fiche 2 : l`eau et les paysages du marais poitevin

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fiche 2 : l`eau et les paysages du marais poitevin
FICHE 2 : L’EAU ET LES PAYSAGES DU MARAIS POITEVIN
I. La Formation des paysages du Marais poitevin
Le Marais poitevin présente des paysages très variés. Il y a 10 000 ans, il s'agissait d'un
grand golfe : le Golfe des Pictons. C'est un formidable travail humain qui l'a transformé.
Le Golfe des Pictons était en partie recouvert par l'océan à marée haute. Il était aussi
soumis à de longues périodes de crues dues aux abondantes quantités d'eau venant du
bocage et des forêts alentours situés en hauteur : le bassin versant.
© Denis Clavreul
Pour aménager ce golfe, les moines ont construit des digues qui empêchent le retour de
l'océan :
© Denis Clavreul
et d'autres digues qui arrêtent les crues venant des terres hautes :
© Denis Clavreul
Dans ces terres protégées, des canaux et des fossés ont été creusés pour évacuer l'eau de
pluie à marée basse et servir de réserve en été. Les marais desséchés sont nés:
© Denis Clavreul
A l'intérieur des terres, derrière les digues, des secteurs ne sont pas aménagés. Ils
reçoivent l'eau du bassin versant. Lorsqu'il en arrive plus que l'on ne peut en évacuer à
marée basse, c'est la crue. Ces terrains inondables sont appelés marais mouillés :
© Denis Clavreul
II. Le Marais poitevin aujourd’hui
Le Marais poitevin est un territoire de 112 000 ha qui s’étend de la Baie de l’Aiguillon
jusqu’à Niort. On y trouve trois types de milieux : marais mouillé (30 000 ha), marais
desséché (70 000 ha) et marais maritime (12 000 ha de près salés et vasières). Il s’étend
sur trois départements (Vendée, Deux-Sèvres, Charente-Maritime) et deux régions (Pays de
la Loire et Poitou-Charentes). C’est la deuxième plus grande zone humide de France.
A. Le marais desséché
Le marais desséché est la zone non inondable du Marais poitevin car elle est protégée par
un réseau de levées et de digues. Il présente de larges paysages ouverts où les arbres sont
rares. Les prairies et les cultures sont bordées de fossés et de canaux, et on y trouve de
nombreux ouvrages hydrauliques. Les îles calcaires constituent des points hauts qui ont
résisté à l’érosion.
B. Le marais mouillé
Le marais mouillé est la partie la plus renommée du Marais poitevin. En partie classé
Grand Site de France, ce secteur englobe la fameuse Venise Verte. Il s’agit d’une zone
inondable par crue ou engorgement en période pluvieuse. Le marais mouillé se compose
des marais mouillés bocagers, des communaux, des terrées, des tourbières et des trous de
bri. Le marais mouillé bocager est sillonné d’une multitude de canaux bordés de rangées
d’arbres. Les maraîchins ont creusé des centaines de kilomètres de fossés, de conches et
de canaux pour circuler et pour permettre un écoulement plus rapide des eaux.
C. Le marais maritime
Les aménagements successifs du Marais poitevin ont peu à peu réduit le golfe des Pictons,
dont il ne reste aujourd’hui que la baie de l’Aiguillon, classée réserve naturelle. Ces
milieux littoraux, composés des mizottes (près salés), des vasières, des dunes et sables,
sont soumis à l’influence des marées, La baie de l’Aiguillon offre plusieurs points de vue
pour l’observation ornithologique. Les conchyliculteurs (élevage de coquillages) y
pratiquent également leur activité.
III. Vocabulaire spécifique
Bac à râteau : bateau à fond plat utilisé pour désenvaser les canaux. Il se caractérise par
une barre métallique dentée à l'arrière, à laquelle s'ajoutent des "ailes", ces dernières
étant repliées lorsque l'embarcation est au repos.
Bassin versant : à l'échelle du Marais Poitevin, ce territoire correspond à la zone
géographique qui reçoit les précipitations qui gonflent les trois fleuves (le Lay, la Sèvre
Niortaise et le Curé), par l'intermédiaire des rus, des ruisseaux, des rivières, et des
différents canaux du Marais Poitevin.
Bonde : ouvrage hydraulique situé le long des canaux évacuateurs ou en travers des
levées, en limite marais mouillé - marais desséché, la bonde permet d'aider à l'évacuation
de l'eau douce vers la mer. Mais son principal rôle est de servir de prise d'eau, en été
principalement, pour le marais desséché qui peut ainsi s'alimenter en eau douce dans le
marais mouillé.
Bri : Les trous de bri correspondent aux anciens sites d'exploitation du bri (argile grise)
pour les tuileries et briqueteries du Marais poitevin. L'argile extraite, les trous étaient soit
comblés avec des produits « avariés » (c'est-à-dire des produits ratés : trop ou pas assez
cuits...), des gravats, etc., soit laissés sous forme d'étang.
Communal : les communaux du Marais poitevin sont de grandes prairies naturelles
inondables vouées au pâturage. Elles peuvent atteindre 300 hectares. Leur sol n'est pas
complètement plat. Il est constitué de « baisses », vestiges des creux façonnés par le
passage de l'océan et des fleuves, qui recueillent l'eau de pluie ; et de « belles », parties
plus hautes elles aussi formées par le passage des eaux.
Digues : situées en bordure de mer, ces levées de terre ou de pierres servent de ceinture
de protection contre l'introduction de l'eau salée à l'intérieur des terres. Elles restent
encore aujourd'hui une nécessité.
Drainage : autrefois, à l'intérieur des parcelles asséchées, des fossés courants reliés au
canal évacuateur, et des fossés parcellaires reliés aux fossés courants, venaient compléter
le réseau hydraulique. Aujourd'hui, avec la modernisation de l'agriculture et la
mécanisation, la plupart des fossés courants des parcelles cultivées ont disparus,
remplacés par des drains enterrés qui permettent de récupérer l'eau d'infiltration. Celle-ci
va dans les fossés parcellaires, et est pompée pour être évacuée par les canaux
évacuateurs.
Golfe des Pictons :
Levée ou bôth : obstacle au débordement des crues dans le marais desséché, la levée fait
l'objet de soins attentifs : profilage, plantations et empierrement. Bordée de deux canaux
parallèles, elle est régulièrement jalonnée de petites maisons basses : les huttes.
Maraîchin(e) : dans le Marais Poitevin, adjectif signifiant l'appartenance au marais
mouillé.
Marouin(e) : dans le Marais Poitevin, adjectif signifiant l'appartenance aux marais
desséché.
Polder (ou prise) : territoire gagné sur l'océan, suite à la construction de digues.
Portes à la mer : avant de rejoindre la mer, l’eau douce du marais passe par des portes,
appelées « portes à la mer » ou « portes à flot ». Ces ouvrages hydrauliques s’ouvrent à
marée descendante pour laisser l’eau sortir du Marais poitevin et se ferment à marée
montante pour empêcher l’eau salée d’entrer dans le marais. Les portes se ferment alors
automatiquement grâce au courant de la marée montante qui « pousse » sur les portes.
Une écluse est toujours associée aux portes à la mer afin de conserver de l’eau dans le
marais en période estivale.
Les portes à marée haute
Les portes à marée basse
Terrées : elles présentent un paysage peu commun, que l'on rencontre principalement
dans la partie est du Marais poitevin. Ce sont de petites parcelles boisées entourées de
fossés ou de conches . Elles ont été mises en place par les maraîchins pour gérer les
niveaux d'eau. On y accède en barque grâce au réseau hydraulique.
Tourbières : elles sont situées aux limites de la plaine et du marais. Elles
correspondent à d'anciens sites d'extraction de la tourbe, qui servait alors de
combustible de chauffage. Abandonnés depuis les années 1950, ces sites évoluent
généralement en boisements humides.