professeur 7

Transcription

professeur 7
Professeur 7
Retour sur la première journée de formation à Reims.
1ers temps en amphi où nous avons droit au traditionnel diaporama et toutes les paraphrases
qui l’accompagnent. Culpabilisation avec des chiffres inquiétants sur les taux de réussite , on
nous demande si nous sommes d’accord, bien évidemment non. Une formatrice va même oser
dire que nous avons tous , nous les profs , une part de responsabilité dans les attentats...déjà je
me crispe.
Les collègues sont assez dissipés et certains se comportent avec peu de respect face aux
formatrices, c’est dommage nous passons pour des sales gosses irresponsables. La salle est
majoritairement hostile. Pour ma part je garde ma colère froide pour essayer de souligner
quelques incohérences de cette réforme. Je vais vite m’apercevoir qu’en face tout a été
préparé et toutes mes questions recevront une réponse stéréotypée.
Mise en groupe : systématiquement nous sommes séparés de nos collègues d’établissement ,
des fois qu’il nous prendrait l’envie de contester trop fort entre gens qui se connaissent. Puis
dans les groupes, nouvelle séparation en ilots, nous nous retrouvons avec des gens que nous
ne connaissons pas trop et qui n’enseignent pas notre matière... diviser pour mieux régner. Je
ne comprends toujours pas la mise en ilots puisque qu’aucune réflexion de groupe n’est
demandée, on nous veut passifs et on nous demande d’écouter la bonne parole.
On commence par vouloir rassurer, non ce n’est pas du formatage, ni du lavage de cerveau.
On valorise le fait que nous sommes de bons fonctionnaires, des professionnels qui
connaissons bien notre métier. Certes ! Le récalcitrant se veut apaisé par cette caresse dans le
sens du poil.
Puis l’argument ultime, c’est la loi, nous sommes forcés d’obéir. Petite prière à Gandhi en
passant, restons zen.
Non ce n’est pas vrai, le privé ne récupèrera pas les élèves qui souhaitent continuer la
bilangue ou l’européenne!!! Je demande encore à voir les chiffres, je sais déjà que dans mon
collège nous perdrons des élèves ainsi. Aie confiance, crois la parole du formateur qui lui sait
tout et a toujours raison. Ne cède pas à la désinformation des méchants syndicalistes qui
d’ailleurs se décrédibilisent en hurlant leur haine sans retenue devant les formatrices
victimes...Chers camarades syndicalistes vous êtes contre productifs ainsi.
Puis les questions fusent : à chaque question dérangeante , hop on botte en touche et on passe
à autre chose très vite sans apporter de réponse ou en essayant un enfumage de haut vol.
Exemple : A la question “ Comment je fais pour me concerter avec tous mes collègues et ceux
du primaire sans y passer toutes mes soirées, mon repas à la cantine, mes pauses pipi ?
Réponse donnée: vous pouvez prendre sur les 2h45 de dotation complémentaire! A raison
d’un quart d’heure semaine vous avez 1h par mois. Certes mais multiplié par le nombre de
profs c’est irréaliste...Enfumage !!!
La même réponse est donnée le plus souvent : vous pouvez prendre sur les dotations
complémentaires!!!
Mon européenne disparait, hop magie les 2h45
Mes groupes de travail en sciences, hop les 2h45
Ma classe théâtre, mon projet culturel, mon travail entre collègues, la co intervention; ma
découverte professionnelle, ma bilangue etc .... Les 2h45 ça permet de faire avaler toutes les
pilules aussi grosses soient elles, mais elles ne sont pas extensibles.
Ensuite on apprends que l’AP c’est finalement un cours normal avec un peu de
différenciation, comme Monsieur Jourdain nous faisons déjà tous des AP sans le savoir !
Mais alors pourquoi appeler ça de l’AP??? Et que vont devenir les élèves en réelles
difficultés qui perdent leur soutien personnalisé en petit groupe ? Réponse de l’IPR : rien ne
vous empêche de proposer un projet à prendre sur les 2h45 pour proposer un soutien aux
élèves en difficulté!!! Ca confine au ridicule, je m’insurge, si j’additionne tout ce qui est à
prendre sur ces fameuses 2h45, c’est infaisable !!! Hop, pas de réponse: on botte en touche .
Pour les EPIS c’est idem, nous faisons déjà tout avant, il faut juste accepter de changer notre
façon de travailler, mais nous sommes de bons professionnels, nous y arriverons, et puis
voyez, vous le faites déjà...
Visiblement personne ne sait trop comment nous pourrons organiser ces EPIS, qu’on souhaite
trimestriels . Ce sera difficile, et la première année va être laborieuse, mais nous y
arriverons...Je souhaite toutes mes condoléances à mon principal pour la perte de ses cheveux
alors qu’ il devra pondre 3 emplois du temps sachant qu’il peine déjà à nous en proposer un
qui tienne la route.
Juste un point positif : l’IPR nous confirme que la précipitation n’est pas souhaitable
pour constituer des EPIS. Quand je souligne que les principaux nous mettent le couteau
sous la gorge pour remonter les projets d’EPIS avant noël, l’IPR est très ferme sur ce
point : rien ne doit remonter avant février, tant que les programmes ne sont pas digérés
et présentés entre collègues. Maigre consolation.
Je ne résiste pas à la tentation de vous faire partager la perle de cette journée tout droit
sortie de la bouche d’une formatrice : “la transdisciplinarité c’est la vie ! “ Bon j’ai ri...
un peu de joie dans cette journée maussade qui se termine avec une impression d’enfumage
totale, un écran de fumée pour faire oublier toutes les difficultés d’une réforme si difficile à
mettre en œuvre.
On veut me rassurer et m’apaiser pour que je collabore à cette réforme. On a essayé la
culpabilisation, le sens du devoir accompli et la vile flatterie... Je sors de là vraiment pas
convaincue.
Le pire est qu’en bon petit soldat, je vais le faire et pis ( sic ) c’est vrai je travaille déjà avec
mes collègues et pis ( re sic ) c’est vrai de toutes façons je travaille mes cours tous les étés et à
longueur d’année sans compter mon temps. Mais je sors de là la mort dans l’âme, écœurée,
avec cette impression en moi de ne n’être qu’un petit pion qu’on manipule et qu’on agite sans
raison.

Documents pareils