Sur un air de Bowie à la Philarmonie

Sur un air de Bowie à la Philharmonie
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Sur un air de Bowie à la Philharmonie
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La photo originale de l'album Earthling, à l'exposition «David Bowie is», du 3 mars au 31 mai à la Philharmonie de Paris (XIXe). Crédits photo : © Frank W Ockenfels 3
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Entré dans l'histoire du rock depuis longtemps, David Bowie1 n'avait encore jamais fait l'objet d'une rétrospective aussi ambitieuse que
celle que lui consacre la Philharmonie2 jusqu'au 31 mai, après le Victoria & Albert Museum de Londres en 2013 et un voyage autour du
monde (Chicago, Toronto, Sao Paulo, Berlin) qui s'achèvera aux Pays-Bas et en Australie.
S'il partage le même lieu (Londres) et la même date de naissance (l'immédiat après-guerre) que de nombreuses rock stars, Bowie est le
seul dont la carrière puisse se prêter à une exposition d'une telle ampleur. En tout, 300 objets ont été sélectionnés par les commissaires
Victoria Broackes et Geoffrey Marsh, parmi les 75.000 stockés dans les archives personnelles de l'artiste. Manuscrits de chansons,
costumes de scène, photographies, films, clips musicaux et décors de scène racontent une carrière parmi les plus spectaculaires de la pop.
La signalétique de l'exposition, comme la couverture du catalogue, est ainsi déclinée dans un orange très seventies. Quarante ans après, la
vision d'un Bowie mince comme un fil, les cheveux teints en roux et sanglé dans des tenues invraisemblables continue d'être l'image la
plus saisissante d'un homme passé par un nombre incalculable de métamorphoses.
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La première partie de l'expo montre la construction mentale et culturelle de David Jones. Influencé par son demi-frère Terry, le jeune
homme absorbe la culture qui l'environne comme une éponge, ainsi que le jazz et le rock'n'roll venus d'Amérique. Un saxophone et une
guitare douze cordes racontent l'apprentissage au sein de groupes confidentiels. À 18 ans, en 1965, Jones devient Bowie: la lettre en
attestant officiellement est présentée. L'histoire s'accélère. Gilbert & George,3Vasarely4, David Bailey5, Andy Warhol6 imprègnent le travail
du jeune homme. Et aussi Kubrick,7 qui lui inspire Space Oddity, premier tube. Après avoir été mode, puriste du r'n'b, mime, chanteur folk
aux cheveux longs, Bowie se trouve, enfin. Diffusé sur un écran géant, le passage de Bowie dans «Top of the Pops», le 6 juillet 1972, est le
moment où l'exposition bascule, comme la carrière du chanteur ce jour-là lorsque l'Angleterre a découvert cette créature ultrasexuée et
ambiguë.
La suite du parcours montre avec quelle virtuosité l'artiste déclinera, recyclera et s'appropriera toute la culture qui l'a marqué. Des écrits
de Tristan Tzara8 aux toiles de Sonia Delaunay9, Bowie puise dans des disciplines nobles la matière de chansons populaires. L'émotion est
saisissante à la lecture des manuscrits. On a dit Bowie influencé par la méthode du cut-up, chère à l'écrivain William Burroughs10. Avant
cela, il consignait ses textes dans des cahiers, notamment celui de Ziggy Stardust, rédigé avec une écriture de petit garçon appliqué. La
reproduction d'une cabine de studio donne à voir et à entendre le processus créatif, tout comme la portion dévolue à la trilogie de la
deuxième partie des années 1970. L'apport de Bowie à la vidéo musicale, indéniable, est résumé par les clips de Life on Mars, Boys Keep
Swinging, Heroes ou Ashes to Ashes, sidérants de modernité. La section finale, elle, offre quelques-unes des plus belles performances
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scéniques de Bowie.
«David Bowie is»11, jusqu'au 31 mai à la Philharmonie de Paris, 221, av. Jean-Jaurès (XIXe).
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Olivier Nuc
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