Malgré l`amiante, une université dans la tour Montparnasse

Transcription

Malgré l`amiante, une université dans la tour Montparnasse
Date : 25 AVRIL 16
Page de l'article : p.8
Journaliste : Jean-Yves Guérin/
Anne Jouan
Pays : France
Périodicité : Quotidien Paris
OJD : 314312
Page 1/1
Malgré l'amiante, une université
dans la tour Montparnasse
Alors que le problème sanitaire est loin d'être réglé dans ce gratte-ciel, un établissement supérieur s'y installe ce lundi.
JEAN-YVES GUÉRIN ET ANNE JOUAN
SANTÉ PUBLIQUE Le déménagement
est programme ce lundi. Selon nos Informations, le CRI (Centre de recherches interdisciplinaires) qui accueille
200 étudiants en sciences - de la licence au doctorat — va s'installer dans la
tour Montparnasse à Paris (XVe arrondissement). Cet établissement d'enseignement supérieur fonctionnant en
partenariat avec l'université ParisDescartes et l'université Paris-Diderot
compte une trentaine de salariés. Il
prendra ses quartiers aux 20e et
21e étages de ce gratte-ciel de 58 étages qui culmine à 210 mètres. Il restera
dans la deuxième tour la plus haute de
France deux ou trois ans, le temps de
refaire à neuf ses locaux actuels, rue
Charles-V (IVe arrondissement de
Paris).
D'un point de vue financier, cet
organisme soutenu par la fondation
Bettencourt-Schueller - reconnue
d'utilité publique, cette dernière a été
créée en 1987 par Liliane, André
Bettencourt et leur fille Francoise —
fait certainement une bonne affaire.
« Compte tenu des problèmes récurrents d'amiante dans la tour, il y a
moyen de négocier un loyer très intéressant pour le locataire », estime Laurence Dumas-Escleine, qui dirige le
cabinet de conseil en immobilier d'entreprise Solutimo. Mais alors que
beaucoup d'employeurs, comme le
conseil régional d'Île-de-France ou
Amundi (filiale du Crédit agricole), ont
Les maladies peuvent
survenir jusqu'à quarante
ans après l'exposition
leurs salariés au risque amiante, l'arrivée d'un établissement supérieur, avec
sa cohorte de jeunes étudiants, pose
question.
En effet, bien que les copropriétaires
de l'EITMM (Ensemble immobilier de
la tour Maine-Montparnasse) aient investi 250 millions d'euros, rien qu'entre 2005 et 2009, pour désamianter ce
bâtiment, cette fibre cancérigène y est
toujours présente, notamment dans les
gaines de désenfumage. Ces dernières
années, la tour Montparnasse a régulièrement défrayé la chronique avec
des épisodes de pollution occasionnés
par ce matériau cancérigène. Et, depuis octobre 2013, une instruction judiciaire est ouverte dans ce dossier
pour mise en danger de la vie d'autrui
et infraction à la réglementation du
Code de travail relative à l'amiante.
Car le risque lié à l'amiante n'est pas
à minimiser. En France, 10 à 20 % des
cancers du poumon et 85 % des mésothéliomes (cancers de la plèvre) au minimum seraient dus à cet isolant utilisé
dans le bâtiment et interdit depuis
1997, selon les autorités sanitaires. Et
les maladies peuvent survenir jusqu'à
quarante ans après l'exposition.
Contactée par Le Figaro, la direction
du CRI n'a pas répondu à nos demandes. Ce ne sera pas le premier établissement d'enseignement supérieur
dans la tour Montparnasse. L'école
d'informatique Supinfo y est installée
depuis fin 2013 avec un campus qui accueille plus de 500 étudiants. On y
trouve aussi Audencia, la grande école
de commerce nantaise, qui y a installe
notamment une partie de son département formation continue. •
quitté l'édifice pour ne pas exposer
Tous droits réservés à l'éditeur
BETTENCOURT2 1774277400502