JEMPP VF1.pub - Centre Hospitalier Sainte Anne
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JEMPP DANS CE NUMERO D A N S C E N U MÉR O : EDITO: P1 La première journée de rencontre des EMPP le 16 mars 2007 à Paris ACTU : P1 L’UMAPPP de Rouen citée en exemple Parution des actes de la 1ère Journée de rencontre des EMPP La précarité au soleil SURFER P1 CARTE DE FRANCE DES EMPP P2 ZOOM P4 L’ Unité de Souffrance Psycho--sociale de Toulouse Psycho JOURNAL DES EQUIPES MOBILES PSYCHIATRIE PRÉCARITE SEPTEMBRE 2007, N°0 EDITO La première journée de rencontre des EMPP le 16 mars 2007 Paris Les équipes mobiles spécialisées en ancienne, récente ou en gestation, psychiatrie et précarité ont commencé à voir le jour dès 1995. Depuis le Plan Psychiatrie Santé Mentale et les budgets inhérents à ce plan de nombreuses équipes se sont mises en place. Certaines sans attendre avaient développé des actions auprès des personnes en précarité et présentant une souffrance psychique voir des troubles psychiatriques. D’autres, soit par choix, position théorique ou simplement par manque de moyen ont privilégié l’aide aux acteurs de première ligne. La circulaire du 23 novembre 2005 est venue donner un cadre très ouvert à ses actions et chaque équipe, qu’elle soit y a port électronique. Ce journal offre une diffusion à toutes les équipes, en recueillant et en diffusant lors d’un numéro trimestriel, Le savoir-faire de toutes ces équipes ne tout ce que vous souhaiterez faire savoir : fait maintenant aucun doute. La pre- article de fond, exposé d’actions ou de remière rencontre, organisée le 16 mars cherches, témoignages, création, nouvelles 2007, a rassemblé une grande majorité coordonnées… des équipes issues des secteurs psychiatriques et a démontré la qualité de Ce « numéro zéro » contient quelques infos, actions menées. les coordonnées de équipes dont nous avons connaissance et un article relatant l’action Cependant, fait général de la psychiatrie, de l’une d’entre elles. nous avons beaucoup de difficulté à «faire savoir» notre «savoir faire». L’é- Toutes les idées visant à améliorer ce supquipe rédactionnelle de ce Journal des port seront accueillies avec plaisir pour le Équipes Mobiles Psychiatrie Précarité, le « numéro un » . JEMPP, se propose donc de favoriser ces échanges de pratiques grâce à un sup- Dr Alain MERCUEL, Centre Hospitalier Sainte Anne, Paris trouvé un appui dans ses pratiques. ACTU L’UMAPPP de Rouen (Unité Mobile d’Actions Psychiatriques pour Personnes Précarisées) a été Alain MERCUEL Assistante de rédaction : Actes de la 1ère Journée de rencontre nationale des Équipes Mobiles Psychiatrie – Précarité. Véronique FRUGIER COMITE DE REDACTION Jean-Paul ARVEILLER, psychologue (Paris), Michaël DESPRES, infirmier (Évreux) Marie-Jeanne GUEDJ, psychiatre (Paris), Alain Sophie psychiatre GRIMAULT, socio-éducative (Rouen) Assistante (Paris), Gérard Il est toujours difficile de rendre compte d’une journée de travail qui a réuni près d’une trentaine d’intervenants et surtout près de 300 participants, débordant d’ailleurs par cet afflux inattendu les capacités d’accueil. Pour tenter de consoler ceux qui n’auraient pu assister aux présentations de leurs choix nous avons recueilli la quasi-totalité des interventions, tant en plénière qu’en atelier, et produit un résumé de chaque atelier. Nous tenons à remercier tout ceux qui ont contribué à l’élaboration, au recueil et à la mise en page de ces actes. Ils seront envoyés début septembre sous forme électronique à ceux qui nous ont fourni ou nous donneront leur adresse internet. AM La précarité au soleil TRIANTAFYLLOU, Dans le mouvement du plan national « psychiatrie et santé mentale » la Guadeloupe a décidé de se doter d’équipes mobiles spécialisées. L’une est en projet pour la Grande-Terre et sera sous la responsabilité du CHU de Pointe-à-Pitre. L’autre débute sa mise en œuvre pour la région de la Basse-Terre, sous la responsabilité du CHS de Saint-Claude (pôle intersectoriel, Dr Eynaud). Ces équipes rencontrent les mêmes difficultés et interrogations que les autres, mais ont en plus à faire face à quelques spécificités. La première est l’éloignement et l’isolement des îles françaises d’Amérique, limitant les échanges et les partages d’expérience, que nous avons pu dépasser grâce à l’accueil chaleureux en stage des premiers éléments de notre équipe par d’autres plus expérimentées (Merci à Maison Blanche, Sainte-Anne, Angers et Lille !). Une autre de ces difficultés psyc hiatre (Paris), CONCEPTION GRAPHIQUE Véronique FRUGIER, Service SMES et Service Communication … et retrouvez le JEMPP sur www.chwww.ch-saintesainte-anne.fr rubrique Soins puis Services Adultes et SMES est liée aux représentations : les Antilles, leur soleil et leurs MASSE, psychiatre (Paris), Michel du CHSA … sur www.mnasm.com pour y télécharger le numéro 67 de juin 2007 de la revue Pluriels sur le thème des EMPP. remarquée par les experts-visiteurs comme action exemplaire, pour la seconde fois, puisque cette structure avait déjà été citée comme point fort à l’issue de la première procédure d’accréditation. (Revue le Rouvray N°34 Mai 2007) Directeur de publication : GOUIFFES, SURFER... cocotiers sont supposés rendre la souffrance plus douce, peutêtre même l’anesthésier… surtout chez les touristes stressés qui viennent s’y ébattre ! Sans oublier l’évocation nostalgique d’une solidarité familiale présumée encore forte et efficace, que nos villes modernes ne permettent plus vraiment. On a donc encore plus de mal à y voir la souffrance des psychotiques qui hantent les marges et les ghettos urbains. Jusqu’à ce que les parcours de l’errance croisent ceux des plaisanciers en goguette (ou des officiels et journalistes venus suivre « la Route du Rhum ») … et que la confrontation mette en lumière « le problème» et appelle des « solutions ». Entre déni, mythes et recettes, il nous reste à inventer nos propres chemins… Dr Michel EYNAUD, CHS de Saint Claude, Guadeloupe JEMMP n°0 Septembre 2007 JOURNAL DES EQUIPES MOBILES PSYCHIATRIE PRÉCARITE Page 2 CARTE DE FRANCE Intersecteur Psychiatrie Précarité — CH Esquirol Équipe Psychiatrie Précarité de l’ASM13 Équipe Psychiatrie Précarité — GPS Perray Vaucluse CMP 5, rue Saint Denis 75001 Paris Centre Philippe Paumelle — 11, rue Albert Bayet 75013 Paris CMP 31/33, rue Henri Rochefort 75017 Paris Tél. 01 42 74 43 23 Fax. 01 42 77 52 98 Tél. 01 40 77 44 00 Fax. 01 45 83 28 77 Tél. 01 47 66 04 50 Fax. 01 44 15 97 63 [email protected] [email protected] [email protected] Équipe Mobile Précarité Santé Mentale du Havre (EMPSM) Hôpital Flaubert—Pavillon Maison du Patient EMMP de Picauville — Fondation Bon Sauveur 55 bis, rue Gustave Flaubert 76600 Le Havre 50360 Picauville - [email protected] Tél/fax : 02 32 73 36 85— [email protected] EMPP CH de Pontorson 7, 7 rue Villecherel 50170 Pontorson Équipe Mobile Précarité de Saint Avé — EPSM Saint Avé Tél. 02 33 60 72 08 Fax.. 02 33 60 72 96— [email protected] 22, rue de l’Hôpital 56896 Saint Avé —Tél. 02 97 54 49 49 Fax 02 97 54 48 48—[email protected] Centre Accueil Précarité de Brest - Service d’accueil et d’Urgence CHU de la Cavale Blanche— 29609 Brest cedex Tél. 06 07 87 57 38 Fax.. 02 98 34 24 38— [email protected] Centre d’Orientation et d’Accueil Psychiatrie populations démunies de Rennes CH Guillaume Régnier - Secteur G07—108, av du Général Leclerc BP 60321 ELIPPs (Équipe Liaison Intersectorielle Précarité Psychiatrie ) de Caudan 35703 Rennes cedex—Tél. 02 99 33 64 03 EPSM Charcot BP 47—Pôle Morvan 56854 Caudan cedex Axe Précarité CHS de Monbert - Tél. 02 97 02 38 26 — [email protected] 44140 Monbert Tél. 02 40 80 23 83 Fax 02 40 80 23 21 Équipe de liaison PsychiatriePsychiatrie-Précarité de Nantes — Hôpital Saint Jacques [email protected] Direction du Pôle de Psychiatrie—85, rue St Jacques 44000 Nantes Tél. 02 40 84 69 80 Fax 02 40 84 69 61 — [email protected] EMPP CH du Mans — Unité Henri Ey EMPP d’Angers — Centre de Santé Mentale Angevin (CESAME) 149, av Rubillard 72037 Le Mans cedex 9 Sainte Gemme sur Loire BP 50089 Tél. 02 43 43 29 99 Fax 02 43 43 52 13 49137 Les Ponts de Ce cedex [email protected] Tél. 02 41 80 78 32 Fax 02 41 80 78 09 PASS Mobile Santé Mentale et Précarité de Limoges RESPIRE (RÉseau Santé Précarité de l’Indre Rejetant l’Exclusion) CH Esquirol 15, rue du Dr Marcland 87025 Limoges cedex CH de Châteauroux - Pavillon 9 Tél. 05 55 43 12 07 michel.nys@ch-lesquirol—limoges.fr 216 av de Verdun 36000 Châteauroux Tél.02 54 29 62 48 Fax.02 54 29 38— [email protected] PASS de Bordeaux — CH Charles Perrens 121, rue de la Béchade 33000 Bordeaux —Tél. 05 56 56 34 EMAPPsud79 (Équipe Mobile d’Action Psychiatrie Précarité) CH de Niort - Secteur 2—79201 Niort cedex Unité de Souffrance PsychoPsycho-sociale de Toulouse— Toulouse—Centre Maurice Dide Tél/fax. 05 49 78 26 68—[email protected] Hôpital La Grave 1, place Lange 31059 Toulouse cedex 9 Tél. 05 61 77 80 82 — [email protected] Service SAS ACOR— ACOR—CH de la Côte Basque 13 av de l’Interne Jacques Loeb BP8—69109 Bayonne Tél. 05 59 44 42 23 Fax.05 59 44 42 18 — [email protected] Équipe Mobile Santé Précarité d’Ariège — CMP de Foix—CH Ariège Couserans 9, place Freycinet 09000 Foix—Tél. 05 61 65 15 95 — [email protected] EMPP d’Albi — Fondation Pierre Jamet—CMP Intersectoriel 30, rue du Colonel Teyssier 81000 Albi Tél. 05 63 38 00 11 Fax. 05 43 49 96 40 UMIPPP (Unité Mobile Intersectorielle de Psychiatrie pour Population en situation de Précarité) CHU La Colombière à Montpellier—39, avenue Charles Flahaut 34295 Montpellier cedex 5 Tél. 04 67 33 66 89 Fax. 04 67 33 66 70 — [email protected] PASS— PASS—CHU de Nîmes Équipe Santé Précarité— Précarité—CH de Martigues Place du Professeur Robert Debré Secteur 13G24—3, bd des Rayettes 13698 Martigues cedex 30029 Nîmes cedex Tél.04 42 43 28 24 — Fax. 04 42 43 28 44 — [email protected] Tél. 04 66 68 30 26 Fax 04 66 68 41 50 Équipe Mobile « Liaison Exclusion » de GUADELOUPE Équipe Mobile Santé Mentale Précarité d’Aix en Provence — CH Montperrin CH de Monterran—Pôle médical Intersectoriel—1er plateau 109, avenue du petit Barthélemy 13617 Aix en Provence cedex 01 97120 Saint Claude (GUADELOUPE) Tél.04 42 16 16 65 — Fax. 04 42 16 17 88 — [email protected] Tél. 05 90 80 52 86 —[email protected] JEMMP n°0 Septembre 2007 SEPTEMBRE 2007, N°0 Page 3 DES EMPP Équipe d’Appui Santé Mentale et Exclusion Sociale (SMES) Équipe Mobile Santé Mentale Précarité — EPS Maison Blanche Réseau Souffrances et Précarité — CH Esquirol CH Sainte Anne — 1, rue Cabanis 75014 Paris 5, rue Léon Giraud 75019 Paris 57, rue du Maréchal Leclerc 94413 Saint Maurice Tél. 01 45 65 87 95 Fax. 01 45 65 87 90 Tél. 01 42 39 37 12 Fax. 01 42 39 13 32 Tél. 01 43 96 69 12 Fax. 01 43 96 69 14 [email protected] [email protected] [email protected] EMIL (Équipe Mobile Instaurant le Lien) - CHI des Portes de l’Oise RPSM 78 (Réseau de Promotion pour Équipe Mobile de Précarité 8, Allée Normande 95330 Domont - Tél. 06 31 34 51 39 (inf) la Santé Mentale Yvelines Sud CH Robert Ballanger ou 06 31 34 52 30 (med) Fax. 01 34 39 15 12 [email protected] CH du Chesnay 177, rue de Versailles 7bis, Cour de la République 78011 Versailles cedex Tél. 01 39 63 95 35 93290 Tremblay en France [email protected] Tél.01 48 60 64 95 Équipe Mobile de Liaison — CHR René Dubos 6, av de l’Île de France BP79 95303 Cergy Pontoise cedex Tél. 01 30 75 46 90 EMPP du secteur 93G18 — EPS de Ville Évrard Unité Psychiatrique d’Accès aux Soins (UN PAS) - CH Paul Guiraud CMP 64, rue des Meunires 92220 Bagneux Pavillon Saint onge—202, av Jean Jaurès 93332 Neuilly sur Marne Tél.01 43 09 35 86 Fax. 01 43 09 35 88— [email protected] Tél/fax. 01 46 63 45 50—[email protected] RESPIRE (Réseau Exclusion Soins Psychiatriques DIAPSY 91 — EPS Barthélemy Durand Insertion Région Évreux) - CHS d’Évreux 1, rue de Château Lafontaine 91220 Brétigny sur Orge 28, rue du Maréchal Joffre 27000 Évreux Tél.01 60 85 01 59 Fax. 01 60 84 77 28—[email protected] Tél. 02 32 33 39 36 Fax. 02 32 33 45 83 UMAPPP de Rouen La Ravaude à Roubaix— Roubaix—CMP Philippe Paumelle (Unité Mobile d’Action Psychiatrique des Personnes Précarisées) 71, av de la Fosse aux Chênes 59100 Roubaix Carrefour des Solidarités 49, rue des augustins 76000 Rouen Tél. 06 08 04 72 65 Tél. 02 35 98 00 71— [email protected] [email protected] DIOGENE— DIOGENE—Équipe Mobile Santé Mentale Précarité Lille EMPPAS (Équipe Mobile Psychiatrique de Prévention et d’Accès aux Soins) 45, rue Lavoisier 59130 Lambersart CH Philippe Pinel — Route de Paris 80044 Amiens cedex 1 Tél.03 20 93 53 86 Fax. 03 20 93 53 86 Tél. 03 22 53 46 00 ou 06 15 81 72 30 — [email protected] [email protected] Équipe mobile Rimbaud — CH de Valenciennes Avenue Desandrouin BP 479 59322 Valenciennes A Tél. 03 27 14 34 36 ou 06 08 45 94 86 ou 06 08 45 94 87— Fax.03 27 14 34 36—[email protected] EPICURE (Équipe Intersectorielle Précarité Psychiatrie) EMPP de Bar le Duc— Duc—CHS de Fains Veel Rue Pierre Hallali 08000 CharlevilleCharleville-Mézières 36, route de Bar le Duc 55000 Fains Veel Tél. 03 24 56 63 98 — [email protected] Tél. 03 29 76 86 86 — [email protected] Foyer Thérapeutique CHS de Brienne le Château –Troyes 36, avenue Pasteur 10000 Troyes Équipe Mobile de Psychiatrie « Ulysse » Tél. 06 81 89 37 84 — infirmiers-precarite@ch-briennefr 1, bd du Maréchal Leclerc 68000 Colmar Tél. 03 89 78 78 62 — [email protected] Équipe Mobile d’Appui Psychiatrie Précarité de Mulhouse 2, rue de la Sinne 68100 Mulhouse Carrefour Santé Mentale Précarité de Bourg en Bresse Tél. 03 89 78 78 30 ou 06 83 70 12 73 CPA Avenue de Marboz 01000 Bourg en Bresse Fax. 03 89 45 57 91— [email protected] Tél. 04 74 52 28 47 Fax. 04 74 52 24 11 Équipe Mobile Psychosociale d’Annemasse PASS Psy d’Auxerre 26, rue de l’Île de France 74100 Annemasse 21, av Denfert Rochereau 89000 Auxerre Interface SDF de Lyon — CH Saint Jean de Dieu Tél. 04 50 95 43 40 Fax. 04 50 38 40 39 Tél. 03 86 72 12 46 Fax. 03 86 72 12 49 31, rue Vaillant Couturier 69200 Vénissieux [email protected] [email protected] Tél. 04 37 90 58 00 — [email protected] INFPPP de Grenoble — CH de Saint Egrève Interface Sainte Etienne — CHU Maison Trousseau 18, av du Général Champon 38100 Grenoble Atelier Santé de Proximité — CMP Jules Verne 21, rue Trousseau 42055 St Etienne cedex 2 Tél. 04 76 12 06 50 Fax. 04 76 12 06 51 2, rue de l’Industrie 25000 Besançon Tél. 04 77 12 75 15 N°Vert 0 800 128 804 [email protected] Tél. 03 81 40 38 00 Fax. 03 81 40 38 01 Fax. 04 77 12 06 12—[email protected] EMPP de Marseille— chemin de Mimet 13015 Marseille Marseille—CH Édouard Toulouse—118, Toulouse EMPP de Chambéry — CHS de la Savoie 73011 Chambéry Tél.04 91 96 98 04 — Fax. 04 91 02 91 04 — [email protected] Tél. 06 08 56 09 88 ou 04 79 60 31 76— [email protected] JEMMP n°0 Septembre 2007 ZOOM DESCRIPTION DU DISPOSITIF HOSPITALIER DE SOINS PSYCHIATRIQUES DESTINE AUX PERSONNES PRECARISEES DANS L’AGGLOMERATION TOULOUSAINE Toulouse, « mégapole » du Sud-Ouest, quatrième ville française, capitale de l’aéronautique, ville spatiale en constante expansion pleine d’atours et de charmes, en prend plus d’uns dans ses rets lorsqu’au soleil couchant, sur les quais de la Garonne la lumière ruisselle sur la brique omniprésente l’embrasant d’un incendie. Cette ville, petite provinciale encore ensommeillée qui se donne déjà des airs de capitale, a le charme insolent de la jeunesse parvenue mais qui reste canaille et sait garder son caractère, si particulier, malgré les outrages normatifs dus à son succès et son ascension sociale récente, qui tendent à faire ressembler son centre ville, façades pimpantes - pavé refait, propre comme un sou neuf, à tous les centres-villes de France et de Navarre, c'est-à-dire à Disneyland… Et pourtant, à Toulouse, tout n’est pas rose. Une population dans l’agglomération évaluée à plus de 700 000 habitants, en constante expansion, malgré les revers de l’industrie aéronautique sans laquelle Toulouse ne serait encore qu’une bourgade, vient s’entasser comme prise à un mirage, faisant grimper les cours de l’immobilier. Des quartiers périphériques ghettos où la violence se décline au quotidien. Une pauvreté grandissante, 8% de la population du département vit au dessous du seuil de précarité, surtout en zone urbaine. Un parc de logements sociaux nettement insuffisant. Un taux de chômage qui va diminuant, mais reste supérieur à la moyenne nationale. Ces données éparses, issues du « Schéma de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion de la Haute-Garonne 2001 – 2003 » finissent de compléter le tableau d’une cité moderne. Sans parler bien sûr de notre 11 septembre à nous, l’explosion d’AZF, dont les cicatrices lézardent la ville qui tremble encore qu’elles ne soient pas bien refermées… A Toulouse, comme ailleurs, la ville, la vie va, entraînant de ci de là son contingent « d’accidentés de la vie », de laissés pour comptes, soldés de tout compte d’une société en marche vers l’avenir et le progrès, au premier rang desquels on peut bien sûr, presque comme d’habitude, compter les malades mentaux, dont l’un des nouveaux « non-lieux » de relégation est le caniveau. Cette année, le bilan d’activité de l’Équipe Mobile de la Veille Sociale 115 enregistrait 6469 interventions à la rue, auprès de 826 personnes, dont 142 étaient dites « public cœur de cible », c'est-à-dire « grands précaires » et « psychotiques ». L’une des préoccupations principales des responsables des foyers d’hébergement d’urgence est l’invasion grandissante d’un public à forte connotation psychiatrique, déconnecté de tout lien social, et encore moins thérapeutique, n’ayant d’autre alternative que de résider dans l’urgence, qui pour le coup dure longtemps ! Il me semble là important de préciser que la description que j’entreprends ici n’est bien sûr pas exhaustive de ce qui se fait à Toulouse en matière de prise en charge psychiatrique de personnes dans la précarité. Il s’agit juste de décrire le dispositif existant actuellement au sein du service public, ne prenant pas en compte les nombreux cliniciens qui se situent dans le champ associatif et libéral, avec lesquels nous pouvons avoir des rapports étroits, et auxquels je veux ici rendre hommage ! Il est bien entendu que ces cliniciens ne nous ont pas attendus pour se pencher sur les problèmes, et s’y confronter dans leur pratique. Notre expérience n’est pas unique ni novatrice. Elle a eu ses prédécesseurs. Nous espérons juste pouvoir les y accompagner… L’activité psychiatrique hospitalière dans le champ de la précarité s’est spécifiquement organisée comme telle en l’an 2000, à la suite des directives ministérielles pour l’accès aux soins des personnes les plus démunies. Elle est née parallèlement au CHU et au CHS, d’abord de l’intérêt de quelques uns, puis de l’activité de secteurs non coordonnés, et agissant au sein de leur réseau respectif. Les équipes se sont progressivement côtoyées, notamment au sein d’un réseau « santé précarité » regrou- pant de manière éclectique différents partenaires, échangeant sur leurs pratiques, dans le respect mutuel des champs d’actions et des compétences. Ces acteurs hétéroclites ont été regroupés sous l’égide de la DDASS, sous la dénomination commune et conventionnelle d’Équipe Mobile Spécialisée Psychiatrie Précarité. Celle-ci se formalise actuellement avec une convention négociée entre le CHU et le CHS, portant sur les champs d’actions et les missions des différents intervenants. Il s’agit donc à Toulouse d’un dispositif bicéphale et dont il faut considérer qu’il est en voie de constitution, à cheval sur le CHS et le CHU, et dont les équipes respectives restent à ce jour très modestes : Au CHS : un mitemps de psychiatre, un d’infirmier et un de secrétaire. Au CHU : un mi-temps de psychiatre et un de secrétaire. Bien que de taille modeste, et ne permettant que des actions limitées, le dispositif est reconnu et bien implanté dans le tissu sanitaire et social de l’agglomération, de part sa participation au réseau « santé précarité », réseau animé par le CHU, destiné à coordonner les actions des différents acteurs du champ médico-social, et permettant une bonne communication entre eux, mais aussi du fait de son implication directe auprès de différentes structures, comme le Centre Communal d’Action Sociale, des CHRS, des foyers d’hébergement d’urgence, des associations… On pourrait qualifier les actions du dispositif de « discrimination positive » bien que le terme prête à polémique, au sens où l’équipe se donne comme but de repérer, d’identifier et de surmonter les obstacles s’opposant à l’accès aux soins des populations précarisées, considérant que les facteurs même de la précarisation, On pourrait qualifier les actions du dispositif de «discrimination positive » quels qu’ils soient (financier et sociaux, mais aussi « culturels » et linguistiques, par exemple), outre qu’ils peuvent directement participer à la constitution d’un symptôme, ce qui est important à prendre en compte, génèrent les conditions mêmes d’empêchement du sujet à se saisir et à être reconnu d’un cadre institutionnel, médical, social, psychiatrique, ou autre... Au total, si nous récusons une psychopathologie propre aux sujets en situation de précarité – tout le monde peut un jour en faire l’expérience, bien que celle-ci ait une incidence psychopathologique certaine, nous affirmons qu’il y a une spécificité à attacher à leur rencontre et à leur prise en compte, qui ne peut se satisfaire a priori des offres de soin habituelles du « droit commun » sous peine d’aboutir à des situations d’exclusion subjective. Il s’agit en fait de toujours pouvoir questionner le cadre, sous quelque aspect que ce soit, et faire une offre de soins pour permettre à une demande de s’élaborer là où il n’y en a plus. Pour ce faire, nous travaillons autour de plusieurs axes : - D’une part en direction du secteur et des structures d’urgence, par l’animation et le maintien de liens destinés à favoriser la sensibilisation de ces partenaires et à créer des référents, interlocuteurs privilégiés du dispositif vers lesquels pourront facilement être adressés les patients, et qui pourront alors coordonner les prises en charge, directement avec les patients et les structures socio-éducatives concernées. L’équipe du CHS Marchant est particulièrement impliquée dans cette action, travail de fourmi, sans cesse à parfaire, entretenir et réactiver ! - D’autre part auprès de nos partenaires du tissu social et associatif, pour des interventions souvent réglées à une fréquence déterminée, mais pouvant aussi être ponctuelles en fonction d’une situation donnée, réunissant un intervenant de l’équipe et les membres d’une structure, dans un « groupe d’analyse des pratiques », terme consacré mais stérilisant légèrement l’activité qui s’y dissimule… il faudrait plutôt parler de supervision tant il est vrai qu’à parler des « cas » qu’on prend en charge, on parle toujours de soi, de sa pratique... Le travail du « tiers » consiste alors à aider à une prise de distance propice à l’élaboration et à la vie d’un « discours contre transférentiel » commun à l’équipe, discours collectif dans lequel le sujet puisse ensuite s’inscrire, s’y prendre et s’en déprendre, reprenant ainsi pied dans une temporalité et une historicité, redevenant un temps au moins sujet de son histoire, capable de faire une demande et de la supporter, d’effectuer le cas échéant une démarche de soin, de concert avec l’équipe. Ce soutien aux équipes dans le maintien d’une position désirante, c'est-à-dire qui ne serait pas en totalité justifiée par la production d’un objet réel (don d’objets de première nécessité, prestations sociales, assistance pure et simple… à l’exclusion du reste !) obturant toute possibilité imaginaire d’excentration subjectivante, nous paraît essentiel comme préalable à une clinique qui s’adresse à des sujets qui ne sont plus assurés de leur demande, voire, n’en font plus du tout ! Les équipes concernées par ces actions sont diverses, et de plus en plus nombreuses, excédent nos capacités d’interventions. Nous travaillons ainsi avec les équipes de foyers d’hébergement d’urgence, de certains CHRS, et de structures mixtes, médico-sociales, telle que la Halte Santé, et aussi avec la PASS. En outre, l’équipe du CHU s’est particulièrement investie auprès du CCAS où elle intervient dans différents groupes d’assistantes sociales et de gestionnaires des tutelles. A noter l’implication plus particulière auprès de l’Équipe Mobile Sociale, équipe mixte d’éducateurs spécialisés et d’infirmiers travaillant à la rue, en maraude ou en interventions programmées, coordonnée par le 115, dans des actions nombreuses et très engagées, avec laquelle nous nous rencontrons de façon hebdomadaire. L’activité clinique « directe », au contact des patients, reste quant à elle très limitée, tant du fait du peu de moyens que nous avons à disposition que de nos partis pris théoriques, considérant que les prises en charges psychiatriques, dès lors qu’elles sont possibles, peuvent l’être dans le cadre du « droit commun », notre intervention se situant « en amont ». Nous avons donc choisi de ne pas être « mobiles » au sens où nous pensons qu’un acte, quel qu’il soit, doit s’inscrire dans un cadre, une psychiatrie « à la rue », sans cadre dans laquelle elle s’inscrirait, tiendrait du passage à l’acte, et pourrait être vécue comme persécutive. Cette position est toutefois à nuancer, car le « cadre » n’est pas non plus synonyme des murs d’un bureau, hospitalier ou non… Il s’agit avant tout d’un lieu, qui prend sens à être partagé, un espace transitionnel, au sens winnicottien, à bricoler au cas par cas. Il faut pouvoir disposer de temps pour ça, et nous n’en avons pas ! C’est par contre ce que nous aidons les équipes de travailleurs socio éducatifs à élaborer, sans avoir nous-même la possibilité de le faire ! C’est là certainement un manque crucial dans notre dispositif. Nos interventions cliniques auprès des personnes précarisées restent donc ponctuelles, et uniquement à visée diagnostique, éventuellement thérapeutique à court terme, en attente du début de la prise en charge de secteur. L’Équipe Mobile Spécialisée Psychiatrie Précarité est donc, à Toulouse, quatrième ville française, une entité quasi-virtuelle qui, paradoxalement, ne se laisse pas définir par le terme « d’équipe », car elle est plurielle et éclatée, ni qualifier de « mobile », puisqu’elle ne se porte pas directement au chevet des patients, mais que son travail clinique porte en amont, et il est pourtant très riche ! Il s’agit donc actuellement d’un outil d’articulation aux confluences de plusieurs champs de compétences, destiné, au coup par coup, à travailler une demande, à aider à la susciter quand il n’y en a pas et ainsi, à rétablir l’inscription d’individus dans une dimension du « prendre soin de soi », qui peut éventuellement aboutir à une prise en charge psychiatrique conventionnelle à plus ou moins long terme. Ainsi, sa raison d’être actuelle ne vaut que dans la mesure où existent encore les structures socioéducatives, fragiles et non pérennes, elles même précaires, et qui pourtant assurent le quotidien du travail de lien, ô combien épuisant et incertain, avec ce public des marges… Nous souhaitons pour l’avenir pouvoir enrichir l’équipe et développer nos actions, à la fois pour poursuivre dans les voies déjà explorées, multipliant ainsi les interventions institutionnelles dont beaucoup de structures sont demandeuses, parfaire le réseau de soin sectoriel, mais aussi se doter d’un potentiel clinique propre (notamment de temps de psychologue clinicien), qui nous permettrait plus de mobilité vis-à-vis du cadre, à la rencontre de ceux qu’on ne rencontre plus… Nicolas VELUT : Praticien Hospitalier, Unité de la Souffrance PsychoPsycho-Sociale (CHU Toulouse) JEMMP n°0 Septembre 2007