (Chammem et al., 2003, Isenmann et al., 2005; Chammem et al., 2008). Ainsi, la population de cette espèce évaluée en termes de mâles adultes dans le Parc National de Jbil, consi- Les inquiétudes relatives au déclin de l’Outarde houbara en Tunisie ont aboutit à la mise en place d’un programme de recherche visant le rétablissement de ses populations menacées. Le renforcement des populations d’outarde à partir des individus produits de l’élevage a été mis en œuvre par plusieurs centres spécialisés (Combreau et al., 1995; Seddon et al., 1995; Heredia, 1995; Saint Jalme & Van Heezik, 1996; Lacroix, 2003). Il s’agit d’une stratégie fondée sur les technologies de l’insémination artificielle. L’application réussie de ces technologies exige une connaissance préalable de la fonction de reproduction de cette espèce farouche. A 6 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI 2- Matériel et méthodes ce propos, Saint Jalme & Paillat (1994) ont rapporté qu’en captivité, la reproduction artificielle a donné satisfaction. Dans de telles conditions, les mâles et les femelles peuvent se reproduire dès leur première année d’âge (Saint Jalme & Van Heezik, 1996). Le dimorphisme sexuel est principalement lié à la parade du mâle. En effet, celui-ci se distingue par ce comportement sexuel décrit comme spectaculaire (Collins, 1980; Mendelssohn et al., 1979; Ponomareva, 1983; Launay & paillat, 1990; Gaucher et al., 1996). 2.1 L’unité d’élevage en captivité Le travail a été entrepris pendant la période du 15 février au 15 mai 2010 dans l’unité d’élevage en captivité du laboratoire d’Elevage et de la Faune Sauvage. Cette unité est constituée de 21 cagettes individuelles d’une hauteur de 2 m et de superficie variant entre 8 et 12 m². Des panneaux en roseau ont été installés sur le pourtour externe de l’unité d’élevage pour l’isoler contre le contact visuel avec le milieu environnant et réduire, par conséquent, le stress. L’unité est composée de 35 Outardes âgées de 6 mois à 12 ans. La plupart sont nées, élevées et imprégnées dans l’unité. Les femelles sont au nombre de 21 dont 15 adultes ayant un poids moyen de 1220 ± 127 g. Quant aux mâles, leur effectif est de 14 dont 8 adultes (1 à 5 ans) ayant un poids moyen de 1890 ± 373 g. Ces oiseaux ont été exposés aux conditions environnementales naturelles et une photopériode de 652 à 830 min de lumière et de 610 à 788 min d’obscurité. Les valeurs moyennes enregistrées, moyen- L’objectif principal de ce travail est d’évaluer les capacités reproductrices des outardes élevées dans les conditions de l’élevage de l’Institut des Régions Arides de Médenine. Une attention particulière a été donnée aux comportements reproductifs des mâles et des femelles et à l’étude de l’effet des facteurs climatiques pendant la saison de reproduction sur la parade des mâles captifs. La production spermatique ainsi que les caractéristiques de fertilité du sperme et leurs variations individuelles selon la classe d’âge ont été également étudiées. 7 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité nant une station météo portative (Kestrel 4000), de la température ambiante, de l’humidité relative, de la vitesse du vent, de la pression atmosphérique, du point de rosé et du point d’évaporation ont été respectivement de 19,88 ± 4,08°C, 54,16 ± 11,19, 2,85 ± 2,93 Km/h, 29,83 ± 0,21 inHg; 10,00 ± 4,09 °C et 13,75 ± 4,19°C. La photopériode, exprimée en terme d’heures de lumière, a été de 743 ± 57,90 min. La pluviométrie n’a été enregistrée que rarement au cours de la période de l’étude. Le régime alimentaire de base est constitué d’aliment concentré granulé (PF4-1 composé de maïs, blé, Soja et un complément minéral vitaminé) destiné aux poules pondeuses. Cet aliment est composé de 16% de protéines, 3% de matière grasse, 3% de cellulose, 14% d’humidité et 2750 Kcal/kg d’énergie métabolisable. Outre l’aliment concentré, la luzerne fraîche constitue une composante importante du régime alimentaire de ces oiseaux. Les fruits de tomates ainsi que des insectes tels que les grillons et les criquets sont aussi distribués quant ils sont disponibles. En effet, le régime animal est connu pour ses effets positifs sur le renforcement des activités sexuelles des outardes pendant la saison de reproduction (Tigar & Osborne, 2000; Archad et al., 2000). L’eau a été distribuée à volonté. 2.2 Comportement reproductif, récolte et caractérisation du sperme Le comportement reproductif, notamment la parade des mâles a suscité une attention particulière. Malgré que ce comportement spectaculaire se situe à l’aube et en fin d’après midi jusqu’au coucher du soleil (Collins, 1980; Mendelssohn et al., 1979; Ponomareva, 1983), son suivi a été effectué seulement pendant les séances matinales pour l’associer au programme de collecte et d’insémination artificielle. Les collectes du sperme ont été effectuées globalement à un rythme de 3 fois par semaine pour les mâles qui paradent régulièrement. Les mâles peu actifs sont tentés dès qu’ils paradent. La stimulation des mâles en parade pour atteindre l’éjaculation volontaire est assurée par la présentation d’un mannequin simulant une outarde femelle. Ce mannequin est tenu et présenté 8 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI au mâle par une seule main (la main gauche de l’opérateur si celui-ci est droitier). L’autre main tient le récipient de récupération de semences (boite de pétrie en verre) au niveau de la pomme. Lorsque le mâle excité monte sur le mannequin et se prépare à se mettre en position baraquée, l’opérateur le stimule en appliquant ses doigts au niveau de la région cloacale pour récupérer le sperme émis. La collecte de sperme peut prendre quelques minutes comme elle peut se faire dans un laps de temps très court, notamment lorsqu’il s’agit d’un mâle entrainé à l’éjaculation volontaire. de vivants et que ces derniers se déplacent lentement, 3 s’il y’a plus de spz vivants actifs que de morts, 4 si la majorité des spz sont vivants et bougent bien et 5 si tous les spz sont vivants et bougent rapidement et en vagues en faisant des déplacements importants). A cet effet, 3 µl de sperme ont été observés au microscope. La concentration a été évaluée après dilution de 10 ml de la phase spermatique à 200 fois dans une solution de NaCl à 3%. Le sperme dilué a été déposé dans la cellule de Thomas. Les spz immobilisés en appliquant une lamelle ont été observées. La concentration (Cc) du sperme en spz a été déterminée en multipliant le nombre (N) de spz compté dans cinq petits carrés par 106 (Cc= Nx106 spz/ml). Après récupération, l’éjaculat a été évalué selon les techniques standards appliquées par l’Emirate Center for Wildlife Propagation (ECWP) (Chalah et al., 2001). Ainsi, le volume a été mesuré. L’aspect, la couleur et la présence de matière fécale sont également notées. Le pH a été évalué à l’aide de bandelettes de papier pH. La motilité a été évaluée sur une échelle de 0 à 5 (0 correspond à l’immobilité des spermatozoïdes (spz), 1 si la majorité des spz sont morts, 2 s’il y’a plus de spz morts que 2.3 Analyses statistiques L’analyse de la variance (ANOVA) à deux facteurs a été effectuée pour étudier les effets de l’individu, de l’âge (2- 5 ans) et de la période de collecte sur le volume et la concentration spermatique. Le test Duncan a été utilisé comme test de comparaison multiple (α = 5%). Les résultats sont exprimés en moyenne ± l’écart type. Les paramètres 9 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité les comportements reproductifs de ces dernières passent généralement inaperçus. Toutefois, il est important de signaler que quelques heures avant la ponte, les femelles deviennent plus lentes et tendent à se stabiliser en position baraquée ou couchée dans un coin de la cage. Quant aux mâles adultes, ils se distinguent par une danse de parade fascinante et spectaculaire. Cette danse nuptiale qui s’observe le matin tôt et l’après midi avant le coucher du soleil décrite par Collins (1980, 1984) et Launay & Paillat (1990) a été confirmée dans le cas de notre étude. Il s’agit d’un comportement composé de six phases différentes, à savoir: (1) la phase de quiescence et de début de dressage des plumes du cou et de la poitrine, (2) la phase de pré-parade et l’érection des plumes, (3) la phase de la parade en se mettant en marche lentement et en faisant des petits pas qui augmentent graduellement, (4) la phase de course de parade, (5) la phase d’arrêt brusque, de remonté et de balancement de la tête et du claquage du bec et (6) la phase de rétraction des plumes, à la suite de laquelle le mâle regagne sa climatiques suspectés pour avoir un effet sur la manifestation de la parade chez les mâles ont été soumis à une analyse de la variance multivariée (MANOVA) de la procédure GLM (Modèle Linéaire Généralisé). Une régression entre le volume ainsi que la concentration et les paramètres climatiques moyennant la procédure ‘reg’ la comparaison entre la valeur de moyenne observée et celle théorique est effectuée à l’aide du test de Student (t-test) au niveau de α = 5%. Les analyses ont été effectuées à l’aide du Logiciel SAS (SAS Institute Inc, Cary, 1998). 3- Résultats 3.1 Comportement reproductif L’Outarde houbara est généralement caractérisée par des comportements silencieux. Des mouvements répétitifs illustrés par des mouvements de va et vient juste à côté du bord de la cage appelés mouvements stéréotypiques (Masson, 1991) ont été notés. Ce comportement qui n’a pas de but reflète un état de stress chez cet oiseau farouche. Le suivi des mâles et des femelles adultes durant la période de l’étude a mis en évidence que 10 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI 495=1,26, P=0,2678). Cependant, l’évaluation de chacun des facteurs montre une différence significative entre les jours de parades et les jours sans parades selon le facteur ‘photopériode’. Ce résultat montre qu’au sein de la saison de reproduction la photopériode est le seul facteur affectant la manifestation de la parade chez les mâles. forme normale. 3.2 Parades, collecte et évaluation de sperme Le nombre et la durée de la parade ont montré une variabilité individuelle. En effet, des parades plus ou moins régulières ou par intermittence, ainsi que des parades de quelques minutes ou de 1 ou 2 voire même 3 h ou plus ont été enregistrées. Par ailleurs, bien que des parades de l’après midi soient notées, celles de la période matinale sont plus prononcées. Quoique nous ayons enregistré la parade à l’âge d’un an pour deux individus, cette manifestation a augmenté significative avec l’âge. Le nombre moyen de jours de parade a été de 23 ± 19,15 jours avec des valeurs variant entre 4 et 54 jours. Le pic de cette activité sexuelle a été atteint au mois de Mars et d’Avril. Ce résultat corrobore ceux rapportés par Heim de Balzac (1926), Dementiev (1968), Cramp & Simmons (1980), Collar & Goriup (1983) et Gaucher (1995). L’analyse de la variance multivariée (MANOVA) n’a pas montré une différence significative entre l’ensemble des facteurs climatiques étudiés (Lamda de Wilks= 0,9825, F7, Les proportions de collectes réussies par rapport au nombre de parades effectives enregistrées révèlent que celles-ci varient de 0 à 46 % respectivement pour les males âgés entre 1 et 2 et ceux âgés de 4 à 5 ans (figure 1). Ce résultat appui celui de Saint Jalme & Van Heezik, 1996 qui a constaté que pour l’espèce nord africaine, 69% des mâles atteignent la maturité sexuelle à l’âge de 4 ans. L’éjaculation peut prendre quelques secondes et parfois quelques minutes. L’éjaculat obtenu est un liquide translucide d’odeur âcre, son volume est de 2 à 238 μl avec une moyenne de 102, 67 ± 77,23 μl et sa concentration varie de 38 à 817 x 106 spz/ml avec une moyenne de 202,67 ± 155,30 x 106 spz/ml. L’analyse de la variance ANOVA a mis en évi11 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité dence l’effet des individus, des classes d’âges et de la période de collecte sur le volume, et l’absence d’effet sur la concentration et la motilité (Tableaux, 3, 4 et 5). A ce propos, ces analyses ont montré que le volume de l’éjaculat varie d’un individu à l’autre et augmente avec l’âge. Les plus grands volumes ont été enregistrés pendant les mois de Mars et Avril correspondant au pic de l’activité sexuelle. Cependant la motilité semble indépendante du mâle, de l’âge et du mois. Selon la variabilité notée au niveau du volume et de la concentration est expliquée par la variabilité individuelle enregistrée entre les différents mâles testés. Cependant, le MANOVA n’a pas montré d’effet des paramètres climatiques et de la photopériode ni sur le volume ni sur la concentration de l’éjaculat. La viabilité enregistrée des spz varie de 2 à 5. Le pH du sperme n’a été mesuré qu’à deux reprises montrant une tendance légèrement basique puisqu’il est de 7,5. Tableau 1. Comparaison entre les jours de parade et les jours sans parades vis-à-vis des facteurs climatiques. Jours de parades Jours sans parades (n = 185) (n = 322) F P Moyenne ET Moyenne ET Température (°C) 20,04 0,29 19,75 0,23 0,94 0,3319 Humidité relative (%) 54,51 0,79 53,76 0,65 0,51 0,4750 Vitesse du vent (Km/h) 2,94 0,27 3,07 0,20 2,43 0,1195 Pression atmosphérique (bar) 29,44 0,23 29,77 0,07 0,00 0,9871 Point de rosée (°C) 10,40 0,31 9,68 0,23 2,63 0,1058 Point d’évaporation (°C) 14,85 0,47 13,62 0,25 1,43 0,2328 Photopériode (min) 752,82 3,82 739,44 3,09 6,25 0,0127* *Ef f et signif icatif (α ≤ 0,05) 12 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI Tableau 2. Caractéristiques du sperme de l’Outarde houbara Moyenne ± Valeur Valeur (Ecart type) minimale maximale 63 102,68 (77,23) 2 238 Concentration (106 spz/ml) 41 202,68 (155,30) 38 817 Mobilité 41 4,39 (0,74) 2 5 Variable n* Volume (μl) *nombre d’observations Tableau 3. Variation individuelle du volume et de la concentration du sperme Volume Moyenne Concentration Mâle n* 501 29 703 4 94,0 b 2 601 19 53,8 c 12 707 8 41,5 d 713 3 13,3 e (μl) n* 21 Moyenne (x106 spz/ml) Mobilité n* Moyenne Spz total n* Nombre moyen de spz 20 20 30,495b 2 2 116,624a 226,58 b 13 12 17,654bc 6 110,83 b 6 6 4,564c - - - 170,14 b - - *: nombre d'observations, les valeurs portant des exposants différents sont statistiquement différentes d’après le test de Duncan (α ≤ 5%). a, b,c,d: 13 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité Tableau 4. Variation individuelle du volume et de la concentration du sperme avec l’âge du male Volume Age (ans) n* Concentration Moyenne (μl) n* Motilité Moyenne (x106 spz/ml) n* Moyenne Spz total n* 3 15 49,9 c 8 8 8 4 19 53,8 b 12 13 12 5 29 20 20 21 170,14 a Nombre moyen de spz 17,654 b *: nombre d'observations, a, b, c, les valeurs portant des exposants différents sont statistiquement différentes d’après le test de Duncan (α ≤ 5%) Tableau 5. Variation du volume et de la concentration du sperme avec le mois de collecte mois Février Mars Avril Mai Volume Moyenne n* (μl) 5 Concentration Moyenne n* (x106 spz/ml) 3 n* 3 3 28 23 7 13 20 5 15 18 5 13 19 5 87,7 112,2 b 103,4 c d Mobilité Moyenne n* Spz total Nombre moyen de spz 26,369 b 23,436 b 24,787 b *: nombre d’observations, a, b,c,: les valeurs portant des exposants différents sont statistiquement différentes d’après le test de Duncan (α ≤ 5%) , 14 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI 4- Discussion et conclusion En effet, ce facteur constitue, à priori, le majeur handicap pour aboutir à des reproducteurs performants. Ce résultat a conduit à un volume de semence acceptable malgré l’utilisation d’un régime alimentaire très modeste comprenant uniquement un aliment concentré conçu pour volaille et de la luzerne fraîche. Le volume moyen est légèrement plus élevé que ceux rapportés par (Pauline, 2005) pour l’Outarde d’Afrique du Nord au Maroc qui a mentionné des volumes moyens variant de 82,6 ± 26,9 à 102,5 ± 68,4 μl, selon le régime alimentaire distribué. Cependant, il a enregistré des concentrations de 280,5 ± 171,0 et 257,4 ± 183,2 x106 spz/ml) plus élevées que celles obtenues dans la présente étude. Dans le cas de l’Outarde houbara asiatique (Chlamydotis macqueenii), Saint Jalme et al. (1994) ont rapporté des volumes variant de 10 à 300 μl (volume moyen ente 70 et 80 μl) et des concentrations de 0,3 x 106 à 4515 x 106 spz/ ml (concentration moyenne de 350 x106 spz/ml). Il est à signaler que les paramètres: volume, motilité et concentration, sont essentiels pour le choix des La présente étude a révélé que le comportement sexuel des outardes mâles et femelles s’est manifesté d’une façon normale en captivité. Ce comportement est saisonnier et son pic se situe en Mars et Avril. Ces résultats confirment les informations rapportées par Heim de Balzac, 1926; Dementiev, 1968; Cramp & Simmons, 1980 et Collar & Goriup, 1983 ; Gaucher, 1995). Le déclanchement de l’activité sexuelle est régie par plusieurs facteurs environnementaux synchroniseurs du cycle sexuel, notamment la photopériode et les conditions climatiques (Jacquet, 1997; Van Heezik et al., 2002). A ce propos, malgré que l’essai ait été réalisé en pleine période d’activité reproductrice, l’augmentation de la photopériode exprimée en termes de période claire a montré un effet significatif sur la manifestation de la parade chez les mâles. Les résultats relatifs à la réussite de la collecte de sperme permettent de fournir des indications préliminaires encourageantes concernant l’imprégnation des oiseaux et la réduction du stress. 15 Comportement sexuel et qualité du sperme chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata) élevée en captivité en écotourisme. En l’état actuel de cette espèce, le lâcher de centaines d’outardes issues de la captivité pour repeupler les zones favorables à cette espèce est plus que souhaitable. Néanmoins, nous signalons que les résultats de ce travail n’ont pas pu atteindre tous les objectifs fixés, mais ils sont satisfaisants compte tenu la maitrise de la reproduction en captivité de cette espèce rare ce qui constitue en soit un acquis. L’optimisation des performances de reproduction de cette espèce en captivité nécessite d’autres travaux supplémentaires, notamment concernant les conditions d’hébergement et le régime alimentaire qui doit contenir des composants animaux vus leurs effets sur la quantité et la qualité de la semence. doses d’insémination. Celles-ci doivent contenir un minimum de 7 millions de spz dans un volume qui ne doit pas dépasser 130 µl sous peine de rejet par la femelle (Lacroix Com. Pers.). La variabilité individuelle du volume et de la concentration en spz permet de faire le choix du mâle le plus performant pour l’insémination. Les résultats ont montré que les mâles âgés de 4 ans ou plus ont donné une meilleure qualité de la semence. L’important déclin des populations d’Outarde houbara en Tunisie pendant ces dernières décennies a nécessité l’établissement d’un programme de conservation, mettant en œuvre des objectifs sur le court et le long terme, à savoir respectivement la reconstitution de ses populations et sa valorisation 16 Mohsen CHAMMEM, Mabrouk Mouldi SEDDIK, Mohsen JARRAY, Fatma HRIZI, Latifa Ben TAHAR, Mohamed HAMMADI et Touhami KHORCHANI Références bibliographiques Archad, M., Zakaria, M., Sajap, A.S. & Ismaïl, A. 2000. Food and feeding habitats of Red Junglefowl. Pakistan Journal of Biological Sciences 3 (6), 1024-1026. Birdlife International, 2005. 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Journal of Avian Biology, 33, 63-70. 20 Revue des Régions Arides n° 27 (1/2012) pp:21-34 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia Fairouz Dghim1, Mustapha Gorai1, Mekki Boukhris2 et Mohamed Neffati1 Laboratoire d’Ecologie Pastorale, Institut des Régions Arides, Médenine 4119, Tunisia 2 Département de Biologie, Faculté des Sciences de Sfax, Sfax 3018, Tunisia 1 ملخص ) Juncus acutus (L.و ) J. maritimus (Lam.نبتتان معمرتان تنتشران على نطاق واسع في الجنوب التونسي ،وتنموان في ظروف بيئية خاصة .حيث يتم استعمالهما بكثرة من قبل السكان المحليين لشتى االغراض مما يهدد ها باالنقراض .و لتوفير المعلومات األساسية للمحافظة عليهما ،تمت دراسة تأثير الملوحة على القدرات اإلنباتية لهتين النبتتين ) 0, 50, 100, 200, 300 mMكلوريد الصوديوم) تحت الدرجة الحرارية المثلى ) .(°25بينت النتائج المسجلة خالل هذه الدراسة أن الملوحة تأثر سلبا على عملية االنبات. كما أن القدرة على اإلنبات وسرعته تتأثران بزيادة تركيز كلوريد الصوديوم تدريجيا حيث بلغ كل منهما أقصاه في وسط غذائي خال من الملح .تحت تركيز mM 300من كلوريد الصوديوم ،أظهرت J. maritimusقدرة اكبر على التاقلم مع الملوحة مقارنة ﺑ ،J. acutusالتي انعدم إنباتها تماما في هذه الظروف. أثبتت تجارب استعادة اإلنبات أن للملح تأثيرات اسموتية على البذور مما يجعل هذه األخيرة قادرة على اإلنبات مجددا عندما تصبح الظروف مالئمة .ومن المحتمل ان ارتفاع معدل سرعة إنباتهما تحت تركيز mM 100من كلوريد الصوديوم يعطيهما أفضلية التواجد في االراضي المالحة. كلمات مفاتيح :اإلنبات ، Juncus maritimus ، Juncus acutus ،استعادة اإلنبات، الملوحة ،تونس. Résumé Juncus acutus (L.) et J. maritimus (Lam.) sont deux plantes pérennes largement exploitées par les populations nomades en Tunisie aride et sont par conséquent menacées de disparition. Afin de fournir des informations de base pour leur conservation, l’influence de la salinité sur leurs aptitudes germinatives a été étudiée. Des 21 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia expériences ont été conduites au laboratoire pour évaluer les effets de la salinité sur leur germination et leur reprise suite à un transfert des semences dans l’eau distillée. La germination des graines a été testée à 25°C sous une large gamme de salinité (0, 50, 100, 200 et 300 mM NaCl). Chez les deux espèces, la germination est maximale en présence de l’eau distillée et l’augmentation de la concentration en NaCl inhibe progressivement la germination des graines. À 300 mM NaCl, J. maritimus s’avère plus tolérante à la salinité comparée à J. acutus, dont la germination a été complètement inhibée à ce niveau de concentration. La reprise de germination est établie à des faibles doses de sel. Cette étude montre que les deux espèces du genre Juncus sont tolérantes au sel au cours de la phase germinative, traduisant une aptitude germinative à faible salinité. Il en ressort que la vitesse de germination élevée chez les espèces étudiées à 100 mM NaCl est avantageuse pour coloniser les sols salins. Mots-clés : Germination, Juncus acutus, Juncus maritimus, recouvrement, Salinité, Tunisie. Abstract Juncus acutus (L.) and J. maritimus (Lam.) are rhizomatous perennial and densely caespitose shrubs widely distributed in southern Tunisia and grown under a variety of environmental conditions. Individuals of these species are extensively harvested by local nomadic populations for many commercially orientated products, thereby placing them under threat of over-exploitation. To provide basic information for their conservation, the influence of salinity on germination patterns was studied. A laboratory experiment was carried out to assess the effects of salinity on seed germination and recovery responses after seed transfer to deionized water. The germination responses of seeds were determined over a wide range of NaCl-salinity (0, 50, 100, 200 and 300 mM) at 25 °C. For both species, the highest germination percentages and rates were obtained with 0 mM NaCl and increasing NaCl concentration progressively inhibited seed germination. At 300 mM NaCl, J. maritimus better tolerated salinity compared to J. acutus, which showed complete inhibition of seed germination. When 22 Fairouz Dghim, Mustapha Gorai, Mekki Boukhris et Mohamed Neffati after 20 days seeds were transferred from salt solutions to deionized water, those from low salinities recovered rapidly. Overall, this study demonstrates that both Juncus species are salt tolerant during the seed germination stage, being able to achieve their germination at low salinities. It is probable that the higher germination rate of the studied species in 100 mM NaCl is advantageous for their establishment in salt soils. Key-words: Germination, Juncus acutus, Juncus maritimus, Recovery, Salinity, Tunisia. 23 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia 1- Introduction their population. Detailed information on germination patterns however, is important, not only for successful cultivation, but also for understanding species establishment, zonation, tolerance to abiotic factors and their dynamics in salt marshesTolerance to salinity during germination is critical for the establishment of plants growing in salt marshes (Hanslin & Eggen, 2005; Espinar et al., 2005; Necajeva & Levinsh, 2008). Increasing salinity leads to a reduction and/or delay in germination of both halophytic and glycophytic seeds. Germination failures in saline soils are often a result of high salt concentrations near the soil surface because of the upward movement of soil solution and subsequent evaporation at the soil surface. This has been attributed to both osmotic and toxic effects (Song et al., 2005, 2007; Tlig et al., 2008; Gorai et al., 2011). Seed germination under saline conditions occurs after high precipitation where soil salinity is usually reduced as a result of leaching (El-Keblawy, 2004; Redondo et al., 2004; Gorai et al., 2006). Woodell (1985) identified three types of coastal plant seeds and explained this Salt marsh rushes Juncus acutus L. and J. maritimus Lam. (Juncaceae) are xerohalophytic perennial plants reaching a height of 100-150 cm. They have a wide ecological and geographical distribution in Tunisia occurring under a variety of environmental conditions (rocky coasts, sandy beaches, sand dunes, river deltas, lakes, marshes, coastal plains, etc). These species invade marshes both through rhizome growth and seed germination. Vegetative growth of the two rushe species extends from December to March, while flowering and fruit setting occur between April-June and JulyNovember for J. acutus and J. maritimus, respectively (Cuénod et al., 1954). Seed germination starts following the first rains of the spring season. However, none germinated in response to rains in summer, when temperatures were at their yearly maximum. The erect, cylindrical and rigid culms are extensively harvested by local nomadic populations for many commercially orientated products (netting chairs, mats or baskets, etc); overuse in this respect has contributed to the decrease of 24 Fairouz Dghim, Mustapha Gorai, Mekki Boukhris et Mohamed Neffati 2- Materials and methods by different habitat conditions. Germination of category 1 seeds is inversely proportional to salinity, and exposure to sea water (half-diluted or higher concentration) inhibits germination after subsequent transfer to fresh water. Germination of category 2 seeds is strongly inhibited by sea water, but after transferring seeds to fresh water, germination recovers to levels similar to seeds germinated in fresh water alone. Germination of category 3 seeds is variable in sea water, but is enhanced when transferred to fresh water (Woodell, 1985). 2.1 Seed collection sites Seeds of J. maritimus and J. acutus were collected in July and August 2006 from Jerba (33°73’N, 10°96’E) and Zerkine (33°69’N, 10°27’E) locations, respectively. These two locations are arid to semi-arid with a typical Mediterranean climate, characterized by irregular rainfall events and a harsh dry summer period. Seeds of these rush species are very small and appendiculate; one thousand seeds weighed, on average, 360 and 780 mg for J. maritimus and J. acutus, respectively. Seeds were cleaned and stored for six months in the seed bank of the Laboratoire d’Ecologie Pastorale at the Institut des Régions Arides (Médenine, Tunisia), in which relative humidity was set at 30% and temperature was maintained at 20 °C. This study was conducted to better understand the germination requirements of seeds of two rush species frequently or constantly exposed to sea water, as well as to determine seed dormancy type. It has been hypothesized that the initial establishment of species in salt marshes is related to seed germination responses to salinity; thus, the effects of a wide range of salinities on germination patterns (percentage of germination and germination rate) and recovery were studied on J. acutus and J. maritimus. 2.2 Germination experiments Seeds were surface sterilized with sodium hypochlorite, subsequently washed with deionized water and air-dried before being used in experiments to avoid fungal attack. Seeds were placed in 90 mm Petri dishes contain25 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia ing two disks of Whatman No. 1 filter paper with 5 ml of test solution. Juncus species have a positive photosensitivity and require consequently a photoperiod for their germination (Rozema, 1975; Martínez-Sánchez et al., 2006; Vicente et al., 2007). Experiments were conducted in a germination chamber with a photoperiod of 12 h (photon flux density of 100 µmol m–2 s–1) at a constant temperature at 25 °C. Test solutions were deionized water, 50, 100, 200 and 300 mM NaCl. A completely randomised design was used in the germination tests. For each treatment four replicates of 25 seeds each were used. The number of germinated seeds was counted and removed every second day for 20 days. A seed was considered to have germinated when the emerging radicle elongated to 2 mm. Deionized water, equal to the mean loss of water from dishes containing only water, was added to each Petri dish every two days to maintain initial salt concentration throughout the germination period. transferred to deionized water, were estimated using a modified Timson’s index of germination velocity = ΣG/t, where G is the percentage of seed germination at 2-day intervals and t is the total germination period (Khan & Ungar, 1984). The maximum value possible for our data using this index was 50 (i.e. 1000/20). The greater the value, the more rapid is the germination. After 20 days, ungerminated seeds from each Petri dish were transferred to deionized water to study recovery of germination, which was recorded at 2-day intervals for additional 20 days (total emergence of the radicle was used as the germination criterion). The recovery percentage was determined by the following formula: [(a − b)/(c − b)] × 100, where a is the number of seeds germinated after being transferred to deionized water, b is the number of seeds germinated in saline solution and c is the total number of seeds. Total germination was recorded as (a/c) × 100. 2.4 Statistical analysis 2.3 Methods of germination expression Germination data were arcsine transformed before statistical analysis to ensure homogeneity of variance. Data were analyzed Seed germination rate in salt solutions and recovery rate, when 26 Fairouz Dghim, Mustapha Gorai, Mekki Boukhris et Mohamed Neffati using SPSS for Windows, version 12.0. A one-way ANOVA was used to test the effects of salinity on germination percentage, rate of germination and recovery. Tukey’s test was used to estimate least significant range between means. tively). However, in the 300 mM NaCl treatment, only J. maritimus germinated, with a germination percentage of 15% (Figure 1a,b). (a) (a) Germination responses of both Juncus species to different salinity levels are shown in Figure 1. Seeds of J. acutus and J. maritimus germinated to 99% and 72%, respectively, in deionized water. Under such conditions, the seeds of both species germinated only after four days; however, germination was delayed with increasing salinity, being 8±0 days for J. maritimus and 10±0 days for J. acutus at 200 mM NaCl and 10±0 days for J. maritimus at 300 mM NaCl. The germination percentage decline from 0-50 mM NaCl was significant for J. maritimus and did not vary for J. acutus; however, the percentage decline from 0-100 mM NaCl was significant for J. acutus (Figure 1). Increasing the NaCl concentration to 200 mM led to further significant decreases in germination percentages of J. maritimus and J. acutus (30% and 20%, respec- Germination (%) 3- Results (b) (b) NaCl (mM) (mM) NaCl concentration Figure 1. Changes in germination percentages of Juncus acutus (a) and Juncus maritimus (b) seeds after 20 days at different NaCl concentrations (0–300 mM) at 25 °C (n = 4). Data represent means ± 95% confidence limits (n = 4). Different letters within each species indicate significant differences between treatments at P < 0.05 according to the Tukey test. 27 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia for J. acutus and J. maritimus. The highest germination rates of J. acutus and J. maritimus were obtained in non-saline solution (38.8 and 19.2, respectively) (Figure 2). Increasing the NaCl concentration to 200 mM led to significant decrease in germination rate of J. acutus (to 5.75). A 300 mM NaCl solution significantly decreased the germination rate of J. maritimus to 2.05 and becomes zero for J. acutus (Figure 2a,b). Linear regression analysis was used to determine the relationships between germination percentages and NaCl concentration. There was a strong negative relationship with germination and salinity in both species (y = -0.375x + 108.17, R2 = 0.94 and y = -0.179x + 66.88, R2 = 0.92, for J. acutus and J. maritimus, respectively). Based on this regression, the NaCl concentrations (above which no germination is expected) were 288 mM and 373 mM, respectively, 50 40 (a) (a) a b Germination characteristics Germination rates 30 Figure 2. Changes in germination c and recovery rates of Juncus acutus (a) and Juncus maritimus (b) at different NaCl concentrations (0–300 mM) at 25 °C. The recovery rate was estimated using a modified Timson’s index. Data represent means ± 95% confidence limits (n = 4). Different letters within each species indicate significant differences between treatments at P < 0.05 according to the Tukey test. 20 10 d 0 0 50 50 200 NaCl (mM) 40 30 100 300 (b) (b) a 20 b b 10 c c 0 a b 0 c 50 100 200 300 NaCl (mM) (mM) NaCl concentration Germination rate Recovery rate d 05123 NaCl (mM) 28 Fairouz Dghim, Mustapha Gorai, Mekki Boukhris et Mohamed Neffati A one-way ANOVA of total germination percentages after rinsing seeds of both species with deionized water indicated a significant effect of salinity on germination for both Juncus species (Table 1). Table 1. Total germination percentages at 25 °C of Juncus acutus and Juncus maritimus seeds after their transfer from 50, 100, 200, and 300 mM NaCl to deionized water. Species Juncus acutus Juncus maritimus 50 99 ± 1.96a NaCl (mM) 100 200 83 ± 3.75b 26 ± 3.92c 300 0 ± 0.00d 53 ± 3.75a 49 ± 3.75a 15 ± 1.96c 30 ± 5.06b Data represent means ± 95% confidence limits (n = 4). For each species, different letters indicate significant differences between treatments at P < 0.05 according to the Tukey test. There was no recovery at the highest NaCl concentration (300 mM), whereas some seeds were recorded for J. acutus at 100 and 200 mM and for J. maritimus at 100 mM. The recovery rates vary among species reaching 1.80 and 0.45 at 100 mM and 2.70 and 0.0 at 200 mM, respectively, for J. acutus and J. maritimus (Figure 2a,b). of germination (Ungar, 1995; Katembe et al., 1998; Redondo et al., 2004; Gorai & Neffati, 2007; Gorai et al., 2011). The depressive effect of salinity on the rate and percentage of germination of J. acutus and J. maritimus support those found for J. bufonius, J. maritimus and J. alpino-articulatus (Rozema, 1975), J. balticus (Necajeva & Ievinsh, 2008), J. gerardii (Rozema, 1975; Hanslin & Eggen 2005), J. acutus (Vicente et al., 2007), J. subulatus (Espinar et al., 2005, 2006) and J. kraussii (Naidoo & Kift, 2006). In numerous works, an increase in salinity during germination 4- Discussion The results obtained in the present experiments corroborate several other studies, revealing that halophytes, in addition to glycophytes, are especially sensitive to salt during the timing 29 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia caused a decrease in germination (Gorai et al., 2006; Gorai & Neffati, 2007; Tlig et al., 2008; Gorai et al., 2011). Although a concentration of NaCl above 300 mM sharply reduced the germination of J. maritimus, it is salt tolerant species as a mature plant and grows in soils when the salt concentrations of interstitial water reach 600 mM NaCl (Rozema, 1975), which explains its presence at the seaside. specific ion toxicity, as has been suggested by several authors in other halophytes (Ungar, 1996; Pujol et al., 2000). As indicated by Espinar et al. (2005, 2006), an increase in water salinity inhibited the percentage of germination of J. subulatus and enhanced the duration of seed dormancy. Similar results were found by Redondo et al. (2004) showing that increasing salinity enforced seed dormancy and reduced seed viability of three closely related halophytic taxa of the genus Sarcocornia. The ability of the seeds to remain viable after a long-term exposure to soil salinity and germinate when conditions are favorable has been reported (Woodell, 1985; Keiffer & Ungar, 1995; Khan & Ungar, 1997). In our study, both Juncus species exhibited different tolerances to salinity, as shown by the ability to germinate in saline conditions, as well as the recovery of germination when transferred to deionized water. The responses to salinity and germination recovery patterns allow classification of J. acutus and J. maritimus seeds as category 1, according to the classification of Woodell (1985). On the contrary, Reduction in germination percentage, as well as an increase in the time required for germination with an increase in salinity may be attributed to reduced imbibition of seeds induced by low osmotic potentials, induction of secondary dormancy or specific ion effects (Song et al., 2005, 2007; Tlig et al., 2008). When Na2SO4 was used as the salt, Vicente et al. (2007) found that germination of J. acutus was higher than in NaCl. This differential behaviour of seeds according to the salt type is presumably due to the fact that the same concentration of salt generates different osmotic potentials and the osmotic effect may well have a greater influence on germination than 30 Fairouz Dghim, Mustapha Gorai, Mekki Boukhris et Mohamed Neffati J. maritimus. It is probable that the higher germination rate of the studied species in 100 mM NaCl is advantageous for their establishment in salt marshes. By comparing four Juncus species, Rozema (1975) showed that flooding in 0% NaCl had no inhibitory effects on the germination of J. bufonius, J. maritimus, or J. alpinoarticulatus, and it stimulated the germination of J. gerardii. However, increases in salinity decreased germination, but seeds of the four Juncus species were more tolerant of high salinity in flooded than in nonflooded conditions; thus, J. maritimus seems to have the highest salt tolerance with a germination percentage of 75%, at 26 °C, flooded with sea water (Rozema, 1975). high germination percentages (98 to 100%) were observed in J. gerardii (Hanslin & Eggen, 2005) and J. balticus (Necajeva & Ievinsh, 2008) after transfer of the seeds from 400 mM to 0 mM NaCl. Salinity in salt marshes is variable depending on the unpredictable flooding of rivers, inundation of seawater, and precipitation (Adam, 1990; Álvarez-Rogel et al.,, 2006). The capacity of each species to grow in a zone of the marsh implies its adaptation to alternating dry periods, in which salts accumulate in the upper soil horizon, and wet periods, in which salts are diluted although flooding can occur (ÁlvarezRogel et al.,, 2006). Seeds of Juncus species may be exposed to high salinity during flooding, and flooding per se could influence germination. The results of the germination experiments for J. acutus and J. maritimus are consistent with the general tendency for salt marsh plants to promote high germination only in the period when soil-water salinity is reduced. ÁlvarezRogel et al. (2006) indicated that the reduced soil conditions are an important factor in discriminating the habitats for From the present study it can be concluded that J. acutus appears to possess a relatively lower salinity tolerance than J. maritimus and both species correspond to category 1 of Woodell’s (1985) classification. Seed germination under natural conditions is more complicated and is influenced by many factors such as salinity, drought, light and temperature. Future studies 31 Influence of salinity on germination patterns of two Juncus Species inhabiting salt marshes in southern Tunisia should focus on the interactive effects of these factors to better understand the ecophysiological strategies of plants for survival under natural environmental conditions. Références bibliographiques Adam P., 1990. Saltmarsh Ecology. Cambridge University Press, Cambridge. 461 p. Álvarez-Rogel J., Martínez-Sánchez J.J., Carrasco Blázquez L. & Marín Semitie C.M., 2006. A conceptual model of salt marsh plant distribution in coastal dunes of southeastern Spain. Wetlands 26: 703–717. Cuénod A., Pottier-Alapetite G. & Labbe A., 1954. Flore analytique et synoptique de la Tunisie: cryptogames vasculaires, gymnospermes et monocotylédones. SEFAN, Tunis. 287p. El-Keblawy A., 2004. 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Plant Ecology 61: 223–229. 34 Revue des Régions Arides n° 27 (1/2012) pp:35-60 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie Mouldi GAMOUN et Azaiez OULED BELGACEM Laboratoire d’Écologie Pastorale, Institut des Régions Arides 4119 Médenine Tunisie ملخص لدراسة مدى تطور الغطاء النباتي وذلك2000 وسنة1990 ت ﱠم رسم الخرائط النباتية لسنة مكنت.اعتمادا على معالجة صور األقمار الصناعية الندست وتحليل المعطيات الميدانية مقارنة وتحليل الخريطتين من مالحظة تدهور مطرد للمراعي مرتبط أساسا بمجموعة من .العوامل منها ح ﱠدة السلوك الجائر لإلنسان تجاه المراعي وعدم مراعاة قدرتها اإلنتاجية الجنوب التونسي، النظم البيئية، تط ﱠور، خريطة:كلمات مفاتيح Résumé Les cartes des unités pastorales en 1990 et en 2000 dans la région d’Ouled Chéhida ont été établies à partir des images satellitaires Landsat et des relevés de terrain. La comparaison de deux cartes a permis de remarquer une évolution régressive de la physionomie des parcours. Cette évolution régressive est la conséquence d’un ensemble de contraintes. Elle peut s’expliquer par la régression de l’espace pastoral que l’on peut discerner en comparant la superficie de différents groupements entre les deux dates choisies. Entre 1990 et 2000, la superficie des parcours considérés comme dégradés a sensiblement augmenté dans cette région sous l’effet du surpâturage. Mots clés: cartographie, évolution, système écologique, Tunisie méridionale. ABSTRACT Mapping of Ouled Chehida rangeland in 1990 and 2000 was carried out using Landsat satellite image and field surveys. The comparison of two maps shows a regressive evolution in rangeland. This 35 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie evolution results from a set of constraints. It can be explained by the decrease of rangeland areas when comparing the size of different groups during the study period. Between 1990 and 2000 degraded vegetation increased significantly in this area under the effect of overgrazing. Keywords: mapping, Tunisia. evolution, ecological 36 system, southern Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM 1- INTRODUCTION : En Tunisie méridionale, les parcours constituent la principale occupation des terres, avec environ 2.7 millions d’hectares (Zaafouri et al., 1994). Ces parcours sont généralement steppiques très dégradés avec une valeur pastorale ne pouvait pas excéder, dans les années à pluviosité normale, 80 à 100 UF/ ha/an (Nabli, 1995). Un certain nombre de facteurs d’ordre écologique, social et économique, plus ou moins emboîtés, ont concouru à la baisse de la production pastorale des parcours (Aïdoud et al., 2006). Exposés à de fortes variabilités climatiques et anthropiques, ces écosystèmes arides se trouvent dans un état précaire. La méthodologie d’analyse diachronique moyennant deux images satellitaires, en association avec des observations de terrain, a permis d’appréhender, de quantifier et de qualifier les changements de ces espaces écologiques. L’objectif de cette étude est d’interpréter les changements de ces systèmes écologiques et leur évolution au cours de la dernière décennie. Un tel travail pourrait faire l’origine des propositions de gestion et de conservation du patrimoine floristique et des espaces pastoraux en zone aride. 2- MATÉRIEL THODES: ET MÉ- Caractérisation de la zone d’étude Cette étude a été réalisée au niveau de la région d’Ouled Chéhida, qui représente une zone étroite qui se juxtapose la partie Sud Est de la ville de Tataouine au sud tunisien (10°32, 280 E et 32°8’, 760 N). Elle s’étend sur une superficie de 127926 ha. Le climat est méditerranéen, saharien supérieur à variante tempérée, qui se caractérise par l’irrégularité de pluviométrie. Cette région présente deux zones topographiques (Figure 1): les monts de Matmata, qui représentent la cuesta formée par des calcaires durs du crétacé et un vaste plateau matérialisé par un encroûtement calcaire gypseux, des dunes, des sebkhas, des nebkas et des oueds. 37 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie Figure 1 : Localisation géographique de la région d’Ouled Chéhida. Méthodologie 138 relevés ont été effectués en 2000 et identifiés en utilisant un système de positionnement par satellite (GPS), avec une description de la composition floristique, du taux de recouvrement et de la nature du substrat édaphique, afin d’élaborer la carte de végétation. vent présentes ensembles. Pour l’AFC, les coefficients d’abondance dominance ont été remplacés par une matrice binaire: 1 si l’espèce est présente dans le relevé quelque soit son couvert et 0 si l’espèce est absente. L’AFC permet de rapprocher les relevés qui se rassemblent et aide à déterminer les facteurs discriminant des unités de végétation. Elle permet de représenter les relevés dans un espace à autant de dimensions que le nombre d’espèces. L’AFC est appliquée sur un tableau contenant 122 relevés, en colonnes, et 122 espèces en lignes. Les autres relevés (qui correspondent soit aux champs de culture, des Les méthodes statistiques utilisées sont l’AFC (analyse factorielle des correspondances) et la CAH (classification ascendante hiérarchique). Un tableau de contingence a été analysé dans le but de mettre en évidence des ressemblances dans la composition des relevés et de regrouper les plantes qui y sont sou38 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM friches ou à des points d’eau) ont été directement identifiés sur terrain. Une CAH menée sur la flore en fonction des axes les plus explicatifs de l’AFC permet de différencier des groupes écologiques dont on caractérise les conditions qu’ils représentent. Ceci à l’aide de l’analyse de la signification écologique des axes. Ensuite une CAH a été réalisée sur les relevés afin de connaitre des groupes homogènes dans lesquels les associations de plantes sont susceptibles d’exister. Toutes ces analyses sont performées moyennant le logiciel Biomeco (Roux et Lebreton, 1988). La prise en compte de l’ensemble des données précédemment exposées, telles que la détermination des différents types de végétation, et la spatialisation des relevés phytoécologiques à l’aide du SIG, a permis la réalisation des cartes de végétation 1990 et 2000 pour la zone d’étude. Une comparaison permettant d’apprécier la dynamique de la végétation au cours de la période 1990-2000, a été faite entre les deux cartes de végétation. 3- RÉSULTATS: 3.1 Signification écologique des axes : L’analyse de la signification des axes de l’AFC se fait par une approche graphique pour mettre en premier lieu l’existence de relations linéaires. Ce travail permet de dégager les principaux gradients responsables de la répartition de la végétation dans la zone étudiée. Axe 1 Sur ses deux cotés positif et négatif, cet axe est caractérisé par une liste d’espèces de forte contribution (Tableau 1): Tableau 1 : Contribution des espèces à l’axe 1 de l’AFC. Positif Periploca laevigata (91) Stipa tenacissima (89) Hammada scoparia (20) Anthyllis sericea (9) Fagonia glutinosa (7) Gymnocarpos decander (2) Négatif Ziziphus lotus (129) Limoniastrum monopetalum (128) Juncus maritimus (126) Retama raetam (121) Hammada schmittiana (115) Tamarix gallica (109) Traganum nudatum (107) Artemisia campestris (44) Phragmites communis (42) Ifloga spicata (38) 39 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie L’examen des relevés localisés dans cette zone située principalement au Sud, confirme ces résultats, avec l’identification d’un certain nombre d’espèces telles que : Retama raetam, Ziziphus lotus, Limoniastrum monopetalum, Juncus maritimus et Artemisia campestris. L’axe 1 définit donc un gradient géomorphologique et édaphique, de l’amont avec ses sols squelettiques tels que les collines, en progressant vers l’aval de la zone, avec ses plaines, ses dépressions et ses cours d’eau. Axe 2 L’axe 2 oppose les espèces suivantes (Tableau 2): Les espèces qui ont le plus de poids sur le coté positif de cet axe sont des espèces caractérisant les croûtes et les encroûtements calcaires aux sols squelettiques, tels que les massifs montagneux, les petites collines et les glacis. Sur le coté négatif, se rencontrent plusieurs espèces qui indiquent la partie avale de la zone, avec ses différentes formes géomorphologiques telles que les plaines, les dépressions, les sebkhas, et les oueds.... Cette zone comporte plusieurs taxons comme les gypsophytes, les halophytes, les hygrophytes, ainsi que les taxons liés aux friches post-culturales. Tableau 2 : Contribution des espèces à l’axe 2 de l’AFC. Négatif Argyrolobium uniflorum (70) Erodium glaucophyllum (19) Fagonia glutinosa (7) Positif Calligonum comosum (90) Asphodelus tenuiflorus (84) Cutandia dichotoma (79) Stipagrostis pungens (73) Euricaria pinnata (66) Les espèces ayant le plus de poids sur le coté positif de ce deuxième axe, sont des espèces caractéristiques des zones sableuses ainsi que des sols envahis par des sables mobiles. La végétation de ce milieu est essentiellement caractérisée par la dominance de Stipagrostis pungens, Cutandia dichotoma, Calligonum comosum. Ce milieu ensablé occupe généralement la partie Sud de la zone compte tenu de la fragilité du milieu édaphique sous l’action du pâturage. Le côté négatif indique une affinité écologique progressive vers des sols dénudés, tels que 40 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM les regs calcaires, regs gypseux et les regs à texture fines. L’axe 2 propose ainsi un gradient écologique lié au mouvement du sable, partant d’un sol dépourvu de sable mobile vers des accumulations sableuses. Axe 3 Une liste importante d’espèces qui sont présentes sur cet axe, avec un poids important (Tableau 3) : Tableau 3 : Contribution des espèces à l’axe 3 de l’AFC. Négatif Suaeda mollis (117) Salsola villosa (95) Nitraria retusa (92) Zygophyllum album (70) Lygeum spartum (55) Tamarix gallica (47) Traganum nudatum (38) Helianthemum intricatum (13) Positif Deverra tortuosa (122) Stipagrostis ciliata (101) Medicago minima (67) Moricandia arvensis (21) Hammda scoparia (20) Erodium arborescens (19) de Halocnemum strobilaceum, et Tamarix gallica qui indiquent la salinité du milieu (Chaieb et Boukris, 1998). Les espèces caractérisant le côté positif de cet axe se développent sur des sols à croûtes et encroûtement calcaires et sablo-limoneux. Parmi ces espèces on cite Hammada scoparia, Deverra tortuosa et Stipagrostis ciliata. Sur le coté négatif de l’axe on signale des espèces caractérisant surtout des sols gypseux, les dépressions salées (sebkhas), et les oueds, ils sont beaucoup plus importants dans le Sud où les zones salées présentent un cortège floristique diversifié, avec surtout la présence L’axe 3 montre ainsi un gradient édaphique, de sols calcaires sablo-limoneux vers des sols salés en passant par des sols gypseux. 3.2 Signification phytosociologique : Six groupes végétaux ont été identifiés suite à l’application de CAH sur les résultats de l’AFC des données présence / absence (Figure 2 et 3). 41 Axe 1 Figure 2 : Résultats de l’AFC appliquées sur le descripteur présence / absence des espèces au niveau des différents sites de la zone d’étude. Axe 1 (horizontal) / axe 2 (vertical). Axe 2 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie 42 43 Figure 3: Résultats de l’AFC appliquées sur le descripteur présence / absence des espèces au niveau des différents sites de la zone d’étude. Axe 1 (horizontal) / axe 3 (vertical). Axe 1 Axe 3 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie -Groupe 1 : C’est un vaste groupe qui englobe la majorité des relevés. Il occupe le centre des axes avec une forte concentration sur le côté positif de l’axe 1. Il s’agit de regs pierreux, durs, squelettiques et localement recouverts d’un voile de sable éolien et de milieux gypseux de plus en plus salés. dépressions et les cours d’eau salées, ainsi que les formations sableuses superficielles plus ou moins mobiles. -Groupe 5: Il se caractérise par deux relevés situés sur le côté négatif de l’axe 2 et 3 et sur les deux côtés de l’axe 1. Ces relevés se repartissent sur des sols gypseux. Lorsque le terrain se caractérise par des sols sableux en surface, mais présentant un encroûtement gypseux plus ou moins superficiel, le milieu est colonisé par d’autres espèces de faible intérêt pastoral telles que Atractylis serratuloides. -Groupe 2: Il est définit par un seul relevé situé sur le côté positif de tous les axes. Il s’agit d’une friche post-culturale à base d’annuelles (Diplotaxis harra, Medicago minima...) ou pérennes (Cynodon dactylon) caractérisant les sols sablo-limoneux. -Groupe 6 : Il s’agit d’un groupe identifié par un seul relevé situé sur les côtés, positif de l’axe 1 et négatif de l’axe 3. C’est un groupe écologique psammophile sur un encroûtement gypseux, situé au Nord de la zone d’étude. Il se caractérise par la dominance d’Asphodelus refractus et Daucus syrticus. -Groupe 3: C’est un groupement de Hammada scoparia et Helianthemum intricatum, qui occupe le coté positif de l’axe 1 et 3 et le côté négatif de l’axe 2. Il colonise les croûtes et les encroûtements limoneux localisés particulièrement dans la partie Nord de la zone. 3.3 AFC des données abondance / dominance : -Groupe 4: Il s’agit d’un groupe plus ou moins grand qui est répartie sur le côté négatif du premier axe et sur deux côtés de l’axe 2 et 3. Il correspond à une vaste plaine colonisant les encroûtements gypseux, les Parmi les groupes identifiés à partir de l’application d’une CAH fondée sur les résultats de l’AFC, il y a deux groupes (1 et 4) qui ont subi une autre AFC. Cette dernière est effectuée pour 44 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM ratuloides et sous association à Salsola vermiculata. le descripteur abondance / dominance des espèces végétales, et complétée par une CAH, ce qui a permis de mettre en évidence les associations, les sous associations et les faciès. Par contre, pour les autres groupes, la deuxième AFC est inutile, puisque ces groupes renferment un petit nombre de relevés, qui rendent leur identification plus facile. Sous groupe 1-3 : dans ce sous groupe nous distinguons les associations suivantes : - association à Hammada schmittiana et Retama raetam, qui colonise des sols constitués de sable plus ou moins grossier, profond, peu mobile, caillouteux en profondeur et se développe généralement dans les épandages des cours d’eau de la partie Sud de la zone. Son faciès à Erodium glaucophyllum. Groupe 1 : Selon la CAH ce groupe est subdivisé en 6 sous groupes : Sous groupe 1-1 : ce sous groupe est déterminé par un seul relevé. Il caractérise un groupement à Phragmites communis et Juncus maritimus. Il s’agit d’un groupement hygrophile qui occupe les zones humides (lits d’oueds). Sa composition floristique indique une faible salinité, qui est vérifiée par sa localisation sur le côté positif de l’axe 3. - association à Traganum nudatum, Retama raetam et Suaeda mollis. Elle fait partie de la steppe à Hammada schmittiana et Nitraria retusa. - association à Traganum nudatum et Salsola villosa, avec son faciès type (Le Houérou, 1959). Sous groupe 1-2 : il s’agit de l’association à Traganum nudatum et Suaeda mollis (Le Houérou, 1959), qui occupe des sols sablonneux à salure profonde contenant des gypses pulvérulents, et présente une nappe phréatique profonde. Il comporte deux sous association ; sous association à Atractylis ser45 Sous groupe 1-4 : il s’agit de l’association à Hammada schmittiana et Hammada scoparia (Le Houérou, 1959). Son faciès à Hammada scoparia. Sous groupe 1-5 : c’est un groupement écologique lié aux substrats squelettiques et à croûte. Il correspond à une sous association de l’association à Calligonum comosum et Anthyl- Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie lis sericea. Cette sous association assura une transition vers l’association à Anthyllis sericea et Gymnocarpos decander (Le Houérou, 1959). les collines présentant toujours une surface colmatée par un glacis limoneux superficiel qui favorise le ruissellement. Ce groupement comporte une association à Hammada schmittiana et Hammada scoparia avec la sous association à Plantago albicans et Stipa capensis et le faciès à Hammada scoparia. Sous groupe 1-6 : il s’agit de l’association à Anthyllis sericea et Gymnocarpos decander (Le Houérou, 1959) qui se développe toujours sur des sols squelettiques recouvrant la partie Nord de la zone avec une sous association à Helianthemum intricatum et les faciès à Stipa tenacissima et à Fagonia glutinosa. Groupe 4 : Ce groupe est subdivisé selon la CAH en trois sous groupes : Sous groupe 4-1 : C’est l’association à Hammada schmittiana et Retama raetam qui comprend les sous associations suivantes ; sous association à Ziziphus lotus et la sous association à Stipagrostis pungens. Groupe 2 : C’est un groupe écologique lié à la culture sur des sols à sable fin, limoneux et gypseux. Le milieu colonisé par ce groupe occupe une cuvette recevant un appoint d’eau par ruissellement. Le noyau d’espèces caractéristiques se compose de : Cynodon dactylon, Diplotaxis harra, Medicago minima, Launaea residifolia, Argyrolobium uniflorum, Kiscia aegyptiaca et Retama raetam. Sous groupe 4-2 : dans ce sous groupe nous distinguons les groupements suivants : - association à Traganum nudatum, Retama raetam et Suaeda mollis (Houérou, 1959) avec la sous association Salsola tetrandra et le faciès à Hammada schmittiana Groupe 3 : - un groupement des zones d’épandage, comportant une flore telles que les Tamaricacées, qui peuvent se surimposer à un certain nombre d’associations. Il correspond à des steppes limoneuses; groupement à Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum qui colonise les plaines et 46 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM Ainsi, elles peuvent se répartir en deux groupes (Le Houérou, 1959) ; selon que le sol soit salé ou non : liste d’espèces liées aux associations suivantes : - association à Anarrhinum brevifolium et Zygophyllum album (Le Houérou, 1959), son faciès à Helianthemum intricatum (Hanafi et al., 2001); • les Tamaricacées non halophiles : la végétation de ce groupement se compose des principales espèces suivantes : Tamarix gallica, Hammada schmittiana, Hammada scoparia et Retama raetam ; - association à Frankenia thymefolia, Limonium pruinosum et Limoniastrum guyonianum (Waechter 1982); • les Tamaricacées halophiles : les espèces les plus typiques sont : Atriplex halimus, Suaeda mollis, Salsola tetrandra, Salsola villosa, Traganum nudatum et Zygophyllum album. - association à Limoniastrum guyonianum et Nitraria retusa (Braun-Blanquet, 1949), qui colonise généralement les sols gypseux et les sols salés avec présence de voile éolien. Sous groupe 4-3 : ce sous groupe est caractérisé par les groupements suivants : Groupe 6 : Il correspond à un groupe écologique psammophile des plantes liées ou favorisées par la culture. Les milieux sont exploités sous forme de culture d’orge, lors des années pluvieuses, ce qui a conduit à l’apparition des espèces annuelles, telles que Daucus syrticus, Reseda alba, Lotus pisullus, et Hippocrepis bicontorta. - association à Retama raetam, Hammada schmittiana et Calligonum comosum avec la sous association à Stipagrostis pungens; - groupe écologique des psammophiles : il est lié aux sables mobiles et dominé par les espèces suivantes: Stipagrostis pungens, Calligonum comosum, Retama raetam et Asphodelus refractus. 3.4 Elaboration de la carte de la végétation 2000 : La prise en compte de l’ensemble des données précédemment exposées, telles que la Groupe 5 : Ce groupe est représenté par une 47 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie détermination des différents types de végétation et la spatialisation des relevés phytoécologiques à l’aide du SIG, a permis la réalisation de la carte de végétation 2000 pour la zone d’étude (Figure 4). 0 2 4 kilomètres Limite de la zone d’étude A. serratuloides & Z. album A. refractus & D. cyrticus C. dactylon & D. harra G. decander & A. sericea G. decander & H. kahiricum H. schmittiana & H. scoparia H. scoparia & H. kahiricum H. schmittiana & N. retusa H. schmittiana & R. raetam H. schmittiana & S. pungens L. monopetalum & T. gallica Oasis P. communis & J. maritimus T. nudatum & S. mollis T. nudatum & H. schmittiana Zones de culture Figure 4 : Carte de la végétation de la région d’Ouled Chéhida (année 2000). 48 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM - groupement à Gymnocarpos decander et Anthyllis sericea : occupe la plus vaste étendue de la zone avec environ 26170 ha, ce qui représente plus que 20% de la superficie totale. La bonne répartition de Gymnocarpos decander et Anthyllis sericea du Nord jusqu’au Sud avec un taux de recouvrement généralement plus ou moins important, indique son exigence édaphique plus particulièrement squelettique, qui couvre la majeure partie du sol. Son abondance dans la partie Nord caractérisée par ce type de sol, justifie bien cette répartition. Cette carte montre une grande diversité des types de végétation qui est en relation avec des facteurs abiotiques (statut hydrique du sol, caractéristiques physico-chimiques du sol, topographie,...) et des facteurs biotiques (type d’occupation humaine, surpâturage, etc...). L’ensemble de la zone couvre une superficie totale de 127926 ha, dont 5656ha sont labourés et cultivés, ce qui reste (environ 122270 ha) correspond à des terrains de parcours. La carte de la végétation 2000 a mis en évidence la présence de 14 groupements végétaux, exploités sous forme de parcours, de zones cultivées qui correspondent à des friches temporaires, arboriculture fruitière ainsi que deux petites oasis. Les zones cultivées sont situées principalement sur les meilleurs sols avec 5560 ha. Les deux petites oasis se répartissent l’une au Nord Est et l’autre au Sud avec une superficie de l’ordre de 18,1 ha. Enfin, sachant que ces espèces sont très appétées par les animaux et exploitées à usage humain, leur présence témoigne encore de leur résistance à l’anthropisation ancienne; - groupement à Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum : ce groupement se développe dans la partie Nord de la zone d’étude sur une superficie de l’ordre 24082 ha. Il couvre une large gamme des sols, surtout squelettiques. Les espèces les plus présentes sont : Gymnocarpos decander, Helianthemum kahiricum, Helianthemum intricatum et Atractylis serratu- La répartition des différents types de végétation sur la zone d’étude, reflète les principaux types des sols. De cette façon, les 14 groupements identifiés se répartissent comme suit : 49 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie loides ; dur avec un alluvionnement superficiel par sable éolien ; - Groupement à Traganum nudatum et Suaeda mollis : il apparaît généralement dans la partie Sud ainsi qu’au Nord-Est de la zone d’étude, avec une superficie d’environ 15261 ha. Il profite d’une large extension des sols sablonneux mouvants en surface et contenant du gypse pulvérulent. - groupement à Hammada schmittiana et Nitraria retusa : il se rencontre fréquemment au Sud de la zone d’étude sur 9900 ha, et colonise les sols squelettiques sur substrat gypseux ou encroûtement gypseux. En plus de la dominance de ces deux espèces, on note aussi la présence de Salsola vermiculata, Traganum nudatum et Retama raetam. - groupement à Hammada schmittiana et Stipagrostis pungens : il occupe le centre de la zone et s’étend progressivement vers le Sud sur une superficie de 10714 ha. Ce groupement est observé suite à des fortes accumulations de sable, et constitue souvent des formations steppiques très étendues. Retama raetam et Cutandia dichotoma, peuvent être également rencontrées dans ce groupement ; - groupement à Traganum nudatum et Hammada schmittiana: se trouve sur toute la plaine Sud avec un taux de recouvrement très faible, occupant ainsi une superficie de 9392 ha, et caractérisant les regs gypseux allochtones et les plaines alluviales (Le Houérou, 1959) ; - groupement à Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum : ce groupement est très représentatif des milieux situés au Nord de la région avec une superficie d’environ 7183 ha. Ce milieu est voisin de celui défini par les groupements à Hammada schmittiana et Hammada scoparia, et à Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum ; - groupement à Hammada schmittiana et Hammada scoparia: s’étend du Nord vers le Sud et couvre une superficie d’environ 10571 ha, mais avec un taux de recouvrement très faible. La codominance de ces deux taxons correspond à des steppes hyperarides (sahariennes) à reg sableux moyen à fin, sur une croûte calcaire ou un substrat géologique - groupement à Atractylis serratuloides et Zygophyllum album : 50 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM il est présent dans la partie NordEst de la zone sur 4486 ha. Il fait partie des steppes à sols gypseux utilisées exclusivement comme parcours ; salinité du sol et avec une composition floristique assez stable caractérisée par : Tamarix gallica, Limoniastrum monopetalum, Zygophyllum album, Salsola villosa et Traganum nudatum ; - groupement à Hammada schmittiana et Retama raetam : très fréquent dans les lits d’oueds sableux plus ou moins grossiers, profonds, et faiblement mobiles de la partie Sud, et s’étend sur 4293 ha ; - groupement à Asphodelus refractus et Daucus syrticus : c’est un petit groupement favorisé par la culture et couvre environ 45 ha de quelques friches situées au Nord. Les Asphodèles envahissent aussi les parcours à sable grossier plus ou moins profond, ce qui constitue la phase ultime de dégradation des parcours et témoigne d’un surpâturage assez ancien ; - groupement à Phragmites communis et Juncus maritimus: ce groupement hygrophile couvre environ 170 ha, dans la partie Sud Ouest de la zone d’étude. Il semble être étroitement lié au mauvais drainage du sol et aux nappes phréatiques affleurant par endroits. En plus de ces espèces caractéristiques, on note la présence de Tamarix gallica et Imperata cylindrica ; - groupement à Cynodon dactylon et Diplotaxis harra : il se développe de préférence sur des sols sableux et se rencontre souvent dans des parcelles cultivées au Nord, d’où son classement par certains auteurs dans la catégorie des friches postculturales. Cynodon dactylon est aussi considéré comme l’un des constituants de base de beaucoup de parcours sableux, car il profite bien des apports d’eau par ruissellement et constitue une herbe naturelle productive de bonne valeur pastorale. De plus il résiste bien au piétinement des animaux et surtout apte à réagir - groupement à Limoniastrum monopetalum et Tamarix gallica : il est répandu généralement dans la partie Nord Est et affectionne les sols salins, et peut parfois former des peuplements denses, occupant des surfaces de plusieurs hectares (plus que 50 ha). Son abondance varie cependant assez fortement d’une zone à une autre en fonction de la 51 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie aux moindres pluies. vrent environ 4209 ha ainsi que les deux petits oasis. De même, cette carte montre l’absence de deux groupements (Asphodelus refractus & Daucus syrticus et Cynodon dactylon & Diplotaxis harra) qui apparaissent au cours du temps, en particulier durant les années favorables. De plus la superposition de deux cartes de 1990 et 2000 montre un chevauchement parfois important entre les différents groupements et qui peut être lié à certains facteurs, comme le défrichement et le surpâturage. 3.5 Elaboration de la carte de végétation pour 1990 : En utilisant l’image Landsat 1990, et après avoir délimité les zones homogènes, la spatialisation des données relevées à l’aide du SIG, nous a permis la réalisation de la carte de végétation pour 1990 (Figure 5). L’examen de cette carte montre que la zone d’étude était composée seulement de 12 groupements, avec des terrains réservés pour les pratiques agricoles, à savoir des zones des cultures qui cou- 52 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM 0 2 4 kilomètres Limite de la zone d’étude A. serratuloides & Z. album G. decander & A. sericea G. decander & H. kahiricum H. schmittiana & H. scoparia H. schmittiana & S. pungens H. scoparia & H. kahiricum H. schmittiana & N. retusa H. schmittiana & R. raetam L. monopetalum & T. gallica Oasis P. communis & J. maritimus T. nudatum & S. mollis T. nudatum & H. schmittiana Zones de culture Figure 5 : Carte de la végétation de la région d’Ouled Chéhida (année 1990). 53 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie 3.6 Dynamique de la végétation entre 1990 et 2000 : (Le Houérou, 1969) et en Algérie (Aïdoud, 1997 ; Celles, 1975; Kadi, 1998). Cependant, ces changements peuvent être parfois rapides et détectables en moins d’une décennie sur la végétation (Aïdoud, 1994) et sur le sol (Albaladejo et al., 1998). Les parcours se dégradent ou s’améliorent selon le mode de gestion adopté. La dégradation peut être très lente, se traduisant par des changements seulement perceptibles sur le long terme. C’est ce qui a été marqué au Maghreb, à l’échelle du siècle, le passage des steppes d’alfa vers d’autres formations comme celles à armoise blanche ou à sparte en Tunisie L’examen des deux cartes montre quelques changements qui sont exprimés par la variation observée au niveau de la superficie des différents groupements végétaux (Tableau 4). Tableau 4 : Occupation des sols dans la région d’Ouled Chéhida durant la période 1990 et 2000. Groupements Atractylis serratuloides & Zygophyllum album Asphodelus refractus & Daucus syrticus Cynodon dactylon & Diplotaxis harra Gymnocarpos decander & Anthyllis sericea Gymnocarpos decander & Helianthemum kahiricum Hammada schmittiana & Hammada scoparia Hammada schmittiana & Nitraria retusa Hammada schmittiana & Retama raetam Hammada schmittiana & Stipagrostis pungens Hammada scoparia & Helianthemum kahiricum Limoniastrum monopetalum & Tamarix gallica Phragmites communis & Juncus maritimus Traganum nudatum & Hammada schmittiana Traganum nudatum & Suaeda mollis Oasis Zones de culture Total Le climat est l’un des facteurs clés qui contrôlent l’état des parcours et donc la dynamique des systèmes écologiques à travers une irrégularité pluviométrique, l’humidité du sol et l’évaporation. La Superficies (ha) 1990 2000 3763,2 4486,4 0 44,7 0 33,6 28283,1 26169,4 28220,5 24081,6 10050,7 10570,8 9268,9 9899,6 4178 4292,5 7863,7 10713,3 7480,8 7182,6 75,2 51 171,8 169,5 8316,2 9392 16026,8 15261,1 18,1 18,1 4209 5559,8 127926 127926 Évolution (ha) +723,2 +44,7 +33,6 -2113,7 -4138,9 +520,1 +630,7 +114,5 +2849,6 -298,8 -24,2 -2,3 +1075,8 -765,7 0 +1350,8 faible quantité de pluie a une signification majeure pour les écosystèmes et les sociétés humaines (Daget et Godron, 1995). Les précipitations : La variabilité des pluies, qui 54 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM augmente avec l’aridité, est surtout élevée sous les régimes pluviométriques bimodaux (Le Houérou, 1995, 2005). Les précipitations annuelles enregistrées dans la région de Tataouine entre 1990 et 2000 (Tableau 5) présentent une importante variabilité, mais surtout de faibles valeurs durant les années 1993 et 1997. Les précipitations moyennes successives illustrent ce phénomène, de sorte que les années sèches sont plus fréquentes et moins compensées par des années pluvieuses (1990, 1995 et 1999). Tableau 5 : Variation des précipitations à Tataouine entre 1990 et 2000 (CRDA, Tataouine 2004). Année Moyenne (mm) 1990 250,2 1991 105,1 1992 151,8 1993 94,7 1994 130,82 1995 203,5 1996 121,4 1997 93,1 1998 118,7 1999 217,1 2000 52,2 - Gymnocarpos decander et Helianthemum kahiricum ; Puisque la saison de pluie conditionne le cycle de vie de presque toutes les espèces, et que les zones arides sont encore plus nettement soumises à des faibles et mauvaises répartitions des quantités des pluies, il existe une relation nette entre la productivité des parcours et les ressources en eau. Dans notre cas, la diminution des précipitations annuelles, a pour conséquence, la contraction du couvert végétal de certains groupements, expliquée par la régression de leur propre superficie. Cette régression est enregistrée au niveau des groupements suivants : - Gymnocarpos decander et Anthyllis sericea ; - Hammada scoparia et Helianthemum kahiricum ; - Limoniastrum monopetalum et Tamarix gallica ; - Phragmites communis Juncus maritimus ; et - Traganum nudatum et Suaeda mollis. De même, les changements peuvent être relativement progressifs, en particulier lorsqu’ils sont liés au pâturage qui permet, pour un temps, le maintient d’une partie plus ou moins importante des plantes pérennes. Parmi ces groupements on peut citer : 55 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie - Atractylis serratuloides et Zygophyllum album ; et 1999) sur les sols riches ou fertiles, ce qui traduit l’extension des parcelles cultivées, qui passent de 4209 ha en 1990 à 5638 ha en 2000 (Tableau 1). Ce défrichement conduit directement à la dégradation du couvert végétal. - Hammada schmittiana et Hammada scoparia ; - Hammada schmittiana et Stipagrostis pungens ; - Traganum nudatum et Suaeda mollis. L’usage des ressources fourragères des parcours demeure continue durant toute l’année, mais la pression du cheptel est plus intense au cours des années sèches ce qui affecte en premier lieu la végétation à base d’annuelles et en second lieu les groupements à base des pérennes, caractéristiques de la région. D’une manière générale, la mise en culture et le surpâturage extensif conduisent à la régression du couvert végétal conditionnée par les circonstances climatiques précaires. Les deux autres nouveaux groupements (Asphodelus refractus & Daucus syrticus et Cynodon dactylon & Diplotaxis harra) ont été favorisés par le défrichement, qui a eu lieu au cours des années pluvieuses 1995 et 1999. Durant ces années, le couvert végétal a pu ainsi se régénérer, mais dans l’ensemble le cortège floristique reste appauvri. Ces fluctuations climatiques, n’affectent généralement pas le couvert végétal toujours d’une façon directe, mais aussi par la modification des activités humaines vers les cultures épisodiques et le pâturage extensif. Ces deux facteurs sont essentiellement responsables des changements observés au niveau de la zone d’étude. Modification des activités humaines : 3.7 Carte de la dynamique de la végétation entre 1990 et 2000 : La zone d’étude est peuplée par des agro-pasteurs sédentaires et des éleveurs pratiquant une céréaliculture à base d’orge. La céréaliculture a augmenté durant les années favorables (1995 Après avoir identifié les différents types de changements observés qui résultent de multiples processus agissant en perma56 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM nence à la surface de la terre et à différentes échelles de temps et d’espace, de telle sorte que la prévision des conséquences de ces changements est difficile, nous avons tenté de proposer une carte dynamique en partant des deux premières cartes (1990 et 2000) (Figure 6). 0 2 4 kilomètres Limite de la zone d’étude changement dominance de végétation mise en culture stable Figure 6 : Carte de la dynamique de la végétation durant la période comprise entre 1990 et 2000 dans la région d’Ouled Chéhida. 57 Cartographie et dynamique de la végétation saharienne de la Tunisie La quantification de cette dynamique (Tableau 6) montre que 73,5% du couvert végétal demeure stable entre 1990 et 2000. Elle montre aussi que 24% de la zone sont encore dominés par la végétation mais, elle subit une mutation du couvert végétal par d’autres espèces au cours du temps. Par contre, 2,5% de la superficie ont été exploités pour les cultures. Par conséquent, cette étude a permis de mettre en évidence un changement annuel de l’ordre de 2,65% du paysage écologique de la zone d’étude. Tableau 6 : Changements floristiques enregistrés entre 1990 et 2000 au niveau de la région d’Ouled Chéhida. État de la végétation Végétation stable Végétation qui a subit des changements Mise en culture Superficies 94212,39 30676,78 3158,691 4- CONCLUSION Les changements observés au niveau de la zone d’étude au cours de la période comprise entre 1990 et 2000 résultent de l’influence plus ou moins prédominante des deux principaux facteurs: l’irrégularité pluviométrique et les facteurs anthropiques. Leur action conjuguée engendre un déséquilibre écologique, qui se traduit par une régression des ressources pastorales disponibles et la modification des zones de végétation sensibles avec une translation des limites entre les % 73,5 24 2,5 groupements et l’intensification progressive de la désertification. Derrière ces modifications qui pourraient être considérées comme importantes, s’est nouée une transformation radicale des parcours. Ces derniers ne font l’objet d’aucun entretien puisqu’ils constituent des espaces soumis à un pâturage continu. Une réelle protection du parcours est donc nécessaire dans un milieu déjà considéré comme dégradé, pour la multiplication et la croissance des espèces de bonne valeur pastorale. 58 Mouldi GAMOUN, Azaiez OULED BELGACEM RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Aidoud A., Le Floc’h E., et Le Houérou H.N, 2006 : Les steppes arides du nord de l’Afrique. Sécheresse ; 17(1-2) : 19-30. Aidoud A., 1994 : Pâturage et désertification des steppes arides en Algérie. 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Sécheresse, 5 : 265-275. 60 Revue des Régions Arides n° 27 (1/2012) pp:61-78 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale Mighri Hédi, Akrout Ahmed et Neffati Mohamed Laboratoire d’Ecologie Pastorale , Institut des Régions Arides , Route de Djorf km 22,5- Médenine- Tunisie ملخص تمت دراسة المكونات الكميائية لـلزيوت األساسية لنبتة الشيح المزروعة في المناطق نبتة) وجود عدة50( بين العدد الوافر لـلعينات المدروسة.القاحلة بجنوب البالد التونسية أصناف كيميائية لهذه النبتة من خالل مكونات زيوتها األساسية التي تتميز بهيمنة عنصر ويعتبر. أستات الصابنيل والكريزنتنون، الكافور، السينيول،)a/b( أو أكثر من التيجون نوع الزيوت المتكون من هذه العناصر المذكورة بكميات متقاربة جديد لدى نبتة الشيح .بجنوب البالد التونسية Résumé Sous conditions de culture contrôlée dans les zones arides de la Tunisie méridionale, la composition chimique des huiles essentielles (HE) d’Artemisia herba-alba Asso. déterminée par différentes techniques chromatographiques, a été étudiée. Un nombre élevé d’échantillons analysés (cinquante individus) au cours de travail, nous a permis d’identifier plusieurs chimiotypes marquant un important polymorphisme chimique intra-spécifique chez cette espèce. Ces huiles ont été dominées soit par un composant principal (β-thujone, α-thujone, chrysanthenone, 1,8-cinéole, camphre ou acétate de trans-sabinyle), soit caractérisées par une dominance de deux ou plus de ces composés qui sont présents à des teneurs appréciables. Le chimiotype marqué par une co-dominance des quatre composants principaux tels que le 1,8-cinéole, le camphre et les thujones (α et β), n’avait jamais été rapporté et semble de ce fait, caractéristique de la Tunisie méridionale. Mots-clés : Artemisia herba-alba ; α/β-thujone ; chrysanthenone ; 1,8-cinéole ; camphre ; acétate de trans-sabinyle. 61 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale Abstract Under controlled conditions of cultivation in arid areas of southern Tunisia, the chemical composition of Artemisia herba-alba essential oils, determined by various chromatographic techniques, was studied. Various chemotypes dominated either by a single component (α-thujone, β-thujone, camphor, 1,8-cineole, trans-sabinyl acetate or chrysanthenone) or by two or more of these compounds, were identified. The chemotype marked by the codominance of four main components, 1,8-cineole, camphor and α and β thujones, is reported here for the first time and appears to be specific to A. herba-alba in southern Tunisia. 62 Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati 1- Introduction tels que les thujones (α/β) et le camphre (Benjilali et Richard, 1980; Cohen et al., 1972; Ouyahya et al., 1990). Chez d’autres chimiotypes, le davanone et/ou l’acetate de chrysanthenyl sont les composés majeurs (Benjilali et al., 1982). En Algerie, le camphre, les thujones (α and β), le cinéole, le trans-pinocarvéol et les dérivés chrysanthenyl sont les composés dominants des huiles d’armoise blanche (Boutekedjiret et al., 1992; Vernin et Merad, 1994; Vernin et al., 1995; Vernin et Parkanyi, 2001; Dob et Benabdelkader, 2006). Les différents types d’huiles identifiés en Espagne sont principalement, plus riches en composés sesquiterpèniques (davanone) (Feuerstein et al,1987 ; Salido et al., 2001; Salido et al., 2004). Toutes les études qui se sont intéressées à la composition des HE d’armoise blanche (Artemisia herba-alba Asso), ont confirmé la présence d’un extraordinaire polymorphisme chimique chez cette espèce. Dans les zones arides et semi-arides de la Tunisie, les différentes compositions observées ont été caractérisées soit par la dominance d’un seul composé majeur présent à des teneurs élevées (α-thujone, β-thujone, 1,8-cinéole, camphre, chrysanthenone, pinocarvone, α-copaène, limonene ou acétate de trans-sabinyle), soit par une co-dominance de deux ou plus de ces composés présents à des teneurs assez importantes (Akrout, 2004; Neffati et al., 2008 ; Boukrich et al., 2010 ; Zouari et al., 2010 et Mighri et al., 2010 a et b). Plus loin vers l’est, en Egypte et au désert de Sinaï, les huiles analysées dans différentes populations d’armoise blanche contiennent le 1,8-cinéole à des concentrations variées. Elles sont ainsi, caractérisées par une variation importante des teneurs de plusieurs autres composés majoritaires suggérant ainsi l’existence d’un nombre élevé de chimiovarietés (Feuerstein et al., Au Maroc, une large étude faite sur des centaines de provenances correspondant à plusieurs variables écologiques (Haut, moyen et anti-Atlas), a montré la présence de plusieurs chimiotypes chez cette espèce. Ces chimiotypes sont caractérisés par des niveaux substantiels des composés cétoniques 63 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale 1986; El-Sayed et Seida, 1990; Fleisher et al., 2002). En Jordanie, les HE d’A. herba-alba sont dominées par les thujones (α/β) comme composés majoritaires. Les autres principaux composants identifiés étaient: alcool de santoline, artemisia cétone, acétate de trans-sabinyle, germacrène D, α-eudesmol et acétate de caryophyllène (Hudaib et al. 2006). l’Institut des Régions Arides à Médenine (irrigations d’appoint et durant la période difficile de l’année et en absence de fertilisation). La moitié supérieure des touffes des individus a été prélevée. Après séchage, les grandes tiges ont été éliminées alors que les feuilles et des boutons floraux ont été utilisés pour l’extraction des HE. La distillation a été réalisée par l’appareil modifié de Clevenger durant 4 heures. Des huiles de couleur jaune pâle (rendement moyen de 1,10 à 2,60 %) ont été collectées, séchées par le sulfate de sodium et stockées à 4°C dans des fioles étroitement scellées jusqu’à leur analyse. L’instabilité de la composition chimique est le problème majeur dont souffrent les exploitants des HE chez plusieurs plantes aromatiques. Dans cette étude, nous allons essayer de fournir plus d’informations sur la composition et le degré de la variabilité chimique des HE de l’armoise blanche obtenues après culture de cette espèce au sud tunisien. 2.1 Analyses des huiles essentielles Les analyses de la composition chimique des HE ont été effectuées par chromatographie en phase gazeuse (CPG/IR) et celle couplée à la spectrométrie de masse (CPG/SM) pour tous les échantillons d’HE d’armoise blanche. 2- Matériels et Méthodes Les parties aériennes d’une cinquantaine individus d’A. herbaalba, ont été collectées au stade floraison (novembre 2008) à partir des plantes cultivées (en provenance d’une population naturelle de Kirchaw au sudest de la Tunisie) dans une parcelle expérimentale installée à 2.2 Chromatographie en phase gazeuse (CPG/IR) Cette analyse a été effectuée à l’aide d’un chromatographe 64 Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati en phase gazeuse, équipé d’un injecteur diviseur, de deux colonnes (50 x 0,22 mm (d.i) ; épaisseur du film = 0,25μm) apolaire (HP-5) et polaire (HPINNOWax) et de deux détecteurs à ionisation de flamme. Les conditions opératoires sont les suivantes : gaz vecteur : hélium avec une pression en tête de colonne de 20 bar; température de l’injecteur: 250°C; température des détecteurs : 250°C; température du four : programmée de 60 à 220°C à raison de 2°C/min puis un palier de 20 min à 220°C; injection: mode split avec un rapport de division de 1/60. Les pourcentages des différents constituants des HE ont été déterminés par intégration automatique, en supposant que les coefficients de réponse de tous les constituants étaient voisins. L’identification des différents composés séparés est basée sur la comparaison de leurs indices de rétention (IR) calculés par rapport à une série d’alcanes (C6-C28) avec interpolation linéaire sur les deux colonnes, avec ceux des composés standards co-injectés dans les mêmes conditions opératoires que celles des HE, et avec ceux des composés authentiques cités dans la bibliographie (Adams, 1995, 2001 ; Joulin et al., 1998). 2.3 Chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (CPG/SM) Cette analyse a été effectuée par couplage d’un chromatographe en phase gazeuse doté d’un injecteur automatique et de deux colonnes de polarité différentes (Rtx-1, polydiméthylsiloxane, 50 x 0,22 mm (d.i) et Rtoc-WAX, polyéthylène glycol, 60 x 0,25mm (d.i)) couplé à un détecteur de masse. Les molécules sont bombardées dans une source d’ionisation à 150°C par un faisceau électronique de 70eV. La détection se fait par un analyseur quadripolaire constitué d’un assemblage de quatre électrodes parallèles de section cylindrique. Le gaz vecteur est l’hélium exerçant une pression en tête de colonne de 43 bar. La température était programmée pour augmenter 60 à 230°C par élévation de 2°C/ mn, avec un palier à 230°C pendant 30 minutes. L’injection se fait par mode Split avec un rapport de division de 1/80. L’identification des composés séparés par cette technique est basée sur la comparaison de leurs 65 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale spectres de masse avec ceux des composés purs déterminés dans les mêmes conditions opératoires que les HE et stockés dans une banque de données propre au laboratoire d’une part, et avec ceux des produits purs stockés dans des banques de données de spectres de masse commerciales (McLafferty et Stauffer, 1988 et 1994 ; NIST, 1999). classés en tant qu’huiles riches en composés monoterpèniques. Une dominance des composés tels que 1,8-cinéole, camphre, β-thujone, α-thujone et chrysanthenone, a été observée chez la majorité des échantillons analysés. Les sesquiterpènes constituent une faible fraction. A partir des huit composés chimiques majoritaires présents dans tous les échantillons d’huiles analysées, une matrice regroupant les différents pieds d’armoise blanche, a été créée. Les composés choisis qui sont: 1,8-cinéole, α-thujone, β-thujone, chrysanthenone, camphre, trans-pinocarveol, bornéol et acétate de trans-sabinyle, ont présenté des teneurs comprises entre 1,0 et 75,8%. L’application du test des k means a montré que ces huiles constituaient en fait, trois groupes différents. Chaque groupe montre une affinité marquée à un ou plus de ces principaux composés de ces HE. Dans le tableau 2 sont consignés les centres finaux des différents groupes de chimiotypes d’armoise blanche définis par les teneurs en composés chimiques majoritaires présents dans les HE. En effet, le premier groupe à β-thujone 2.4 Analyses statistiques Pour une meilleure visualisation de la structuration de la population d’armoise blanche et pour définir les grandes lignes de la variabilité chimique des HE des pieds transplantés aux champs, le test des K-means permettant de diviser une collection d’échantillons en k groupes, a été appliqué. 3- Résultats A travers la comparaison des indices de rétention et de spectres de masse de chaque pic, il était possible d’identifier 54 différents composants présents dans tous les échantillons d’huiles étudiés à des teneurs variables représentant entre 97,0 et 99,8 % de la totalité des composés dans les huiles analysées (Tableau 1). Ces échantillons pouvaient être 66 Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati (58,7 - 78,9 %) est représenté par quinze individus. Un deuxième groupe à α-thujone (17,7 - 47,1 %) et β-thujone (16,1 - 38,2 %) représenté par dix-huit individus. Les dix-sept individus restants, représentaient le troisième groupe de chimiotypes à cinéole (1,5 - 17,6 %), camphre (tr- 36,6 %), α-thujone (tr - 29,5 %), β-thujone (tr- 44,5 %) et chrysanthenone (7,2 - 44,4 %). Ces trois groupes et les sous groupes qui les constituent ont été signalés chez cette plante dans sa population naturelle de Kirchaw (Mighri et al. 2010a et b). Quatre nouveaux chimiotypes (XII, XIII, XIV et XV) bien différenciés sont apparus chez les plantes cultivées. Les profils de leurs compositions chimiques sont représentés sur la figure 1. dominance de β-thujone (20,4 – 41,0 %) et chrysanthenone (7,2 – 16,5 %). Pour ce chimiotype, les teneurs en α-thujone et camphre ont atteint des valeurs appréciables de 29,5 % (chez un seul individu) et 11,5 % (chez deux autres individus), respectivement. Les individus du chimiotype XIV étaient représentés par des teneurs équilibrées en β-thujone, chrysanthenone et camphre (valeurs rangées entre 19,4 et 36,6 %). Finalement, le dernier chimiotype XV représenté par quatre individus, avaient 1,8-cinéole, α-thujone et chrysanthenone comme composés majoritaires (valeurs rangées entre 8,2 et 22,8 %). Ces composés sont suivis par le camphre ou le β-thujone ou le trans-pinocarveol qui avaient des teneurs variant entre 0 et 19,9 %. Le chrysanthenone était un composé majoritaire chez les quatre nouveaux chimiotypes identifiés ex-situ. Trois individus appartenant au chimiotype XII, contiennent le chrysanthenone et β-thujone avec des teneurs équilibrées rangées entre 32,3 à 44,5 % et des valeurs moyennes de 34,2 et de 37,2 %, respectivement. 4- Discussion Les chimiotypes à β-thujone (79 %), β-thujone/α-thujone (en proportions équilibrées qui varient entre 25 et 45 %) et β-thujone/chrysanthenone (28,5 % et 29,5 %, respectivement) ont été rapportés chez les HE d’A. herba-alba originaires de Maroc (Cohen et al., 1972; Ben- Le chimiotype XIII (cinq individus) était marqué par une 67 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale 1980; Ouyahya et al., 1990). jilali et Richard, 1980; Ouyahya et al., 1990). D’autres espèces d’armoise avec des teneurs élevées en β-thujone telle que les HE d’A. absinthium extraites à partir des plantes poussant aux Etats-Unis (Lawrence, 1992), ont été rapportées. Le chrysanthenone a été rapporté comme principal composant dans les HE de l’armoise blanche en Tunisie (44,2 - 64,8 %) (Boukrich et al. 2010), en Espagne (plus que 30 %) (Salido et al., 2004), au Maroc (77 %) (Lawrence, 1993, Benjalali et Richard, 1980) et en Algerie (Lawrence, 1993; Boutekedjiret et al., 1992; Vernin et al., 1995). Des types d’huiles à camphre ont été identifiés en Tunisie (Boukrich et al., 2010), en Espagne (salido et al., 2004), au Maroc (Lamiri et al., 1997), en Algerie (Boutekedjiret et al., 1992; Vernin et al., 1995) et également, en Egypte (El-Sayed et Seida, 1990). Rappelons que les types d’HE riches en α-thujone (cas du chimiotype VI) ont été isolés à partir de la partie aérienne d’un seul individu d’A. herbaalba collecté dans la région de Matmata (sud tunisien) (teneur en α-thujone était de 44 %) (Akrout, 2004). Récemment, Boukrich et al. (2010) ont montré l’existence du chimiotype V au sud-est et au sahel-central de la Tunisie chez huit individus d’armoise blanche qui avaient α-thujone comme composant principal à des teneurs comprises entre 48,7 et 79,9 %. Cependant, un seul individu ayant le même type d’huile (α-thujone (29,6 %) et β-thujone (16,0 %)) que le chimiotype VI, a été collecté au sahel-central de la Tunisie. Le chimiotype V a été décrit aussi chez les huiles d’armoise blanche du Maroc où la teneur en α-thujone a atteint une valeur maximale de 85,0 % (Cohen et al., 1972; Benjilali et Richard, Des teneurs élevées en 1,8-cinéole (21,5 - 27,6 %) et en camphre (15,9 - 37,3 %) ont été obtenues dans les huiles de plusieurs autres espèces du genre Artemisia telles que: A. cana, A. frigida, A. longifolia et A. ludoviciana (Lopez-lutz et al., 2008). La composition des HE d’armoise blanche de la Tunisie méridionale contenant, 1,8-cinéole, camphre, thujones (α et β) et acétate de trans-sabinyle avec des teneurs relativement 68 Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati équilibrées pour trois ou quatre composants, semble original. variabilité chimique à un déterminisme génétique puisque, les conditions édaphiques et climatiques à elles seules ne peuvent pas expliquer ce polymorphisme. Notons que chez l’armoise blanche du nord-ouest (El Kef) et au centre (M’saken) de la Tunisie, les HE sont marquées par une dominance relative en camphor/chrysanthenone et β -thujone/camphre, respectivement (Boukrich et al., 2010). En contre partie, la variabilité chimique est plus marquée qu’il soit in-situ (Mighri et al., 2010 a) ou ex-situ (Mighri et al., 2010 b) dans le sud du pays avec l’acquisition de diverses compositions caractérisées par une co-dominance des thujones (α et β), cinèole, camphre, acétate de transsabinyle et trans-pinocarvéol et en présence de chrysanthenone à une teneur appréciable. Chez cette espèce, la variabilité observée a concerné spécialement les terpènes. Ces substances complexes et produits du métabolisme secondaire, sont contrôlées par un nombre variable de gènes mais généralement réduit (Irving et Adams, 1973). Un seul gène peut en effet, contrôler toute une classe de terpènes (Vogel et al., 1996 ; Adams 2000 ; Adams et al., 2003). Les terpènes sont donc héritables (Von Rudoff, 1975 ; Baradat et Marpeau-Bezart, 1988) mais leur composition peut varier selon le climat et l’édaphisme (Pauly et al., 1981 ; Sagnard, 1997). Dans ces conditions, la conservation in-situ ou ex-situ doit tenir compte du niveau de la diversité génétique au sein de la population et des facteurs extrinsèques se rapportant à l’écologie et l’anthropisme qu’aux objectifs d’exploitation. Ces variations chimiques observées entre des individus d'une même espèce est très répandue dans la nature, souvent induites par des facteurs écologiques (pluviométrie, température, taille de la population, nature du sol) et les pressions anthropiques (longévité des individus, l’exploitation excessive, la régénération) ou peut avoir également, des bases génétiques. Les travaux de Lamiri et al. (1997 a et b), ont attribué l’origine de cette Récemment, pour évaluer le niveau du polymorphisme chez cette espèce, Haouari et Ferchichi (2008) ont analysé la variation génétique de plus 69 Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale de 250 populations d’armoise blanche de la Tunisie. Ces auteurs ont montré que les conditions écologiques et géographiques locales peuvent contribuer à cette variabilité. composés recherchés. Dans la littérature, le chimiotype marqué par une co-dominance des quatre composants principaux tels que le 1,8-cinéole, le camphre et les thujones (α et β), n’avait jamais été rapporté et semble de ce fait, caractéristique du sud de la Tunisie. Ce chimiotype peut constituer probablement, un hybride entre les autres chimiotypes. Son émergence peut être la résultante de variations génotypiques qui se sont opérées au cours de l’histoire de cette population, vraisemblablement sous l’influence des fluctuations environnementales. 5- Conclusion Comme c’était rapporté dans la littérature, cette étude nous a permis de confirmer un important polymorphisme chimique intra-spécifique chez les HE d’A. herba-alba au niveau d’une aire géographique restreinte de la Tunisie méridionale. Le nombre élevé d’échantillons analysés au cours de ce travail ex-situ, nous permet d’établir des véritables chimiotypes avec exactitude. Plusieurs compositions ont été en effet, déterminées. Elles sont dominées soit par un seul composant principal (β-thujone, α-thujone chrysanthenone, 1,8-cinéole, camphre ou acétate de trans-sabinyle), soit caractérisées par une dominance de deux ou plus de ces composés qui sont présents à des teneurs appréciables. Cette variation offrirait des perspectives d’exploitation préférentielles des individus au sein d’une même population selon la nature et l’intérêt accordés aux Pour mieux cerner cette variabilité, les facteurs déterminant l’hétérogénéité de l’HE méritent d’être précisés pour envisager une amélioration plus efficace de l’espèce. Les études phytochimiques et moléculaires d’un peuplement mono-spécifique d’une importante collection regroupant diverses provenances de tous les étages bio-climatiques du pays ou l’armoise blanche a été signalée, peuvent nous renseigner sur le degré et l’origine de la variabilité chez cette espèce. 70 Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati Références bibliographiques Adams, R.P. 1995. Identification of essential oil Components by Gas Chromatography / Mass Spectrometry. Allured Publishing Corporation, Carol Stream (ed):1-15. Adams, R.P. 2000. Systematics of smooth leaf margin juniperus of the western hemisphere based on leaf essential oils and PAPD DNA fingerprinting. Biochem. Syst. Ecol. 28: 149-162 Adams, R.P., Schwarzbach A. E. et Pendey R. N. 2003. The concordance of terpenoid, ISSR and RAPD markers, and its sequence data sets among genotypes: an exemple from Juniperus. Biochem. Syst. Ecol. 31: 375-387. Akrout, A. 2004. 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Plant Research 4 (10): 871-880. 75 tricyclene α-thujene α-pinene camphene sabinene β-pinene Myrcene α-terpinene p-Cymene 1-8,cineole c santolina alcohol (E)- β –ocimene γ-terpinene artemisia alcohol terpinolene linalool cis-sabinene hydrate α-thujone c β-thujone c chrysanthenone c camphor c allo-ocimene trans-pinocarveol c borneol c santolina acetate cryptone terpinen-4-ol myrtenal myrtenol ascaridol Composés chimiques IRapa 927 936 951 974 990 998 1005 1018 1027 1035 1042 1053 1060 1071 1086 1090 1103 1111 1129 1143 1155 1162 1168 1182 1188 1194 1200 1210 1215 1221 IRpb 1004 1016 1024 1056 1126 1112 1160 1186 1261 1202 1402 1235 1261 1384 1272 1545 1556 1423 1443 1499 1510 1355 1653 1709 1385 1661 1586 1609 1804 1719 autres A A A,B A,B A A,B A,B A,B A A,B A A A,B A A A,B A A,B A,B A A,B A A A,B A A A,B A,B A,B A Méthodes d’identification I 0,1±0,1 0,2±0,1 0,3±0,2 1,0±0,9 0,3±0,2 T T 0,3±0,6 0,5±0,6 3,9±1,8 T 0,0±0,1 0,4±0,4 0,3±0,2 T 0,2±0,1 T 5,1±1,5 68,5±7,3 1,0±0,5 4,1±2 0,2±0,1 1,0±0,6 1,5±1,2 0,2±0,1 0,2±0,1 0,4±0,1 0,2±0,1 T 0,1±0,1 II 0,2±0,1 0,4±0,2 1,5±0,7 1,0±0,2 0,6±0,1 0,0±0,1 T 0,9±0,5 1,5±0,7 9,4±5 T T 0,3±0,8 0,5±0,5 0,1±0,1 0,3±0,2 0,2±0,3 3,8±2,6 48,7±6,2 1,1±0,6 7,8±3,8 0,3±1,4 2,3±1,6 2,8±1,8 0,2±0,1 0,3±0,2 0,6±0,1 0,2±0,1 0,1±0,2 0,1±0,1 β-thujone III IV 0,2 0,1±0 0,4 0,2±0,1 1,2 0,5±0,2 0,7 1,0±0,4 0,3 0,3±0,1 0,3 0,1±0,1 T T 0,3 0,4±0,3 0,9 0,4±0,3 5,7 3,6±2,4 T 0,2±0,2 T 0,2±0,2 0,5 0,2±0,2 0,2 0,2±0,2 T 0,1±0,1 0,2 0,1±0,1 T T 4,3 22,7±5,4 46,6 51,9±11 17,4 0,8±0,2 7,3 2,7±1,3 0,2 0,2±0 3,1 1,4±0,4 1,3 1,3±0,6 0,1 0,2±0 0,3 0,1±0,1 0,3 0,3±0 0,1 0,2±0 0,2 T 0,1 0,1±0,1 V 0,1±0,1 0,2±0,1 0,3±0,5 0,4±0,6 0,3±0,1 T T 0,6±0,3 0,3±0,3 4,6±2,5 1,1±2,7 0,1±0,2 0,4±0,3 0,1±0,1 T 0,1±0,1 T 52,4±10 22,2±9,6 0,6±0,3 3,4±3 0,2±0,1 1,1±0,6 1,0±0,6 0,2±0 0,1±0,1 0,2±0,1 0,2±0,1 T T 0,2±0,1 0,5±0,3 0,8±0,3 1,0±0,4 0,7±0,6 0,1±0,1 T 1,1±0,6 1,0±0,6 9,4±5,9 T 0,1±0,1 0,5±0,2 0,6±0,3 0,0±0,1 0,3±0,1 0,1±0,1 35,0±3,6 16,3±9,5 5,0±5,8 5,0±2,4 0,2±0,1 2,0±0,6 2,2±1,5 0,2±0,1 0,4±0,2 0,5±0,1 0,2±0,1 0,1±0,1 0,1±0,1 VI α-thujone Groupes des chimiotypes VII 0,3 1,3 0,5 1,1 0,4 0,6 0,1 0,9 2,7 1,5 0,1 0,1 1,5 0,5 T 0,6 T 3,1 8,6 51,1 2,1 0,3 1,4 4,2 0,4 0,4 0,4 T 0,7 0,2 VIII IX 0,4 0,2 0,5 1,3 1,4 1,3 1,2 1,0 1,0 0,7 1,5 0,2 0,7 T 1,2 1,4 1,4 2,1 10,9 13,9 0,7 0,3 1,3 0,1 1,4 0,6 1,1 0,5 0,3 0,2 0,5 0,3 0,5 0,1 5,7 19,9 8,4 27,2 21,6 2,9 14,8 7,4 0,2 0,3 2,7 2,6 4,5 2,8 0,3 0,3 0,4 0,2 0,4 0,6 0,3 0,2 0,2 0,1 0,2 0,0 X 0,1 0,3 1,9 1,3 1,1 0,4 T 0,7 1,7 22,0 T 0,2 0,7 1,0 1,0 0,3 0,5 3,9 15,6 0,5 13,7 0,4 4,4 2,2 0,3 0,4 0,9 0,2 0,1 0,1 XI 0,3 0,5 3,0 1,4 1,1 T T 0,9 1,6 25,9 T 0,1 1,1 0,7 0,1 0,2 0,4 16,5 15,5 1,4 15,9 0,3 2,6 2,5 0,3 0,5 0,7 0,2 0,1 0,1 1,8-cinéole, camphre, β-thujone, α-thujone chrysanthenone et acétate de trans-sabinyle Tableau 1. Composition chimique des huiles essentielles (%) d’Artemisia herba-alba. Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale Tableaux 76 77 1227 1243 1294 1295 1302 1310 1323 1382 1396 1402 1418 1427 1447 1455 1468 1489 1504 1513 1522 1529 1561 1577 1587 1646 1766 2093 1609 1830 2223 2223 1599 1755 1938 1482 1591 2133 1614 1694 1678 1718 1725 1736 1760 1773 1786 2030 2133 2234 A A A,B A A A,B A A,B A A A A A A A A A A A A A A A,B A 0,1±0,1 0,6±0,4 0,4±0,4 4,2±3,7 0,3±0,2 0,1±0,1 0,1±0,1 0,2±0,1 0,3±0,1 0,4±0,3 0,0±0,1 0,1±0,1 0,0±0,1 0,1±0,1 0,4±0,5 0,4±0,4 0,4±0,3 T 0,1±0,1 0,1±0,1 T T 0,3±0,1 0,2±0,1 98,8 0,1±0,1 0,6±0,4 0,5±0,3 6,6±3,9 0,2±2,1 0,1±0,1 0,2±0,2 0,2±0,1 T 0,6±0,3 0,1±0,1 0,1±0,1 T 0,1±0 0,5±0,2 0,6±0,4 0,7±0,3 T 0,1±0,1 T T 0,1±0,1 0,4±0,3 0,1±0,1 98,1 0,1 0,5 0,5 0,6 0,3 0,2 0,6 0,2 1,0 0,5 T 0,2 0,3 0,1 1,6 0,2 1,2 T T T T 0,1 0,4 0,4 98,8 0,1±0,1 0,4±0,1 0,4±0,2 5,2±3,5 0,3±0,1 0,1±0,1 0,1±0,2 0,2±0 0,1±0,2 0,2±0,1 T 0,1±0 T 0,2±0,1 T 1,0±0,1 0,2±0,1 0,0±0,1 T T T 0,1±0,1 0,4±0,1 0,1±0,1 98,7 0,1±0,1 0,1±0,1 0,2±0,2 6,3±4,2 0,2±0,1 0,1±0 0,1±0,1 0,1±0,1 T 0,3±0 T 0,1±0 T 0,1±0 0,2±0,1 0,6±0,4 0,3±0,4 0,1±0,1 0,1±0,2 T T T 0,3±0,3 0,1±0,1 98,9 0,2±0,1 0,5±0,2 0,4±0,2 7,4±4,4 0,4±0,2 0,2±0,1 0,4±0,2 0,2±0,1 0,5±0,2 0,5±0,1 0,1±0,1 0,1±0,1 0,1±0,1 0,1±0 0,3±0,1 0,4±0,4 0,7±0,2 0,2±0,3 T 0,1±0,1 T 0,1±0 0,3±0,2 0,2±0,1 97,0 0,1 0,5 0,1 0,7 0,7 0,2 2,7 0,3 2,1 1,4 0,1 0,1 0,6 0,1 1,2 1,2 0,7 T 0,1 T 0,1 0,1 0,3 0,1 98,8 0,1 0,7 0,6 4,3 0,1 T 0,4 T 1,8 0,6 T 0,1 0,2 0,1 0,3 1,0 0,6 0,1 T 0,1 0,1 0,1 0,4 0,6 98,0 0,2 0,7 0,1 4,5 0,4 0,1 0,4 0,2 0,2 0,5 T 0,1 0,1 0,1 0,0 0,7 0,4 0,0 T 0,1 0,1 0,1 0,4 0,3 98,3 RIapb indices de rétention relative à une serie de n-alkanes C6–C28 calculées sur colonne capillaire (HP-INNOWax polaire). IRpa indices de rétention relative à une serie de n-alkanes C6–C28 calculées sur colonne capillaire (HP-5 apolaire). T: trace (< 0.1%) ; c Constituants sélectionnés pour les analyses multivariables ; A: CPG/SM; B: co-injection des standards; cuminaldehyde cis-chrysanthenyl acetate bornyl acetate trans-sabinyl acetate c isoascaridol carvacrol (Z)-3-hexenyl pentanoate geranyl acetate trans-jasmone α-copaene (E)-caryophyllene ethyl cinnamate aromadendrene α-humulene γ-muurolene germacrene D bicyclogermacrene α-muurolene γ-cadinene cadina-1,4-diene α-cadinene (E)-nerolidol spathulenol β-eudesmol Total identifié (%) 0,2 0,7 1,1 14,1 0,5 0,2 0,2 0,2 0,1 0,5 0,1 0,2 0,1 0,2 0,2 1,4 0,9 0,3 T 0,2 0,1 0,1 0,2 0,5 98,5 0,2 0,2 0,5 0,6 0,4 0,1 0,2 0,1 0,1 0,3 T 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,4 0,2 T 0,2 T 0,1 0,1 0,1 98,9 Hédi Mighri, Ahmed Akrout et Mohamed Neffati Nouveaux types d’huiles essentielles chez l’armoise blanche cultivée dans les zones arides de la Tunisie méridionale Tableau 2. Centres finaux des différents groupes de chimiotypes d’Artemisia herba-alba (Test k-means) Groupes Nombre d’individus Composés chimiques 1,8-cinéole α-thujone β-thujone Chrysanthenone Camphre trans-pinocarveole Bornéol acétate de trans-sabinyle 1 15 Chimiotypes 2 18 3 17 5,63 7,20 58,42 2,54 5,46 1,61 1,88 4,81 6,82 44,40 19,47 2,62 4,13 1,54 1,58 6,96 17,53 11,45 17,88 7,23 11,55 3,15 2,91 6,50 1,8-cinéole α-thujone β-thujone chrysanthenone camphre trans-pinocarveol borneol trans-sabinyl acetate chemotype XII chemotype XIII chemotype XIV chemotype XV Figure 1. Profils des huit majeurs constituants des huiles essentielles des nouveaux types d’huiles identifiés chez l’armoise blanche cultivée. 78 Revue des Régions Arides n° 27 (1/2012) pp:79-104 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation en vue de l’aide à la décision pour la gestion durable des terres : )cas du bassin versant Oued Hallouf (Sud-est Tunisien Ibtissem Enneb1, Mongi Ben Zaied1, Houcine Taamallah1, Mohamed Ouessar1, Bouajila Essifi1 et Mongi Chniter2 Institut des Régions Arides (IRA), Médenine, Tunisie 1 Commissariat Régional au Développement Agricole (CRDA), Médenine, Tunisie 2 ملخص: المناطق الجافة بالبالد التونسية معرضة لمخاطر التصحر وتدهور األراضي .و بالتالي فان صانعي القرار ،على الصعيد المحلي ،في حاجة إلى أداة لتوجيه أعمال وأنشطة التدخل في هذه المجاالت ذات األولوية العالية .في هذا اإلطار ،تم اجراء هذه الدراسة عن طريق منهجية « »WOCAT Mappingبالمسقط المائي واد الحلوف (الجنوب الشرقي التونسي) .وهي تتألف من خمس خطوات : )1جمع المعطيات الخاصة بتدهور األراضي ،إدارتها واستخدامها وكذلك المحافظة على المياه و التربة بالمسقط المائي المدروس. )2تقدير حجم مختلف نظم استخدام األراضي خالل السنوات العشر الماضية وكثافة استخدامها بكل نظام. )3تحديد مدى ودرجة تدهور األراضي بشتى أنواعها و بمختلف نظم استخدامها. )4حصر وتصنيف التقنيات المختلفة لحفظ األراضي وتقدير فاعليتها لتحديد تأثير ذلك على النظام البيئي. )5وأخيرا وبالنسبة لكل وحدة رسم الخرائط ،إسناد مالحظات وتوصيات بشأن أساليب الحفظ واإلدارة المستدامة لألراضي. وقد أظهرت هذه النتائج أن استخدام منهجية « »WOCAT Mappingيمكن من الحصول على خرائط متنوعة تشخص حالة تدهور وحفظ األراضي ذات أهمية لصانعي القرار من شأنها أن تساهم في أعمال إعادة التأهيل واالستصالح بمنطقة الدراسة. كلمات مفاتيح :حفظ وتدهور األراضي الجافة ،نظم استخدام األراضي ،التصرف المستديم لألراضي ،WOCAT Mapping ،الجنوب الشرقي التونسي. 79 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation Résumé La Tunisie aride est menacée par la désertification et la dégradation des terres. À l’échelle locale, les décideurs ont besoin d’outils permettant de guider les actions d’intervention dans les zones de haute priorité. Cette étude a concerné l’application de l’outil WOCAT Mapping dans le bassin versant d’Oued Hallouf (sud-est Tunisien) qui consiste en cinq étapes: i) Collecte, par une équipe multidisciplinaire, des données sur la dégradation des sols, la gestion, l’utilisation des terres et la conservation des eaux et des sols dans la zone d’étude. ii) Estimation de la taille de chaque LUS au cours des dix dernières années. iii) Détermination de l’étendue et du degré de dégradation des terres dans les LUS, au cours de la dernière décennie. iv) Inventaire et classification des différentes technologies de la conservation des terres avec l’estimation de leur efficacité et leur impact sur l’écosystème. v) Pour chaque unité cartographique, des recommandations sur les pratiques de conservation et de gestion durable des terres ont été proposées. Les résultats montrent que l’outil WOCAT Mapping a été utile dans l’élaboration des cartes mettant en évidence l’état de dégradation et de conservation. Par conséquent, cet outil permet de fournir des cartes importantes de base pour la prise de décision afin de lancer des actions de réhabilitation/remédiation dans la zone d’étude. Mots-clés: conservation et dégradation des terres arides, LUS, GDT, WOCAT, Sud-est Tunisien ABSTRACT Arid regions in Tunisia are threatened by land degradation and desertification. At the local scale, decisions makers need a tool guiding the intervention actions for the areas of high priority. This study investigated the application of the WOCAT mapping tool in the waters80 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter hed of Wadi Hallouf (Southeastern Tunisia) which consist of five steps: i) Data collection was conducted by a multidisciplinary team on land degradation, management, land use and water, and soil conservation in the study site. ii) Estimation of each LUS size and land use intensity of each system during the last ten years within the concerned unit. iii) Identification of different extent and degree of land degradation types in the LUS. iv) Inventory and classification of various technologies of land conservation. We have, also to estimate the «efficiency class», the conservation effectiveness to determine the impact on the ecosystem. v) For each mapping unit, recommendations on conservation practices and sustainable land management. The maps elaborated based on the WOCAT mapping tools have been found useful and including effective information on land degradation and conservation status. Consequently, this methodology would provide an important background for decision-making in order to launch rehabilitation/remediation actions in the study area. Keys-words: Arid Lands Degradation and conservation, LUS, SLM, WOCAT Mapping, South eastern of Tunisia. 81 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation 1- Introduction suite à l’usage intense de ces ressources. Selon l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (MEA, 2005), 10-20% des terres arides sont dégradées et plus de 250 millions de personnes sont directement touchées par la désertification (Schwilch, 2009). Ainsi le domaine de l’évaluation et de suivi de la dégradation des terres et la vulnérabilité des systèmes d’utilisation des terres gagne de plus en plus d’importance ces dernières décennies (Stocking et Murnaghan, 2001; Dregne, 2002 ; Nachtergaele et Licona-Manzur, 2008), non seulement par les gouvernements, mais aussi par les organismes de recherche afin de développer des outils qui aideront à prendre des décisions (Engelen, 2003) pour une gestion durable des terres (Hurni et al., 2006; IAASTD, 2008). Le problème de la dégradation des ressources naturelles, en particulier les ressources en sol, les ressources en eau et la végétation, pose plusieurs questions sur l’efficacité de la gestion actuelle. Ces ressources sont de plus en plus dégradées et ont des impacts qui touchent l’agronomie, la socio-économie et l’environnement. La dégradation des terres constitue un obstacle majeur à toute amélioration des potentialités (agricole surtout) des zones arides de la Tunisie. Avec le développement de nombreux secteurs concurrents (agriculture, industries, tourisme) et l’augmentation de la demande alimentaire, les ressources naturelles se trouvent inévitablement surexploitées. Toutes ces manifestations vont certainement mener à la dégradation des terres qui implique des processus physiques (altérations dans la structure du sol), chimiques (salinisation, lixiviation et diminution de la fertilité) et biologiques (réduction de la biomasse et de la biodiversité) (Eswaran et al., 2001). Différentes études et recherches devront être menées par des équipes pluridisciplinaires, où la collaboration entre scientifiques, chercheurs, utilisateurs des terres, agents de développement et de membres de la communauté publique, est nécessaire (Seely et Moser, 2004; Stringer et al., 2007; IAASTD, 2008). En effet, il s’agit d’améliorer l’évaluation Cependant, malgré les nombreux efforts, la désertification et la dégradation des sols persistent 82 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter et le suivi des problèmes de dégradation des terres et d’explorer des solutions pour la Gestion Durable des Terres (GDT) et dans le but d’aider les décideurs (Dougill et al., 2006; Stringer et al., 2009). amélioration à l’échelle locale, nationale et mondiale d’une manière unique et commune (Liniger et al., 2008). Ce papier tente d’appliquer les outils sus-introduits pour, d’abord, évaluer la dégradation des terres dans le bassin versant d’oued El Hallouf et de déterminer ensuite, les différentes pressions sur la zone étudiée et leurs impacts sur les ressources naturelles et humaines. Il s’agit, également d’analyser les activités anthropiques liées à l’utilisation des ressources naturelles. Cette première étape aboutira à la détermination de l’étendue de la dégradation et l’identification des indicateurs de risques environnementaux et agronomiques sur le site d’étude, ce qui donnera une idée sur la distribution et les caractéristiques de la dégradation/conservation des terres et les activités de GDT. Un système d’information (SI) pour la surveillance, la cartographie de la dégradation et des différentes interventions visant à lutter contre la désertification, sera établi. En développant les outils appropriés, ce SI peut appuyer la prise de décision et garantir la gestion durable et le développement des services des écosystèmes pour C’est dans ce cadre que s’inscrit cette étude qui s’intéresse à la cartographie de la dégradation et la gestion durable des terres dans le bassin versant d’oued El Hallouf. Ceci a nécessité la collaboration de deux projets internationaux, LADA1 et DESIRE2 , qui se sont focalisés sur une méthodologie évaluative de la dégradation et la gestion des terres, basée sur l’approche WOCAT3 qui vise à soutenir l’innovation et les processus décisionnels dans la GDT. Les objectifs de ces deux projets sont complémentaires pour améliorer leur synergie en vue de préparer et de rationaliser les méthodes de cartographie de la dégradation des terres et leur 1 LADA : (Land Degradation Assessment in Drylands) évaluation de la dégradation des terres dans les zones arides. 2 DESIRE : (A global initiative to combat desertification) est un projet financé par la Commission Européenne dans le programme Cadre VI (www.Desire-Project.eu). 3 WOCAT : (Word Over view Conservation Approches and Technologies) Panorama mondial des approches et technologies de conservation (www.WOCAT.org ). 83 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation les générations futures. rité avec des pluies rares et très variables, une période de sécheresse quasi absolue entre Mai et Septembre, des températures contrastées avec hivers doux à froids et des étés chauds à très chauds (Floret et Pontanier, 1982; Ouessar et al., 2006) et une forte évapotranspiration de l’ordre de 1450 mm (Ouessar, 2007). Les vents dominants de secteurs W, NW et SW de Novembre à Avril, sont les plus violents, très secs et froids. De Mai à Octobre, les vents soufflent du secteur de la mer (E, SE). Le printemps est considéré comme la saison la plus venteuse suivi par l’hiver et par suite, l’automne (Khatteli, 1996). 2- Matériels et méthodes 2.1 Description de la zone d’étude Le bassin versant d’Oued El Hallouf appartient à la région Sud Est de la Tunisie. Il s’agit d’une zone qui s’étend du Grand Erg Oriental et du plateau du Dahar à l’ouest, traverse la chaine des montagnes de Matmata entre Béni Khédache, Toujane et la plaine de la Jeffara, puis la dépression saline (Sebkha) d’Oum Zessar avant de finir dans le golfe de Gabès (mer Méditerranée). Administrativement, il appartient à trois délégations (Médenine Nord, Sidi Makhlouf et Béni Khédache) du gouvernorat de Médenine (figure 1). Le parcours est le système d’utilisation des terres le plus dominant dans la zone d’étude. La végétation est en majorité steppique mais elle se caractérise par une grande diversité des espèces variables en fonction du relief et de type des sols (Attia, 2003; Ouled Belgacem, 2006) Le site d’étude couvre une superficie de 1226 km2 et les coordonnées approximatives du point central sont 33°16’N et 10°08’E. La pluviométrie moyenne annuelle varie d’environ 170 mm sur la côte, 200 mm sur la zone montagneuse et diminue jusqu’à moins de 100 mm sur le plateau du Dhahar (Kallel, 2001). Les sols (Taamallah, 2003), selon la classification française (CPCS, 1967), sont développés sur un substrat calcaire dans l’amont et du gypse ou gypsocalcaire dans l’aval. Les horizons sont généralement peu pro- Le climat de la région est caractérisé par une extrême irrégula84 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter Figure 1: Localisation du Bassin versant d’Oued EL Hallouf fonds, caillouteux, non structurés avec une texture sablonneuse à sable fin. elles occupent 27% du bassin versant soient 33013 ha. La végétation naturelle (parcours) représente 48% (58 602 ha) de la zone d’étude. Cette dernière est subdivisée en quatre unités: Dahar (29%), montagnes (11%), plaines (7%), et halophytes (1%), en raison de leur phénologie et de différentes pratiques du pâturage. La majorité des changements se produit au milieu et en aval du bassin versant (figure 2). 2.2 Systèmes d’utilisation des terres (LUS) En se référant à la carte simplifiée de l’occupation des sols (Ouessar et al., 2009) au niveau de la zone d’étude, les arbres fruitiers sont essentiellement les oliviers se trouvant seulement derrière les Jessour et les tabias où elles représentent 25% de la superficie totale (31110 ha). Les céréales (orge d’hiver et blé) sont cultivées périodiquement durant les années humides. 85 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation Figure2 : LUS dans le bassin versant d’Oued El Hallouf 2.3 L’Approche WOCAT 2.3.1 Questionnaire Mapping la Tunisie). L’approche WOCAT Mapping a été élargie pour accorder plus d’attention aux différents processus tels que la désertification, la dégradation/ conservation des eaux et des sols et à mettre davantage l’accent sur les pressions socio-économiques directes et indirectes de ces phénomènes, y compris leur impact sur les fonctions de l’écosystème (fonction de production, écologiques, socioculturelles et de bien être humain selon MEA, 2005). Il évalue les Wocat L’outil de cartographie WOCAT-LADA-DESIRE est basé sur le questionnaire original WOCAT Mapping QM (Liniger et al., 2007). La méthodologie a été développée par les projets LADA et DESIRE. Elle est actuellement appliquée et testée dans 16 sites d’étude DESIRE à travers le monde au niveau de 14 pays (entre autres 86 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter les utilisateurs des terres ayant différentes connaissances et expériences. Ceci nécessite des compétences analytiques parmi les évaluateurs, avec l’utilisation des documents existants (cartes, couches SIG, images satellite) et des conseils d’autres spécialistes et des utilisateurs des terres, autant que possible afin d’améliorer la qualité et la fiabilité des données. Ce questionnaire devrait être utilisé comme un outil d’évaluation de la dégradation des terres et des pratiques de conservation entreprises dans le site d’étude. Également, la carte de base de données et les résultats cartographiques fournissent un outil puissant en vue d’obtenir un aperçu de la dégradation et de la conservation des terres à différentes échelles (locale, nationale et mondiale) (Liniger et al., 2008). différents types de terres dégradées actuellement, où et pourquoi et tout ce qui a été fait à ce sujet en termes de GDT. L’intégration des informations collectées et des données développées à un SIG, permet l’élaboration des cartes et les calculs des superficies sous différentes formes (dégradation physique des sols/ désertification et les pratiques de conservation). A travers ce questionnaire, le LUS est considéré comme l›unité de base de l’évaluation. Plusieurs ajustements et plus de perfectionnements sont nécessaires à l’échelle nationale pour fournir les unités appropriées dans lesquelles la dégradation des sols et la conservation peuvent être décrites et évaluées afin d’améliorer la carte mondiale des systèmes d’utilisation des terres déjà existante (Nachtergaele et Pétri, 2007) . Il est important d’évaluer la situation actuelle, en tenant compte de l’historique des dix dernières années. Ensuite, il est recommandé que le questionnaire soit rempli par une équipe pluridisciplinaire (chercheurs scientifiques, agriculteurs, différents acteurs) sur la dégradation et la conservation des terres en collaboration avec 2.3.2 Collecte des données du terrain Le questionnaire WOCAT comprend cinq étapes: la première concerne la collecte des données sur la dégradation des terres et la gestion de leur utilisation, ainsi que sur la conservation des eaux et des sols dans le bassin versant étudié, réalisée par une équipe 87 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation d’experts multidisciplinaires de l’IRA et du CRDA Médenine qui ont interviewé les agriculteurs sur terrain. son impact sur les écosystèmes. La quatrième étape comprenait l’identification, l’inventaire, la classification des différentes techniques de la conservation des terres, la détermination de l’objectif de la mise en œuvre de cette technique (prévention, atténuation, etc.), de l’étendue (en pourcentage de l’unité cartographique) et l’identification de la dégradation concernée par les mesures de conservation. On a également estimé la « Classe d’efficacité » de la technologie identifiée par LUS, pour indiquer les tendances (augmentation ou diminution) de l’efficacité de la conservation afin de déterminer l’impact (type et niveau) sur l’écosystème, et indiquer la date d’installation de chaque technologie et lui attribuer une référence dans le questionnaire WOCAT sur les technologies (QT) de GDT décrivant les pratiques déjà mentionnées. La zone d’étude a été divisée en se référant au découpage administratif et au type d’utilisation des terres en 19 unités cartographiques et sept LUS : céréales, agriculture derrière Jessour, parcours de plaines, parcours Jbels, parcours Dahar, agriculture derrière Tabia et parcours des terres salées. Par la suite, et après la détermination des différents LUS, la deuxième étape a concerné l’estimation de la taille de chaque LUS au cours des dix dernières années au sein de l’unité concernée, et une meilleure estimation de l’intensité d’utilisation des terres de chaque système. La troisième étape s’est focalisée sur la détermination de l’étendue et du degré de différents types de dégradation des terres se produisant actuellement dans chaque LUS en terme de pourcentage. En plus, de l’estimation du taux de la dégradation au cours de la dernière décennie et la détermination des causes directes et indirectes de cette dégradation et finalement une estimation de Enfin, la cinquième étape consistait à fournir, pour chaque unité cartographique, les recommandations d’experts (adaptation, prévention, atténuation et réhabilitation), les commentaires et les informations supplémentaires sur les pratiques de conservation 88 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter et de gestion durable des terres. l’érosion des sols et leur dégradation chimique (Cn) par la perte des nutriments et la réduction de la matière organique (MO) par abandon de la couche arable du sol qui réduisent les nutriments disponibles ainsi que la MO (figure 3). Cette dégradation des terres a été estimée à 35% comme étendue avec un degré fort et un taux de dégradation augmentant rapidement (figure 4). En fait, cette dégradation des terres est causée directement par le vent, le surpâturage et la surexploitation de la végétation (usage domestique). En outre, elle a des causes indirectes telles que le régime foncier et le grand nombre du cheptel. Par conséquent, toutes ces causes ont de nombreux impacts sur l’écosystème (ES) avec différents niveaux (négatif ou positif): on note un impact négatif sur la biodiversité qui contribue à un changement entre 10-50% sur l’ES et un faible impact négatif sur la production animale et végétale (quantité et qualité, y compris la biomasse pour l’énergie) où la dégradation des terres contribue négativement (0-10 -%) à des changements dans l’écosystème. Afin de prévenir et atténuer la dégradation des terres et la dé- 2.3.3 Les données spatiales Le SIG a été utilisé pour produire des cartes thématiques relatives à la zone d’étude (bassin versant d’oued El Hallouf) en se basant sur des investigations du terrain (questionnaires) et en utilisant l’outil de positionnement GPS, les images satellites, les cartes topographiques ainsi que la visualisation par Google Earth. En effet, la capacité importante d’analyse spatiale des SIG a permis d’intégrer les données collectées à caractères spatiales et descriptives pour produire un support cartographique. Ce dernier représente d’une part, une interprétation spatiale de l’état du lieu et d’autre part, constitue un outil d’aide à la décision pour la conservation et la gestion durable des ressources naturelles. 3- Résultats et discussions 3.1 Parcours Dahar Les principaux facteurs de dégradation sont le vent (Et: perte de la couche arable du sol, Ed: déflation et dépôt), l’eau (Wt: l’érosion de surface des sols) 89 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation sertification, nombreuses technologies de conservation des terres ont été entreprises dans ces LUS telles que : les palissades, la mise en défens/repos et reboisement (figure 5). L’efficacité de la GDT mise en œuvre est différente d’une technologie à l’autre. Dans ce cas, on distingue une efficacité importante pour les pratiques de conservation et de gestion structurelles et une efficacité acceptable concernant les pratiques végétatives. Ces pratiques de GDT ont un faible Figure 3: Types impact positif sur la production animale et végétale et un impact positif modéré sur la biodiversité. En plus des technologies de GDT déjà indiquées, il est recommandé de réduire les phénomènes d’érosion éolienne à travers le contrôle du nombre du cheptel, et la multiplication des points d’abreuvement. Aussi, il serait préférable de renforcer les opérations de mise en défens et d’étendre les superficies de fixation mécanique et biologique des sables mobiles. de dégradation des terres versant d’Oued Hallouf 90 dans le bassin Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter Figure 4: Types de dégradation des terres versant d’Oued Hallouf 3.2 Les Céréales dans le bassin directement à la conversion à l’agriculture, au vent et la mauvaise gestion du sol tels que la culture et le travail inappropriés du sol (figure 4). Bien que, le régime foncier et la pression démographique représentent les principales causes indirectes de la dégradation des terres, la majorité de ces causes ont un impact négatif sur les fonctions de l’écosystème, en particulier sur la production animale et végétale et la couverture du sol. Par conséquent, certaines La perte de la terre arable (Et), le dépôt et la déflation (Ed), la dégradation biologique (Bc) et la détérioration physique des sols par compactage (Pc) sont les principaux types de dégradation des terres (figure 3). Ces types de dégradation représentent 50% de l’étendue totale du LUS avec un fort degré de dégradation par compactage et un taux de dégradation augmentant rapidement pour l’érosion éolienne des sols qui est dû 91 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation pratiques de conservation ont été établies pour atténuer et prévenir l’érosion éolienne et la dégradation biologique telles que les pratiques de stabilisation des dunes du sable et les Tabias ayant 15% comme étendu et une grande efficacité (figure 5). Ces mesures ont un impact positif qui contribuera positivement (1050%) à des changements dans l’écosystème (la productivité des végétaux et des animaux, la couverture du sol, le cycle et la consommation de l’eau). Comme recommandation, nous pouvons améliorer l’utilisation des pratiques de fixation des dunes du sable et les travaux de conservation des eaux et du sol (CES) afin de réduire la dégradation du couvert végétal et de le remédier en utilisant des pratiques de restauration. du bassin versant étudié ayant 40% comme étendu, avec un degré fort et un taux important surtout pour l’érosion éolienne et la dégradation biologique (figure 3). Cette dégradation est causée directement par la sécheresse, le surpâturage et les pluies fortes et extrêmes. On distingue, également la pauvreté, la pression démographique et le régime foncier en tant que causes indirectes. Par conséquent, il y a des impacts sur les services de l’écosystème: sur la production animale et végétale et le cycle de l’eau avec un impact négatif sur la biodiversité. Pour l’atténuation et la prévention, la mise en défens/repos a été utilisée (ce qui représente 5% de la superficie) avec une efficacité très élevée: ce qui signifie qu’il améliore la situation antérieure et a des impacts positifs sur la production animale et végétale et la biodiversité. Cependant, il est recommandé d’étendre les zones de la mise en défens et de réduire le nombre du cheptel afin de prévenir et d’éviter la dégradation des terres. 3.3 Parcours Jbels L’érosion par ravinement (Wg) et de surface (Wt), la dégradation biologique (BC.), l’aridification (Ha) et la perte d’habitats (Bh) sont les formes de dégradation des terres dans le Parcours Jbels au niveau 92 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter Figure 5: Les groupes des technologies de conservation des terres dans le bassin versant d’Oued Hallouf 3.4 Parcours plaines des élevé surtout pour la dégradation biologique (figure 4). Les indicateurs de pression directe qui augmentent la dégradation des sols sont: le surpâturage, la culture inappropriée des sols, la sécheresse et les pluies fortes et torrentielles. Bien que le manque de la main d’œuvre et la pression démographique soient les causes indirectes de la dégradation des terres, la majorité de ces types de dégradation ont nombreuses répercussions sur la production animale et végétale, sur le cycle de l’eau et la biodiversité. Les principaux types de dégradation des terres se résument dans l’érosion par : ravinement (Wg), de surface (WT) et celle des berges (Wr), la perte de la couche arable (Et), les dépôts / déflation (Ed) et enfin, la dégradation biologique par la réduction du couvert végétal (Bc) et le déclin de la biomasse (Bq) (figure 3). Ces types de dégradation représentent 40% de la superficie totale de l’unité avec un degré fort et un taux 93 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation 3.5 Agriculture derrière Jessour Face à cette situation, plusieurs pratiques de conservation sont nécessaires pour prévenir et atténuer la dégradation des terres. Les pratiques adoptées actuellement dans cette unité sont principalement: le reboisement (V2), la gestion des parcours à travers la mise en défens / techniques de mise en repos (M5) et des pratiques structurelles, comme la fixation des dunes (S8) (figure 6). Ces technologies couvrent 15% de la superficie totale de l’unité avec une efficacité très élevée (lorsque les pratiques contrôlent non seulement les problèmes de dégradation des terres mais améliorent aussi, la situation en comparaison avec la situation antérieure) et avoir des effets positifs sur le cycle de l’eau et la biodiversité. En plus de ces pratiques, il est recommandé de réduire le nombre de bétail, tout en limitant les extensions de culture qui induisent la restauration de la couverture végétale, en plus de la consolidation/augmentation des travaux de conservation de l’eau et du sol (CES) et les activités de protection des parcours. Ce LUS connaît plusieurs types de dégradation des terres comme l’érosion hydrique (Wg), la réduction du couvert végétal (Bc), la diminution de la teneur de l’humidité moyenne du sol (Ha) et changement de régime d’écoulement (Hs) (figure 3). L’ampleur de ces dégradations des terres est de 35% avec un degré fort de réduction de la couverture végétale. Ces dégradations sont directement causées par la sécheresse (S6), les pluies fortes et torrentielles et le manque des pratiques de conservation des sols (S2), puis indirectement par l’insuffisance de la main d’œuvre (figure 6). Elles ont un faible impact négatif sur les services de l’écosystème: sur la biodiversité, cycle de l’eau et sur la production animale et végétale. Dans ce système d’utilisation des terres, les gabions et les Jessour sont les pratiques communes de conservation des terres qui couvrent 80% de la superficie (60% pour les pratiques de collecte des eaux: Jessour) et ont une efficacité très élevée. En 94 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter outre, on note des effets positifs sur la biodiversité, le cycle de l’eau et sur les infrastructures privées et publiques (S6). En fait, l’identification des travaux CES, leur sauvegarde et leur entretien sont recommandés (surtout après les inondations et les pluies exceptionnelles). Figure 6: Différentes technologies de conservation des terres dans le bassin versant d’Oued Hallouf 3.6 Agriculture derrière Tabia Afin de prévenir et d’atténuer la dégradation dans ces terres, nombreuses mesures de conservation ont été entreprises sur une grande superficie (70% dans le site d’observation) et avec une efficacité très élevée. On distingue: les pratiques suivantes : Tabia, gabions de recharge, cordons en pierres sèches et les gabions d’épandage. Ces technologies L’érosion éolienne (Ed) des sols, l’érosion hydrique par ravinement (Wg) et de surface (Wt) sont les types de dégradation des terres causés directement par la sécheresse et les précipitations intenses et torrentielles. Indirectement par la pénurie de la main d’œuvre rurale, mais avec un impact négatif faible sur le cycle de l’eau (figure 3). 95 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation ont d’importants impacts positifs sur la production animale et végétale, le cycle de l’eau, infrastructures privé et public ainsi que sur le revenu net. En plus de ces technologies et pour l’amélioration de la gestion durable des terres, il est recommandé de renforcer la gestion intégrée des bassins versants et/ou de consolider et préserver les plantations. d’accroître le contrôle au niveau des pâturages, améliorer l’écoulement des eaux de ruissellement et de réduire la collecte de bois. 3.7 Interprétations des cartes L’établissement de ces cartes a été une étape importante dans ce projet. La connaissance des systèmes d’utilisation des terres, des conditions physiques similaires (climat, sol, végétation) et des caractéristiques communes de la dégradation des terres est très importante (figures 3, 4). Trois types dominants de la dégradation des terres ont été identifiés dans la zone d’étude : l’érosion éolienne et hydrique, la dégradation biologique et la détérioration chimique des sols. L’étendue de la dégradation totale est d’environ 48799 ha (40% de la superficie totale), le degré de dégradation des terres est plus important dans les systèmes agriculture céréales soient 14% de la superficie totale (16 507 ha) et 12% dans les parcours Dahar (14 418 ha), mais moins important pour l’agriculture derrière Tabia qui ne représente que 0,5% (421 ha) et au niveau des parcours des terres salées avec 1% (926 ha). 3.8 Parcours salés La majorité de la zone de sebkhat Oum Zessar est gravement dégradée (85% dans le site d’observation) en particulier par salinisation (Cs) et engorgement de l’eau (Pw) qui représente 50% de la superficie totale de LUS. En plus 35% de LUS est caractérisé par la réduction de la couverture végétale (Bc) (Figure 3). Bien que la dégradation par salinisation est forte et elle est directement causée par les inondations et le surpâturage, puis indirectement par la pauvreté (personnes démunies continuent à utiliser des pratiques agricoles inappropriées), la forte évaporation et la diminution des ruissellements ont des impacts négatifs sur la couverture du sol et sur le cycle de l’eau. Pour cette raison, il est nécessaire 96 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter Les cartes de conservation (figure 5 et 6) (groupes et techniques de conservation) montrent que la zone d’étude est divisée en plusieurs groupes importants de conservation des terres (collecte des eaux, les terrasses, la fixation des dunes de sable, la recharge des eaux souterraines, etc.). Toutes les cartes sont élaborées à partir de données collectées sur le terrain. Le résultat le plus important pour les décideurs est la carte de différents groupes de la conservation des terres (figure 5) qui donne une bonne indication des zones protégées et celles qui ne présentent aucun risque de dégradation. et les activités anthropiques qui viennent amplifier la situation. Malgré la présence de certaines pratiques de conservation (tableau 1) dans ces LUS (reboisement, mise en défens/ repos, stabilisation des dunes de sable, tabias et palissades), la dégradation des terres reste un problème très sérieux dans cette zone et les pratiques de GDT doivent être améliorées et renforcées afin de lutter contre la désertification, restaurer le couvert végétal et assurer un développement durable. Cependant, au milieu du bassin, en particulier dans les LUS : agriculture derrière Jessour et tabias, les espaces dégradés (tableau 1) sont réduits par rapport à l’étendu conservée dans les mêmes LUS (60% pour l’agriculture derrière tabias, 80% l’agriculture derrière Jessour) et dans les autres LUS dans la zone d’étude. En fait, les Jessour, les tabias, les gabions de recharge, les gabions d’épandage et les cordons en pierres sèches sont les principales pratiques de conservation dans ces LUS et ont une haute efficacité et des impacts positifs sur les fonctions de l’écosystème. Ces technologies constituent 4- Discussions En amont du bassin versant, on note une grande étendue dégradée où le pourcentage varie de 40-50% dans les parcours Dahar, Céréales et les parcours Montagnes et plaines (tableau1). Cette dégradation atteint son maximum, avec 85% comme superficie dégradée, à l’aval du bassin versant au niveau des parcours salés. Les principales causes de cette dégradation sont la sécheresse, les pluies irrégulières et torrentielles, la prédominance des vents chauds (Sirocco), le surpâturage, le relief 97 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation les systèmes de collecte de l’eau dans le gouvernorat de Médenine qui ont été établies en vertu des projets massifs de CES depuis les années 1980. Bien qu’une large intervention a été réalisée au cours de 19902000 pour la mise en œuvre des stratégies nationales pour la conservation des sols et de l’eau et la mobilisation des ressources (Mahdhi et al., 2000), ces technologies jouent un rôle très important de conservation des ressources en eau et en sol dans les milieux arides et semi-arides, tel que le sud de la Tunisie. Les techniques CES ont une longue histoire et le gouvernement tunisien a appuyé leur expansion ces dernières années (par exemple, la stratégie nationale de conservation des eaux et des sols). Cet appui a été basé sur le fait que le stockage de l’eau dans le sol ou comme eau souterraine pour une utilisation actuelle et/ou future est par définition mieux que de le perdre dans la mer (Ouessar, 2007). également pour collecter les sédiments pour l’agriculture pluviale. En fait, les eaux de ruissellement induisant l’érosion de la couche arable et fertile des zones en pente, résultent de la dégradation des sols sur place. Le sol érodé et l’eau de ruissellement sont transportés vers les oueds où ils augmentent le risque d’inondation dans les zones adjacentes. Lors du suivi d’une toposéquence type (Ségui) en Tunisie centrale en utilisant des parcelles d’érosion (Bourges et al., 1974) ont observé des pertes de sédiments jusqu’à 4 t.ha-1.an-1. Les technologies de collecte des eaux comme Jessour et tabias diminuent la quantité et la vitesse de l’eau de ruissellement, et par conséquent réduisent l’érosion des sols. Par ailleurs, une partie du sol érodé est déposée sur la terrasse de ces structures, induisant non seulement l’amélioration de la capacité de stockage d’eau dans le sol mais également la fertilité des sols (Ouessar et al., 2004; Schiettecatte et al., 2005 ; Ouessar, 2007). L’utilisation de ces systèmes est principalement destinée à collecter les eaux de ruissellement afin d’améliorer les rendements des cultures, la productivité et l’élevage du cheptel, mais Les technologies de collecte des eaux et les pratiques de conservation (tableau 1) ont des rôles très importants et variés 98 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter Tableau1 : tableau récapitulatif de différents types de dégradation et pratique de conservation dans le bassin versant d’Oued El Hallouf Système des terres d’utilisation Types de dégradation Superficie dégradée (%) Parcours Dahar Et, Ed, Wt, Cn 35 Agriculture céréales Et, Ed, Pc, Bc 50 Parcours Jbels Et, Ed, Wg, Wt, Bc 40 Parcours Plaine Et, Ed, Wg, Wt, Bc, Bq 40 Wg, Wt, Ha, Hs, Bc 35 Agriculture derrière Jessour Agriculture derrière Tabia Parcours salés Wg, Wt 5 Cs, Pw, Bc 85 dans le bassin versant étudié et contribuent à la gestion durable des terres, mais elles doivent être intensifiées et protégées afin de préserver les ressources naturelles. Pratiques de conservation Palissade, mise en défens, reboisement Tabia, fixation des dunes de sable mise en défens Palissade de fixation des dunes, mise en défens, reboisement Jessour, Gabion Tabia, gabion de recharge, seuils en pierres sèches - humaines liées à l’utilisation des ressources naturelles, y compris la détermination de l’étendue de la dégradation et l’identification d’indicateurs des risques environnementaux et agronomiques sur le site d’étude, en vu d’obtenir une image de la distribution et des caractéristiques de la dégradation/ conservation des terres aussi bien que les activités de la GDT. La méthodologie appliquée est basée sur le travail de terrain, l’utilisation du Système d’Information Géographique (SIG) pour l’analyse, l’interprétation et l’élaboration de cartes thématiques et également sur des études anciennes faites sur 5- Conclusion Les objectifs de ce travail sont l’application et l’intégration des outils et des méthodologies Wocat Mapping pour évaluer la dégradation des terres dans le cas du bassin versant d’oued El Hallouf, la détermination des différentes causes, de la zone affectée, du taux et du degré de dégradation et leurs impacts sur les ressources naturelles et humaines. Il s’agit également, d’analyser les activités 99 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation cette zone. Les résultats sont présentés sous sept systèmes d’utilisation des terres : parcours Dahar, céréale, parcours djebels, parcours des plaines, agriculture derrière Tabia, agriculture derrière Jessour et les parcours salés. En fait, la dégradation des terres est plus importante dans les systèmes céréales (34% de la superficie) et le parcours Dahar (30% de la superficie totale dégradée). Les cartes de conservation des terres donnent de bons indicateurs des zones protégées et celles qui ne causent pas de risques de dégradation. Bien que, l’outil s’est avéré très utile pour obtenir une image de la distribution du processus de dégradation des terres et de son ampleur ainsi que diverses technologies de conservation et leur efficacité, plusieurs améliorations sont nécessaires pour assurer un meilleur lien avec les autres questionnaires WOCAT (QA, QT) et leur utilisation par les acteurs locaux. Enfin, les résultats de ce questionnaire peuvent aider les acteurs locaux (CRDA, DGACTA, IRA.) et les décideurs à prendre les décisions, à planifier les stratégies d’intervention et à consolider l’appui national et conduire à son analyse. De plus, il peut être utile pour la diffusion de la GDT (en particulier dans des environnements arides similaires) et peut, également, servir comme un moyen permettant de prendre les mesures nécessaires afin de faire face à la sécheresse et aux changements climatiques. Remerciements Ce travail a été mené dans le cadre des projets DESIRE, LADA et WOCAT. Références Bibliographiques Attia W., 2003 : Cartographie de la dynamique des systèmes écologiques de la Jeffara Tunisienne : Cas des bassins versants Zeuss Koutine. Mémoire de Mastère, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Tunis. Bourges J., Floret C., Pontanier R., 1974 : Etude d’une toposéquence type du Sud tunisien: Djebel Dissa. Etude spéciale 93, Ministère de l’Agriculture, Division des Sols, Tunis 100 Ibtissem Enneb, Mongi Ben Zaied, Houcine Taamallah, Mohamed Ouessar, Bouajila Essifi et Mongi Chniter CPCS (Commission de Pédologie et de Cartographie des Sols) 1967 : Classification française des sols. INRA, Paris. 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Rapport interne, projet Jeffara, IRA/IRD, Tunis. 103 Tentative d’application du Questionnaire WOCAT Mapping pour la cartographie de la dégradation Liste des abréviations W : Erosion hydrique du sol Wt : Perte de la couche arable du sol / érosion de surface Wg : Erosion en ravine / ravinement Wr : Erosion des berges (de cours d’eau) E : Erosion éolienne du sol Et : Perte de la couche arable du sol Ed : Déflation et dépôt C : Dégradation chimique du sol Cn : Baisse de fertilité et réduction de la teneur en matière organique Cs : Salinisation/alcalinisation P : Dégradation physique du sol Pc : Compaction Pw : Saturation en eau du sol H: dégradation des ressources en eau Ha: Aridification Hs: Changement de la quantité des eaux de surface B: Dégradation biologique Bc: Réduction de la couverture végétale Bh: Perte d’habitats Bq: Baisse de la quantité / biomasse Causes directes de dégradation S6 : sécheresse S2 : manque des pratiques de conservation Impact sur l’écosystème S6 : sur les infrastructures privées et publics Pratiques de conservation M5 : Gestion du parcours V2 : reboisement S8 : fixation mécanique des dunes de sable CES : Conservation des Eaux et des Sols CRDA : Commissariat Régionale de Développement Agricole DGACTA : Direction Générale d’aménagement et de conservation des terres agricoles GDT : Gestion durable des terres IRA : Institut des Régions Arides LUS : Land Use System (Système d’utilisation des terres) MO : Matière Organique SIG: Système d’information géographique 104 Revue des Régions Arides n° 27 (1/2012) pp:105-122 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol Khadija Bouajila1, Mustapha Sanaa1, Houcine Taamallah2, Faysal Ben Jeddi1. Institut National Agronomique de Tunisie 43, Av. Charles Nicolle 1082 Tunis Mahrajène. 2 Institut des Régions Arides 4119 El El Fjè – Medenine 1 ملخص يهدف هذا العمل إلى دراسة تأثيرات نبتة السلة «بكرى « 21المزروعة حسب بذر مباشر وبذر تقليدي على بعض الثوابت الفيزيائية والكيميائية للتربة بالشمال التونسي .تقع المحطة التجريبية بمنطقة بوسالم في الشمال الغربي التونسي وهي منطقة شبه قاحلة تتسم بشتاء بارد ورطب . تبين من خالل هذه الدراسة أن بقايا هذه النبتة تساعد على تحسين مستويات المواد العضوية في األفق السطحي للتربة ( 0-20صم) إذ تجاوزت نسبة هذه المواد العضوية .٪3في كل من البذرالمباشر والتقليدي .إال القطعة المزروعة حسب بذر مباشر تميزت بارتفاع مستويات النيتروجين في التربة السطحية خاصة ,حيث تراوحت المعدالت بين 0.35و. ٪ 0.4 كما مكنت زراعة السلة من تحسين بناء التربة التي تراوحت من 1.22إلى ٪ 1.97في البذر المباشر وذلك بعد عام فقط من الزراعة وبالتالي ،قد تحسنت قدرة التبادل األيوني خاصة على مستوى السطح ( 20- 0صم) وذلك عند استعمال البذر المباشر أكثر مما كانت عليه في البذر التقليدي. تجدر اإلشارة أخيرا إلى أن مخلفات السلة على سطح التربة تمكن من تحسين النفاذية وذلك أساسا بالنسبة للبذر المباشر حيث كانت أعلى نفاذية مقارنة بالبذر التقليدي ( 17.83صم/ الساعة عند البذر المباشر مقابل 13.92صم/الساعة عند البذر التقليدي). كلمات مفاتيح :تربة ,المواد العضوية ,بذر مباشر ,سلة ,منظومة علفية RESUME Ce travail vise l’étude des effets d’une culture de sulla variété Bikra 21 conduite en semis direct et conventionnel sur certaines propriétés physico-chimiques du sol. La station expérimentale se situe dans 105 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol la région de Bousalem en semi-aride supérieur à hiver frais de la Tunisie. Après une année de culture, les restitutions organiques ont contribué à améliorer les teneurs en matière organique principalement dans un horizon de 0-20 cm. En effet, les taux ont dépassé 3% aussi bien en semis direct que dans le conventionnel. Cependant, les parcelles conduites en semis direct se distinguent par des teneurs en azote supérieures principalement dans la couche arable où les taux varient de 0,4 à 0,35%. La présence du sulla a amélioré la stabilité structurale du sol qui passe de 1,22 à 1,97% en semis direct et après une année de culture. En conséquence, la capacité d’échange cationique a été améliorée principalement en surface (0-20cm) et aussi bien dans les conditions du semis direct (de 60,2 à 65 méq/100g de sol) que dans le conventionnel (de 59 à 63,3 méq/100 g de sol). Il est à noter que la présence de résidus surtout en surface a favorisé la perméabilité du sol et ce principalement en semis direct où la perméabilité a été meilleure (17,83 cm/h en semis direct contre 13,92 cm/h en semis conventionnel). Mots-clés : Sol, matière organique, semis direct, Sulla, système de fourrage ASTRACT This research treat the effects of Sulla crop (Hedysarum coronarium L.) variety Bikra 21 conducted in direct sowing and conventional one, on some physicochemical soil properties. The experimental station is situated at Bousalem in the semi-arid superior region of Tunisia. In the first cropping season, the organic Sulla restitution has contributed to improve the contents of organic matter principally in the 0-20 cm layer. Indeed, the rates exceeded 3% as well in direct sowing as in the conventional. However, the field in direct sowing is characterized by higher nitrogen contents mainly in the arable layer where the rates varied from 0,35 to 0,40 %. 106 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. The presence of sulla improved soil structural stability which varied from 1,22 to 1,97 % in direct sowing. As consequence, the capacity cation exchange was improved than in layer (0-20 cm), and better under the conditions of the direct sowing (from 60,2 to 65 méq/100g de sol) as in the conventional one (from 59 to63,3 méq/100 g de sol). It should be noted that the presence of residues especially on the surface supported the permeability of the ground and this mainly in direct sowing where the permeability was higher (17,83 cm/h in the surface of direct sowing contra 13,92 cm/h the conventional one). Key-words: Soil, organic matter, direct sowing,sulla, forage system 107 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol 1- INTRODUCTION La sensibilité des sols à la désertification et la perte de productivité est due à la combinaison des facteurs naturels et anthropiques. La morphologie du terrain, la nature du sol et l’agressivité des pluies sont les principaux facteurs pédoclimatiques. La surexploitation des ressources naturelles (extensification des terres, culture annuelle,…) et l’inadaptation des techniques culturales aux conditions locales (travail du sol dans le sens de la pente, interventions multiples de travail du sol, assolements inadéquats,…) sont mis en cause comme facteurs aggravant la dégradation de la situation. Tous ces facteurs exposent ces terres à l’érosion hydrique avec comme conséquence des pertes importantes en terres fertiles et donc un impact négatif sur la production agricole et la qualité du milieu (pollution,…). En Tunisie, et afin de maximiser les rendements, les pratiques des agriculteurs se sont basées sur un travail énergétique du sol, l’utilisation non raisonnée des engrais chimiques et des traitements phytosanitaires, l’exportation des résidus de culture hors de la parcelle… En plus la rotation des cultures légumineuse / blé en assolement quadriennal ou triennal dans le nord a fortement régressé pour ne représenter que moins de 6% dans la région de Béja (Zouaghi, 1998). Et la minéralisation de la matière organique se voit souvent accentuée par la multiplication des opérations de travail du sol provoquant aussi bien une dilution de la matière organique et une accélération du processus fermentaire. En effet, chaque année l’équivalent de 5000 à 10000 ha de terre sont perdus (M’hiri, 1999). Le fumier devient alors une denrée rare et coûteuse. Le recyclage de la matière organique fraîche est quasi absent. La faible teneur en matière organique réduit le pouvoir de rétention de l’eau des sols, en favorisant d’avantage les effets néfastes des sécheresses temporaires et intra ou inter saisonnières et favorise, par conséquent, l’érosion des terres fragiles avec une baisse de fertilité et une hyper sensibilité aux irrégularités climatiques (Ben Jeddi, 2005). Dans ce contexte, Rio et Lepoivre (2003), 108 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. ont montré que le labour profond favorise et accélère le processus de minéralisation dans le sol. Dans ce cas, les faibles teneurs en matière organique présentes à la surface du sol, augmentent la sensibilité à la battance et la dégradation physique du sol. adéquat de fertilité du sol. Des labours moins profonds (1520 cm) voire même un semis direct favorisent des niveaux de matière organique plus élevés dans la couche superficielle du sol suite à l’accumulation des résidus de récolte en surface. Afin de réduire les effets néfastes de ces systèmes de culture actuellement pratiqués, il y a lieu de procéder à différentes techniques culturales dont on cite principalement : Langlet et Rémy (1976) ont montré que le semis direct et le travail superficiel du sol ont favorisé une augmentation très nette des teneurs en azote total dans les premiers centimètres de la couche arable, un renforcement de la structure du sol, une protection contre les atteintes physiques et une meilleure activité microbienne grâce aux résidus de récolte. - l’introduction de cultures fourragères, en particulier des fabacées, dans les systèmes de culture qui permettent une production de matières organique et azotée qui restent dans le sol à la fin du cycle cultural. Cette richesse est considérée comme critère important pour définir la qualité, la fertilité et la santé d’un sol donné (Ben Jeddi, 2005). - le Choix de méthodes de travail du sol mieux adaptées et plus conservatrices des propriétés physico-chimiques du sol (Mouelhi, 2004). En effet, pour préserver le carbone dans le sol, on doit adapter des pratiques culturales qui maintiennent un niveau Après quelques années de semis direct, les couches supérieures du sol deviennent plus stables et la vitesse d’infiltration de l’eau devient plus rapide que les surfaces labourées (Chervet et al., 2001). Séguy et al.,( 2001) ont montré que sous des systèmes de culture qui perdent de la matière organique (avec travail du sol et monoculture), les tendances d’évolution de la capacité d’échange cationique CEC, suivent strictement celles de 109 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol la matière organique, la CEC des horizons de surface baisse. Au contraire, elle s’accroît et dans les mêmes proportions en procédant à des semis direct. C’est dans ce cadre qu’on se propose d’étudier l’impact du sulla (Bikra 21) en semis direct sur les propriétés physiques et chimiques du sol (Carbone organique, azote total, CEC, stabilité structurale et perméabilité) en comparaison avec les techniques conventionnelles. 2. MATERIELS ET METHODES 2.1 Caractéristique pédo-climatiques du site expérimental et matériel végétal Les essais ont été installés dans la ferme de la société d’exploitation et de développement agricole du nord (SEDAN), située à Boussalem (Gouvernorat de Jendouba) au Nord-Ouest de la Tunisie. Cette région qui appartient à l’étage bioclimatique semi aride supérieur, est caractérisée par un hiver froid et un été très chaud et ayant une pluviosité moyenne de 480 mm/an. Les caractéristiques physiques et chimiques du sol sont indiquées dans le tableau 1. Il s’agit d’un sol limono-argileux avec des teneurs en matière organique qui diminuent en fonction de la profondeur et variant entre 2.13 à 2.58 %. Tableau 1 : Caractéristiques physiques et chimiques du sol Profondeur (cm) 0 -20 20 -40 40 - 60 Granulométrie (%) Argiles Limons Sables totaux 22,4 ± 1,27 23 ± 1,69 22,65 ± 0,21 57,45 ± 2,47 51,7 ± 0,424 53,7 ± 1,7 21,2 ± 5,23 25,25 ± 1,2 23,65 ± 1,95 MO (%) NT (%) 2,58 ± 0,16 2,5 ± 0,071 2,13 ± 0,00 0,215 ± 0,01 0,195 ± 0,021 0,175 ± 0,01 CEC (meq/10 0g) 59,5 ± 0,71 59,5 ± 0,283 57 ± 3,25 Kech (mg/kg) Passim (mg/kg) pH 820 ± 14,14 727,5 ± 123,7 717,5 ± 137,89 25,83 ± 0,14 24,835 ± 1,181 19,5 ± 0,33 7,985 ± 0,01 7,995 ± 0,021 7,97 ± 0,01 Le matériel végétal utilisé est le sulla du nord (Hedysarum coronarium L.) variété Bikra 21. 110 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. 2.2 Dispositif expérimental Afin d’étudier l’effet de ces techniques culturales (semis direct, introduction du sulla dans le système de culture) sur l’amélioration des propriétés des sols et la lutte contre la dégradation des sols (érosion hydrique), les essais ont été installés sur une parcelle en pente douce (6%) d’une superficie de 10 ha. Cette parcelle a été divisée en deux sous parcelles selon la direction de la pente et l’une a fait l’objet de semis en direct et l’autre en semis conventionnel. Le semis a été réalisé en lignes espacées de 75 cm à raison de 25 kg/ha en date du 31 octobre 2004. Un désherbage préalable (avant le semis) à raison 2 litre /ha de Glyphosate a été réalisé sans aucun autre traitement phytosanitaire durant tout le cycle cultural. Deux campagnes d’échantillonnage du sol ont été réalisées : l’une avant le semis et l’autre après la récolte. Six échantillons du sol ont été prélevés en diagonale pour chaque sous parcelle. Chaque échantillon constitue une répétition au sein de la même sous parcelle. Six échantillons de Sulla (d’un poids de 500 g chacun) ont été prélevés à différents stades végétatifs. Chaque échantillon constitue une répétition pour les prélèvements des végétaux et pour l’analyse de la plante. Les analyses du sol ont concernés : - la matière organique selon la méthode de Walkley et Black, - la teneur en azote total déterminée par la méthode de Kjeldahl, - la capacité d’échange cationique (C.E.C.) selon la méthode de percolation par l’Acétate d’Ammonium, - la stabilité structurale du sol, - la perméabilité à l’eau. 3. RESULTATS ET DISCUSSIONs 3.1 Effets du semis direct sur les caractéristiques physico chimiques du sol * Effet sur la teneur en matière Organique Les résultats expérimentaux, ont montré qu’il existe une tendance 111 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol à l’augmentation des teneurs en matière organique aussi bien pour le semis conventionnel que pour le semis direct (figure1). Semis direct Semis conventionnel % MO % MO 4,0 4,0 3,5 3,5 3,0 3,0 2,5 2,5 SC(av.) 2,0 SD(av.) SD(ap.) 2,0 SC(ap.) 1,5 1,5 1,0 1,0 0,5 0,5 0,0 0-5 cm 5cm-20 20-40 0,0 40-60 0-5 cm profondeur (cm) 5cm-20 20-40 40-60 profondeur (cm) Figure 1: Evolution de la teneur en matière organique dans les parcelles en semis direct et conventionnel du sulla. En effet, après récolte et dans la parcelle conduite en semis conventionnel, la teneur en matière organique en surface varie de 3,01 à 3,09 %, et peut atteindre 2,19 à 2,59 % en profondeur. Alors que dans la parcelle conduite en semis direct, cette teneur varie en surface de 3,06 à 3,11 % et 2,35 à 3,09 % en profondeur. Ceci montre que la simplification du travail du sol enrichi les couches superficielles du sol en matière organique. Ces résultats confirment bien les résultats de Séguy et al. (2001) ; Chervet et al. (2001); Rio et Lepoivre (2003) et Mouelhi (2004). e plus, la présence des résidus D de culture de sulla Bikra 21 a permis aussi l’enrichissement du sol en matière organique (Mouelhi, 2004) et Ben Jeddi (2005). On peut conclure ainsi qu’il y a un effet significatif du semis direct et de la culture de sulla Bikra 21 sur la teneur en matière organique du sol dans la couche arable. * Effet sur la teneur en azote total du sol Nos résultats obtenus et présentés par la figure2, ont montré qu’il existe une tendance à l’augmentation de la teneur en azote total aussi bien pour le semis conventionnel que pour le semis direct. Cette tendance est plus importante en surface qu’en profondeur. 112 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. L’augmentation de l’azote total dans le cas d’un semis direct est due à la réduction du travail du sol et à l’accumulation de matière azotée en surface. Ces résultats confirment ceux de Bouhejba (1997) et Chervet et al., (2001). En effet, des études précédentes ont montré que la culture du sulla Bikra 21 permet d’améliorer le niveau azote organique du sol. Cette espèce peut restituer au sol environ 220 kg d’Azote/ha (Ben Jeddi, 2004). L’horizon arable du sol emmagasine presque 50 % du total restitué. Ce résultat et corrélé avec la densité racinaire de l’espèce en question (Ben Jeddi, 2005). Ceci permettra de réduire d’avantage l’apport d’engrais azotés au moins pour le suivant céréale (Ben Jeddi, 2005). Cet azote d’origine biologique (sous forme d’azote minérale N-NO3et N-NH4+) est libéré au fur et à mesure de la minéralisation des débris organiques. Ce qui permet d’éviter l’action du lessivage de l’azote très souvent accentué après une bonne pluie (Chervet et al., 2001). Semis conventionnel % NT Semis direct % NT 0,40 0,40 0,35 0,35 0,30 0,30 SC (av.) 0,25 SD (av.) SD (ap.) 0,25 SC (ap.) 0,20 0,20 0,15 0,15 0,10 0,10 0,05 0,05 0,00 0,00 0-5 5cm-20 20-40 0-5 40-60 profondeur (cm) 5cm-20 20-40 40-60 profondeur (cm) Figure 2. Evolution de la teneur en azote total dans les parcelles en semis direct et conventionnel du sulla. * Effet sur la C.E.C du sol Les résultats obtenus dans ce travail et présentés par la figure 3, ont montré qu’il y à une tendance à l’amélioration de CEC pour le semis direct. Cette tendance suit strictement celle de la matière organique du sol. Elle s’accroît et dans les mêmes proportions que la matière organique, lorsque le taux de cette dernière augmente dans les 113 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol systèmes en Semis Direct. gr de sol alors qu’après la récolte, on a enregistré une valeur de C.E.C en surface de l’ordre de (64 - 65 méq/100 gr de sol). Cette augmentation de la C.E.C (d’environ 6%) dans le cas du semis direct est due essentiellement à l’augmentation de la teneur en matière organique du sol surtout en surface. Ces résultats confirment ceux du Séguy et al., (2001) En mode de travail du sol conventionnel, la C.E.C. en surface avant semis, a varié entre 59 et 60 méq /100 gr de sol. Après la récolte, on a enregistré les 63,3 méq / 100 gr de sol. Cependant dans les parcelles conduites en semis direct et avant semis la C.E.C en surface été de environ 60,3 méq/100 Semis direct Semis conventionnel 80 CEC (méq/100gr de sol) CEC (méq/100gr de sol) 80 60 SC(av) 40 SC(ap) 20 60 SD(av) 40 SD(ap) 20 0 0 0-5 5 cm-20 20-40 0-5 40-60 5 cm-20 20-40 40-60 profondeur (cm) profondeur (cm) Figure 3. Evolution de la capacité d’échange cationique du sol dans les parcelles en semis direct et conventionnel du sulla. * Effet sur la turale stabilité struc- Nos résultats relatifs à l’évolution de la stabilité structurale avant semis et après récolte dans les parcelles conduites respectivement en semis direct et en semis conventionnel et présentés par la figure 4, montrent une amélioration de la stabilité structurale dans la couche superficielle de la parcelle conduite en semis direct par rapport à celle conduite en semis conventionnel. En effet, la stabilité structurale de la parcelle conduite en semis conventionnel été de (0,95 - 1,13 %) avant semis mais après récolte, elle s’est amélio- 114 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. rée pour atteindre 1,87 % (R2 = 0,845). Quant au semis direct, il présente une meilleure stabilité surtout en surface et qui varie de 1,15 % à 1,23 % avant semis et de 1,22 à 1,97 % après semis (R2 = 0,891). Ceci est dû à la présence d’une bonne teneur en matière organique et une forte activité microbienne. En effet, la matière organique est un agent de liaison et de cohésion entre les particules minérales du sol (Chenu, 1989), dont plusieurs travaux ont prouvé l’importance (Guckert et al., 1975 ; Tisdall et Oades, 1982, Mustin, 1987 ; Le Bissonnais et Arrouays, 1997) . Molope et Page, (1986) ont montré que lors de l’intensification des pratiques culturales ou la mise en culture d’une prairie, on assiste généralement à la diminution conjointe de la teneur en carbone organique des sols et de leur stabilité structurale. Par contre, la réduction du travail du sol ou la conversion d’un sol labouré en prairie augmente la quantité de matières organiques et la stabilité structurale des sols. En faite, les matières organiques forment un complexe organominéral soit directement par l’établissement des liaisons entre les charges positives et négatives des argiles, soit indirectement par des cations notamment le fer (Fe) et l’aluminium (Al), (Bonneau et Souchier, 1994). Figure 4. Evolution de la stabilité structurale du sol dans les parcelles en semis direct et conventionnel du sulla. (Is :indice d’instabilité ; 1/Is :indice de stabilité) 115 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol Dans ce travail on a enregistré aussi, en profondeur des deux parcelles conduites respectivement en semis direct et en semis conventionnel, une stabilité plus ou moins importante de l’ordre de 1,2%. Cette faiblesse revient à l’existence d’une croûte calcaire en profonde. Le calcaire a un effet qui est dû essentiellement à l’effet des ions Ca2+; son apport améliore généralement la stabilité structurale, cependant son action n’est significative que lorsque la teneur en argile soit suffisante (Abiven, 2004). Alors que le pourcentage d’argile en profondeur dans les deux parcelles ne dépasse pas les 23%, ce qui explique bien la faiblesse de la stabilité structurale en profondeur. On peut conclure donc qu’il y à un effet positif en surface du semis direct et des résidus de sulla sur la stabilité structurale du sol. Ces résultats sont en accord avec ceux de Chervet et al., (2001) ; Langlet et Rémy (1976) ; Manichon(1987) ; Recous et al., (2001). * Effet sur la eau du sol perméabilité en Nos résultats relatifs à l’évolution de la perméabilité en eau du sol avant semis et après récolte dans les parcelles conduite en semis direct et en semis conventionnel et présentes par la figure5, montrent qu’il existe une tendance à l’amélioration de cette perméabilité en eau aussi bien pour le semis conventionnel que pour le semis direct. Avant le semis du sulla, l’infiltration de l’eau dans les surfaces en semis direct a varié de 13,57 cm/h à 15,26 cm/h, elle s’est améliorée après une année de culture de sulla pour atteindre 14,515 cm/h et 17,831 cm/h (R2 = 0,966). En profondeur, l’infiltration est faible de l’ordre de 10 cm/h. Cependant, en semis conventionnel, la perméabilité n’a pas dépassé les 12,79 cm/h en surface avant semis, mais après récolte on a enregistré une perméabilité qui varie entre 11,17 et 13,92 cm/h. 116 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. Figure 5. Evolution de la perméabilité en eau du sol dans les parcelles en semis direct et conventionnel du sulla. Le semis direct a pour conséquence essentielle d’annuler le mélange des résidus de culture avec les horizons profonds. Il y a donc accumulation de matière organique en surface. Cet accroissement de teneur en matière organique en surface a des effets positifs, sur la battance du sol (Bordes, 1997). En plus, le sulla Bikra 21 est une culture protectrice et conservatrice des sols. Avec son système racinaire pivotant et profond (1.5 m à 2 m), elle améliore les propriétés physiques du sol entre autre l’infiltration de l’eau (Slim, 2004). Cette tendance est plus importante en profondeur de semis conventionnel ou la perméabilité passe de 5,2 à 9,8 cm/ha (R2 = 0,845). Ces résultats confirment ceux trouvés par Chervet et al., (2001) qui ont montré que la vitesse d’infiltration de l’eau, pour les surfaces en semis direct, est plus rapide que les surfaces labourées. Ainsi que Bouhejba (1997) a montré que le travail minimum diminue les pertes d’eau lorsque les résidus des cultures restent en surface, l’évaporation est la principale source de perte d’eau par le sol. 3.2 Productivité fourragère de Bikra 21 La production en matière verte du sulla dans les parcelles à semis direct et conventionnel, montre une faiblesse de production dans le cas de semis direct par rapport au semis conventionnel. Les rendements de matière 117 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol verte dépassent en 1ère année de culture dans les conditions expérimentales de notre travail dans la partie aval de la parcelle géré en semis conventionnel 60 t/ha, ce qui correspond à une valeur comparable à celle de la fiche technique de la variété. Cependant, lorsque le semis est effectué sur la parcelle en pente (en amont) la production chute très fortement soit – 44 % pour le semis conventionnel et – 80 % en semis direct. En cas de semis direct, les rendements de matière verte en aval ne dépassent pas 25 t/ha, soit une réduction de production de l’ordre – 43 % par rapport au semis conventionnel. Dans la parcelle gérée en semis conventionnel le rendement moyen en matière verte de l’ordre de 33 ± 24,3 t/ha. Alors qu’en semis direct, le rendement moyen a été de l’ordre de 14 ± 12,4 t/ha de matière verte/ha ce qui représente presque 43 % de la production en semis conventionnel. Ces résultats ne reflètent pas le potentiel productif de Bikra 21 avec une production de l’ordre de 55 t/ha en 1ère année selon la fiche descriptive de la variété (Ben Jeddi, 2005). La non respect de la fiche technique de la variété représente la cause essentielle de cette faiblesse de rendement obtenue. La présence d’un encroûtement calcaire très proche de la surface du sol (au maximum à 50 cm) a gêné aussi l’implantation de la culture de sulla. De plus, un problème très important a été remarqué dès la première pluie d’automne (en Octobre), il s’agit de l’invasion de la parcelle à semis direct par une très grande population d’escargots provenant d’un élevage voisin. Ces escargots ont attaqué la partie aérienne de la plante de sulla au stade 1ére feuille unifoliolée et au cours du démarrage de la croissance. Cette invasion avait commencé par la partie amont de la parcelle. Par conséquent, le dégât a été très important dans la parcelle à semis direct. Ceci explique bien la variation ou la faiblesse de production dans cette parcelle. 118 Khadija Bouajila, Mustapha Sanaa, Houcine Taamallah et Faysal Ben Jeddi. 4- Conclusion/ PERSPECTIVES L’étude de l’impact des pratiques cultures sur les propriétés des sols nous a permis de relever les remarques suivantes : Malgré la courte expérience du semis direct et avec des conditions expérimentales très difficiles de la parcelle allouée à la culture de Bikra 21 pour ce travail, les résultats de couverture du sol par la plante sont convenables (+ de 80 % de couverture en semis conventionnel et + 60% de couverture en semis direct). La culture a permis aussi un enracinement très profond qui arrive à 2 mètres et qui améliore: • Les propriétés physiques du sol (augmentation de l’infiltration de l’eau, amélioration de la capacité de rétention de l’eau, accroissement du taux de matière organique); et • Les propriétés chimiques du sol (fixation biologique de l’azote, réduction du lessivage des éléments nutritifs…). Cette plante s’est avérée une bonne source de résidus qui constitue un mulch riche en azote et en matière organique qui protège le sol en pente contre l’érosion et améliore leur fertilité en minimisant le coût de production. Ce mulch peut constituer aussi un lit de semence pour une culture suivante pour un éventuel semis direct. L’amélioration de la matière organique, l’azote, la capacité d’échange cationique, la stabilité structurale ainsi que la perméabilité du sol après la récolte d’une culture de sulla de première année est un bon signe principalement pour les sols marginaux accidentés et en pente. Ceci a été observé aussi dans les parcelles de sulla en semis direct que dans le conventionnel. Il reste cependant à revérifier l’intérêt de cette pratique culturale dans des conditions plus favorables que celles de la parcelle allouée à l’expérimentation pour ce travail. Le semis direct des cultures fourragères est une technique permettant de mieux valoriser 119 Impact du semis direct du sulla (Hedysarum Coronarium L.) Bikra 21 sur les propriétés physico-chimiques du sol des terres superficielles, érodées et accidentées. Cependant, cette technique ne devient efficace que par le choix des espèces bien appropriées jouant le rôle de précédents culturaux pour des cultures stratégiques comme les céréales. Dans ce cas, le sulla par ses restitutions organiques élevées et son système racinaire traçant a permis d’améliorer certains paramètres physico-chimiques de base pour une meilleure fertilité du sol. Références Bibliographiques Abiven S., 2004. 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Médenine, Tunisie. ملخص تعتبر تربية الماعز واألبقار واألغنام في تونس المصدر الرئيسي إلنتاج اللحوم الذي بلغ سنة ،2009حسب ديوان تربية الماشية وتوفير المرعى 9800 ،طنا من لحوم الماعز و 551500طنا من لحوم األبقار و 49000طنا من لحوم األغنام .وتتمثل أهمية إنتاج لحوم الماعز واألبقار واألغنام من خالل اعتبارها غذاءا أساسيا من حيث القيمة الغذائية للمستهلك ،وهو ما يبرر المقارنة بين هذه األنواع الثالثة من اللحوم .وفي هذا الصدد ،غطت دراستنا الفوارق من خالل مجموعة من الدراسات الفيزا كيميائية والميكروبيولوجية .حيث قمنا بفحص 72عينة 24 ،من لحوم األبقار و 24من لحوم الماعز و 24من لحوم األغنام. تم تنفيذ الدراسة الفيزيائية بمخبر تربية الماشية والحياة البرية بمعهد المناطق القاحلة بمدنين في حين أجريت الدراسات الميكروبيولوجية في المخبر اإلقليمي للصحة العمومية بجرجيس ومن ناحية أخرى وباالستناد إلى معايير معينة ،تمكنا من تقييم القيمة الصحية للحوم من خالل تحديد كل التغييرات التي تؤثر على جودة اللحوم وصحة المستهلك. كلمات مفاتيح :الماعز،األبقار ،األغنام ،اللحوم ،الفيزاكيميائية ،الميكروبيولوجية، تونس. Résumé L’élevage caprin, bovin et ovin représente une source importante dans la production de la viande rouge. En Tunisie, on a enregistré en 2009, une production de 9800 tonnes de la viande caprine, 551500 tonnes de viande bovine et 49000 tonnes de viande ovine selon les données sectorielles de l’Office d’Elevage et de Pâturages. L’importance de la production de la viande caprine, bovine et ovine comme étant un aliment nécessaire du point de vue nutritif pour le consommateur, justifie l’étude comparative entre ces trois espèces. A cet égard, notre étude a concerné les aspects, physicochimiques et 123 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien microbiologiques des viandes caprine, bovine et ovine. Pour cela, on a analysé 72 échantillons dont 24 provenant de l’espèce caprine, 24 échantillons de l’espèce bovine et 24 échantillons d’espèce ovine. L’étude physicochimique a été réalisée au sein de laboratoire d’Elevage et de la Faune Sauvage à l’Institut des Régions Arides de Médenine alors que l’étude microbiologique a été réalisée au laboratoire régional de la santé publique de Zarzis. En se basant sur certains critères, on a pu évaluer la qualité hygiénique de la viande de façon à savoir toute altération microbienne qui nuise à la qualité et à la santé du consommateur. Mots-clés : Caprin, bovin, microbiologie, Tunisie. ovin, viande, physicochimie, Abstract During year 2009, there were 9800 tons of goat meat, 551500 tons of cattle meat and 49000 tons of sheep meat in Tunisia. The importance of the goat production, cattle and sheep meat as a necessary food’s nutritional for the consumer, justifies the comparative study between these three types meats. This work has covered, through physicochemical and microbiological studies of three meats types. For this, we analyzed 72 samples: 24 samples meat of goats, 24 samples meat of cattle and 24 samples meat of sheep. The physicochemical studies are performed in the wildlife and livestock laboratory in Arid Lands Institute of Medenine, while microbiological study was achieved in the Regional Laboratory of Public Health (Medenine). On the other hand, based on certain criteria, one could assess the hygienic quality of the meat. Also to determine any changes that affects the microbial quality and consumer health. Key-words: Goat, cattle, sheep, meat, physical, chemistry, microbiology, Tunisia. 124 Amor Gaddour, Mabrouk Ouni, Sghaier Najari, Mouldi Abdennebi, Samira Arroum & Meriem Dahli 1- Introduction L’élevage caprin contribue par ses produits animaux dans l’autosuffisance des régions arides tunisiennes, surtout par la production de la viande (Gaddour et Najari, 2010). En effet, le principal produit des troupeaux caprins est le chevreau, abattu dès le 5ieme mois qui suit le sevrage. Même dans le système oasien intensif orienté vers la production laitière, la production de la viande est la principale composante de productivité du troupeau (Gaddour et Najari, 2011 ; Gaddour, 2010 ; Gaddour, 2005). Par ailleurs, la viande caprine joue un rôle important dans les habitudes alimentaires tunisiennes en particulier durant les mois d’été où elle est préférée à la viande jugée plus grasse, à l’instar de la viande ovine (Gaddour et Najari, 2010 ; Najari, 2005). En Tunisie, la production de la viande caprine contribue à 7% dans la couverture des besoins en viande rouge et cela représente 4% du produit total en viande (Gaddour et Najari, 2010 ; Gaddour, 2010). Depuis des décennies, les recherches et les travaux de développement se sont multipliés pour améliorer la productivité de l’élevage dans les régions arides (Najari et al., 2007). Les travaux de caractérisation des ressources animales et les études des systèmes de production ont abouti à l’amélioration des performances zootechniques (Gaddour et al., 2009). Toutefois, l’amélioration de la quantité de la viande produite est limitée par les ressources disponibles ainsi que par les capacités génétiques du cheptel local (Mahdi et Salhi, 2010). Ainsi, l’établissement des aspects qualitatifs permet une meilleure valorisation des produits animaux des populations locales des régions arides (Monin, 1991). De même, la connaissance des indicateurs de la qualité et leurs facteurs de variation, contribue dans la caractérisation des ressources animales et leurs potentialités (Zarroug et Haddad, 2007 ; Charles et Guy, 2000). Dans le présent travail, on envisage une comparaison de la qualité de la viande caprine à celle bovine et ovine à fin de mettre l’accent sur les particularités de cette viande ainsi que l’effet de la réfrigération sur la qualité physicochimique et microbiologique. 125 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien 2- Matériel et Méthodes 2.1 Echantillonage Les analyses physicochimiques des viandes rouges ont été réalisées au sein du laboratoire d’Elevage et de la Faune Sauvage de l’Institut des Régions Arides. En outre, les travaux ont concerné la viande caprine, bovine et ovine pour illustrer les différences par espèce animale domestique. Les analyses microbiologiques, ont été réalisées au sein du laboratoire d’Hygiène de l’Hôpital Régional de Zarzis. Pour les analyses du laboratoire, des échantillons ont été collectés de la cuisse et de l’épaule des viandes des espèces étudiées. 72 échantillons ont été analysés dont 24 échantillons provenant d’espèce caprine, 24 échantillons de l’espèce bovine et 24 échantillons de l’espèce ovine, dont l’âge des animaux abattus est de 3 à 4 ans avec un poids vif moyen de 25 kg. 2.2 Méthodes 2.2.1 Calcul des rendements Pour calculer les rendements en chaire (R1), en os (R2) et en gras (R3), on utilise les formules suivantes (Mahdi et Salhi, 2010) : * Rendement en chaire (R1) : R1= Poids de la chaire (kg)*100 Poids d’échantillon (kg) * Rendement en os (R2) : R2 = Poids de l’os (kg)*100 Poids d’échantillon (kg) * Rendement en gras (R3) : R3 = Poids du gras (kg)*100 Poids d’échantillon (kg) 2.2.2 Caractérisation chimique des viandes La caractérisation chimique des muscles de l’épaule et de la cuisse est effectuée pour les caprins, bovins et ovins. Cette caractérisation consiste en une détermination de la teneur en matière sèche, en cendre et en protéine. 2.2.2.1 Détermination de la teneur en matière sèche La détermination de la teneur en matière sèche a été réalisée selon la méthode normalisée (AFNOR NF V03-707). Cette méthode consiste à sécher 10g de la viande décongelée dans l’étuve à 105 °C pendant 24 h. 2.2.2.2 Détermination de la teneur en cendre La teneur en cendre représente 126 Amor Gaddour, Mabrouk Ouni, Sghaier Najari, Mouldi Abdennebi, Samira Arroum & Meriem Dahli le résidu minéral incombustible obtenu après incinération de l’échantillon. La méthode de référence (Norme AFNOR V03-720), appliquée à la viande rouge, prévoit une incinération à 550 °C pendant 12 h environ. 10-1 à 10-5 dans tryptone sel. Le prélèvement des échantillons est effectué avec du matériel stérile et dans des conditions respectant l’aseptie (Joseph, 1997). 2.2.2.3 Détermination de la teneur en protéines Le dénombrement de la flore totale se fait par étalement sur milieu solide ; gélose nutritive, ou bien milieu PCA, de 1 ml de chaque dilution et par incubation à 30°C pendant 72 h. La détermination de la teneur en azote des différents muscles a été effectuée par la méthode Kjeldahl (Norme AFNOR V03750). Cette méthode est basée sur : * Une minéralisation de l’échantillon (1 g du muscle); * Une distillation de l’ammoniac obtenue sous l’action de la soude concentrée; * Titrage de l’ammoniac (fixé par l’acide borique). Pour déterminer la teneur en protéines, on multiplie la valeur d’azote par un facteur de conversion empirique de 6,25 et le pourcentage en matière sèche (% M.S). 2.2.3 Caractérisation microbiologique de la viande 2.2.3.1. Préparation des dilutions Des dilutions décimales allant de 2.2.3.2. Dénombrement de la flore totale 2.2.3.3. Colimétrie Le colimétrie se fait par culture sur gélose désoxycholate, par étalement de 1 ml de chaque dilution et incubation à 37°C pour les coliformes totaux et à 44 °C pour les coliformes thermo-tolérants. 2.2.3.4. Dénombrement des anaérobies sulfito-réducteur Le dénombrement des anaérobies sulfito-réducteur est réalisé par étalement de 1 ml de chaque dilution sur T.S.N à profondeur et incubation à 30°C pendant 48 h. 2.2.3.5. Recherche des germes pathogènes * Salmonella La recherche de salmonella se 127 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien fait par culture de milieu sélectif SS par étalement de l’échantillon, après son enrichissement sur milieu liquide (rapaport) durant 24 h, puis incubation à 37°C pendant 24 h. * Streptocoques fécaux La recherche des Streptocoques fécaux se fait par inoculation du milieu liquide présomptif, milieu Roth et du milieu confirmatif Litscky, puis incubation à 37°C pendant 24 h. * Escherichia coli La recherche d’Escherichia coli se fait par inoculation de l’eau peptonée, incubée à 37°C pendant 24 h. * Staphylocoque aureus La recherche de Staphylocoque aureus se fait par étalement sur milieu solide (Beard Parkeur) de 100 μl d’échantillon et par incubation à 37°C pendant 24 h, si les germes sont noirs avec un halo, on inocule le germe dans l’eau peptone tamponnée, on finit par le test de coagulas en utilisant le plasma de lapin. 3- Résultats et Discussion graisse des différents échantillons Le tableau 1 présente les rendements en chaire, os et graisse de différentes espèces animales élevées dans la région du sud tunisien. Les rendements en chair et en os, pour les trois espèces étudiées, sont similaires; par contre, on constate une différence remarquable à propos la teneur en graisse qui est le plus faible chez l’espèce caprine. Ceci peut être lié aux conditions d’élevage ou à la qualité d’alimentation, ainsi qu’au comportement alimentaire sur parcours marqué par des déplacements plus fréquents (Gaddour et Najari, 2010). D’ailleurs la viande des caprins est traditionnellement préférée à celle des ovins surtout en été en raison de sa faible teneur en graisse (Mahdi et Salhi, 2010 ; Najari, 2005). Par ailleurs, la faible teneur en graisse de la viande caprine justifie la demande croissante de cette viande, à l’échelle mondiale, surtout pour les vieux (Mahdi et Salhi, 2010). 3.1 Etude comparative des rendements en chaire, os et 128 Amor Gaddour, Mabrouk Ouni, Sghaier Najari, Mouldi Abdennebi, Samira Arroum & Meriem Dahli Tableau 1. Rendements (%) en chair, os et graisse de différentes espèces. Epaule Bovin Ovin Cuisse Caprin Bovin Ovin Caprin Masse (g) 1903,87 1814,05 1162,18 1954,77 2087,46 1192,88 Chaire (g) 1300,4 1011,1 698,13 1137,4 1303,02 627,69 Os (g) Graisse (g) R1 362,92 302,3 244,01 468,84 294,02 260,07 240,55 500,65 220,04 348,53 450,42 305,12 68,302 66,762 60,070 58,185 71,8 52,619 R2 19,062 11,152 20,995 23,984 10,667 21,801 R3 12,634 22,086 18,933 17,829 17,487 25,578 R1 : Rendement en chaire, R2 : Rendement en os, R3 : Rendement en gras. 3.2. pH de la viande des trois espèces étudiées du pH des viandes étudiées par espèce. Le tableau 2 présente les valeurs Tableau 2. pH des viandes pour les trois espèces étudiées. Espèces pH Bovin Ovin Caprin 6,29 6,48 6,6 Le pH de la viande caprine est plus proche de la neutralité, ce qui empêche la croissance des bactéries acidophiles et basophiles et qui contribue à ralentir la dégradation enzymatique qui nécessite une acidité élevée. Le pH influe plus tard après la phase de réfrigération, sur la croissance bactérienne. 3.3 Etude comparative de la composition chimique des viandes des différentes espèces Nous avons réalisé une étude comparative de la composition chimique des viandes de l’épaule et de la cuisse des différentes 129 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien espèces étudiées, en se basant sur les teneurs en matières sèches, en cendres et en protéines. 3 .3.1 Matière sèche et cendre Les taux de la matière sèche et en cendre (en %) figurent sur le tableau 3. Tableau 3. Taux de matière sèche et cendre dans la viande de l’épaule et la cuisse de chaque espèce. Bovin Ovin Caprin %MS %Cendre Epaule 21 5,5 Cuisse 23,76 4,16 Epaule 23,72 6,09 Cuisse 24,31 5,7 Epaule Cuisse 26,1 32,7 6,41 10,17 MS: Matière sèche. Les teneurs en matières sèches et en cendres des épaules et des cuisses des espèces bovines et ovines sont similaires (Tableau 3). Cependant, la viande de la cuisse caprine est plus riche en matières sèches et en cendres que les autres espèces. L’importance de la teneur en matière sèche et en cendre chez la viande caprine montre bien sa richesse en minéraux (Mahdi et Salhi, 2010 ; Zarroug et Haddad, 2007). 3.3.2 Teneur en protéines Les différentes teneurs en matière azotée des viandes de la cuisse et de l’épaule sont regroupées dans le tableau 4. 130 Amor Gaddour, Mabrouk Ouni, Sghaier Najari, Mouldi Abdennebi, Samira Arroum & Meriem Dahli Tableau 4. Taux en matière azotée totale et en protéine dans la viande de l’épaule et la cuisse des espèces étudiées. Bovin Ovin Caprin Epaule Cuisse Epaule Cuisse Epaule Cuisse %M.A.T 16,78 14,31 10,82 11,43 11,27 10,58 % Protéines 22,03 21,20 16,03 17,37 18,4 21,63 MAT : Matière azotée totale. La teneur en protéine au niveau des deux parties de la carcasse bovine et caprine est plus élevée que celle de la viande ovine (Tableau 4). La viande de caprins parait riche en protéine qui peut être due à la variabilité et la qualité de gamme de végétation ingérée qui est l’un des caractéristiques de cette espèce (Mahdi et Salhi, 2010 ; Najari, 2005). 3.4 Etude comparative de la composition physicochimique des viandes caprines à l’état frais et après réfrigération Tableau 5. Taux de matière sèche, cendre, matière azotée totale et protéine dans l’épaule et la cuisse avant et après réfrigération. VF VR Epaule Cuisse Epaule Cuisse %M.S 26,10 32,70 24 30,48 Cendre 6,41 10,17 6,36 7,04 %M.A.T 11,27 10,58 10,82 10 %Protéines 18,4 21,63 16 ,23 19 VF : viande fraiche ; VR : viande après réfrigération. La perte en matière sèche et en cendre est accompagnée d’une perte en minéraux. On peut expliquer la perte en protéine par son dégradation par les bactéries, particulièrement les micro- organismes protéolytiques, qui nécessitent une source énergétique pour leur développeemnt dans les conditions du froid (Mahdi et Salhi, 2010). 131 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien 5. Etude comparative de la composition microbiologique des viandes caprines à l’état frais et après réfrigération Tableau 6. Germes totaux et coliformes fécaux avant et après réfrigération. Echantillon \Germe VF VR Germes totaux Coliformes Epaule 5 10 6 10 3 Cuisse 10 7 10 3 Epaule 3 10 8 1,210 4 Cuisse 35 10 7 10 4 VF : viande fraiche ; VR : viande après réfrigération Les nombres élevés des germes totaux des viandes après réfrigération d’une semaine qui dépasse la norme d’hygiène, montre qu’une température d’environ 6°C n’empêche pas la croissance bactérienne. Il parait qu’une telle température est favorable à la croissance des bactéries pseudophiles qui résistent au froid et aussi les micro-organismes protéolytiques qui entraînent des modifications néfaste sur l’odeur, la couleur, la texture et produisent des substances toxiques (Mahdi et Salhi, 2010 ; 132 Zarroug et Haddad, 2007). Malgré l’absence de Salmonella, des anaérobies sulfuto-réducteur et des Staphylocoques, on constate la présence d’un nombre très élevé des Streptocoques qui sont des germes pathogènes causant des douleurs abdominales et des diarrhées (Tableau 7). L’augmentation du nombre des coliformes fécaux est accompagnée par l’apparition d’Escherichia coli, qui cause la fièvre et la douleur gastrique, qui a été en phase de latence (Zarroug et Haddad, 2007). Amor Gaddour, Mabrouk Ouni, Sghaier Najari, Mouldi Abdennebi, Samira Arroum & Meriem Dahli Tableau 7. Etude des germes pathogènes de la viande caprine avant et après réfrigération. A.S.R S .aureus Streptocoque E .Coli Salmonella Epaule 0 Absence 211 Absence Absence Cuisse 0 Absence 241 Absence Absence Epaule 0 Absence 280 Présence Absence Cuisse 0 Absence 2100 Présence Absence Echantillon \ germes VF VR VF : viande fraiche ; VR : viande après réfrigération 4- Conclusion Les analyses physicochimiques et microbiologiques réalisées offrent des précieux indicateurs sur la qualité d’une partie importante de viande rouge produite dans le sud tunisien. Des différences ont été soulignées pour la qualité de la viande en fonction des espèces et en fonction des parties de la carcasse. Les résultats confirment la faible teneur en gras de la viande caprine et justifient sa réputation comme viande maigre. Les résultats montrent bien que la viande caprine se caractérise par les taux élevés de la matière sèche, cendre et protéine de plus elle renferme tous les acides aminés indispensables, ce qui nous encourage à augmenter sa consommation en souhaitant qu’elle ne reste pas régionale et saisonnière. Il ressort que les aspects qualitatifs peuvent représenter un atout pour les viandes des espèces animales élevées dans les régions arides et sous des conditions difficiles. Toutefois, les taux élevés de germes, avant et après réfrigération, incitent à mettre l’accent sur les aspects hygiéniques de la viande pour garantir les meilleures conditions sanitaires pour les consommateurs de la viande. 133 Qualité physicochimique et microbiologique de la viande caprine dans les régions arides du Sud tunisien Références bibliographiques Charles F. & Guy L. 2000: Microbiologie et toxication des aliments : Hygiènes et santé. 113 p. Gaddour A. & Najari S. 2011. 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