L`éternel entre dans le temps La naissance du Sauveur Nous
Transcription
L`éternel entre dans le temps La naissance du Sauveur Nous
L’éternel entre dans le temps 1re méditation La naissance du Sauveur 2e méditation Nous sommes faits fils avec le Fils Comment faire votre retraite spirituelle ? Une retraite spirituelle est un moment de rencontre avec Dieu dans la prière et le silence. Prévoyez un temps suffisant pour la faire. Consacrez-lui le moment le plus opportun selon ce que permettent vos occupations. Choisissez un endroit approprié où vous pourrez prier sans avoir de distraction : une église, votre chambre ou votre salle d’étude, une maison de retraite… un endroit silencieux et où vous ne serez pas dérangé. Nous vous recommandons de ne pas attendre plus de dix jours après avoir reçu ce guide. Pour faciliter votre méditation, essayez de tenir compte des pas suivants : • Mettez-vous en présence de Dieu : avec foi, pensez que vous allez dialoguer avec Dieu. • Commencez par une demande en vous remettant à Dieu ; priez-le de vous faire connaître ce qu’il veut de vous. • Lisez le passage d’Évangile et les réflexions en essayant de les faire vôtres. Pensez que le Christ vous appelle pour quelque chose de très grand : votre salut. Au fur et à mesure que vous avancez dans les réflexions, dialoguez avec le Christ, partagez avec lui vos inquiétudes, vos désirs, vos souffrances. • Tirez-en des conclusions pour votre vie. En quoi pouvez-vous changer ? Quelle est la volonté de Dieu sur votre vie ? Comment pouvez-vous correspondre à son amour ? Etc. • Avec une grande sincérité, répondez mentalement au questionnaire. • À la fin de chaque méditation, il peut être utile de mettre par écrit une résolution qui puisse rendre concret l’objectif et refléter ainsi l’esprit de l’Évangile dans le comportement ordinaire. Dieu enrichira ainsi votre vie chrétienne de sa lumière et de sa grâce. • Finalement, terminez votre méditation en remerciant Dieu de cet instant passé avec lui. Le but est de se sentir près du Christ et d’approfondir votre amour pour lui. C’est pourquoi cela vous aidera beaucoup de participer à l’Eucharistie avant ou après votre retraite. « L’Esprit habite dans le cœur des fidèles comme dans un temple ; en eux il prie et atteste de leur condition de fils de Dieu par adoption » Lumen Gentium 4 2 1re méditation La naissance du Sauveur 1. Acte préparatoire Mois après mois, l’année s’est écoulée laissant derrière elle des traces de souffrances mais aussi de joie, des jours heureux, de travail et aussi de repos. Nous approchons de Noël et, pour nous qui sommes croyants, peut-être est-ce l’occasion de remercier Dieu notre Père, de notre foi qui donne un sens à toute notre vie. Nous partageons avec le reste des hommes les dimensions de la vie mais, pour nous, cette fête a un caractère plus intime, plus mystérieux, elle nous apporte quelque chose de plus vrai, qui va plus loin que notre affectivité : nous sentons qu’une espérance nous est donnée et que, même au milieu des difficultés, notre vie de foi est source de silence, de recueillement et aussi d’émerveillement et de joie intime. 2. Objectif à atteindre La fête de Noël nous permet de célébrer avec joie la nativité de notre Seigneur et Sauveur : c’est la célébration de l’entrée de l’Éternel dans notre temps. Une entrée qui signe « la plénitude des temps » 3 c’est-à-dire le moment où le Fils unique du Père est descendu du Ciel pour annoncer aux hommes la bonne nouvelle de leur salut. Il est venu ouvrir la porte de la vie et nous faire entrer dans cette vie éternelle qu’il tient lui-même du Père. Les hommes recherchent « une vie de gloire » mais, en réalité, nous y sommes personnellement invités dès ici-bas. L’ère messianique commence avec la venue du Messie attendu depuis la chute originelle et elle ne se terminera qu’à son retour dans la gloire ! C’est celle qu’il nous est donné de vivre maintenant ! Actuellement, depuis des décennies, avec la baisse de la pratique religieuse traduisant les effets négatifs de la sécularisation, il semble que l’humanité, de façon consciente ou non, rejette Dieu et tout ce qui est en rapport avec le sens de la vie. Que cette célébration de la venue du Christ au milieu de ses frères soit une belle occasion de nous réjouir de la Bonne Nouvelle apportée au monde. Que la visite des bergers à la crèche de Bethléem nous permette de vivre en vérité, ces moments de joie profonde et intime : que la fête de Noël nous permette de nous engager sur le chemin de la vie et de témoigner de la beauté de notre foi chrétienne au milieu des contestations inévitables. 4 3. Prière En ce jour si beau de l’entrée de l’Éternel dans notre monde, accorde-moi, Seigneur, la grâce de me réjouir de la vérité qu’elle renferme : la nativité de ton Fils est aussi la mienne en tant qu’enfant de Dieu. Seigneur, que ta grâce fasse découvrir à chaque être humain qu’il est fait fils avec le Fils, cohéritier avec lui. 4. Passage de l’Évangile (Lc 2, 4, 6-16) Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » 5 Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveauné couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. 5. Points pour la méditation a) Et si nous étions avec ces bergers ! Essayons de les suivre et de découvrir ce qu’ils ont découvert et qui nous a été transmis de génération en génération. Les bergers gardent leurs troupeaux dans la nuit étoilée et tout à coup ils voient devant eux un ange tout auréolé de lumière, ils sont saisis d’une grande crainte, ils voient, en même temps, et entendent d’autres anges chanter la gloire de Dieu. Perplexes, étonnés et curieux, les bergers se mettent en route. Ils emportent un agneau de leurs troupeaux et descendent jusqu’à l’étable. L’Évangile nous dit qu’en arrivant à la grotte de la nativité, ils découvrent l’intimité de la Sainte Famille avec le nouveau-né tel que les anges l’avaient annoncé. Ils arrivent un peu inquiets de ce qu’ils vont trouver. Joseph les accueille et écoute le récit de ce qu’ils ont vu, le mouvement des anges et de la nuée dans laquelle ils leur sont apparus. Joseph les 6 laisse passer jusqu’à l’endroit où il a déposé l’enfant immédiatement après la naissance. Marie est là et l’enfant est endormi dans ses bras, enveloppé de langes et la crèche est juste à côté d’elle. Les bergers sont muets d’étonnement devant la simplicité et la pauvreté de l’endroit qui les accueille. Dans le secret de leur cœur, ils entendent la voix des anges leur annonçant « la naissance d’un Sauveur, le Christ, le Seigneur ». Pour eux, ce Sauveur et Seigneur aurait dû naître dans un palais ou, au moins dans un lieu digne et habité par des hommes. Pourquoi ici, dans cette étable, dans une grotte ? Ils regardent étonnés ce dénuement, cette pauvreté, cette simplicité, cette humilité. Un Sauveur ? Ici ? Au milieu du froid et des animaux ? Ils n’en croient pas leurs yeux. b) Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant Marie et Joseph n’ont pas d’explications à donner à ces visiteurs qui avaient été avertis par les anges venus du ciel. Éberlués, les bergers n’ont pas su quoi dire et, malgré tout, en partant, ils remercient en offrant leur agneau à Joseph. Ces hommes pauvres sont ceux que Dieu a choisis pour se manifester à l’humanité. Ce sont des gens humbles. Ils ont entendu la voix de l’ange et en toute simplicité, ils ont accepté l’invitation, ils sont allés 7 voir. Maintenant, ils se font les messagers de la Bonne Nouvelle et racontent tout ce qu’ils ont vu et entendu. « Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce qu’ils racontaient ». Chez eux, il n’y a ni calcul, ni orgueil, ni vanité, ni amour propre ou respect de soi mal compris, ils disent ce qu’ils ont vu et le disent dans la joie, la simplicité et l’étonnement. c) Et nous aujourd’hui Nous, nous sommes incapables de comprendre et de vivre ce qu’ils ont vécu, nous pouvons imaginer avec plus ou moins de détails et de précisions la scène de cette première rencontre. Depuis plus de 2000 ans, grâce aux commentaires de l’Évangile, à nos prières, à nos méditations, à nos échanges au cours des siècles, nous comprenons que le Fils de Dieu est venu loin de toutes les intrigues du monde et qu’il s’est fait connaître aux humbles, aux « petits », à ceux que la société regarde comme inefficaces donc « négligeables ». En entrant dans le temps, Dieu l’Éternel, nous fait comprendre que la grâce n’est rien d’autre qu’un amour gratuit. Il nous a montré un visage bienveillant, serein, il est venu sourire au monde et rassurer les hommes, il est venu nous manifester sa miséricorde. Il nous a libérés de l’esclavage et, en nous envoyant un petit enfant, il rend l’espérance à l’humanité. 8 Dans sa lettre à Tite, que nous lirons au cours de la messe de minuit, Paul touche au noyau central de la nativité en écrivant que : « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et les convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien »1. Poursuivant la lecture de la lettre de saint Paul à Tite, nous y découvrons que « lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle ». Et saint Paul ajoute, pour convaincre Tite « son véritable enfant dans la foi commune », « Voilà une parole digne de foi, et je veux que tu t’en portes garant, afin que ceux qui ont mis leur foi en Dieu aient à cœur d’être les premiers pour faire le bien : c’est cela qui est bon et utile pour les hommes »2. 1 2 Tite 2, 11-14. Tite 3, 4. 9 Conclusion En méditant sur la fête de la Nativité nous comprenons qu’il n’y a pas à y chercher quelque chose de spectaculaire qui ravit les yeux : pour venir au milieu de nous, l’envoyé du Père choisit la modestie, le silence, il vient à nous dans la discrétion et la simplicité. Alors, laissons cette naissance ravir nos cœurs ! Prière Seigneur, dans ta bonté, accorde-moi de comprendre que Noël n’est pas une « date », mais le commencement d’une grande conversion personnelle et silencieuse, une fête à laquelle nous participons à chaque instant dans notre vie de tous les jours. Questions 1. Cette fête de Noël me donne-t-elle envie de chanter avec Marie « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » ? 2. Cette venue du Fils de Dieu pour épouser notre condition d’homme me semble-t-elle le sommet de la miséricorde ? 10 2e méditation Nous sommes faits fils avec le Fils 1. Acte préparatoire Le Saint-Père Jean-Paul II, la nuit de Noël 1997, commençait son homélie en soulignant le mot : « Aujourd'hui ! » Cet « aujourd'hui » qui retentit dans la liturgie, ne porte pas seulement sur l'événement qui eut lieu voici maintenant deux mille ans et qui changea l'histoire du monde. Il concerne aussi cette nuit sainte, où nous sommes rassemblés en communion spirituelle avec tous ceux qui célèbrent la solennité de Noël dans toutes les régions du monde. Jusque dans les lieux les plus reculés des cinq continents retentissent en cette nuit les paroles angéliques que les bergers de Bethléem ont entendues : « Voici que je viens vous annoncer une grande joie. Aujourd'hui vous est né un Sauveur. Il est le Messie, le Seigneur ».3 Voici l'événement historique mêlé de mystère que nous allons célébrer : la naissance d'un enfant pleinement humain, mais qui est en même temps le Fils unique du Père. C'est le Fils non pas créé, mais engendré éternellement, Fils de la même substance que le Père. « Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu ». C'est le Verbe « par qui tout a été fait ». 3 Lc 2,10-11. 11 Saint Paul explique aux Galates le mystère de la filiation divine à laquelle nous sommes destinés de toute éternité et grâce à laquelle nous pouvons appeler Père notre Dieu Créateur : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils »4. 2. Objectif à atteindre Nous désirons vivre ce jour de Noël de façon vraiment chrétienne, loin des bruits de la fête avec musiques et chants profanes, loin de toute déformation du monde. Nous voulons retrouver le sens de la Bonne Nouvelle que les anges ont annoncée aux bergers. Nous sommes là, avec les bergers, au milieu d’une lumière qui remplit la grotte-étable. « C’est de cette lumière que parle la liturgie de cette sainte nuit qui nous présente la naissance du Sauveur : comme une lumière qui pénètre et dissout l’obscurité la plus dense. La présence du Seigneur au milieu de son peuple efface le poids de la défaite et la tristesse de l’esclavage, elle instaure la joie et l’allégresse »5. Nous sommes là, en présence de Dieu mais guidés par la force et la joie de la foi et enveloppés de la lumière de l’espérance qui éclaire nos pas. « En ouvrant notre cœur, nous avons, nous aussi, la possibilité de contempler le 4 5 Ga 4, 4. Pape François, Homélie 24 décembre 2014. 12 miracle de cet enfant-soleil qui éclaircit l’horizon en surgissant d’en-haut »6. Entrons dans la grotte où Joseph et Marie contemplent le nouveauné et essayons de pénétrer ce mystère et d’en être émerveillés avec eux. Qui est cet enfant et pourquoi, pour quelle raison, dans quel but est-il venu au milieu des hommes ? 3. Prière Seigneur, accorde-moi la grâce de te regarder, de te contempler et de méditer, en présence de Marie et de Joseph, l’immensité de ce que tu nous offres dans le silence de cette étable. 4. Passage de l’Évangile (Lc 2, 3-7) Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. 6 Idem. 13 5. Points pour la méditation a) « Il venait se faire recenser avec Marie » Le texte de l’Évangile, riche en détails qui sont loin d’être inutiles, souligne l’importance de l’évènement qui se produit à l’occasion du recensement ordonné par César. Cet édit était pour Joseph un moyen de faire connaître sa lignée, de qui il descendait et quels étaient ses droits au titre de fils de David. À travers ce récit, on peut voir la foi et la fidélité de ce juste qui va au recensement avec Marie « qui était enceinte ». Il est totalement conscient du geste qu’il est en train d’accomplir : l’enfant que porte Marie est son enfant à lui aussi, il fait partie du projet de Dieu et l’enfant qui lui a été confié. Cet enfant est le Messie que les peuples attendent depuis la promesse faite à Adam et Ève. Il fallait, et Joseph le voulait, que cet enfant soit reconnu comme « fils de David » : l’édit de César entre parfaitement dans le plan de Dieu. Que dire du silence affectueux de Joseph vis-à-vis de Marie, la femme que Dieu lui a également confiée ? Ni Joseph, ni Marie n’ont remis en cause les paroles de l’ange : c’est un fils qui leur été promis, c’est un fils qui va naître. Le doute n’a jamais effleuré leur esprit. Dieu a dit, Dieu est fidèle. Les temps où Marie devait enfanter étaient accomplis. Rien n’est dit de l’état de fatigue de Marie mais ayant répondu « oui » à l’annonce 14 de l’Ange, elle se considérait comme « servante », toute heureuse de répondre aux besoins du Maître. En présence de sa cousine Élisabeth, elle avait entonné le « Magnificat » et elle n’avait pas changé les dispositions de son cœur. Elle était prête à donner au monde le Fils même de Dieu. L’Évangile dit qu’il n’y avait pas de place à l’hôtellerie. Et pourtant, Joseph avait dû faire l’impossible pour en trouver une mais, en définitive, rien ne se produit jamais sans la permission de Dieu. C’est donc Dieu lui-même qui a choisi l’endroit et les circonstances. b) « Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire » Les anges avaient donné ce signe de reconnaissance aux bergers qui sont venus voir. Entrons avec eux et contemplons ce que nos yeux voient et que notre cœur découvre. C’est « son fils premier-né », celui qui, légalement, hérite du père. De plus, c’est un fils unique qui n’est ni précédé ni suivi par un autre. Cet enfant est le Fils unique de Dieu. Contemplons-le : l’ange avait annoncé qu’il serait Fils de David, le recensement permet la signature de cette promesse. Il sera Fils du 15 Très Haut.7 Marie et Joseph se souviennent des paroles qui leur ont été dites séparément : lorsque Joseph comprit que sa fiancée était enceinte, l’ange lui apparut en songe et le rassura : l’enfant venait de l’Esprit Saint.8 « Il régnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin ». Promesse d’un règne sur toute l’histoire du salut jusqu’au dernier jour. c) Un nouveau-né couché dans une mangeoire Regardons ce nouveau-né et, 2000 ans après cette adoration des bergers, méditons l’espérance qu’il nous apporte, méditons ce qu’il est venu faire au milieu des hommes. Seigneur, tu es l’Éternel qui entre dans le temps : en entrant dans ce monde, tu veux accomplir « ce qui est écrit de toi dans le rouleau du Livre »9. Tu es le Verbe, le Fils de Dieu, né du vrai Dieu. Tu es venu chez toi, tu es venu annoncer le nom de ton Père à tes frères10 et, à tous ceux qui t’accueilleront, tu donnes pouvoir de devenir enfant de Dieu.11 Silencieusement, tu remercies ton Père qui, de toute éternité, nous a destinés à la gloire et qui nous a élus en toi pour que Cf. Lc 1, 32. Cf. Mt 1, 20. 9 Cf. Ps 39, 7-9. 10 Cf. Hb 2, 12. 11 Cf. Jn 1, 12. 7 8 16 nous soyons saints et immaculés en sa présence.12 Tu es venu pour que l’homme connaisse son Créateur et Père qui est aussi ton Père. Tu es venu vivre parmi nous, tu es venu nous apprendre à vivre à ta suite, tu nous appelles à suivre son exemple de douceur et d’humilité, d’accueil, de service et de bonté, de disponibilité et de générosité, de confiance et de fidélité inconditionnelle et tu nous promets le repos pour nos âmes.13 Tu sais que cela nous est difficile et même impossible et tu nous confirmes que sans toi, nous ne pouvons rien faire.14 Tu nous promets un Défenseur que le Père nous enverra, qui nous enseignera tout et nous fera souvenir de tout ce qui nous a été dit.15 Tu nous rassures et nous enracines en toi. Nous avons confiance en toi parce que le Père qui t’a envoyé t’a luimême dit ce que tu dois faire et déclarer16 et nous savons que Dieu, ton Père, est fidèle.17 Seigneur, tu es venu pour que nous ayons la vie, celle qui vient de toi, celle que nous recevons en mangeant le pain vivant qui est descendu du ciel.18 Tu es ce vrai Pain. Cf. Ep 1, 4. Cf. Mt 11, 29. 14 Jn 15, 5. 15 Cf. Jn 14, 26ss. 16 Jn 12, 49. 17 1Co 1, 9. 18 Jn 6, 58. 12 13 17 Au soir du dernier repas, tu te donnes toi-même comme nourriture à ceux qui sont avec toi et aujourd’hui encore, ressuscité, tu nous donnes ton Corps et ton Sang glorieux comme nourriture. Tu nous communiques la vie que tu as reçue en plénitude du Père. Tu vis par le Père. Le Père et toi êtes un. Tu veux que tous nous soyons un seul avec toi. Oui, Seigneur, tu manifestes devant nous une existence en totale dépendance du Père, tu nous invites à une existence essentiellement filiale.19 Tu es le Maître de la vie : par la consécration du Pain et du Vin, tu es réellement présent pour chacun de nous et tu nous communiques la vie éternelle, non pas celle qui nous attend au ciel après notre mort mais, celle qui, dès maintenant et dès ici-bas, est la vie divine, éternelle. Par l’Eucharistie, tu fais pénétrer Dieu dans la vie humaine. Tu es le bon samaritain venu à la rencontre de l’homme mortellement blessé par les bandits sur la route de Jéricho. Tu es la porte de la miséricorde et tu paies notre dette à l’aubergiste en promettant de rembourser le surplus à ton retour. Par cette venue dans le monde, tu as pris notre condition d’homme et tu nous as délivrés de l’esclavage du péché. Tu es la porte des brebis et « si quelqu’un entre en passant par toi, il sera sauvé ».20 Tu es venu toi-même racheter les sujets de la Loi et nous conférer l’adoption filiale. Grâce à toi, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit 19 20 Jean Galot « Eucharistie amour plein de vie » p.149, Parole et silence, 2000. Jn 10, 7. 18 Saint qui crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! 21 Nous sommes un avec toi et un entre nous. Nous sommes tous membres d’un même corps qui est l’Église dont tu es la tête. Conclusion « Aussi ne suis-je plus esclave, mais fils avec le Fils et donc héritier de Dieu ».22 Seigneur, pardon pour tant de superficialité face à ton amour de Père miséricordieux qui ne se lasse pas de venir en aide à notre profonde misère. Prière Seigneur, Fils unique Jésus-Christ, accorde-moi la grâce de comprendre ce que tu me donnes gratuitement quand je viens te recevoir dans l’Eucharistie. Accorde-moi la grâce de comprendre avec mon cœur que ce que tu manifestes en me donnant ta vie, c’est ta miséricorde infinie : tu es venu nous manifester le Père qui ne veut plus se souvenir de nos péchés ni de nos offenses.23 Pardonnenous nos offenses et ne nous laisse pas succomber à la tentation. Cf. Ga 4, 4. Rm 8, 17. 23 Cf. Hb 10, 16. 21 22 19 Questions 1. Que représente pour moi la naissance du Christ venu dans notre monde ? 2. Quand on me dit que l’Eucharistie est le Corps et le Sang du Christ, quelle est ma réaction profonde ? À qui demander de me dire la vérité ? Ai-je du mal à accepter cette vérité ? 3. Quelle confiance accorder aux paroles du Christ « Ceci est mon corps, ceci est mon sang » ? Me faut-il voir pour croire ? Lorsque je communie au Corps du Christ, quelle est ma foi ? Ne suis-je pas comme saint Thomas qui ne croit que lorsqu’il a vu ? 20