Le Hainaut croise son savoir-faire avec Cuba

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Le Hainaut croise son savoir-faire avec Cuba
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Le Hainaut croise son savoir-faire avec Cuba
Hainaut développement, l’agence de l’économie
et du développement de la Province du Hainaut,
a reçu, il y a peu, une délégation de spécialistes
agricoles cubains. La raison de leur présence en
Wallonie? Finaliser une fiche-projet de croisement
entre le Blanc Bleu Belge et les races locales
de Cuba. Parallèlement la délégation cubaine,
composée de représentants du Ministère de
l’Agriculture et du Ministère des Investissements
Etrangers et de la Collaboration Economique,
a découvert la réalité agricole hainuyère et
wallonne. La visite de cette mission scientifique
s’est terminée aux 9ème Journées Internationales
de l’Elevage et de l’Agriculture à Tournai.
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C’est suite à une visite officielle
de la Députation permanente
à Cuba, en avril 2005, que se
sont forgés des liens de coopération précis dans le domaine
de l’agriculture entre le Hainaut
et le pays de Fidel. Devant le
constat de problèmes structurels
existant à Cuba dans le domaine
agricole, problèmes auxquels
n’échappe pas l’élevage bovin, le
département agricole de Hainaut
Développement a proposé à ce
pays son expertise en matière
de croisement de race BBB dont
la résistance et le rendement
peuvent être autant d’atouts . En
juillet 2006, pour finaliser ses pro-
()
positions, le Hainaut a organisé
une mission exploratoire à Cuba
qu’accompagnait des associations wallonnes telles l’AWE, ou
l’AWEX
Cuba à la recherche de
son agriculture
Lors de ce déplacement de
juillet 2006, une délégation
hainuyère a pu constater les faiblesses de l’agriculture cubaine.
Les productions animales y sont
déficitaires de même qu’est insuffisant l’apport du secteur végétal
à destination de l’alimentation
animale. Le parc des machines
agricoles, en mauvais état, ne
peut être renouvelé sans un investissement de 2 millions de dollars
par an pendant 5 ans. Et l’argent
fait défaut. Il faut dire que suite
au démantèlement de l’URSS, le
pays a connu une grande baisse
de ses moyens financiers. Ceci,
allié a l’influence d’un climat qui
peut peser sur l’élevage, rend les
rendements en lait et en viande
améliorables. Dans un pays où il
y a 3,6 millions de têtes de bétail
pour 11 millions d’habitants et où
la production moyenne de lait par
vache est de 2000 litres, on peut
penser qu’une amélioration technique des moyens de production
serait un apport bénéfique pour
la population. Le taux d’autosuffisance de la production laitière,
par exemple, est à multiplier par
3 selon les autorités locales.
L’organisation de l’agriculture
majoritairement en entreprises
publiques-des coopératives gérées par l’état-devrait permettre
de faire aboutir plus efficacement
les projets portés par le gouvernement.
Limites de l’élevage
cubain
L’élevage cubain qui est de
type extensif mérite qu’on porte
un intérêt à son éventuelle augmentation en qualité et quantité. Développer le cheptel, et
du même coup la production de
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lait et de viande, coïncide avec
l’accroissement de la demande
interne. Aujourd’hui, avec l’afflux
de de touristes, la consommation
de viande par les populations se
répartit en fonction de sa production ; indigène ou exogène. La
viande cubaine, de moins bonne
qualité, qui ne connaît pas de distinction qualitative des différents
morceaux de viande, est destinée
à la population locale. Les touristes de plus en plus nombreux
consomment eux de la viande importée. Leurs exigences vont à des
morceaux de meilleure facture,
alors qu’il n’y a pas de classification des carcasses à l’abattoir.
Présentation du Projet
CTBBH à Cuba
L’ensemble de ces constats et
réflexions a amené la province
du Hainaut à prendre levier sur
son projet de croisement terminal
de Blanc Bleu sur race Holstein
– en abrégé projet CTBBH – pour
répondre aux besoins des cubains. Le CTBBH vise à conseiller
l’utilisation de la race Blanc Bleu
dans la pratique du croisement
terminal en testant des taureaux
quant à leur efficacité économique et à leur rentabilité. En ce
qui concerne Cuba, le projet a été
adapté à la race locale, le zébu,
pour des raisons de résistance. La
Holstein, très sensible aux hautes
températures, s’accommode mal
au climat.
Des expériences autochtones de croisement ont déjà été
menées auparavant. Elles ont
donné lieu à la création de races
synthétiques obtenues à partir
de différentes races qui sont là
depuis longtemps. On y rencontre des animaux croisés avec du
charolais, de la limousine ou de
la holstein.
Intérêts du BBB
Même si il est parfois décrié,
le BBB garde des qualités diététiques et zootechniques exceptionnelles. En l’implantant dans
la plus grande île des grandes
Antilles, les concepteurs du projet
veulent encourager l’augmentation de la rentabilité des entreprises d’élevage. Ce qui pourrait
assurer à terme une meilleure
sécurité alimentaire pour les populations et harmoniser l’offre et
la demande en besoins alimentaires.
L’intérêt de la race BBB, d’après
les essais menés et les données
récoltées, est multiple, comme
on a pu le constater lors d’autres
expériences probantes menées en
Afrique, au Brésil et en Belgique.
En terme d’exigences zootechniques on sait que le croisement
avec du BBB constitue un avantage par rapport à d’autres espèces.
Pour les veaux par exemple, les
performances sont supérieures à
de nombreux points de vue.
L indice de consommation est
excellent, le rendement à l’abattage et en viande comme la valeur
bouchère lui confère de bons
atouts de compétitivité. Si le rendement à l’abattage est de 70 %
en race pure, il subsiste à un taux
élevé (55%) lors de croisements.
Le projet a été adapté à la race locale, le zébu, pour des raisons de
résistance
Ces croisements s’imposent, en
l’espèce, car on sait le veau gras
BBB très fragile. Pour l’implanter
en Amérique du sud, il convient
d’en augmenter la rusticité. Le
croisement avec le zébu cubain
doit lui proférer par hétérosis une
grande vigueur et ne pas susciter
plus de complications à la naissance qu’en race autochtone.
Obstacles
Malgré toutes les avancées que
pourrait amener le BBB à l’élevage cubain, il reste des données
non-maîtrisables génératrices de
freins au développement du projet. Les contraintes locales comme
le climat, la nutrition, la fragilité
de l’économie, la confrontation
aux maladies locales pourraient
se révéler handicapantes pour le
mener à bien.
Autre point d’achoppement,
le manque de référentiels de
testage local. ne étude avec un
nombre limité d’animaux devrait
démontrer l’intérêt du croisement
pour, à terme, livrer toutes ses
potentialités pour l’économie
cubaine et permettre la diminution des importations de viande
pour les touristes.Par ailleurs, la
formation à mettre en place est
indispensable pour maîtriser les
techniques de la découpe anatomique des carcasses. De même un
plan d’adaptation des techniques
d’insémination, différentes de
celles pratiquées en Belgique, doit
être pensé.
Aspects pratiques du
projet
On peut résumer la finalité de
la collaboration entre le Hainaut
et la république cubaine comme
la recherche d’un objectif de rusticité et de résistance aux conditions locales tout en procurant un
meilleur rendement en viande. In
fine, c’est l’amélioration du taux
d’autosuffisance de la production
de viande qui est visée. Des bénéfices supplémentaires, comme
l’apport d’une plus-value aux
structures actives dans la production de semences de la race BB
sont aussi recherchés.
En pratique, le projet porte
sur 375 vaches qui seront réparties sur 500 hectares de prairies.
Au-delà de l’expérience à proprement parler, il y a une vision “politique” importante: démontrer le
bien-fondé de l’introduction de
techniques génétiques animales
différentes à Cuba.
Le projet repose sur la comparaison d’efficience par rapport à 3
lots de veaux : du zébu « pur »,
du zébu croisé avec du charolais
cubain et, enfin, du BBB croisé
avec du zébu.
Avant d’entrer dans une phase
productive, de nombreuses étapes
sont encore à baliser. Pas une vache ne sera inséminée avant que
soit menée complètement la mise
en place de l’expérimentation.
Corollairement, un échange de
compétences, une collaboration
scientifique et technique sont
envisagées. Elles sont complétées
par l’organisation de réunions
d’information.
L’accord-cadre sur lequel doit
déboucher l’échange entre autorités cubaines et hainuyères doit
être lui-aussi finalisé. C’est à ce
moment-là que le montage financier se fera ; il est indispensable à
un développement plus avant du
projet. Le but de la présence de la
délégation en Belgique était de
finaliser la fiche-projet de croisement entre le Blanc Bleu Belge et
les races locales de Cuba.
De nombreuses visites
Pendant leur périple wallon,
les invités cubains de la province
du Hainaut ont participé à de
nombreuses visites où il était
question de BBB, de génétique,
d’alimentation. A travers des rencontres avec les institutions, les
décideurs et les praticiens, la délégation s’est tour à tour rendue
à la ferme Meurée à Noirchain,
à l’atelier d’engraissement
Damman à Froidchapelle, aux
laboratoires Bio.be à Gosselies.
Elle a rendu visite à l’ARSIA à
Ciney, à l’ Association Wallonne
de l’Elevage, avant d’être reçue
officiellement au Gouvernement
provincial. D’autres rendez-vous
ont amenés nos visiteurs dans un
atelier d’engraissement de taurillons BB en race pure, dans une
exploitation porcine à Grosage, et
à l’IPHB (Institut provincial d’Hygiène et de Bactériologie).
Le dernier jour de leur séjour
était consacré à une réunion avec
les représentants des Ministres
Laruelle et Lutgen et à la visite de
la Foire de Tournai.
Tout au long de son incursion
en terre wallonne, la délégation a
montré un grand intéressement
aux conditions de naissance, à
la conformation viandeuse des
veaux et aux exigences alimentaires des animaux croisés.
La délégation cubaine est
convaincue de la supériorité de
la race BBB pour son utilisation
en croisement sur les races locales cubaines en vue d’améliorer
quantitativement et qualitativement la production de viande
bovine dans leur pays. Un projet
qui devrait donc aboutir.

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