Gazette 2 - Festival Univerciné Britannique
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Gazette 2 - Festival Univerciné Britannique
UNIVERCINE BRITANNIQUE GAZETTE DU FESTIVAL #2 FOCUS: THE SPIRIT OF '45 The Spirit of '45 est l'avant-dernière production d'un réalisateur, producteur et scénariste qui n'est plus à présenter: Ken Loach. Avec une trentaine de films à son actif, en plus de nombreuses séries, le cinéaste britannique mène une longue et brillante carrière cinématographique débutée il y a plus de 45 ans. Présenté en avant-première lors de la 63ème édition du Festival du Film de Berlin, dans la section "Berlinale Special", ce film documentaire traite de l'émergence d'un nouveau socialisme en Grande Bretagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ce long métrage est, en quelque sorte, un hommage à la naissance de l'Etat-providence (Welfare State) et interroge sur la façon dont il a pu être mis en place, dans un pays alors ruiné. Ce film décrit ainsi la nette amélioration du niveau de vie des Anglais au cours des années 1950-1960, suite à l'élection d'un gouvernement travailliste en 1945. Ces progrès ont été permis, entre autres, par la création d'un réseau de services publics gratuits (National Health Service, Education). Les conditions de vie des Britanniques, jusque-là bien meilleures qu'auparavant, vont à nouveau connaitre un bouleversement, aux conséquences néfastes pour elles cette fois, en raison de la politique que va mener Margaret Thatcher à partir des années 1980. L'"Esprit de 45" désigne ici le mouvement de solidarité nationale qui va naitre à la fin de la Seconde guerre mondiale au sein de cette nation. Le souvenir de l'entre-deux guerres reste en effet très présent à cette époque dans l'esprit des britanniques et la crainte de revivre ce qu'ils ont subi durant cette période va les amener à développer un certain esprit collectiviste. Le documentaire débute pendant les dernières années de guerre et utilise un certain nombre de documents d'archives régionales et nationales. Ces séquences d'époque sont entrecoupées de témoignages contemporains la plupart en noir et blanc - de personnes, des travailleurs pour la plupart, qui ont connu cette période marquante de l'histoire de la Grande Bretagne. A voir dimanche 15 décembre à 18h ! Retrouvez-nous sur univercine-nantes.org Claire Ferotin THE FISH & CHIPS : RETOUR AUX FONDEMENTS Un synopsis succinct nous ferait croire à un film sur une banale entreprise de Fish & Chips. Il ne paie certes pas de mine notre Papadopoulos & Sons, et pourtant… Si son résultat peut tenir à ça : « Ruiné par la crise, Harry Papadopoulos, un ancien millionnaire, renoue avec son frère pour reprendre le "fish and chips" familial », sa véritable nature se cache dans une envie de surprendre, de rire et de montrer au spectateur l’art des liens et de l’envie. Le réalisateur Marcus Markou entraîne le spectateur dans l’aventure d’Harry Papadopoulos, un entrepreneur et père de famille assez porté sur la réussite, qui se fait embarquer par son frère dans la reprise de l’affaire familiale. Et toute la famille et les amis veulent (plus ou moins) aider. Un monde de bricoleur et de bonne volonté pas toujours nécessaire que l’ex grand patron ne connaît que trop, qu’il a toujours cherché à fuir et dans lequel il se sent quelque peu éloigné. Sur fond de crise financière et de clivages sociaux, le réalisateur entreprend avec beaucoup d’humour, en déstructurant les clichés, de montrer l’envers du décor de la crise : la famille, les relations du monde professionnel, de l’entreprise, les responsabilités, la joie, les espoirs de chacun. Un humour décalé qui trouve un écho dans le jeu d’acteur des deux frères que tout semble opposer : Harry, joué par Stephen Dillane (The Hours, Goal!, la série Game of Thrones) et Spiros, joué par l’acteur franco-grec Georges Corraface (Jamais sans ma fille, Stand-By, Disparitions, Retour aux sources, La Bicyclette Bleue). Ayant fui très jeunes les affrontements entre grecs et turcs à Chypre, les deux frères au lourd passé se sont éloignés et se complètent cependant très habilement. La mise en scène les rend à la fois humains, sensibles et cependant très réalistes, parfois durs. Des clins d’œil à différents mondes apparaissent : les jeunes générations, la finance et les banques, les layers (avocats à la sauce angloaméricaine, Ndlr), les gays, la mode, le tout Londres, le pauvre Londres, les anciennes amitiés, les nouveaux amours, les pertes et le renouveau… des sphères que l’on ne rencontre pas souvent toutes ensembles et qui cohabitent cependant au quotidien, sans que l’on s’en aperçoive. La mise en scène a l’avantage de se débarrasser du trop attendu, de dépasser les choses cent fois vues. Moderne, intelligent et léger sans être superficiel, ce film est une comédie (grinçante mais pleine d’espoir) réussie, même dans son aspect moralisateur. Ce film a également un effet révélateur sur l’aspect multiculturel du Royaume-Uni : la consonance grecque du nom de famille des personnages n’est pas anodine et les oppositions entre ceux qui réussissent et les autres se font sentir à travers les origines. Et nous découvrons en plus qu’il peut faire (très) beau au Royaume-Uni, pendant plus de quelques heures. Georges Corraface, présent samedi soir lors de la diffusion, nous a même précisé que la pluie traditionnelle anglaise n’avait pointé le bout de son nez sur le lieu du tournage, et ce pendant toute la durée du tournage ! Comme quoi, tout espoir n’est réellement pas perdu ! Ayant obtenu un succès certain au RoyaumeUni, ce film est à déguster pendant le festival Univerciné britannique. Bonne séance ! Manon Rousselle Prochaine séance de Papdopoulos & Sons : lundi 16 décembre à 18h RENCONTRE AVEC SAM HOARE ET OLIVER ROSKILL Echange entre le public et le réalisateur Sam Hoare ainsi que le producteur Oliver Roskill, à l'occasion de la projection de leur film «Having You» sorti en 2013 et proposé dans la catégorie des films en compétition du festival : D'où vient l'idée du film ? Ce film porte avant tout sur ce que c’est que grandir, prendre ses responsabilités de parents, et voir à quel point nous pouvons changer. J'ai moi-même eu du mal à grandir quand ma copine est tombée enceinte. Est-ce que cela a été simple de travailler avec le jeune acteur incarnant Phoenix ? Oui, c'est un acteur fantastique mais qui passait son temps à regarder droit vers la caméra ! Mais quand il ne le faisait pas, il était vraiment génial. On a dû également lui apprendre à utiliser un accent venant du nord de l'Angleterre, afin de coller avec celui de l'actrice incarnant sa mère. Cet acteur est d'ailleurs devenu une grande star à Hollywood, mais il ne doit pas oublier que c'est nous qui l'avons trouvé ! [Rire] Est-ce que la sincérité dans un couple est quelque chose d'important pour vous ? Oui, beaucoup. Je pense que ce qui est important pour Jack c'est qu'il est dans une situation dans laquelle il pourrait blesser sa fiancée s'il ne lui dit pas la vérité. La sincérité dépend vraiment des personnes, et Jack fait partie de celles qui n'y arrivent pas. Il aurait été facile de tomber dans le genre mélodrame, comment avez-vous fait pour éviter ce piège ? Je pense que c'est plutôt en rapport avec les acteurs. Beaucoup aiment pleurer, cela rajoute quelque chose de fort parfois, mais moi j'ai préféré qu'ils évitent de tomber dans ce piège. Et en plus, le mélodrame ne rapporte pas ! Quel était votre budget pour le film ? Devinez ! Si vous deviez convertir en euros ? 5 millions ? Cela aurait été l'idéal de posséder un tel budget ! En réalité celui-ci était de 400 000 euros. J'ai même dû couper la scène du dragon! [Rires] En réalité nous avons eu beaucoup d'aides de la part de beaucoup de personnes. Comme nous avions un film à petit budget à réaliser, la difficulté résidait dans le fait d'avoir les trois principaux acteurs en même temps sur le plateau étant donné que ceuxci sont connus et assez sollicités. Cela a nécessité une réorganisation des plannings, ce fut assez difficile. Combien de temps avez-vous mis pour tout filmer ? Cela nous a pris environ vingt-quatre jours pour le tournage et en tout six mois avec le montage et l’adaptation du script. Tout a été très vite ; nous avions le script en novembre, nous avons ensuite évalué les coûts puis tout était terminé fin mai. C'est l'avantage des films à petits budgets. Et sachez que le film sera retransmis sur BBC en août ! Propos recueillis par Sarah Lassoued Bénévole au festival de cinéma britannique