intoxication au monoxyde de carbone

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intoxication au monoxyde de carbone
INTOX au CO v20100720
Docteur Erik BOQUET
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INTOXICATION
AU MONOXYDE DE CARBONE
Le CO est un gaz incolore, inodore, insipide, non irritant et explosif en présence
d'autres gaz.
Sa densité est voisine de celle de l'air, d'où une grande diffusion.
Il provient essentiellement de la combustion incomplète du carbone. L'accident le plus
fréquent est dû au chauffe-eau à gaz non raccordé à un conduit de fumée (plus de 50% des
causes domestiques qui représentent elles-mêmes plus de 60% du total des cas), aux
incendies (il fait partie des constituants des fumées d’incendie auxquels sont exposés les
SP !).... Il existe également une production naturelle (volcans…).
En 2001, l'estimation des victimes d'intoxication au CO était de 6 000 par an dont 300
décès.
Seulement 70% des intoxications sont diagnostiquées…
1 MECANISME
La voie d'entrée dans l'organisme est exclusivement respiratoire.
L'affinité de l'hémoglobine pour le CO est très supérieure à celle pour l'O2 (220 fois
plus importante environ). La présence du CO entraîne donc une hypoxie en déplaçant l'O2
de l'hémoglobine.
Par ailleurs, le CO a une toxicité propre sur les cellules (par fixation sur les
enzymes...) : c’est un toxique général.
Les tissus les plus sensibles à ces deux effets sont le cerveau et le cœur.
Le CO traverse le placenta et se fixe également sur l’hémoglobine foetale avec les
deux mêmes effets que chez l’adulte mais avec une durée et un taux d’intoxication plus
élevés que chez la mère.
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2 EXAMEN DE LA VICTIME
Les signes de l'intoxication aiguë ne sont pas spécifiques et varient selon l'intensité
de celle-ci.
En cas d'intoxication de faible importance, il s'agit surtout de CEPHALEES
REBELLES, d'asthénie et d'angoisse...
Si l'intoxication est plus importante, apparaissent :
● des douleurs abdominales avec vomissements mais sans diarrhée,
● des vertiges, des MALAISES, des pertes de connaissance brèves...
● et, dans les formes les plus sévères, un COMA (3 à 13% des cas) dont il faut
apprécier les signes de gravité
o temps d'exposition au toxique > 6 heures,
o hypotonie,
o œdème aigu du poumon,
o troubles du rythme respiratoire,
o dérèglement thermique.
L'EVOLUTION de cette intoxication est IMPREVISIBLE. Elle est soit favorable avec
guérison rapide et complète, soit émaillée de COMPLICATIONS pouvant aboutir à de
lourdes SEQUELLES, ceci quelle que soit l'intensité de l'intoxication.
Les complications sont d'ordre :
● cardiovasculaire : trouble du rythme, infarctus du myocarde,
● neurologique : paralysies...
● psychique : troubles de la mémoire fréquents...
Le SYNDROME POST-INTERVALLAIRE consiste en l'apparition, après une
amélioration initiale, des complications neurologiques :
● troubles de la mémoire,
● troubles du comportement,
● démence précoce…
L'intervalle libre peut aller de 10 à 45 jours voire plusieurs mois, le plus souvent
autour de 15 jours.
Il est donc nécessaire d’avoir un suivi neurologique des patients à 1 mois.
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3 LA CARBOXY HEMOGLOBINE
L’examen clinique de la victime ne permet pas la reconnaissance de l’intoxication, les
signes particuliers (couleur de la peau cochenille ou phlyctènes rapides aux points d'appui)
étant rares.
Il faut donc y penser et rechercher une source potentielle de CO.
IMPORTANCE DES DETECTEURS !
Le tableau est évocateur si plusieurs personnes habitant sous le même toit sont
malades. Penser à vérifier si les animaux sont également atteints.
La confirmation de l’intoxication est assurée par le dosage sanguin :
● de l'oxycarbonémie qui ne tient pas compte de l'état hématologique du sujet et est
exprimée en ml de CO/l de sang ou en mmol/l (ou en mmol%),
● de la carboxyhémoglobine (HbCO) exprimée en % de HbCO par rapport à
l'hémoglobine totale.
On parle d’intoxication à partir d’un taux de 10% d’HbCO, selon l’heure du dosage
par rapport à la fin de l’intoxication et une éventuelle oxygénothérapie reçue par la victime.
Chez le fumeur l'HbCO reste entre 3 et 8%…
Ce dosage peut-être « anticipé » par dosage sur place du CO expiré
avec le kit HbCO en dotation à la CMIC.
Pour un sujet ayant une hémoglobine normale, un taux de 1 ml CO/100 ml de sang
correspond à une HbCO de 5% :
HbCO ≥ 10%
10 à 20%
20 à 30%
2 ml/100ml
2 à 4 ml
4 à 6 ml
30 à 40%
6 à 8 ml
40 à 50%
8 à 10ml
50 a 70%
>70%
10 à 14ml
14ml
intoxication
céphalées
céphalées + vertiges +
nausées + tachycardie
confusion ± pertes de
connaissance
altérations de la vision et de
l’audition + faiblesse
musculaire
coma ± convulsions
décès
Sur les lieux de l'intoxication peuvent également être effectués des dosages
atmosphériques par les Sapeurs-Pompiers.
En parties par million (ppm) ou mg/m3 (1 ppm = 1,15 mg/m3) :
<100ppm
200 ppm
500 ppm
1 vol. CO /10000 vol d'air
1 vol. CO /5000 vol d'air
-
1 000 ppm
2 000 ppm
5 000 ppm
-
10% de CO dans l’air (soit 100 000 ppm) tuent instantanément
sans danger, céphalées
nausées
vomissements + perte de
connaissance brève
coma
mortel en 4-5 heures
mortel en 20 minutes
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5 CONDUITE A TENIR
Protéger les sauveteurs :
● éviter l’explosion,
● porter l’ARI.
EXTRAIRE la ou les victimes hors de l'ambiance toxique, aérer le local et prendre
alors en charge la ou les victimes :
● Libérer les VAS.
● OXYGENER :
o systématiquement en normobarie au moyen d'un masque à haute
concentration afin d'obtenir une concentration en O2 proche de 100% à raison
de 15 l/min et pendant 6 à 12 heures (l’O2 est l’antidote du CO),
● Toujours demander une ASSISTANCE MEDICALE (recommandation DSC :
SSSM au départ des secours).
● SURVEILLER.
L’oxygénothérapie hyperbare a actuellement Deux indications sont actuellement
reconnues:
● coma,
● femme enceinte (pour le fœtus)…
Son objectif est de diminuer les séquelles neurologiques.
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REFERENCES :
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Revue du Praticien 2008 n°8
Internet : Urgences Online 2007
Quotidien du médecin 2001 n° 7001
Urgence Pratique 1999 n° 33
Concours Médical 1995 n°3
INRS ft47 1996
Revue du Praticien 1994 n°2
Panorama 1993 n° 3734 *
Revue du Praticien 1989 n°28
Cahiers Médicaux 1982 n° 15
Référentiel National Compétences de Sécurité Civile PSE2 2007
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