Author`s personal copy - Hôpital Maisonneuve

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Revue de chirurgie orthopédique et réparatrice de l’appareil moteur (2008) 94, 361—367
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
MÉMOIRE
Activités sportives après resurfaçage et prothèse
totale de hanche : une étude prospective randomisée
Return to sport after hip resurfacing or total hip
arthroplasty: A randomized study
M. Lavigne a, V. Masse a, J. Girard a,b,∗, A.G. Roy a, P.A. Vendittoli a
a
Hôpital Maisonneuve-Rosemont, 5345 boulevard L’Assomption, suite 55, Montréal, Québec, H1T 4B3, Canada
Service d’orthopédie C, hôpital Roger-Salengro, centre hospitalier régional universitaire de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret,
59037 Lille cedex, France
b
Acceptation définitive le : 8 décembre 2007
Disponible sur Internet le 2 avril 2008
MOTS CLÉS
Prothèse de hanche ;
Resurfaçage de
hanche ;
Sports ;
Niveaux d’activité
∗
Résumé L’usure des composantes prothétiques d’un couple métal—polyéthylène étant directement reliée au degré d’activité du patient, il semble logique de déconseiller aux sujets
porteurs d’une arthroplastie totale de la hanche la pratique d’activités avec mouvements répétés de longue durée. Le but de cette étude prospective randomisée était de comparer le type,
l’intensité et la fréquence des activités sportives effectuées après un resurfaçage (RH) ou une
prothèse totale de hanche (PTH) à couple métal—métal.
L’étude portait sur 205 hanches dont 152 ont reçu une arthroplastie unilatérale de la hanche
(71 PTH et 81 RH). L’évaluation clinique reposait sur trois scores: score global d’activité, scores
de l’University of California, Los Angeles (UCLA) et de Western Ontario McMaster Osteoarthritis
Index (WOMAC) ainsi que sur le taux de satisfaction de retour aux activités sportives (échelle
visuelle analogique) et sur la fréquence des facteurs limitant l’activité. Un questionnaire a été
rempli par les patients afin d’évaluer le type, l’intensité et la fréquence des activités sportives
pratiquées durant la période pré- et postopératoire.
Le score d’activité global moyen en période préopératoire immédiate n’était pas statistiquement différent entre les deux groupes (p = 0,111). À un an postopératoire, ce score était
respectivement, de 17,9 et 12,4 dans les groupes RH et PTH (p = 0,001). Au recul, le score
moyen de WOMAC était respectivement, de 8,1 (minimum 0, maximum 73, DS 13,1) et de 9,8
(minimum 0, maximum 41, DS 10,9) pour les groupes RH et PTH (p = 0,409). Le score UCLA
moyen était de 7,17 dans le groupe RH (minimum 2, maximum 10, DS 1,90) et de 6,75 dans le
groupe PTH (min 2, max 10, DS 1,71) (p = 0,174). Le degré moyen de satisfaction de retour aux
activités sportives sur l’échelle visuelle analogique était respectivement, de 7,78 et 7,43 dans
les groupes RH et PTH (p = 0,313).
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : j girard [email protected] (J. Girard).
0035-1040/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.rco.2007.12.009
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362
M. Lavigne et al.
Les résultats de cette étude démontrent que le degré et l’intensité des activités sportives
postopératoires sont plus importants dans le groupe RH que dans le groupe PTH, bien que
cette différence soit moins importante que celle attendue. L’excellente stabilité articulaire
des RH (effet « grosse tête ») pourrait être l’un des facteurs principaux favorisant un niveau
élevé d’activité par rapport aux PTH conventionnelle en réduisant les épisodes de subluxation
et en augmentant l’effet de succion entre les composantes articulaires. Il est toutefois difficile
d’appréhender à long terme l’effet d’une activité sportive intense sur la fixation des implants
ostéo-intégrés (cupule) et cimentés (composant fémorale).
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
KEYWORDS
Total hip resurfacing;
Total hip prosthesis;
Sports;
Activity level
Summary
Purpose of the study. — Since component wear of the prosthetic metal—polyethylene bearing is
directly related to the level of patient activity, it would be logical, for patients with a total hip
arthroplasty, to advise against long-term participation in activities with repeated movements
The purpose of this prospective randomized study was to compare the type, intensity and
frequency of sports activities performed after resurfacing hip arthroplasty (RH) or total hip
arthroplasty (THA) using a metal-on-metal bearing.
Material and methods. — This study concerned 205 hips, including 152 with a unilateral hip
arthroplasty (71 THA and 81 RH). Three clinical scores were used: an overall activity score, the
University of California, Los Angeles (UCLA) score and the Western Ontario McMaster Osteoarthritis Index (WOMAC) score, as well as patient satisfaction, return to sports activities (using
a visual analog scale [VAS]) and frequency of factors limiting activity. Patients completed a
questionnaire to determine the type, intensity and frequency of sports activities practiced preand postoperatively.
Results. — The mean overall activity score immediately before surgery was not statistically different between the two groups (p = 0.111). One year after surgery, the score was 17.9 in the
RH group and 12.4 in the THA group (p = 0.001). At last follow-up, the mean WOMAC score was
8.1 (range 0—73, S.D. 13.1) in the RH group and 9.8 (range 0—41, S.D. 10.9) in the THA group
(p = 0.409). The mean UCLA score was 7.17 in the RH goup (range 2—10, S.D. 1.90) and 6.75 in
the THA group (range 2—10, S.D. 1.71) (p = 0.174). The mean satisfaction with return to sports
activities as assessed on the VAS was 7.78 in the RH group and 7.43 in the THA group (p = 0.313).
Discusssion. — The results of this study demonstrate that the degree and intensity of postoperative sports activities are greater in the RH group than in the THA group, although this difference
was less pronounced than expected. The excellent joint stability after RH (big head effect)
could be one of the main factors favoring a high activity level compared to conventional THA,
by limiting the episodes of dislocation and increasing the suction effect between the joint components. It is nevertheless difficult to ascertain the long-term effect of intense sports activity
on the fixation of osteo-integrated implants (cups) and cemented components (femoral stem).
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Introduction
L’objectif après l’implantation d’une prothèse de hanche
(PTH) réside dans l’amélioration de la qualité de vie du
patient en éliminant la douleur et en augmentant les mobilités articulaires. Malgré le degré élevé de satisfaction obtenu
après implantation d’une arthroplastie totale de hanche
[1,2] certaines restrictions face aux activités sportives sont
suggérées par le chirurgien. Ainsi, la pratique d’activités
sportives générant des impacts importants sur l’articulation
coxo-fémorale, entraînant un risque de luxation ou de
fracture péri-prothéthique est généralement fortement
déconseillée [3—11]. Cependant, certains patients considèrent que le maintien d’un haut niveau d’activité sportive
est un élément important de leur qualité de vie [12,13] et
certains auteurs pensent que l’activité sportive n’est pas
obligatoirement délétère sur les implants [14].
Avec le nombre croissant d’arthroplastie totale de
hanche implantées chez des patients jeunes et/ou actifs,
le resurfaçage de la hanche (RH) prend un nouvel essor.
Outre le maintien du capital osseux fémoral, l’augmentation
de la stabilité articulaire et la facilité de la reconstruction
biomécanique [15,16], il est avancé que ce type d’implant
facilite un retour à un niveau d’activité sportive plus élevé
qu’après une PTH [17—19]. Cette affirmation est cependant fréquemment biaisée par la sélection préférentielle
de jeunes patients actifs pour le RH, la PTH étant classiquement réservée à des sujets plus sédentaires.
Le but de cette étude prospective randomisée était de
comparer le type, l’intensité et la fréquence des activités
sportives effectuées après un RH ou une PTH.
Matériel et méthodes
L’étude incluait 192 sujets (209 hanches) randomisés entre
deux groupes : groupe PTH (n = 100) ou groupe RH (n = 109).
Une table de randomisation était créée avec le logiciel Statistical Package for Social Sciences® 10.04 (SPSS® , SPSS Inc.,
Chicago, Illinois) et les résultats étaient gardés sous enveloppe opaque scellée. Le protocole d’étude a été approuvé
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Activités sportives après resurfaçage et prothèse totale de hanche : une étude prospective randomisée
Tableau 1
363
Données démographiques des patients randomisés porteurs d’une arthroplastie unilatérale.
Nombre
Âge (moyenne, écart)
Sexe
IMC (moyenne, écart)
RH
PTH
81
48,4 (23—63)
53 H
28 F
27,0 (17,6—44,9)
71
50,0 (22—64)
51 H
20 F
28,7 (17,4—42,5)
p
0,306
0,259
0,064
IMC : indice de masse corporelle ; H : homme : F : femme.
par le comité d’éthique et scientifique canadien. Tous les
patients participants avaient émis un consentement éclairé.
Des 209 hanches randomisées, quatre RH et une PTH ont été
exclus à la chirurgie pour des raisons techniques ne permettant pas l’implantation de la prothèse prévue (les quatre RH
ont été convertis en PTH et la PTH a dû être cimentée en
raison d’un fût fémoral inadéquat pour l’implantation d’une
tige sans ciment droite). Sur les 205 hanches restantes, 152
ont reçu une arthroplastie unilatérale de la hanche (71 PTH
et 81 RH). Les données démographiques de ces patients se
retrouvent dans le Tableau 1. Un patient du groupe RH a présenté un descellement fémoral durant la première année et
a été exclu de l’étude. Cent quarantre patients ont répondu
au questionnaire, soit 93 % des arthroplasties unilatérales.
La durée de suivi moyenne était de 27,4 mois (13,5—43,3).
Les chirurgies ont toutes été effectuées selon une voie
d’abord postérolatérale. Dans le groupe PTH, une tige fémorale sans ciment de type Spotorno CLSTM (Zimmer© ) associée
à une cupule sans ciment (AllofitTM , Zimmer© ) et un couple
métal—métal (MetasulTM , Zimmer© comportant une tête
prothétique de diamètre 28 mm et un insert MetasulTM serti
de polyéthylène) ont été implantés (Fig. 1). Dans le groupe
RH, le système de resurfaçage hybride DuromTM (Zimmer© ) a
été utilisé, avec une cupule acétabulaire sans ciment recouverte de titane vaporisé et une pièce fémorale cimentée
(Fig. 1). Des consignes postopératoires de prévention du
risque de luxation étaient strictement appliquées durant les
six premières semaines dans le groupe PTH : flexion limitée
à 90◦ , adduction et rotation interne combinée interdits et
mise en place d’un oreiller entre les jambes lorsqu’ils se
couchaient du côté non opéré. Pour le groupe RH, la flexion
était limitée à 90◦ durant les quatre premières semaines
afin de favoriser la cicatrisation capsulaire. Lors des consultations pré- et postopératoire, les patients étaient avisés
du risque de complications (descellement précoce, fracture périprothétique, luxation, usure prématurée. . .) s’ils
pratiquaient de façon régulière des activités sportives avec
impact (Tableau 2).
L’évaluation clinique reposait sur trois scores : score global d’activité, score UCLA [11,17,20—22] et de Western
Ontario McMaster Osteoarthritis Index WOMAC [23] ainsi que
sur le taux de satisfaction de retour aux activités sportives
(échelle visuelle analogique) et sur la fréquence des facteurs
limitant l’activité.
Au recul minimum d’un an, un questionnaire a été rempli
par les patients porteurs d’une arthroplastie unilatérale de
la hanche afin d’évaluer le type, l’intensité, et la fréquence
des activités sportives pratiquées durant la période pré- et
postopératoire. Une liste de 18 activités sportives précises
était proposée au patient. Les patients devaient indiquer
la fréquence de pratique de chaque activité (zéro heure,
moins de trois heures ou plus de trois heures par semaine)
durant trois périodes distinctes : la période où le patient a
été le plus actif, durant la période préopératoire immédiate
et au recul minimum de un an. Pour chacune de ces périodes,
un score global d’activité a été attribué au patient. Ainsi,
aucun point n’était attribué pour zéro heures d’activité, un
point pour chaque activité de moins de trois heures et deux
points pour chaque activité de plus de trois heures. Les types
d’activités étaient regroupées en trois catégories basées sur
Tableau 2 Activités sportives réparties en fonction du
niveau d’impact.
Impact léger
Impact modéré
Impact élevé
Vélo
Golf
Marche
Natation
Quilles
Jardinage
Danse
Aérobic
Sports nautiques
Chasse et pêche
Marche en montagne
Entraînement en salle
(poids)
Ski alpin ou de
randonné
Patins à glace ou
roller
Tennis
Jogging
Handball, volleyball
Sports combat
Soccer
Football
Yoga
Figure 1 Radiographie du bassin de face d’un sujet porteur à
gauche d’un resurfaçage de hanche hybride (cupule sans ciment
et pièce fémorale cimentée) et à droite d’un prothèse totale de
hanche sans ciment de diamètre prothétique de 28 mm.
Hockey
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364
M. Lavigne et al.
Tableau 3 Niveau d’activité selon le score de l’University
of California Los Angeles (UCLA).
Niveau
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
Activité
Résultats
Participe régulièrement à des sports avec
impacts : jogging, tennis, le ski, acrobaties,
ballet, randonnée pédestre ou travail lourd
Participe parfois à des sports avec impacts
Participe régulièrement à des sports très
actifs (bowling, golf)
Participe régulièrement à des sports actifs :
vélo
Participe régulièrement à des activités
modérées : la natation, activités domestiques
Participe parfois à des activités modérées
Participe régulièrement à des activités
légères : la marche ou, de façon limité, les
travaux domestiques
Participe parfois à des activités légères
La plupart du temps inactif. Très restraint dans
les activités quotidiennes légères
Complètement inactif, dépendant des autres,
ne peut sortir de la maison
l’intensité des impacts qu’elles généraient (impact léger,
modéré ou important) (Tableau 2). Chaque point obtenu
pour une activité avec impact léger était multiplié par un,
par deux en cas d’activité avec impact modéré et par trois en
cas d’impact important. Par exemple un patient pratiquant
plus de trois heures (deux points) d’arts martiaux (impact
important était multiplié par trois) par semaine se voyait
attribué un score total de six points. S’il pratiquait en moins
de trois heures (un point) de cyclisme (impact léger était
multiplié par un) par semaine, un autre point était ajouté
pour un total de sept points. Le score UCLA (mesure de la fréquence et du type d’activité en dix catégories) (Tableau 3)
[11,17,20—22], le score de WOMAC [23] ainsi que la fréquence de facteurs limitant l’activité ont également été
rapportés. Le niveau de satisfaction globale à l’égard des
activités sportives pratiquées par le patient au recul d’un
an était évalué à l’aide d’une échelle visuelle analogique
sur 10, sur laquelle 0 et 10 représentant respectivement,
les cotations minimales et maximales de satisfaction.
L’analyse statistique a été effectuée à l’aide du logiciel
SPSS® 10.04 software (SPSS Inc., Chicago, Illinois). Les tests
de Student et du Khi2 étaient respectivement utilisés pour
les variables continues et catégorielles. Les intervalles de
Tableau 4
confiance ont été déterminés à 95 % et le degré de significativité statistique était de 5 %.
Les pourcentages de patients porteurs de PTH et de
RH effectuant des sports avec impact léger, modéré ou
élevé durant la période préopératoire ont été rapportés.
Nous n’avons pas retrouvé de différence significative dans
l’intensité des sports pratiqués entre les deux groupes
durant la période préopératoire (p > 0,05).
Le score d’activité global moyen en période préopératoire immédiate (calculé à partir du questionnaire) n’était
pas statistiquement différent entre les deux groupes (5,8
pour le groupe RH et 5,1 pour le groupe PTH, p = 0,111).
À un an postopératoire, ce score était respectivement, de
17,9 et 12,4 dans le groupe RH et PTH (p = 0,001).
Le score UCLA moyen était de 7,17 dans le groupe RH
(minimum 2, maximum 10, DS 1,90) et de 6,75 dans le groupe
PTH (minimum 2, maximum 10, DS 1,71) (p = 0,174). Nous
avons retrouvés respectivement, 43 et 35 % de patients dans
les groupes RH et PTH présentant un score de UCLA de 8, 9 ou
10 points (p = 0,240). Le pourcentage de patients obtenant
un score de UCLA à 10 représentait 15 % des RH et 9 % des
PTH (p = 0,236).
Au recul, le score moyen de WOMAC était respectivement, de 8,1 (minimum 0, maximum 73, DS 13,1) et de 9,8
(minimum 0, maximum 41, DS 10,9) pour le groupe RH et
PTH (p = 0,409). Le degré moyen de satisfaction de retour
aux activités sportives sur l’échelle visuelle analogique était
respectivement, de 7,78 et 7,43 dans le groupe RH et PTH
(p = 0,313).
L’ensemble des scores d’activité, de WOMAC, de l’UCLA
ainsi que les taux de satisfaction sont résumés dans le
Tableau 4.
Le pourcentage de patients avec score maximal de 10
sur l’échelle visuelle analogique représentait 23 % du groupe
RH et 16 % du groupe PTH (p = 0,265). Le Tableau 5 résume
les rapports de chaque facteur identifié comme limitant les
activités sportives.
Discussion
Puisque l’usure des composantes prothétiques métal contre
polyéthylène est directement liée au degré d’activité du
patient [24], il semble logique de déconseiller au sujets
porteur d’une arthroplastie totale de la hanche avec ce
type de couple de frottement la pratique d’activités avec
Résultats cliniques selon les différents comparés entre les deux groupes.
Scores cliniques
RH
PTH
p
Niveau d’activité moyen préopératoire
Niveau d’activité moyen à 1 an
EVA (% à 10)
Score WOMAC à 1 an
Score UCLA à 1 an
5,8
17,9
7,78 (23 %)
8,1
7,17
5,1
12,4
7,43 (16 %)
9,8
6,75
0,11
0,001
0,313 (0,265)
0,4
0,174
EVA : échelle visuelle analogique.
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Activités sportives après resurfaçage et prothèse totale de hanche : une étude prospective randomisée
Tableau 5
365
Facteurs limitant le retour aux sports, tels qu’identifiés par les patients.
Facteur limitant
RH n (%)
PTH n (%)
p
Douleur hanche opérée
Douleur à la cuisse
Perte de mobilité et flexibilité
Peur de luxation
Manque de force
Respecter les consignes
Douleur autres articulations
Âge
Pour épargner la prothèse
Paresse
Manque de temps
12
0
15
9
10
19
30
3
13
9
15
14
1
13
16
12
14
41
3
10
8
17
0,664
0,316
0,673
0,122
0,642
0,319
0,063
1
0,494
0,796
0,687
(17 %)
(0 %)
(21 %)
(13 %)
(14 %)
(27 %)
(43 %)
(4 %)
(19 %)
(13 %)
(21 %)
mouvements répétés de longue durée. Il est aussi recommandé aux patients porteurs d’une arthroplastie de hanche
d’éviter les activités avec impacts ainsi que les mouvements
extrêmes afin de réduire la possibilité de complications
telles qu’une fracture périprothétique, une luxation, un
bris d’implant ou un descellement mécanique précoce. Certains auteurs ont d’ailleurs proposé une classification des
activités physiques en trois ou quatre groupes en se basant
sur le risque de luxation, de fracture périprothétique, le
taux d’usure et de descellement des implants [3,4,8].
Le retour aux activités sportives constitue un facteur
important de satisfaction après implantation d’une arthroplastie de la hanche chez des patients jeunes et actifs. Ce
phénomène est reflété par la corrélation importante entre
le niveau d’activité et les scores cliniques fonctionnels de
hanche [12,13]. De plus, une activité physique régulière
permet de maintenir un entraînement cardiovasculaire, de
réduire l’incidence du diabète et d’hypertension tout en
favorisant le maintien d’une masse osseuse satisfaisante
[25,26].
Les prothèses de RH de deuxième génération impliquent
un couple de frottement métal—métal de grand diamètre, ce
qui incite à la réduction des restrictions postopératoires face
aux activités sportives permises [19]. Seules quelques études
comparatives de cohortes ont étudiées le niveau d’activité
chez des sujets après implantation d’un RH ou d’une PTH.
Amstutz et al. [17] ont comparé une cohorte de patients porteurs de RH cimentée de première génération à une cohorte
de PTH. Les patients du groupe RH étaient plus jeunes,
plus actifs et présentaient une meilleure mobilité préopératoire que ceux du groupe PTH. Il était donc logique que le
groupe RH présente un score UCLA et une fonction plus élevée que dans le groupe PTH. Pollard et al. [18] ont comparé
les résultats cliniques d’une cohorte de 54 RH de nouvelle
génération à une cohorte de 54 PTH hybrides présentant les
mêmes caractéristiques démographiques et cliniques préopératoires à un suivi minimal de cinq ans. Le groupe RH
présentait un meilleur score UCLA moyen que le groupe PTH
(9 et 7 respectivement, p < 0.05).
Les résultats de ces études comparatives comportent
tous des biais étant donné la sélection préférentielle de
patients jeunes et actifs dans les groupes RH. La randomisation des sujets entre les deux procédures permet
de minimiser ce biais de sélection et renforce la validité
de nos résultats. Les résultats de notre étude randomisée
(20 %)
(1,4 %)
(19 %)
(23 %)
(17 %)
(20 %)
(59 %)
(4 %)
(14 %)
(11 %)
(24 %)
démontrent que le degré et l’intensité des activités sportives postopératoires sont plus importants dans le groupe RH
que dans le groupe PTH, bien que cette différence soit moins
importants que celle attendue. Même si le score UCLA,
score d’activité validé, n’est pas statistiquement différent
entre les deux groupes, le score global utilisé dans notre
étude démontre quant à lui une différence statistiquement
significative. Ce score global tient compte du nombre total
d’activités, mais aussi de la durée de ces activités ce qui
reflète parfaitement le degré d’activité sportive. Ce dernier
résultat est cependant à pondérer étant donné que la classification d’activités sportives utilisée dans notre étude n’est
pas encore validée dans la littérature. De plus, l’utilisation
de ce score à des temps différents (préopératoire, postopératoire et au recul de un an) impose un biais important
à savoir la construction des résultats a posteriori pour la
période préopératoire. Cependant, l’utilisation des ces trois
temps, bien distincts l’un de l’autre, a été justifiée par le
fait que les patients conservaient un souvenir assez précis
de ces périodes.
Malgré le niveau plus élevé d’activité atteint par le
groupe RH, nous n’avons retrouvé aucune différence de
degré de satisfaction des sports pratiqués par les deux
groupes un an après l’intervention. Nous n’avons retrouvé
aucune différence de fréquence des facteurs limitant
l’activité sportive entre les deux groupes. Il a été constaté
qu’il y avait plus de patients porteurs d’une PTH qui limitaient leur activité en raison du risque de luxation que
ceux porteurs d’un RH, mais sans différence statistiquement
significative. Nous avons été surpris de constater qu’il y avait
plus de patients dans le groupe RH qui étaient préoccupés
par le respect des consignes restrictives ou qui limitaient
leurs activités sportives afin de protéger leur arthroplastie,
sans toutefois noter de différence significative. La présence
de douleurs de cuisse due aux transmissions de charge par la
tige fémorale durant certaines activités n’a été rapportée
que par un seul patient porteur d’une PTH (1,4 %). Ce faible
pourcentage correspond à l’incidence de douleur de cuisse
rapportée pour ce pivot fémoral par d’autres auteurs [27].
L’excellente stabilité articulaire du RH (effet « grosse
tête ») pourrait être l’un des facteurs principaux favorisant
un niveau élevé d’activité par rapport aux PTH conventionnelle (de diamètre 28 mm) en réduisant les épisodes
de subluxation et en augmentant l’effet de succion entre
les composantes articulaires [28—30]. D’autres facteurs,
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366
comme une meilleure proprioception, un transfert plus physiologique des charges au fémur proximal ou une excellente
reconstruction biomécanique de la hanche ont été rapportés
après implantation d’un RH par rapport aux PTH et pourraient également expliquer les meilleurs résultats cliniques
chez des patients porteurs d’un RH [15,16,30,31]. Il est
intéressant de noter que les patients connaissaient le type
d’implant qu’ils avaient reçus le lendemain de l’opération et
que leur désir de pratiquer certaines activités sportives ait
pu être influencé par des informations extérieures (Internet,
médecin traitant, rééducateur).
À l’heure actuelle, il n’est pas encore possible, étant
donné le faible recul, d’évaluer l’impact à long terme de
la pratique d’activités physiques sur le devenir des implants
de RH. Daniel et al. [19] ont rapporté que 46,4 % des hommes
ayant un RH unilatéral présentaient un score UCLA maximal
de 10. Dans notre étude, 43 et 35 % des patients porteurs
d’un RH et d’une PTH ont obtenu un score de 8, 9 ou 10
sur cette même échelle d’activité. Malgré ce haut niveau
d’activité, une étude sur la libération d’ions métalliques
sanguins ne nous avait pas permis de trouver de relation
entre le score de UCLA et les taux d’ions chrome et cobalt
dans le sang à un an de suivi chez des patients porteurs de RH
[32]. La recommandation de limitation d’activités sportives
afin de réduire l’usure ne semble donc pas justifiée avec
un couple métal—métal de grand diamètre. Il est toutefois
difficile d’appréhender à long terme l’effet d’une activité
sportive intense sur la fixation des implants sans ciment
(cupule) et cimentés (composant fémoral) ainsi que sur la
masse osseuse. Il est donc possible que les patients porteurs
d’un RH soient exposés à un risque plus grand de descellement de leurs implants par rapport aux patients porteurs
d’une PTH conventionnelle.
Notre recommandation actuelle pour les patients porteurs de PTH métal—métal de grands diamètres ou de RH
est d’autoriser la pratique d’activités sportives avec impact
léger et modéré (Tableau 2) sans limitation de durée. Nous
ne recommandons pas la pratique de sport avec impacts
répétitifs ou présentant un risque élevé de chute.
Références
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C. Comparison of total hip arthroplasty performed with and
without cement: a randomized trial. J Bone Joint Surg Am
2002;84:1823—8.
[2] Garellick G, Machau H, Herberts P, Hanson E, Axelsson H,
Hanson T. Life expectancy and cost utility after total hip replacement. Clin Orthop 1998;346:141—51.
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