Infections urinaires à Lactobacillus delbrueckii, mythe ou réalité

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Infections urinaires à Lactobacillus delbrueckii, mythe ou réalité
Infections urinaires à Lactobacillus delbrueckii, mythe ou réalité ?
T. Gueudet , C. Rieder-Monsch, V. Cocquerelle, S. Merieau I. Mahoudeau, JM. Rousée,
LABM Schuh Bio 67- Biosphère, Strasbourg, France
P-302
[email protected]
Lactobacillus delbrueckii (Ld) est décrit comme potentiellement responsable d’infections urinaires chez la personne âgée.
Depuis Janvier 2016, nous avons inclus cette bactérie dans la liste des uropathogènes potentiels recherchés. A partir de cas positifs, nous
tentons de déterminer le caractère pathogène de cette espèce.
OBJECTIF :
Rappel bibliographique sur Lactobacille delbrueckii
•
•
Bernier et al ont décrit huit observations de cystites à Lactobacillus delbrueckii chez la femme âgée (moyenne de 81,2 ans) en pratique communautaire entre 2007 et 2009. [ Bernier et al
Lactobacillus delbrueckii: probable agent of urinary tract infections in very old women Patho Biol 2012]
Dabro et al rapportent un cas chez une femme de 85 ans [Dabro et al. Lactobacillus delbrueckii as the Cause of Urinary Tract Infection JCM 2012]
METHODES
Les lactobacilles isolés en culture monomicrobienne dans des urines ont été identifiés par spectrométrie de masse. Pour chaque dossier à Ld,
une analyse clinico-biologique est réalisée qui détermine la nécessité ou non d’ un antibiogramme.
RESULTATS et DISCUSSION :
Pathogènes isolés dans les ECBU
• Au 1er semestre 2016, 36250 ECBU ont été réalisés dans
notre laboratoire
Escherichia coli
Klebsiella pneumoniae
Proteus mirabilis
Citrobacter koseri
Staphylococcus aureus
Klebsiella oxytoca
Pseudomonas aeruginosa
Staphylococcus saprophyticus
Enterobacter cloacae complex
Enterobacter aerogenes
• 169 L. crispatus (Lc) et 44 Ld ont été identifiés à partir de
cultures sur gélose CPSE (BioMérieux). En comparaison, nous
identifions majoritairement L gasseri et L jensenii, très
rarement Lc et Ld dans nos prélèvements vaginaux.
Pathogènes émergents isolés dans les ECBU
5615
622
317
182
168
122
121
116
90
84
Aerococcus
Actinobaculum schaalii
Trueperella
Oligella
Lactobaccilus delbrueckii
Corynebacterium urealyticum
Nombre d'infection en fonction de l'âge
Caractéristiques des ECBU à culture positive à Lactobacillus delbrueckii:
10
15
Nombre de cas en fonction
de la tranche d‘âge
126
14
1
1
44
3
Répartition des leucocyturies
8
Age critique
absence
possible
certaine
20
10
6
15
5
4
10
2
5
0
0-20 20-30 30-40 40-50 50-60 60-70 70-80 80-90 90-100
0
faible
Leucocyturie en fonction de l'âge
10
Faible
moyenne
élevée
moyenne
Situation clinique
8
0
élevée
Nbre d'infections
6
non
définie
33%
4
0
0-20
Pas de
signes
21%
20-30 30-40 40-50 50-60 60-70 70-80 80-90 90-100
6
Sensibilité de Lactobacillus delbrueckii
100
absence
39%
présence
de signes
46%
2
probable
19%
R
8
6
4
2
0
2
S
0
0
ciprofloxacine Etest
amoxicilline Etest
0,25 1
2
3
4
6
8
20-30
30-40
40-50
50-60
60-70
70-80
80-90
90-100
Chaque cas est différent
Mme S 78 ans présente des signes d’infection avec brûlures, pollakiururie
associées à une leucocyturie significative et présence de 10.7 Ld. Il s’agit
d’une cystite.
Mme A 32 ans ne présente pas de signes cliniques, la leucocyturie est
intermédiaire. Il ne s’agit pas d’une infection
Chaque cas nécessite une interprétation spécialisée
CMI Amoxicilline
CMI Ciprofloxacine
4
50
Certaine
42%
0-20
Délai de croissance sur gélose
CPS Elite (Moyenne 39h)
4
19
20
24h
48h
72h
12 32
CONCLUSION:
•
Sur une série plus importante et dans un délai court par rapport à la littérature, nous confirmons que Ld est en cause dans les infections urinaires
de la personne âgée. La détermination de son rôle pathogène nécessite l’obtention de données cliniques permettant d’interpréter le résultat,
sachant qu’un recueil urinaire de qualité est un challenge chez les personnes âgées.
•
Concernant Lactobacillus crispatus, c’est la surprise de cette étude prospective. La moyenne d’âge des 159 patients est de 33 ans. La
leucocyturie était négative dans 39 cas, légère dans 43, forte dans 87 dont 17 pyuries Il n’y a pas de données concernant son pouvoir pathogène
au niveau du tractus urinaire. Il est associé à la composition de probiotiques présents sur le marché français. Une deuxième étude devra
déterminer s’il s’agit de contaminations d’origine vaginale ou s’il existe un pouvoir pathogène non reconnu.
AU FINAL : Une réalité, mais pas une vérité
Seul le dialogue clinicien-biologiste est à même de déterminer la pathogénicité de cette espèce qu’il paraît utile de
rechercher en cas de suspicion d’infection urinaire chez la femme âgée, en cas de culture monomicrobienne.

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