L`enfantement à la vie nouvelle par l`obéissance de la Foi

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L`enfantement à la vie nouvelle par l`obéissance de la Foi
L'enfantement à la vie nouvelle par l'obéissance de la Foi
Homélie du père Grégoire Cieutat, Carême 2012, 5ème Dim., Année B
"Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les souffrances de sa
Passion ; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent
la cause du salut éternel." Ce verset de la lettre aux hébreux que nous venons d'écouter
met en relief le thème de l'obéissance en lien avec celui du salut éternel. En nous
approchant de la semaine sainte, condensée des mystères du salut éternel, avec les
célébrations des Rameaux, dimanche prochain, puis de la Passion du Seigneur Jésus et
enfin de sa Résurrection du séjour des morts, la liturgie de l’Église du Christ nous
interpelle pour savoir où nous en sommes chacun de cette obéissance au quotidien.
Car sans entrer dans l'obéissance du Fils nous ne pouvons pas non plus vivre la
Pâque du Christ. Et la lettre aux Hébreux indique clairement le chemin de cette Pâque;
chemin qui ne peut pas faire l'économie de la souffrance. Jésus ajoute dans l’Évangile
en parlant justement de sa Pâque: "si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il
reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd ;
celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle."
Avec cette précieuse indication du premier-né d'entre les morts, de celui qui a
justement traversé la mort avec succès, nous comprenons que la souffrance dont il
s'agit correspond à une ouverture douloureuse comparable au déchirement de
l'enveloppe protectrice du grain de blé. Ouverture rendue douloureuse par les
conséquences du péché de l'humanité, par notre péché comme le précise le livre de la
Genèse où Dieu énumère à la femme la conséquence de sa désobéissance: "dans la
douleur tu enfanteras des fils" (Gen 3,16). Il ne faut donc pas perdre de vue que la
souffrance associée à ces ouvertures, celle du grain de blé qui meure ou de la femme
qui enfante, a pour conséquence le don d'une vie nouvelle. Et comme le souligne Jésus
lui-même dans l'évangile de Jean: "La femme, sur le point d’accoucher, s’attriste parce
que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient
plus des douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde." (Jn 16,21). Saint
Paul insiste en donnant une dimension universelle à cette souffrance d'enfantement:
"Nous le savons en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail
d'enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de
l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de
notre corps" (Rom 8,22-23). Ce n'est donc absolument pas une souffrance mortifère
mais une souffrance pour la vie, pour le donc d'une vie nouvelle, plus grande et plus
parfaite.
Il est donc douloureux de sortir de l'enfermement sur soi qui isole. Douleur
directement liée à l'obéissance à la parole de Dieu. Car comme l'explique à nouveau la
lettre aux Hébreux: "Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive
qu'aucun glaive à deux tranchants, (...), elle peut juger les sentiments et les pensées du
coeur" (Heb 4,12). Il devient ainsi plus clair que pour devenir chrétien il est nécessaire
de se laisser traverser, de laisser entrer en nous la Parole de Dieu pour qu'elle "juge les
sentiments et les pensées du coeur". Autrement dit, la vraie bonne souffrance qui
débouche sur la vie nouvelle consiste à ouvrir les zones de nos coeurs infestées par des
pensées mauvaises, envahies par les ténèbres des faux jugements sur nous-mêmes, sur
Dieu ou sur les autres. Cela coûte énormément car ce n'est possible qu'à la condition
d'accepter de ne plus être juge de rien pour laisser la parole de Dieu être notre juge. Et
à la condition de laisser traverser les parties de son être les plus douloureuses, donc de
son histoire marquée par la souffrance pour que cette parole de Vérité y chasse les
faux-jugements. A ce titre il s'agit d'une véritable Pâque ou plutôt de pâques
successives: de passage de la mort à la vie, du mensonge à la vérité. Voilà comment
nous devenons de plus en plus chrétien; au prix du courage d'affronter ces zones de
souffrances accablantes en nous en accueillant la parole de Dieu pour nous en libérer.
Parole de Dieu qui se fait entendre par les Écritures et par la Tradition préservée
et développée dans sa totalité et sans erreur uniquement dans l’Église catholique.
Écritures et Tradition qui constituent ensemble de "dépôt sacré" de la Foi et qui
jaillissent de la même source divine. Le garant actuel de ce dépôt sacré de la foi, le
pape Benoît XVI, nous éclaire sur cette Pâque difficile mais indispensable pour passer
de la mort à la vie: "l'homme est racheté par la croix; le Crucifié, l'homme totalement
"ouvert", est la vraie rédemption de l'homme. Cette affirmation centrale de la foi
chrétienne exprime le primat du "recevoir" sur le "faire", de l'accueil sur la prestation
fournie. D'après la foi chrétienne donc, l'homme ne se réalise pas finalement lui-même
par ce qu'il fait, mais par ce qu'il reçoit. Il doit attendre le don de l'amour, et l'on ne
peut recevoir l'amour autrement que comme don."
Puissions-nous donc devenir des chrétiens de plus en plus en vérité. C'est-à-dire
de plus en plus transparent à la Parole de Vérité et à l'Esprit de Vérité que sont JésusChrist et l'Esprit Saint. Des chrétiens de plus en plus obéissant à la parole de l’Écriture
et de notre sainte mère l’Église dans la Tradition, dépôt sacré de la Foi. Ainsi nous
serons des témoins de plus en plus authentique de la paix et de la joie qui viennent d'un
coeur libéré de ses faux jugement qui enferment sur soi et qui rejettent les autres.