Être le fils de son père, rien de plus simple. Postface

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Être le fils de son père, rien de plus simple. Postface
Être le fils de son père, rien de plus simple. - page 1
Être le fils de son père, rien de plus simple.
Mais quand ce papa est le maître du roman à énigmes,
qu’il est l’auteur de trente-sept ouvrages policiers, dont
douze furent adaptés pour le cinéma et parmi lesquels
figurent L’Assassin habite au 21 et Quai des Orfèvres, ce
fils n’est pas peu fier. Il a dès lors des responsabilités, dont
celles de se souvenir et de faire connaître mieux encore l’œuvre paternelle.
C’est pourquoi, il a semblé opportun à André-Paul Duchâteau (qui fut publié
par mon père dès l’âge de seize ans) et à moi-même, de faire connaître
aujourd’hui les nouvelles policières écrites par ce grand auteur entre 1929 et
1951. Nous les avons recensées dans différents magazines de cette époque.
Elles sont donc inconnues aujourd’hui.
J’ai choisi un éditeur liégeois, mon père étant né à Liège an 1908, au 22 rue
Dartois.
Stéphane Steeman
Postface
Un petit mot encore sur Steeman dessinateur.
Si certaines nouvelles de cet ouvrage furent publiées dans certaines revues
accompagnées des dessins de mon père, je dois avouer que j’en ai ajouté quelques-uns, tant
sont nombreuses les illustrations originales qu’il m’a laissées dans ses classeurs.
«Les choses de loin les meilleures sont les pages inspirées par le jazz, avec les bons
nègres à l’œil blanc aux lèvres épaisses, au petit nœud écossais, tétant leur saxophone en se
balançant dans le rythme. S.A. Steeman a trouvé là un style très personnel qui peut rivaliser
avec celui des meilleurs dessinateurs professionnels de l’époque. Ces compositions très
vivantes furent publiées dans Pourquoi Pas ? en novembre 1930 et servirent de publicité pour
les thés et les soirées dansantes qu’accueillait l’hôtel Atlanta.» Thomas Owen.
Je vous en montre une ici.
Mon père illustra son roman L’Assassin habite
au 21 (cinquante-deux dessins), quand il parut en
1939, sous forme de neuf feuilletons dans Le Soir
Illustré, et ensuite dans le même hebdomadaire, il
illustra une rubrique de deux pages pour les enfants,
P.P.L.P. (Pas Pour Les Parents), et ce, jusqu’à la
guerre. Là encore des centaines de petits dessins
adorables, dont Caramel et César.
Il illustra aussi la couverture de son roman Péril
paru en 1930 aux éditions La Gaule.
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous pays.
© EDITIONS DRICOT – LIEGE-BRESSOUX – BELGIQUE.
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«Mais l’inventaire rapide et forcément incomplet de
l’œuvre graphique de l’écrivain doit faire place aussi à ses exlibris, à ses caricatures, aux publicités réalisées notamment
pour les alcools F.X. De Beukelaer. Il aurait pu devenir un
excellent affichiste.» Thomas Owen.
Les bons écrivains sont souvent d’excellents
dessinateurs, ainsi que l’ont prouvé Jean Cocteau, Sacha
Guitry, les frères Goncourt et… S.A.Steeman.
Ce dernier avait une opinion originale de la caricature.
Le 27 février 1930, dans La Nation Belge, mon père
signait un article «A chacun sa vérité.» Extrait :
«La caricature est toujours un portrait… Autrement dit :
on trouve toujours un plus vilain que soi. (…) Le portrait; souvent, trahit son homme; la
caricature, jamais. Le modèle a, inscrits sur sa figure, dans ses gestes, son actif et son passif.
Chose curieuse : on hésitera parfois à mettre un nom sur le visage du Monsieur que l’on ne
connaît que par son portrait mais on le repérera presque instantanément après avoir vu sa
caricature. C’est que la besogne d’identification a déjà été faite par un autre qui, pour vous, a
davantage fait saillir un nez, plisser des yeux, grandir une ride, vous livrant ainsi tous les
indices nécessaires à une meilleure pénétration (…)»
Mon père admirait beaucoup Dubout dans cet article qui se terminait par : «Le seul
reproche qu’on puisse lui adresser, c’est de voir tous
ses modèles, sans exception, trop résolument laids…
Mais il y aurait une épreuve à tenter… Demander à
Dubout de «croquer» Mlle Diplarakou, Miss Grèce,
la plus belle femme d’Europe.»
A propos de femme, cette ravissante silhouette
décore la page de garde de l’édition originale de son
roman écrit en 1942 Légitime Défense, dont Clouzot
s’est inspiré pour Quai des Orfèvres. C’est ma
maman !
L’homme qui fut, certes, le plus important dans
la carrière de mon père fut le rédacteur en chef de La
Nation Belge, Paul Neuray.
Dédicace : A Paul Neuray – qui poussa le mépris du danger jusqu’à risquer sa vie avec
moi en Peugeot – ce modeste témoignage de vive amitié… (8 juillet 1931).
De Paul Neuray à Steeman : (…) «Mais je suis heureux de pouvoir
vous écrire avec infiniment de plaisir, je ne vous ai jamais ménagé les
critiques. Aussi m’est il permis de vous dire que vous êtes en progrès très
sensibles. La fin de L’Ennemi sans visage m’a déçu quelque peu. Mais
j’ai trouvé Le Lévrier bleu parfait à tous points de vue. Voilà un véritable
roman policier qui peut soutenir la comparaison avec les meilleurs
Wallace.»
J’ai donc choisi ici cet ex-libris créé par mon père à son attention.
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Et enfin – mais croyez bien que je termine à regret cette
plongée dans le passé graphique de mon père – et enfin… ce dessin
que j’adore. Je n’ai pas de sœur mais une nièce de dix-huit ans qui se
prénomme Stéphanie.
Heureux hasard de la vie.
Stéphane Steeman
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