« Le foot fait toujours rêver » - football club des sports reunis d`obernai

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« Le foot fait toujours rêver » - football club des sports reunis d`obernai
OBERNAI Sport
« Le foot fait toujours rêver »
Scandale de corruption à la FIFA, chantage à la sextape de Mathieu Valbuena et mise en examen de Karim Benzema, soupçon de
dopage généralisé dans l’athlétisme russe ; le sport professionnel connaît des remous. Du côté des clubs amateurs du Piémont des
Vosges, on se sent bien loin de ces intrigues. On préfère croire, dès le plus jeune âge, au pouvoir des valeurs du sport.
ATHLÉTISME : LE DOPAGE,
« ON EN PARLE »
L
es millions qui coulent à flots,
les démêlés judiciaires entre
partenaires de l’équipe de
France : le monde du football
professionnel, gangrené par l’argent
et l’affairisme, ne tourne pas très
rond ces derniers temps.
Pourtant, il ne suffit pas d’aller bien
loin pour retrouver les piliers du
football éternel. Sur le rectangle vert
de Barr, Rosheim et Obernai (*), chaque semaine, on parle aux jeunes
générations d’« esprit d’équipe, de
respect, politesse et plaisir du jeu »,
égrène le président du Football club
de Barr 1932 Jean-Marie Spendel, et
pas forcément des déboires de Michel Platini ou Karim Benzema.
« Avec les plus grands, on en rigole »,
indique Thierry Ness, référent et responsable technique pour les jeunes
au FCSR Obernai.
Le scandale de dopage au sein de la
fédération russe d’athlétisme suscite
des « petits débats » chez les 16-25 ans
du SR Obernai Athlétisme, indique la
responsable des jeunes Véronique
Wuttmann. « Ils ne comprennent pas
qu’un tel système soit possible à une
telle ampleur… Et d’autres pays, également soupçonnés comme le Kenya,
devraient être pointés du doigt prochainement. »
Des répercussions immédiates sur les
jeunes athlètes, Véronique Wuttmann
n’en voit pas « du moment qu’aucun
Français n’est impliqué ». En revanche,
la question du dopage n’a jamais vraiment déserté les pistes depuis que les
affaires touchant des athlètes de haut
niveau s’accumulent. « Dès l’âge de 9
ans, on sensibilise les jeunes et les met
en garde. En allant chez le médecin, ils
doivent faire attention aux médicaments qui peuvent ressortir comme
interdits lors de contrôles antidopages. »
« Tout le monde a envie
de gagner, mais
pas à n’importe
quelle condition »
« Maintenir un certain niveau
tout en restant à l’eau claire »
Si les enfants ne sont pas hermétiques aux informations, les clubs veulent attirer avant tout leur attention
sur des valeurs éducatives bien éloignées du système « mafieux » de la
FIFA. Valeurs qui ont autant d’importance que la technique pure. « On
prend du temps pour le volet éducatif, confirme Christian Ramel, responsable de la section jeunes au FC
Rosheim. Notre école de foot – labellisé en fin de saison dernière – est
partenaire du programme éducatif
mis en place par la Ligue d’Alsace de
football (Lafa). Nous avons à notre
disposition des petits supports pédagogiques qui évoquent certaines problématiques, comme les insultes ou
la drogue pour les plus de 15 ans. »
A Obernai aussi, les bons réflexes
s’apprennent dès le plus jeune âge.
« Les joueurs doivent signer la charte
du club qui fixe les comportements à
adopter avec les partenaires, éducateurs et adversaires ainsi que le rôle
des parents, insiste Thierry Ness.
Dès le plus jeune âge (ici la catégorie débutants), les footballeurs du FCSR Obernai doivent adopter une charte
compilant les grands principes pour un bon comportement sur et en dehors du terrain. PHOTO DNA - L.C.
Tout le monde a envie de gagner
mais pas à n’importe quelle condition. »
« Seulement deux à trois
garçons d’une classe d’âge
signent un contrat
professionnel »
D’ailleurs, en cas de débordement,
un recadrage est fait. Une exigence
qui paye : les U15 sont devenus la
saison dernière champions du BasRhin tout en remportant le challenge
du fair-play. Si tout est fait pour
limiter les intrusions du mauvais
esprit (les classements apparaissent
dès l’âge de 13 ans), « beaucoup de
clubs jouent pour la gagne. Jouer
uniquement pour le plaisir, ça se
perd », peste le président du Football
club de Barr 1932.
D’où l’importance d’un garde-fou :
l’éducateur. « Il véhicule des valeurs
et doit être exemplaire, appuie
Thierry Ness ; d’ailleurs la Lafa insiste pour qu’il se forme. Mais c’est
toujours lié à la volonté d’un club. »
Le dirigeant vient aussi parfois « remettre les pieds sur terre, poursuit le
responsable obernois, en charge également de la section sport au collège
Freppel. En Alsace, seuls deux à trois
garçons d’une classe d’âge signent
un contrat professionnel. C’est bien
de rêver mais il faut s’épanouir tout
en continuant les études. »
En tous les cas, remarque Thierry
Ness, le sport le plus populaire au
monde n’a pas perdu de son aura
sous prétexte qu’il est dans la tourmente. Le dirigeant confirme, les sirènes du ballon rond continuent
d’attirer. « Si le fossé s’élargit en
raison de moyens financiers dispro-
portionnés, le football professionnel, très médiatisé, reste important
pour le football amateur. Facilement
accessible à tous, il fait rêver et draine de nombreux jeunes vers les
clubs. »
D’ailleurs, sur les terrains d’entraînements, le processus d’identification avec Messi, Ronaldo et même
Benzema fonctionne à plein. Leurs
maillots sont sur toutes les épaules.
Pour les enfants de la balle, ces stars
restent des modèles.
AMANDINE HYVER
R
Q (*) Le FC Barr compte cinq équipes de
jeunes (jusqu’aux U13), soit une
quarantaine d’enfants de Barr et
environs. Le club de Rosheim a sous son
aile 80 licenciés de 6 à 18 ans, tandis
que le FCSR Obernai compte 180 enfants
de 6 à 17 ans.
La problématique a été prise en compte
il y a déjà quelques années par la fédération d’athlétisme. Véronique Wuttmann se souvient de contrôles inopinés
lors d’entraînement des jeunes il y a
8-10 ans. Par ailleurs, les analyses sont
systématiques pour les médaillés des
championnats nationaux. « On prévient,
on distribue des documents. » Ensuite,
« tout dépend de comment le club
appréhende la compétition. Il faut faire
comprendre au jeune que ce n’est pas
bon de viser les JO, sinon il se gonfle la
tête et est tenté de prendre quelque
chose. »
Au club, jamais aucun athlète n’a été
contrôlé positif. « Et on obtient de bons
résultats : une dizaine de qualifiés aux
championats de France en cadet et
junior. On n’est pas trop nombreux mais
on arrive à maintenir un certain niveau,
tout en restant à l’eau claire. »
Q Le club d’athlétisme compte 150 jeunes
(sur 240 licenciés) de 9 à 18 ans.

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