Compte-rendu du Mardi sur l`accessibilité dans les commerces
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Compte-rendu du Mardi sur l`accessibilité dans les commerces
10/2012 L’accessibilité des commerces Conférencevisite dans le cadre du cycle «Accessibilité» des Mardis du CAUE 30 octobre 2012 Versailles Le temps des présentations Après un mot d’accueil de Pascale CZOBOR chargée de mission développement durable au caue 78 , Ronan KERAUDREN et Sylvie UBERTI de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Yvelines introduisent les quatre interventions de cette troisième session du cycle. Obligations réglementaires, spécificités des ERP existants. François ALEMANY, chargé d’opération de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement en Limousin (DREAL), assure des missions de formation auprès de professionnels du bâtiment (artisans, architectes, etc.) en concertation avec les chambres consulaires de métiers et de l’artisanat, voire des personnels des Directions départementales du territoire (DDT) qui dépassent le cadre régional. Il rappelle en préambule que, selon l’enquête Handicaps Incapacités Dépendance (HID) de l’INSEE (chiffres 2002) les personnes à mobilité réduite (PMR) représentent près de 40% de la population. Il précise que la réglementation sur l’accessibilité prend en compte les 4 grands types de handicap : moteur, visuel, auditif et intellectuel. Dans le code de la construction et de l’habitation qui précise la définition d’un ERP de 5ème catégorie, les dispositions applicables sont données par l’arrêté du 16 juillet 2007 relatif au règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les ERP1. François ALEMANY passe en revue les règles générales applicables (cf.powerpoint). Elles portent sur les points suivants : Stationnements et cheminements Plans inclinés Portes Escaliers et ascenseurs Dispositifs de commande Sanitaires adaptés Eclairage Signalétique Contrastes de couleurs. 1 Une synthèse des textes de référence concernant les ERP est accessible avec le lien suivant : http://www.developpement-durable.gouv.fr/Textes-de-reference-ERP-Mesures.html CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr 10/2012 La réglementation cherchant à répondre à la grande disparité des situations existantes prévoit sur plusieurs points différents niveaux d’exigence. Ainsi la largeur de circulation libre de tout obstacle de 1,40m peut dans certains cas être réduite à 0,90, voire à moins par dérogation et au vue de justificatifs. Il aborde ensuite les règles spécifiques à certains ERP, objet du décret 2006‐555 du 17 mai 2006 relatif à l’accessibilité des ERP – article 5 (ERP existants). Si à compter du 1er janvier 2015, tout ERP de 5ème catégorie devra être accessible aux personnes handicapées quel que soit leur handicap, il est prévu qu’une partie du bâtiment puisse fournir l’ensemble des prestations pour lesquelles l’établissement est conçu. Des mesures de substitution structurelle, organisationnelle ou humaine sont envisageables, comme la présentation virtuelle de prestations offertes à un niveau inaccessible. Les bâtiments d’hébergement existants font l’objet d’un commentaire spécifique. François ALEMANY conclut sa présentation en rappelant les trois motifs de dérogation à la réglementation : l’impossibilité technique résultant de l’environnement du bâtiment, des exigences liées à la conservation du patrimoine architectural, et en cas de conséquences excessives sur l’activité de l’établissement. Et en invitant le public à la consultation des sites suivants: www.accessibilite.gouv.fr www.handicat.com (aides techniques) www.cerahtec.sga.defense.gouv.fr www.aides‐techniques.handicap.fr (équipements avec prix et distributeurs) En réponse à une question de la salle, il attire l’attention sur la multiplicité de solutions explorables quand la mise en accessibilité semble trop rapidement impossible, et précise qu’une dérogation n’est que partielle, jamais totale et absolue. La possibilité de recourir à l’aide des correspondants accessibilité de la DDT est également rappelée. Ainsi que l’appui proposé par la Chambre de métiers pour le montage des dossiers de mise en accessibilité, ou des réunions de sensibilisation dans les communes. Une précision est apportée sur le fonctionnement d’une boucle magnétique, dispositif permettant à une personne malentendante d’échanger avec un commerçant, abstraction faite des bruits ambiants. Elle n’est obligatoire qu’en présence de guichet à paroi vitrée, pas dans les petits commerces. La mise en accessibilité des locaux en étage dans des résidences –un cabinet médical par exemple ‐ doit être étudiée avec la copropriété, et progresser au gré des travaux entrepris, mais il n’existe pas d’échéance pour la mise en accessibilité dans les bâtiments d’habitation collectifs (BHC). Pour les commerces, après le 1er janvier 2015, ils devront disposer d’un écrit de leur copropriété pour dégager leur responsabilité, si l’accessibilité n’est pas effective à cette date. François ALEMANY invite les personnes intéressées à consulter le nouveau guide du ministère de l’écologie intitulé « Les locaux des professionnels de santé : réussir l’accessibilité ». La démarche administrative et juridique à suivre en cas de mise en accessibilité d’un local installé dans une copropriété y est détaillée. L’accessibilité des commerces à Versailles Fabienne SOUHAMI‐GILLIS, chargée de mission accessibilité à la ville, présente ses différentes missions de conseil et de sensibilisation des usagers, commerçants et agents. Celles‐ci s’étendent ponctuellement aux communes du Grand Parc. A l’échelle de la ville, en transversalité avec les différents services, les élus, les partenaires extérieurs, et les associations, elle a en charge CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr 10/2012 l’établissement de propositions d’aménagements chiffrées et hiérarchisées, et réalise le rapport annuel de la commission communale d’accessibilité. Au sein des 1913 commerces versaillais (commerces et artisans), elle distingue les grandes enseignes ayant les moyens d’engager des travaux qu’elles confient à un maître d’œuvres et les indépendants auxquels moyens, informations réglementaires et compétences de maîtrise d’œuvre font souvent défaut. Consciente de l’intérêt d’une offre de commerce de proximité accessible –en termes de durabilité de la ville comme d’attractivité touristique notamment, la ville dispense des conseils et préconisations qui dépassent sur certains points les exigences légales en vigueur, comme le diagnostic accessibilité facultatif pour les ERP de 5ème catégorie. A la demande d’un commerçant, un premier diagnostic peut être établi par son service, qu’il est dans certains cas recommandé de compléter par un diagnostic établi par un professionnel. Fabienne SOUHAMI‐GILLIS, rappelle les obligations en vigueur dans le secteur sauvegardé (un tiers de la superficie urbaine) et les autorisations d’urbanisme à demander en cas d’installation d’un commerce. En cas de modification d’un commerce existant, en plus de ces autorisations d’urbanisme, un avis favorable de la Commission communale de sécurité et d'accessibilité donné par la Direction Départementale des Territoires des Yvelines (DDT) doit être obtenu, et une notice d’accessibilité engageant le commerçant établie. Un point réglementaire datant de 1994 est rappelé : les associations d’usagers peuvent se porter partie civile en cas de non respect des règles d’accessibilité. Une série d’images de façades permettent ensuite de présenter concrètement les contraintes versaillaises : des commerces exigus, souvent construits sur des caves que l’implantation d’une rampe risque de fragiliser et des emmarchements qu’il n’est pas toujours possible de modifier pour des raisons patrimoniales. En conclusion, Fabienne SOUHAMI‐GILLIS évoque l’aménagement en cours de réalisation d’un parcours de 3 kilomètres reliant les deux gares (Rive‐droite et Rive‐gauche), le château et les principaux équipements publics en centre‐ville par des trottoirs au revêtement non glissant, avec le moins d’obstacles possible et des passages piétons abaissés. Un parcours qui ne prend sens que si les commerces prennent le relai. Lors des échanges avec les participants, des élus font part de leur difficulté en l’absence de compétences spécialisées pour sensibiliser les commerçants et les motiver à prendre le relai justement alors que des travaux d’accessibilité ont été menés sur le domaine public. Dans le cadre de l’ATESAT2, par exemple, la DDT peut intervenir en amont à titre de conseil ou assistance pour l’accessibilité et la mise aux normes des ERP et pour du conseil pour l’élaboration des PAVE (Plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics) La Chambre de métiers organise pour sa part des séances de formation à l’attention des commerçants à la demande des villes. Ces échanges sont également l’occasion d’un rappel : si l’accessibilité au fauteuil est souvent difficile à réaliser, une amélioration sensible pour tous les autres handicaps, dont l’importance ne doit pas être minimisée, est souvent plus facile à mettre en œuvre. Retours d’expériences sur les diagnostics accessibilité dans les commerces Laurent RATHOUIS, introduit la présentation de son bureau d’étude, RLC Conseil, sous l’éclairage théorique du processus de production du handicap3et de l’objectif d’une disparition, non du handicap, mais de la situation de handicap, lorsqu’un aménagement adapté est mis en œuvre. 2 Assistance technique de l’Etat aux collectivités territoriale / http://www.ripph.qc.ca 3 CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr 10/2012 Le diagnostic accessibilité d’un ERP4est mené en trois temps. Une première étape détermine les fonctionnalités de l’ERP. Une seconde analyse la continuité offerte depuis la voierie pour ces différentes fonctionnalités. La troisième étape, le diagnostic proprement dit, comprend un audit du bâtiment existant, des préconisations et un estimatif des travaux. Pour Laurent RATHOUIS, les exigences réglementaires tiennent du minimum : une largeur de passage de 1,40m laisse 5cm de part et d’autre d’un fauteuil d’une largeur courante de 1,30m et le rayon de giration d’1,50m adapté au fauteuil mécanique, n’est pas suffisant pour un fauteuil électrique. La présentation d’exemples permet à Laurent RATHOUIS de pointer la double contrainte d’une accessibilité à la fois aux personnes assises ou debout selon leur handicap, ou l’accord préalable à établir dans beaucoup de cas entre gestionnaire du sol public et gestionnaire privé pour assurer une continuité de déplacement. Concernant les commerces de proximité, si leur accessibilité permet de conserver une clientèle qui prend de l’âge, ils sont aussi plébiscités par une population plus jeune, en quête de sens et d’échanges humains au quotidien. Un ordre de grandeur du coût d’un audit est donné pour une surface de 60 à 100 m2 : 500 à 600 euros pour l’audit, les préconisations et le chiffrage des travaux. L’accompagnement dans les démarches administratives est possible, chiffré en sus. L’accompagnement des commerces par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Yvelines Thimotée VIAL, en charge de l’accessibilité à la CMA 78 précise que la Chambre des Yvelines comptant sur 16000 ressortissants, 6000 entreprises du bâtiment, près de 5000 entreprises gestionnaires d’ERP et 3000 relevant des services à la personne, une politique concernant l’accessibilité est développée depuis 2008. Des actions de formations gratuites à destination des chefs d’entreprise et la diffusion d’un guide de l’accessibilité publié en 2011 à tous les créateurs d’entreprises en sont les deux points forts. Les créateurs d’entreprises commerciales sont sensibilisés avant la signature d’un bail, aux difficultés qu’ils pourraient rencontrer face à un local, dont la mise en accessibilité serait trop complexe à réaliser. Depuis 2012, la Chambre, qui intervient auprès des chefs d’entreprise en complémentarité des instructeurs de la DDT a une voix consultative à la commission départementale. Il conclut son intervention sur la nécessité de faire de l’accessibilité une opportunité, bien plus qu’une contrainte. Le temps du parcours Répartis en deux groupes, les participants découvrent le parcours évoqué par Fabienne SOUHAMI‐GILIS en centre‐ville. Avec Danièle CABROL‐RAY, responsable du pôle bâtiment à la DDT 78, elle commente tant les aménagements que les points à améliorer de l’espace public jusqu’à l’intérieur de commerces sous petite et grande enseigne. Sont passés en revue, tous les éléments importants du déplacement et de l’activité des personnes en situation de handicap : une peinture au sol qui s’efface mise en regard du coût d’entretien pour la ville, un poteau de signalisation d’une place mal situé par rapport aux manœuvres à effectuer pour sortir d’un véhicule, dispositif de contrôle d’accès placé au milieu d’un sas d’entrée, et aussi le coût d’un élévateur mis en place sur une volée de marche par une grande enseigne: 12000 euros. 4 4 ème ère Pour un ERP de 5 catégorie, le diagnostic n’est pas obligatoire (contrairement aux ERP de 1 à ème er catégorie), mais ces ERP devront avoir effectués les travaux de mise en accessibilité au 1 janvier 2015 CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr 10/2012 Florence COLAS et Thierry GLANARD qui participent à la visite en fauteuil expérimentent ces aménagements et témoignent à chaque halte des « détails » qui empêchent d’ouvrir une porte, de se signaler, de se déplacer entre les rayonnages. Quand l’entrée accessible d’un commerce est simplement fermée avec renvoi à l’entrée principale précédée d’une marche, difficile d’évoquer un détail. Mais la visite est aussi l’occasion d’apprécier des astuces, comme une barre sur une façade vitrée, qui lorsque la porte est ouverte se transforme en main courante facilitant l’entrée dans le magasin. Le parcours débute par une halte à l’office de tourisme, où sont présentés les aménagements (accès, signalétique, sanitaires, boucle magnétique, etc.) et la formation renouvelée de l’ensemble du personnel prenant en compte un maximum de handicaps, à commencer par celui du touriste ne parlant pas français. Il se termine au Carré à la farine, à l’étage supérieur dans la salle d’exposition accessible. ADG CAUE 78 Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Yvelines 56, avenue de Saint‐Cloud 78000 Versailles / T 33 (0)1 39 07 14 86 / www.caue78.fr