Schneider aura intégré Areva Distribution au
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Schneider aura intégré Areva Distribution au
Page 1 of 2 Les Echos N°20693 du 08 Juin 2010 Page n° 27 INTERVIEW - JEAN-PASCAL TRICOIRE PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE DE SCHNEIDER ELECTRIC « Schneider aura intégré Areva Distribution au début 2011 » Schneider et Alstom ont annoncé hier la finalisation de leur acquisition de T&D, la filiale de transmission et de distribution du groupe nucléaire. L'opération, annoncée en novembre 2009 pour un prix valorisant la société à 4,1milliards d'euros, va permettre à Schneider de se hisser au premier rang mondial de la moyenne tension, au coude à coude avec ABB. De son coté, Alstom va renouer avec son ancien métier, le transport d'électricité à haute tension, qu'il avait dû céder à Areva pour faire accepter par la Commission européenne son sauvetage de la faillite, en 2004. Schneider et Alstom ont annoncé hier la finalisation de leur acquisition de T&D, la filiale de transmission et de distribution d'électricité d'Areva. L'opération, annoncée fin 2009 pour un prix valorisant la société à 4,1 milliards d'euros, va permettre à Schneider de se hisser au premier rang mondial de la moyenne tension, au coude-à-coude avec ABB. De son côté, Alstom va renouer avec son ancien métier, le transport d'électricité à haute tension, qu'il avait dû céder à Areva pour faire accepter par Bruxelles son sauvetage de la faillite, en 2004. Vous venez de finaliser l'acquisition d'Areva T&D. Que représente cette étape ? Les feux verts des autorités de la concurrence européenne et chinoise n'ont pas posé de problème et nous sommes parfaitement dans les clous en termes de calendrier. L'accord prévoit les transferts des activités transmission, qui représente deux tiers du total, à Alstom, et distribution, c'est-à-dire le reste, à Schneider. Notre intention est d'intégrer les collaborateurs et les activités de distribution d'Areva et celles de Schneider au début de l'an prochain. En fusionnant les équipes, nous allons créer un pôle énergie de près de 20.000 salariés et d'environ 4,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont quasiment la moitié dans les pays émergents. Ce sera le numéro un mondial de la moyenne tension. Cette acquisition va faire de nous un leader mondial du « smart grid »... Les fameux « réseaux intelligents »... Qu'est-ce que c'est au juste ? C'est une triple mutation du paysage énergétique. Premièrement, le développement des énergies renouvelables fait que la génération d'énergie qui était jusqu'ici centralisée va devenir de plus en plus dispersée et volatile. Une éolienne, par exemple, ne fonctionne que de 20 % à 30 % du temps. Deuxièmement, les bâtiments vont devenir plus intelligents et adaptés à leurs utilisateurs. Troisièmement, le véhicule électrique constituera la première consommation électrique massivement mobile de l'histoire de l'électricité. On chargera le soir à la maison et au bureau dans la journée. Quand la voiture ne roulera pas, sa batterie pourra être utilisée à d'autres fonctions en apportant de la puissance au réseau et en réduisant les pointes si nécessaire. Ce qui était fixé, centralisé devient variable, ouvert, et toutes ces variations doivent être coordonnées par un réseau de distribution intelligent et flexible. Mais il s'agit d'une vision à très long terme ? Non, je vous parle de choses concrètes. L'efficacité énergétique, les renouvelables, la voiture électrique, c'est immédiat. Par exemple, en appliquant nos solutions sur le bâtiment de notre siège, nous avons divisé par quatre sa consommation d'énergie. Aujourd'hui, nous sommes présents chez les clients résidentiels à travers leur tableau électrique. Demain, ce tableau intégrera potentiellement une connexion à des panneaux solaires et à un système de voiture électrique. Via un compteur intelligent, il communiquera votre consommation en temps réel et recevra du fournisseur d'énergie des informations sur la qualité de l'électricité. Si vous savez qu'aux heures de pointe cette électricité est plus chère et plus carbonée, vous consommerez moins et réduirez votre facture. Pour tout cela, il faut un réseau communicant et flexible. C'est précisément là que l'acquisition d'Areva Distribution nous renforce. Comment allez-vous financer cette acquisition ? Nos capacités de financement nous permettent de faire très largement cette opération. Nous n'avons pas besoin d'augmentation de capital. Par ailleurs, nous tablons sur des synergies de 120 millions d'euros par an. Cela va-t-il entraîner des restructurations ? Nous avons pris des engagements sociaux forts en ce domaine. Ils n'ont pas changé. On parle de reprise économique. Qu'en est-il pour vous ? Nous avons annoncé en début d'année un objectif de croissance organique de notre chiffre d'affaires modérée à un chiffre pour 2010 et il n'y a pas de raison de le modifier. Cela représente une nette progression puisque, l'an dernier, nos ventes ont reculé de 16 % sur une base organique, mais nous avons su nous adapter en réduisant nos coûts. Nous vivons dans un monde à deux vitesses, avec une forte traction des pays émergents, qui représentent 34 % de notre chiffre d'affaires, et des pays « mûrs », dans lesquels nos nouvelles activités comme l'efficacité énergétique ou les énergies renouvelables progressent bien. De plus, nos ventes à l'industrie et aux applications informatiques, comme les http://www.lesechos.fr/imprimer.php?chemin=/archives/2010/LesEchos/20693-122-E... 26/09/2011 Page 2 of 2 centres de données, ont redémarré au niveau mondial. Profitez-vous de la faiblesse de l'euro ? Le taux de change est indifférent sur notre équilibre économique dans le sens où nous avons beaucoup relocalisé nos sites de production près des clients. Mais, mécaniquement, la baisse de l'euro a un effet positif lorsque nous consolidons nos résultats. Lorsque l'euro perd 1 % par rapport au dollar, notre gain est d'environ 8 millions d'euros. D'un point de vue plus général, la baisse de la monnaie unique est une très bonne chose pour l'Europe, car le niveau de l'euro était trop élevé. Souffrez-vous de la crise grecque ou des incertitudes sur d'autres pays ? Pas directement, car la Grèce n'est pas un gros marché pour nous. Cela étant dit, la Grèce a agi comme un second « wake up call » après le choc de la crise financière de 2008. Elle rappelle qu'il va falloir faire preuve de rigueur, même si je préfère parler de bon sens économique, dans les affaires et les finances publiques. Par ailleurs, cette crise force les pays européens à agir ensemble et à mieux intégrer leurs politiques. C'est absolument nécessaire et positif. PROPOS RECUEILLIS PAR THIBAUT MADELIN Tous droits réservés - Les Echos 2011 http://www.lesechos.fr/imprimer.php?chemin=/archives/2010/LesEchos/20693-122-E... 26/09/2011