Gargantua, Rabelais

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Gargantua, Rabelais
Gargantua, Rabelais
Introduction : Nous avons à faire ici à un extrait de Gargantua de Rabelais (1534). Il se situe
après de nombreux chapitres consacrés à la guerre. Les chapitres consacrés à l’abbaye sont
situés à la fin et créer un contraste en constituant un conte de fée par leurs caractères
utopiques. Cet extrait évoque les modes de vie des thélémites dans une abbaye qui fonctionne
à l’inverse des abbayes traditionnelles.
Axe I : Il s’agit d’un mode de vie idéal.
Le lieu rend cet univers merveilleux et utopique. C’est un lieu gigantesque et somptueux,
comparable et même supérieur aux plus grands châteaux, notamment ceux de la Loire. Le titre
est paradoxal : la règle est de ne pas avoir de règles et l’absence de contraintes se situent déjà
dans le nom, mais aussi dans la clause « Fais ce que tu voudras ».
Il y a la présence d’un champ lexical de la liberté très développé et des contraintes annulées
par la négation. Ce champ lexical est mis en opposition avec celui de la contrainte.
C’est un monde qui obéit à la nature et non à des règles ou à des lois. Il y a aussi une liberté
liée au temps : celui-ci est d’habitude divisé à différentes taches, ici ils font ce qu’ils veulent
quand ils veulent. (Hors texte : il n’y a pas d’horloges dans l’abbaye). Il n’y pas de contraintes
non plus liées à l’espace. C’est normalement clos, mais ici il n’y a pas de murs et les
pensionnaires se déplacent comme ils le souhaitent : ils pratiquent les activités qu’ils veulent
et peuvent sortir de l’abbaye alors que dans les abbayes classiques, ils restent jusqu’à la fin de
leurs vies.
Il y a également une absence de contraintes liées aux activités : les activités quotidiennes sont
surtout ludiques (chasse, jeux, …), intellectuelle (musique, lire, composer, …) et amoureuse
(chaque dame a son chevalier). Les relations entre hommes et femmes ne sont pas proscrits à
l’inverse des abbayes classiques. Ce ne sont que des activités épanouissantes.
Les habitants des lieux sont des êtres parfaits (beaux, jeunes, bien nés, éducation complète de
type humaniste, honnêtes, courageux, …).
Enfin, c’est un univers qui baigne dans le bonheur, un univers où règne l’harmonie parfaite et
aucune dissension n’est mentionnée.
Le dernier paragraphe est culminé par le lyrisme, comme l’avant dernier, et évoque les
mariages et les couples heureux jusqu’à la fin de leurs vies : un bonheur conjugal intact qui
est dû à la vie qu’ils ont passé à l’abbaye.
On a tous les ingrédients d’un univers utopique, d’un conte de fées.
Axe II : Un univers élitiste.
Mais, c’est un univers élitiste : il y a d’abord une sélection à l’entré, ce qui est étonnant dans
une abbaye. Par ailleurs, les dévots sont refusés. Il y a une sélection en fonction de l’âge, du
physique, des connaissances, et de leurs naissances (que des nobles) ; ce qui est contraire à
tous les principes chrétiens, le seul critère étant la foi.
C’est un passage très difficile et très ambigu (l. 7 à 12) : les gens sont dirigés vers la vertu,
l’honneur quand ils sont libres alors que les règles poussent à les outre passer. Cela suppose,
d’après Rabelais, que ceux qui se dirigent vers la vertu sont ceux qui sont bien nés et bien
éduqués.
On peut émettre une réserve : est ce ca la liberté que de faire ce que les autres font ?
Cet univers est fortement marqué par l’héritage médiéval (ex : type de chasse) ou dont la
façon dont l’amour se pratique
Axe III : Le message de Rabelais.
On peut se demander si Rabelais n’a pas perdu le contact avec la réalité. L’humanisme étant
un idéal, c’est un rêve qu’il nous propose.
C’est un texte qui est très lyrique (ex : le passage où il évoque d’abord les hommes puis les
femmes).
L’auteur veut bien faire passer un message humaniste ; mais derrière toute utopie, il y a une
critique de la société tel qu’elle est et surtout la satyre du clergé tel qu’ils vivent à son époque,
et surtout le clergé régulier.
Cette abbaye est une anti abbaye. Toutes les fonctions sont contraires aux abbayes
traditionnelles : absence de règles et surtout absence des fameux vœux que les religieux
doivent respecter : chasteté (le lieu est mixte et les hommes et les femmes ont des rapports et
se marient), pauvreté (on n’a pas l’impression de pauvreté et ils vivent dans un véritable
palais, dans le luxe) et l’obéissance (ils n’obéissent pas à des règles, sauf aux leurs et absence
de contraintes).
Mais, il faut replacer cela dans le contexte de contestation de l’église et en particulier le
mouvement évangéliste dont fait parti Rabelais.
Ici, il n’y a pas de rites, de prêtres de cérémonies, de messes. Ils s’adressent directement à
Dieu.
Les institutions religieuses ont toujours condamné les œuvres de Rabelais car elles avaient vu
le danger que celles-ci représentent.
Il faut prendre ce texte comme un rêve et ne pas le lire au premier degré.
Conclusion :
C’est un texte qui possède les caractéristiques d’une utopie dans la mesure où il évoque une
abbaye idéal. C’est un texte qui nous plonge dans un rêve, un texte caractéristique de
l’humanisme.
C’est un texte où Rabelais ne cherche pas seulement à divertir mais aussi permettre au lecteur
d’accéder à une réflexion, à un message. Atteindre ce que Rabelais appel la « substantive
moelle ».