LE LIVRE CHOC DE ROGER-POL DROIT CONTRE FRANÇOIS DE

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LE LIVRE CHOC DE ROGER-POL DROIT CONTRE FRANÇOIS DE
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire
OJD : 399243
Date : 12 FEV 15
Page de l'article : p.1,84,86,88
Journaliste : Anne-Noémie
Dorion
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LE LIVRE CHOC DE
ROGER-POL DROIT CONTRE
FRANÇOIS DE CLOSETS LES PHILOSOPHES DU BONHEU
www.lepoint.fr Hebdomadaire dinformation du jeudi 12 février 2015 n°22!4
Grandes ecoles de commerce le palmarès 2015 30 pages
Tous droits réservés à l'éditeur
KEDGEBS 4085992400508
Date : 12 FEV 15
Page de l'article : p.1,84,86,88
Journaliste : Anne-Noémie
Dorion
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire
OJD : 399243
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Mécénat Anciens élèves,
nouveaux bienfaiteurs
Collecte de fonds.
Contraintes de
trouver de nouvelles formes
de financement,
les écoles se
tournent vers
leurs diplômés.
Tous droits réservés à l'éditeur
PARANNE-NOÉMIEDORION
A
l'été 1983,GillesPélissonareçu
une drôle de lettre. Un courrier à en-tête de la Harvard Bu
siness School, de laquelle celui qui
n'est encore qu'un jeune homme
vient de décrocher un MBA. Au diplôme frais émoulu la légendaire
institution américaine présente
sans détour une étrange requête.
«77 ne s'était pas passé un mois avant
qu'on me sollicite, en me disant que,
puisque j'étais diplôme de l'école, on
comptait sur moi pour participer au
financement de la bibliotheque, se
souvient l'ancien PDG de Disney
et Accor et actuel membre du
conseil d'administration d'Accen
ture, Barrière et TFi. L'Essec, dont
j'étais diplôme depuis 1979, nem'avait
jamais men envoy é de tel '» Au fil des
ans, les demandes de Harvard af
fluent,régulièresetassumées.«Pour
le gala des deux ans, chacun commen
tait ce qu'il avait donné, quelle somme
pour quel projet A chaque rassemblement, les montants augmentaient,
devenant colossaux», raconte
l'homme d'affaires. Du côté de l'Es
sec, toujours rien. «En 2010, a force
défaire le parallèle, j'ai trouvé
Solidaire. Cérémonie
de remise des diplômes
de HEC, promotion 2013
Daniel Bernard, alors
president de la Fondation HEC et president
de Kingfisher, brandit
le cheque de la ete g/ft,
donation des diplômes
de la promotion
destinée a financer
la scolarité des élevés
socialement défavorises
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Date : 12 FEV 15
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Donateurs HEC
dommage que rien mse passe,
déplore le président de la fonda
lion. Surtout que HEC s'était lancée.
Nous nous sommes pris par la main
avec quèlques anciens et avons proposé
de donner au moins 100000 euroschacun pour lancer la collecte. »
Une initiative bienvenue pour
l'institution, mais sans commune
mesure avec les faramineux montants transatlantiques. Rien
qu'avec le 30e anniversaire du MBA
dè Gilles Pélisson, Harvard a récolte 25 millions de dollars! «En
matière de collecte defonds, sian compare avec les Etats-Unis, les écoles de
commerce françaises en sont à l'âge
de la pierre», estime Loick Roche,
directeur de Grenoble Ecole de management et président du chapitre
des écoles de management de la
Conférence des grandes écoles.
Tabou. Ce n'est pas un secret : en
France, le mécénat des anciens à
destination de leurs écoles n'a pas
la cote. Question de culture. «En
France, donner de l'argent revient à
montrer qu'on en a, c'est tabou », rappelle Olivier Oger, DG de l'Edhec.
Sans compter qu'au pays de Jules
Ferry l'idée d'un enseignement
gratuit est solidement ancrée dans
les mœurs. «Ici, on donne d'abord a
l'humanitaire. Dans l'esprit des Français, l'éducation, enseignement supérieur compris, estune mission étatique,
donc gratuite, confirme Barbara de
Colombe, déléguée générale de la
Fondation HEC. Beaucoup oublient
qu'elle est en f ait supportée par la collectivité etn'ont pas en tête qu'un étudiant coûte environ 12 DOO euros. Il
faut travailler collectivement pour
rappeler que même les écoles qu'on ne
paie pas ont un coût. »
Difficile dans ce contexte de
faire naître un sentiment de reconnaissance à l'égard de son école
d'origine. Une fois les frais de scolarité importants déboursés, les
diplômés ont le sentiment d'être
quittes. « Ils ont l'impression qu 'avec
la collecte defonds on leur demande
de payer une deuxïèmefois », résume
François Bonvalet, directeur de
Toulouse Business School.
Pourtant, contraintes progressivement à une autonomie finan
cière, les écoles de commerce
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IQ MC
Philippe Foriel-Destezet
2 MC
François-Henri Pinault
SMC
Pierre Bellon
Président d'honneur
d'Adecco
PDGdeKering
Président du CA
de Sodexo
D62OOOOO
à 500 000 €
Christian Cambier
D62OOOOO
àSOOOOOC
Romain Burnand
Président de SwissLife
Gestion privée
Codirigeant de Moneta
Asset Management
Aux CA d'Accenture,
NHHoteles.BiCetTFi
Donateurs Essec
DelOOOOO
à 200 000 €
Donateurs ESCP
1OOOOO€
Patricia Barbizet
DG d'Artémis
200 DOO €
Patrick Gournelle
Vice-président
de Planète Finance
françaises n'ont d'autre choix que
d'inciter les anciens à participer à
l'effort de guerre. C'est que, limi
tées par une diète forcée, les CCI
ne peuvent plus irriguer autant
les établissements de leurs traditionnelles subventions. Et que, pa
raHèlement à cette baisse des
recettes, les coûts vont, eux, croissant. «Réussir à être à la fois un établissement d'enseignement et de
recherche est de plus en plus coûteux,
estime Bernard Ramanantsoa, DG
de HEC. Etre bien positionné à l'international suppose d'avoir des enseignants de qualité, qui publient, tout
cela coûte cher. Et, contrairement à ce
que certains prétendent, l'arrivée du
numérique, loin de remplacer l'enseignement traditionnel, s'y ajoute. Et
devient un coût supplémentaire. »
Impossible de continuer à faire
peser sur les frais de scolarité déjà
en hausse constante des dépenses
qui explosent. «Indiscutablement,
dans un futur proche, lejïnancement
Gilles Pélisson
des écoles passera par deux piliers,
assure LoickRoche. La relation aux
entreprises, par le biais de la formation continue et des chaires, et la rela
tion aux anciens, par le biais de la
collecte defonds. »
En la matière, HEC a pris une
longueur d'avance. Après une campagne lancée entre 2008, le montant des dons et promesses de dons
s'est élevé en 2013 à plus de 67 millions pour les seuls particuliers.
En cinq ans, le nombre de mécènes
est passé de 300 à 8 600. Les montants, eux aussi, se sont envolés.
Parmi les plus généreux bienfaiteurs, Philippe Foriel-Destezet, président d'honneur d'Adecco
(10 millions), Pierre Bellon, président du conseil d'administration
de Sodexo (5 millions), François-Henri Pinault, PDGdeKering
(2 millions), Jean-Paul Agon, de
L'Oréal, Henri de Castries, d'Axa,
ou encore Daniel Bernard, de Kingfisher (i million). Des
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ambassadeurs idéaux pour
servir de relais et créer un cercle
vertueux. Rien de tel en cf f et qu'un
coup de fil passé à ses camarades
de promo par un capitaine d'industrie au sommet. «Dès qu'on mobilise de grands donateurs, cela crée
une émulation parmi ceux qui ont
réussi», analyse Gilles Pélisson.
Ailleurs, les dons s'étoffent, mais
plus lentement. Chaque école sollicite ses plus prestigieux diplômés
pour faire grimper la cagnotte. Tel
Philippe-Loïc Jacob, président
d'Eco-Emballages, qui a donné
iou DOO euros à la fondation EM
Lyon. Ou Patrick Gounelle, vice-président de Planet Finance, qui s'est
acquitté de 200000 euros pour
l'ESCP Europe. Jean-Philippe Chomette (Algonquin) ria rien à leur
envier, puisqu'il a versé plusieurs
centaines de millions d'euros à l'Essec. Il faut dire que, en organisant
des déductions fiscales pour les
dons (66 % dans une limite de 20 %
des revenus pour l'impôt sur le revenu, et 75% dans une limite de
50 DOO euros pour l'ISF), la loi Tepa
a aussi aidé les bourses les plus remplies à se délier.
Impliqués. Grâce à l'internationalisation des cursus, les anciens
finissent en outre par s'imprégner
de la mentalité de leurs homologues étrangers. Du coup, les écoles
s'emparent des recettes anglosaxonnes pour les faire fructifier
sur le terreaufrançais. Enprévoyant
par exemple des fonds capitalisés,
sur le modèle de I' « endowment» à
l'américaine. «Rien qu'avecla masse
des intérêts produits par les capitaux,
les facs américaines sont assises sur
des milliards de dollars », note Gilles
Pélisson. Made in America aussi, le
class gift, qui propose à une promo
de faire un don, même symbolique,
au moment du diplôme. Enfin, des
plaques nominatives de remerciements et autres amphis rebaptisés
pour remercier les bienfaiteurs
émaillent les locaux.
Mais, avec tout de même 4,4 millions d'euros pour l'Essec, dont les
dons ont grimpé de 20 % en un an,
même les institutions renommées
en sont pour l'instant à leurs balbutiements, loin des montants
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Donateurs
EMLYON
DeSOOOO
àlOOOOOC
Ashley Fernandes
Président d'Habitat
Environnement
énergie
+ de
iop DOO €
Philippe-Loïc Jacob
Président
d'Eco-Embalkges
Propriétairesactionnaires
del'EDC
JeanTodt
Président de la FIA
Aft '
Antoine Hébrard
Président
de«Who'sWho
in France »
Concret. Inauguration de l'espace high tech « e-lab » de HEC, finance grâce a la générosité de
Jean-Luc Allavena (Apollo Management), Pascal Cagni (Vivendi) et Pascal de Jenlis (Hameur)
espérés pour faire de la collecte de
fonds une véritable force de frappe
financière. Comment accroître le
sentiment d'appartenance pour
développer la culture du don chez
les diplômés?
Première solution : mieux animer le réseau d'anciens. «17 repose
sur quatre aspects. Les deux premiers,
la convivialité, avec des réunions régulières, et la solidarité fonctionnent
plutôt bien, résume Loick Roche.
Reste à progresser sur deux autres
points: un accompagnement tout au
long de la vie, pour maintenir, à travers la formation professionnelle et
l'aide au maintien de l'emploi, un lien
fort; et une participation des anciens
à la gouvernance de l'école pour qu'ils
se sententimpliqués. »Desmêthodes
encore peu pratiquées. «Cen'estpas
en envoyant deux mails par an qu'on
incite à donner un chèque, juge François Bonvalet. Leproblème, c'est que,
dans beaucoup d'associations d'anciens élèves, on se contente de quèlques
repas. Et les fréquentes guerres entre
associationsetécokspours'approprier
lesfichiers d'anciens n'arrangentrien. »
Malgré la fusion d'Euromed à
Marseille et de SEM à Bordeaux,
la récente Kedge semble avoir relevé le défi. «La plupart des anciens
élèves ont immédiatement compris
l'intérêt d'avoir un réseau multiplié
par deux», assure Xavier Abadie,
l'un de ses deux présidents. Preuve
en est ce dîner commun lancé par
l'antenne de Londres un mois après
la fusion. Avec 180 événements en
2014,36antennes internationales,
6 antennes nationales, 10 clubs
professionnels et un travail
approfondi sur les réseaux sociaux,
les bénévoles s'emploient à pérenniser le lien. «Il faut qu'il y ait un
échange, qu'on multiple les services
de nature a intéresser le public très
hétérogène que représentent les diplômés pour accentuer leur attachement», suggère-t il.
Mais impossible de déclencher
les dons des diplômés sans les associer au devenir de l'école, de la
simple consultation à la participation à sa gouvernance. «Avant
de lever des fonds, il faut structurer
les projets de l'école, demander aux
anciens de donner leur avis pour les
associer, voire les faire entrer dans les
organes de décision, suivant le principe : voilà cequ 'on compte faire, nous
soutenez-vous ?» explique Barbara
de Colombe.
L'idée : flécher les dons pour toucher au cœur les bienfaiteurs. Les
bourses, ^entrepreneuriat, l'innovation, le développement durable
ou le rayonnement de l'école font
partie des projets les plus attractifs
pour les mécènes. Mécène de
Neoma, Jacky Lintignat en est la
preuve vivante. A la fois membre
du comité d'orientation de l'école
et investi dans sa filière entrepre
neuriale, lui ne s'imaginerait pas
se contenter d'une implication financière. «Je participe au comité de
sélection de l'incubateur, j'oriente les
futurs entrepreneurs, précise le DG
chez KPMG. On ne donne pas que de
l'argent, mais du temps, des conseils,
des réseaux. Si on signe un chèque, on
fl envie de savoir au minimum à quoi
il servira, au mieux si on peut l'affecter au projet qui nous tient a coeur. » rn
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