Rudy BESSARD Université de Pau Thématique B

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Rudy BESSARD Université de Pau Thématique B
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Enseignants, Chercheurs, Experts sur l’Asie et le Pacifique
Scholars, Professors and Experts on Asia and the Pacific
MONDIALISATION ET MUTATIONS POLITIQUES DANS LE PACIFIQUE INSULAIRE.
LES TRANSFORMATIONS DU POLITIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
Rudy BESSARD
Université de Pau
Thématique B : Nouveaux paradigmes de la mondialisation
Theme B : New Globalisation Paradigms
Atelier 05 : Repenser le Pacifique - Espace, gouvernance et mondialisation en
Océanie
Workshop 05 : Rethinking the Pacific, space, governance and globalisation in
Oceania
4ème Congrès du Réseau Asie & Pacifique
4th Congress of the Asia & Pacific Network
14-16 sept. 2011, Paris, France
École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville
Centre de conférences du Ministère des Affaires étrangères et européennes
© 2011 – Rudy BESSARD
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MONDIALISATION ET MUTATIONS POLITIQUES DANS LE PACIFIQUE INSULAIRE.
LES TRANSFORMATIONS DU POLITIQUE EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
Rudy BESSARD
Université de Pau
Les mutations des écosystèmes politiques humains et naturels à l’échelle planétaire
produisent des phénomènes sociaux, économiques et politiques dans le cadre d’une
mondialisation accélérée. La mondialisation décrit une dynamique contemporaine globale
marquée par un renforcement des interdépendances, un désenclavement des Etats et des
espaces régionaux, ainsi que par une uniformisation des pratiques et des modèles
sociopolitiques. Dominés par les grandes puissances économiques (Etats, multinationales,
crime organisé), les flux du processus de mondialisation traversent l’espace-monde jusqu’aux
archipels du Pacifique Sud. Il ne s’agit donc pas d’être pour ou contre la mondialisation, car il
faut « distinguer une possible idéologie de ses bienfaits ou de son règne et, d’autre part, la
réalité d’une planétarisation des communications, des échanges de flux financiers, qui
constituent des réalités non seulement économiques mais sociétales, qu’on les juge positives
ou négatives »1. Si le poids démographique et économique océanien s’avère marginal dans
l’ensemble des flux mondialisés, la résonance des externalités sociopolitiques et
environnementales de la mondialisation en Océanie implique par conséquent de repenser le
politique afin de « repenser le Pacifique ».
La gouvernance contre les mutations du politique
« Il y a des choses qui ne se donnent pas disait Maurice Godelier, certes mais
aujourd’hui tout s’achète pour qui sait et peut y mettre le prix : hommes, femmes, enfants,
sang et organes. Le politique s’efforce de dresser des garde-fous, mais la mondialisation
signifie la fin du politique et la frontière entre le permis et l’interdit tend à s’estomper » 2.
Le professeur D-L. Seiler définit le politique par la non-réciprocité, « ce qui ne se
donne ni ne s’échange »3. Appliquée à l’espace sociopolitique océanien, dont la biodiversité
des écosystèmes de pouvoir diffère d’une île ou d’un archipel à l’autre, l’analyse du politique
se révèle passionnante. Mais le politique ne peut être enfermé dans un carcan culturaliste,
parce que la pratique et les représentations politiques des peuples océaniens démontrent que
les cultures politiques ne peuvent être réifiées dans une conception fixiste, qui les rendrait
prisonniers de leur propre culture dans un monde en perpétuel mouvement4, et qui ne facilite
pas l’approche comparative. En outre, la mondialisation du politique entraine l’hybridation
voire l’uniformisation de régimes politiques avatars de la démocratie représentative, oscillant
entre démocratie et autoritarisme5. Pourtant, l’analyse du politique dans le Pacifique insulaire
1
Droit R.-P., Le Monde, 18 novembre 2010.
Seiler D-L., « L’échange, le politique et le marché : réflexions maritimes », Revue Internationale de
Politique Comparée vol. 13 n° 4, 2006, p. 613.
3
Seiler D-L., op cit., pp. 589-616.
4
Voir le documentaire d’Eric Wittersheim, Grassroots : ceux qui votent, 2003.
5
Dabène O. et alii (dir.), Autoritarismes démocratiques et démocraties autoritaires au XXIe siècle.
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Mondialisation et mutations politiques dans le Pacifique insulaire. Les transformations
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présente une contradiction, entre d’une part, une conception particulariste du politique, et
d’autre part, l’hybridation institutionnelle, induite en partie par l’idéologie de la gouvernance :
« Sous les oripeaux de la démarche scientifique, elle substitue une conception
technicienne du pouvoir au détriment des acteurs et des règles de la démocratie
représentative. Nouvelle idéologie d’autant plus prégnante qu’elle est inavouée, elle voile la
mutation d’une société intrinsèquement régentée par des rapports marchands »6.
En effet, cette approche normative constitue un « processus de dépolitisation à rebours
des exigences démocratiques. Tout problème politique s’y réduit à un problème technique »7.
Notamment pertinent dans l’analyse multi-niveaux des politiques publiques, le concept de
gouvernance se révèle d’un apport scientifique discutable, à moins d’adopter l’approche
explicitement téléologique de la « bonne gouvernance ». La gouvernance représente alors le
corollaire, si ce n’est le vecteur, du déclin du politique, qui implique nécessairement le déclin
démocratique, « car la démocratie est politique ou n’est pas »8.
Une grille de lecture heuristique des mutations du politique dans le Pacifique nécessite
la prise en compte de facteurs multiples relatifs aux métamorphoses de la « Terre-patrie » (E.
Morin9 ). La guerre économique, la dépossession progressive des ressources naturelles, les
contrôles et l’encadrement technologique à connotation autoritaire, dérivent d’une idéologie
économétrique et uniformisante, qui préside à la dérégulation économique et à la privatisation
du vivant. Les logiques de réseau (communauté) et du calcul prennent le pas sur les logiques
de l’altérité (société) et du langage10. Autrement dit, les techniques éliminent la substance
démocratique (J. Ellul). Dès lors, la confrontation des processus sociopolitiques endogènes
(« dynamiques du dedans ») et des processus exogènes (« dynamiques du dehors ») parait
mieux à même de révéler les mutations du politique dans le Pacifique au XXIème siècle. Elles
sont alimentées par trois facteurs mondialisés, qui cernent les enjeux politiques principaux des
transformations économiques, techniques et environnementales.
Les élites politiques et l’oubli de la mondialisation en Polynésie française
La dépendance en ressources énergétiques, économiques 11 et militaires expose la
fragilité et l’incertitude des entités politiques du Pacifique insulaire dans la mondialisation.
Ainsi, le poids croissant des facteurs géo/techno et bio/politique12 dans la mondialisation ne
Convergences Nord-Sud, Paris, La Découverte, 2008, 329 p.
6
Bourmaud D., « La gouvernance : concept mou, idéologie dure », 2006, in Milacic S. (dir.), La
démocratie représentative devant un défi historique, Bruxelles, Bruyants, 2006, p. 78.
7
Op. cit., p. 88.
8
Milacic S., op. cit., p. 1.
9
Morin E., Vers l’abîme, L’Herne, 2007, 181 p. ; et Morin E., Gonod P. F., Paskua, Manifeste pour la
Métamorphose du Monde. L’appel de Bora Bora, Espace contemporain des Arts du Pacifique, 2009, 8 p.
10
Voir les travaux du sociologue D. Wolton sur la communication.
11
Lire l’article d’A. Duranthon, in Faberon J-Y., Fayaud V., Regnault J-M. (dir.), Destins des collectivités
politiques d’Océanie, à paraître.
12
La biopolitique à la régulation du biologique par le politique. Elle peut aussi être analysée comme un
art de gouverner le biologique, un mode de gouvernementalité du biopouvoir. Mais l’introduction de la
biopolitique, définie en tant que facteur comparatif d’analyse des mutations du politique, met en évidence la
façon dont le pouvoir politique agit sur le champ du vivant (corps des individus, milieu naturel). La valeur
ajoutée scientifique du concept de biopolitique pour les sciences humaines et sociales s’avère à géométrie
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semble pas toujours perçu à sa juste mesure par la gouvernementalité des élites du champ
politique polynésien13. Dès lors, l’équilibre de la Polynésie française dans la mondialisation
nécessite une clarification du rapport à soi et à la France : « la France, est-ce que c’est un Hau
Metua, un pouvoir maternel ? Ou est-ce que c’est le Hau farani, le pouvoir français ; le côté
Hau Metua, ça veut dire que les tahitiens sont les enfants de la France »14. Le vote en août
2011 d’une délibération par l’Assemblée de Polynésie française, en faveur de la réinscription
de la Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser à l’ONU, a été orchestré par les
leaders indépendantistes. Le respect des règles de la démocratie parlementaire15 a été remis en
cause par leurs adversaires 16 , qui contestent la légitimité et la représentativité d’une telle
requête, alors que la majorité du corps électoral et du peuple polynésien ne s’est jamais
prononcée sur le sujet17.
Mais le messianisme religieux18 du radicalisme souverainiste polynésien est focalisé sur
le prisme symbolique identitaire19. Or, « Empêcher le choc des civilisations, aujourd’hui, cela
signifie admettre partout la présence de l’autre dans l’identité (…), de desserrer l’étau des
exclusivismes identitaires. Et de se souvenir qu’un seul individu peut posséder des identités
multiples, et toutes contextualisées »20.
La conception d’un nouveau projet de société polynésien ne peut écarter les multiples
facteurs qui transforment le politique jusqu’en Polynésie française.
Les facteurs mondialisés des mutations politiques
L’économie polynésienne repose de façon conséquente sur le protectionnisme et les
transferts financiers de métropole21. Dès lors, qu’est-ce qu’une indépendance insulaire dans
l’interdépendance planétaire ? La micropolitique polynésienne n’endigue pas les macro-flux
mondiaux. Si le postulat des handicaps structurels des territoires océaniens semble
communément partagé par les analystes, il parait davantage oublié par la majorité des leaders
politiques de ces territoires, bien qu’O. Temaru a pu concevoir une indépendance appuyée par
de nouvelles mannes économiques22. Face à la complexité des enjeux de la mondialisation, les
variable, mais elle réside notamment dans le croisement de recherches et de données scientifiques
transdisciplinaires, afin de décortiquer la réalité des évolutions humaines et naturelles.
13
Bessard R., « La démocratie en Polynésie française : pratiques et représentations politiques », in
Faberon J-Y., op.cit.
14
B. Saura. Entretien avec l’auteur, février 2010.
15
La justice administrative n’est pas encore prononcée sur les requêtes déposées par les partis
autonomistes.
16
« E. Fritch : « Temaru est en train de diviser le peuple », Les Nouvelles de Tahiti (LNT), 29 août 2011.
17
Le MC5P (Mouvement citoyen pour une politique plus propre) dénonce le « muselage de la démocratie
(…) par une poignée d’élus » et demande un référendum à trois choix : indépendance, maintien de l’autonomie
ou départementalisation, Agence tahitienne de presse (ATP), 12 août 2011.
18
Voir les travaux du sociologue B. Saura.
19
« Confronté au modèle inatteignable d’une maoritude intemporelle et idyllique, les jeunes [polynésiens
néo-zélandais] en conçoivent une culpabilité et un profond malaise qui ne font que renforcer leur échec scolaire,
et les enfoncer toujours davantage dans la marginalité et l’exclusion », T. Van Meij, in « Les politiques de la
tradition: identités culturelles et identités nationales dans le Pacifique », JSO n° 109-2, 1999, p. 10.
20
Pr. H. Laurens, entretien in Marianne, 7-13 août 2010.
21
Voir les travaux des économistes B. Poirine et F. Venayre.
22
Il se rend en 2006 en Californie, afin de rencontrer le gouverneur Schwarzenegger pour vendre de
l’hydrogène aux automobilistes californiens, mais le projet n’aboutit pas. LNT, 30 mai 2011. La même année, il
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élites politiques défendent des conceptions qui ne font parfois pas (plus) toujours sens pour la
majorité de la population.
Les mutations du politique mettent aussi en lumière l’articulation de l’enjeu
démocratique avec les balbutiements de la révolution numérique. L’essor des technologies
numériques et le rôle d’Internet (informations, communications) pour de nombreux
Polynésiens transcende l’éparpillement et l’isolement géographiques, en modifiant leur
rapport au temps et à l’espace. Ainsi, Internet dévoile un paradoxe entre des technologies
numériques vectrices d’aliénation (uniformisation des valeurs par les multinationales de
l’industrie culturelle), ou sources d’expression démocratique (échanges d’idées, de
connaissances, diaspora). Dans le champ politique, la transformation des modes opératoires
techno-politiques est réappropriée par la classe politique polynésienne, qui mobilise ainsi de
nouvelles ressources politiques (sites web des partis politiques, blogs, réseaux sociaux) 23 .
Mais la segmentation du leadership au sein de l’arène politique polynésienne, l’instabilité
politique et la crise économique ne favorisent pas la réalisation effective de politiques
publiques définies dans un cadre consensuel et prospectif 24 . D’ailleurs, les difficultés des
opérateurs économiques et commerciaux à intégrer la concurrence25 ont été mises en évidence
dans le domaine des télécommunications 26 et du numérique 27 . Toutefois, la crise 28 est
l’occasion de voir émerger sur la scène publique de nouveaux types de leaderships parmi les
acteurs de la société civile, qui s’affirment hors du champ politique et davantage en rapport
avec l’évolution des flux socio-économiques 29 . Parallèlement, de nouveaux types de
leaderships transformationnels apparaissent, dont il s’agit de définir les trajectoires et les
caractéristiques (individus, réseaux, groupes sociaux, organisations)30.
Enfin, les externalités environnementales, biopolitiques dans le sens de « politiques de
la nature », relatives au changement climatique 31 , appellent de nouvelles régulations
politiques, afin de gérer des problèmes qui dépassent en général des élites politiques insulaires
déclare : « chaque fois que nous parlons d’être indépendants, de l’autre côté le gouvernement français dit que
nous n’aurons jamais assez d’argent pour cela. Notre indépendance n’a pas de prix. Le noni nous aidera à être
libres ; maintenant, je peux rentrer à Tahiti et dire aux gens, comme Martin Luther King : j’ai observé et j’ai vu
la terre promise », op. cit.
23
« Nos hommes politiques et la toile », La Dépêche de Tahiti (LDT), 12 août 2010.
24
L’organisation d’états généraux du numérique en juin 2010 a été suivi d’un plan présenté par le ministre
T. Rohfritsch et soutenu par le vice-président E. Fritch en novembre 2010.
25
L’instauration d’un droit de la concurrence est à ce jour en phase d’élaboration. « La concurrence dans
les starting-blocks », LNT, 30 août 2011.
26
« L’OPT coupe Honotua à Viti », LNT, 2 juillet 2011.
27
« La guerre du wifi », LNT, 29 juillet 2011.
28
« Commerçants : les rideaux se baissent », LDT, 8 avril 2011 ; « La crise colle à la Polynésie », LNT, 5
juillet 2011 ; « Commerce extérieur : une facture énergétique salée », LNT, 25 août 2011. Voir le rapport de
l’Institut d’émission outre-mer (IEOM).
29
Le populaire Luc Tapeta-Servonnat (membre du CESC et représentant des employeurs), n’hésite pas à
interpeller les acteurs politiques sur les difficultés économiques ; LNT, 11 août 2011.
30
Des projets économiques voient le jour sous la houlette de leaderships de la transformation, dans le
domaine numérique (www.tearahotu.pf), ou énergétique (projet d’énergie thermique des mers ; LNT, 10 mars
2010).
31
Selon le biologiste P. Gillet, « les Polynésiens pourraient être les premières victimes de la remontée du
niveau marin », en pointant particulièrement les risques de multiplication des cyclones ; « Ce climat fou qui nous
attend », LNT, 5 novembre 2010.
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(santé, environnement). Les problèmes relatifs à la santé publique, au réchauffement 32 et aux
réfugiés climatiques (archipel des Tuamotu), à la pollution (plastique 33 , coraux 34 ), à la
surpêche (extermination des requins 35 , surpêche des stocks halieutiques 36 ), à d’éventuels
gisements sous-marins37, à la prolifération d’espèces envahissantes (fourmis de feu 38, tulipiers
du Gabon), sont peu intégrés en général par les leaders politiques polynésiens.
Les questions sociale et environnementale, devenues très préoccupantes en Polynésie
française – creusement des inégalités, paupérisation 39 et raréfaction des ressources –
interrogent l’enracinement de la démocratie au Fenua. Le statut d’autonomie politique aux
côtés de la puissance française40, ajouté aux limites économiques41, laissent perplexes quant à
l’abandon d’une protection politique et économique dans les macro-flux planétaires.
Néanmoins, l’épuisement de la rente42, vécu par la population avant les acteurs politiques43,
transforme les rapports sociopolitiques. La prise de conscience socio-économique, les
nouvelles générations et les jeunes élites « interdépendantistes »44 intègrent les facteurs d’une
mondialisation, dont les flux métissent l’art de vivre polynésien.
32
Lire Larrue S. et alii, « La forêt de nuages de Tahiti menacée par le réchauffement climatique », pp.*
« Le plastique, l’ennemi intime », in Le Monde, 19 septembre 201 0.
34
Les récifs coralliens ne couvrent que 0,2% de la surface océanique, mais contiennent environ 25% des
espèces ; LNT, op. cit.
35
Voir le documentaire de Rob Stewart, Les seigneurs de la mer, 2006.
36
« Le thon à l’abri jusqu’à quand ? », LNT, 19 juillet 2011.
37
« Interrogations sur l’activité des navires de recherche en Polynésie », ATP, 7 juillet 2011.
38
Cf. association Fenua Animalia.
39
« Des ménages en manque d’argent », LNT, 5 août 2011.
40 ème
6 exportateur et importateur mondial de marchandises en 2009 (statistiques OMC).
41
Communiqué de Standard and Poor’s, ATP, 22 mars 2011. Le classement de la Polynésie française au
niveau de la Grèce en 2010 (BB+) par cette critiquable agence de notation, montre malgré tout les fragilités écofinancières du Fenua (trésorerie exsangue et faibles capacités d’investissement).
42
Voir Regnault J-M., « Le difficile réveil de la classe politique polynésienne… », pp. *
43
« Ces élus qui ne connaissent pas la crise », LNT, 10 mai 2010.
44
Lire les Cahiers de réflexion proposés par les étudiants polynésiens (FAEPF). Cependant, les
perspectives d’avenir et le climat politique correspondent de moins en moins avec leurs aspirations (« Beaucoup
de diplômés ne veulent pas revenir au Fenua après leurs études », Tahiti-infos, 22 juin 2011).
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