Introduction à Marx – Pascal Combemale, quatrième édition, La

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Introduction à Marx – Pascal Combemale, quatrième édition, La
Introduction à Marx – Pascal Combemale, quatrième édition, La
découverte, collection repère, 2010
Introduction :
Le livre se propose de remonter aux sources des travaux de Karl Marx, voir ce qu'il en est de ses
prévisions, notamment de sa remise en question du capitalisme à la vue des récents événements
(crise de 2008). La nécessité de ce retour aux sources se fait sentir dans le nombre
d'interprétations parfois contradictoires de son oeuvre. Son analyse se veut scientifique, et fait
intervenir histoire, sociologie, économie et politique, afin de « comprendre le monde pour le
transformer ».
I – Itinéraire d'un intellectuel militant et révolutionnaire
La jeunesse d'un petit bourgeois rhénan
Marx est pris entre la France et l'Allemagne, profitant du renouveau des idées politiques français
et la philosophie allemande. Né d'une famille juive, il se rapproche du protestantisme luthérien.
Instruit des idéaux des lumières, il ne cessera de conserver une foi en le progrès. Plutôt favorisé, il
fréquente en 1835 l'université de Bonn, il écrit alors un pamphlet où apparait pour la première fois
sa distinction classes favorisées et classes laborieuses (qui préfigure bourgeois et ouvriers). Il
étudie la philosophie d'Aristote à Hegel, beaucoup inspiré par ce dernier, il prétend reprendre et
compléter sa conception de l'Histoire.
La mouvance néohégélienne
Il joint le Doktorklub, de Bruno Bauer, et d'autres néohégéliens qui proposent des interprétations
contradictoires de Hegel, sur la base de la citation « Ce qui rationnel est réel et ce qui est réel est
rationnel », ils en tirent des conclusions conservatrices pour les uns, révolutionnaire sur les autres :
fonder un nouvel ordre social sur la base de la science et de la raison, l'ambition de Marx ! Souvent
censuré, et profondément progressiste, malgré un doctorat de philosophie en 1841, il ne pourra
enseigner, et prônera une philosophie de l'action. (Un sport de combat?...). Il luttera avec et contre
d'autres par pamphlets interposés pour l'hégémonie intellectuelle. Il clame explicitement son
ambition de découvrir un nouveau monde sur la base de la critique de l'ancien ? Il fait pour cela
une carrière de rédacteur en chef et journaliste polémiste dans La Gazette, où il rencontre Engels
en 1842.
La longue nuit de l'exil
En 1843 à Paris, il fonde les nouvelles revues franco-allemandes avec Ruge, mêlant théorie
politique de pointe allemande, avec pratique politique française. Ce qui sera un échec, il débutera
ses travaux intellectuels qui consisteront en la lecture de Smith et Ricardo en économie politique
pour en construite une critique, et de ses travaux politiques, en fréquentant organisations
ouvrières et révolutionnaires. Il se radicalisera ensuite contre Ruge, pour une révolution sociale, et
non un réformisme. Il est expulsé par Guizot en 1845, il retardera alors sa critique de l'économie
politique, car il veut finir la critique de la philosophie allemande.
La ligue des communistes
Vient donc le temps de Bruxelles, il créé le Comité de Correspondance communiste, qui s'oppose à
toute forme de socialisme bourgeois, idéaliste, romantique, ou utopique, qu'il qualifie de futile, et
dont l'immaturité de la révolte ou l'humanisme idéaliste va à l'encontre de sa volonté de fondé sa
révolution sur la science et la raison. Le comité fusionnera avec la ligue des justes, dont la devise
sera « Travailleurs de tous les pays unissez vous », préfigurant ainsi l'internationalisme. En 1848, il
écrit le Manifeste communiste. Il se détachera ensuite de la base ouvrière par ses stratégies de
conquête du pouvoir qui impliquent de passer par la révolution bourgeoise contre la monarchie
absolue. En aout 1850, il écrit La lutte des classes en France, dans laquelle il établit une corrélation
entre le niveau de développement économique, et la nature des rapports de production
(esclavage,
servage,
salariat...)
Une économie de plus en plus inachevée ?
Lors des années noires, 1851-1852, alors qu'à cause de la misère il perdra trois de ses quatre
enfants, il travaillera notamment pour le Daily Tribune. C'est seulement en 1857 que la crise
économique le rappelle à son oeuvre, il écrit L'introduction générale à l'économie (publiée
seulement en 1953 !) ou il planifie son Économie en 6 tomes, qui est en réalité une oeuvre
d'histoire, sociologie, économie et politique.
La première internationale et la Commune
Il créé en 1864 l'AIT, l'association internationale des travailleurs, visant à l'émancipation de la
classe ouvrière qui doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. Il prépare ainsi à ces derniers la
politique. Il peine néanmoins à établir une ligne directrice qui fédère tous les types de courants
socialistes. Il voit une ébauche de gouvernement prolétaire avec la Commune, caractérisée par la
séparation de l'Église et l'État, et la fin d'une armée permanente. Enfin, le communisme de Marx
se base sur une visée claire : l'émancipation, et briser le pouvoir de l'état. Cependant, sa maladie
l'empêche de finir son oeuvre, mais ne vient pas à bout de sa foi en la révolution jusqu'à ses
derniers jours.
II – La critique de toute philosophie
L'oeuvre de Marx oscille entre philosophie et science de l'histoire, et il se veut méprisant des
seules spéculations théoriques. Grand lecteur de Hegel, il se fonde sur sa logique et ses écrits
conservent un style philosophique. Il se place contre les erreurs qu'il nomme idéaliste, qui
consistent à ne jurer que par grande théorie et valeur bien loin éloignée du concret, et l'erreur
spontanéiste : la révolte romantique en somme. Il veut fonder sa révolution sur le réel et la raison.
La critique de la religion
Elle aliène, en rendant l'homme étranger à lui même, via le concept théologique d'extériorisation,
aliénation néanmoins nécessaire à la conscience de soi. Il critique la religion également le
fétichisme de la marchandise, et la philosophie idéaliste, la « religion pour laïques ». Ceci constitue
l'opium du peuple, qui le maintient éloigné de la réalité, et manque à faire exiger le bonheur réel.
De la critique du ciel à la critique de la terre
Reprendre Hegel en soulignant que la critique de la religion est la condition de toute critique, car
c'est une image renversée de la réalité qui va de la métaphysique vers le physique. Alors que
l'origine n'est pas dans la métaphysique (questions du divin, de l'âme), mais dans les conditions
matérielles. L'histoire a pour but d'établir la vérité. Le matérialisme recherche les racines sociales
dans les conditions économiques d'existence. Ainsi, l'homme est la racine de tout, et
l'émancipation doit passer par la suppression de ce qui l'asservit.
La critique de la politique de l'État
Se constitue en une critique de l'absolutisme allemand, mais également de la démocratie, dont les
valeurs et la constitution s'apparentent en réalité à la religion. Il y a une contradiction entre la
sphère civile et la sphère privée, entre l'égalité de droit et l'égalité des situations. L'état prétend
substituer l'intérêt général à l'intérêt privé, mais c'est l'intérêt des classes dominantes qu'il fait
passer pour l'intérêt général.
Critique de la démocratie formelle
L'émancipation politique grâce à la démocratie n'est en réalité qu'une étape (et non pas une fin)
de la réelle émancipation, un état peut être libre sans que l'homme le soit, car il reste la propriété
et la religion par exemple. Cette critique passe par une critique de la bureaucratie, qui impose
l'unité et l'intérêt universel d'une « classe » bureaucratique. Le contenu étant hors de l'institution,
elle fait passer pour de la forme du fond, et inversement. Elle vénère également l'autorité. La
suppression de l'état ne se fait que dans le cadre de l'accomplissement d'un réel intérêt général. La
seconde critique passe par la critique des droits de l'homme, avec des droits qui ne s'étendent
jamais au-delà de l'égoïsme, et considère implicitement le bourgeois et non directement l'homme.
La critique de l'argent
L'émancipation de l'homme passe par la suppression de l'argent, il avilit les hommes, et fait passer
la force de travail comme une marchandise.
L'histoire est le juge, son bourreau le prolétaire
La théorie marxiste revêt un fort aspect pratique, car le seul moyen de renverser la domination
matérielle, c'est avec des forces matérielles. La théorie devient matérielle à partir du moment où
elle saisit les masses. Il faut surpasser la seule action politique et bien considérer le social, il se
propose d'un socialisme qui se refuse à l'enveloppe politique.
Les manuscrits de Paris
Écrits en 1844, il s'agit d'une dénonciation du cynisme des économistes, du culte de l'argent, de
l'économie politique qui se base sur un fait sans nécessité : la propriété privée. Marx institue une
anthropologie fondée sur le travail, comme essence de l'homme, et la critique de l'aliénation. La
production permet l'affirmation et l'objectivation de soi. S'il rejoint l'économie classique pour dire
que le travail créé le capital, en mettant en relief le fait que l'ouvrier est soumis au capital dans les
rapports de production, on a ainsi une créature (le capital) qui échappe à son créateur (l'homme),
ce qui constitue précisément l'aliénation. La solution communiste réside en le retour de l'homme à
soi en tant qu'homme social. Marx recense trois manifestations de l'aliénation au travail : (i) le
fétichisme de la marchandise ; (ii) le travail ruine l'ouvrier, son travail ne répond pas à ses besoins,
mais vient d'une contrainte extérieure ; (iii) le salariat est une forme de prostitution selon Marx,
par laquelle l'ouvrier est rendu étranger à son propre travail.
La critique de toute philosophie?
Marx reprend la conception matérialiste de l'histoire de Feurbach (le progrès est dû aux conditions
d'existences matérielles), en lui ajoutant le côté actif avec le travail. Marx vise, avec sa praxis («
philosophie pratique ») à transformer l'homme par lui même, établissant un matérialisme
dialectique, avec d'un coté la praxis, qui signifie agir, dont la réalité tient dans l'effectuer. Mais
renvoie également à l'action morale et politique chez Aristote, comme une action de l'homme en
lui même pour atteindre la perfection. Le deuxième versant de cette dialectique est la poiesis, qui
a trait à la production du monde, l'objet de la philosophie de Marx est de surpasser cette
opposition. Faire la troisième partie de la dissertation géante qu'est l'Histoire de la philosophie en
somme...
L'idéologie allemande
Hegel conçoit la production de l'homme par lui même comme processus d'objectivation
d'aliénation et enfin de suppression de cette aliénation. Le progrès de l'histoire selon son
matérialisme passe par une maitrise croissante de la nature qui suppose la coopération des
hommes, ce qui engendre conscience et langage. Marx insiste sur la nécessité de s'élever de la
terre au ciel.
La critique de la division du travail
Il s'agit là du moteur de l'histoire, mais aussi de la cause de l'aliénation, car de la division en classe.
D'abord sur le principe des genres, des capacités physiques, intellectuelles puis enfin sociales. On
retrouve cette division à de multiples niveaux, ne serait-ce qu'en terme de ville campagne.
Et l'idéologie ?
La domination des élites est fondée sur une domination matérielle et idéologique. Les idées sont
avec le temps de plus en plus abstraites et à tendance universaliste. Chaque nouvelle classe
révolutionnaire doit être le porte-parole du reste de la société contre l'ancienne classe dominante.
Ce discours de plus en plus généraliste travestit les intérêts particuliers d'une classe en l'intérêt
général.
Le communisme ou le règne de la liberté
Tant que l'activité productive n'est pas organisée collectivement la division du travail est aliénante,
car contrainte, l'homme est enfermé dans un domaine de compétence exclusif, car les couts pour
en changer sont importants. Une « main invisible » selon le concept Ricardien, se voit toute
puissante. Dans le communisme, la mobilité professionnelle et le changement d'activité sont
rendus possibles et l'individu peut enfin se réaliser. La révolte vers le communisme selon Marx a
deux prérequis : (i) une hausse des inégalités, jusqu'à en devenir insupportable ; (ii) un progrès
technique qui permettrait de réduire le temps de travail.
Le communisme est le mouvement qui abolit l'état des choses.
III- La sociologie historique
La misère de la philosophie ou de l'économie ?
Marx a une approche sociale de la consommation, qui dépend de déterminismes non seulement
matériels, mais aussi sociaux. Le passage d'une économie à la laquelle la demande commande à
l'offre, puis dans le mode de production capitaliste, d'une économie de l'offre, qui engendrerait sa
demande. De là viennent les dépressions cycliques, phases de misère et de progrès. Les forces
productives sont le moteur de l'histoire.
L'histoire de la lutte des classes
La base de celle-ci réside dans les antagonismes sociaux. Les classes se forment d'abord en classes
de coalition, avant d'accéder à une réelle conscience de classe et de devenir des classes pour elles
même.
La bourgeoisie révolutionnaire
Par le calcul et la rationalisation due au nouveau mode de production, elle a désenchanté le
monde réduisant les rapports sociaux à un individualisme égoïste et un calcul pécunier.
La révolution
Elle est inévitable, et vise à faire du prolétariat la classe dominante, par l'expropriation foncière,
l'impôt sur le revenu, la nationalisation, dans le but de supprimer l'antagonisme de classe.
La conception matérialiste de l'histoire
Est-ce le mode de production qui détermine les rapports de production ou l'inverse ? Les rapports
entre les hommes sont indépendants de leur volonté, et le mode de production domine la vie
politique et sociale, pour cela il a un fondement réel (conditions matérielles), et superstructurel :
l'idéologie. Quant à l'homme, ce n'est pas sa conscience qui détermine son existence sociale, mais
bien son existence sociale qui détermine sa conscience. Marx s'attache ensuite à analyser les
structures des modes de production, si dans les sociétés archaïques, le surplus de production
n'était pas permis par les forces productives, quand les moyens l'ont permis, une élite l'a extorqué
aux travailleurs parle surtravail. Et la fin de l'histoire est la maitrise totale de la nature par
l'homme. Le capitalisme créé lui même les conditions de passage au communisme.
Où est passée la lutte des classes
Si les hommes font leur histoire, mais la fin en est connue, alors ils sont déterminés?... La question
apparemment paradoxale, repose sur le fait que si les hommes font bien leur histoire, ils la font à
partir de conditions matérielles préexistantes, qui donnent lieux à des rapports sociaux, puis de
production entre classes. Marx distingue 4 classes : (1) la bourgeoisie, divisée en aristocratie
foncière, aristocratie financière et bourgeoisie industrielle. Sujette à des conflits internes et
intérêts divergents, elle s'unit contre d'autres classes. (2) La petite bourgeoise, principalement
composée des artisans et commerçants, qui dialoguent avec les extrêmes et tiennent leur
existence de par leur position intermédiaire. (3) Le prolétariat opposé à la bourgeoisie industrielle.
(4) Les paysans eux-mêmes exploités, isolés, ne sont pas mobilisés en une classe pour soi. Mais il
demeure cependant d'autres groupes indépendants de ces classes : la bureaucratie d'état ; l'armée
; le lumpenprolétariat (prolétariat miséreux et criminel). Malgré cela, Marx s'attache à sa
prédiction de polarisation de la société. L'existence de classe est due au mode de production, et
mène inéluctablement vers l'abolition de toute classe.
IV – La critique de l'économie politique
La critique de Marx prend une forme philosophique, et il tente de fonder scientifiquement la
théorie de l'exploitation, démontrer l'autodestruction à venir du capitalisme, et en déduire
l'arrivée du communisme.
La valeur des marchandises
Selon la théorie ricardienne, une marchandise est ce dont la quantité peut s'accroitre par
l'industrie de l'homme, encouragée par la concurrence, et sans entraves.
En premier lieu, ce qui distingue les sociétés c'est la façon dont le travail est réparti, les individus
produisent séparément conformément à la division du travail et sont coordonnés ex post par la
sanction du marché. La production « à perte » avant la vente semble paradoxale, de ce point de
vue une planification ex ante semblerait plus logique, à la façon du manageriat qui planifie le
travail dans l'entreprise, que l'on appliquerait au niveau macro. De plus, la valeur dépendrait dans
la tradition de l'offre et la demande, cependant Marx fait remarquer que ces dernières s'exerçant
dans des sens opposés doivent s'appliquer à quelque chose, et s'annulent, c'est ce quelque chose
qui est la valeur.
Ensuite la marchandise a un caractère double puisqu'elle est à la fois valeur d'usage, qui répond à
un besoin de consommation, de fait elle est empreinte de social, et elle a également une valeur
d'échange, relative aux autres biens. La valeur est la forme historique de quelque chose présent
dans toutes les sociétés. Et dans le mode de production capitaliste, ce quelque chose est le travail
abstrait, résultant de la force de travail traitée comme marchandise. S'il y a différentes formes de
travail, on abstrait ce travail, en considérant formations et capital engagé à nouveau comme
résultat d'un certain travail. De cette façon, à mesure que la productivité augmente, la valeur
diminue. Marx note également que ce sont les conditions sociales historiques qui donnent la
valeur au produit, et au travail.
Subsiste un mystère, puisque la marchandise est le lieu de rencontre du passé (la production) et du
présent (la consommation), la marchandise se présente ainsi comme du travail à l'état latent. Les
deux théories explicatives de la valeur coexistent : comme travail incorporé, ou comme
socialisation économique.
La genèse de la monnaie
La monnaie permet d'exprimer la valeur des marchandises à partir d'une seule, ce qui est le
résultat d'une élection sociale. Elle se retrouve ainsi exclue de l'univers de l'univers des
marchandises, et n'est qu'un produit de l'échange. Cependant, Marx élude ainsi la question de sa
légitimité et sa souveraineté. Elle n'exprime pas directement le travail, en effet, il ne faut pas croire
que la marchandise devient commensurable parce que la monnaie le fait, mais c'est bien parce
que la marchandise est commensurable qu'il peut y avoir une monnaie pour le faire.
Le fétichisme de la marchandise
Le rapport social de l'échange ne se conclut pas directement entre producteur et consommateur,
mais par l'intermédiaire de l'argent et de la marchandise. Ainsi s'effectue un rapport social entre
deux choses, auxquelles on attribue des propriétés qui sont des rapports sociaux. L'argent exprime
le lien social par abstraction, et chacun s'y soumet aveuglément. Cette « prostitution universelle »
selon Marx, rend l'argent irrémédiablement aliénant.
Marx propose par le communisme une société transparente d'elle-même sans ce type
d'abstraction aliénante.
V-Dynamique et crises du capitalisme
Le processus de valorisation du capital
Énigme de la plus-value : alors que le cycle d'échange des sociétés faisait de l'argent (A), un moyen
d'obtenir une marchandise, M-A-M', le capitalisme prend pour fin l'accumulation d'argent, selon le
schéma A-M-A'. L'ajout de valeur (la plus-value) pour que A'>A, ne peut se faire que par le travail
qui seul produit de la richesse. La concentration de richesse et l'augmentation de capital s'auto
entretien, fuyant en avant, au détriment du social, des cultures religions, et morales.
L'exploitation : la théorie de l'exploitation part de la force de travail, à qui l'on attribut la valeur
d'une marchandise, même si elle ne peut être considéré de la même façon elle n'est pas produite.
Elle a donc un prix, fonction des normes sociohistoriques de consommation qui permettent au
travailleur de s'entretenir, lui et son foyer. Marx fonde à partir de là un taux d'exploitation comme
rapport entre ce que le travailleur produit et ce qu'il peut racheter. L'exploitation résulte de la
différence entre le temps nécessaire : qui est le temps pendant lequel l'ouvrier travaille en pouvant
racheter ce qu'il produit, et le surtravail, temps qui va au-delà du temps nécessaire. Le taux
d'exploitation fluctue en fonction des rapports entre les classes antagonistes. Dans le capitalisme
les rapports salariaux masquent donc l'exploitation derrière un rapport d'échange d'équivalents. Le
droit de propriété pour le capitaliste est de s'approprier du travail étranger impayé.
Les formes de la plus value : (i) la plus-value absolue : écart entre le travail créateur et le travail
nécessaire ; (ii) La plus-value relative : hausse de la productivité, donc baisse du temps nécessaire ;
(iii) La plus-value extra : réservée aux entreprises les plus compétitives, dont la productivité est
supérieure à la norme. Celle pousse les entreprises à l'innovation. Le travail ne peut être considéré
que comme Capital, c'est le seul créateur de valeur via la plus-value, un gain réalisé ne peut être
dû qu'à une plus value empruntée ailleurs.
L'organisation capitaliste du travail
La coopération : nécessité de la production, la force sociale du travail collectif est supérieure à la
somme des forces individuelles. Le capitaliste est le directeur de cette coopération, et commande
au nom du capital.
La division du travail dans la manufacture : elle peut prendre la forme de la spécialisation d'un
artisan dans un domaine, exemple de la manufacture de carrosse, le menuisier et le vitrier seront
moins habiles aux compétences du métier non mobilisées dans la manufacture (ils ne sauront
bientôt plus que faire des vitres pour carrosse). La seconde forme est la division en taches
élémentaires que tout ouvrier est capable d'effectuer, comme dans la manufacture d'épingle,
n'effectuant qu'une opération, il est rendu étranger à sa production. La division du travail forme un
travailleur collectif, composé de travailleurs parcellaires. Cela présente l'avantage pour le
capitaliste de pouvoir employer des ouvriers moins qualifiés, à des salaires plus bas. De plus, la
division du travail fait produire séparé, affaiblit la solidarité, et par son coté répétitif et ennuyeux «
estropie » le travailleur et limite ses capacités. Ce qui incarne l'asservissement au capital.
Le machinisme : permet de dévaloriser la force de travail et marque le passage à la grande
industrie. Le rythme de travail est désormais indexé sur la machine, et non plus l'homme qui
maniait l'outil. La main d'oeuvre n'a plus besoin d'être qualifiée.
La concurrence sur ces bases ne saurait être libre, puisque si dans un accord entre producteurs, les
producteurs sont bien sous la sanction et les aléas du marché, il n'en est rien lorsqu'ils sont
subordonnés au despotisme de l'entreprise.
Un processus de production et de reproduction
Le capitalisme reproduit les conditions qui forcent l'ouvrier à se vendre pour vivre. La concurrence
se définit comme une tendance extérieure d'une nécessité intérieure, et, comme loi coercitive
pour les capitalistes, les contraint à la recherche effrénée du profit, sous peine de sanction du
marché. Les dominants sont alors dominés par leur propre domination ?
La concurrence entre les capitalistes
La concurrence est donc une course à la maximisation du taux de profit, que l'on peut formaliser
comme division du profit sur le capital engagé, ce qui créé l'illusion que le capital engendre le
capital (à la place du travail).
L'égalisation des taux de profit : a lieu entre les branches, où travail et capital se transfèrent des
moins productives aux plus productives, augmentant l'offre de la branche, diminuant ses prix et
donc la rentabilité. Les prix gravitent ainsi autour des couts de production.
Vers la crise finale
Des crises cycliques : le capitalisme est empreint de cycles de surproduction, krach, et dépressions,
inévitables en partie à cause de la tendance à la sous-consommation des salariés, due aux salaires
toujours tirés vers le bas, et la surproduction de marchandises. Mais la sous-consommation est
inhérente au capitalisme, car formatrice du profit. Ainsi, les crises ne sont pas conjoncturelles,
mais structurelles. Si dans une économie de troc les marchandises s'échangent contre des
marchandises, dans une économie monétaire l'argent est sépare la vente de l'achat, par
thésaurisation. Cette latence permet une surproduction globale même en cas de débouchés
existantes. De plus comme le capitalisme n'a pas pour vocation de combler des besoins sociaux, il
peut exister des débouchés et y avoir surproduction, car l'on préfère parfois détruire ses
marchandises plutôt que de le vendre. Cependant, cela amènerait à une baisse de salaire, menant
à la sous-consommation... Ceci ne fournit pas une explication aux crises.
La suraccumulation du capital : la loi de l'accumulation du capital : lorsque que la demande de
force de travail augmente, les salaires également, les profits baissent alors, et le travail vivant vient
à être sous représenté. Les travailleurs au chômage forment alors une armée de réserve qui tire les
salaires à la baisse. La cause des crises est la suraccumulation de capital par rapport aux
possibilités de rémunération au profit exigé, en clair une impasse à l'extension de la plus-value.
Cette suraccumulation d'argent, de capital productif et de marchandises est due aux grappes
d'innovation, à la spéculation excessive, et au manque de liquidité qui entrainent une spirale
déflationniste. La solution est alors de dévaloriser le capital, pour baisser salaires et prix. Les crises
sont alors nécessaires pour relancer et restructurer l'appareil de production, en plus de constituer
une armée de réserve (travailleurs aux chômages, qui augmentent l'offre de travail, donc
diminuent les salaires).
La baisse tendancielle du taux de profit: le capitalisme doit, pour assurer sa pérennité dépasser ses
contradictions, plusieurs facteurs peuvent contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit : la
hausse du taux d'exploitation ; la dépréciation du capital constant ; la hausse de la vitesse de
rotation du capital pour augmenter le taux de profit par unité de temps ; l'apparition des branches
à faible composition en travail vivant ; la hausse du commerce extérieur avec des marchés réservés
pour plus de débouchés ; et les crises pour leur rôle fonctionnel.
Des crises, mais la Crise ? : Les crises sont l'expression des contradictions du capitalisme, mais
également la condition pour qu'il les surpasse. La dernière crise, doit attendre la socialisation des
forces productives, via le manageriat, pour que le capitaliste soit lui-même exclu du processus de
production. La contradiction entre la montée des forces productives, et l'incapacité à satisfaire des
besoins sociaux, la montée des inégalités, la centralisation du capital pour préparer à sa
collectivisation, et le progrès technique pour permettre plus de productivité et donc de temps
libre. Cependant, le passage au communisme nécessite un purgatoire, la dictature du prolétariat.

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