From local forests to the global forest, new forest identities, new
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From local forests to the global forest, new forest identities, new
From local forests to the global forest, new forest identities, new forest patrimonies (Resilience and involution of local forest systems in the globalization era) Author: Geneviève Michon, IRD, UR 199 and the POPULAR group This paper is proposed as a keynote presentation on local, domestic, small-scale, rural forests (forests managed by smallholder farmers and forest communities on a daily basis, independently of any kind of development or community forestry project), based on examples from tropical regions (Indonesia, India, Laos, Africa), semi-arid areas (Marocco) and France as representative of Mediterranean and continental European countries (Toulouse, Pyrénées, Cévennes, Corsica). It will be divided in three parts: - One on the concept of “domestication”, addressing the questions “why and how these forests differ from forests managed by professional bodies?” “Can they be called “domestic forests?” - One on the policy context to which these local forests are confronted, starting from conventional forest and land tenure policies, which commonly do not fully accommodate the real issues faced by rural individuals or forest communities in managing their forests, to recent policies sustained by a growing concern for a “more sustainable” development, which displace the former influence of sectoral forest norms and policies and seem to offer a better context for an alternative local forest development through -for example, the valorisation of local forest products and services, the development of new marketing strategies for these products and services (green or fair trade, geographical indications, ecotourism…), the protection of local forest cultures as part of the world biodiversity-. The question addressed here “Do these new values and policies related to sustainable development offer new opportunities for the integration of local forest communities’ perspectives into global forest management and development?” - One on a potentially promising development dynamics targeting these forests, concerning the notion of “heritage”, which we will call “patrimony”. Local forests developed from local knowledge and practice systems are an essential support of local territories, heritage and identities. Valorisation of this “heritage” quality of local forests offers alternative development opportunities through either commercialization of specific “traditional” and geographically grounded forest products (argan oil, chestnut flour, pork meat, marketed through alternative channels like green or fair trade, geographical indications), or offers for alternative tourism (ecotourism, rural tourism, fair tourism). But forests in general, and some forests in particular –the tropical rainforest, the Moroccan argan forest-, are also claimed by other stakeholders as part of broader national or international heritage, which creates other types of dynamics (valorisation by States or international NGOs, conservation). The questions addressed: “how do local forests interact with these broader heritage issues?” “Are the burgeoning “patrimonies” at all scales connected to the real dynamics of the forests?” “How do these forces play in the transmission of trees, lands, knowledge and practices?” Vers la fin du 20e siècle, la montée en puissance de la question environnementale et la globalisation des échanges ont profondément changé la donne de l’enjeu forestier. Un peu partout dans le monde, on assiste à la fois à une dynamique rapide des surfaces forestières et à un redéploiement des patrimoines forestiers : en disparaissant, la forêt tropicale devient « patrimoine de l’humanité » mais échappe aux populations qui l’utilisent et la gèrent au jour le jour ; patrimoine des lignages berbères depuis toujours, l’arganeraie devient aujourd’hui un patrimoine emblématique du Maroc alors que l’arganier lui-même, présenté comme un véritable « fossile vivant », est rattaché au patrimoine végétal de l’humanité ; les frênes pyrénéens s’échappent des patrimoines des « maisons » pour coloniser anarchiquement les pâturages abandonnés, n’étant plus alors le patrimoine de personne ; alors même qu’elle est aujourd’hui dans un état critique, la châtaigneraie est devenue un élément patrimonial indissociable de la réalité contemporaine cévenole ou Corse. Ces nouvelles patrimonialisations (ou dé-patrimonialisations) interviennent souvent dans le cadre de la montée en puissance des questions d’environnement et de développement durable. Elles opèrent à plusieurs niveaux (familial, régional ou communautaire, national, international), parfois de façon conjointe et potentiellement antagoniste. Elles provoquent des changements rapides du sens et du niveau de « définition » du patrimoine (qui définit, comment, pour qui, pour quoi?). Elles entrainent aussi des déséquilibres, en particulier entre la signification des anciennes identités patrimoniales et les enjeux des nouvelles mises en patrimoine. Au cours de ces changements, comment s’opèrent ou se réorganisent les transmissions ? Quels sont les effets, déjà observables ou attendus, sur les systèmes forestiers ? Quelle est la durabilité et la reproductibilité de ces « nouveaux patrimoines » ? Notre analyse s’appuie sur la confrontation de plusieurs exemples de forêt « domestique » au Sud (Indonésie, Maroc, Inde, Cameroun) et en France. Nous abordons les points suivants : le sens, la justification et les modalités de ces nouvelles mises en patrimoine comment ces mouvements influent sur les transmissions matérielles (structures foncières et arborées, infrastructures et produits de la forêt) comment les transmissions immatérielles (corpus de savoirs et savoir-faire) changent – ou non- la nature même de ce qui est mis en patrimoine. Nous nous intéressons aussi au pouvoir de dissociation de ces mouvements de patrimonialisation : les « nouvelles identités patrimoniales » de la forêt restent-elles associés à l’existant ou participent-elles à la dissociation entre patrimoine et réalité? Au niveau de l’écosystème (frêne, châtaigneraie, forêt tropicale, arganeraie) Au niveau des usages (élevage dans l’arganeraie, dans la châtaigneraie ; multi-usage) Au niveau des pratiques et des savoirs (arganeraie, frêne) Entre usagers et détenteurs du patrimoine (forêts communautaires: Inde, Cameroun ; petite forêt paysanne en France