Les ânes de Nasreddin

Transcription

Les ânes de Nasreddin
Les ânes de Nasreddin
La 4e de couverture
Michel Piquemal
1
Michel Piquemal
Michel Piquemal vit
à Béziers, où il est né
en 1954. De ses rêves
d’enfance (être écrivain
et instituteur), il a réalisé
l’un et l’autre. Mais
aujourd’hui, il consacre
toute son énergie et
tout son talent à l’écriture,
pour notre plus grand
bonheur.
(Lire l’entretien avec Michel
Piquemal, pages 14 et 15.)
10
20
30
12
Nasreddin, seul en scène, s’adressant au public. – C’est
aujourd’hui samedi. Je m’en vais de ce pas au marché
vendre mes six ânes.
Il appelle.
Nasreddin. – Holà, holà… Hue cocottes !
Les six ânes sortent des coulisses.
Nasreddin, les comptant. – Un… deux… trois… quatre…
cinq… six…
Le compte est bon.
Il monte sur un âne et se met en chemin. Il fait un tour
de piste, suivi par les autres ânes. Puis il s’arrête et se gratte
la tête, perplexe.
Nasreddin. – Faudrait pas qu’un de ces maudits bourricots
se soit échappé !
Il les compte en omettant de compter celui sur lequel il est assis.
Un… deux… trois… quatre… cinq… J’en étais sûr ! Il y en
a un qui a filé !
Il descend de son âne et se met à chercher dans le public.
Nasreddin. – Cocotte ? Où es-tu ? Cocotte, viens ici ! Petit
petit petit !
Puis il se tourne vers les ânes sur la scène.
Nasreddin. – Pendant que je cherchais, ce coquin est peutêtre revenu.
Un… deux… trois… quatre… cinq… six…
Ouf, le compte y est !
Il remonte sur son âne et se remet en chemin. Puis, il s’arrête
à nouveau et se gratte la tête, perplexe.
Nasreddin. – J’ai bien l’impression qu’un de ces coquins
s’est encore échappé ! Un… deux… trois… quatre… cinq.
Par la barbe du prophète ! Ces ânes me rendront fou !
Il descend de son âne et se met à chercher dans le public.
Nasreddin. – Cocotte ? Où es-tu ? Cocotte, viens ici ! Petit
petit petit !
Puis il se tourne vers les ânes sur la scène.
Nasreddin. – Pendant que je cherchais, ce coquin est peutêtre revenu.
Un… deux… trois… quatre… cinq… six…
À la rencontre du texte…
Ah, ah, ah ! J’en étais sûr ! Ils veulent me faire tourner en
bourrique !
Il remonte sur son âne et se remet en chemin. Tandis qu’il
fait son tour de scène avec ses ânes, un personnage entre
côté cour. Il est habillé en marchand… puis d’autres personnages sortent pour former tout un petit groupe autour du
marchand. Nasreddin se dirige vers eux.
Nasreddin. – Salamaleikoum, seigneur marchand !
Le marchand. – Aleikoum as salam, noble Nasreddin !
Nasreddin, toujours perché sur son bourricot. – Je suis venu
te vendre mes six ânes. (Il se retourne et compte.)
Un… deux… trois… quatre… cinq… Par ma barbe !
(Il descend de son bourricot et se remet à compter.)
Un… deux… trois… quatre… cinq… six… Je n’y
comprends rien, seigneur marchand. Mais j’ai l’impression
que je compte mieux debout qu’assis. Quand je suis assis
j’en compte cinq, et quand je suis debout j’en compte six.
Peux-tu m’expliquer ce prodige ?
Le marchand, très sérieux. – Six ânes, dis-tu ? C’est étrange
car moi j’en compte sept. (Il compte.) Un… deux… trois…
quatre… cinq… six… (désignant alors Nasreddin du doigt)
et sept…
Rires des amis du marchand et des ânes (hi han ! hi han ! hi
han !), tandis que Nasreddin se gratte la tête, plus perplexe
que jamais.
Nasreddin. – Décidément, je ne saurai jamais compter et
c’est sans aucun doute toi qui as raison. Tu m’as bien dit
qu’il y en avait sept ?
Le marchand, en joie. – Sûr et certain, Nasreddin. Il y a bien
sept ânes…
Nasreddin. – Alors, paie-m’en sept, puisqu’il y en a sept !
Rires des amis du marchand…
Les amis du marchand. – Il a raison, il a raison. Il te faut
lui en payer sept.
Le marchand sort sa bourse et donne à Nasreddin sept pièces
d’or. Puis il s’en va en râlant avec les ânes.
Nasreddin. – À moqueur, moqueur et demi !
■
40
18 pièces à lire et à jouer,
drôles, cocasses et tendres.
Des jeux théâtraux
pour les plus petits.
Des pistes d’écriture
pour ceux qui veulent
prendre la plume.
50
60
70
L’AVIS DE NAL :
Des saynètes aussi drôles
à lire qu’à jouer !
13
Éd. Magnard – Gérard Moncomble et Michel Piquemal – Théâtre pour de rire
À la rencontre des mots…
Autour du texte
Au fil de la pièce
Expressions
Quels sont les renseignements que tu repères
sur la couverture du livre ?
Donne à chacun d’eux le nom qui lui convient.
Quels sont les autres renseignements que tu trouves
dans la présentation ?
Dis pourquoi l’auteur a précisé ces éléments.
Quels sont les différents personnages qui prennent
la parole ? Que sais-tu de chacun d’eux ?
Pourquoi Nasreddin ne compte-t-il parfois
que jusqu’à cinq ? Recopie le renseignement
qui te donne la réponse.
Pourquoi le marchand compte-t-il sept ânes ?
Pourquoi peut-on dire que Nasreddin est plus malin
que le marchand ?
Recopie l’ensemble ci-dessous.
Relie ensuite chaque expression au sens que tu lui donnes.
• Marque l’ennui.
Rire dans sa barbe. •
La barbe à papa. •
• Qu’on n’entend pas.
Parler dans sa barbe. •
• Se moquer de quelqu’un.
La barbe ! •
• Sans que la personne s’en aperçoive.
Faire quelque chose •
• Confiserie faite de sucre
chaud étiré en filaments.
à la barbe de quelqu’un.
Trouve deux homonymes de compte.
Utilise chacun d’eux dans une phrase.
Du lire au dire…
Avec tes camarades, jouez
la pièce de Michel Piquemal.
Justifiez avec le texte votre façon
de vous comporter, les gestes
que vous accomplissez, le ton
des paroles que vous utilisez.
À la rencontre de l’écrit…
Ce texte est utilisé page 34.
Michel Piquemal
ou la passion d’écrire
Auteur d’une centaine de livres pour enfants, Michel Piquemal nous
livre ici ses « secrets » sur le métier d’écrivain et nous parle de son
premier roman, Samani, l’Indien solitaire.
1] Naît-on écrivain et est-on écrivain
pour la vie ?
Michel Piquemal : On ne naît pas écrivain.
Ce sont les circonstances de notre enfance
qui nous orientent le plus souvent vers la
passion de la lecture, puis de cette passion
de lecture vers l’écriture. Mais quand on est
mordu, c’est pour la vie !
2] Comment vous est venue l’envie
d’écrire ? Et votre passion pour
les Indiens ?
M. P. : Étant maître d’école, j’avais l’habitude d’inventer des histoires avec mes
élèves. Je me suis pris au jeu et ai décidé
d’écrire moi-même un petit roman. Comme
j’avais passé mes vacances au Canada,
j’ai donc écrit une histoire d’Indiens,
« Samani »… et ce fut le début d’une
longue passion.
3] Est-ce qu’écrire est un métier ?
M. P. : Au départ, non. Il faut faire un vrai
métier à côté. Mais quand on commence
à être reconnu, lorsque les livres se vendent
bien, alors on peut vivre totalement de sa
plume (ce que je fais depuis dix ans).
4] Si oui, est-ce que c’est un métier
qui s’apprend ?
M. P. : Il n’y a qu’une façon d’apprendre
à écrire, c’est de lire, lire et lire encore…
5] Combien de livres avez-vous écrits ?
Et de livres pour les enfants ?
M. P. : Une centaine de livres, dont un seul
pour adultes. Mes livres pour enfants sont
pour tous les âges, de la maternelle au
lycée !
6] Quel est votre livre « préféré » ?
M. P. : C’est un livre pour les CM-sixième qui
s’appelle Le Jobard, car c’est souvent le livre
préféré des enfants.
7] Enfant, quel était votre rêve ?
S’est-il réalisé ?
M. P. : Je rêvais d’être maître d’école, poète
et archéologue. C’était un peu beaucoup !
Je n’ai donc pas pu tout réaliser. Mais si
je ne suis pas devenu archéologue, je garde
la passion pour les vieilles pierres. Je visite
les musées et je fais des fouilles.
8] Que diriez-vous à un enfant qui dit :
« J’aime pas lire !
C’est pas intéressant ! » ?
M. P. : Je lui dirais qu’il y a quelque part,
dans la bibliothèque, un livre qui l’attend,
un livre qui le passionnera et lui fera aimer
la lecture. Mais il faut réussir à le trouver.
Pour cela, il faut demander conseil aux
copains et aux bibliothécaires.
9] Et à un enfant qui dit :
« Grand, je serai écrivain ! » ?
M. P. : je lui dirais de se mettre dès maintenant au boulot, de lire et de lire
toujours… et puis de commencer à écrire
de petites histoires.
À propos de Samani, l’Indien solitaire (pages 116 à 119)
1] Comment vous est venue l’idée
d’écrire Samani ?
M. P. : En 1988, j’ai fait un séjour au Canada.
À mon retour, j’ai eu envie d’écrire un livre
qui aurait pour décor les paysages qui
m’avaient fasciné.
2] Avez-vous fait beaucoup
de recherches avant de commencer
l’écriture de Samani ?
M. P. : Avant son écriture, je lisais beaucoup
de livres sur les Indiens. Mais lorsque j’ai
commencé à vouloir raconter cette histoire,
je me suis transformé en véritable rat de
bibliothèque.
3] Est-ce que cela a été facile
de se mettre dans la peau de Samani ?
M. P. : Non ! Mon projet était très ambitieux. Je voulais que mon héros pense
comme un Indien… Or, je ne suis pas
indien… même si un grand chef a dit que
les artistes étaient les Indiens du monde
blanc.
4] À quelle époque se situe l’histoire
de Samani ?
M. P. : Avant l’arrivée des Blancs… soit
donc au dix-septième siècle.
D’autre part, Samani est un Indien des
forêts qui ne connaît ni le bison, ni le
cheval que connaissent les Indiens de
plaine comme les Crows par exemple.
5] Samani avait-il la peau rouge ?
M. P. : Samani, comme tous les Indiens,
n’avait pas la peau rouge, mais cuivrée.
Ses pommettes étaient saillantes et ses yeux
un peu bridés.
6] Samani n’avait-il jamais peur ?
M. P. : Samani avait peur… mais pas
des mêmes choses que nous. Il craignait
le Monde des Esprits. Il craignait les forces
du tonnerre et de l’orage… Il craignait et
respectait la puissance des bêtes sauvages.
7] Samani savait-il écrire ?
M. P. : Non, les Indiens ne savaient pas
écrire. Mais ils savaient tracer des signes de
reconnaissance sur les arbres. Ils avaient
aussi un langage gestuel qui leur permettait
de se comprendre entre tribus.
8] Les Indiens étaient-ils plus
« sages » que nous ?
M. P. : Les Indiens ne s’intéressaient pas
aux choses matérielles, seulement au
monde spirituel. Ils respectaient les plantes,
les animaux et la Terre Mère. En ce sens,
ils étaient plus sages…
9] Les Indiens avaient-ils peur
de la mort ?
M. P. : Ils pensaient que la mort était
un passage vers un autre monde. Cela ne
les effrayait pas. Mais comme nous,
ils étaient tristes quand l’un d’eux
mourait…
Propos recueillis par les enfants du CE2
de l’école Oscar Auriac de Beutre à Mérignac.
Paru dans le journal de l’école Oscar.
BIBLIOGRAPHIE (extraits) :
Histoires d’Indiens (Sedrap)
Huit histoires de Léon (Sedrap)
Le Jobard (Milan)
Le grand livre de tous les méchants (Milan)
Petit nuage (Casterman)
Moi, Sitting Bull (Albin Michel)
14
15
À la rencontre du texte…
À la rencontre des mots…
Autour du texte
Au fil des textes
À quoi servent les deux textes présentés
pages 14 et 15 ? À qui s’adressent-ils ?
Justifie les réponses que tu proposes.
Comment sont présentés les deux textes ?
Dans certaines phrases, le pronom « je » est utilisé.
Qui est ce je ?
Deux livres écrits par Michel Piquemal sont cités.
Relève les titres.
Après la lecture des textes, note sur ton cahier
de brouillon ce que tu as appris sur les Indiens.
Un archéologue s’intéresse aux vieilles pierres.
À l’aide du dictionnaire, cherche à quoi s’intéresse :
un volcanologue, un philatéliste, un météorologue,
un numismate, un œnologue, un cartophile.
« Mais quand on est mordu, c’est pour la vie. »
Que signifie le mot mordu ?
Piqué par un insecte ou passionné, amoureux ?
« Un rat de bibliothèque. » Que signifie le mot rat ?
Petit rongeur qui peut vivre dans un égout ou
personne qui fréquente beaucoup la bibliothèque ?
Du lire au dire…
Reprends avec tes camarades le texte de la page 14
sous forme d’interview comme cela pourrait
se dérouler à la télévision.
Un élève joue le rôle du journaliste, l’autre joue
le rôle de Michel Piquemal.
Attention : on ne lit ni les questions, ni les réponses.
Donc, préparez votre jeu sérieusement.
Un garçon désagréable
La 4e de couverture
Adapté d’un conte australien
1
Peuplée depuis des millénaires, cette île, la plus
grande du monde (14 fois
la France !), n’a été découverte qu’au XVIIe siècle
par les Européens.
Son nom lui a été donné
à partir du mot austral
(qui est au sud).
10
20
* aborigènes
Ce sont les premiers
habitants d’une région
ou d’un pays, ceux qui
sont à l’origine de son
peuplement.
30
66
E
n ce temps-là, l’Australie ne s’appelait pas
encore l’Australie. En ce temps-là, cette
immense île était peuplée uniquement de tribus
aborigènes*. En ce temps-là, les koalas n’existaient pas.
Pour vivre, hommes, femmes et enfants pêchaient,
chassaient, cueillaient. Tous. Tous, sauf un jeune
garçon aussi paresseux que désagréable. Orphelin,
il n’aidait jamais les autres membres de la tribu.
Même pendant les périodes de grande sécheresse,
il refusait d’aller chercher l’eau au puits lointain.
Il préférait jouer, rêvasser, puis mendier quelques
gouttes du précieux breuvage quand il avait soif.
Mais un jour, tous en eurent assez. Ils cachèrent leurs
réserves d’eau avant de partir qui à la chasse, qui à la
cueillette.
Le jeune garçon joua, paressa jusqu’à ce que la soif
le saisisse. Il chercha longtemps mais finit par trouver
les outres en peau de bouc, sous un buisson. L’eau
qu’elles contenaient était encore fraîche. Il but
longuement tout en réfléchissant. « Ils voulaient que
je meure de soif ! Je vais me venger ! »
Il prit les outres et les dissimula dans un petit eucalyptus. « Ils ne sont pas près de les trouver, et moi
je pourrai boire à ma soif pendant plusieurs lunes »
pensait-il en se laissant glisser le long du tronc.
Mais avant qu’il ait mis pied à terre, l’arbuste se mit
à pousser, pousser, jusqu’à toucher le ciel. Cramponné
à une branche, le jeune garçon terrifié ne savait plus
quoi faire. Épuisé, il finit par s’endormir au creux
d’une fourche de l’arbre gigantesque.
Ce sont les cris des villageois qui le réveillèrent. Ces
derniers venaient de s’apercevoir de la disparition de
leurs outres. Puis ils découvrirent l’énorme eucalyptus,
avec tout là-haut le garnement et les précieuses
réserves d’eau.
– Descends de là avec notre eau ! crièrent les hommes.
– Venez la chercher, si vous la voulez ! les nargua
le jeune garçon.
Deux chasseurs grimpèrent alors à l’arbre. Les voyant
s’approcher, le voleur se mit à geindre et à pleurnicher. Il saisit les outres et grimpa un peu plus haut.
Mais il trébucha et, pour ne pas tomber, lâcha les
outres qui éclatèrent aux pieds des villageois, ivres de
colère.
Là-haut, le premier des chasseurs allait saisir le jeune
voleur par les pieds quand il se produisit une chose
extraordinaire ! Le corps du garnement se couvrit
d’une épaisse fourrure. Son nez se transforma en une
grosse truffe noire luisante et humide ; ses oreilles
s’arrondirent ; ses membres s’armèrent de griffes.
Il était devenu une sorte de petit ourson. Apeurés,
les chasseurs sautèrent de l’arbre. On nomma l’animal
koala, du nom de l’horrible garnement.
Et c’est depuis ce jour que les koalas existent et
vivent dans les branches des eucalyptus.
La preuve : quand ils ont soif, les koalas ne descendent
pas à la mare mais se désaltèrent en mâchouillant
des feuilles d’eucalyptus. Et si tu montes à leur arbre,
tu les entendras geindre et pleurnicher comme le
■
jeune garnement de la légende.
Les bons contes font
les bons amis !
Alors, voici des contes
pour se faire d’excellents
amis dans le monde entier.
Des contes à lire, à dire,
à rire, à pleurer, à raconter,
à écouter…
Des contes à voyager !
40
50
L’AVIS DE NAL :
Ces contes du bout
du monde te surprendront par leur diversité
et leur originalité.
À lire sans compter.
60
Éd. Sedrap – Coll. « Lecture en tête » – Contes du bout du monde
À la rencontre du texte…
À la rencontre des mots…
Autour du texte
Au fil de la légende
Synonymes
À partir des éléments (titre, illustrations) que
tu peux observer, imagine un contenu possible
de l’histoire. Écris-le.
Quand tu auras lu le texte, repère ce qui est
identique et ce qui est différent entre le conte
et ce que tu as imaginé.
Comment sais-tu que cette légende remonte
aux temps lointains ? Relève les éléments du texte
qui justifient ta réponse.
Quel est l’événement qui fait que toute l’histoire
du jeune garçon peut se dérouler ?
Relève dans le texte deux événements extraordinaires qui te paraissent ne pas pouvoir exister.
Cherche trois synonymes du mot épuisé (l. 29).
Utilise chacun d’eux dans une phrase.
Contraires
Donne le contraire de :
• paresseux (l. 7),
• lointain (l. 10),
• épaisse (l. 48).
Utilise chacun de ces contraires dans une phrase.
Du lire au dire…
Tu es un homme de la tribu.
Tu racontes l’histoire jusqu’à :
– Venez la chercher, si vous la voulez !
Tu choisis un paragraphe du texte qui te plaît.
Tu le présentes à tes camarades soit en le lisant
à haute voix, soit en le racontant.
Tu dis pourquoi tu l’as choisi.
À la rencontre de l’écrit…
Ce texte est utilisé pages 82 et 83.
67
Pour raconter
une histoire
Pour écrire
une histoire
Je manipule
1
J’écris
Reproduis et complète le tableau suivant :
1
Le héros
Le héros
Comment il est
Comment il est
Ce qu’il fait
Ce qu’il fait
au début du récit. à la fin du récit. au début du récit. à la fin du récit.
2
Raconte un événement de la vie quotidienne.
Reproduis sur ton cahier de brouillon le schéma ci-dessous
et complète les cases avec les phrases qui conviennent.
Élément modificateur
Élément modificateur
…
…
Élément
déclencheur
Actions
Toi ou
un membre
Les différents
de ta famille. Soudain…
moments
Ce jour-là,
de l’histoire.
ma famille et
moi nous…
Actions
Situation finale
…
…
…
• Un jour tous en eurent assez : ils cachèrent les réserves d’eau.
• Les koalas vivent dans les branches des eucalyptus.
82
• Le jeune homme chercha et trouva les outres pleines d’eau.
Il décida de cacher les outres dans un eucalyptus.
Mais au moment de mettre pied à terre, il sentit que l’arbre
se mettait à grandir.
Le garnement resta prisonnier tout là-haut avec les outres.
Des chasseurs grimpèrent à l’arbre pour attraper le garçon.
Les outres tombèrent au sol.
• Dans une tribu, hommes, femmes, enfants pêchaient, chassaient,
cueillaient et vivaient heureux. Tous, sauf un jeune homme paresseux
et désagréable.
• Alors que le chasseur allait le saisir, le jeune homme se transforma
en un animal poilu, une sorte de petit ourson.
Situation
finale
Alors…
Comment
se termine
l’histoire.
Avant de débuter l’écriture du récit, reproduis le tableau
ci-dessous et complète la colonne de droite lorsque
c’est possible.
Écrire une histoire, c’est…
Situation initiale
Élément
déclencheur
Dans le texte des pages
66 et 67, c’est…
• donner un titre qui correspond
à l’histoire ;
• préciser au début du récit le lieu,
l’époque, comment sont les personnages ;
• imaginer ou raconter un événement
qui déclenche l’histoire ;
• construire une suite d’actions
présentées dans un certain ordre ;
• terminer le texte en précisant
ce que sont devenus les personnages ;
• reconnaître facilement les personnages :
– dont on parle ;
– qui parlent ;
• désigner les personnages
de plusieurs façons ;
• utiliser les temps du passé.
Un garçon désagréable
Un garçon désagréable
(p. 66 et 67)
(p. 66 et 67)
83
Caraïbes sur Seine
La 4e de couverture
Gisèle Pineau
1
Gisèle Pineau
Gisèle Pineau est
une Guadeloupéenne née
à Paris. Elle a grandi entre
la France, l’Afrique et
les Antilles. Confrontée
très jeune au racisme et
à l’intolérance, elle trouve
le bonheur et l’évasion
dans l’écriture de romans.
10
20
* méditer
Réfléchir longuement.
* fervent
Enthousiaste, passionné.
130
30
I
l avait neigé tout l’après-midi. J’étais restée longtemps, le nez collé à la fenêtre de ma chambre
à méditer* sur la lettre de Papa. Et puis, j’avais
ouvert mon album de photos, feuilleté des magazines
sans vraiment m’attarder sur autre chose que
les pages de mode et le dossier consacré à l’acné.
Plusieurs fois la voix de Maman avait traversé
l’appartement. Elle avait parfois une façon très particulière de crier mon nom, comme ce jour-là. Mon
propre prénom me glaçait alors de terreur. Il était
pareil à une fusée lancée de la cuisine, un coup
de tonnerre, la flèche d’une tribu indienne filant
de la salle à manger au couloir pour siffler tout près
de mes oreilles, me transpercer le cœur et puis me
terrasser.
– Liiinnnnndy ! Qu’est-ce que tu fais ?
J’avais sursauté, caché la lettre de Papa dans mon
livre d’anglais, jeté mon Girl à l’autre coin de la
chambre et ouvert mon cahier de sciences physiques.
J’avais pris ma voix d’enfant docile qu’aimait tant
Maman. J’avais adopté la pose de l’élève concentrée
sur son travail, la tête enfoncée entre les épaules,
le dos voûté, le stylo à la main prêt à courir sur les
lignes bleues qui ne demandaient que ça : du bon
travail prometteur de ces notes au-dessus de la
moyenne qui accrochaient des étoiles dans les yeux
de Maman. Ma voix s’était voulue forte, convaincante,
assurée.
– Eh ben !… J’apprends mes leçons, Maman…
C’était la réponse imparable pour être tranquille, avoir
un petit répit. Je n’aimais pas les samedis après-midi
d’hiver. Nous étions tous à la maison, les uns sur
les autres. Et en plus, c’était le jour sacré de grand
ménage pour Maman. Son jour de fervente* cuisinière.
À la rencontre du texte…
Son jour d’institutrice inquiète et lointaine à la fois
qui avait des accès de remords en songeant à l’un
ou l’autre de ses élèves oubliés dans un coin d’ombre.
En fait, le samedi était le jour où elle entrait à pieds
joints dans son rôle de mère idéale tout à fait insupportable, comme disait mon amie Carola.
À partir du moment où Maman avait commencé
à travailler, elle avait regretté de ne plus être une
mère au foyer. Son visage, les matins où elle allait au
magasin, était fermé à double tour comme un vieux
coffre-fort. Elle ne riait pas, passait son temps à crier
et répéter qu’il fallait se presser…
– Vous allez être en retard ! Dépêchez-vous ! Assez
traîné ! J’en ai marre ! Marre ! Marre ! Que des bons
à rien ! Une bande de bons à rien que j’ai mis sur
la terre du bon Dieu ! Non ! Seigneur ! J’ai pas mérité ça !
Elle nous tirait du lit, nous poussait les uns après
les autres dans la salle de bains, nous bourrait dans
le dos jusqu’à la cuisine où, à demi endormis, nous
restions un moment avachis, le derrière posé de
travers sur nos tabourets, sans réaction aucune
devant nos bols de chocolat fumant où elle faisait
pleuvoir à la va-vite les pétales de corn flakes.
Elle disparaissait une ou deux minutes. Et puis s’en
revenait avec son manteau, son chapeau et son sac.
Et, sans un mot, elle arrachait d’entre nos mains
flapies les bols où, ramollies, les céréales avaient
triplé de volume et commençaient cruellement à nous
rappeler celles de notre chien Bingo. Maman balançait
les cuillères dans l’évier et, sans jamais oublier
de pester contre notre père reparti en Guadeloupe,
elle nous bousculait jusqu’à la porte qui se refermait
dans un bruit de fin du monde. (…)
40
Quitter Capesterre-Belle-Eau,
en Guadeloupe, pour la banlieue parisienne… c’est bien
une idée des parents et ce
n’est pas facile pour Lindy,
douze ans, et ses frères
et sœur. Au collège, Lindy
se lie d’amitié avec Carola,
originaire de Corse,
et Hamidou, un Sénégalais
qui anime un groupe de rap.
Mais pourquoi Oscar, le père
de Lindy, est-il retourné
si vite en Guadeloupe ?
Comment Jeanine, mèretendresse en Guadeloupe,
s’est-elle transformée
en Calamity Jane ? Pourquoi
Carola ment-elle sans arrêt ?
Pourquoi…
50
60
L’AVIS DE NAL :
Une histoire aux couleurs
des enfants d’aujourd’hui.
Éd. Dapper Jeunesse – Coll. « Au bout du monde » – Giselle Pineau – Caraïbes sur Seine
À la rencontre des mots…
Autour du texte
Au fil du récit
Expressions
Relève sur la couverture du livre tous les éléments
que tu repères. Donne le nom de chacun d’eux.
Recherche page 144 le nom de l’illustrateur ou
de l’illustratrice du texte.
Donne le titre des textes illustrés aussi par ce même
illustrateur ou cette même illustratrice.
Combien de fois les personnages prennent-ils
la parole ?
Comment le repères-tu rapidement ?
Qui raconte cette histoire ?
De qui parle-t-il ou parle-t-elle ?
Quel mensonge doit inventer la petite fille pour
ne plus entendre sa mère ?
Pourquoi est-ce la « réponse imparable » ?
Relève dans le texte tous les termes qui montrent
que la maman de Lindy n’aime pas quitter la maison
pour aller travailler.
Cherche dans le dictionnaire le sens du mot
imparable.
Dis comment il est formé.
Forme à ton tour les mots qui signifient :
– qui n’est pas possible ;
– qui ne meurt jamais ;
– qui n’est pas prudent ;
- qu’on ne peut pas palper ;
– qui ne se laisse pas traverser par l’eau ;
– qu’on ne peut pas pardonner.
Du lire au dire…
Tu es la maman de Lindy.
Imagine puis dis les paroles qu’elle pourrait prononcer
le matin avant de partir travailler.
Choisis un paragraphe du texte et présente-le
à tes camarades.
Donne les raisons de ton choix.
Raconte un de tes matins, avant de partir pour
l’école.
131

Documents pareils